Mayenne Nature Environnement - Stop-THT
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Mayenne Nature Environnement - Stop-THT
Mayenne Nature Environnement Association créée en 1982. Agréée au titre de la loi du 10 juillet 1976, relative à la protection de la nature, 2 rue du 124ème RI – BP 1024 53010 Laval Cedex Tel : 02.43.02.97.56 [email protected] mayennennatureenvironnement.fr Laval, le 10 juillet 2009 Pour MNE, Le Président, Benoit DUCHENNE M. le Président de la Commission d’enquête THT Cotentin-MainePréfecture de la Manche 50 011 ST LO Cedex Objet : ligne THT Monsieur le Président, Mayenne Nature Environnement est une association d’étude et de préservation de la biodiversité et de l’environnement. Pour mémoire, l’association Mayenne Nature Environnement a toujours été opposée à ce projet de THT, lié à la construction de l’EPR. Elle a largement contribué au débat public concernant ce projet. En effet, MNE a toujours contesté l’intérêt général du projet d’EPR et donc de la THT, en proposant une autre politique énergétique, basée sur la réduction des consommations, la diversification des énergies et le développement des énergies renouvelables et une sortie du nucléaire à terme. Après lecture du dossier d’enquête, MNE demande à la commission d’enquête de se prononcer défavorablement sur ce dossier, pour 2 raisons majeures : Le dossier présenté n’assure pas la protection et la sécurité des riverains. - Les études ou enquêtes publiées depuis le débat public n’ont pas été prises en compte. (rapport BioInitiative, étude Huss sur la maladie d’Alzheimer) et l’enquête de la CRIIREM est simplement vilipendée comme si elle était une étude scientifique ou épidémiologique (ce qu'elle n'est pas) mais sans même essayer de réfuter les constats et les insatisfactions manifestées massivement par les riverains de lignes THT. - Il ne prend pas en compte l’évolution nécessaire et programmée de la réglementation en matière de champs électromagnétique qui est complètement "obsolète"pour reprendre la formule du parlement européen. MNE demande en conséquence que le dossier soit revu avec une distance de protection de 300 mètres de la ligne, pour préserver la santé des riverains et des animaux. Dans ce dossier, il ne peut être accordé de confiance au promoteur du projet RTE, qui n’a pas tenu ses promesses et qui effectue une analyse partielle et partiale des études. Ainsi le projet de ferme témoin n’a jamais vu le jour, depuis son annonce par RTE, il y a 12 ans ! On est en droit de se demander ce que cache ces promesses non tenues ? Enfin, l’annonce d’un fond de 20 millions d’Euros et la mise en place par les Préfets de commissions pour le Plan d’accompagnement au Projet avant la déclaration d’utilité publique et avant même l’enquête est de nature à fausser cette enquête. Mayenne Nature Environnement Association créée en 1982. Agréée au titre de la loi du 10 juillet 1976, relative à la protection de la nature, Dans la suite de ce mémoire, MNE, propose des remarques sur les documents fournis par le pétitionnaire, suivies de mesures destinées à être intégrées dans le projet d’étude de détail qui devra être établi. L’ensemble de ces remarques montre que la prise en compte de la préservation des milieux naturels et des espèces doit être impérativement améliorée par le pétitionnaire. 2 rue du 124ème RI – BP 1024 53010 Laval Cedex Tel : 02.43.02.97.56 [email protected] mayennennatureenvironnement.fr Remarques sur le document « Analyse des effets indirects, permanents et temporaires du projet sur l’environnement sur la santé III-2. Effet sur le milieu naturel ►§ 2.1.1. Espèces sensibles La liste des espèces sensibles proposées n’est pas exhaustive avec seulement 4 espèces mentionnées Ainsi, en Mayenne, plusieurs espèces protégées remarquables, principalement migratrices, transitent par la voie de migration Manche-Atlantique et, à un moment ou un autre, coupent la ligne THT. On peut mentionner en particulier la Bondrée apivore, l’Autour des palombes, les falconidés migrateurs comme le Faucon hobereau, le Faucon pèlerin, le Faucon émerillon ou les anatidés du genre Anser (Oies) ou Cygnus (Cygnes). Des espèces telles que la Spatule blanche, un des plus rares échassiers européens, transitent également par la zone impactée lors des déplacements entre la Manche du Nord et le sud de la Bretagne. Pour ce qui concerne la Mayenne, RTE ne fait aucune