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DIX-HUITIEME ANNEE. - N° 5053. AUROUX STEPHANE Numéro étudiant : A21000141 Code INE : 0202026160 LE NUMERO : 0,80 FR Edition de Algérie (messagerie-avion) : 35 fr. - 0,35 NP Maroc : 40 fr.mar.; Tunisie : 35 m.; Italie : 60l. Belgique-Luxemb : 3,50 fr.; Autriche : 3 sch. Espagne : 3,50 pes ; Allemagne : 0,40 DM. Grande-Bretagne : 8 d. ; Pays-Bas : 0,30 fi. Portugal : 3 escudos ; Suisse : 0,35 franc. 5h00 MEMOIRE DE FIN D’ETUDES Master 2 Création et gestion de l’image numérique (Aix marseille Université) Tarif des abonnements à l’intérieur. ANNEE 2014-2015 COMPTE CHEQUE POSTAL : AIX EN PROVENCE N° 4207-23 JURY PRESIDE PAR Renaud BEZY, Pascal CESARO ET Francois LANDRIOT Adresse télégraphique : KOMMANDERART Tel : PRO. 91-29 ; TAI. 76-60 Mardi 1er Septembre 2015 Rédaction - Administration : 9 Place de l’humanité - Novi Sad XI Directeur : Uberartoffizer der Artruppen SOMMAIRE I/ Problèmes d’ordre philosophique II/ Prétendre la réalité pour mieux discourir III/ Artruppen, d’un extrème à un autre La perception, source de toute représentation (page 11) Une révolution dans les règle de l’Art (page 11) Présentation (page 11) L’image par rapport à la condition humaine (page 11) Une récupération politique La recherche de la vérité Cross Média et Activisme (page 11) Symbolique du groupe (page 11) (page 11) (page 11) Drapeau officiel des Artruppen, groupe médiactiviste craint de tout les traîtres répendant le Rückstartding sur le monde. Introduction L’homme est un être de culture, c’est à dire qu’il se distingue des autres espèces animales car il se construit sa propre nature. Se cultiver signifie «prendre soin» de soi au même titre que de son âme, selon l’étymologie latine «cultura». Ainsi, la nature de l’être humain n’est qu’artificielle, dans le sens ou elle est fabriquée de toute pièce et transmise de générations en générations par le biais de nombreux domaines tels que l’histoire, la religion, la technique, le travail, l’art et le langage. La culture permet à l’être humain de s’identifier à un groupe et à un ensemble d’individus qui l’ont précédé afin de se référencer autour de croyances communes, coutumes, traditions et interdits. L’Homme est donc un animal de culture qui agit selon des acquis artificiels et non innés, ce qui ne le détermine pas selon ses instincts. Le langage est un sujet de la culture qui est considéré comme un cercle vicieux philosophique. Comment aborder le langage en utilisant le langage? La linguistique, ou l’étude du langage, a été inventé par Ferdinand de Saussure en 1916 grâce à son «Cours de linguistique général». Il s’agit d’étudier le langage comme un fait social et non dans son histoire, son étymologie... Le fait de parler est une fonction sociale de la communication entre les individus. La langue est commune mais la parole est personnelle, ce qui amène à une forme de réalité linguistique. L’un des enjeux de la langue comme instrument de communication est de faire que tout ce que l’on dit est vrai. La parole est une source de pouvoir dans le sens ou un discours est efficace du moment qu’un nombre conséquent de personnes l’approuvent, d’où le principe même que ce dernier n’a pas comme impératif premier d’être vrai. Le concept de la parole n’a pas de réalité extra linguistique puisque le sens des mots est lié à la convention qui évolue suivant le temps, le contexte. De ce fait, l’être humain apporte des arguments dans son discours dans le but de modifier l’opinion ou le jugement de son ou ses interlocuteurs. Argumenter est donc une stratégie qui peut se définir par l’approche de deux verbes : convaincre et persuader. Pour convaincre, celui qui argumente fait appel à la raison, aux facultés d’analyse et de raisonnement par le biais d’éléments de preuve et d’une formulation de thèse. L’éméteur du discours peut, si besoin est, faire aussi appel à la persuasion, ou invoquer les sentiments, les émotions en évoquant un système de valeurs, de références culturelles communes afin de provoquer un phénomène d’identification par le biais de l’indignation ou de l’enthousiasme. Mais quand le langage et ses formes d’argumentations ne suffisent pas, l’action d’un ou de plusieurs individus devient un argument complémentaire, d’où le terme «activisme». Cette pratique qui préconise l’action directe de façon à peser sur un problème auquel un ensemble de personnes peut être confronté, et sans avoir besoin pour cela de faire appel à un intermédiaire ou personnalités politiques. Avec l’essor d’internet dans les années 2000 et de nouvelles techniques de communication, les groupes activistes se retrouvent confronté à une mutation révolutionnaire par le biais d’une nouvelle forme de militantisme : le «Médiactivisme», terme employé par Olivier Blondeau et Laurence Allard dans leur ouvrage intitulé «Devenir média, l’activisme sur internet entre défections et expérimentations» dans lequel ils retracent l’histoire et l’évolution de l’activisme médiatique. En raison de l’influence désormais dominante de l’image dans la vie moderne, l’individu accorde de plus en plus une primauté de l’image. Spontanément, l’image véhicule un caractère d’objectivité jusqu’à croire d’avantage à ce que l’on voit même si, selon Platon, l’image n’est qu’une fausse représentation du réel, comme une ombre, un reflet, une mise en scène. Cette situation amène de plus en plus de ques- EU R tionnement sur la valeur de la parole comparée à une image. C’est pour cette raison que la réflexion de ce mémoire portera sur la conviction ou la persuasion que peut susciter une image auprès de son public, au point de pouvoir perturber le jugement et la vision du réel. Pour ce faire, nous étudierons dans un premier temps aux sources même de la perception dans l’objectif de donner des définitions précises sur le fonctionnement de ce qui fait de l’Homme un être de perception. Dans un deuxième temps, il s’agira de donner des exemples concrets dans la politique, l’histoire de l’art ou encore les faits divers afin d’introduire dans un dernier les Artruppen, un groupe d’activistes factices et cyniques à l’égard de l’art contemporain utilisant tous les supports de communication possible afin de persuader et convaincre son auditoire. EN PE TRANSKUNST HINTERHART - Mardi 1er Septembre 2015 problèmes d’ordre philosophique La perception, source de toute représentation L’Homme perçoit le monde comme un objet. Ceci est la différence fondamentale entre un sujet et un objet. Tout être vivant quel qu’il soit perçoit le monde qui l’entoure de manière différente, que ce soit tactile, visuelle... Ainsi un cheval réagira de manière craintive face à un objet qu’un Homme n’aura pas craint. La perception a pour base les sens et c’est ce qui va être développé dès maintenant. La sensation, c’est avant toute chose l’acte ou celui qui perçoit et celui qui se fait percevoir (un objet par exemple) se rejoignent et se mettent en contact. Or, chez les Hommes et les animaux, il existe des sensations diverses qui viennent des cinq sens. Le premier des sens évoqués est le toucher qui scientifiquement parlant, est plus sensible lorsque la partie du corps qui rentre en contact possède le plus de nervures. C’est le cas, de la bouche, de la langue ou encore du sexe. Le sens du toucher permet selon Aristote la certitude, ce qui explique le statut de sens le plus basique et répandu. La peau est l’intermédiaire sensoriel car elle peut percevoir un éventail de sensations conséquent comme le chaud, le froid, l’humide, le sec, la gravité, le rugueux, le lisse... Cependant, l’acide, le sucré, le salé l’amer sont des exemples de sensations que le sens du goût réceptionne. Situé dans les papilles gustatives avec comme intermédiaire la salive, le goût est, toujours selon Aristote, le sens de l’équilibre, lié à la qualité, d’où l’expression : « Avoir du goût ». L’odorat est le troisième sens de la liste ; c’est le sens des odeurs par le biais de l’air et des parfums. C’est grâce notamment à ce sens que l’être humain peut se faire une idée de l’aura de son interlocuteur, au même titre que les animaux qui peuvent détecter cette trace invisible à partir d’une certaine distance. L’odeur est donc liée à l’identité d’une personne, ce qui fait de l’odorat le sens de la finesse, d’où l’expression « ne pas sentir quelqu’un ». L’ouïe, quant à lui, est le sens de l’équilibre saisissant les sons portés par les différents milieux. Il s’agit du sens de l’harmonie. L’oreille est à l’ouïe ce que l’œil est à la vue. En effet, le sens de la vue avec pour objet de perception les couleurs. Il perçoit le bleu, le rouge et le vert, 3 couleurs fondamentales avec lesquelles il peut être réalisé toutes les autres couleurs. Aussi la forme de l’objet dépend de la couleur. Il est possible de donner l’illusion de la profondeur grâce à la couleur et aux dégradés tout en restant proche du réel comme les impressionnistes. Ainsi, la forme est par définition la couleur qui se détache et non l’inverse, ce qui rend le sens de la vue fondamentale pour l’Homme. La réalité possède donc cinq portes d’entrée dans le conscient du corps humain, correspondant aux différentes manières que l’Homme peut percevoir son environnement. Cependant, si le réel est diffractée en cinq aspects, comment se fait il que ces cinq aspects puissent être fusionnés ou coordonnés en une seule et même unité perceptible ? Comment peut on être sûr que tout ce que l’on perçoit provient du même réel ? Autant de question que le philosophe Hume s’est posé autour d’une possible unité de perception. Il en a déduit deux pistes : soit la perception se décompose en sensations et se reproduit en l’Homme par la perception, soit il produit et associe les sensations entre elles. Il existe en tout cas deux critères irrévocables qui sont la simultanéité entre l’objet et les sens ainsi que la continuité. Hume va jusqu’à conclure que l’Homme ne ressent pas le réel, il le produit. Si l’idée de séquencer les sensations seraient mis en pratique, alors l’être humain ne les percevraient pas de la même manière, ce qui est uni dans la réalité ne l’est pas forcément car l’unité de perception crée les associations. Désormais la question de l’unité de perception se pose, d’où vient elle ? Les différents caractères de la perception La perception est ce qui est considéré comme une connaissance immédiate. Pour Aristote, « au même moment ou je vois, j’ai vu ». Or, « je ne peux pas dire qu’au même moment ou j’ai pensé, je pense ». Il en déduit que la sensation est instantanée. La sensation est également passive contrairement à la réaction qui est active car réagir suite aux sensations perçues est une cause attribuée à celui qui réagit. La perception sépare l’intérieur de l’extérieur, d’où le fait que les espèces s’adaptent à l’environnement et aux changements externes à eux même. Elle crée donc un lien entre l’extérieur et l’intérieur. Il existe une frontière entre ces deux univers. L’empathie (du grec ancien ἐν, dans, à l’intérieur et πάθoς, souffrance, ce qui est éprouvé) est une notion désignant la « compréhension » des sentiments et des émotions d’un autre individu, voire, dans un sens plus général, de ses états nonémotionnels, comme ses croyances (il est alors plus spécifiquement question d’« empathie cognitive langage courant, ce phénomène est souvent rendu par l’expression « se mettre à la place de » l’autre. Cette compréhension se produit par un décentrement de la personne (ou de l’animal) et peut mener à des actions liées à la survie du sujet visé par l’empathie, indépendamment, et parfois même au détriment des intérêts du sujet ressentant l’empathie. Dans l’étude des relations interindividuelles, l’empathie est donc différente des notions de sympathie, de compassion ou de contagion émotionnelle qui peuvent en découler. Le terme empathie a été créé en allemand (Einfühlung, « ressenti de l’intérieur ») par le philosophe Robert Vischer en 1873 dans sa thèse de doctorat «Über das optische Formgefühl» pour désigner l’empathie esthétique, le mode de relation d’un sujet avec une œuvre d’art permettant d’accéder à son sens. Adam Smith utilisait le terme de « sympathie » pour désigner ce qui est actuellement considéré sous le nom d’empathie (non esthétique). Le mot « empathie » fut par la suite réutilisé en philosophie de l’esprit par Théodore Lipps (une influence reconnue de Sigmund Freud et des phénoménologues) pour désigner, dans ses premiers écrits, le processus par lequel « un observateur se projette dans les objets qu’il perçoit ». Plus tard, Lipps introduisit la dimension affective dont héritera notre conception moderne : l’Einfühlung caractériserait par exemple le mécanisme par lequel l’expression corporelle d’un individu dans un état émotionnel donné déclencherait de façon automatique ce même état émotionnel chez un observateur. La perception est infiniment plus riche que l’image. La perception se représente l’objet en sa présence alors que l’imagination suscitée pour créer l’image se représente l’objet en son absence. Lorsque l’on perçoit, on revient à la sensation. Les problèmes de la perception Quel est le lien entre l’extérieur et l’intérieur? Comme il en a été question précédemment, les choses sont perçues différemment selon les espèces animales, du bœuf en passant par la grenouille. Même entre les hommes, la perception du monde est nuancé en fonction de la culture de l’individu. D’un point de vue purement biologique, les Hommes peuvent interpréter des signaux différents en fonction de leur propre organe. Dans un cas extrême, un daltonien ne perçoit pas les couleurs. La preuve en est par le biais de l’existence du dogmatisme ou un groupe a la volonté d’imposer son point de vue à un autre groupe. La problématique vient du fait qu’il ne faut pas prendre la perception comme une relation d’identité mais plutôt comme une relation de cause à effet. Le réel frappe bel et bien nos sens et à donc une incidence sur nos sensations. Les connaissances sensibles Les connaissances sensibles s’opposent aux connaissances intelligible. Elles se font connaître de manière sensorielles ou abstraites. Une connaissance sensible est singulière, particulière et concrète contrairement à la connaissance intellectuelle qui est une connaissance universelle qui pose des pensés universelles. A titre de précision, les animaux ne peuvent pas avoir de connaissances universelles mais des connaissances sensibles car ces derniers ne connaissent pas la science à l’instar d’avoir un comportement instinctif qui le différencie de l’Homme. La connaissance sensible HINTERHART - Mardi 1er Septembre 2015 qui rentrent en compétition sur des domaines comme les souvenirs familiaux ou touristiques, les exhibitions narcissique de soi, la pornographie privée, l’information, le journalisme, la documentation, la substitution au texte, l’archive ou encore l’art. s’éclate en plusieurs parties, autant qu’il en faut pour se jumeler avec les sens. Elle rend donc impossible les jugements universels et entraîne toujours des contradictions. Platon et l’allégorie de la caverne Chez les grecs, le terme «vertu» a des valeurs d’idéal, ce qui résume en quelque sorte des milliers de questions relatives à la condition humaine telles que la question de l’excellence, le juste, le beau. Platon a longtemps chercher à englober l’ensemble de ces questions sous un même terme. Il a remarqué que les Hommes n’arriveront pas à définir ce qu’est le beau car ils sont contradictoires par nature. Les Hommes sont prisonniers et privés de la connaissance sensible car ces derniers se servent uniquement de la connaissance intellectuelle pour tenter une universalisation globale. Mais au fil du temps, il s’avère que cette expérience est un échec car il ne suffit pas d’être brave pour être idéal. Le risque d’une universalisation par la connaissance intelligible est que l’être humain peut être prisonnière d’une image. L’exemple le plus flagrant de nos jour reste la vision de l’excellence dans le cinéma américain ou l’idée du héro qui n’abandonne jamais quelque soit la situation. En d’autres ouvrages, tel qu’« Hippias », Platon s’est également posé la question de la beauté pour rester dans la critique de domination des connaissances intelligible. Tel qu’il le décrit, la beauté est «ce qui brille», ce qui resplendit. Si l’on suit cette définition, il suffirait alors d’habiller d’or et de diamant un objet afin de le rendre beau. Il en résulte alors des contradictions et une conclusion claire: la beauté n’est pas décrite en fonction de la matière dans laquelle il est constitué. Dans « Ménon », Platon cherche ce qu’est la vertu mais surtout si la vertu s’enseigne. L’exemple par excellence en Grèce d’une entité définissable de vertueuse est Périclès mais ironiquement, sa descendance ne l’est pas. Or, il est important de garder à l’esprit que l’excellence diffère en fonction de la culture de l’individu. Socrate a par ailleurs affirmé que Ménon n’arrive pas à penser car il est pris par ses connaissances sensibles. L’allégorie de la caverne est la représentation de cette problématique par la mise en scène de la connaissance ou de la sagesse. Comment passer de l’engourdissement de l’opinion à la lucidité d’un sage? De la connaissance sensible à la connaissance intelligible? Dans une demeure souterraine, en forme de caverne, des hommes sont enchaînés. Ils n’ont jamais vu directement la lumière du jour, dont ils ne connaissent que le faible rayonnement qui parvient à pénétrer jusqu’à eux. Des choses et d’eux-mêmes, ils ne connaissent que les ombres projetées sur les murs de leur caverne par un feu allumé derrière eux. Des sons, ils ne connaissent que les échos. « Pourtant, ils nous ressemblent ». Que l’un d’entre eux soit libéré de ses chaînes et accompagné de force vers la sortie, il sera d’abord cruellement ébloui par une lumière qu’il n’a pas l’habitude de supporter. Il souffrira de tous les changements. Il résistera et ne parviendra pas à percevoir ce que l’on veut lui montrer. Alors, Ne voudrat-il pas revenir à sa situation antérieure ? S’il persiste, il s’accoutumera. Il pourra voir le monde dans sa réalité. Prenant conscience de sa condition antérieure, ce n’est qu’en se faisant violence qu’il retournera auprès de ses semblables. Mais ceux-ci, incapables d’imaginer ce qui lui est arrivé, le recevront très mal et refuseront de le croire : « Ne le tueront-ils pas ? ». Il se trouve que l’origine des images que reçoivent les prisonniers de la caverne sont l’œuvre des sophistes qui montrent quelque chose dans le but d’en cacher une autre. La conclusion de l’entretien est qu’il est nécessaire de sortir de la connaissance sensible car le monde sensible n’est qu’une pâle copie du monde intelligible. L’empirisme s’oppose à l’idéalisme des peuples selon Locke et Hume. Ces derniers se sont opposés à Descartes et sa conception des idées innées telles que Dieu, les substances, les libertés. Les empiristes pensent que nos connaissances dérivent de nos sens et que la vérité d’une connaissance, c’est que l’on puisse la ramener à une sensation élémentaire. Pour preuve, il est difficile de sentir une idée comme l’existence d’un dieu. Hume montre par ailleurs que l’idée de dieu est creuse car les Hommes ne le voit pas comme l’idée de l’âme, du monde, de la matière, de la liberté. Il critique la causalité ou l’idée de cause à effet n’est qu’une relation de succession sans pour autant être liée. Trouver dans la connaissance sensible la confirmation des connaissances, telle est le cheminement de l’empirisme. Comment peut on passer de la sensation à l’idée? En guise d’exemple, l’idée d’une rose vient de la perception du végétal par les sens comme le toucher, la vue, l’odeur; la composition de ces trois sens donne naissance à la perception, qui donnera à son tour naissance à un concept commun. L’idée est donc une sensation affaiblie mais qui fait partie d’une théorie empiriste tournant autour des expériences. La perception est une connaissance qui fait de tout être un sujet devant les objets. Les perceptions, pour que l’être en soit sujet, doit en avoir conscience car la perception suppose la conscience. Le questionnement qui s’ensuit est si la sensation est objective ou subjective. La sensation est elle une représentation de ce qui nous apparaît? Dans ce cas là, elle serait objective. La perception nous ramène à des éléments extérieurs et s’impose à nous. Enfin, il est difficile de trancher sur celui qui a raison entre Platon et Hume. D’un côté, la connaissance sensible est tellement multiple qu’il faut qu’un esprit rassemble les choses pour éviter que la connaissance sensible s’apparente à celle des animaux. Cependant, Platon a raison sur le fait que les points communs structurent la réalité et que l’empirisme n’est pas forcément lié aux sciences puisque la gravité n’est pas perceptible lors de la vie de