La gestion sédimentaire - Syndicat de rivières Brévenne Turdine
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La gestion sédimentaire - Syndicat de rivières Brévenne Turdine
Pourquoi restaurer la dynamique sédimentaire des cours d’eau ? Pendant de nombreuses années, les hommes ont construit des ouvrages sur les rivières afin de faciliter les usages de l’eau (alimentation en eau potable, irrigation, pêche…). Ils ont aussi cru qu’en rectifiant les méandres des cours d’eau et en transformant systématiquement les berges, il serait possible de lutter contre les inondations. Pourtant, cet équilibre perturbé va à l’encontre d’une protection efficace contre les crues et influe sur la qualité de l’eau qui nous est pourtant si précieuse. Si la gestion des rivières a longtemps résulté d’une logique individuelle (chacun gère au droit de sa parcelle), il est aujourd’hui primordial de penser la rivière dans sa globalité, de la source à l’exutoire. Action B1-1-6 La gestion sédimentaire • Limiter le débit des eaux en cas de crue A l’état naturel, la rivière est sans cesse en transformation. En érodant ses berges, en sortant parfois de son lit, elle se crée elle même de nouvelles zones de passage et modifie son cours. Mais cette dynamique est aussi celle qui lui permet de dissiper l’énergie engendrée par sa pente et le débit des eaux lié aux précipitations. A force de vouloir contrôler cette évolution naturelle par les curages, la rectification des méandres ou les endiguements, les hommes ont finalement limité la capacité des cours d’eau à s’autoréguler et ces travaux n’ont fait que renforcer les inondations dans les zones aval. > Sans cesse en mouvement, les rivières oscillent en permanence autour d’un équilibre entre les matériaux qu’elles transportent (les sédiments issus de l’érosion) et l’eau capable de les évacuer. C’est la dynamique fluviale. Restaurer l’équilibre naturel de la rivière est donc nécessaire à la lutte contre les inondations. • Restaurer une bonne qualité des eaux Pourtant, cet équilibre morphodynamique est parfois perturbé par les actions de l’homme sur les cours d’eau. C’est le cas sur le bassin versant Brévenne-Turdine, dont les rivières peinent localement à atteindre cet équilibre sédimentaire. Le fonctionnement physique naturel des rivières et leur mouvement perpétuel confèrent aux cours d’eau une diversité fondamentale au maintien d’une bonne qualité d’eau. La flore présente dans les lits des rivières ou sur les berges abrite par exemple des bactéries qui, en « digérant » certains polluants comme les phosphates ou les nitrates, jouent un rôle de dépolluant naturel. Restaurer le fonctionnement physique des cours d’eau est donc, outre les actions menées pour réduire > les rejets de produits nocifs, une condition essentielle au maintien d’une bonne qualité des eaux. • Favoriser la continuité écologique des cours d’eau La libre circulation des organismes vivant dans les cours d’eau et leur accès aux zones indispensables à leur reproduction, leur croissance, leur alimentation ou leur abri, fait partie intégrante du bon fonctionnement des rivières. > La préservation de ces communautés est un gage de préservation de la qualité de l’eau, de la faune et de la flore. 04 77 39 06 66 Truite fario La Turdine Action de replantation de ripisylve Syndicat de Rivières Brévenne - Turdine 117 rue Passemard - BP 41 69 592 L’ Arbresle cedex Tél : 04 37 49 70 85 Fax : 04 37 49 70 94 Inondations à Sain-Bel, novembre 2008 Quel rôle les sédiments jouent-ils dans les rivières ? Qu’est ce que la dynamique fluviale ? Pourquoi restaurer le transport sédimentaire ? Quelles sont les actions du SYRIBT ? COMPRENDRE Le transport sédimentaire perturbé La dynamique fluviale Toute rivière naturelle mobilise dans ses eaux des éléments solides plus ou moins volumineux, issus de l’érosion de son lit, de ses berges, ou de l’érosion naturelle des versants situés en amont du bassin. Ces sédiments sont transportés par l’eau, comme sur un tapis roulant