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Il reçu, pendant sa phase de construction, le soutien du cardinal Alessandro Farnese, neveu du pape Paul III Farnese. L’église, bâtie durant les années de la Contre-Réforme, s’accorde parfaitement aux principes du Concile de Trente et elle servira au cours des années suivantes de grand modèle aux architectes des églises jésuites à venir. L’église du Gesù est dédiée, comme son nom l’indique, à Jésus et à l’adoration de Son nom. Après une présentation de l’ordre des jésuites, je vais consacrer quelques chapitres à la Contre-Réforme, à Alessandro Farnese, au « style des jésuites » et à l’architecture de l’église du Gesù avant de me concentrer principalement sur la décoration intérieure de l’édifice. 2. Ignace de Loyola et la « Compagnie de Jésus »1 Ignace de Loyola naît dans la région basque de l’Espagne en 1491. Il travaille pendant plus de dix ans en tant que page auprès du trésorier royal Juan Velázquez de Cuéllar à la cour du roi Ferdinand, avant que sa vie ne change brutalement en 1521. Sa jambe droite est alors touchée par la balle d’un canon français lors d’une bataille aux portes de la ville de Pampelune et durant sa longue convalescence, Ignace réalise que, bien que sa vie passée ai été luxurieuse, elle ne lui avait apporté aucune satisfaction. Il décide ainsi de mettre sa vie au service de Dieu. Puis, en 1523, il se met en route vers la Terre Sainte. Mais bientôt il est renvoyé de Jérusalem par les franciscains qui craignent, avec la venue d’un missionnaire, des troubles qui dérangeraient la paix fragile qui règne entre les chrétiens et les Turcs. Après deux années d’études de latin à Barcelone, il est admis à l’Université d’Alcala, près de 1 Les données biographiques sur Ignace de Loyola et les informations concernant la « Compagnie de Jésus » sont tirées du Catalogue d’Exposition, Saint, Site and Sacred Strategy. Ignatius, Rome and Jesuit Urbanism, Vatican: Biblioteca Apostolica Vaticana, 1990, pp. 17-43. 1 © by www.schulnotizen.ch Madrid, où il suit des cours de théologie et de philosophie. Mais il est incarcéré à cause de ses idées et interdit d’expression jusqu’à la fin de ses études. C’est pourquoi il change d’Université et s’inscrit à celle de Salamanque. Cependant, là également il entre en conflit avec l’Inquisition et part finalement pour Paris où il restera de 1528 à 1535, soit 7 ans. Pendant ces années d’études, il avait réunit autour de lui un groupe international de compagnons qui formera le noyau de ce qu’Ignace nommera plus tard la « Compagnie de Jésus ». Parmi eux se trouvent les espagnols François Xavier, surnommé l’Apôtre des Indes à cause des nombreuses missions qu’il effectuera dans les pays d’Asie, Diego Lainez, qui succédera à Ignace à la tête de la « Compagnie de Jésus », Alfonso Salmerón, et Nicholás Bobadilla, le portugais Simão Rodrigues et le savoyard Pierre Favre. Le 15 août 1534, alors que la fin de leurs études approche, les compagnons font le serment de demeurer pauvres et chastes, de se rendre à Jérusalem pour y donner leurs vies au service de Dieu, et que s’ils n’étaient pas acceptés làbas, ils iraient à Rome où ils offriraient leur soutien au pape. Ainsi les compagnons se réunissent à Venise en 1537 et une délégation se rend à Rome, auprès du pape Paul III pour recevoir une aide financière pour leur voyage. Mais parce que le pape, ensemble avec l’empereur allemand, mène une croisade contre les Turcs, il est impossible pour les compagnons d’effectuer le voyage jusqu’à Jérusalem. Ils restent donc à Rome, prient dans les rues de la ville et créent dans les majeures villes du Nord de l’Italie des groupes de travail qui se concentrent principalement sur les travaux apostoliques. En 1537 toujours, Ignace et deux compagnons s’installent en dehors de la ville de Rome, dans la chapelle « la Storta », partiellement en ruine, sur la Via Cassia. Là, Ignace aura une vision qui clarifiera sa mission et qui le décidera à nommer son nouvel ordre la « Compagnie de Jésus ». La nouvelle communauté religieuse est reconnue par le pape Paul III Farnese, le 27 septembre 1540 et Ignace est élu supérieur général de l’ordre des jésuites une année plus tard. Certains compagnons se mettent à prêcher dans les hôpitaux et à enseigner dans diverses institutions. D’autres partent pour des villes d’Italie, pour l’Allemagne, l’Espagne, l’Inde, le Japon et la Chine. Les principales occupations des missionnaires sont alors les œuvres de charité. 