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SÉQUENCE PÉDAGOGIQUE 2 FRANÇAIS 1 re L’écriture de l’intime > PAR STÉPHANE GOUGELMANN, PROFESSEUR DE LETTRES Place dans les programmes JULES RENARD • TDC N° 987 38 Auteur d’un journal intime et d’une œuvre publiée qui ressemble à son Journal, Jules Renard affirme ne jamais rien conter en dehors de lui-même, que ce soit sous forme romancée ou autobiographique, en tant que personnage central ou acteur secondaire. Les écrits de Jules Renard peuvent donc faire l’objet d’une étude dans le cadre du programme de 1re L concernant l’autobiographie. Leur maniement pédagogique est aisé, l’ambition de l’homme de lettres étant d’être compris de tous. Sa langue est simple et l’approche de son œuvre ne réclame aucune érudition. Objectifs et démarche Il s’agit de se familiariser avec un écrivain qui n’est certes pas oublié, mais qui ne connaît plus guère les faveurs des manuels scolaires. Cette séquence fournit l’occasion de découvrir une écriture vibrante de vie, pleine d’humour et qui, à bien des égards, contient les linéaments d’une esthétique qui se développe au XXe siècle, comme le remarque Sartre dans un article de Situations I. À ce titre, il sera aisé d’opérer des rapprochements avec des écrivains français contemporains. Dans cette perspective, nous proposons un extrait de Lambeaux de Charles Juliet (DOC H ) et un autre issu du Journal du dehors d’Annie Ernaux (DOC I ). Le corpus proposé invite à cerner la notion d’intime. L’intime renvoie à l’intériorité du sujet mais est également relationnel : il n’y a pas d’intime sans altérité, de moi sans nous, d’identité sans étrangeté. Pour cette raison, Renard est enclin à se peindre en situation, c’est-à-dire dans un rapport au monde qui le nourrit ou le menace. Ainsi, si le premier texte (DOC A ) s’apparente à un autoportrait, les autres – extraits de Poil de Carotte (DOC B ), du Journal (DOCS E et F ), de Nos frères farouches (DOC G ), des Histoires naturelles (DOC D ) –, hormis le DOC C d’ordre théorique, évoquent des expériences de vie où l’âme de l’écrivain se fait surface de miroitement de ce qui l’environne. L’intitulé « L’écriture de l’intime » suppose un spectre de textes plus large que celui que couvre la notion d’autobiographie, telle du moins que Philippe Lejeune la définit. Pour peindre l’intime, Renard emploie différents genres : le journal, le poème en prose, la « tranche de vie », les souvenirs, le théâtre, etc. Il convient de souligner l’écart de dynamique entre l’écriture diariste qui esquisse l’image d’un sujet se construisant au jour le jour et les écrits de la rétrospection qui amènent l’énonciateur à se placer en surplomb de son existence et à en tirer une sorte de bilan. La différence entre supports d’expression (le Journal destiné à soi et les œuvres destinées aux autres) amène, en outre, à mesurer l’influence des dimensions publique ou privée sur la poétique de l’intime. On pourra s’en rendre compte à la lecture des DOCS A et B . Pour des raisons qui relèvent à la fois de la psychologie et de l’éthique, la confession du diariste n’est pas exactement semblable à celle de l’écrivain. Dans ses œuvres, Renard se préoccupe de délimiter la part dicible de l’intime et s’emploie à forger un style qui, tout en ne trahissant pas la vérité subjective, tend à ne pas rendre indécente l’exposition de soi ou des proches. Ainsi, l’écriture fragmentaire est-elle non seulement mimétique du décousu de la conscience, mais elle apparaît comme la conséquence même de la pudeur. Partant, le lecteur, appelé à interpréter les non-dits, doit s’impliquer dans la démarche poétique de l’écrivain, procéder par empathie, revivre avec lui chaque moment raconté pour être sûr de bien le comprendre. Le corpus