au mouvement discontinu, dont l’intensité varie selon les périodes de crue ou les étiages. Par ce phénomène, le cours d’eau ajuste sa pente, la géométrie de son lit, conformément aux caractéristiques de la vallée dans laquelle il s’écoule. Ainsi, un tronçon de plaine large et peu pentue verra se déposer des matériaux, alors qu’un secteur montagneux fournira des matériaux, mis rapidement en transit par la force des écoulements. glissement de terrains érosion des versants Pour comprendre la notion de “transport solide”, on peut découper le bassin versant d’une rivière en trois grandes zones : 1 d’après M. Kondolf Sur le bassin versant Brévenne-Turdine, le transport sédimentaire naturel des rivières a largement été altéré par l’action de l’homme, et nos rivières, dont les morphologies ont été modifiées, peinent aujourd’hui à trouver leur équilibre. Les causes de ces perturbations sont diverses : • Les seuils Ces ouvrages en pierre ou en béton visent à réhausser le niveau d’eau. Ils ont été construits à l’origine pour l’irrigation des terres de fond de vallée, pour faire tourner la roue d’un moulin, alimenter un plan d’eau, abreuver le bétail ou protéger les fondations des ponts contre la déstabilisation… Edifiés en travers des cours d’eau, les seuils bloquent les sédiments qui s’accumulent en amont, accentuant le réhaussement du lit de la rivière. En aval au contraire, le déficit en sédiments entraîne une aggravation des érosions de berge et une incision en profondeur du lit du cours d’eau, qui « cherche » à se recharger en matériaux solides afin d’ajuster sa géométrie. Le saviez-vous ? Sur le bassin versant Brévenne-Turdine les seuils stockent plus de 30 000 m3 de sédiments dans le cours des rivières. bancs de graviers 2 3 Le seuil de la Randonnière avant travaux • L’aménagement artificiel des berges Les différents murs, enrochements et autres ouvrages édifiés afin de fixer les berges et de stopper l’érosion déconnectent la rivière de ses zones de fourniture en matériaux, limitant sa recharge en sédiments. Ils favorisent aussi par leur manque de rugosité, une accélération des vitesses d’écoulement et du transit des sédiments, limitant leur dépôt au fond du lit. Afin de compenser ce manque, la rivière creuse davantage son lit à la recherche de nouveaux matériaux, rendant ainsi les berges et les ouvrages instables. Érosion 1 Zone d’érosion en amont de la rivière. Tapis roulant 2 Zone de transport des sédiments. Elle peut être assimilée à un tapis roulant à mouvements saccadés qui véhicule les sédiments issus de la zone d’érosion. Stockage 3 Zone de dépôt, située à l’aval. Elle permet un stockage des graviers transportés. Les nouvelles constructions alors édifiées pour les protéger ne font qu’aggraver ce phénomène en incitant la rivière à creuser encore et encore… LES ATTERRISSEMENTS : Ces bancs graveleux composés de sédiments transportés par l’eau se forment de manière naturelle dans le lit des rivières et font partie intégrante de la dynamique fluviale. En principe, ils restent mobiles : la crue suivante les remobilisera et ils continueront leur cycle vers l’aval. Cependant, lorsque la rivière n’a plus la dynamique suffisante pour transporter ces sédiments, pour des raisons naturelles ou liées à l’action de l’homme (vitesse plus faible à cause d’un ouvrage en travers du cours d’eau), ils peuvent se stabiliser et finir par se végétaliser. Cette végétalisation peut être alors préjudiciable au bon écoulement de l’eau et représenter un obstacle en période de crue. Idée reçue ! La Turdine Avauges On pense souvent qu’il est nécessaire de curer les rivières, notamment pour lutter contre les inondations. Pourtant, les matériaux déposés en période de décrue sont mis en mouvement lors de la montée des eaux, et ce bien avant les débits entraînant le débordement. En revanche, le curage entraîne un déficit local en matériaux que la rivière comble en accentuant les érosions, ce qui risque ainsi de déstabiliser les ouvrages. Berge aménagée