Le chantier d`une ville de demain La Corée du Sud

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Le chantier d`une ville de demain La Corée du Sud
INCHEON, VILLE GLOBALE
Diffusion sur Arte le 13.03.2010
Aujourd’hui, je vais vous parler d’une ville, ou plutôt d’une zone de développement urbain et économique,
immense, qui est en construction depuis 4 ans, et qui sera achevée vers 2020.
Le chantier d’une ville de demain
On n’est pas toujours conscient que la Corée du Sud
est désormais l’une des premières économies
mondiales, la 14e exactement, en terme de PIB.
Séoul, la capitale, regroupe à elle seule 10 millions
et demi d’habitants, sur les 48 que compte le pays.
Le territoire, limite au développement
urbain de Séoul
Une nouvelle ville est en train de sortir de terre, un
projet global, regroupant à la fois une ville à hautes
technologies, robotique et domotique, un centre de
recherche scientifique, l’un des plus grands
aéroports, le plus grand port à conteneurs au
monde, une université internationale, un immense
parc, une ville d’affaire, des logements, et aussi une
ville touristique au bord de la mer.
Tout cela est en chantier et sera fini dans une
dizaine d’années.
Nous sommes là, au bout du continent eurasiatique,
en Corée du sud.
La Corée du Sud, puissance économique
mondiale
Séoul est appelée à se développer, en termes
démographiques, comme en termes économiques ;
c’est une ville extrêmement dynamique, mais elle a
l’inconvénient d’être dans un site encaissé, et
localisée à une quarantaine de kilomètres de la mer.
Dès lors, où donc se développer ? Où trouver de la
place. Et quel type d’espace ? Or, en Corée, les
contraintes sont nombreuses.
La première contrainte, c’est cette chaîne de
montagnes, les monts Taebek, et les Sobaek, qui
longent toute la péninsule.
80 % du territoire de la Corée est occupé par les
reliefs.
Ce qui laisse peu de place pour les terres arables,
les rizières notamment, et peu de plaines pour un
urbanisme étalé.
La République de Corée fait environ 100 000 km 2.
La population est de 48,5 millions d’habitants.
Le drapeau de ce pays reprend le symbole taoïste du
yin et du yang et les 4 trigrammes issus du Yi Qing,
le livre des mutations chinois.
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La division de la péninsule coréenne
d’avion d’une soixantaine de villes, de plus de 1
million d’habitants en Asie du Nord.
En tout cas c’est ce que font valoir les promoteurs,
publics et privés.
L’ensemble devrait représenter 41 milliards de $
d’investissement sur le budget de l’Etat, sur 10 ans
environ.
Cette zone de libre échange d’Incheon est en partie
gagnée sur la Mer Jaune, en créant plusieurs
polders.
Le tout fera 209 km2, soit à peu près le tiers de la
superficie de Singapour, ou de celle de Séoul.
Yeongjong
La seconde contrainte, c’est que la péninsule est
politiquement divisée en deux Etats. Il y a une
Corée du nord depuis 1948, et la réunification n’est
visiblement pas pour demain, je l’ai évoqué la
semaine dernière.
Donc, pour se libérer de cette double contrainte, le
pays a décidé de combiner trois facteurs : la
technologie, l’investissement public, et la mer.
Une ouverture maritime
Au début des années 2000, le gouvernement sud
coréen lance un projet majeur, en créant quasiment
de toute pièce une « ville globale ». Elle se construit
actuellement sur des sites riverains de la mer jaune,
reliés à la ville de Incheon, la troisième ville de
Corée, elle-même assez proche de Séoul, la capitale,
à 40 kilomètres de là, à l’intérieur des terres.
Le plan est donc de créer un continuum urbain,
entre la Mer Jaune et la capitale du pays, en
donnant à celle-ci une ouverture maritime.
On a affaire à une mégapole internationale, conçue
comme telle, articulée en trois cités proches, toutes
connectées, mais bien différenciées dans leurs
fonctions.
