Théorème des restes chinois - Epsilon 2000
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Théorème des restes chinois - Epsilon 2000
Théorème des restes chinois 1 Enoncé du théorème Théorème 1.1 (des restes chinois) Soient p ∈ N∗ , n1 , . . . , np des entiers naturels deux à deux premiers entre eux et (a1 , . . . , ap ) ∈ Zp . Alors le système de congruences défini par : ∀k ∈ J1, pK, x ≡ ak (mod nk ) admet une unique solution modulo p P N = n1 . . . np , donnée par x ≡ uk Nk ak , où pour tout k ∈ J1, pK, Nk = nNk et uk ≡ Nk−1 (mod nk ). k=1 Preuve. Soient p ∈ N∗ , n1 , . . . , np des entiers deux à deux premiers entre eux et (a1 , . . . , ap ) ∈ Zp . Notons (S) le système de congruences défini par : ∀k ∈ J1, pK, x ≡ ak Pour tout k ∈ J1, pK, on note Nk l’entier N Nk . (mod nk ). Les entiers nk étant deux à deux premiers entre eux, il en résulte que pour tout entier k ∈ J1, pK, Nk et nk sont premiers entre eux et donc Nk est inversible modulo nk . Pour p P tout k ∈ J1, pK, notons uk ≡ Nk−1 (mod nk ). Soit x = uk Nk ak . Soit i ∈ J1, pK. Si k ∈ J1, pK et k 6= i, alors k=1 Ni ≡ 0 (mod nk ). On a alors x ≡ ui Ni ai (mod ni ). Or ui Ni ≡ 1 (mod ni ) par définition de ui donc x ≡ ai (mod ni ). Ceci étant vrai pour tout entier i ∈ J1, pK, x est une solution du système (S). D’où l’existence. Soit y une autre solution de (S). Alors pour tout k ∈ J1, pK, x − y ≡ 0 (mod nk ), c’est-à-dire nk divise x − y. Les entiers nk étant deux à deux premiers entre eux, il en résulte que N divise x − y, c’est-à-dire x ≡ y (mod N ), d’où l’unicité de la solution modulo N . Théorème 1.2 Soient p ∈ N∗ et n1 , . . . , np des entiers naturels deux à deux premiers entre eux. Notons N = n1 . . . np . Alors Z/N Z est isomorphe à (Z/n1 Z) × · · · × (Z/np Z). Preuve. Pour ne pas alourdir les notations nous allons faire la démontration dans le cas de deux entiers naturels premiers entre eux, la démonstration étant analogue pour p entiers naturels deux à deux premiers entre eux. Soient a et b deux entiers premiers entre eux. Si x désigne un entier, on notera cla (x) la classe de x modulo a, clb (x) la classe de x modulo b et clN (x) la classe de x modulo N = ab. Soit f l’application définie sur Z/N Z, à valeurs dans (Z/aZ) × (Z/bZ) définie par clN (x) 7→ (cla (x); clb (x)). Vérifions que f est bien définie. Soient x et y tels que clN (x) = clN (y). N divise alors x − y, c’est-à-dire ab divise x − y. Par suite, a divise x − y et b divise x − y. On a donc cla (x) = cla (y) et clb (x) = clb (y) et donc f (clN (x)) = f (clN (y)). Montrons maintenant que f est linéaire. Soient x, y ∈ Z. Théorème des restes chinois f (clN (x) + clN (y)) = f (clN (x + y)) (définition de l’addition dans Z/N Z) = (cla (x + y); clb (x + y)) (définition de la fonction f ) = (cla (x) + cla (y); clb (x) + clb (y)) (définition de l’addition dans Z/aZ et Z/bZ) = (cla (x); clb (x)) + (cla (y); clb (y)) (définition de l’addition sur Z/aZ × Z/bZ) = f (clN (x)) + f (clN (y)). De même, on montre que f (clN (x)) = f (clN (x))f (clN (y)). De plus, f (clN (1)) = (cla (1); clb (1)) et (cla (1); clb (1)) est l’unité de Z/aZ × Z/bZ. f est donc un morphisme d’anneaux. Montrons que f est injective. Soit x ∈ Z tel que f (clN (x)) = (cla (0); clb (0)). Alors cla (x) = cla (0) donc a divise x. De même, clb (x) = clb (0) donc b divise x. a et b étant premiers entre eux, il en résulte que ab divise x, c’est-à-dire clN (x) = clN (0). f est donc injective. Pour terminer, il reste à montrer que f est surjective. Soit (cla (α); clb (β)) ∈ Z/aZ × Z/bZ. On cherche x ∈ Z tel que f (clN (x)) = (cla (α); clb (β)), c’est-à-dire x tel que x ≡ α (mod a) et x ≡ β (mod b). D’après le théorème des restes chinois, on sait qu’un tel x existe. f est donc surjective. Remarque 1.3 On aurait pu conlure également en disant que f est injective et que l’ensemble de départ et l’ensemble d’arrivée ont le même cardinal donc f est bijective. 2 Exemples de résolution d’un système de congruences Exemple 2.1 Résoudre dans Z le système suivant : x ≡ 4 (mod 5) x ≡ 3 (mod 6) x ≡ 2 (mod 7). 5 ∧ 6 ∧ 7 = 1. On applique le théorème des restes chinois, avec n1 = 5, n2 = 6, n3 = 7, N = 210, a1 = 4, a2 = 3 et a3 = 2. On sait que ce système admet une unique solution modulo 210, donnée par x = u1 a1 N1 + u2 a2 N2 + u3 a3 N3 , où N1 = N n1 = 210 5 = 42, N2 = N n2 = 210 6 = 35 et N3 = N n3 = 210 7 = 30, et u1 , u2 , u3 sont les inverses respectifs de N1 , N2 , N3 modulo n1 , n2 , n3 . 42∧5 = 1. D’après le théorème de Bézout, il existe (u, v) ∈ Z2 tel que 42u+5v = 1. L’algorithme d’Euclide donne : 42 = 5 × 8 + 2 5=2×2+1 2=1×2+0 En remontant cet algorithme, on obtient successivement : 1=5−2×2 1 = 5 − (42 − 5 × 8) × 2 1 = 5 − 42 × 2 + 5 × 16 42 × (−2) + 5 × 17 = 1. On en déduit que u1 = −2. Un raisonnement analogue conduit à u2 = −1 et u3 = −3. S. Duchet - http://epsilon.2000.free.fr 2/3 Théorème des restes chinois Par suite, x ≡ −2 × 4 × 42 + (−1) × 3 × 35 + (−3) × 30 × 2 (mod 210), c’est-à-dire x ≡ 9 (mod 210) (après simplifications). Exemple 2.2 Résoudre dans Z le système suivant : x ≡ 3 (mod 4) x ≡ 5 (mod 6). 4 et 6 ne sont pas premiers entre eux. Soit x une solution du système. Alors x ≡ 2 (mod 3), de sorte qu’on peut résoudre le système : x ≡ 3 (mod 4) x ≡ 2 (mod 3). 4 et 3 sont premiers entre eux donc on applique le théorème chinois pour résoudre ce système. On vérifie ensuite que les solutions trouvées sont solutions du système de départ. S. Duchet - http://epsilon.2000.free.fr 3/3