2 © by www.schulnotizen.ch Mais si les jésuites, à leurs débuts, ne s’étaient occupés que d’activités missionnaires, ils se tournent dès 1547 vers l’enseignement, qui deviendra finalement l’activité principale de l’ordre vers la fin du siècle. Lorsque Ignace meurt en 1556, la compagnie possède une petite église (S. Maria della Strada) et assez de terre pour construire une résidence dans laquelle peuvent vivre environ 80 personnes ; il y a à cette époque plus de 100 jésuites à Rome et près de 1000 jésuites dans 100 maisons dispersées sur les quatre continents. Ignace de Loyola et Francis Xavier sont canonisés en 1622. Le but d’Ignace et des Jésuites était de trouver Dieu en toute chose et de communiquer cette présence divine dans les situations concrètes de la vie quotidienne et en utilisant chaque moyen de communication disponible. Ainsi, trois éléments en particulier caractérisent Ignace tout au long de sa vie : son sens pratique, son imagination et son adaptation aux changements du monde, caractéristiques qui étaient transmises à chaque nouveau membre de l’ordre. Dans chaque nouvelle ville et pays dans lequel se rendaient les missionnaires jésuites, ils avaient pour but de s’attirer l’amitié des familles nobles et bien placées, afin qu’elles interviennent en leur faveur auprès des autorités. Ils s’assuraient ainsi un soutien financier stable. La « Compagnie de Jésus » luttait contre l’influence protestante et devait faire face cependant à de violentes persécutions dues à sa nouveauté, à son soutien inconditionnel au pape, à l’efficacité de son organisation centralisée, à son influence sur les rois et la haute noblesse, à ses positions théologiques et à ses méthodes missionnaires. Le pape Clément XIV Ganganelli supprimera d’ailleurs l’ordre en 1773. Il sera rétabli en 1814, mais les persécutions continueront tout au long du XIXème siècle. 3 © by www.schulnotizen.ch 3. La Contre-Réforme En réponse aux actions de la Réforme protestante, engagée par Martin Luther, l’Église catholique dénonce ce qu’elle considère comme des excès et des abus visant à saper sa suprématie. L’expression de « Contre-Réforme », inventée par des historiens protestants au XIXème siècle, désigne l’ensemble des mesures prisent par l’Église catholique pour réformer les abus dénoncés par la Réforme protestante. Le bouleversement des esprits et des mœurs, né de la Renaissance et de l’humanisme, se traduisait par la décadence du clergé et le désarroi des fidèles devant la dissonance entre la structure de l’Église et le message évangélique. Un besoin profond de rénovation se faisait alors sentir. Plus largement, ce terme évoque un mouvement inauguré par le Concile de Trente en 1545. Convoqué par le pape Paul III, il se perpétua jusqu’en 1563. Il n’avait pour d’autre but que de museler le protestantisme naissant, ce dernier étant considéré comme hérétique par l’autorité pontificale. Le Concile de Trente entreprit donc de redéfinir la totalité du dogme et de la discipline catholique. Rome veilla aussitôt à l’application des décrets conciliaires. Mais le népotisme pontifical et le cumul des bénéfices ne disparurent pas. L’influence considérable qu’a exercée la Contre-Réforme sur les arts plastiques, aux débuts du baroque, au XVIIème siècle est due à divers facteurs et l’essor de la « Compagnie de Jésus » joua un rôle déterminant dans la diffusion et l’interprétation des arts nouveaux et de la culture, pour rénover et fixer les principes de l’iconographie catholique, et pour utiliser l’art à des fins de propagande. Mais s’il est vrai que la prodigieuse expansion du baroque en Europe et en Amérique latine est pour une grande part due à la propagande des jésuites en faveur de ce style, c’est en revanche une erreur d’identifier le baroque au « style jésuite » ou à l’esthétique du Concile de Trente. La ContreRéforme adopta délibérément les décors baroques dans ses églises afin de faire bénéficier le sentiment religieux et la piété de leur puissance de séduction2. 