référence à des inventaires existants ou à des études aviaires sur lesquelles des zones sensibles peuvent être ou ont été définies. A ce titre, l’absence de la zone incluant le complexe étang de Juvigné - cours de l’Ernée et le barrage de Haute Vilaine est un manque notoire sur ce point. ►§ 2.1.1. Importance des voies de déplacement Si les espèces migratrices sont a priori les plus impactées par les phénomènes de collision avec les câbles, l’impact sur les populations locales et/ou sédentaires ne sont cependant pas à minimiser surtout si l’on n’étudie pas le phénomène. Ainsi, les collisions impliquant des espèces des grands échassiers et des rapaces de grande taille concernent principalement les jeunes oiseaux de l’année qui peuvent très bien être natifs locaux. Ce phénomène de mortalité juvénile est très bien documenté chez la Cigogne blanche par exemple. ►§ 2.1.2. Incidences sur le bocage et les haies Outre les impacts déjà cités, il faut mentionner le remblaiement de terrains non porteurs tels que prairies humides hygrophiles à mésohygrophiles, les mares ou le rempierrement de chemins d’accès. En effet, dans de nombreux cas, la circulation des engins de chantier nécessitera la création de voies d’accès au centre des parcelles et le remblaiement des terrains, surtout lors de travaux en période pluvieuse. L’utilisation de géotextiles ne suffira pas à maintenir en fonctionnement ces voies d’accès sans remblaiement important. Ces travaux connexes à la ligne THT peuvent impacter les fonctionnements de micro-habitats ou du réseau hydrographique local et porter atteinte à des habitats floristiques et faunistiques (amphibiens en particulier). L’arasement des haies et/ou, des talus nécessité par les travaux et les zones de défrichement engendreront l’élimination des espèces (et non pas la diminution de leur densité locale !). Les Mayenne Nature Environnement Association créée en 1982. Agréée au titre de la loi du 10 juillet 1976, relative à la protection de la nature, engagements de RTE dans le domaine de la limitation des impacts sur la faune et la flore demeure à préciser de façon plus détaillée, et notamment dans la définition des protocoles, des espèces visées et des structures concernées pour cette évaluation et le projet . D’un point de vue méthodologique, il est fallacieux de citer en référence des espèces indicatrices du bocage telles que la Mésange charbonnière, le Merle noir ou la Grive musicienne. En effet, ces 3 espèces ubiquistes à large répartition bien présentes dans le bocage ont cependant un spectre d’habitats importants (y compris en zone urbaine) et ne peuvent être prises comme références. Il faut plutôt juger de l’impact des travaux sur des espèces typiquement inféodées au bocage et très sensibles aux perturbations des habitats et des usages des sols comme le Bruant jaune, le Bruant zizi, l’Alouette lulu, la Chouette chevêche… 2 rue du 124ème RI – BP 1024 53010 Laval Cedex Tel : 02.43.02.97.56 [email protected] mayennennatureenvironnement.fr D’une manière générale, la justification de la faible valeur patrimoniale des espèces banales pour déterminer que le projet a un faible impact sur l’environnement est pour le moins singulier. Même l’évitement, d’après les éléments fournis par RTE, des principales zones naturelles (zone Natura 2000, ZNIEFF…) à l’échelle du tracé ne suffit pas à considérer que l’impact est faible sur un tracé de 160 km de longueur !. La richesse des écosystèmes et leur fonctionnalité écologique est avant tout basée sur la présence d’espèces banales dont la santé des populations sont beaucoup plus riches en enseignement sur le milieu que les espèces très spécialisées et/ou rares. La faune banale, support des chaînes alimentaires, doit demeurer, pour un projet de cette ampleur géographique, une priorité tout aussi importante de conservation que des espèces très patrimoniales. ►§ 2.1.2. Effets des tranchées Si l’ouverture d’une tranchée favorise en effet des successions végétales pionnières et apportent des éléments de diversification du milieu, cela ne peut, en soit, justifier l’implantation de la THT. Ce gain écologique éventuel et localisé reste cependant à nuancer. En effet, le cortège d’espèces de lisière se trouve déjà naturellement en pourtour du bois et donc, à l’échelle du massif forestier, le gain écologique reste mineur. Par contre, l’ouverture d’une tranchée créée un morcellement du