tous les jours. D’un autre côté, l’empirisme critique les idées dites de l’innéisme qui viennent de nulle part et qui n’ont aucuns fondements. En partant du principe que tout ce que l’on peut concevoir vient des sens, comment peut on lier l’extérieur et l’intérieur? Pour Aristote, nous pouvons imaginer qu’à l’intérieur des objets, il existe deux connaissances : les qualités sensibles et les quantités qui définissent ces derniers. Tout ceci renvoie à un sujet dans le sens substantiel. Quant aux apparences, elles ne font pas l’objet mais il faut quand même qu’il y en est pour que l’objet existe, ce qui rend l’objet et les apparences complémentaires. Le paraître porte donc à la connaissance de l’être qui porte les apparences sur lui même. L’image par rapport à la condition humaine Maintenant que nous avons réfléchi à la perception comme une connaissance qui fait de l’Homme un sujet devant un objet par le biais de ses sensations, nous pouvons nous questionner sur l’image crée en elle même. Sont elles dangereuses, possèdent-elles un pouvoir d’ordre maléfique, peuvent elles envoûter, tromper, abuser les esprits ? Une étude a recensé en 2001 plus de 86 milliards de photographies prises dans le monde dont la plupart sur support argentique ou papier. Une donnée à mettre en contraste en 2012 avec plus de 850 milliards de photographies prises jamais développés, juste mise en ligne sur des réseaux sociaux. Ces éléments démontrent l’évolution d’une société de plus en plus submergée par les images avec un regard qui, irrémédiablement, devient de moins en moins attentif, attaché même si certains, parmi le flot d’images qui leur sont proposés à la TV, sur internet ou dans la rue, feront attention aux petits détails que la grande majorité a échappé. La société est passé d’un statut où les images même privées pouvaient être rendues publiques, à celui où toutes les images sont publiques d’une manière ou d’une autre. La révolution polaroïd, une société ayant commercialisé un procédé de photographie à développement instantanée en 1948, a rendu enfin possible un voyeurisme d’ordre privée jusqu’ici interdit par la présence du professionnel du développement au cœur du processus de révélation. Elle est de nos jour bien dépassée par la le numérique qui ne rend même plus nécessaire le développement et pulvérise la distinction entre privé et public par la diffusion facile et instantanée. L’image y est dans beaucoup de cas retouchée, diffusée, mixée et transformée. Les chiffres parlent de la massification des pratiques, autant professionnels qu’amateurs, Autant de questionnement que se posent Laurence HansenLove dans son livre intitulé « Les images peuvent-elles mentir ? » datant de 2007 dans lequel elle considère l’image comme polysémie (du latin « imago » : portrait, ombre d’un mort, copie, comparaison) est la reproduction inversée qu’une surface polie donne d’un objet qui s’y réfléchit. En physique corpusculaire, les images sont considérées comme des réalités solides et objectives. Un photogramme est par exemple l’enregistrement d’une image sur une pellicule et l’image rétinienne se forme par impression des rayons lumineux sur la rétine. Les images de ce types, autant naturelles qu’artificielles soient elles sont produites et circulent indépendamment de ceux qui les perçoivent et qui leur donnent éventuellement un sens. Dans un deuxième temps, elle considère aussi l’image comme la représentation ou la reproduction d’une autre chose, une définition essentiellement destinée au monde des arts, même si cette dernière est la définition la plus courante. Cependant, certaines images sont conformes au plus près possible de leur modèle comme avec la peinture académiques tout comme elles ne peuvent pas l’être comme dans l’art moderne ou abstrait. Enfin, dans un troisième et dernier sens, l’image est une production mentale liée à l’imagination et c’est à ce titre qu’elle est tenue en suspicion. Dans la tradition philosophique rationaliste, l’image est opposée à l’idée et au concept qui, en tant que productions conscientes de l’entendement, sont seules capables d’être claires et distinctes ; l’image en effet ne relève pas de la pensée pure mais de l’interaction du corps et de l’esprit et, dans cette mesure, elle ne peut nous délivrer aucune certitude. Par extension, l’image recouvre tous les ensembles d’éléments, inventions, métaphores, figures littéraires ou formes diverses de fictions qui font référence à une réalité distincte voire même imaginaire en raison d’une approche similaire. Par exemple, les productions oniriques sont des images ou des représentations d’une réalité qui n’a pas eu lieu, au même titre que les mythes et les fictions. Dans cet usage élargi et vulgaire du mot image, le champ de l’imagination tend à recouper celui de la représentation du réel et de ce point de vue les images peuvent être accusées de mentir. Il est possible qu’une image peut être l’illusion de la représentation la plus proche possible du réel. Une ambition qui fut considéré comme un gage de qualité durant l’Antiquité jusqu’à l’émergence des avant gardes du début du Xxème siècles comme nous montre le mythe de Zeuxis et Parrhasios raconté par Pline l’Ancien, (en latin Gaius Plinius Secundus), né en 23 après J-C. um (l’actuelle Côme) dans le nord de l’Italie et mort en 79, à Stabie, près de Pompei, lors de l’éruption du Vésuve, un et écrivain et naturaliste romain du Ier siècle, auteur d’une monumentale encyclopédie intitulée « Histoire Naturelles » rendue public vers 77. Zeuxis ou Zeuxippos est un peintre grec d’Héraclée qui aurait vécu de 464 à 398 avant J-C.. Jouant sur les couleurs et les contrastes d’ombres et de lumière, il excellait à donner l’illusion de l’espace. On dit que c’est lui qui a introduit l’esthétique du trompe-l’oeil dans la peinture grecque. Il était en concurrence avec Parrhasius d’Ephèse, autre excellent peintre dont on disait qu’il était inégalable dans la finesse des lignes et des contours. Pour se départager, ils se mirent d’accord sur un «duel pictural». Chacun aurait à peindre une fresque, et un jury les départagerait. Zeuxis utilisait tous les trucs du trompe-l’oeil. Ses tableaux frappaient dès le premier regard, tandis que Parrhasius apparaissait comme le challenger car il fallait du temps pour apprécier sa peinture. Zeukis se présenta donc le premier, sûr de lui. Il souleva le rideau qui cachait sa peinture, et l’on découvrit une simple coupe de fruits, avec des poires et du raisin. Pendant un long silence, le jury contempla l’oeuvre, quand soudain un oiseau se posa à côté d’elle et commença à picorer la grappe. Se heurtant au mur, il tomba sur le sol. Tout le monde était stupéfait. Le jury n’aurait pas à se prononcer, car l’oiseau lui-même avait pris la décision. C’est alors que Parrhasius se présenta. Chacun se tourna vers le mur et attendit. Parrhasius restait parmi la foule. Allons, regardons! dit Zeukis. Il faut que Parrhasius soulève le rideau, mais ce dernier ne bougeait pas. La foule commença à grommeler. Mais alors, qu’est-ce qu’il attend? Le jury insistait. C’est alors que Parrhasius répliqua : Je n’ai rien à faire, vous regardez déjà l’oeuvre. Alors seulement, on se rendit compte qu’il avait peint un rideau de manière tellement réaliste que personne ne s’en était rendu compte. Zeukis ne discuta pas la victoire de Parrhasius. Ce dernier avait réussi à tromper des êtres humains, c’est-àdire des personnes qui s’attendaient à être trompées, et non pas un animal, qui ne cherchait qu’à s’alimenter. la culture et de la raison. Terroriste, provocateur, iconoclaste, refusant toute contrainte idéologique, morale ou artistique, il prône la confusion, la démoralisation, le doute absolu et dégage les vertus de la spontanéité, de la bonté, de la joie de vivre. Le mouvement Dada fut l’une des premières avant garde, si ce n’est la première à faire distinguer sa démarche artistique et son approche de l’image d’une autre par le biais d’un athéisme et des limites psychologiques de l’Homme. Richard Huelsenbeck, acteur du mouvement dadaiste, a écrit en 1920, date effective du déclin du mouvement, « En avant dada – l’histoire du dadaisme ». Il y décrit la démarche dada comme une tentative d’unité entre le bien et le mal, un pessimisme en l’avenir de l’humanité, une suppression de l’ego de l’artiste, une mise en avant de l’empathie... De plus, il définit ce dernier comme un mouvement artistique qui n’est rien, ne sait rien, ne croit en rien et Depuis le premier salon ne sert à rien, si ce n’est à refléter des Refusés de 1863, autorisé par un flux, un présent immédiat chanNapoléon III, rendant public l’en- geant constamment. L’ensemble de semble des œuvres refusées au Sa- ces éléments s’applique particulièrelon officiel présidée par l’Académie ment à l’image crée. Royale de Peinture et de Sculpture car ne répondant pas à la doctrine Paradoxalement, l’échec artistique de l’époque, la nature de dada par son activité de déconstrucl’image a changé suivant le courant tion et de destruction des langages des techniques nouvelles jusqu’alors ne l’a pas empêché d’être particuencadrée par l’Académie Royale de lièrement productif de démarches Peinture et de Sculpture. D’abord d’ordre visuelles qui furent enregisles impressionnistes de la deuxième trées dans la suite de l’histoire de moitié du XIXème siècle, puis par le l’art contemporain, comme ce fut le biais de l’ensemble des avant gardes cas pour le principe du photomondu début du XXème siècle, l’image tage, dont l’introduction en art est n’est plus la représentation du réel. attribuée à Raoul Hausmann, un daElle est l’illusion par des procé- daiste berlinois dont l’œuvre « Elasdés de trompe l’œil, une décompo- ticum » de 1920, à base de collage sition entre forme et couleur chez et de gouache, en est selon moi le les cubistes, une démonstration du parfait exemple. Par cette nouvelle mouvement pour les futuristes, un technique, les dadaistes se sont ofthéorème de la lumière originel de fert une forme d’expression polila création du mouvement par le dy- tique et impliquant des supports de namisme des couleurs pour les or- presse dans leur processus créateur. phistes, une revendication de la suprématie du geste créateur traduite Le mouvement dada, inspar des formes géométriques pures tauré à Zurich par Hugo Ball par son chez les suprématistes ou encore manifeste de 1916 a donc remis en une réaction émotionnelle chez les cause la composition et la perception expressionnistes. de l’image, a fait table rase de toutes les conventions et contraintes idéo Mais l’avant garde ayant le logiques, esthétiques et politiques plus révolutionné l’approche intel- qui l’ont précédé. lectuelle et artistique de l’image est le dadaïsme, mouvement intellectuel Les artistes qui l’ont compoet artistique qui apparut à New York sé se sont donnés la réflexion d’une et à Zurich (1916), se diffusa en Eu- remise en cause de l’image comme rope jusqu’en 1923 et exerça, par sa représentation objective d’un réel pratique subversive, une influence perceptible, ce qui a donné naissance décisive sur les divers courants à une autre avant garde approfondisd’avant-garde. sant cette démarche : le surréalisme. Mouvement international d’artistes et d’écrivains, né d’un intense dé- « L’image est une création goût envers la guerre qui signait à ses pure de l’esprit. Elle ne peut yeux la faillite des civilisations, de naître d’une comparaison mais du rapprochement de deux réalités plus ou moins éloignées. Plus les rapports des deux réalités rapprochées seront lointains et justes, plus l’image sera forte — plus elle aura de puissance émotive et de réalité poétique... etc » Pierre Reverdy, manifeste du surréalisme (1924) Il s’agit d’un mouvement littéraire, culturel et artistique du XXe siècle, comprenant l’ensemble des procédés de création et d’expression utilisant toutes les forces psychiques (automatisme par le réflexe, rêve, inconscient) libérées du contrôle de la raison de l’artiste et dans la continuité de la lutte dadaiste contre les valeurs reçues. En 1924, André Breton, initiateur de ce mouvement,le définit dans son premier Manifeste du surréalisme comme un « automatisme psychique pur, par lequel on se propose d’exprimer, soit verbalement, soit par écrit, soit de toute autre manière, le fonctionnement réel de la pensée. Dictée de la pensée, en l’absence de tout contrôle exercé par la raison, en dehors de toute préoccupation esthétique ou morale ». C’est aussi dans le second Manifeste du Surréalisme de 1930 qu’André Breton affirme que « L’acte surréaliste le plus simple consiste, revolvers aux poings, à descendre dans la rue et à tirer au hasard, tant qu’on peut, dans la foule. » Le surréalisme repose sur la croyance à la réalité supérieure de certaines formes d’associations négligées jusqu’à lui, autrement dit à une dimension dont il n’a pas conscience, à la toute-puissance du rêve, au jeu désintéressé de la pensée. Il tend à ruiner de manière définitive tous les autres mécanismes psychiques. Parmi les peintres les plus prolifiques du mouvement surréaliste, René Magritte est celui qui a instauré et mis en pratique par le biais de ses œuvres la théorie de l’image surréaliste. En effet, dans sa biographie rédigée par Patrick Wladberg intitulé « Magritte, peintures » de 1983 en page 19 « Une caisse auprès de son berceau, la récupération d’un ballon de navigation échoué sur le toit de la maison familiale, la vision d’un artiste peintre peignant dans le cimetière où il jouait avec une petite fille... trois souvenirs d’enfance que l’artiste gardera toute sa vie», résume une biographie de Magritte. Ses peintures jouent dans beaucoup de cas sur le décalage entre un objet et sa représentation sur toile. En guise d’exemple le plus célèbre, figure un de ses tableaux : une image de pipe sous laquelle figure le texte « Ceci n’est pas une pipe » Intitulé « La Trahison des images » de 192829, il s’agit de considérer l’objet comme une réalité concrète et non pas en fonction d’un terme à la fois abstrait et arbitraire qui peut s’appliquer sous toutes les dimensions. Magritte aurait par ailleurs déclaré selon l’écrivain Pere Gimferrer dans ses écrits intitulés « Magritte » : « La fameuse pipe, me l’a-t-on assez reprochée ! Et pourtant, pouvez-vous la bourrer ma pipe ? Non, n’est-ce pas, elle n’est qu’une représentation. Donc si j’avais écrit sous mon tableau « ceci est une pipe », j’aurais menti ! » La peinture de Magritte s’interroge sur sa propre nature, et sur l’action du peintre sur l’image. La peinture n’est jamais une représentation d’un objet réel, mais l’action de la pensée du peintre sur cet objet par le biais de ses sens. Magritte réduisait la réalité à une pensée abstraite rendue en des formules que lui dictait son penchant pour le mystère : « je veille, dans la mesure du possible, à ne faire que des peintures qui suscitent le mystère avec la précision et l’enchantement nécessaire à la vie des idées », déclara-t-il. Toujours est il que sa touche personnelle apparaît volontairement neutre, académique, met en évidence un puissant travail de déconstruction des rapports que les choses entretiennent dans la réalité et de ce fait enterre l’idée que l’Homme est capable de représenter le réel à cause de sa condition humaine. Parmi les objets qui contribuent à faire de ses toiles de véritables énigmes tout en renforçant sa théorie, un objet apparaît de façon récurrente : une sphère noire, lisse, fendu en son milieu et apparaissant en tant que sujet dans de nombreuses œuvres dont la plus parlante est « La voie des airs » de 1931, dans des dispositions et des tailles extrêmement différentes. Souvent qualifié d’œil noir, de représentation d’un sexe féminin, ou d’une simple forme géométrique, l’artiste, a laisse intact le mystère sur un objet qui concentre l’attention tout en résistant à l’interprétation, montrant de ce fait une nouvelle fois que la représentation du réel n’est qu’une interprétation subjective de l’inconscient. Magritte est aussi considéré comme un génie dans la représentation des images mentales. Pour lui, la réalité visible doit être approchée de façon objective. Ce dernier possède une manie de l’ordre qui se manifeste dans l’agencement géométrique de ses tableaux. Il est évident que Magritte a un dégoût de la peinture académique qui fut établit comme un standard voir un dogme jusqu’à la moitié du XIXème siècle. Magritte souhaitait liquider tout ce qu’il considère comme l’idée d’une représentation réaliste du réel. Il déclara par ailleurs que « L’art de la peinture ne peut vraiment se borner qu’à décrire une idée qui montre une certaine ressemblance avec le visible que nous offre le monde » selon les propos recueillis par Sylverster David dans son livre intitulé « Magritte » de Juin 2009 . Pour lui, la réalité ne doit certainement pas être approchée sous l’angle du symbolisme. Parmi les tableaux les plus représentatifs de cette idée, « La Clairvoyance » de 1936 montre un peintre dont le modèle est un œuf posé sur une table. Sur la toile, le peintre dessine un oiseau aux ailes déployées ; signant la différence entre le réel et l’image picturale. Dans un autre tableau intitulé « La Reproduction interdite » de 1937, l’artiste montre un homme de dos regardant un miroir, qui ne reflète pas le visage de l’homme mais son dos. De la même manière, la peinture n’est donc pas un miroir de la réalité car les limites de l’Homme ne lui permettent pas d’en faire un miroir de la réalité. Peintre de la métaphysique et du sur réel, Magritte a traité ce qui lui semblait évident avec un humour certain, de manière à saper le fondement de la picturalité et brisé le mur du sérieux. Il s’est glissé entre les choses et leur représentation, les images et les mots. Au lieu d’inventer des techniques nouvelles, il a préféré explorer le fond des choses, user de la peinture qui devient l’instrument d’une connaissance inséparable du mystère. « Magritte est un grand peintre, Magritte n’est pas un peintre », écrivait dès 1947 Scutenaire, poète surréaliste belge. Afin d’illustrer cette ambition légitime de tenter de montrer la réalité dans le cadre d’une création artistique, on peut prendre l’exemple de la photographie. Il n’est donc plus question d’imiter la nature puisque l’appareil photo n’imite pas le geste du peintre, ni même de «représenter» la réalité comme il a été cité plus haut, mais bien de la reproduire comme elle se présente. C’est pourquoi la photographie est considéré pour beaucoup comme un exemplelimite, à la frontière même de l’art à cause de la technique employée, loin du credo artisanal. HINTERHART - Mardi 1er Septembre 2015 Au delà de l’ambiguïté que peut susciter la « photo d’art » et la « photo de reportage », il faudrait faire la distinction entre ce que l’on appelle « le temps du photographique » : c’est le moment du “déclic”, de la prise de vue, la reproduction à proprement parler, et « le temps du photographié » : ou le moment du développement, où peut se faire éventuellement un travail de montage. A noter que le photomontage est propice à la création et au travail de modification de la nature de l’image; mais ce serait également revenir à dénaturer l’acte de photographier*, reproduire la nature comme elle se présente. Nous pouvons nous poser la question de la valeur de l’instant pris en photo. Est-ce trop concéder au reportage « non-artistique », ou bien estce au contraire, dans la mesure où il s’agit bien pour le photographe d’être là, au bon endroit et au bon moment, une authentique découverte du réel ? On soutiendra ici que le propre de la photographie est de signifier un rapport spécifique au réel, le réel non pas comme la « réalité » objective mais comme quelque chose qui apparaît et qui disparaît, qui peut être présent ou absent, qui se voit ou qui ne se voit pas. Le concept photographique de reproduire la réalité ne fait cependant pas l’unanimité. Toute une catégorie d’artistes et de mouvements artistiques mettent plutôt en avant l’imagination, la représentation de l’imaginaire parfois le plus débridé. Il faut déjà comprendre ce qu’est l’imagination et en quoi elle consiste. Pendant longtemps l’imagination a été définie seulement comme une faculté de se remémorer les images perçues, avec le risque d’illusion que cela comporte. Cette « folle du logis » comme l’appelle si bien Nicolas Malebranche, théologien et philosophe français du XVème siècle, a souvent été opposée à la raison. Puis cette faculté a été repensé, notamment avec Emmanuel Kant, lorsque ce dernier a compris qu’elle ne servait pas seulement à reproduire des images mais aussi à les formaliser et ainsi former des objets mentaux spécifiques nommés « schèmes », qui prennent une part décisive dans la subjectivité et même dans les processus de connaissance intelligible. Grâce à certains courants artistiques post-romantiques, l’imagination