2 Informations tirées du site : http://fr.encyclopedia.yahoo.com. 4 © by www.schulnotizen.ch 4. Le « style jésuite » Avant que le terme de « baroque » ne soit établit au milieu du XIXème siècle pour décrire péjorativement les phénomènes stylistiques suivants la Renaissance, le terme de « style jésuite » est alors couramment utilisé pour définir ces caractéristiques. Alors que cette architecture se développe surtout en Europe, notamment au Sud de l’Allemagne, en Belgique et en Pologne, on en retrouve également des caractéristiques en Amérique latine, où elle avait été introduite par les franciscains, puis revendiquée et propagée par les jésuites. Actuellement, nous qualifions cette architecture de « baroque colonial »3. Mais la question de savoir s’il existe réellement un « style jésuite » ou non fut, et est encore, cause de nombreux débats. A l’origine, et selon les Constitutions4 d’Ignace de Loyola, les églises jésuites se devaient d’être simples et modestes et correspondaient à des règles strictes d’organisation de l’espace5. En effet, cette organisation répond aux besoins des jésuites en s’adaptant à leur mode de prédication : Une église devait pouvoir rassembler tous les fidèles dans une sorte de grande halle, l’autel principal devait servir à célébrer l’eucharistie, alors que la messe devait pouvoir être célébrée à plusieurs endroits en même temps sur les autels annexes. De plus, le toit devait être plat et de bois, pour éviter les échos. D’après le père jésuite Joseph Braun, la « Compagnie de Jésus » n’aurait fait qu’ apporter dans ses arts et son architecture les traditions des pays dans lesquels elle édifiait ses églises et qu’elle n’aurait ainsi jamais créée son propre style. Les jésuites se seraient simplement laissés influencer par l’architecture des églises déjà présentent aux endroits où ils étaient envoyés en mission. En effet, nous savons que les missionnaires jésuites s’intégraient totalement dans les coutumes et les traditions des pays qu’ils avaient pour tâche de «convertir», 3 Kaspar WALTER et al., Lexikon für Theologie und Kirche, Bâle: Herder, 1993, 3. Auflage, p. Les Constitutions sont, avec les Exercices spirituels, l’ouvrage fondateur de l’ordre. Il donne toutes les indications nécessaires au déroulement de la formation du futur jésuite par exemple, et toutes les règles que doit minutieusement suivre chaque membre (obéissance, zèle). 5 Informations tirées du Catalogue d’Exposition, Saint, Site and Sacred Strategy…, p. 48. 4 5 © by www.schulnotizen.ch et leurs arts et leur architecture avaient, toujours selon Joseph Braun, la même faculté d’adaptation6. Mais pour d’autres auteurs, comme James S. Ackerman7, nous pouvons parler, comme déjà cité plus haut, d’un nouveau type d’église. Il Gesù pourrait être considéré, selon lui, comme une réponse aux nouvelles règles de la Contre-Réforme également, qui exigeaient des nefs spacieuses pour y accueillir de grandes congrégations et de nombreux autels pour y célébrer plusieurs messes à la fois. La structure de l’espace, comme la désirait les jésuites, serait donc en fait, dictée par le Concile de Trente. Un autre exemple qui démontre que la « Compagnie de Jésus » promouvait en quelque sorte les principes nouveaux de la Contre-Réforme, est la nouvelle forme de confessionnal qui répond en fait également aux attentes des jésuites qui insistaient tout particulièrement sur le fait que les pêcheurs se confessent8. 5. Le cardinal Alessandro Farnese Alessandro Farnese (ill. 1) vient au monde le 7 octobre 1520. Son père, Pier Luigi Farnese, est le frère du futur pape Paul III. En 1534, alors qu’Alessandro est encore étudiant à Bologne, Clément VII (de la famille Médicis et pape de 1523 à 1534) le désigne comme administrateur du diocèse de Parme (il n’a alors que 14 ans). La même année, il est élu cardinal par son oncle, le pape Paul III. En 1539, il est envoyé à la cours de Charles V, roi d’Espagne, en tant que legatus a latere où il a pour mission d’instaurer la paix entre l’empereur et le roi de France. Son grand intérêt pour la littérature et l’art fait de lui l’un des plus importants mécènes des arts visuels du XVIème siècle à Rome. Il est le patron de l’architecte Giacomo da Vignola auquel il confie la construction du palais 6 Rudolf WITTKOWER, Irma JAFFÉ, Baroque Art. The Jesuit Contribution, New York: Fordham University Press, 1972, p. 2. 