MPS : Sur les traces de la police scientifique

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MPS : Sur les traces de la police scientifique
MPS : Sur les traces de la police scientifique
Le lundi 2 novembre, nous sommes allés à l’Université de Lausanne (UNIL) pour
découvrir le travail de la police scientifique lors d’un atelier à l’Eprouvette.
1) La police scientifique et son protocole lors d’une enquête:
Tout d’abord définissons le terme « police scientifique » : c’est un service policier
chargé de recueillir et d'interpréter les indices laissés sur les scènes de crime par des moyens
scientifiques ou techniques. Elle permet donc d’apporter une aide à la résolution d’une
enquête, qu’elle porte sur un crime, une quête d’identité, un cambriolage… La division de la
logistique opérationnelle (qui s’occupe du budget général, du personnel, ainsi que de la
sécurité du site et de la maintenance des locaux), le centre national de recherche, de
documentation et d’information, le service central d’identité judiciaire, le service central de
documentation criminelle et le service de l’informatique et des traces technologiques sont
les cinq services composant la police scientifique.
En Suisse, les différents acteurs d’une enquête criminelle sont : le procureur, la police
scientifique, la médecine légale, la police de sûreté, la gendarmerie et les experts externes.
Le procureur représente le ministère public lors de la poursuite en justice, la police
scientifique, quant à elle, s’occupe de recueillir et d’analyser les traces et les indices laissés
sur les scènes de crime. La médecine légale autopsie la victime en cas de meurtre pour
tenter de trouver la cause et l’heure de la mort et ce au moyen de plusieurs observations :
pour la cause, elle cherchera la présence de poison dans l’organisme, de blessures
mortelles… et pour l’heure, elle observera la putréfaction, la rigidité cadavérique (qui
correspond au raidissement du cadavre environ 30 minutes à deux heures après la mort puis
à la disparition de celui-ci lors de la putréfaction 2 à 4 jours après), la température du corps
et la présence d’insectes nécrophages. La police de sûreté et la gendarmerie collabore avec
les brigades spécialisée en auditionnant les témoins et en faisant des recherches ; tandis que
les experts externes communiquent leurs déductions à la police scientifique.
Procureur
Police
scientifique
Police de
sûreté
Gendarmerie,
Experts externes
Médecine
Légale
Lors de la découverte d’une scène de crime, un protocole très strict et minutieux est
mis en place. En particulier, une tenue vestimentaire spéciale est imposée. Elle est
composée d’une charlotte pour les cheveux, d’un masque, d’une blouse, de gants ainsi que
de protections pour les chaussures afin de ne pas déposer d’autres traces qui
compliqueraient et retarderaient l’avancée de l’enquête. Ensuite, il faut observer la scène de
crime avant de toucher et d’analyser quoi que ce soit. On doit après la délimiter et la
sécuriser à l’aide d’un ruban. Ensuite, il faut photographier la scène dans l’ensemble et en
faire un schéma vu du dessus afin de garder en mémoire la disposition des choses après la
récolte des traces. Ces dernières, lorsqu’elles sont pertinentes, sont photographiées avec
une réglette à leur côté (pour se souvenir de leurs dimensions) et numérotées. Elles sont
ensuite récoltées et stockées dans des sacs ou boîtes en plastiques de façon individuelle afin
d’éviter leur contamination ou leur destruction. Le but de cette recherche est de trouver le
plus de traces possibles en partant du plus général pour aller au plus particulier.
Sur une scène de crime, la police scientifique est susceptible de trouver des traces de
différentes natures qui les aideront dans la résolution de l’enquête. Ces traces peuvent être
des empreintes de pas (à récolter en premier car elles peuvent facilement être détruites),
des outils (comme par exemple un pied de biche pour forcer un coffre…), des traces
digitales, des cheveux, de l’ADN (présent dans un bulbe de cheveux, dans un morceau de
peau, dans du sang, dans de la salive…), des fibres (qui sont soit animales, soit végétales, soit
synthétiques), des éclats de verre, des traces d’oreilles sur la porte, des documents (carte de
visite, menaces…), des stupéfiants, de l’argent, des traces de pneus, de peinture…, des armes
(arme blanche, arme à feu…), des douilles, de la poudre…
On estime qu’il y a cinq questions élémentaires à se poser lors d’une enquête
policière : « qui ? », « quand ? », « où ? », « comment ? » et « pourquoi ? ». « Qui ? » pour
trouver le coupable ; « quand ? » pour trouver l’heure et la date ; « où ? » pour trouver le
lieu ; « comment ? » pour trouver le mode opératoire ; et « pourquoi ? » pour trouver le
mobile.
2) Notre enquête à l’Eprouvette :
Le concierge de l’UNIL a été victime d’un cambriolage après lequel on l’a retrouvé
mort. L’UNIL a donc fait appel à l’équipe des TICS de Valmont (Techniciens en Identification
Criminelle) pour réaliser cette enquête. Nous avons donc enfilé gants, masques, blouses,
charlottes et couvres-chaussures et commencé notre enquête, guidés par Madeleine.
Nous arrivons sur la scène de crime. Après l’avoir observée, une photo générale a été
prise et deux schémas vus du dessus ont été réalisés. On pouvait notamment observer un
cadavre et un coffre-fort ouvert qui semblait avoir été forcé. Deux traces de chaussures en
bon état ont été repérées et relevées grâce à un papier collant appelé papier Schneider.