est devenue une faculté reine pour la création artistique au point même d’en être la faculté même d’inventer des images. On pourrait citer simplement le «surréalisme», mouvement littéraire et artistique né au début du XXème siècle qui a véritablement mis en avant l’inconscient et l’imagination dans son processus de création. Le surréalisme a promu des œuvres dérangeante car non conventionnel, attaquant non seulement la raison mais aussi la signification elle-même. Dans la continuité du mouvement Dada, l’absurde et le non sens accédaient à la dignité d’un chef d’œuvre. Et cependant, tout rapport avec le réel n’est pas aboli puisque l’objectif est de révéler l’existence d’une «surréalité», soit un aspect de la réalité et surtout du psychisme jusqu’ici inexploré. La recherche de la Vérité La vérité (du latin veritas, « vérité », dérivé de verus, « vrai ») est la qualité de ce qui est vrai. C’est l’adéquation de l’idée, la pensée, avec son objet, adéquation de ce que l’on dit ou pense avec ce qui est réel. L’ambition de la science d’aujourd’hui est de proposer une description la plus rationnelle possible des phénomènes naturels et des phénomènes humains. La raison, considérée comme une faculté propre à l’esprit humain dont la mise en œuvre lui permet de fixer des critères de vérité et d’erreur, de discerner le bien et le mal et aussi de mettre en œuvre des moyens en vue d’une fin donnée, prétend donc explorer le labyrinthe du réel pour en clarifier la structure. C’est grâce à l’application des mathématiques à la nature que la physique a pu prétendre au statut de science comme l’ont démontré de nombreux personnages historiques, en particulier Léonard de Vinci. Ainsi l’expérience est devenue un outil de la science. Elle s’est définie comme expérimentation, en se fondant sur une théorie, afin d’énoncer des lois de la physique. La biologie, en tant que science tournée vers le vivant, tente aussi de décrire l’organisme humain en termes physico-mathématiques, afin d’en imaginer le fonctionnement. Cependant, une question se pose relativement à cette ambition scientifique : faut il chercher aussi des lois physicomathématiques afin d’expliquer le fonctionnement de l’esprit luimême ? Peut-on réduire ce que nous sommes à de simples formules ma- thématiques ? Avoir un point de vue objectif est il incompatible avec une vérité ? De cette interrogation, la nécessite d’inventer d’autres modes de connaissances peut apparaître légitime : plutôt que de démontrer, il s’agirait de savoir interpréter, c’està-dire de savoir faire surgir un sens qui n’a de valeur que par apport à un sujet. Savoir ainsi interpréter la démonstration scientifique ne serait pas le seul chemin d’accès à la vérité. Dès que l’on touche à l’existence humaine, la vérité ne peut émerger qu’à partir d’une interprétation, au sein d’une expérience unique, qui vient dévoiler un sens resté jusquelà silencieux. Platon avait déjà employé le terme « image » pour désigner une fausse réalité imposée aux sens des prisonniers. Il l’a d’ailleurs illustrer bien avant ce dernier dans sa caverne aux prisonniers soumis à des images manipulées et donc d’une fausse réalité. Ce dernier a par ailleurs voulu démontrer que le remède contre cette soumission aux images, aux apparences, serait d’être à la fois rationaliste (postuler que le raisonnement consiste à déterminer que certains effets résultent de certaines causes, uniquement à partir de principes logiques) et métaphysique (recherche de causes à effets). Deux critères qui définissent ce que l’on appelle le cartésianisme, un courant philosophique se réclamant des principes, thèses et écrits de la pensée de René Descartes (1596-1650), mathématicien, philosophe et physicien français. Ce courant philosophique s’est par- ticulièrement illustré à travers son premier ouvrage philosophique intitulé « Discours de la Méthode » daté de 1637, sous-titré « pour bien conduire sa raison et chercher la vérité dans les sciences ». Il s’agit d’une théorie philosophique qui cherche à rendre compte des relations entre l’esprit et le monde. Il est tout aussi pertinent de rapprocher cartésianisme et idéalisme qui, au passage, n’a rien à voir avec un certain adjectif désignant un principe de prendre des idées sans fondements pour des réalités. Plus être plus précis, l’idéalisme cherche à répondre à la problématique qui est de savoir comment l’esprit humain peut-il connaître le monde extérieur ? Et peut-il le connaître ? L’idéalisme répond de manière générale à cette question par deux pistes majeures : soit il est difficile de connaître le monde tel qu’il est (indépendamment de toutes connaissances intelligibles et d’idées objectives), soit qu’il est impossible de le connaître tout simplement. Il s’agit là d’une problématique épistémologique, c’est à dire de conflits entre le domaine des sciences et de la théorie de la connaissance. C’est ce qu’on appelle l’idéalisme problématique, un mur invisible face auquel Kant s’est cogné au point d’en arriver à la conclusion d’un réalisme dit empirique selon lequel la seule réalité connaissable est phénoménale, donnée dans le cadre transcendantal de l’espace et du temps, mais seule l’expérience fournit un matériau valide pour la connaissance. Mais la problématique est encore ontologique, dans le sens précis ou elle concerne encore la structure même du monde qu’il s’agit de découvrir. L’idéalisme cherche à comprendre de quoi le monde extérieur est composé. Qui ou qu’estce qui nous assure qu’il n’est pas une illusion ? Dans ce cas, on dira qu’il n’existe que un ou des esprits… L’idéalisme par du principe de l’immatérialisme, dans le sens ou la matière n’existe pas, elle n’est qu’une fiction. C’est ce qu’on appelle l’idéalisme absolu, soutenu à la fois par l’évêque irlandais George Berkeley, et le philosophe allemand Hegel ; à la seule différence que pour le premier il existe plusieurs esprits au delà de Dieu, pour le second, il n’existe qu’un seul esprit : nous-mêmes sommes des illusions, des avatars dans un langage moderne. La théorie de l’idéalisme est popularisée de nos jours par le biais de nombreuses œuvres littéraires, picturales mais aussi cinématographique dont la plus célèbre ayant marqué l’histoire du cinéma pour sa structure scénaristique, sa mise en scène et ses effets spéciaux : la trilogie Matrix dont le premier volet est sortie en 1999. Réalisé par Lana et Andy Wachowski, elle est la forme la plus imagée et la moins conceptuelle de l’idéalisme initié par Descartes, jusqu’à y concilier l’idéalisme empirique au point d’en inclure le « malin génie », désignation même d’une entité originel et supérieur avec l’idée que le monde à l’extérieur de l’esprit n’est qu’une image. Matrix est un film d’action qui suit Thomas Anderson, un programmeur informatique que sa vie secrète de hacker sur internet l’a amené à prendre conscience de l’existence d’un concept qu’il nomme la Matrice et d’un homme dont il saurait tout à ce propos : Morpheus. Lorsque des agents, dont Smith, commence à s’intéresser également à celui qui se fait appeler Néo, le pseudonyme de Thomas Anderson, Morphéus et ses hommes libère le héro en lui révélant la vérité. La Matrice est le monde virtuel dans lequel vivait Néo depuis sa naissance afin d’être maintenu sous contrôle par des machines qui ont renversé l’humanité il y a des années et exploite désormais les hommes comme source d’énergie. En suivant les conseils de son mentor et en trouvant l’amour en la personne de Trinity, une autre humaine libérée comme lui, Néo découvre qu’il est l’élu, celui annoncé par la prophétie, qui mettra un terme à la domination des machines. C’est dans les « Méditations Métaphysiques » de Descartes, donc au XVIIe, que naît à proprement parler l’idéalisme, et que ce dernier met au goût du jour une hypothèse déjà abordée par Platon, mais très proche du film Matrix. Il est vrai que ce genre de thèse existait déjà dans l’Antiquité, chez les sceptiques grecs. Mais elle n’avait pas vraiment donné lieu à de théories approfondies. Elle n’était qu’une interrogation sur la possibilité, pour l’esprit humain, de connaître le monde extérieur, et non une certitude aujourd’hui pour certains philosophes. Pour preuve, les sceptiques se basaient sur les diverses illusions et hallucinations pour dire que nous ne pouvons pas connaître avec certitude le monde extérieur. Par ailleurs, Descartes reprend la même question que se posaient les sceptiques des temps anciens : existe-t-il au moins une vérité ? l’homme est-il ainsi fait qu’il peut connaître (au moins) une vérité ? Cette question va être traitée par une drôle de méthode radicale : il s’agit du doute dit « hyperbolique « . Chaque fois qu’une vérité potentielle se présentera, Descartes se demandera si on peut ou non trouver une raison de douter de sa vérité, une moindre zone d’ombre. S’il y a la moindre raison de douter, alors, il faudra la déclarer dans le doute fausse, nulle et non avenue. Cette méthode de recherche de la vérité amené à une thèse plus expéditive encore présentée ci dessous. A ce moment précis de lecture, nous HINTERHART - Mardi 1er Septembre 2015 pouvons nous poser la question s’il Existe au monde quoi que ce soit de certain ? En effet, analysons rapidement le parcours cartésien dans les deux premières méditations. Qu’estce que nous tenons communément pour vrai ? Ou encore, ce que nous tenons communément comme étant le plus certain est-il vrai ? Ou bien peut-on trouver des raisons d’en douter ? Dans les « Méditations Métaphysiques », paragraphe 3, Descartes parle se place donc du point de vue de celui qui commence à philosopher et va même, par ce raisonnement, jusqu’à remettre ses propres propos en cause. Comment peut on se baser sur nos sensations ? Les philosophes même utilisent leur condition humaine, leur sens pour raisonner, comment être sûr que les propositions formulées à partir de nos sens sont fiables ? Descartes en arrive à la conclusion que nos sens sont illusions et évoque l’argument du rêve. Comme il est impossible de discerner avec certitude les objets réels de ceux qui sont rêvés - ce qui est en cause, c’est notre capacité à distinguer entre les images et les objets matériels : nous ne pouvons donc pas savoir si nous ne rêvons pas… peut-être toute la vie est-elle un songe… Une image même que rapporte l’omniprésence de la Matrice dans le film Matrix. Il existe une multitude d’interprétations philosophique de la trilogie Matrix, même si cette dernière n’est pas une trilogie commerciale surfant sur le succès du premier film mais plutôt un triptyque ou chaque film a un point de vue plus nuancé du même sujet tout en se complétant l’un l’autre. L’une des théories qui a été intégré au premier volet est « Simulacres et Simulation » de Jean Baudrillard. Son livre apparaît à l’écran comme une cache creuse afin d’y dissimuler de l’argent et des disquettes. Baudrillard, n’ayant pas visionné la suite de la trilogie pensant que cela parlerait de la même thématique, a déclaré avec perte et fracas que les réalisateurs n’ont rien compris à sa théorie. «Simulacres et simulation» a été écrit en 1981 par Jean Baudrillard. Né en 1929 et mort le 6 mars 2007, ce philosophe français a travaillé dans ses différentes œuvres sur la société contemporaine et les modes de médiation de communication post modernes. Joel Costa, étudiant de la promotion 2014 du master Création et Gestion de l’image numérique, a réalisé un article détaillé de cette œuvre, publiée sur le blog officiel de la formation : un monde moderne, dont les écrits ont été rapportés ci dessous : Dans son œuvre « Simulacres et simulation » de 1981, Baudrillard pose le simulacre comme « n’étant jamais ce qui cache la réalité« , il ajoute que c’est « la vérité qui cache qu’il n’y en a pas« , que « le simulacre est vrai« . Il affirme à travers ses démonstrations, tout au long de l’ouvrage, que le simulacre a remplacé le sujet original auquel il se rapporte. Pour Baudrillard, « Dissimuler est feindre de ne pas avoir ce que l’on a« , alors que « simuler est feindre d’avoir ce que l’on a pas« . Ainsi, feindre ou dissimuler « laissent intacte le principe de réalité« . La dissimulation, elle, remet en cause la différence du vrai et du faux, du réel et de l’imaginaire. Pour appuyer sa thèse, il prend l’exemple d’un malade. Un individu feignant une maladie peut simplement se mettre au lit et faire croire qu’il est malade. Un individue simulant une maladie émet des symptômes, et ces symptômes sont vrais. La cause n’est certes plus la maladie, mais le symptôme est bien réel. Pour Baudrillard, on ne peut faire la distinction entre ce qui est « produit » et ce qui est authentique. Il pose une autre situation. Comment réagirait la lois face à la simulation d’un Hold-up ? Comment persuader le service de contrôle qu’il s’agirait d’un vol simulé ? « Ce sont les mêmes signes que pour un vol réel, or les signes ne penchent ni d’un côté ni de l’autre. Pour l’ordre établi, ils sont toujours de l’ordre du réel. » De part cette « impossibilité de trouver un niveau absolu du réel » et cette « impossibilité de mettre en scène l’illusion » , Baudrillard affirme que « l‘illusion n’est plus possible, parce que le réel n’est plus possible« . Baudrillard critique également dans une grande partie de son œuvre la télévision. Pour lui, l’histoire est « un mythe », un mythe fabriqué artificiellement, détruit par les reportages et le cinéma. Il désigne ces derniers comme des « mémoires artificielles qui effacent la mémoire des hommes« , leur mise en scène comme une « solution finale à l’historicité de tout événement« . Il en vient a tirer une inversion lassante entre sujet initial et objet produit. Lassante car récurrente dans la totalité de son œuvre. Il affirme en effet pour son exemple de film de guerre que « la guerre se fait film » et que « le film se fait guerre« . La réflexion posée par Baudrillard s’avérant la plus intéressante se trouvent dans son étude du traitement de l’information par les médias. Ainsi débute cette réflexion : « Nous sommes dans un univers où il y a de plus en plus d’informations, et de moins en moins de sens. » Pour lui, l’information « dévore ses propres contenus« . Elle ne fait pas communiquer mais « s’épuise dans la mise en scène de la communication« , elle « dissout le sens« , proposant ainsi ce qu’il qualifie de « contenus fantômes« . Il reprend la formule de McLuan « medium is message » et en pose une rectification. Pour lui, tous les contenus du sens sont « absorbés dans la seule forme dominante du medium« . « Le medium seul fait événement. Quels que soient le contenu« . Une réflexion qui semble n’avoir jamais été aussi bien avérée qu’aujourd’hui. « Simulacre et Simulations » pourraient être grossièrement résumé à l’idée que nous vivons dans un monde ou on ne vit plus pour de vrai mais dans une simulation du vrai. On ne croit pas en l’amour mais on croit en l’amour tel qu’il a été rapporté dans les médias et de ce fait, on le fait depuis tellement longtemps que l’on se retrouve dans une simulation d’une simulation. Donc en vérité, on ne vit rien. Baudrillard n’a donc pas compris le sens de l’ensemble de la trilogie car l’important n’est pas que le livre soit présent à l’écran, mais qu’il soit creux car il ne s’agit que d’une vision de la société comme il en existe tant d’autres. Sa théorie est donc une simulation parmi d’autres simulation, une possibilité parmi une autre possibilité. prétendre le réel pour mieux discourir Une révolution dans les règles de l’Art Depuis l’Antiquité, le principe de la photographie dont étymologie vient de « photos » signifiant la lumière a été observé pour la première fois par Aristote, philosophe grec du VIième siècle avant JC. Il a constaté un phénomène optique suivant lequel lorsque la lumière du jour est filtrée à travers un très petit trou du nom de sténopé ( « sténos » = étroit et « ôps » = œil) dans une pièce par ailleurs plongée dans l’obscurité totale, elle projette sur le mur d’en face une image inversée des objets qui sont placés devant l’ouverture, à l’extérieur. Au XVème siècle, Léonard de Vinci fût le premier à constater du sténopé se rapproche du fonctionnement de l’œil humain. La lumière passe à travers la pupille est se fait amplifier par le cristallin, qui joue le rôle d’une lentille, et les images que nous percevons sont projetées à l’envers sur notre rétine. Par l’intermédiaire des nerfs optiques, la rétine envoie ces images au cerveau qui se charge de les remettre à l’endroit. En 1826-1827, Joseph Nicéphore Niépce associe l’ensemble des précédentes découvertes sur la fixation de la lumière et parvient sur une plaque d’étain à figer l’image d’une partie de sa propriété au boit d’un temps de pose de plusieurs heures. Cette prouesse peut être considérée comme la première photographie. Cette dernière est actuellement exposée à L’université d’Austin au Texas. Le procédé sera amélioré par Louis Jacques Mandé Daguerre qui parviendra à réduire le temps de pose à quelques dizaines de minutes et présentera son invention en 1839, qui deviendra la date officielle d’invention de la photographie. La première photographie couleur fut inventée en plusieurs étapes mais c’est bien en 1869, à la suite de la superposition des expositions des couleurs primaires que la première photographie couleur fut réalisée. Il faudra attendre 1903 pour que les frères Lumières, également inventeurs du Cinéma, parviennent à réduire le temps d’exposition à seulement quelques secondes. Enfin, l’apparition de l’Ektachrome, une gamme de films photographiques réversibles permettra d’introduire la photographie auprès des amateurs. Le photomontage a été inventé bien avant la naissance et l’avènement de la photographie numérique. On peut penser que dès la découverte de la photographie, les photographes inventeurs passionnés de l’époque ont commencé à expérimenter le trucage photographique et le photomontage. Les premiers photomontages avérés datent des années 1860. Il faut cependant savoir distinguer une retouche photographique d’un trucage ou montage photographique. La première consiste à modifier une image de manière conséquente en changeant une partie de cette dernière comme c’est le cas pour des publicités ciblant la cosmétique ou la mode ou les mannequins sont remodelé via ordinateur afin de correspondre à un standard de beauté. La seconde action consiste plutôt à modifier le sens même d’une photographie en mettant en relation des éléments totalement étranger les uns par apport aux autres comme dans une incrustation. La technique du photomontage par collage fut introduit en art par les dadaïstes* berlinois au lendemain de la Première Guerre mondiale et désigne des œuvres constituées entièrement ou partiellement d’éléments photographiques découpés et assemblés selon un nouvel ordre à la manière des collages. Les dadaïstes entendaient par là clairement montrer leur mépris pour l’artiste traditionnel en se présentant comme des ingénieurs et se dotant par la même occasion d’un mode d’expression purement politique. Ils tenaient à inclure le monde de la mécanique dans leurs œuvres aussi bien en tant que technique qu’en tant qu’imagerie. Afin de lutter contre la supposée singularité d’une œuvre sacralisée, Dada inventa ce procédé consistant à détourner de leur contexte original des images ou des textes souvent fragmentés, empruntés aux médias les plus répandus comme les journaux, affiches, dictionnaires, ouvrages de vulgarisation ou encore catalogues publicitaires. Dans l’Allemagne autour de 1920, le photomontage était enseigné au Bauhaus, qui au delà d’être le lieu dit d’une institut des arts décoratifs et industriels, désigne un courant artistique concernant l’architecture, le design, la modernité, la photographie, le costume et la danse. Ce mouvement posera les bases de la réflexion sur l’architecture moderne À la suite des dadaïstes, les surréalistes s’emparèrent de ce procédé qui permettait de multiplier à l’infini les associations absurdes ou étranges. Ce fut le cas particulièrement éloquent de Man Ray, peintre et photographe acteur du dadaisme et plus tard du surréalisme à l’origine même du processus qui le rendra célèbre : la solarisation. Cette manipulation consiste en une inversion partielle ou totale des densités d’une photographie qui intervient après une forte exposition à la lumière blanche durant le développement. Même si ce dernier ne considère pas son principe comme un trucage, toujours est il que ses œuvres issues de ses manipulations ont eu un impact puissant dans la signification qu’il a donné à ses photos. On distingue généralement deux grandes tendances dans l’histoire du photomontage : l’une est formelle et préoccupée de questions artistiques ; l’autre est militante et soucieuse de questions politiques. Pour exemple, en 1840, Hippolyte Bayard, un des pionniers français de la