7 James S. Ackerman publie plusieurs ouvrages sur l’architecture, dont un sur celle de Michel-Ange en 1968. Il a écrit un chapitre intitulé « The Gesù in the Light of Contemporary Church Design » dans l’ouvrage de Rudolf WITTKOWER et Irma JAFFÉ, Baroque Art…, pp. 15-28. 8 Rudolf WITTKOWER, I. JAFFÉ, Baroque Art…, pp. 2-3. 6 © by www.schulnotizen.ch Farnèse de Caprarola, au bord du lac de Bracciano, et de l’église du Gesù à Rome. Grand propagateur des réformes du Concile de Trente, il offre son soutien inconditionnel à l’ordre des jésuites. Sa collection d’antiques (la plus grande de Rome) se trouve actuellement en grande partie au musée archéologique de Naples9. 6. Le Gesù Comme nous venons de le voir, c’est grâce au neveu du pape Paul III, le cardinal Alessandro Farnese, que les jésuites peuvent faire construire leur première grande église. De plus, il s’agit de la première église bâtie à Rome après le sac de la ville en 1527 et elle fut un exemple pour les églises de S. Andrea della Valle et la Chiesa Nuova10. Il n’y a aucun doute sur le fait que chaque fois que possible, les jésuites préféraient employer des artistes membres de leur compagnie, comme le faisaient également d’autres ordres de la Contre-Réforme (les barnabites, les théatins). Mais étant donnée l’expansion rapide de l’ordre et de la nécessité grandissante d’églises et de collèges, les jésuites se sont vus contraints de demander de l’aide à des artistes extérieur à l’ordre11. 6.1 Les divers projets Nanni di Baccio Bigio présente un premier projet de construction en 1550 (ill. 2). D’après la qualité du dessin, certains auteurs en déduisent que ce sont Ignace de Loyola et Francis Borgia eux-mêmes qui avaient décidé du plan en croix, avec des entrées dans les bras du transept, une immense nef, une 9 www.newadvent.org. Clare ROBERTSON, Il gran Cardinale. Alessandro Farnese, Patron of the Arts, New Haven, London: Yale University Press, 1992…, p. 181. 11 Rudolf WITTKOWER, Irma JAFFÉ, Baroque Art…, p. 5. 10 7 © by www.schulnotizen.ch grande abside capable de réunir assez de monde pour célébrer l’eucharistie et une façade flanquée de tours. Mais ce projet n’avait pu être réalisé pour des raisons financières. Un second plan, qui date de 1554, avait d’abord été attribué à Michel-Ange. En réalité, l’auteur nous reste inconnu, mais il s’agit peut-être d’un dessin de Giovanni Tristano, un architecte jésuite, ou d’un second plan de Nanni di Baccio Bigio. En 1561, après la mort d’Ignace de Loyola, Francis Borgia est nommé supérieur général de l’ordre et le cardinal Alessandro Farnese offre son soutien aux jésuites. Il prend part aux décisions concernant les projets de construction et puisque l’ordre dépend de lui financièrement, il en profite pour imposer ses idées. Il décide d’engager l’architecte Giacomo da Vignola pour réaliser le plan définitif (ill. 3). Le frère jésuite Giovanni Tristano, également architecte, est chargé de superviser les travaux, mais en réalité il n’a pas beaucoup d’influence. Vignola adapte en 1563 le plan de 1554, mais les travaux pour la nouvelle église ne commencent pas avant 1568. Quelques mois avant le début des travaux, le cardinal écrit une lettre à Vignola dans laquelle il lui fait part de ses conditions, ce qui nous donne une raison de croire, qu’entre 1563 et 1568, les projets avaient été changés encore maintes fois12. Alessandro Farnese exigeait donc que les coûts ne dépassent pas vingt-cinq mille ducats, il ne devait y avoir qu’une seule nef avec des chapelles sur les côtés et non des nefs latérales. De plus, la nef devait être voûtée, caractéristique qui ne correspond nullement aux vœux des jésuites que nous avons cités plus haut. Ils désiraient, en effet, que le toit soit plat, pour éviter les échos et pour que tous les fidèles rassemblés dans la grande nef puissent entendre clairement le sermon tenu par le prêtre sur le grand autel. Le cardinal demanda également à ce que l’église soit orientée vers l’ouest, du côté de l’actuelle Piazza del’ Gesù, pour lui donner plus de grandeur. Vignola avait cependant la liberté de donner au plan la forme qu’il jugerait être la meilleure13. Pour ce qui est de la façade, le cardinal n’est pas satisfait des plans de Vignola, fait prouvé par les nombreux projets qu’il donne à réaliser à d’autres 12 Clare ROBERTSON, Il gran Cardinale… pp. 184-194. Peter MURRAY, L’architecture de la Renaissance italienne, Paris : Thames & Hudson, 1990, p. 200. 