Ensuite notre équipe de TICS a commencé à photographier, mesurer puis récolter toutes les
traces pertinentes et utiles que nous avons découvertes. Nous avons réalisé un moulage
d’une marque visible sur le coffre-fort à l’aide de sta-steal et d’un catalyseur. Nous avons
également vérifié que les gouttes visibles par terre étaient bien des gouttes de sang avec un
produit spécial appelé le luminol qui réagit et devient fluorescent dans le noir lorsqu’ il est
en contact avec du sang. Nous avons donc relevé des empreintes de chaussures sur le sol et
sur une feuille de papier, du sang, des chaussures, plusieurs CD, des bouteilles, des verres,
une fibre, un moulage de la trace sur le coffre, une trace d’oreille sur la porte, une carte de
visite, un tournevis, de l’argent et une poudre blanche, peut-être un stupéfiant, dans les
poches de la victime, de la salive, une trace noire dans un verre, un cheveu, un plan (carte de
l’UNIL et ses alentours), une douille et une balle.
De retour au laboratoire, nous nous sommes attaqués à l’analyse des différentes
traces récoltées. Nous avons commencé par le plan : en effet, lorsque l’on écrit un message
sur une feuille qui est superposée sur une autre, il est possible de le retrouver « gravé » sur
la deuxième feuille. Nous avons supposé que c’était le cas ici et avons donc utilisé une
machine appelée « ESDA » (abréviation de « Electro-Static Deposition Analysis »). C’est une
machine chargée électriquement sur laquelle on pose la feuille à analyser (ici le plan) que
l’on recouvre de film plastique pour la protéger. Après avoir chassé l’air entre la feuille et le
film plastique, on dépose à l’aide d’un pinceau une poudre magnétique spéciale attirée par
la machine qui va venir se déposer dans les creux formés par la mine du crayon et faire
apparaitre le message écrit sur la feuille du dessus (même principe que l’aimant). On a pu
faire apparaitre les mots suivants : « rdv », « UNIL », « super », « AS »…
Pour relever les traces digitales, il existe deux manières : la manière chimique et la
manière physique (par poudrage). Une empreinte digitale est une trace de graisse produite
par des glandes sous la peau et de sueur, laissée par un doigt sur une surface. La manière
chimique met en évidence la présence des empreintes en les éclairant avec une lumière
verte spécifique, dans le noir. Grâce à des lunettes spéciales on peut observer ces
empreintes qui ne sont pas visibles à l’œil nu. La manière physique, elle, utilise de la poudre
magnétique qui se colle sur la trace à cause de la graisse et de la sueur. Néanmoins, la
manière chimique, bien que plus destructrice, est plus efficace pour relever des empreintes
sur des surfaces autres que du verre. Au laboratoire nous avons essayé ces deux techniques.
Grâce à l’empreinte trouvée, nous avons pu la comparer avec celles des dix suspects
potentiels, et avons fait une correspondance avec le suspect numéro six. La police a aussi
recours au FAED qui est le fichier automatisé des empreintes digitales. En effet, chaque
dessin digital est unique et permanent : personne n’a le même et il dure toute notre vie.
Sans eux, il nous serait impossible de saisir des objets, ils nous glisseraient des mains. Pour
différencier les empreintes, on a recours à l’analyse de la forme générale puis aux
particularités. La forme générale est composée de trois grandes familles : les verticilles, les
boucles et les arcs. Les particularités, elles, peuvent être des arrêts de crête, des
bifurcations, des verrues ou des cicatrices. On considère que les deux empreintes comparées
sont les mêmes lorsqu’on a au moins douze particularités en commun.
Arrêt de crête
Bifurcation
Nous avons ensuite analysé les deux empreintes de chaussures relevées avec le
papier Schneider en les comparant avec celles du suspect numéro six et les deux empreintes
correspondaient. On cherchait, comme pour les empreintes digitales, des particularités telles
que des trous, des fentes, etc. Pour encore plus de précision, grâce à un transparent de
l’empreinte de la chaussure du suspect, nous l’avons comparé en le superposant à
l’empreinte retrouvée sur la scène de crime. Grâce à ces techniques, nous avons pu affirmer
que les empreintes trouvées sur la scène de crime correspondaient bien à celles des
chaussures du suspect six.
Après, nous avons travaillé sur les différents types de fibres qui existent afin de déterminer à
quelle catégorie appartenait celle trouvée sur la scène de crime. Une fibre est ce qui forme
la matière textile. Nous avons donc découvert qu’il existait trois types de fibres : les fibres
synthétiques (qui sont des fibres régulières avec des formes de sections particulières et où il
y a la présence de délustrant), les fibres animales (qui ont des écailles, un canal médullaire et
sont irrégulières) et les fibres végétales (qui sont très irrégulières, formées de
circonvolutions, de plis et composées d’amas de plusieurs fils). On les analyse au
microscope. La notre était une fibre végétale.
3) Notre conclusion et avis :
La conclusion de toutes nos observations et analyses est que tout tendait à croire que
le suspect numéro six était coupable, même si nous n’avons pas eu de confirmation.
Néanmoins nous aurions pu faire une analyse ADN grâce à la salive retrouvée sur le verre par
exemple afin d’obtenir plus de preuves sur la culpabilité du suspect numéro 6. Un point
important dans le jugement final est de ne pas se fier aux apparences car ici, par exemple, le
suspect numéro six était à première vue une personne tout à fait banale.
Nous avons un avis semblable concernant ce travail d’équipe à l’UNIL : c’était à la fois
amusant et instructif. Si cela était à refaire nous le referions avec plaisir !
CAMILLE BEZIAT ET CAPUCINE HIPPOLITE