délimité incite également à poser la question des fins (pourquoi se mettre à nu ? pourquoi se montrer nu ?) et rendre évidentes les quatre dimensions inhérentes à toute littérature du moi : la dimension introspective (se connaître), heuristique (le dévoilement de la vérité intime), morale (la confession et la contrition) et esthétique (la transfiguration de l’intime par l’écriture). Pour introduire la séquence, il serait bon de replacer Jules Renard dans l’histoire littéraire de son temps. En renonçant au roman réaliste impersonnel, l’écrivain manifeste son appartenance à cette génération fin de siècle qui abandonne le culte naturaliste du document pour célébrer avec Maurice Barrès « Le culte du moi ». On pourra également se référer aux peintres intimistes qui peignent, sans souci de réalisme, des scènes d’intérieur et des moments de la vie privée. Les élèves auraient également intérêt à effectuer des recherches sur Pierre Bonnard et Félix Vallotton, amis et illustrateurs de Jules Renard dont l’esthétique picturale s’inscrit dans la veine intimiste. SAVOIR G LEJEUNE Philippe, BOGAERT Catherine. Le Journal intime. Paris : Textuel, 2006. G MURA-BRUNEL Aline, SCHUEREWEGEN Franc (sous la dir. de). L’Intime/l’Extime. Nimègue (Hollande) : Rodopi, 2004 (coll. Crin). >> DOCUMENTS A Une confession sans fard G Jules Renard, Journal. 23 novembre 1888. Tu ne seras rien. Tu as beau faire : tu ne seras rien. Tu comprends les plus grands poètes, les plus profonds prosateurs, mais, bien qu’on prétende que, comprendre, c’est égaler, tu leur seras aussi peu comparable qu’un infime nain peut l’être à des géants. Tu travailles tous les jours. Tu prends la vie au sérieux. Tu crois en ton art avec ferveur. Tu ne te sers de la femme qu’avec réserve. Mais tu ne seras rien. Tu n’as pas le souci de l’argent, du pain à gagner. Te voilà libre, et le temps t’appartient. Tu n’as qu’à vouloir. Mais il te manque de pouvoir. Tu ne seras rien. Pleure, emporte-toi, prends ta tête entre tes mains, espère, désespère, reprends ta tâche, roule ton rocher. Tu ne seras rien. Ta tête est bizarre, taillée à grands coups de couteau comme celle des génies. Ton front s’illumine comme celui de Socrate. Par la phrénologie, tu rappelles Cromwell, Napoléon et tant d’autres, et pourtant tu ne seras rien. Pourquoi cette dépense des bonnes dispositions, de dons favorables, puisque tu dois ne rien être ? Quel est l’astre, le monde, le sein de Dieu, la nouvelle vie où tu compteras parmi les êtres, où l’on t’enviera, où les vivants te salueront très bas, où tu seras quelque chose ? B Un récit à décrypter G Jules Renard, Poil de Carotte, « Les poules », 1894. TDC N° 987 • JULES RENARD – Je parie, dit Mme Lepic, qu’Honorine a encore oublié de fermer les poules. C’est vrai. On peut s’en assurer par la fenêtre. Là-bas, tout au fond de la grande cour, le petit toit aux poules découpe, dans la nuit, le carré noir de sa porte ouverte. – Félix, si tu allais les fermer ? dit Mme Lepic à l’aîné de ses trois enfants. – Je ne suis pas ici pour m’occuper des poules, dit Félix, garçon pâle, indolent et poltron. – Et toi, Ernestine ? – Oh ! Moi, maman, j’aurais trop peur ! Grand frère Félix et sœur Ernestine lèvent à peine la tête pour répondre. Ils lisent, très intéressés, les coudes sur la table, presque front contre front. – Dieu, que je suis bête ! dit Mme Lepic. Je n’y pensais plus. Poil de Carotte, va fermer les poules ! Elle donne ce petit nom d’amour à son dernier-né, parce qu’il a les cheveux roux et la peau tachée. Poil de Carotte, qui joue à rien sous la table, se dresse et dit avec timidité : – Mais, maman, j’ai peur aussi, moi. – Comment ? répond Mme Lepic, un grand gars comme toi ! C’est pour rire. Dépêchez-vous, s’il te plaît ! – On le connaît ; il est hardi comme un bouc, dit sa sœur Ernestine. – Il ne craint rien ni personne, dit Félix, son grand frère. Ces compliments enorgueillissent Poil de Carotte, et, honteux d’en être indigne, il lutte déjà contre sa couardise. Pour l’encourager définitivement, sa mère lui promet une gifle. – Au moins, éclairez-moi, dit-il. Mme Lepic hausse les épaules, Félix sourit avec mépris. Seule pitoyable, Ernestine prend une bougie et accompagne petit frère jusqu’au bout du corridor. – Je t’attendrai là, dit-elle. Mais elle s’enfuit tout de suite, terrifiée, parce qu’un fort coup de vent fait vaciller la lumière et l’éteint. Poil de Carotte, les fesses collées, les talons plantés, se met à trembler dans les ténèbres. [...] Le mieux est de se précipiter, au juger, vers les poules, la tête en avant, afin de trouer l’ombre. Tâtonnant, il saisit le crochet de la porte. Au bruit de ses pas, les poules effarées s’agitent en gloussant sur leur perchoir. Poil de Carotte leur crie : – Taisez-vous donc, c’est moi ! ferme la porte et se sauve, les jambes, les bras comme ailés. Quand il rentre, haletant, fier de lui, dans la chaleur et la lumière, il lui semble qu’il échange des loques pesantes de boue et de pluie contre un vêtement neuf et léger. Il sourit, se tient droit, dans son orgueil, attend les félicitations, et maintenant hors de danger, cherche sur le visage de ses parents la trace des inquiétudes qu’ils ont eues. Mais grand frère Félix et sœur Ernestine continuent tranquillement leur lecture, et Mme Lepic lui dit, de sa voix naturelle : – Poil de Carotte, tu iras les fermer tous les soirs. 39 SÉQUENCE SÉQUENCEPÉDAGOGIQUE PÉDAGOGIQUE 1 2 JULES RENARD • TDC N° 987 40 C L’écriture rosse G Jules Renard, Journal. 4 novembre 1891. Jules Renard raconte le dîner donné en l’honneur de l’astronome Camille Flammarion, auquel il s’est rendu avec son ami, l’écrivain Marcel Schwob (1867-1905). Dîner Flammarion. Gravement on nous enlève, à Schwob et à moi, des assiettes où nous n’avons pas mangé. La sole au vin blanc n’arrive pas jusqu’à nous. Nous faisons des provisions de pain et de pommes vertes. Des gens se battent pour du fromage. Un monsieur, un Clovis Hugues soufflé, fait le chien-loup et pousse des hurlements. Un auteur, que nous croyons dramatique, et qui est monologuiste, dit une chanson… Xanrof fait le stupide au piano. Fasquelle, l’associé de Charpentier, exécute la danse du ventre et, frottant son pouce contre la table, la fait trembler. Il a un large nez écrasé au milieu du visage. C’est comme un coup de pied qu’on lui aurait donné, et dont il lui serait resté le pied. Mendès parle à Flammarion, et celui-ci a l’air aussi embêté qu’un éditeur qui écoute un auteur. Flammarion l’astronome, qui m’a tout de suite, en entrant, demandé la moitié de mon pain, me dit qu’il prépare la fin du monde : sept ans de travail. Il a l’air bien avec le Ciel et très bien avec lui-même. Un acteur, Florent, artiste, qui fait des imitations, est rasé comme une fesse, et cependant il a trouvé le moyen de se faire une raie. On voit au loin, au bout de la table, Ginisty dont les yeux sont comme des fentes de porte-plume pour mettre la plume. Il a les cheveux huileux, sortant de lessive, et, sur le front, quelque chose que Schwob prend pour une souris, et moi pour un derrière de crapaud. Un monsieur, qui a une tache lie-de-vin, ressemble à un assassin qui viendrait se mettre à table sans s’essuyer. Un autre, sorte d’Homère roussi et édenté, parle des souffles : c’est Lacroix, le monsieur qui a donné près d’un million à Victor Hugo. Bertol-Graivil, un pion maigre et décoré. Schwob : « Quelles bestialités ! » Moi : « Et ces cheveux qu’ils ont ! Comme si le bon Dieu, pressé, n’avait pas eu le temps de leur ôter ça. » Schwob : « Et ces yeux, ces doubles molards, et ces nez, ces extraordinaires protubérances charnues ! » Lui est beau, moi aussi, sans doute. On se lève de table, et je vois Mendès qui se reculotte. Allais : « Je suis heureux de connaître Jules Renard. » Moi : « Moi je vous connaissais. Vous avez fait un bien amusant livre. » Allais : « Oh ! C’est un chef-d’œuvre. » Moi : « Je me rappelle, de vous, une histoire. Vous savez ? Cette petite fille qui ne veut pas monter dans un omnibus dont la couleur ne va pas avec sa toilette... » Allais : « Parbleu ! je vous crois. C’est un pur bijou. Mais Renard a l’air désolé. » Moi : « Pas du tout. Je m’amuse et mon rêve était de parler avec des hommes de lettres. » Mendès : « Un jour, je suis allé dîner chez Cladel, et il s’amusait à mettre son gosse les fesses nues sur la soupière : ça lui chauffait le derrière. Ça faisait rire Cladel et nous donnait de l’appétit. Il est encore moins sale que Philoxène Boyer que j’ai vu vivre un mois avec une grande raie d’encre sur la joue droite, et, quand il ouvrait l’œil, ça faisait une solution de continuité. » D L’écriture altruiste G Jules Renard, Histoires naturelles, « Fermeture de la chasse », 1896. C’est une pauvre journée, grise et courte, comme rognée à ses deux bouts. Vers midi, le soleil maussade essaie de percer la brume et entrouvre un œil pâle tout de suite refermé. Je marche au hasard. Mon fusil m’est inutile, et le chien, si fou d’ordinaire, ne s’écarte pas. L’eau de la rivière est d’une transparence qui fait mal : si on y plongeait les doigts, elle couperait comme une vitre cassée. Dans l’éteule, à chacun de mes pas jaillit une alouette engourdie. Elles se réunissent, tourbillonnent et leur vol trouble à peine l’air gelé. Là-bas, des congrégations de corbeaux déterrent du bec des semences d’automne. Trois perdrix se dressent au milieu d’un pré dont l’herbe rase ne les abrite plus. Comme les voilà grandies ! Ce sont de vraies dames maintenant. Elles écoutent, inquiètes. Je les ai bien vues, mais je les laisse tranquilles et m’éloigne. Et quelque part, sans doute, un lièvre qui tremblait se rassure et remet son nez au bord du gîte. Tout le long de cette haie (ça et là une dernière feuille bat de l’aile comme un oiseau dont la patte est prise), un merle fuit à mon approche, va se cacher plus loin, puis ressort sous le nez du chien et, sans risque, se moque de nous. Peu à peu, la brume s’épaissit. Je me croirais perdu. Mon fusil n’est plus, dans mes mains, qu’un bâton qui peut éclater. D’où partent ce bruit vague, ce bêlement, ce son de cloche, ce cri humain ? Il faut rentrer. Par une route déjà effacée, je retourne au village. Lui seul connaît son nom. D’humbles paysans l’habitent, que personne ne vient jamais voir, excepté moi. E Un principe esthétique G Jules Renard, Journal. 13 septembre 1887. Le plus artiste ne sera pas de s’atteler à quelque gros œuvre, comme la fabrication d’un roman, par exemple où l’esprit tout entier devra se plier aux exigences d’un sujet absorbant qu’il s’est imposé ; mais le plus artiste sera d’écrire, par petits bonds, sur cent sujets qui surgiront à l’improviste, d’émietter pour ainsi dire sa pensée. De la sorte, rien n’est forcé. Tout a le charme du non voulu, du naturel. On ne provoque pas : on attend. F Le pointillisme dans le Journal G Ibid. 6 mai 1905. G Le pointillisme dans l’œuvre G Jules Renard, Nos frères farouches, « Feuilles d’automne », 1907. Une violette d’automne est plus qu’une autre modeste ; il faut faire toutes les allées du jardin, se baisser, attraper une courbature avant d’avoir le petit bouquet de violettes d’un sou. Quel égoïste avalerait lui-même la fraise d’automne ? On n’ose la cueillir que pour la bouche pure d’une petite fille aimée. Une suprême rose