13 8 © by www.schulnotizen.ch architectes, tels que Galeazzo Alessi et Giacomo della Porta. Finalement, il engage della Porta qu’il avait déjà vu travailler à l’Oratorio del Crocefisso14. Il Gesù est terminé en 1575. 6.2 Le plan Le plan final est en forme de croix latine et présente deux entrées dans une large nef. Au lieu de bas-côtés, comme on en trouve dans les basiliques, il y a dans l’église du Gesù, de chaque côté de la nef, une rangée de trois chapelles. Un passage relie les chapelles entre elles, normalement séparées par des barrières et permet ainsi aux prêtres de se diriger vers l’autel principal sans déranger les messes tenues dans la nef15. Les extrémités du transept sont plates et non en demi-cercle, probablement à cause des rues qui longent l’église des deux côtés. Le chœur est surélevé et ouvert sur la nef. À côté du chœur se trouvent encore une fois deux chapelles. Depuis celle de gauche, un passage mène à une petite salle qui nous conduit à la sacristie, derrière le bras gauche du transept. 6.3 La décoration intérieure Le programme iconographique destiné à décorer l’intérieur de l’église et instauré dans les années 1580 présente un schéma relativement continu et fidèle aux thèses de la Contre-Réforme16. Alors que les jésuites n’avaient eu que peu à dire au sujet de l’architecture, ils sont libre d’organiser la décoration du Gesù à leur guise. 14 Clare ROBERTSON, Il gran Cardinale… p. 191 Clare ROBERTSON, il gran Cardinale… p. 181. 16 Rudolf WITTKOWER, Irma JAFFÉ, Baroque Art…, p. 31. 15 9 © by www.schulnotizen.ch Durant la première phase de décoration des églises jésuites de Rome, entre 1567 et 1600, plusieurs nouvelles églises, y compris le Gesù, sont décorées et rénovées. Les chapelles latérales sont décorées par des commanditaires privés, mais leur iconographie a dû être supervisée de très près par les jésuites. La dédicace des dix autels secondaires, reflète un programme spirituel répondant également aux pratiques de dévotion de la Compagnie. Un premier élément qui tend vers une iconographie jésuite sont les scènes des martyrs des missionnaires envoyés sur les quatre continents, mais le thème du martyr correspond aussi aux exigences du Concile de Trente. La deuxième phase importante de décoration des églises jésuites débute dans les années 1660. Le cardinal Alessandro Farnese engage Giovanni Battista Gaulli pour peindre la voûte de la nef ainsi que le dôme, en collaboration avec le stucateur Antonio Raggi17. Le coordinateur de ces projets est Gian Paolo Oliva, général de la « Compagnie de Jésus » de 1664 à 168118. Giovanni Battista Gaulli , dit il Baciccio, naît à Gênes en 1639 et meurt à Rome en 1709. Il est l'un des meilleurs représentants de la décoration baroque. Il travaille sur le projet d’Oliva de 1672 à 1685 et couvre de fresques toute la surface supérieure aux corniches : la nef de 1676 à 1679, la coupole entre 1672 et 1675, et enfin le transept gauche en 1685. La fresque de Gaulli (ill. 4)crée une réelle illusion d’ouverture de la voûte. Les figures semblent flotter dans un espace au-delà du nôtre et la nef du Gesù présente pour la première fois à Rome un type d’iconographie triomphale qu’admirait tout spécialement l’ordre des jésuites. La fresque représente l’Adoration du nom de Jésus et célèbre en même temps le nom de l’église et celui de la « Compagnie de Jésus »19. Les initiales du Christ apparaissent dans un faisceau de lumière, au centre de l’œuvre et semble chasser le Mal vers l’Enfer. L’œuvre de Gaulli est entourée d’un travail en stuc, réalisé par Antonio Raggi, qui se mêle parfaitement à la fresque. Andrea Pozzo s’inspirera, quelques années plus tard, de cette fresque pour réaliser The Allegory of the Missionary Work of the Jesuits (ill. 5) sur la voûte de l’église de St Ignace, également une église jésuite de Rome. 17 Rudolf WITTKOWER, Irma JAFFÉ, Baroque Art…, p. 27. Catalogue d’Exposition, Saint, Site and Sacred Strategy…, p. 51. 