photographie, fut le premier à tromper les spectateurs de ses photographies en les manipulant par le biais de la légende. Ainsi, son « autoportrait en noyé » représentant un homme appartement inerte et qualifié de mort de part son titre n’est qu’en réalité une simple mise en scène. Vingt ans plus tard, c’est au tour du portrait officiel de Abraham Lincoln, seizième et emblématique président des États Unis de 1960 à 1964 de subir le premier trucage photographique avec intention de trom- per. En effet, la tête de ce dernier fut remplacé par celle du sénateur John Calhoun dans le but de faire ranimer des intentions politiques similaires. L’incrustation d’un visage d’un photographie à une autre met en avant un système de production bien précis. En effet, si l’on veut garder une seule partie d’une image, on peut, avec une peinture masque, colorer sur le négatif la partie à enlever avant d’agrandir l’image sur le positif. Ce procédé repose sur le fait que le support exposé n’est pas impressionné en l’absence de lumière. Lors de l’agrandissement sur le positif, la partie masquée ne sera pas exposée. Pour anecdote, une variante de ce procédé consiste à créer un système de cache et d’anti-cache, permettant d’assembler deux images. Sur un premier négatif, on colore une partie à enlever ; sur un second négatif, on colore la partie opposée. On impressionne ensuite le positif avec les deux négatifs l’un après l’autre, les parties colorées n’ayant pas d’effet sur ce dernier, il contiendra les deux images assemblées. Autre temps, autres mœurs, l’affaire des fées de Cottingley de 1920 fait référence à une série de cinq photographies prises par Elsie Wright et Frances Griffiths dans lesquelles on les retrouve en train d’interagir avec des fées. Largement diffusées à travers toute l’Angleterre comme preuve de l’existence des fées, notamment par le biais d’écrits de personnalités comme l’écrivain écossais Arthur Conan Doyle, ce ne sera que 83 ans plus tard que l’ainée, Elsie Wright, agée à l’époque de 16 ans, avouera la supercherie. Les fées sur les photographies sont fausses et issues de magazines pour enfants. Avec les années 90 et l’arrivée de l’ère numérique, le montage et les trucages photographiques prennent un aspect plus commercial et proche de la presse comme en témoigne dès 1989 avec la couverture de Septembre du TV Guide, un magazine de programme télévisuel américain, sur laquelle le visage de l’animatrice de télévision américaine Opprah Winfrey a été placé sur le corps de l’actrice Ann-Margret (actrice, danseuse et chanteuse de la même nationalité) récupérée d’une photographie publicitaire datant de 1979. C’était sans compter l’absence d’accord auprès des parties concernées que le styliste de l’actrice a dénoncé la supercherie. Pour rester dans le même domaine, le plus gros scandale de l’ère numérique en terme de montage restera sans nulle doute la couverture du Time Magazine relatant le procès d’O.J Simpson, un ancien sportif, acteur de cinéma, essentiellement connu pour avoir été accusé d’avoir assassiné son ex épouse et le compagnon de cette dernière. La une du magazine est une version altérée d’une photographie d’O.J. Simpson où l’on voit que sa peau a été noircie et son numéro de prisonnier intégré à l’image. Une controverse qui a amené le magazine à se donner une réputation raciste, même si Matt Mahurin, le graphiste à l’origine de la retouche, a toujours affirmé avoir donné plus de puissance artistique à l’image que de donner un sens racial. Cette dernière affaire, même si ce ne sera pas la dernière en terme de ségrégation aux Etats Unis, a permis entre autre le développement d’une idéologie de diversité ethnique et d’ouverture d’esprit au sein de différents établissements dont le social a une importance capitale, comme c’est le cas dans les universités. Cependant, suite à avoir passé des mois à chercher une photo originale prônant la diversité de l’école sans aucun succès, le magazine étudiant de l’université du Wisconsin a publié en 2000 une une dans laquelle un étudiant afro américain a été rajouté à une photographie d’étudiants en liesse datant quant à elle de 1993. Enfin, en Décembre 2007, une étude de Dario Sacchi, Franca Agnoli et Elizabeth Loftus, parue dans « Applied Cognitive Psychology », page 1005 jusqu’à 1022, affirme qu’un photomontage peut renforcer par la mémoire la puissance d’une photographie originale en mettant encore plus en évidence les enjeux cachées de cette dernière. Afin de démontrer leur propos, ils firent l’expérience de montrer la désormais célèbre photographie de l’opposant de Tiananmen, prise par Jeff Widener en 1989, intitulé « l’Homme au Tank » ou l’on voit un homme s’efforçant de symboliquement bloquer la progression d’une colonne d’au moins 17 chars type 59 de l’Armée Populaire de Libération. Dans la photographie truquée, ils placèrent de chaque côté de la route une foule compact symbolisant les protestations et surtout le massacre qui a lieu envers la population au moment ou la photographie a été prise. En mettant plus en évidence visuellement ce que la mémoire de l’Homme n’a pas forcément conscience, la photographie d’origine paraît dans de nombreux cas plus puissante que jamais. Le cinéma a lui aussi eu droit à son lot de retouches et de trucages au fil de son histoire. Le plus vieux procédé de capture d’images en mouvement est le Kinétoscope, imaginé en 1887-1888 par Thomas Alva Edison, aussi l’inventeur du phonographe et industriel américain, qui voulait apporter pour l’œil ce que le phonographe avait apporté à l’oreille. C’est cependant sans compter les frères lumières qui, en 1895, dans le but de concurrencer le Kinétoscope, inventèrent le cinématographe, après avoir racheté l’appellation à Léon Bouly, un autre inventeur Francais qui n’avait pas pu payer le maintien de son droit. Il faudra attendre le succès de certains films comme en 1902 avec « Le voyage dans la Lune » de Georges Mélies, considéré à l’époque non pas comme un réalisateur mais plutôt comme un prestidigitateur. Ce dernier intronisa les premiers effets spéciaux. L’histoire raconte les péripéties du professeur Barbenfouillis dont le projet est d’aller sur la Lune à l’intérieur d’un obus tiré par un canon de plus de 300 mètres. Il y utilisa de nombreux effets de trompe l’oeil, des arrêts de caméra ou il interverti la position de plusieurs éléments et des surimpressions ou superpositions de plusieurs bandes. Les effets spéciaux ne cesseront, avec l’évolution du cinéma, de se perfectionner et de rendre le propos du film encore plus éloquent, que ce soit de manière mécanique ou les éléments sont véritablement présent à l’écran comme ce fut le cas dans « 2001, l’Odyssey de l’espace » du désormais iconique célèbre réalisateur américain Stanley Kubrick dans lequel les décors et effets sont d’ordre purement mécanique ; ou de manière numérique avec incrustation sur fond vert comme cela se fait de plus en plus en plus dans le cinéma d’aujourd’hui dont l’exemple le plus flagrant reste le film « Avatar » de James Cameron sortie en 2009. Certaines chaînes de télévision ont par ailleurs dénoncé au travers de faux documentaires le danger de l’image au travers d’une société moderne aliénée comme ce fut le cas en Octobre 2006, ou la chaine francaise Canal+ diffusa un documentaire consacré à un chanteur fictif : « Que reste t’il de Chris Conty ? » L’opération fut étayée par une biographie inventée de toutes pièces, des témoignages de personnes connues, des sites web, des médias et personnalités complices du canular et même de faux albums téléchargeables sur des sites de partages comme emule*. Mais c’est en 1993, sur cette même chaîne télévisée, qu’un nouvel art du subterfuge se met au jour et s’attaque non plus à la véracité des images, à son esthétique mais plutôt au message même de cette dernière : le détournement. Rendu célèbre, par le biais du film « Le Grand Détour- nement – La Classe américaine » encore des séries télévisées comme réalisée par Michel Hazanavicius Star Treck voir même des clips muet Dominique Mézerette, deux réa- sicaux comme « Beat It »de Michael lisateurs français. Ce dernier est Jackson (renommé pour l’occacomposé d’extraits de films du stu- sion « Bite it » ou « croque le » en dio américain Warner Bros. réalisés francais). entre 1952 et 1980, ainsi que d’un Le photomontage* et le trucage phobref extrait d’un épisode de la série tographiques* sont indissociables de télévisée Maigret avec l’acteur Jean la pratique de la photographie elleRichard, montés et doublés afin de même, et ce depuis l’invention du créer un film inédit. Il s’agit d’un procédé au 19eme siècle, au même immense assemblage de plusieurs titre que le cinématographe. Depuis morceaux de films différents re- les années 30, le photomontage a été traçant l’enquête sur la disparition si largement utilisé qu’un inventaire de George Abitbol, considéré par serait impossible, aussi bien dans le les médias comme étant l’homme domaine de la publicité que dans les le plus classe du monde, ainsi que activités purement artistiques, où il de ses dernières paroles : « Monde est devenu une technique graphique de merde ». Ce détournement qui au même titre que le dessin. Cepenpourrait être vulgarisé par le mot dant, même si les premiers montages parodie donnera naissance à un en- ont été d’ordre technique et artissemble d’autres détournements in- tique, la politique et l’hégémonie dépendants réalisés par des amateurs de certains hommes ont rapidement comme la personne agissant sous le illustré leurs idéaux au point d’en pseudonyme de Mozinor. Ce dernier faire un outil de propagande majeur publie depuis 2004 divers détourne- qui constitue encore de nos jours une ments sur des films cultes comme très grande part de l’inventaire du Titanic, Terminator, 007, Matrix ou photomontage. HINTERHART - Mardi 1er Septembre 2015 Une récupération politique Lorsque le monde politique s’empare de l’image pour véhiculer une image saine des idéologies qu’ils représentent, le terme propagande est dans très nombreux cas associé. En latin de l’ère médiévale, « propaganda » est l’adjectif verbal de « propagare » signifiant littéralement « ce qui doit être propagé ». Il s’agit d’un ensemble d’actions psychologiques exercées sur les pensées et les actes d’une population, afin de convaincre, persuader, influencer et endoctriner. Elle se distingue du monde de la publicité par son but de ne pas faire la promotion de produits de type commercial. La première apparition de ce terme ne date pas du XXème siècle mais de 1622, peu de temps après le début de la Guerre de Trente ans, période durant laquelle l’ensemble des états européens sont rentrés en guerre les uns contre les autres sous couvert de conflits religieux entre la religion Catholique dominée par l’Eglise Catholique Romaine et la religion protestante. Le pape de l’époque, Grégoire XV, fonda la « Congrégation pour la propagation de la foi », un comité de cardinaux divers chargé de rapporter la propagation du christianisme par les missionnaires envoyés dans les pays à évangéliser. Bien que cette succursale de l’Eglise Catholique Romaine ne consistait qu’à édifier des rapports géopolitiques et religieux et à informer depuis le terrain de la situation, elle n’utilisait peu l’image comme support de propagande hormis les écrits. Il ne faudra pas attendre le XXème siècle pour connaître les premières images dites de propagande mettant en scènes des personnages historiques sous des angles héroïques. Ce fut le cas dès 1865, durant la guerre de Césession aux Etats Unis, période de guerre civile survenue en 1861 et 1865 implaquant les Etats du Nord appelés l’Union dirigée par Abraham Lincoln et les Etats Confédérés d’Amérique, plus communément appelé la Confédération, dirigée par Jefferson Davis (officier et homme politique américain) rassemblant onze états du Sud ayant fait cesses ion pour protester contre l’abolition de l’esclavagisme qui leur devait être imposé et qui constituait la base de leur principale source de revenu. Le général Ulysses Grant (qui deviendra en 1869 le dix huitième président des Etats Unis), commandant suprême des armées de l’Union, a été l’objet d’un photomontage élaboré sur lequel il est représenté sur son cheval au front avec ses troupes. En réalité, le fond de la photo est en réalité une photographie prise antérieurement sur laquelle a été incrusté une photographie du général de l’Union Alexander Mac Cook sur laquelle le visage du généralissime Grant a été rajoutée. Dans le même registre, un an plus tard, en 1865, le général de l’Union Sherman est pris en photographie entourée de ses généraux, seul le général Francis Preston Blair manque à l’appel, ce qui ne l’empêchera pas d’être tout de même présent en photomontage sur la photographie finale. A noter cependant qu’au delà de ce rajout, l’arrière plan a été travaillé, ce qui montre que la pratique était déjà courante. Mais les premières photographies de propagande souhaitant particulièrement provoquer indignation chez la population ont bien été produite lors de l’épisode sanglant de la Commune de Paris de Mars à Mai 1871, période durant laquelle l’Assemblée nationale lance une insurrection armée contre le gouvernement de Versailles, prônant l’autogestion suite à la capitulation du gouvernement durant la guerre franco-prussienne de 1870. L’une d’entre elle, une scène de massacre des dominicains* d’Arcueil sur la route d’Italie le 25 Mai 1871 faisant 18 victimes. En réalité, cette photographie fut montée par Eugène Appert, photographe français ayant pris part pour le régime de Versailles. La position des acteurs se faisant passer pour des communards dans des positions excessives sont invraisemblables, les fusils n’étant pas pointés dans les bonnes directions également. Ces photographies furent vendus avec succès comme documents authentiques. Plusieurs albums sont publiés avec cette dernière, ce qui a permis au régime de noyer totalement la vérité historique. dérer comme la première superproduction en faisant évoluer à l’écran Le terme propagande prend des milliers de figurants en simultaune connotation péjorative au cours née pour certaines scènes retracant du XXème siècle, partiellement de manière volontairement enjod’abord à la suite de la Première livée les événements de la révoluGuerre mondiale de 1914-1918 tion russe d’Octobre 1917 durant ou les états engagés dans le conflit laquelle les bolchevicks sont arrivés avaient abusé massivement du au pouvoir . Tourné essentiellement contrôle de l’information permettant vers la symbolique communiste, de maintenir la cohésion sociale, l’idéal d’un peuple égal, unis et indont la révolution allemande de divisible face à la caricature d’une 1918-1919 déclenchée par les Spar- aristocratie tsariste et bourgeoise, le takistes, un mouvement politique film est sortie le 14 Mars 1928, soit d’extrême gauche marxiste, sonnera un an après le jubilé, due à la traque la fin du conflit. et l’exil d’un des acteurs majeurs de la révolution : Léon Trotsky* dont En 1930, le dictateur com- Eisenstein, face à cet imprévu, a mis muniste totalitaire Joseph Staline fit un an pour effacer toute image de lui de la retouche d’image un instrument dans son film. politique majeur et emblématique de son pouvoir. Ainsi, son régime prit l’habitude d’effacer des photographies officielles toutes personnes ayant tombé en disgrâce, comme le commissaire du peuple aux affaires intérieures Nikolaï Lejov, fusillé par le régime comme étant le seul responsable « officiel » de la mort de plus de deux millions de personnes lors des purges staliniennes de 1936 à 1938. La pratique s’est alors généralisée en 1936 puisqu’à son tour, Mao Zedong, fondateur et dirigeant de la République Populaire de Chine ou encore Adolf Hitler utilisèrent ce procédé pour effacer des personnes indésirables après s’en avoir débarrassé car dissidente à l’idéologie instaurée. Mais là ou l’image est devenue plus puissante que jamais par le biais de la dictature, c’est dans sa coordination et sa diversification, ou elle est passée au rang d’arme pour aliéner la population. En effet, les supports papiers sont la première source de propagation de l’image et donc du message de propagande alliée à la technique du photomontage comme en Allemagne Nazi ou encore en URSS. Les codes artistiques divergent en fonction du pays mais l’intention de frapper les esprits restent le même, le culte de la personnalité développé autour des dictateurs se fait ressentir sur une grande partie des affiches, servant essentiellement a montrer la domination d’une idéologie, l’unité d’un peuple et la détermination ainsi que la conviction de ce dernier. Le développement des films de propagande est une autre composante, avec la radio qui a développé l’efficacité de la propagation du discours. En effet, la propagande voit dans le cinéma un potentiel très important et n’hésite pas à employer des moyens financiers conséquents dans le but de modeler un événement marquant de l’histoire du parti tout en nuançant drastiquement à leur avantage le déroulement des actions. Côté Soviétique, le film le plus marquant considéré comme une forme pure de propagande est intitulé « Octobre » Il s’agit d’un film muet commandé par le pouvoir russe de l’époque pour la célébration du jubilé 1927 de la Révolution russe, le tout réalisé par Sergueï Mikhaïlovitch Eisenstein, cinéaste russe de la période communiste. Ce dernier a produit ce que l’on pourrait consi- Côté Troisième Reich, c’est à la réalisatrice et photographe Léni Riefenstahl que vient le rôle de réaliser un documentaire de propagande sur les jeux olympiques d’été de Berlin se déroulant e 1936. Ce film a la réputation non usurpé d’être la représentation esthétique la plus proche de l’idéal de la race aryenne dans le sens physique du terme. Comprenant 300 personnels de tournage dont 40 caméramens, Leni Riefenstahl, dont les pleins pouvoirs ont été donné par Hitler en personne, va tourner et couvrir l’événement Olympique et se donnera deux ans pour réaliser le montage dont les scènes les plus emblématiques comme les nus, la compétition de plongeon ou encore la traversée de la flamme Olympique seront bien souvent raccordé aux canons de la beauté grecque durant l’Antiquité*. Le film sera présenté le 20 Avril 1938 et sera élevé au rang de chef d’œuvre par l’ensemble du parti nazi. Helmut Herzfeld alias John Heartfield, né en 1891 en Allemagne à Schmargendorf et mort en 1968 à Berlin fut tout d’abord un peintre puis un photographe. John Heartfield était très engagé politiquement de part d’ailleurs le fait qu’il était membre au Parti communiste. En tant que photographe, il rejoint en 1918 le mouvement Dada à Berlin avec son ami George Grosz. Il va ensuite s’éloigner du mouvement Dada et créer ses premiers photomontages. John Heartfield va alors se spécialiser dans cet art, il dénoncera grâce à ses œuvres qu’il publiera dans des magazines comme le journal populaire Arbeiter-Illustrierter-Zeitung (AIZ, journal ouvrier illustré) la propagande politique et plus particulièrement le nazisme. L’AIZ est un hebdomadaire politique illustré fondé en 1924 à Berlin et s’adressant non seulement aux sympathisants du KPD, mais plus largement aux milieux populaires et aux mouvement ouvriers international (…) a été apprécié aussi des milieux de la gauche intellectuelle, il combine grand reportages politiques et sociaux; textes sur la vie quotidienne des couches défavorisées, rubriques féminine et pages pour les enfants, avec des caricatures et de nombreuses photos, tan- HINTERHART - Mardi 1er Septembre 2015 tôt de photographes professionnels, tantôt de photographes ouvriers et des photomontages de John Heartfield. Parmi les photomontages les plus célèbres de John Heartfield et qui plus est, le plus significatif dans le contexte historique ou il a été crée reste « Adolf le surhomme, avale de l’or et crache de la camelote » de 1932 dans lequel on voit un portrait d’Adolf Hitler, à l’époque dirigeant du parti nazi, un an avant de devenir le premier chancelier d’Allemagne, dont le haut du corps a subit une radiographie ou l’on voit dans son estomac des pièces d’or. L’artiste met en garde la population contre les discours et promesses d’Hitler, qui par le discours, a réussi à obtenir le soutient de nombreux industriels qui financent sa campagne de peur de voir le parti communiste au pouvoir. Cette œuvre fut tellement convaincante et puissante de sens qu’elle devint l’emblème de la lutte contre le nazisme dans la campagne de 1933. L’image devient à cet instant une arme de propagande au service d’un contre pouvoir. Un autre épisode marquant dans l’utilisation de l’image dans la lutte contre le pouvoir en place s’est produit pendant la Deuxième guerre mondiale, le 9 Novembre 1943 ou des résistants belges préparèrent une édition pirate du quotidien Le soir (quotidien