Il s’agit en fait de créer un hub financier, de
services, de technologies et de logistiques,
d’habitats et d’enseignements, à moins de 3 heures
Donc premier district, partiellement gagné sur la
mer, Yeongjong, 138 km2, c’est le futur grand pôle
logistique du pays.
L’île accueille déjà un immense aéroport
international, ouvert en 2001 et construit sur des
polders. Cet aéroport semble actuellement
surdimensionné mais dans quelques années il sera à
la mesure des échanges générés à l’échelle régionale
et internationale. D’ailleurs, une zone franche, plus
un complexe logistique se développent tout près de
l’aéroport.
Songdo
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Deuxième district, plus au sud, Songdo: 53 km2,
relié à l’aéroport international par l’Incheon Bridge.
Ce pont, ouvert en octobre 2009, fait 12 km de long,
c’est le cinquième plus grand pont suspendu au
monde.
Cité du business, Songdo sera aussi un pôle pour la
connaissance et les hautes technologies.
Des projets complémentaires et
indépendants
Cheongna
Regardons maintenant le district de Cheongna, 18
km2, au nord de Songdo.
Ville d’affaires et de divertissement, Cheongna
s’articule autour de trois pôles principaux :
- premièrement les affaires, avec un centre
financier et une
« business city »,
- ensuite on trouve les hautes technologies, avec un
parc hi-tech destiné à la recherche et au
développement, d’ailleurs l’entreprise coréenne
Daewoo y aura un centre permanent.
- Et puis dernier pôle, les loisirs et le
divertissement, avec de nombreux parcs à thème,
dont une cité entièrement dédiée aux robots.
Si on se replace maintenant à une échelle plus large,
on constate que chacun des trois districts aura une
identité propre :
- logistique et tourisme pour Yeong-jon,
- business international et technologies pour
Sondgo,
- divertissement et finance pour Cheongna.
Et pourtant, les concepteurs ont voulu que ces trois
cités soient complémentaires et indépendantes,
faisant en sorte que chacune puisse offrir un peu de
tout.
Incheon-Séoul, mégalopole du futur ?
La création de cette mégalopole de 30 millions
d’habitants, allant d’Incheon à Séoul, laisse mesurer
la capacité centralisatrice du gouvernement coréen.
A l’échelle du pays, ce territoire va permettre la
croissance de la capitale, surtout vers l’Ouest, et en
la dotant d’une ouverture sur la Mer Jaune.
Ce que j’ai voulu vous montrer, c’est la posture extrêmement volontariste de ce pays.
De plus, la Corée vient d’achever le cycle de négociations avec l’Union européenne, l’Accord de Libre échange
entre les deux ensembles a été mis en route depuis octobre 2009.
Du point de vue coréen, c’est un avantage commercial très important.
C’est aussi à Séoul que se tiendra pendant l’été 2010, le prochain G 20. C’est là aussi une autre reconnaissance
internationale.
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Mais évidemment, on peut se poser des questions sur la continuité des investissements privés dans la zone de
libre échange de la mégapole en construction, compte tenu de la crise actuelle.
Mais aussi sur la compatibilité d’une telle mégapole avec des objectifs de croissance verte, déclaré par l’actuel
gouvernement. L’analyse du futur bilan énergétique d’une telle citée, qui reste encore à naître, pose évidemment
pas mal de questions.
En tout cas, ce que j’ai trouvé de frappant, c'est qu’à quelques dizaines de km de là, on trouve la frontière avec
la Corée du Nord, la zone démilitarisée, où l’on constate les reliques d’une guerre qui a bientôt 60 ans. Et
toujours pas de traité de paix.
Et de l’autre, la Corée du Sud qui construit, investit, invente, et innove. Peut-être pas totalement dans le bon
sens, mais un petit peu comme si, une fois encore, il n’y avait pas d’autre choix.
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