19 Catalogue d’Exposition, Saint, Site and Sacred Strategy…, p. 53. 18 10 © by www.schulnotizen.ch Les chapelles:20 Le cardinal Farnèse meurt le 4 mars 1589, et les travaux en cours cessent pour quelques temps. Mais la décoration des chapelles, soutenue par des patrons privés, continue. En effet, comme déjà cité plus haut et comme c’était le cas dans la plupart des églises, les chapelles du Gesù avaient été vendues à des citoyens. Selon le programme iconographique, les thèmes illustrant les chapelles forment un développement, mais les styles ne s’unifient nullement puisque chaque patron avait le loisir de choisir l’artiste qui exécuterait les tableaux. Ainsi, il n’y a pas d’unité stylistique. Les chapelles vont toujours de pair avec la chapelle opposée, de l’autre côté de la nef. Elles sont obscures et isolées de la large nef voûtée et de la croisée du transept. En s’approchant de la croisée, les choix iconographiques deviennent toujours plus complexes en allant des sujets terrestres (martyrs) jusqu’aux thèmes célestes (Trinité et anges). A droite de l’entrée se trouve la chapelle de St André qui présente, en plus de son martyr (ill. 6), également les martyrs de Stéphane (ill. 7), Laurent, Catherine (ill. 8) et Agnès ainsi qu’une peinture de la Vierge sur la voûte en tant que reine des martyrs (ill. 9). On y voit en haut, au centre, l’Agneau, symbole du Christ entouré d’un hâle de lumière ; puis la Vierge sur un nuage porté par des putti et tout autour des figures de martyrs. Les peintures de cette chapelle son attribuées à Agostino Ciampelli. Le premier patron de cette chapelle fut Paolo Morelli qui finança la chapelle du 6 juillet au 11 décembre 1585. Sur l’autel sont peintes les armes de la famille Ravenna, de Francesco Ravenna, le second patron de la chapelle. Le tableau au dessus de l’autel est actuellement une œuvre d’Andrea Pozzo, St Francis Borgia in Prayer, qui se trouvait à l’origine dans la deuxième chapelle à droite. En face est située la chapelle de St Pierre et de St Paul, également des martyrs (ill. 10-11). Du côté droite du tableau du martyr de St Paul, on remarque la personnification de la charité et à gauche la personnification de la religion. La scène centrale illustre la mort de saint Paul, événement dont il existe plusieurs versions ; l’une d’elle voulant que le saint ait été incarcéré par les autorités impériales en 66, sous le règne de Néron, et 20 Les informations concernant le décor et les propriétaires des chapelles sont tirées de Rudolf WITTKOWER, Irma JAFFÉ, Baroque Art…, pp. 34-47. 11 © by www.schulnotizen.ch finalement décapité à l’emplacement de l’actuelle basilique de Saint-Pierrehors-les-Murs. The Crucifixion of St Peter présente les personnifications de la foi et de l’espoir. Comme St Paul, et selon la tradition, il aurait également été emprisonné sous le règne de Néron et fut crucifié avec la tête vers le bas, aux environs de l’an 64. Giulio Folchi en fut le premier patron. Ainsi, les deux premières chapelles après l’entrée sont dédiées respectivement aux martyrs et aux apôtres. Ensemble, elles illustrent le travail des apôtres qui, les premiers, prêchèrent au nom du Christ, de pair avec des évêques chrétiens et des martyrs dont les vies étaient littéralement vouées au nom du Christ. C’est le symbole de la victoire de l’Église sur le paganisme par de dangereuses missions à travers le monde entier. La pair centrale est dédiée à Jésus. Bien que les deux autels originaux aient disparu, nous savons maintenant encore à quoi ils devaient ressembler grâce à une gravure de Sadelaer: sur un côté était peinte La Nativité, de Hans von Aachen (ill. 12). Il avait crée ce tableau en 1588, une sorte d’adoration dans le style du maniérisme tardif. Une représentation de la Nativité est également illustrée sur la voûte de cette chapelle. À l’origine, la chapelle appartenait à Agostino Bragheri de Tortona. C’est probablement lui qui a fait la commande à Hans von Aachen. Vers 1639, la chapelle passe aux mains de la famille Cerri et l’autel porte ses armes. Dans la chapelle située de l’autre côté de