généraliste belge publié en langue française), qui rendait compte des retraites de l’armée allemande, magnifiait l’aviation alliée, et faisait prononcer à Hitler la phrase désabusée attribuée à l’empereur d’Allemagne « Je n’ai pas voulu cela ». Rapidement, l’occupant s’efforça de confisquer les exemplaires du « faux Soir » ; la Gestapo finit par identifier les auteurs du canular, qui furent condamnés à mort ou envoyés dans des camps dont ils ne revinrent pas. Selon Klutsis, qui en fut l’un des instigateurs, le photomontage fit son apparition en U.R.S.S. en 1919-20, sans doute sans qu’il y ait eu de contact avec Berlin. Il apparaissait comme un moyen de propagande militante et politique par l’image (affiches, couvertures de livres) particulièrement adapté à l’immense tâche d’information et d’éducation à laquelle devait faire face le gouvernement révolutionnaire. C’est surtout à travers la revue LEF, organe des constructivistes, que se diffusa la nouvelle technique. Rodtchenko, qui était l’un des responsables de la publication, en exploita de nombreuses possibilités, l’une d’entre elles étant la suite d’illustrations du poème de Maïakovski « De Ceci « (1923). De même, Lissitsky y eut souvent recours, parfois à une grande échelle, pour les vastes fresques décorant des pavillons d’expositions. Définitivement et universellement après la seconde guerre mondiale de 1939-1945 et la défaite de l’Allemagne nazi et de ses alliés de la triple Entente, le terme propagande est devenu péjoratif du essentiellement au fait que sous le Troisième Reich, Joseph Goebells, l’un des di- rigeant les plus influents du Reich disposait d’une fonction de ministre de la propagande avec un bureau fort de plus de 15 000 personnes dont 285 cadreurs, 1 329 photographes et un certain nombre de journalistes et de radio-reporters.) n’a pas manqué encore de nos jours de contribuer à renforcer l’image négative du terme. Il faut cependant nuancer le fait que les syndicats et les parties politiques continuaient à utiliser ouvertement la propagande, allant même jusqu’à l’énoncer à l’intérieur de leur propre parti, et ce jusqu’à la fin des années 70. Il aura fallu attendre une forme de prise de conscience pour que l’expression « communication politique » remplace un terme devenu extrêmement négatif car intimement lié dans l’opinion à la notion de dictature et de manipulation de masse. Mais la propagande dans l’ensemble de son sens n’a aucunement disparu du paysage politique, et ce quelque soit le pays ou le parti politique. La notion énoncé comme telle n’étant pas politiquement correcte au même titre que le culte de la personnalité*, on peut retrouver dans la presse de nombreux photomontages ou des éléments ont été retouché afin d’éviter toute forme de protestation. Comme exemple, nous pouvons citer la campagne de promotion à la présidence de George Bush en 2004 ou dans un soucis d’ethnique et d’éviter d’évoquer le sujet de la guerre en Irak, il fut supprimé de la photographie. En France, nous pouvons citer la première page du journal papier Le Figaro ou l’on remarque la ministre de la justice, Rachida Dati sans aucun objet d’apparat coûteux alors que dans la photographie originale, une grande bague en diamant trône sur sa main. Cela déclencha une polémique peut étonnante mais logique quant à la possibilité que le gouvernement vive au dessus de ses moyens dans un pays en crise économique. Enfin, en Italie, dernier exemple flagrant, à la demande du président italien Silvio Berlusconi ou de ses délégués, une photographie officielle ou l’on voit ce dernier en plein meeting a été gonflé au niveau de la foule venue l’acclamer puisque l’on constate des mêmes personnes apparaître plusieurs fois. La propagande existe encore de nos jours et a bien évolué, au même rythme que l’évolution des techniques et la propagation des médias sur plusieurs supports comme la radio, la presse, la télévision, internet... Cette mise en commun de l’ensemble de ces supports va développer chez les entités sociales de nouvelles stratégies de communication* aujourd’hui très rependue comme le « Cross Média », pour désigner une création recourant à une multiplicité de médias : l’image, le son et le film ou la vidéo. Depuis, son sens a dérivé pour englober les logiciels, matériels et contenus éditoriaux interactifs mettant en œuvre l’image fixe ou animée, le son, le texte ou encore l’hypertexte*. Même si cette nouvelle stratégie est souvent raccordée à partir des années 80 au monde de la politique ou encore du commerce, les activistes vont également se l’approprier afin de faire valoir leurs idées. Cross Média et Activisme L’activisme est une pratique qui préconise des actions directes de façon à peser directement sur un problème auquel on peut être confronté, et sans avoir besoin pour cela de faire appel à un intermédiaire ou personnalité politique. L’action directe implique de nier les règles et les procédures qu’appliquent les économistes et politiciens, afin de déterminer ce qui est juste et ce à quoi il faut résister. Bien que cette dernière puisse être considérée comme un des nombreux outils que le militant peut se mettre à disposition, cela peut également signifier que l’on est « prêt à se battre pour prendre le contrôle de sa vie et à essayer directement d’agir sur le monde qui nous entoure », à prendre ses responsabilités quant à ses actions et aux buts poursuivis. L’action directe de type non violente permettrait de sortir des modes d’actions conventionnels politiques tel que créer un réseau de personnes afin de promouvoir et défendre les intérêts privés d’un groupe donné en exerçant des pressions sur des personnes ou institutions de pouvoir ou encore les manifestations, rassemblements et autres pétitions. Ces derniers peuvent représenter l’étape d’une lutte mais l’action politique limitée à ces éléments apparaît aux supporteurs de l’action directe comme un grand jeu inoffensif, prévisible, ennuyeux et manquant d’impact. Les partisans de l’action directe non violente se proposent de montrer que l’action politique peut avoir un impact réel sans pour autant que cela nécessite le rassemblement simultané de plusieurs milliers de personnes dans la rue (des actions retentissantes peuvent être effectuée par un nombre réduit de personnes). Elle permettrait aux personnes de développer leur confiance en elles et de leur faire prendre conscience de leur force individuelle et collective. Avec l’essor d’internet au début des années 2000, l’activisme se retrouve confronté à une mutation révolutionnaire par le biais d’une nouvelle forme de militantisme : « Le Médiactivisme ». Olivier Blondeau et Laurence Allard ont publié en 2007 un livre intitulé « Devenir Média, l’activisme sur internet, entre défection et expérimentation. » dans lequel ces derniers retracent l’histoire et l’évolution de l’activisme médiatique tourné vers la protection de l’héritage culturel et intellectuel. Dans cet ouvrage, ses auteurs prennent le temps de définir dans un premier temps les différentes caractéristiques qui différencient l’activisme désormais post-médiatique (c’est à dire depuis la création d’internet) de l’activisme traditionnel. En effet, l’activisme post médiatique se sert d’internet comme d’un support afin de transposer les expérimentations qu’il y réalise dans la vie réelle. A défaut de s’enfoncer dans un monde virtuel, internet lui permet d’acclimater, de moduler, d’ordonner des idées nouvelles afin de pouvoir les reproduire au travers de mouvements sociaux et d’événements. Les TAZ (Temporary Autonomous Zone), dénomination introduite par Hakim Bey, écrivain politique américain, dans son livre intitulé « TAZ, Autonomous Temporary Zone ». Son œuvre, interprétée par ses lecteurs comme une forme d’organisation éphémère menant à l’anarchie (proche de l’utopie pirate), est une attaque en règle contre le pouvoir établi ainsi que les lois du marché. Bien que l’idée s’est propagée et développée sur le net, les activistes ont retranscrit une volonté réelle d’établir des TAZ, notamment lors du rassemblement des partisans à l’élection présidentielle de George Bush au Madison Square Garden de New York en 2003 ou plus récemment, le Burning Man dans le désert du Nevada, le Fusion Festival dans le Nord de Berlin ou encore le CzechTek en République Tchèque, tous des festivals de musique liés à l’idée de la libre expression et de l’autogestion. L’initiateur d’une action activiste sur le net s’efface alors au profit de cette dernière. Elle se porte sur sa forme qui a été modulée spécifiquement et qui apporte un impact ciblé et efficace. Et c’est là toute la différence entre le Médiactivisme et l’activisme pré-médiatique (voir traditionnel). Le premier articule une idée modulable au service de la personne alors que le second met la personne au service d’une idée pré-définie, limite dogmatique, à la forme acquise et déjà configurée par défaut. De ce fait, le Médiactivisme considère que toute action libre de la pensée doit partir d’une feuille blanche afin de proposer un contre modèle efficace et déconstruire les médias dominants et coutumiers par une architecture nouvelle comme c’est le cas avec E-Toy corporation, groupe d’artistes et activistes numériques d’origine européenne, qui ont fondé leurs actions autour du modèle des entreprises à rayonnement mondial et agissent au nom de « l’entreprise » E-Toy Corporation dont le siège social est enregistré en Suisse. C’est également le cas avec la pratique du found footage dont le principe est de recomposer en redécoupant et réorganisant les différentes séquences d’une vidéo afin de lui donner un sens nouveau, dans un but humoristique ou engagé. Il s’agit de mettre les images dites dogmatiques diffusées par les médias dominants dans un contexte d’énonciation différent de leur contexte initial afin de montrer ce que l’on ne veut pas voir ou ne pas montrer. Par cette pratique d’appropriation des images et de réarrangements survient un domaine cher au Médiactivisme : l’open source et les licences Creatives commons. L’usager de morceaux de musique peut désormais réarranger une composition pour en faire une œuvre à part entière. Les acteurs des œuvres correspondantes peuvent décider de l’usage que le public peut faire de leurs créations au point qu’il s’agit d’un compromis entre le contrôle total et l’omniprésence du copyright et de la supposée anarchie d’internet et la libre circulation des savoirs et des acquis. C’est à partir de cette constatation qu’Olivier Blondeau et Laurence Allard pointent du doigt le fait que le Médiactivisme a bouleversé les conditions de productions et l’usage des savoirs de ces derniers. La dernière partie de l’ouvrage est consacré au principe de la syndication de contenus web par le biais des flux RSS. Ce système permet d’accélérer la mise en commun de données, d’informations sans passer par des moteurs de recherche. La finalité étant de rendre indépendant les contenus de leur environnement éditorial d’origine au point de ne garder que l’essence même de l’information. Les flux rss peut être assimilé à ne pieuvre ou la diffusion même des éléments revient aux usagers de ce réseau et est donc autonome et imprévisible car non centralisé au même titre que The Pirate Bay, Emule, Limewire, autant de noms donnés à des systèmes de serveurs informatiques permettant le partage de fichiers mutualisés par le protocole de communication BitTorrent (ou P2P). La syndication du Médiactivisme, au même titre que l’open source ou les licences créatives commons ne configurent pas un corps collectif mais donne de la réalité ainsi que de la matière à des objectifs, des devenirs communs. La Temporary Autonomous Zone (ou Zone Autonome Temporaire) citée plus haut est une dénomination introduite par Peter Lamborn Wilson dit Hakim Bey (signifiant « le sage » en arabe), dans son livre homonyme TAZ paru en 1991. Dans ses écrits, libre de droit, Hakim Bey mène une attaque en règle contre la société moderne. Il développe, sans même chercher à définir clairement ce qu’est une TAZ, le principe d’un espace restreint éphémère, « proche de l’utopie pirate », qui défierait les lois du marché et le contrôle de l’état. Une TAZ peut se voir attribuer le terme de nomade car elle se déplace constamment afin d’échapper à la surveillance des autorités. Ce livre est rapidement devenu culte dans les milieux underground, et a trouvé un écho auprès des utilisateurs d’internet, plus particulièrement chez les hackers. Ainsi, les principes que l’on peut associer aux TAZ sont toutes les actions et tous les éléments qui nuiraient au commerce habituel, que ce soit les logiciels libre de droits, les attaques contre les sites gouvernementaux et d’autres formes d’autorités, le développement de sites d’échanges communautaires comme Wikipédia ou encore l’avènement des sites Peer to Peer. Parmi les sites Peer to Peer suivant à la lettre l’idéologie pirate jusqu’à en faire référence au travers de leur logo, The Pirate Bay fait figure de référence indéniable. Crée en Suède en 2003, il fait figure de résistance contre toute réforme des droits d’auteurs à travers le monde. Il est d’ailleurs considéré comme le plus grand serveur torrent du web, recevant chaque jour la visite de plusieurs centaines de milliers de visiteurs. Du point de vue informatique, le procédé du Peer to Peer (Traduction anglaise de « Pair à Pair ») consiste en un ensemble d’ordinateurs connectés les uns aux autres et qui se partagent les informations. Dans le cadre d’un fichier, si celui ci est transféré sur un réseau Peer to Peer afin d’être partagé, ce dernier va voir ses pièces se faire transférées individuellement de poste en poste (ou de client en client). Il suffit alors que le distributeur originel envoie une copie du fichier pour que chaque client du réseau en reçoit une copie. Ce système, ou l’information est dispersée puis innombrablement dupliquée et conservée en diverses endroits, est difficilement localisable et attaquable, ce qui permet de conserver un flux constant d’échanges de données, quelque soit les attaques. En dehors du web, les serveurs ont subi de très nombreuses migrations internationales afin d’échapper à la justice. C’est en Janvier 2007 que le plus gros coup médiatique à ce sujet s’est produit. The Pirate Bay avait alors tenté de racheter suite à un appel aux dons de 2 000 000 de dollars américain la principauté de Sealand, une micronation non reconnue par les nations unis située sur une plateforme militaire au large du Royaume Uni. Cette transaction n’aboutira pas. Le serveur torrent se doit par ailleurs de renouveler constamment ses différents noms de domaines en fonction des fluctuations de la justice auquel le nom de domaine est rattaché. Ainsi, en début Décembre 2013, le nom de domaine thepiratebay.sx hébergé sur l’ile de Saint-Martin fut saisi sous la pression du BREIN (association hollandaise pour la protections des droits de l’industrie), c’est alors qu’en l’espace d’une semaine, The Pirate Bay transféra son nom de domaine au Pérou, puis en Guyane avant de retourner en Suède. Malgré l’interdiction au Royaume Uni, en Irlande, en Finlande, en Iran, en Corée du Nord, au Pays Bas, en Belgique, au Danemark et en Italie, The Pirate Bay continue de défier, tant et si bien que sa seule activité ininterrompu depuis sa création est un véritable pied de nez à l’industrie de droit et aux cadres du commerce. Cet état d’esprit directement inspiré des Temporary Autonomous Zone est une guerre permanente, un jeu et de la souris qui rappelle les paroles de Hakim Bey dans l’émission Tracks Spécial Pirates passé sur Arte: « Le plus grand Jihad, c’est le combat que l’on mène sur soi même, et sur son environnement immédiat. A plus grande échelle, on peut considérer le Jihad comme une révolution permanente, omniprésente, et qui perdure sous une forme ou une autre. C’est ce que j’entends par « Jihad » ». Une révolution permanente qui n’arrêtera pas de secouer le web 2.0. La culture underground a souvent un lien étroit avec l’activisme de part les techniques communes qu’elles emploient. Mais l’activisme peut se muer en d’autres activités dont la culture dites « jamming » en est la détentrice. « Jamming », que l’on peut traduire en français par sabotage culturel ou détournement culturel, est l’acte de subvertir de l’intérieur le fonctionnement d’un média de masse existant, en usant de la même méthode de communication utilisée par ce média afin de le détruire ou le substituer. Il peut prendre la forme d’un militantisme satirique qui s’oppose généralement au monde du business, du capitalisme, du commerce et des grandes marques. Utilisant la tactique de l’ironie, ces actes peuvent s’apparenter à une véritable « guérilla des communications ». Souvent, les sabotages culturels visent à rendre visibles certains présupposés politiques ou sociaux qui sous-tendent la culture commerciale. Différents mouvements activistes l’utilisent pour dénoncer ce qui est perçu comme une hégémonie de la culture marchande. Parmi leurs modes d’action : la réappropriation de logos, de slogans publicitaires et des codes d’une image de marque. D’autres fois, le détournement culturel s’apparente davantage à une pratique créative de l’ordre de la passion amateur, sans porter de revendication politique ou de message protestataire par le biais de fanarts, de fanfictions voir même de détournements*. L’intention de ces pratiques de la ruse diffère de celle de l’appropriation artistique (qui est faite dans le but de produire une œuvre d’art, le plus souvent destinée à un marché de l’art) et du vandalisme (où destruction ou mutilation sont les buts premiers), bien que les résultats obtenus ne soient pas toujours si éloignés. Le sabotage culturel peut prendre des formes très variées : détournement publicitaire, canular médiatique, détournement de nom de domaine, bombardement Google, remix, mashup vidéo, hacking, slashing, piratages radios et télévisés, contre-surveillance vidéo. Parmi les groupes d’activistes issues de la culture jamming ayant eu des actions directes contre la classe politique, nous pouvons citer le Parti de la Jeunesse Internationale (The Youth International Party), dont les membres étaient courrament appelés Yippies. Il s’agissait d’un groupe radical à majorité étudiante, contre culturel et révolutionnaire pour la liberté de parole et contre toute forme de guerre dans les années 60. ce dernier fut fondé le 31 Décembre 1967. Ils n’hésitaient pas à se mettre en scène, à faire des coups de théâtre, comme présenter un cochon nommé « Pigasus l’immortel » à la présidentielle américaine de 1968, afin de se moquer du statut quo social que s’imposait le gouvernement de l’époque. Ils ont été également décrit comme anti autoritaire et anarchiste. ABC News, une chaine télévisée américaine, les a même surnommée les « Groucho Marxists » en référence au nom de scène du comédien Julius Henry Marx qui possédait une allure volontairement très typée. Dans le même registre, Veterans of Future Wars (VFW ou « Les Vétérans des Futures Guerres ») était une organisation étudiante formée en 1936 et élevée au rang de canular à l’Université de Princeton aux Etats Unis. Le groupe fut crée en guise de réaction satirique à un projet de loi accordant le versement anticipé de primes aux vétérans de la première guerre mondiale de 1914-1918 comme il est articulé dans leur manifeste : « Comme il est inévitable que ce pays sera de nouveau engagée dans une guerre durant les trente prochaines années et comme il est inévitable que toutes les personnes en âge de faire leur service militaire seront obligé d’y prendre part. Nous, futurs soldats, demandons que le gouvernement fasse connaître ses intentions de dédommager par avance, à auteur de 1000 dollars, tous les citoyens mâles américain entre l’âge de 18 et 36 ans à partir du 1er juin 1965. De plus, l’histoire de ce pays nous a montré qu’il est courant de payer des dédommagements par avance*. En occurrence, nous demandons un dédommagement en liquide, en plus des 3% d’intérêt déduit annuellement et rétroactivement du 1er Juin 1965 jusqu’au 1er Juin 1935. C’est un droit fondamental que de demander le dédommagement dès maintenant, pour les nombreuses futures victimes et blessés de la prochaine guerre ; et par conséquent, ces hommes les plus méritants n’auraient pas reçu les honneurs de la nation. Ce manifeste circula à travers le pays alors que la presse s’empare progressivement du sujet. Le sénateur de l’Arkansas de l’époque, Claude Fuller, contribuera même contre sa volonté à la visibilité du mouvement en le dénonçant publiquement sur le parvis de la chambre d’état. Bientôt, ce sont des annexes par dizaines qui s’ouvrent à travers le pays, dans la plupart des campus universitaire. Les nouveaux membres pour le moins enthousiaste jusque dans le Dakota du Nord remettent leurs cotisations au QG du