se déshabille et meurt. Une poire oubliée lâche tout et tombe assise sur le derrière. Une vieille femme apporte à La Bonne Dame Gloriette un plein panier de petites cervelles fraîches dans des petits crânes de bois qu’on s’amuse en famille à écaler et à ouvrir. Le buisson clair révèle les passages des bêtes amies. Ici passait le lièvre, et là les perdrix rouges. Une grive s’envole et pousse un cri du coin du bec. Chaque haie expose les fines carcasses de ses nids. Il est facile de voir, entre les haies d’un champ, celle que les oiseaux ont préférée. Dans ses feuilles impénétrables, elle les abritait contre les regards et le vent, et elle leur a servi une récolte abondante de graines variées, de fruits pulpeux, de mûres, de cenelles rouges, et de gratte-cul congestionnés. Nids à louer. Sur les pauvres qui rentrent pour l’hiver, la maison basse ferme son toit comme deux ailes. La vraie vie intérieure commence. Le frisson brusque, et sans cause connue, que les arbres se transmettent en une courte agitation, passe au cœur de l’homme soudain grave et le laisse longtemps troublé. La récompense du travail, c’est le regard sur la nature. L’œil du paresseux ne voit rien. Ma dernière promenade a été un acte de gratitude. Je disais merci aux arbres, aux rues, aux champs, au canal et à la rivière, aux tuiles de la maison. C’est là que je vis comme j’aimerais toujours vivre. Et j’y reste plus d’à moitié, quand je quitte nos frères farouches pour aller à Paris, avec Gloriette.. 41 TDC N° 987 • JULES RENARD Larmes sur un visage d’homme froid : grosses gouttes de pluie sur un mur. Trois petits gars vont de porte en porte, montrant trois fouines qu’ils ont prises. On leur donne un sou, des œufs. Charité hypocrite qui donne dix sous pour avoir vingt francs de gratitude. Le comique de la misère. Ragotte. Il lui suffit de porter un fagot pour avoir l’air d’une forêt qui marche. La dureté de cœur d’un riche n’est pas un gros défaut aux yeux des paysans. La tombe : un trou où il ne se passe rien. Un vieux qui était dans un champ, qui avait l’air si pauvre et qui bougeait si peu, Marinette l’a pris pour un épouvantail. J’attends qu’il nous rejoigne : je lui donnerai deux sous. Mais c’est un épouvantail. Elle veut se jeter à la rivière parce qu’elle a déménagé de son auberge pour aller dans une autre, cent mètres plus loin. Je dirais à Philippe : – Montez donc au village prévenir que je suis mort. Il pourrait répondre : – J’y vais, monsieur. Justement, j’ai besoin d’un litre de pétrole. SÉQUENCE SÉQUENCEPÉDAGOGIQUE PÉDAGOGIQUE 1 2 JULES RENARD • TDC N° 987 42 H Souvenirs d’enfance G Charles Juliet, Lambeaux, © P.O.L., 1995. Orphelin, Charles Juliet parle, dans la seconde partie de Lambeaux, de sa famille d’adoption (des paysans suisses) et de ses années d’internat à l’École militaire préparatoire d’Aix-en-Provence. Ta vie est rigoureusement cloisonnée. Quand tu es de retour dans ta famille, notamment aux vacances de Pâques et d’été, tu quittes ta tenue et te retrouves le lendemain derrière les vaches. Sans transition, tu cesses d’être un enfant de troupe pour redevenir un paysan. Et tu ne peux parler à la mère ni aux sœurs de l’existence que tu mènes à ton école. Pour elles qui ignorent tout de ce en quoi consiste la vie militaire, ce que tu pourrais raconter ne signifierait rien. D’un jour à l’autre, tu dois donc oublier les pensées, préoccupations et manières d’être qui étaient les tiennes, adopter d’autres comportements, veiller aussi à bannir de ton vocabulaire les nombreux mots d’allemand et d’argot qui émaillent la langue fort particulière dont vous vous servez pour communiquer entre vous à la caserne. À redécouvrir avec un œil déshabitué ce monde où s’est déroulée ton enfance – le village, la ferme avec