la nef est placée une Pietà de Scipione Pulzone (ill. 13), dit aussi il Gaetano. Elle est datée de 1591 et sur la voûte est peinte l’Adoration de la croix (ill. 14). Bianca Mellini en est la première patronne. Gaspare Celio fut payé pour effectuer une partie des peintures de la chapelle à partir de 1590 ou même avant. La chapelle revint aux héritiers de Bianca Mellini, c’est-à-dre, à la famille Cardelli, et l’autel porte ses armes. La troisième et dernière pair est dédiée à la Trinité, aux anges et aux archanges, les habitants spirituels du paradis. Dans la chapelle de gauche se trouve le tableau de Francesco Bassano, appelé l’Adoration de la Trinité (ill. 15). Le premier patron de cette chapelle est monseigneur Pirro Taro. Son héritier Pompeo Arrigoni fit décorer les chapelles, mais l’autel porte la marque du premier propriétaire. Celio, qui travailla également pour les chapelles, attribue les fresques de la Trinité à Fiammeri, un élève florentin d’Ammannati. La Trinité avait une symbolique particulière pour St Ignace et la création de la 12 © by www.schulnotizen.ch chapelle semble refléter le premier passage de l’ouvrage des Exercices Spirituels. Dans la chapelle des anges sont également représentés l’Enfer et le Purgatoire. Le fondateur de la chapelle, en 1588, est Gaspare Garzione. Mais il perdit sa fortune et dû céder la chapelle en 1590, Les nouveaux patrons apposèrent leurs armes sur l’autel. Selon Celio, les fresques furent réalisées par Federico Zuccari, Archangels Adoring the Trinity (ill. 16). Sept anges sont agenouillés en demi cercle, en face du visiteur, sur un tapis de nuage. Seul l’archange Michael est reconnaissable par sa cuirasse portant le chrisme, le monogramme du Christ, et son casque. Leurs regards se lèvent vers l’idéogramme de la sainte Trinité et des putti indique également par leurs regards et leurs gestes sur le triangle symbolique, entouré d’un hâle de lumière et contenant les lettres grecques Alpha et Omega, signifiant le début et la fin. Zuccari est l’un des premier artiste du XVI e siècle, depuis le Moyen Age, à reprendre le motif de l’Adoration des Anges. Ce tableau remplace en fait une œuvre de Scipione Pulzone. Ce tableau devait être très similaire à celui de Zuccari, mais certain éléments ne correspondaient pas aux conventions du concile de Trente, comme, par exemple, le fait que les archanges ressemblaient trop fortement à des portraits de personnes célèbres, ou à cause des débats qui se tenaient au sujet du nombre et des noms des archanges (Michael, Raffael, Gabriel, Uriel ; Jehudiel, Barachiel Sealtiel). Pulzone avait très probablement inscrit le nom de chaque archanges sur son tableau21. L’ange jouait un rôle important pour les jésuites, qui le voyaient comme un médiateur entre Dieu et les hommes. Représenté dans une chapelle, il prend le rôle d’intercesseur entre les morts et les vivants. L’archange Michael, lui, était vu, par les catholiques de la Contre-Réforme, comme le combattant des forces ennemies de Dieu, et c’est lui qui accompagne les âmes au Purgatoire et les défendra au moment du Jugement dernier. Selon la légende, saint Ignace avait vu à plusieurs reprises, dans ses visions, le symbole de la Trinité, qui devint un élément de méditation important pour l’ordre. Le choix de Zuccari pour le symbole paléochrétien et non pour une 21 Rudolf WITTKOWER, Art et architecture en Italie. 1600-1750, l’âge du baroque, s.l. : Hazan, 1991, p 13 © by www.schulnotizen.ch personnification, comme c’était pourtant de coutume à son époque illustre la volonté de l’ordre de retourner aux sources de la croyance. Le sujet de l’ange gardien, illustré dans un médaillon devint très populaire, largement grâce aux jésuites. On peut résumer le programme iconographique du Gesù comme suit : Crucifixion Trinité Résurrection Anges Nativité Passion Apôtres Martyr En dessous de la coupole, sur les piliers, Giovanni de Vecchi a peint les 4 pères de l’ouest22, docteurs de l’église: Jérôme (34-420, le traducteur de la Bible en version latine), Ambroise (340-397), Augustin (354-430) et Grégoire de Nazianze (330-390), qui élaborèrent et transmirent la théologie de l’église papale. Leur enseignement et leur doctrine ont enrichi la tradition