mouvement situé à Princeton et adoptent par la même occasion le salut de l’organisation, le bras levé en direction de Washington avec la main plate et docile, un clin d’œil moqueur envers le salut fasciste se rependant à travers l’Europe. Le message du mouvement a obtenu un écho rare qui a interpellé à la fois les conservateurs et les républicains, qui l’ont traduit par une bonne intention afin de garder l’actuel président Roosevelt de mener le pays à la banqueroute à cause notamment de son budget militaire. D’un autre côté, les libéraux pacifistes ont vu le mouvement comme une opportunité de satiriser la guerre en elle même. Cependant, beaucoup de vétérans ont été déçu des réactions du gouvernement et en sont ressortis avec un goût amer. En Juin 1936, les Vétérans des Futures Guerres ont atteint le pic des 50000 adhésions en règle réparties dans 584 campus universitaire. Durant l’année universitaire suivante, la nation fut focalisée sur l’élection présidentielle, qui donnera Francklin Roosevelt successeur à sa propre succession. Le mouvement cessa alors ses activités en Avril 1937. Ironiquement, le manifeste de ce groupe servit de prophétie qui joua un bien mauvais tour aux fondateurs même de ce dernier. En effet, hormis un homme ayant eu un accident de voiture, tous les fondateurs servirent dans les corps armés américains durant la seconde guerre mondiale. Le détournement de nom de domaine est une autre tactique d’occupation de l’espace médiatique, qui est parfois aussi utilisée à des fins militantes ou politiques. Comme l’a démontré des étudiants québécois protestant contre la hausse des frais de scolarité décidée par le gouvernement de Jean Charest en 2011. Ces derniers ont alors acheté et occupé le nom de domaine linebeauchamp. com, récupérant ainsi le nom de la ministre de l’Éducation Line Beauchamp (qui n’avait pas acheté le nom de domaine, cedernier pouvant être récupéré légalement en payant les droits) pour faire passer leur message de protestation. Ce mouvement étudiant a également appelé ses membres à se rendre sur le site HINTERHART - Mardi 1er Septembre 2015 HINTERHART - Mardi 1er Septembre 2015 artruppen, d’un extrême à un autre Présentation gouvernemental droitsdescolarité.com, qui faisait la promotion de la réforme gouvernementale, dans le but d’épuiser le budget publicitaire que le ministère de l’Éducation, du Loisir et du Sport avait alloué à cette campagne. Selon les responsables de l’opération, chaque clic dans les pages du site coûtait entre 0,15 $ et 1,20 $ au gouvernement, et les bandeaux publicitaires auraient rapidement disparu du site, signe que l’opération aurait réussi. Schwa (traduction hébraïque de « vain ») est un concept artistique underground réalisé par Bill Barker. Nous savons peu des choses à propos de l’auteur mais ce dernier a dessiné de manière simple des petits hommes verts et des vaisseaux aliens en noir et blanc afin de les imprimer sur des autocollants. Même si sa démarche n’a pas comme motif l’existence des aliens, il s’agit en réalité d’analyser comment les sujets réagissent à la présence de ses stickers. Barker veut les utiliser comme métaphore pour illustrer l’instant ou la société fait face à de nouvelles idées dérangeante. Bill Barker a également fait équipe avec AOL (American Online, une soicité américaine de services internet) pour créer un jeu en ligne pour le moins déroutant. Exclusivement accessible par les clients d’AOL, il travailla également avec le défunt Studio Orbital sur ce jeu dont les thèmes sont la conspiration, les corporations et les aliens. Les instructions initiales du jeu donne le ton : « Ne suis pas les règles. Méfiez vous en. Elles ne sont pas ce qu’elles prétendent être. » Le joueur incarne un petit homme vert au beau milieu du monde sombre et conspirationniste de Schwa. Il doit trouver son chemin pour atteindre le sommet de la pyramide en collectant et alimentant sa source de pouvoir par le biais des médias, des multinationales et du gouvernement dans l’optique de dominer le monde. Le jeu a été lancé le 9 Mars 1998 et est devenue une référence underground des années 90. Une suite à ce jeu nommée « Schwa Conspiracy » a été annoncé pendant des années, mais ne fut jamais achevée. Dans le monde de la presse écrite, « Adbusters » ,fondé en 1989 fondé par Kalle Lasn et Bill Schmalz, est à la fois un magazine (Adbusters magazine), une fondation (Adbusters Media Foundation) et une référence dans la culture jamming. Financièrement soutenu par ses seules ventes sans aucune publicité ni commanditaire, il est publié dans plusieurs pays grâce à Adbusters Media Foundation. Son tirage est évalué à 120 000 exemplaires. Celle-ci se définit elle-même comme un réseau de militants, d’écrivains et d’artistes qui veulent innover dans de nouvelles formes de militantisme propres à l’ère de l’information qui caractérise notre époque. Cette fondation s’engage dans de nombreuses causes sociales ou politiques, dont la plupart s’opposent à la consommation de masse voir même anticapitaliste. Elle promeut des campagnes-chocs comme « la journée sans achats », « la semaine sans télé » et du mouvement plus récent « Occupy Wall Street », inspiré des révolutions tunisiennes et égyptiennes de 2011, ou des centaines de militants ont établit pendant plusieurs jours un camp de fortune aux abords de Wall Street dans le but de dénoncer le capitalisme. Mais la référence absolue de la culture jamming tout comme une figure emblématique du médiactivisme est le groupe Yes Men ou les Béni Oui Oui. Composé de ses deux membres fondateurs : Jacques Servin et Igor Vamos, connus sous les pseudonymes respectifs de Andy Bichlbaum et Mike Bonanno. Ces derniers dénoncent le libéralisme par la caricature et la satire au travers de différents moyens. Ils ont essentiellement connus pour leurs plus grands « méfaits » comme celui ou en se faisant passer pour des intervenants lors du sommet de l’OMC (Organisation Mondiale du Commerce) de l’an 2000, ils ont entre autres prononcé des discours satiriques sur la privatisation du marché des votes et sur l’apologie de l’esclavage à domicile, lesquels n’ont pas suscité de réactions particulières de la part des spectateurs présents, si ce n’est des remerciements. Ils ont également diversifié leurs cibles, parmi lesquels le président américain George W. Bush ou encore le groupe chimique industriel Dow Chemical. Ils ont également fait parler d’eux le 12 Novembre 2008 ou ils ont diffusé à 100 000 exemplaires un faux numéro du quotidien New York Times dans lequel ils ont titré que « La guerre en Irak est finie ». Enfin, Etoy Corporation est un groupe d’artistes médiactivistes fondée sous la forme d’une entreprise multinationale en 1994 par Gino Esposto, Michel Zai, Daniel Udatny, Martin Kubli, Marky Goldstein, Fabio Gramazio et Hans Bernhard dont le siège social est enregistré à Zurich comme une société d’actionnaires conformément à la loi Suisse (RC CH-170.3.029.244-4) . Elle est composée d’un noyau dur interchangeable regroupant différents corps de métiers comme des ingénieurs, des musiciens, des artistes, des architectes, des avocats et des graphistes. Etoy œuvre donc comme une équipe à géométrie variable et un ensemble de talents en mouvement. En conséquence, la glorification de l’artiste individuel comme une star ne s’est jamais présentée pour Etoy. L’architecture et l’esthétique d’Etoy sont basées sur la somme d’idées et de ressources engagées par un bon nombre de personnes. Ces derniers communiquent entre eux grâce à un système d’ordinateurs en réseau qui permet à chaque Etoy agent de travailler ensemble malgré la distance géographique. Le groupe est considéré comme un mensonge idéologique naïf ainsi qu’une fi- celle marketing superflue pour promouvoir l’idée que les artistes travaillent en dehors du système financier. Pour eux, la réalité économique fait partie de la vie, du développement, de la production et de la distribution. L’art n’en est évidemment pas exclu ou innocent. Ce qui ne veut pas dire que nous acceptons la réalité économique et les structures politiques telles quelles. Etoy et ses associés remettent en question, manipulent et jouent avec les codes et les règles qui constituent la société, dès qu’il y a un intérêt à le faire. Cette manière d’agir n’a pas toujours plu aux autorités. En effet, ces derniers ont infiltré en 1996 le Web en se servant d’un logiciel qui a miné la Toile de milliers de fausses pages, référencées avec les 2 400 mots clés les plus demandés sur les moteurs de recherche. Yahoo, Altavista, HotBot & Co ont complètement perdu le Nord, laissant les internautes converger vers des « trappes » à surfeurs. Une façon de montrer que le Net n’est pas aussi neutre et indépendant qu’il y paraît, puisqu’on peut le manipuler à sa guise. Les services secrets américains en collaboration avec le bureau autrichien antiterroriste ont alors lancé des raids dans les bureaux des fournisseurs et les studios Etoy basés à Vienne dans le but de les fouiller. Essayer de remettre en question et d’élargir les limites de la loi dans des domaines où cela s’avère nécessaire est l’un des objectifs principaux d’Etoy comme les réglementations concernant les drogues, la désobéissance civile, la liberté de parole, le cryptage, les droits d’auteur ou les lois se rapportant à la citoyenneté. Etoy prépare toujours soigneusement et accomplit des opérations délicates en proche collaboration avec des avocats et des spécialistes extérieurs si le projet l’exige. En 1998, Etoy s’introduit en Bourse. Le premier lot d’actions est remis au chancelier autrichien Viktor Klima en personne. Ce n’est pas une vraie « IPO » (Initial Public Offering) au Nasdaq, mais sur le marché international de l’art. On paie toutefois en vrais dollars pour acheter les parts de ce qui devient alors une holding. Parmi les plus de 2 000 actionnaires et 640 000 actions disponibles, on retrouve l’activiste John Perry Barlow. Selon Hans Bernhard, l’un des fondateur d’Etoy: « L’introduction en Bourse d’Etoy n’était pas vraiment une question d’argent. Puisqu’en réalité, nous n’avions pas de dividendes à verser. » En somme, c’était plutôt du mécénat des temps modernes. Mais c’est bien en 1999 que fut réalisé le plus gros coup d’éclat du groupe artistique, nom de code : Toywar. Etoy.inc, une entreprise multinationale de fabrication de jouets, voulu acheter a Etoy.corp pour 516 000 dollars leur nom de domaine dans le but qu’il n’y ai plus d’ambiguïté entre les deux entités. En refusant leur offre, Etoy.inc a alors poursuivit en justice la société d’actionnaires artistiques pour « compétition déloyale, commerce frauduleux, fraude sécuritaire, contrebande, contenu offensant et apologie du terrorisme ». Ce à quoi Etoy. corp a vigoureusement répliqué en produisant une campagne médiatique massive via internet et conduisant des attaques de dénis de services (DdoS) contre leur site officiel. Lorsque Etoy.inc décida d’abandonner les charges, la multinationale avait perdu 60% de valeur en bourse et a enregistré une perte de 4,5 milliards de dollars, ce qui fait de la Toywar, l’action artistique la plus chère de l’histoire de l’art. Mais Etoy ne s’arrête pas aux rapports économiques entre l’art et le monde de la finance. Leur récent projet « Mission Eternity » interroge la mort à travers les fragments numériques des défunts. « Mission Eternity » propose un culte mortuaire des temps numériques. Il s’agit de permettre l’immortalité virtuelle de « Pilots », par le biais de portraits numériques, intitulés par les artistes « capsules Arcanum », qui leur survivront. Comme le projet est en phase de test, les « Pilots » sont actuellement des novateurs dans l’informatique et des nouvelles technologies : il s’agit de Timothy Leary, le seul décédé, en 1996, chantre du psychédélisme et de la cybernétique, et de Sepp Keiser, un entrepreneur et pionnier du micro-film en Suisse. Ce dernier a expérimenté avec le collectif pour créer sa propre capsule (à base de textes et de fichiers audiovisuels, de multiples contextes et provenances). Un autre élément du projet est le « Sarcophagus », un container aménagé en lieu de culte et posé pendant le festival près de l’Ars Electronica Center. Les capsules peuvent y être consultées. C’est également le lieu où reposent une partie des cendres des « Pilots », l’interface entre corps et données. Il est exposé dans les lieux d’art comme représentation visuelle du projet. Ainsi, le festival a accueilli une cérémonie où 8g de cendres de Timothy Leary ont été mélangées à du béton pour former un cube (appelé « Terminus ») qui a été posé dans le mur, remplaçant un pixel en mouvement. Le Sarcophagus contient plus de 17 000 pixels et peut donc accueillir plus de 17 000 Pilots. Les capsules sont également disponibles en ligne : lorsque chaque Pilot a « franchi la date limite », selon le slogan du projet, c’està-dire meurt, sa capsule est rendue publique dans le Sarcophagus et sur Internet. Aucune capsule n’est consultable à l’heure actuelle puisque le seul Pilot pour lequel un dossier a été conçu, Sepp Keiser, est toujours en vie. Le stockage de ces capsules se fait de manière novatrice : au lieu de centraliser tout sur leur serveur, les artistes font appel à des « Data Angels », des personnes qui mettent à disposition du projet 50 Mo de leur disque dur. En multipliant les fichiers et en les gérant grâce à des logiciels libres, « Mission Eternity » propose un mode d’archivage participatif, qui répond à la proposition du projet de lieu collectif, hors de toute religion, pour se souvenir des morts. D’autres « Angels » accompagnent les etoy.agents (les membres d’etoy.corporation) pour discuter de ce qui est en jeu avec ce projet, que ce soit par rapport à l’art, la technologie ou bien le droit. L’infiltration et le concept de virus sont cruciaux dans l’etoy.art, sur le net ou en dehors. etoy est un virus controversé mais généralement sympathique, qui pénètre un système sans le détruire ou l’endommager. L’etoy.virus modifie seulement la façon de fonctionner du système. Dans la plupart des cas, son intervention améliore les qualités du système. Si l’hôte se sent agressé, il rejette ou même anéantit le virus. Par conséquent, un virus performant à long terme doit toujours trouver un compromis avec le corps récepteur. Il est nécessaire de préciser que l’idée ou le besoin de l’Homme de se dresser contre l’ordre établit a été annoncé dans les années 50 par l’École de Francfort (en allemand « Frankfurter Schule ») est le nom donné, à partir des années 50, à un groupe d’intellectuels allemands et par extension à un courant de pensée, souvent considéré comme fondateur ou paradigmatique de la théorie critique. Il retient en effet du marxisme et de l’idéal d’émancipation des Lumières l’idée principale que la philosophie doit être utilisée comme critique sociale du capitalisme et non comme justification et légitimation de l’ordre existant, critique qui doit servir au transformisme. En conclusion de cette partie, bien que l’image était déjà considéré comme une représentation d’une représentation du réel par le biais de nos sens, l’apparition de la photographie et du cinéma ont forcé les Hommes à reconsidérer leur vision du réel et a tout changé dans l’histoire de l’art elle même. D’abord considéré comme un procédé artistique porteur d’un message de protestation et engagé selon les avant garde du début du XXème siècle, le photomontage devint progressivement la composante même de la propagande des états totalitaires, au même titre que le cinéma. Effacement de personnalités désavouées, assemblages d’affiches, rajouts d éléments permettant d’amplifier la puissance d’une image, réinvention de l’histoire, tout est bon pour organiser un culte de la personnalité autour du dictateur. Avec l’apparition dans les années 80 du Cross Média, de nombreux groupes jusqu’à alors militants conventionnels, deviennent des médiactivistes, c’est à dire un ensemble d’individus dont les armes sont essentiellement liées aux réseaux sociaux internet, à la culture underground/jamming. Prônant l’action directe, ces derniers sont à l’origine de nombreux coups d’éclats médiatiques par l’usage de faux, de diffusion de masse, de rassemblements illégaux dans le but de dénoncer une société aliénée régie par des règles favorisant le profit à l’Humanisme. Étymologie: mélange du vant un chevalet à essayer de transfrançais «Art» et de l’allemand poser leur propos dans une scène «Truppen» («troupes» en français). mythologique. Les futuristes n’auraient même pas eu la possibilité Les Artruppen sont un groupe de revendiquer quoi que soit sans d’activistes militaire qui dénoncent la puissance du moteur à explosion. ce qu’ils appellent le Rückstartding, Malheureusement, le fléau de l’huune forme d’art dominante qui privi- manité qu’était la nature commenlégie la renommée de l’artiste et le çait insidieusement à refaire. Bien message que peut véhiculer l’œuvre sûr sous un visage différent mais le à la pratique et la technique assidue loup sous les vêtements d’une tendre du médium. grand-mère restait une bête assoifNous savons peu de choses quand fée de sang. à la date de sa formation. Cepen- Désormais, les libérateurs d’hier dant, les premières apparition du voyaient leur propos outrageusegroupe se seraient produites dans la ment détourné par une caste pseudeuxième moitié du printemps de do-artistique sans aucun scrupule. l’année 2013 à la faculté de Lettres Elle n’avait que l’argent aux lèvres, d’Aix en Provence, sur le site Ro- baignant dans des abus repoussant bert Schumann. Certaines rumeurs jour après jour les limites de la déprétendent même qu’il y aurait des cence. Cette ignominie portant le étudiants du secteur Arts plastique nom de rückstärtding, prenait avec à l’origine de cette mouvance. Les la fin de la seconde guerre une place Artruppen utilisent massivement toujours plus importante sur ce qui le cross média et l’action directe à n’était plus qu’un marché de l’Art. la fois pacifique et violente comme La régression semblait inévitable armes de prédilection. mais pourtant une lueur d’espoir apparaissait à l’horizon. Certains di Leur emblème est un aigle sent qu’il s’agissait des membres du bicéphale tenant dans ses griffes un Pop Art, mais l’Autocratie ni voit la pinceau, déployant ses larges ailes et qu’une façade que la bien pensante couronné par des rayons de soleil. générale tente d’instaurer. En effet La symbolique de l’aigle corres- en se projetant plus en avant dans la pond au ciel, au soleil ainsi qu’au ligne temporelle, les vrais génies se divin. Plus encore, la combinaison trouvaient être des hommes comme de l’aigle et du soleil correspond à MC Carthy rallumant le flambeau la perception directe de la lumière des avants-gardes d’antan. Avec un intellective. Chaque tête de ce der- cynisme et un réalisme sans faille, nier correspondent respectivement à ce dernier avait comme ses aïeux un la technique et la théorie, symboli- regard perçant sur les dépravés de sant un équilibre entre les deux élé- son époque tout en utilisant la pointe ments. Enfin, le pinceau tenu par ses en matière de technologie pour enregriffes acérées désigne le domaine gistrer ses performances. Tout était dans lequel les Artruppen évoluent: bien dans le meilleur des mondes file monde de l’Art. nalement ? L’emblème des Artruppen se re- La réponse est désastreusetrouve sur différents supports ment non. Le cycle nauséabond du comme les drapeaux, les étendards, rückstärtding initié après guerre se les tampons, les affiches de propa- renouvelle inexorablement. Cette gandes, les vidéos, les pochoirs ou fois-ci c’est l’hybridation qui porte encore les documents officiels. la faux mortuaire, s’élançant pour anéantir une bonne fois pour toute Leur raison d’être se base sur l’âme de l’Art. Aucun être ne semble un document dont tout membre du vouloir créer une rupture directe groupe a pris connaissance et consi- s’opposant à cette facilité abrutisdère comme un texte fondamental. sant sans vergogne la moindre parIl s’agit de la doctrine «10011936», celle d’intellect propre à l’Homme. publiée le 09 Février 2013. C’est Le passé nous a appris qu’une ludans ces écrits qu’apparaît pour la mière dans les ténèbres ne suffit pas première fois le terme «Rückstar- pour éradiquer le mal. La nature, les tding», englobant l’art minimal, discours abscons, et bien d’autres l’arte povera, l’art conceptuel et cer- ont été des freins à l’expansion intains artistes pratiquant des perfor- tellectuelle de notre espèce. Cela mances inspirées des actionnismes doit cesser si nous voulons un jour viennois*. continuer notre évolution. Nous, Plus qu’un constant accablant, ces Artruppen, l’avons toujours revenécrits sont une prise de conscience diquer et nous continuerons à nous qui amènent les Artruppen à agir et à battre jusqu’à ce que cet objectif donner un