bois et des massifs et à un impact plus négatif sur les espèces strictement forestière, surtout celles qui supportent peu le dérangement et/ou l’ouverture du milieu comme, par exemple, l’Autour des palombes. Propositions générales de MNE pour la réalisation et la mise en œuvre de l’étude de détail et des travaux : Concernant la mortalité aviaire : La mise en place de dispositifs préventifs de collision aviaire sur les câbles, quelques soit la nature des dispositifs, n’empêchera pas l’existence d’une mortalité aviaire dont l’importance et l’impact sur les populations migratrices ou sédentaires restent à déterminer. Il est insuffisant d’uniquement installer des dispositifs sans recourir à une analyse du phénomène et à une définition concrète des axes migratoires et de circulation à l’échelle de la Mayenne. Par conséquent, MNE souhaite que le pétitionnaire : Mayenne Nature Environnement Association créée en 1982. Agréée au titre de la loi du 10 juillet 1976, relative à la protection de la nature, - ajoute dans les zones sensibles où des mesures de diminution des risques de collision seront prises le complexe Etang de Juvigné-Barrage de Haute Vilaine. - mette en place un suivi de la mortalité aviaire post-projet par un organisme indépendant et propose une méthodologie précise dans la réalisation d’une telle étude. En complément du relevé de cadavres sur les secteurs déterminés comme les plus sensibles (telles que définies au § V-8), l’estimation quantitative des périodes, effectifs et fonctionnement des populations migratrices doivent être effectués. 2 rue du 124ème RI – BP 1024 53010 Laval Cedex Tel : 02.43.02.97.56 [email protected] mayennennatureenvironnement.fr Concernant le défrichement, l’atteinte aux boisements ou aux milieux naturels : Un état initial détaillé de la faune et de la flore présente sur les zones de défrichement, de remblaiement, de voies d’accès aux engins, de coupe d’arbres doit obligatoirement être réalisé au préalable et les espèces patrimoniales protégées et sensibles (en fonction de leur statut de conservation) dénombrées. Cet inventaire précis de terrain complètera plus sûrement l’étude « Biodiversité ordinaire » en lien avec les DIREN qui propose uniquement une approche cartographique des habitats et un référentiel lié aux espèces les plus rares. Elle servira de base à la définition des mesures compensatoires (en s’intéressant prioritairement aux espèces les plus sensibles aux modifications) et des projets de détails de l’implantation des pylônes au cas par cas. Les mesures compensatoires obligatoirement à envisager seront, par exemple : des plantations de haies bocagères, des recréations de talus et de haies, le maintien des corridors écologiques, la recréation de mares et d’habitats favorables, la transplantation d’espèces, la définition d’un calendrier des travaux excluant les périodes de reproduction des espèces, l’achat de terrains gérés en espaces naturels équivalents à ceux endommagés ou détruits par la ligne THT. En dehors des dispositions réglementaires liées à la protection de la faune et de la flore et de leurs habitats, MNE reste attachée à la réduction de l’impact du projet sur la biodiversité et la qualité de l’eau et sera attentive aux moyens mises en œuvre, dans l’étude de détail du projet pour minimiser l’impact des travaux d’implantation de la ligne. Pour conclure, à l’échelle de la Mayenne, département largement agricole, où les milieux naturels sont déjà altérés par une intensification agricole, la faune banale en bon état de conservation, et en particulier celle du bocage et des zones humides (étangs, vallées des cours d’eau…), n’est pas homogène dans l’espace et un projet comme la THT ajoute une pression de destruction forte sur des zones riches parfois localisées et de faibles superficies. Le maintien de cette diversité locale des habitats est indispensable, même sur de faibles superficies, au fonctionnement écologique dans les agro-écosystèmes. Cette prise en compte, au-delà de l’affichage de principe de RTE, doit se concrétiser par une démarche d’évaluation rigoureuse de la faune et de la flore sur la zone du tracé et la définition de mesures compensatoires adaptées avec un souci de dialogue avec les acteurs environnementaux locaux, institutionnels ou associatifs. Je vous prie Monsieur le Président de recevoir l’expression de mes salutations respectueuses. Pour le Président,