ses odeurs et ses bruits, les membres de ta famille, les voisins, le chien, les vaches, la charrue, la faucheuse… – entendre la mère et le père parler en patois, tout te paraît singulièrement étrange. Lorsqu’un nouveau trimestre te voit revenir à l’école, la mutation à laquelle tu dois te prêter s’effectue en sens inverse. Mais c’est surtout à la rentrée d’octobre que le choc est le plus violent. Au long des grandes vacances, tu es redevenu un civil, tu as oublié sans avoir à t’y contraindre les gueulantes des sous-officiers, les revues de casernement, la crainte permanente d’être puni…, et le jour de la rentrée, revêtant ton uniforme, il te faut le soir même glisser dans la peau d’un personnage dont tu t’étais désaccoutumé. Tout ce qui t’a occupé pendant ces mois d’été, tu as dû l’abandonner en franchissant le seuil du poste de garde, et sur-le-champ, te laisser réinvestir par tout ce qu’implique ta vie d’enfant de troupe. Mais bien que perturbé, tu retrouves très vite tes réflexes, tes habitudes, ton souci de ne pas te faire remarquer. En passant inaperçu, il t’est plus facile de te soustraire à certaines obligations, de prendre de menues libertés avec la discipline. Et ces deux vies, celle que tu mènes dans ton village et celle que tu endures à la caserne, tu n’en dis rien à la femme du chef. Tu as décidé une fois pour toutes que l’entretenir de ce que tu fais ne pourrait que l’ennuyer, que des propos aussi triviaux ne réussiraient qu’à ternir ce qui s’est tissé entre vous. Aussi demeures-tu le plus souvent silencieux. Un jour, elle te reproche ton mutisme, te presse de te confier à elle, te laisse incrédule en t’apprenant que tout ce qui te concerne l’intéresse. Elle t’étonne aussi en remarquant que ce que tu ne sais ou ne veux pas dire avec des mots, il arrive que ce soit ton regard qui l’exprime. I Impressions de voyage G Annie Ernaux, Journal du dehors (1993), © Éditions Gallimard, 1995, coll. Folio. Résidant à Cergy dans le Val-d’Oise, Annie Ernaux est amenée fréquemment à emprunter les trains de banlieue et les rames de RER pour se rendre à Paris. Entre 1985 et 1992, elle tient un Journal du dehors, dans lequel elle note ses impressions de voyageuse suburbaine. 1988 Allez, rentre à la maison ! L’homme dit cela au chien, tête basse, rasant le sol, coupable. La phrase millénaire pour les enfants, les femmes et les chiens. Un couple dans la file d’attente des taxis, gare Saint-Lazare, samedi. Elle paraît égarée, se laisse porter à demi par lui. Il dit et répète : « Tu verras quand je serai mort. » Puis : « Je veux me faire brûler, tu sais, je veux me faire brûler complètement. Je ne veux pas aller dans le machin. C’est moche le machin. » Il la serre contre lui, elle est affolée. Je suis traversée par les gens, leur existence, comme une putain. À la pharmacie, une femme prend les médicaments pour son mari, « quand il a avalé tout ça il n’a plus faim ». Puis, à propos du refus de celui-ci de « rester au chaud », de se ménager, en riant « si c’était un gosse, on lui donnerait une claque ! ». Paroles transmises de génération en génération, absentes des journaux et des livres, ignorées de l’école, appartenant à la culture populaire (originellement la mienne – c’est pourquoi je la reconnais aussitôt). Les gens ne parlent pas, ou très peu, avec une voix lente, dans les trains bondés de sept heures du matin vers Paris. Une femme, d’un ton ensommeillé, parle à une autre, qui lui fait face, du poisson qu’elle a trouvé mort dans son aquarium : « J’ai fait du bruit dans l’aquarium, il ne bougeait pas. Quand j’ai vu qu’il remontait au-dessus, j’ai dit “bon, ça va”. » Un peu plus tard, elle reprend le même incident et répète « j’ai dit “bon, ça va” ». Pendant qu’elle parlait, une autre femme près