de l'Église de façon particulière. L'église avait alors besoin des docteurs de l'Église puisque la foi s'incarne dans les cultures, parce que la foi est attaquée et contestée, et enfin parce que l'Esprit Saint ne cesse de guider l'Église et de développer certains points qui ont besoin d'être écrits à l'aide de l'intelligence. Il y a eu des grandes périodes doctrinales pour l'Église, riches en docteurs, pendant les premiers temps, où certains des Pères de l'Église ont particulièrement guidé la formulation et la compréhension de la foi chrétienne23. La chapelle à gauche du transept à été réalisée par Andrea Pozzo entre 1696 et 1700 (ill. 17 et 18). Un premier projet d’Andrea Pozzo place l’autel presque au second plan, dans un grand ensemble architectural. Une ouverture au fond de l’abside devait donner une illusion d’ouverture et deux fenêtres, cachées de la vue, avaient été prévues pour apporter de la lumière sur l’autel24. L’autel, entouré d’une balustrade, renferme une statue de St Ignace en marbre, argent et autres matériaux précieux. Quatre colonnes revêtues de lapis-lazuli reposent sur des bases en marbre vert ornées de bas-reliefs en bronze doré. Au sommet domine le groupe de la Trinité où un enfant soutient un globe 22 Clare ROBERTSON, il gran Cardinale…, p. 195. http://fr.encyclopedia.yahoo.com. 24 Catalogue d’Exposition, Saint, Site and Sacred Strategy…, p. 204. 23 14 © by www.schulnotizen.ch terrestre. La statue extatique de St Ignace contemple le Père et le Fils, au sommet du fronton. Jésus porte une croix et Dieu semble poser son regard sur le Saint. L’autel représente la vision que St Ignace a vécu à son arrivée à Rome dans la chapelle de la Storta25. De part et d’autre de l’autel, deux groupes de statues allégoriques illustrent l’action de la compagnie de Jésus. À gauche on trouve La Foi triomphant de l’Idolâtrie, de Giovanni Théodon et à droite, La religion écrasant l’Hérésie du sculpteur Pierre Legros. 7. Conclusion L’église du Gesù, devint par la suite un grand modèle pour les églises jésuites de part le monde en général et à Rome en particulier. Cependant, la question du style, de l’influence des nouveaux principes de la Contre-Réforme et du Concile de Trente reste ouverte et il serait intéressant d’éclaircir ce problème et d’étudier à quel niveau, ces divers facteurs ont réellement influencé l’architecture et la décoration du Gesù. Il reste un point que je n’ai pas traité dans mon travail, car j’ai considéré qu’il s’éloignerait trop de mon sujet, mais qu’il est tout de même important de signaler, est le fait que le cardinal Alessandro Farnese voyait dans le financement du Gesù, une concurrence avec le cardinal Federico Cesi qui faisait construire environ à la même époque l’église de S. Caterina de’ Funari. Farnese considérait l’église du Gesù comme sienne et il fallait, naturellement, qu’elle soit plus belle et plus imposante que les autres. Car tout ce qu’une famille finançait, était le reflet de leur propre grandeur26. 25 ème ème ème Émile MÂLE, Art religieux de la fin du XVI , du XVII et du XVIII siècle. Étude sur l’iconographie après le concile de Trente, Paris :Librairie Armand Collin, 1951, p. 156. 26 Clare ROBERTSON, il gran Cardinale..., p 183. 15 © by www.schulnotizen.ch 8. Bibliographie Émile MÂLE, Art religieux de la fin du XVIème, du XVIIème et du XVIIIème siècle. Étude sur l’iconographie après le concile de Trente, Paris :Librairie Armand Collin, 1951, pp. 155-171, 193-201, 206-216, 229-232, 431-443. Peter MURRAY, L’architecture de la Renaissance italienne, Paris: Thames & Hudson, 1990. Clare ROBERTSON, Il gran Cardinale. Alessandro Farnese, Patron of the Arts, New Haven, London: Yale University Press, 1992. Kasper WALTER et al., Lexikon für Theologie und Kirche, Basel: Herder, 1993, 3. Auflage. Rudolf WITTKOWER, art et architecture en Italie. 1600-1750, l’âge du baroque, s.l. : Hazan, 1991. Rudolf WITTKOWER, Irma JAFFÉ, Baroque Art. The Jesuit Contribution, New York: Fordham University Press, 1972. Catalogue d’Exposition, Saint, Site and Sacred Strategy. Ignatius, Rome and Jesuit Urbanism, Vatican: Biblioteca Apostolica Vaticana, 1990. The Dictionary of Art, Londres: Jane Turner, 1996. 16 © by www.schulnotizen.ch