sens à leur combat. soit rempli. Notre abnégation dans cette guerre est totale. Chaque unité, I / Comprendre le passé pour sauver chaque section, chaque corps agît l’avenir comme un seul homme pour rétablir une création plastique à la fois Le XXème semblait promet- en rupture avec le siècle précédent teur. L’humanité dans son ensemble et ses démons tout en étant la tête avançait dans un roulement méca- de ligne des Arts du nouveau millénique raisonnant dans le cœur des naire. villes tout comme la campagne. La nature après dès millénaire de domination voyait enfin son règne tou- II/ L’opposition des deux camps et chait à sa fin. C’est ainsi que pour leurs rôles respectifs la première fois de son histoire, l’Homme a pu s’émanciper de sa Le rückstärtding moderne servitude en effaçant de l’équation est, comme son homologue passé, toutes les contraintes auxquelles la norme englobant la sphère aril était confronté. Sans conteste le tistique du XXIème siècle. Il remeilleur et le plus pertinent des coupe en son sein des pratiques exemples était celui du monde de comportant discours et méthodes l’Art. Jusqu’à présent la question de archaïques vouant un culte au nomla représentation restait au cœur des brilisme et à l’autosatisfaction. En préoccupations académiques et sans agissant de la sorte, il se crée une les progrès scientifiques du XIXème barrière spéculative au centre de nous serions encore aujourd’hui de- laquelle baigne un monologue vide vant nos toiles ou face à un bloc de de sens n’ayant que pour simple marbre. L’inventivité humaine ar- justification le mot « art » et pour rivée à son apogée ouvrait la voie simple objectif le mot « dividende ». aux grands et principaux artistes du Les résultats plastiques, que l’on ne siècle suivant. L’avant-garde venait peut décemment pas appeler œuvres, de percer les derniers remparts de peuvent paraître pour les non-initiés la représentation pour se concen- difficile à cerner. Il est de notre detrer sur la puissance sémantique. voir d’expliquer comment les repéLes dadaïstes n’auraient jamais pu rer afin qu’elles ne fassent plus de exprimer avec tant de vigueurs leur doute dans leur têtes. L’hybridation vision du monde s’ils avaient été de- apparaît en chef de file de cette mou- vance, s’écrasant contre le récif du nouveau millénaire pour ne laisser apparaître qu’une écume nauséeuse. S’approprier ou allier des techniques dans le but sémantique est une chose mais cela réclame un tact et une précision d’orfèvre. Or dans le cas des rückstärtding moderne l’hybridation est perçu comme un bon moyen de produire du contenu « original » sans avoir besoin d’y ajouter une base solide. Cependant le fond est une tapisserie des années soixante mal entretenue, qu’ils refusent absolument de retirer pour enlever la moisissure. Ce n’est malheureusement pas la seule facette de leur pratique, et cela crée un amalgame entre ce qu’est véritablement l’Art et ce qu’ils font passer pour art. L’exemple du rückstärtding a toujours attiré la foule de néophytes, l’enrobage est soigné et le piège mortel. Certains vont les prendre en exemple, les mettre en valeur tandis que l’autre partie va mal comprendre la supercherie pour finalement abandonner l’Art. Là encore, le but de ses partisans du buzz est sournois. En essayant d’éradiquer les futures menaces et en bourrant le crâne des plus faibles, ils se placent dans une idéologie parasitaire vidant le fluide vital de leur hôte sans état d’âme. Oui, ils font mourir, comme dirait Descartes, l’essence artistique de toute une génération. L’originalité n’est plus qu’une chimère meurtrie qu’ils utilisent à tord et à travers pour se justifier tout en profitant de cette dernière pour pointer du doigt les « créatifs » qu’ils soutiennent. L’Histoire est réécris par les vainqueurs d’aujourd’hui, et ils en jouent sans vergogne. Mais ils n’en joueront plus longtemps, et ils le savent. Les clairons d’un vent de liberté raisonnent. Les vrais Artistes enfilent leur tenue de combat partant au front sous la même bannière. L’Autocratie représente le dernier rempart face à l’obscurantisme ambiant. Elle porte en elle, l’espoir d’un renouveau artistique par la puissance d’une volonté sans faille. Le but n’est pas financier comme le rückstärtding voudrait vous le faire croire mais purement humaniste. C’est avec l’Art que l’Homme doit relever fièrement la tête, portant en lui la graine d’un savoir faire nouveau pour fertiliser les champs de l’avenir. Notre rôle dans cette histoire est d’être l’engrenage infaillible de cette mécanique afin d’atteindre l’objectif commun que nous nous sommes fixés. Les Artruppen regroupent, pour se faire, l’armée la plus compétente et la plus motivée qui soit, n’ayez à la fois aucune pitié pour ceux sortis du droit chemin tout en étant prêt à faire le sacrifice ultime pour le bien commun. Nous avons toujours su que pour être effectif un collectif se devait d’être organiser, indissociable, et fraternelle. L’uniforme permet de créer cette unicité capable d’ébranler le système en place. Le moindre équipement de l’humble unterkampfsoldart à l’incorruptible Artoffizer, en passant par les chercheurs de la N.B.C.A, est une solide protection contre la propagande et le despotisme du rückstärtding moderne. Grâce à ce redoutable ensemble le dialogue entre les deux extrêmes ne peut plus avoir lieu, laissant le libre champ au puissant monologue d’acier et de plomb autocratique. Néanmoins, il serait déplacé de n’avoir qu’une vision policière de notre organisation. Ce qui fait la force des Artruppen c’est leur pluridisciplinarité. Système martial d’un côté mais aussi force de création artistique de l’autre. Les interventions, véritables performances armées, sont toujours mises en avant comme présentation d’un savoir faire et d’une idéologie en rejet constant du système établi. L’aspect subversif des œuvres de l’Autocratie est validé, contrôlé, régulé par le personnel le plus qualifié qu’il soit afin de ne produire aucune erreur rendant le travail indigne d’une production plastique. Pour ce qui est des Grands Arts qui ont marqué l’Histoire comme la peinture ou la photographie, là encore il n’est pas question de se perdre en les assemblant tel un monstre de foire mais bien de les mettre en valeur en tirant tout le potentiel sémantique qui leur est propre. Les Artruppen ont également un rôle de guide dans le milieu artistique puisque à ce jour, ils en sont la seule force créatrice. Comme un père sévère mais juste avec ses enfants, ils savent récompenser de leur approbation les esprits combatifs emboîtant leurs pas. Même un membre hors de l’Autocratie peut se révéler être un atout majeur luttant avec ferveur contre la bien pensante. Il est aussi question dans cette relation paternelle d’une aide pour les quelques naïfs gangrenés par le spectre du déjà vu. Nous prouvons encore là notre dévouement le plus total dans cette grande entreprise pour le bien commun, pour l’Art, pour l’humanité, pour les Artruppen. Les Artruppens agissent dans l’anonymat et s’organisent autour d’une hiérarchie purement militaire, regroupant centre de commandement et unités spécialisées distinctes. Chaque membre sous couvert Artruppen porte sur lui un code vestimentaire rigoureux et un masque à gaz recouvrant l’ensemble de son visage. Ce dernier doit obligatoirement avoir sur lui une carte d’identification filigrammée comportant des numéros de séries codées permettant à autorités supérieures de reconnaître le possesseur de la carte sans que ce dernier ne retire son masque à gaz et s’expose à des regards indiscrets. En fonction des envies et des compétences de l’activiste, celui ci sera raccordé à la Kampfdivision* et ainsi rejoindre une unité bien spécifique. Nous en décomptons 4 à ce jour : Untersoldarten der Artruppen : Bien que peu équipées mais doté d’une très grande motivation, ces unités sont les plus nombreuse de toute la Kampfdivision. Elles sont en première ligne de toutes les performances, agissent consciencieusement en suivant les et surtout reflètent l’esprit du mouvement. L’art pour l’art, faire briller le nom des Artruppen, et s’occuper de rétablir les valeurs artistiques nobles. Soldarten der Artruppen : Les unités les mieux équipées de toute la Kampfdivision. Affectés à la réalisation des performances les plus délicates ou dangereuses, on les voit également épauler les Untersoldarten sur des missions plus basiques avec leur expertise et le matériel supplémentaire dont ils disposent. Le port du casque obligatoire dans cette unité est une marque de fade sa propre force policière. L’autobrique. cratie ne déroge pas à la règle. Outre Nazviterbiologikcupenart der Ar- son aspect sécuritaire se chargeant de truppen ( N.B.C.A der Artruppen cadrer au mieux les Kampfdivision, cette branche à part se charge éga): Troupe à part, rare et souvent mé- lement des interrogatoires des oppoconnue, la N.B.C.A agit comme une sants. Ils sont chargés de connaître unité de reconnaissance. Elle fait en la nature de la menace, son but, et sorte qu’aucun élément ne puisse surtout se chargent de la faire disperturber la création artistique et paraître de manière subtile ou pas, l’emmener vers une réponse incor- selon la performance en vigueur. Ils recte. Ses membres se caractérisent se faufilent au milieu des Kampfdipar le remplacement du masque à vision et ne sont identifiables qu’au gaz réglementaire par un modèle dernier moment, généralement trop plus adapté à leur fonction, ainsi que tard. Plus récement, ce sont eux qui par une tenue anti-sous-art ( Unte- s’occupent de la sécurité rapporchée des «Officiers». rartprotectzion komplett kurps ). supérieurs nommé les Überartoffizeren. Ils sont les têtes pensantes du mouvement. Sans eux, les Artruppen verraient leurs actions au point mort car toute action du mouvement passe par leur approbation. Ils n’hésitent pas à passer occasionnellement leur uniforme d’apparat pour descendre sur le terrain, faire des apparitions afin de s’assurer que les performances se déroulent exactement selon leurs prévisions*. Dans la plus pure tradition de la culture jamming, les artruppen ont également fait parlé d’eux au travers de l’exposition Dodécadox (voir annexe 1), du 12 au 13 Décembre au Tout cet ensemble, dont les Patio du Bois de l’Aune à Aix en La Wehrpolizei der Artruppen : Le mouvement a également besoin effectifs sont extrèmement flou, est Provence; ou ces derniers ont précommandé par un corps d’officiers senté leur projet expérimentale Ge- HINTERHART - Mardi 1er Septembre 2015 la surveillance du spectateur. Armée du webcam prenant contre le gré du spectateur une photo de ce dernier lorsqu’il rentre sur le lieu de l’exposition, le programme va utiliser son image pour le mettre dans une situation qu’il n’a jamais vécu. La proximité immédiate entre le lieu ou la photo a été prise et celui ou le photomontage lui sera révélé permet d’instaurer le doute, le malaise, comme s’il n’avait pas prêté attention à ce qui se passait autour de lui. Pourtant, le surréalisme de la scène photomontée est telle que la victime se rendra compte de la supercherie. Bien que le doute subsistera toujours puisque des Soldarten seront présents dans la salle pour rappeler au spectateur qu’il est surveillé à l’œil. L’installation pose également la question de la sécurité et la falsification des données, à l’heure la création d’avatar, de compte et de profils sur internet ne cesse de croître. Cette installation avait également pour but ultime de démontrer la puissance de la manipulation des images ainsi dévoilées aux spectateurs. L’installation eu également pour but de tester un nouveau procédé d’interraction et ainsi dresser une étude statistique sur la manière dont le public réagit en la supposée présence des Soldarten. L’image même d’un Artruppen activé à distance peut faire changer drastiquement le comportement d’un individu jusqu’à le questionner même sur le fonctionnement du procédé auquel il est confronté. Une démarche que les activistes d’aujourd’hui emploient de manière récurrentes afin de laisser leur auditoire prendre conscience de ce pourquoi ils combattent. clair, incisif. Les Artruppen mettent en avant un culte de la personnalité autour du Soldarten* parfait, défini par l’uniformité, l’obeissance, la compétance et le dévouement sans faille. Un modèle que doit suivre chaque militant. Par le biais d’une couleur dominante qui peut varier en fonction de l’atmosphère désignée, la propagande donne au soldat parfait une posture dominante et propose au spectateur de devenir une personne nouvelle en intégrant leur rang. Parmi les plus grandes actions directes jamais réalisée par les Artruppen, la 51ème conférence sur l’Art Pur est de loin celle qui a fait le plus grand bruit. Exclusivement réservée aux membres du mouvement et à quelques rares «invités», cette conférence eut lieu pour la première fois dans un amphitéâtre Guillon (Campus Robert Schumann, Aix en Provence) comble. Selon la communication à base d’affiches et de tracts qui a été faite par les militants la semaine précédent l’évènement*, la conférence eut lieu le 01 Février 2015 aux alentours de 20h00, elle se termina vers 23h00 sous les applaudissements massifs de la foule. L’intitulé de la conférence fut résumé par le contenu des tracts : «Dans un monde aux aboies, où la raison laisse place à l’obscurantisme le plus primaire, l’Art reste le seul garant de l’intégrité humaine. Au diable les théories fumeuses de tribu sortant à peine de leur état de quadrupède ! Mettons fin à cette infâme volonté nombriliste voulant réduire à néant des millénaires d’évolutions . Ouvrez les yeux une bonne fois pour toute, abandonnez vos tra La propagande fait partie des vers de paria pour renaître enfin en domaines privilégiés de ce groupe tant qu’Artiste ! activiste aux valeurs autocratiques. Une nouvelle fois, la KommandanElle doit agir comme un coup de tur Suprême Artistique s’est chargé poing afin de faire passer un message d’organiser une programmation HINTERHART - Mardi 1er Septembre 2015 exceptionnelle afin de réunir l’ensemble de ses effectifs dans le cadre de la 51 ème conférence sur l’Art Pur. Le but étant d’informer la totalité des institutions du mouvement sur l’urgence de la situation face au ruckstarding préférant s’enivrer toujours plus dans sa décadence verbale plutôt que de rejoindre le droit chemin artistique. Plus qu’hier et moins que demain, les rebuts qui le composent se voilent la face, se détournant de l’action concrète pour s’enfoncer inexorablement dans leur couvre abyssal verbal. La défense de l’Art Pur dans le contexte actuel est plus qu’une nécessité : un devoir. Celui de tout ceux qui ont un minimum de dignité, marchant la tête haute avec l’unique avant-garde artistique de ce siècle : les Artuppen.» Mais là ou cette conférence eut un large écho auprès du public, au delà de la participation emblématique du Suprême Überartoffizer der Artruppen*, c’est dans les photographies officielles prise par le département de la propagande du mouvement. En plus de l’affiche et de 3 de ces photographies montrant l’ambiance qui en découle, j’ai eu l’opportunité et l’autorisation de les exposer à la galerie Andiamo à l’occasion de l’exposition DIGITAL CRISPS (voir annexe 2), du 16 au 27 Mars 2015*. Une exposition médiactique qui a eu le mérite de faire couler pas mal d’encre quant à la véricité de l’existance d’une telle conférence. L’ensemble de ses actions ont donné par ailleurs naissance à plusieurs légendes urbaines que des artistes anonymes ont illustré en fanarts, montrant une nouvelle fois l’intérêt de certain pour un movement qui serait qualifier pour certain de fantomique. Référence et niveaux d’interprétation Que vous aviez apprécié ou non les Artruppen, que vous les aviez compris ou non, nous ne pouvons pas nier que ces derniers ne laisse pas indifférent son public par les nombreuses symboliques qu’ils incarnent et les différents niveaux de lectures par lesquelles ils peuvent être interprété. Mais bien que beaucoup de personnes ont fait le rapprochement entre les Artruppen et des mouvements totalitaires comme le nazisme ou encore le communisme, ces derniers n’ont pas réussi à interpréter au delà de leur propre ressenti et parfois même de leur rejet automatique de tout ce qui n’est pas politiquement correct. Vous n’avez pas compris les Artruppen si vous n’avez pas laissé votre conscience morale de côté. Il est nécéssaire de garder à l’esprit la citation de Gunther Anger, critique d’art allemand «il faut grossir les choses pour que les gens comprennent» afin de comprendre la vitrine dont se dotent les Artruppen pour évoquer la conscience morale et le politiquement incorrect. L’emblème des Artruppen est un aigle bicéphale tenant dans ses griffes un pinceau, déployant ses larges ailes et couronné par des rayons de soleil. La symbolique de l’aigle telle qu les Artruppen la décrivent correspond au ciel, au soleil ainsi qu’au divin. Plus encore, la combinaison de l’aigle et du soleil correspond à la perception directe de la lumière intellective. Chaque tête de ce dernier correspondent respectivement à la technique et la théorie, symbolisant un équilibre entre les deux éléments. Mais il est impossible de nier le rapprochement dans le design de ce symbole avec celui du Troisème Reich. Cet aigle est le détournement même de celui du nazisme à la seule différence que ce dernier a été com- pilé avec d’autres iconographies d’aigles bicéphaesl antérieur à la période de la Seconde Guerre Mondiale comme l’aigle Bicéphal du Saint Empire Romain germanique apparu en 1400. Cette héraldique (ou science du blason) est particulièrement présente encore aujourd’hui dans l’Europe de L’Est. Le fait qu’il soit également recouvert de noir ajoute un ton lugubre et fait naitre chez le spectateur, et ce de manière volontaire, une possible présence de rouge (autre couleur symbolique, avec le noir, du Parti Nazi). Il faut également compter avec ca un vocabulaire franco allemand donnant naissance à des expressions propres et le drapeau officiel des Artruppen, qui est généralement représenté sous forme d’étendard. Cette configuration n’est pas due au hasard puisqu’encore une fois, même s’il a été inspiré du drapeau de la Corée du Nord et que le rouge ait été remplacé par un vert neutre en hommage à la dominante nuance de vert présente dans l’ensemble des uniformes des membres, la culture historique et contemporaine de l’Homme d’aujourd’hui fera irrémédiablement le rapprochement avec l’Allemagne Nazi, dont les étendards flottaient au dessus de leur plus grands rassemblements. sassinnats et attentats et employant une technique de guerrilla, c’est à dire frapper là ou le gouvernement s’attend le moins et se fondre dans la population pour échapper aux représailles. Ce n’est d’ailleurs pas pour rien que la doctrine et le texte fondateur des Artruppen se nomme la doctrine «10011936», en référence à la Loi francaise du 10 Janvier 1936 rendant illégal sur le sol national tout groupe de combats et milices privées. La doctrine «10011936» est par ailleurs directement inspirée de la doctrine Jdanov* qui au début de la guerre froide, le 22 Septembre 1947 affirme une vision du monde entre les forces dites impérialistes, dirigées par les Etats Unis, et les pacifistes, menées par l’URSS. la doctrine des Artruppen peut être grossièrement interprété comme une appropriation du discours du troisième secrétaire du Parti communiste de l’Union Soviétique et un moyen de signifier de manière simple qu’il existe deux types d’art selon eux : un art qu’ils qualifient de Pur entre un retour à une dénomination de la technique académique adaptée aux nouveaux procédés de création allié à un message pertinent et les autres formes d’art ou le Rückstartding symbolisant la recherche du La manière de se montrer et profit sur l’art, l’escroquerie par la de procéder est également au centre masturbation intellectuelle et le laisd’une évocation de conscience mo- ser aller ambiant de certains artistes rale. Le fait de faire référence à l’ac- contemporains qui, à défaut d’être tion directe, brutale et expéditive des médiums ouvert sur le monde, se sans compter l’omniprésence d’élé- constituent une élite avec ses codes ments vestimentaires provocateurs et et ses moeurs artistiques coupées du de mises en scène menacantes n’est monde. pas sans rappeler les «années de plomb» période de la fin du XXème Il ne va pas sans dire que les siècle avec l’émergeance de groupes Artruppen dénoncent la crise de l’art extrémistes armés en France comme contemporain et le non renouvellel’Action Directe, groupe terroriste ment de la création artistique, entraianarchiste et communiste des an- nant ainsi la remise en cause la légitinées 70 ou encore la Fraction armée mité de certains artistes aux yeux du rouge en Allemagne, commettant as- public. Les Überartoffizer auraient donc