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VINS
Les fûts de chêne
de la cave de Castello
di Fonterutoli.
Le chianti monte en gamme
QU’IL EST LOIN LE TEMPS DES FIASQUES DE PAILLE! LE POPULAIRE ROUGE TOSCAN
VISE LE SOMMET DES VINS ITALIENS AVEC LA GRAN SELEZIONE DU CHIANTI CLASSICO.
R
TEXTE PIERRE THOMAS
econnaissable à son sigle du coq noir («gallo
nero»), le Chianti Classico a mis un toit pointu sur
sa «maison». Depuis deux ans, la Gran Selezione
coiffe les deux catégories, la base (de l’année) et
la Riserva. Ce nouveau «sommet de la pyramide»
des vins toscans avait été jugé avec scepticisme,
par certains producteurs eux-mêmes, à son lancement. Ils n’étaient, en effet, que 35 en février 2014 à faire déguster leurs
vins à Florence. Un an plus tard, 68 sur quelque 600 caves proposent
75 étiquettes de Gran Selezione! Au total, certes, un petit 4% du Chianti
Classico (contre 23% à la Riserva et 73% au vin de base).
La «réserve» constituait jusqu’ici le sommet, avec un vin élevé
en fût de chêne et souvent très boisé (24 mois d’élevage). La Gran
Selezione fixe un élevage encore plus long (30 mois) mais pas le type
de fûts, grands, petits, en bois neuf ou usagé... De sorte que les œnologues des domaines ont mis la pédale douce: les Gran Selezione sont
plus «modernes», moins axées sur le bois que les Riserva.
En valorisant la Gran Selezione, les producteurs et leur organisme de défense, le Consorzio Vino Chianti Classico, veulent extraire
le chianti de l’anonymat du vin de pizzeria. Mais ils n’ont pas simplifié la législation, en ajoutant une «couche» supplémentaire à un
cahier des charges au bénéfice de la «dénomination d’origine contrôlée et garantie» (DOCG). C’est que ce vin rouge n’est pas simple
à comprendre! En 2016, il va fêter les 300 ans de la délimitation de
la région de production, entre Florence et Sienne. Mais au contraire
de la Bourgogne ou de Bordeaux, la Toscane s’est toujours refusée
à classer ses terroirs en crus. Et cela s’explique: ses 7000 hectares
de vigne sont très dispersés parmi les collines; l’altitude (entre
250 à 700 m) et l’orientation des vignobles varient, ce qui joue un
grand rôle dans la qualité du vin. On dira qu’il possède une grande
ambiguïté identitaire. Même si on peut le décrire ainsi: souvent
charmeur dans sa jeunesse, bien soutenu par une acidité sapide, et
qui peut s’améliorer dans le temps, grâce à des tanins qui appellent
un élevage en bois pour s’arrondir...
Depuis le XIXe siècle, le chianti est un vin d’assemblage de
cépages. Ainsi l’a voulu le baron Bettino Ricasoli, homme politique
italien, qui préconisa une base de sangiovese, complété par du
canaiolo et même un peu de malvoisie, un raisin blanc. Il a fallu
attendre la fin du XXe siècle pour que le blanc soit exclu du Chianti
Classico et qu’on tolère que celui-ci soit fait soit avec un apport
de 20% de cépages locaux (comme le canaiolo) ou internationaux
(merlot, cabernet sauvignon, syrah). La Gran Selezione n’a pas mis
d’ordre dans cette recette multiple, comme le montre notre propre
sélection (ci-dessous): chaque producteur est libre de proposer un
vin de pur sangiovese ou un assemblage.
La Gran Selezione n’est pas non plus une sélection parcellaire
(issue d’un parchet précis), mais exige que les raisins proviennent
du domaine figurant sur l’étiquette. Certains, pourtant, ont préféré
isoler l’une ou l’autre parcelle, ouvrant ainsi la porte à une classification
de crus du Chianti Classico... Ce printemps, le président du Consorzio,
Sergio Zingarelli, a du reste annoncé une démarche de définition de
plusieurs terroirs du Chianti Classico, mais rien de précis. Les déboires
du classement de Saint-Emilion, dans le Bordelais, attaqué en justice
à chaque renouvellement, tous les dix ans, sont de nature à refroidir
les Toscans, fiers de leurs domaines où l’huile d’olive a, de tout temps,
autant d’importance que le vin.
30
Barone Ricasoli,
GS Castello
di Brolio 2011
Sangiovese 80%,
cabernet sauvignon
10%, merlot 5%,
petit verdot 5%,
41 500 bout.
Brancaia, Zurich,
55 fr. le 2010
(www.vinothekbrancaia.ch). Vin
puissant, équilibré,
avec un boisé encore
perceptible.
Castello di Ama,
GS San Lorenzo
2011
Sangiovese 85%,
merlot 8%,
malvoisie noire 7%,
95 000 bout.
Martel, Saint-Gall,
30 fr. 50 fr. le 2010
(www.martel.ch).
Nez puissant, presque
goudronné, fumé,
tanins fermes,
jeune et un peu
brut encore.
Antinori, GS Badia
a Passignano 2010
Sangiovese 100%,
115 000 bout.
Bindella, Zurich,
37 fr. 50 fr. le 2009
(www.bindella.ch).
Nez de fruits
sauvages,
bonne structure,
puissant, long
en bouche,
encore marqué
par le bois
(du chêne hongrois).
Principe D.
Corsini, GS Don
Tommaso 2010
Sangiovese 80%,
merlot 20%,
5 000 bout.
DIVO, Penthalaz,
32 fr.
(www.divo.ch).
Nez de fumée
froide, typé merlot, beau volume,
belle fraîcheur,
avec une pointe
de suavité.
Fonterutoli-Mazzei, GS Castello
Fonterutoli 2011
Sangiovese 92%,
malvoisie noire 5%,
colorino 3%,
60 000 bout.
Arvi, Melano (TI),
34 fr. 50 fr. le 2010
(www.arvi.ch).
Nez de fruits rouges,
note de cerise
amarena, notes
boisées qui
s’estompent déjà.
PHOTOS: DR
ENCORE!
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MODE 2015
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