lu Yves Michaud dans «L’art à l’état gazeux» publié en 2003, essai dans lequel il met en avant le principe que la création contemporaine est à mettre en parallèle avec l’industrie de la culture et la multiplication des musées, mis en place ces dernières années. Nous sommes entrés dans un monde qui est celui de la production culturelle également celui de la consommation. Nous consommons non seulement des produits mais des expériences et des sensations. L’instauration de la bourse en art se calquant sur les marchés boursiers ainsi que la proliférations de musées, fondations, centres de création, autant publics que privés, dont les configurations sont plus pensées comme des lieux de vente que comme des lieux au service des œuvres d’art, attisent l’idée que l’art est désormais considéré inconsciemment par le spectateur comme un bien de consommation avec une étiquette de valeur, bien plus que comme une œuvre singulière dénonçant ou illustrant un message ou la vision de son auteur. Il en résulte une affiliation entre le phénomène et une présence de plus en influente du secteur privé dans le milieu jusqu’alors public et proche du « sacré » des musées. En effet, l’influence de plus en plus importante des collectionneurs qui acquièrent et mettent de ce fait un prix afin d’évaluer le poids des collections amènent une mutation de l’art vers les biens de consommations et fait de l’art une valeur refuge, idée qui ne cesse de se développer depuis ces dix dernières années. La multiplication des lieux de monstrations ne servent plus qu’à cultiver le « profane », mais deviennent des entonnoirs privés de débats étalant des richesses au point d’y noyer les messages suscités par les artistes. pagande. Tous les soldats sont égaux entre eux, ils ne sont pas jugés par leur physique ou leur milieu social mais par leur action et la pierre qu’ils apportent à l’édifice du mouvement. Chaque membre du groupe, en portant sur son visage le masque à gaz, devenu accessoire emblématique, laisse son individualité de côté et met son corps entier et son esprit dans la cause commune. Le type de masque à gaz officiel des Artruppen est le GP5, de conception russe mis en service en 1955 et fabriqué par dizaines de millions d’exemplaires. Couvrant l’ensemble de la tête, offrant une protection rustique mais optimale, le choix de ce masque, dont le design est l’un des plus connu de la culture populaire, n’est pas sans rappeler les heures les plus sombres de l’histoire notamment à cause de la catastrophe nucléaire de Tchernobyl (26 février 1986), causant plus de 100 000 morts, en grande majorité dans les rangs des personnes, qui en échange d’une prime et d’un diplome sans valeur, ont été envoyé sans protection si ce n’est pour les plus chanceux munis du fameux GP5, aux abords et dans la centrale dans le but de déblayer les déchets radioactifs. Il est clair que tout en restant dans l’extrémisme politique, Artruppen souhaite brouiller les pistes et ne veut pas être la vitrine d’un extrémisme unique. C’est en grande partie pour cette raison que les uniformes que portent les miltants peuvent prêter à confusion. En effet, quelque soit le grade porté, chaque soldarten est équipé aussi assiduement qu’une reconstitution historique. Tous les éléments vestimentaires et équipements sont issus des stocks militaire de la défunte République Démocratique Allemande de 1956 à 1990 et de son armée : La Nationale Volksarmee (traduite par Armée Nationale du Peuple) durant la Guerre Froide. Inspirée directement des uniformes de la Wehrmarcht et épurée de tout élément humain proche de l’ancien gouvernement nazi, l’armée d’Allemagne de l’Est était l’armée la plus puissante des républiques populaires sous domination de l’Union Soviétique. C’est donc dans un soucis purement esthétique et moqueur que le mouvement adopta les uniformes d’une armée communiste qui pouvait facilement se faire passer auprès d’observateurs non avertis comme des éléments nazis et encore plus évoquateurs. Mais le plus important dans cet ensemble n’est pas le fait qu’un Par son comportement, les militant des Artruppen porte un Artruppen semblent ne pas vouloir masque à gaz avec un lourd passif, se soumettre à une quelconque au- mais plutôt que ce dernier cache son torité si ce n’est celle imposée par identité au point de le rendre physiles Überartoffizer. Dévouement, quement inhumain. Nous y revienloyauté, compétant, soumission, à drons quand nous aurons fini de traila hiérarchie, autant d’éléments qui ter la symbolique du mouvement. font naitre dans le groupe une idéologie du soldat parfait. Idéologie qui D’un point de vue représenest mise en avant dans la stratégie tation et organisation, les Artruppen globale de communication et de pro- se rapprochent de certains groupes activistes en fonction de leur ampleur mais aussi des moyens de communication utilisés, à savoir l’usage de faux et la guerre médiatique. D’un côté, créé en Suisse en 1994 par des artistes de différentes nationalités, etoy corporation* utilise le statut de l’entreprise et travaille aux frontières de l’art, de la politique et de l’économie. Rapidement, etoy corporation prend un caractère international et le nombre de personnes impliquées s’élève aujourd’hui à plusieurs centaines, réparties dans le monde entier et agissant de manière anonyme. Leurs interventions peuvent se lire comme des tentatives pour comprendre et montrer comment le champ économique influe sur les autres champs, afin de pouvoir s’y repérer. Une de leurs méthodes d’in- vestigation est l’incarnation plastique de valeurs virtuelles. Les formes de l’art miment alors celles de l’entreprise, y compris ses modes de financement, à cette différence près qu’etoy corporation n’a rien vendre. D’un autre côté, les Yes Men (les béni oui oui), deux activistes du canular (Jacques Servin et Igor Vamos, connus sous les pseudonymes de Andy Bichlbaum et Mike Bonanno), qui dénoncent le libéralisme par la caricature. En se faisant passer pour des intervenants de l’OMC, ils ont entre autres prononcé des discours satiriques sur la privatisation du marché des votes et sur l’apologie de l’esclavage à domicile, lesquels n’ont pas suscité de réaction parti culière de la part des spectateurs et participants présents, si ce n’est des remerciements. Ils ont ensuite diversifié leurs cibles, parmi lesquelles George W. Bush et le groupe chimique Dow Chemical. Enfin, pour conclure le premier volet de cette symbolique, il est nécéssaire de parler du monde du cinéma et du film «la vague» sortie en 2008, réalisé par Dennis Gansel et très librement inspiré par «La troisième Vague» de Ron Jones. «La troisième vague» est une étude expérimentale du fascisme menée par le professeur Ron Jones avec des élèves de première du Lycée Cubberley en Californie durant l’année 1967. N’arrivant pas à expliquer à ses élèves comment les citoyens allemands avaient pu laisser sans réagir le parti nazi procéder au génocide de populations entières, Ron Jones décida d’organiser une mise en situation qui s’averera concluante. Il fonda un mouvement étudiant sur une semaine nommé «la troisième vague» dont l’idéologie vantait les mérites de la discipline et de l’esprit de corps, et qui visait à la destruction de la démocratie, considérée comme un mauvais régime en raison de ses idées individualistes. Un bien étrange son de cloche quand nous nous souvenons que des rumeurs circulaient sur une possible fondation du mouvement des Artruppen par des étudiants de la faculté de lettres d’Aix en Provence. Pour ce premier niveau de lecture, nous pouvons en conclure que les artruppen peuvent être considéré comme une possible fiction cynique mettant en oeuvre différents éléments historiques pourtant opposés idéologiquement ensemble de manière à répondre à la cris de l’art contemporain. Pour sortir de cette crise, ils utilisent des moyens de communications répendus et des codes idéologiques extremistes afin de prôner un art «Pur» encadré par des hommes de goût qui dicterait l’équilibre entre la recherche technique et l’engagement de l’artiste à faire passer un message. Ils sont également une caricature du danger qui pourrait gueter la société si un rejet trop massif d’une idée nouvelle arrivait à se produire, comme un écho face à l’actualité d’aujourd’hui à la montée de l’extrémisme quelqu’il soit fait bien trop souvent les gros titres. L’histoire pourrait donc se répéter, comme un retour à l’Académisme dans le monde de l’art à cause d’une crise prolongée ou un retour de la suppression des libertés. Ceci étant, cette conclusion représente le niveau le plus facile de lecture que pourrait avoir un critique envers cette mouvance. Mais c’était sans compter un ecrtain nombre de références artistiques que le véritable sens des Artruppen va se réléver. Dans le monde de l’art, il existe 4 références qui peuvent se raccorder à l’univers des Artruppen. La plus évidente d’entre toute, si ce n’est la toute première référence que les Artruppen n’ont jamais eu, est « The Painter » (1995), vidéo de l’artiste contemporain américain Paul McCarthy. Dans cette oeuvre audiovisuelle, le plasticien interprète une version caricaturée à l’extrême de l’artiste abstrait, de l’acte créatif et du monde de l’art. Dans une atmosphère grotesque, bancale, l’artiste mutile à l’aide d’un hachoir les prothèses en latex qui lui servent de doigts, simule des actes sexuels sur ses toiles et son matériel de peinture, hurle, crie, aboie, geint, se prend pour un animal en déféquant dans un plante, et finit par se faire renifler l’arrière-train par un critique d’art tout aussi caricaturé. Il s’agit d’une satire de l’artiste peintre américain Willem De Kooning, par le biais d’une crise d’identité que caractérisent ces diverses scènes. C’est de cette performance que les Soldarten aurait pris conscience qu’une caricature bien orchestrée pouvait tout aussi bien qu’une représentation proche d’une réalité délivrer un message évident aux yeux des spectateurs. La deuxième référence est «Nantes Projets d’artistes», une vidéo rendue publique en 2001 ou Pierrick Sorin se met lui-même en scène pour incarner plusieurs artistes européens aux projets les plus loufoques et futuristes. il questionne donc par là la légitimité des artistes dans un format documentaire / reportage et la pertinance esthétique de sa démarche était elle que sûrement au moins un des membres fondateurs des Artruppen, selon les rumeurs, aurait été influencé par ce projet dont le détournement des codes télévisuels ont été déterminant dans l’éfficacité de la vidéo. La troisième référence est la théorie de «La main à 6 doigts» d’Eric Duyckaerts dans laquelle ce dernier évoque les bienfaits apportés à l’Homme que d’avoir un deuxième pouce à sa main. Il alimente sa thèse par des dessins d’anatomie, des vidéos, des sculptures et un semble d’autres supports afin de diversifier son point de vue et toucher le plus grand nombre de scientifique. Cette théorie a convaincu les Artruppen de la multiplicité des supports afin de convaincre son auditoire. La quatrième et dernière référence n’est autre qu’un projet méconnu mais au combien étonnant quand le spectateur y a été confronté. Il s’agit des «Trésors du Rhône» de Mark Dion, une installation qui a pris place en 2007 au musée des Arts Antiques d’Arles. Le visiteur de l’exposition principale, à la fin de celle ci, croyant se diriger vers la sortie, se retrouvait confronté dans une salle à une mise en scène d’un laboratoire d’études similaire à ceux existants dans ce même musée. Mais à la place des objets Antiques, ce sont des déchets et des babioles que l’on trouvait exposé sur les étagères et derrière les vitrines des armoires. Surpris par la supercherie, certains spectateurs passeront à côté du message de l’installation et iront même marquer dans le livre d’or du musée leur indignation envers le musée qui a dépensé une somme conséquente pour un art qu’ils ne reconnaissaient pas, contrairement aux objets antiques présentés plus tôt (dont des amphores retrouvées dans le Rhônes qui ne sont en réalité que des déchets antiques non réutilisible, les canettes en aluminium d’hier). La pertinance du contexte spacial et temporel sera retenu dans cette oeuvre par le mouvement. Pour des militants partis en guerre contre l’art contemporain dans un certain sens, le premier niveau de lecture se présente comme un terrible désavoeu. Ces 4 réfé- rences dites piliers sont la base même de toute réalisation des Artruppen et pose même la question de la véracité de l’ensemble du mouvement. Avons nous affaire à une fiction cynique? Un mouvement réel mais amplifié par ses productions? Pour anecdote, les Artruppen, dans leur mimiques et leur trait de caractères, ont souvent été rapproché des performances musicales et scéniques du Blue Man Group, un groupe artistique constitué par Phil Stanton, Chris Wink et Matt Goldman formé en 1988 à New York. Il est composé de trente-huit membres, dont les trois fondateurs et une femme : sept troupes, dont une basée toute l’année à Las Vegas, sillonnent le monde. Inspiré directement par le peintre Jackson Pollock, leurs performances allient avec subtilité la peinture, la musique, le théatre ainsi que l’intéraction avec le public, le tout interprété par les Blue Man, des entités a quelques détails prêt similaires, symbolisant le côté curieux et artistique qui sommeille en chaque individu. Si nous associons également la théorie de Sigmund Freud, célèbre médecin neurologien autrichien et inventeur de la psychanalyse*, sur le moi, le surmoi et le ça. Alors que le moi correspond à la partie défensive de notre personnalité et donc la plus consciente et le ça à l’émetteur des pulsions, le surmoi représente l’agent critique, l’interiorisation des interdits et des exigences parentales, sociales et culturelles. Il agit comme un gendarme interne et inconscient qui rejette les pulsions ou les canalisent. Et ce constat est primordial pour les Artruppen, si nous n’arrivons pas à identifier un Artruppen de manière individuelle, et que le surmoi se base sur des valeurs morales communes à un certain nombre d’humain, alors la personnification de la conscience morale pourrait très bien correspondre à celle d’un soldat Artruppen. Donc à la manière du Blue Man Group, la mouvance seraient une fiction cynique et une caricature de notre conscience morale qui, mise en commun avec d’autres consciences morales, agissent aussi violement que des pulsions sur ce qu’ils considèrent comme le bien ou le mal, le beau ou le laid. Les Artruppen seraient donc le reflet de notre alienation aux valeurs morales instaurée par une forme d’éducation globale et que même inconsciement, la morale peut aussi être un rejet de l’ouverture d’esprit qui permettrait une société d’avancer. HINTERHART - Mardi 1er Septembre 2015 En conclusion, depuis que l’Homme s’est posée la question de sa propre condition humaine, l’image au sens représentation visuelle de quelque chose, est un terme qui est perçu par nos sens. La perception est une connaissance qui fait de tout être un sujet devant les objets. Les perceptions, pour que l’être en soit sujet, doit en avoir conscience car la perception suppose la conscience. Le questionnement qui s’ensuit est si la sensation est objective ou subjective. L’image picturale est donc une représentation d’une représentation face à une recherche de la vérité qui tend plutôt à montrer qu’il peut exister un ensemble de vérité. L’apparition de la photographie et du cinéma ont forcé les Hommes à reconsidérer leur vision du réel et a tout changé dans l’histoire de l’art elle même. D’abord considéré comme un procédé artistique porteur d’un message de protestation et engagé selon les avant garde du début du XXème siècle, le photomontage devint progressivement la composante même de la propagande des états totalitaires, au même titre que le cinéma. Effacement de personnalités désavouées, assemblages d’affiches, rajouts d éléments permettant d’amplifier la puissance d’une image, réinvention de l’histoire, tout est bon pour organiser un culte de la personnalité autour du dictateur. Avec l’apparition dans les années 80 du Cross Média, de nombreux groupes jusqu’à alors militants conventionnels, deviennent des médiactivistes, c’est à dire un ensemble d’individus dont les armes sont essentiellement liées aux réseaux sociaux internet, à la culture underground/jamming. Prônant l’action directe, ces derniers sont à l’origine de nombreux coups d’éclats médiatiques par l’usage de faux, de diffusion de masse, de rassemblements Bibliographie illégaux dans le but de dénoncer une société aliénée régie par des règles favorisant le profit à l’Humanisme. Enfin, les Artruppen, groupe d’activistes militaire qui dénoncent ce qu’ils appellent le Rückstartding, une forme d’art dominante qui privilégie la renommée de l’artiste et le message que peut véhiculer l’œuvre à la pratique et la technique assidue du médium. Ils peuvent être considéré comme une possible fiction cynique mettant en oeuvre différents éléments historiques, pourtant opposés idéologiquement, ensemble de manière à répondre à la crise de l’art contemporain. Pour sortir de cette crise, ils utilisent des moyens de communications répendus et des codes idéologiques extremistes afin de prôner un art «Pur» encadré par des hommes de goût qui dicterait l’équilibre entre la recherche technique et l’engagement de l’artiste à faire passer un message. Ils sont également une caricature du danger qui pourrait gueter la société si un rejet trop massif d’une idée nouvelle arrivait à se produire, comme un écho face à l’actualité d’aujourd’hui à la montée de l’extrémisme quelqu’il soit fait bien trop souvent les gros titres. L’histoire pourrait donc se répéter, comme un retour à une forme d’Académisme dans le monde de l’art à cause d’une crise prolongée ou un retour de la suppression des libertés. Mais suivant un autre niveau de lecture, la mouvance seraient une fiction cynique et une caricature de notre conscience morale qui, mise en commun avec d’autres consciences morales similaires, agissent aussi violement que des pulsions sur ce qu’ils considèrent comme le bien ou le mal, le beau ou le laid. Les Artruppen seraient donc le reflet de notre alienation aux valeurs morales instaurée par une forme d’éducation globale et que, même inconsciement, la morale peut aussi être un rejet de l’ouverture d’esprit qui permettrait une société d’avancer. Sitographie «Devenir média, l’activisme sur internet entre défections et expérimenta- Histoire de l’empathie tions» Olivier Blondeau et Laurence Allard http://www.franceculture.fr/emission-l-essai-et-la-revue-du-jour-une-histoire-de-l%E2%80%99empathie-revue-gradhiva-2012-05-21 «Cours de Linguistique Générale» Ferdinand de Saussure 1916 Le Faux Soir «Hippias majeur» dialogue de PLaton http://archives.lesoir.be/le-faux-soir-l-8217-histoire-d-8217-une-vraieliberte_t-20110503-01DLDT.html «Ménon» dialogue de Platon Inspiration générale Livre VII de «La République» Platon https://unmondemoderne.wordpress.com/ « Les images peuvent-elles mentir ? » Laurence Hansen-Love 2007 «Histoire naturelle - LIVRE XXXV» Pline l’ancien vers 77 « En avant dada – l’histoire du dadaisme » Richard Huelsenbeck 1920 Manifeste du Surréalisme André Breton 1930 «Magritte-peintures» Patrick Wladberg 1983 « Magritte » Pere Gimferrer « Magritte » Sylverster David Juin 2009 « Discours de la Méthode » Descartes 1637 « Méditations Métaphysiques » Descartes 1641 « Simulacres et Simulation » de Jean Baudrillard « TAZ, Autonomous Temporary Zone » Hakim Bey 1991 Annexes Remerciements Je voudrais remercier dans un premier temps les Artruppen, qui ont supporté ma présence et mes blagues pas drôles depuis maintenant 5 ans. Ce fut une expérience inoubliable marquée par l'apprentissage, les bons moments et les chasses au dissidents. Ce mémoire leur ai dédié. Un grand merci à Pascal Césaro, Francois Landriot, Fabrice Métais, Jean Paul Fourmentraux, Renaud Bezy, Cyril Blazy et Marc Chostakoff sans qui je n'aurai jamais eu les outils pour réaliser ce mémoire. Remerciements exclusif au H264 crew, promotion 2015 posay, qui m'ont fait avalay ces deux ans de Masta plus easy. Big Up. La propagande par le cinéma http://propagande-par-le-cinema.over-blog.com/pages/Un_exemple_ de_film_de_propagande_sovietique_Octobre_de_Serguei_Eisenstein-4416414.html Les photomontages marquants de l’histoire de l’humanité http://twistedsifter.com/2012/02/famously-doctored-photographs/ Le surréalisme http://elisabeth.kennel.perso.neuf.fr/le_surrealisme.htm Histoire du photomontage http://evene.lefigaro.fr/arts/actualite/photomontage-heartfield-sovietiqueretz-mois-photo-553.php Théorie critique http://www.dicopo.fr/spip.php?article107 Symbolique de Matrix https://www.youtube.com/watch?v=QrGeSQo11XY Culture Jamming https://en.wikipedia.org/wiki/Culture_jamming S 423 Conclusion