de la vitre l’écoutait en la fixant avec curiosité. Les lumières étaient jaunes, on étouffait dans les manteaux. Les vitres du train étaient couvertes de buée. >> ANALYSE DES DOCUMENTS A et B Écrire pour soi ou pour autrui C et D L’intime et l’altérité Dans l’espace privé du Journal, Renard aime revivre les scènes de la comédie humaine qui se joue en société. À Paris, ce sont les milieux intellectuels qu’il côtoie qui prêtent le flanc à sa critique. Le diariste endosse alors les habits du caricaturiste et du moraliste. Les participants du dîner Flammarion (DOC C ) appartiennent au monde de 43 TDC N° 987 • JULES RENARD Les extraits du Journal (DOC A ) et de Poil de Carotte (DOC B ) développent un motif commun: la négation de soi. Mais l’écrivain, en pratiquant une narration symbolique, est plus suggestif que le diariste. L’autoportrait du Journal tire son originalité de la deuxième personne et du futur, temps programmatique. Le « tu » instaure un dialogisme: l’énonciateur, qui fait part à la fois de son désir de devenir artiste et de la vanité de ce désir, se dédouble, se parle et se juge. La syntaxe (d’abord les qualités de l’homme puis son échec inéluctable), les termes péjoratifs, l’allusion au rocher de Sisyphe et, surtout, le retour en boucle de cette prédiction « Tu ne seras rien » l’enferment dans un cercle tragique. La grandiloquence rendue par le ton oratoire et les hyperboles souligne le grotesque des ambitions. Le dernier paragraphe équivaut à une remise en cause de son existence, puisque le locuteur n’entrevoit nul endroit où devenir non pas quelqu’un, mais « quelque chose ». On notera que, dans ses souvenirs, Renard replace son désastre identitaire dans son contexte originel. C’est un enfant non voulu et maltraité comme le laissent penser sa réclusion sous la table où il « joue à rien » et l’attitude perverse de sa mère. L’expulsion quotidienne du logis et la disparition dans ce « carré noir » symbolisent un désir infanticide récurrent dans l’œuvre. Le futur et le complément de temps dans la phrase « tu iras les fermer tous les soirs » rappellent la prophétie du Journal. Si les effets fantastiques rendent compte de la peur enfantine, Poil de Carotte paraît pourtant moins sombre que le Journal et en réfute même le pessimisme. En effet, le petit héros, après avoir « troué l’ombre », revient à « la lumière ». Ce parcours initiatique participe de sa mue existentielle comme l’indique l’image « échange[r] des loques pesantes de boue et de pluie contre un vêtement neuf et léger ». À l’instar de son personnage, l’écrivain ne veut-il pas lui aussi se sentir plus « léger », en plongeant dans la noirceur de son passé pour l’éclairer d’un livre et s’en délivrer ? La troisième personne apparaît comme un moyen de distanciation plus puissant que le « tu » du Journal : Renard se détache de ce moi enfantin et l’observe du haut d’une sagesse acquise au prix d’un travail sur soi qui passe par l’écriture de soi. Son regard n’est d’ailleurs pas sarcastique comme dans le Journal, mais humoristique. l’édition, du spectacle et de la politique : Clovis Hugues est écrivain, journaliste et homme politique, Léon Xanrof auteur dramatique et auteur de chansons populaires (pour Yvette Guilbert notamment), Eugène Fasquelle et Georges Charpentier éditeurs associés, Catulle Mendès (1841-1909) écrivain symboliste et journaliste influent, Ernest Flammarion éditeur, frère cadet de l’astronome Camille Flammarion, Paul Ginisty directeur du théâtre de l’Odéon à Paris, Albert Lacroix éditeur, Bertol-Graivil journaliste et auteur dramatique. Ils sont dessinés en quelques coups de crayon qui les déforment et les caractérisent. La transformation est obtenue par des figures d’analogie, le plus souvent une comparaison. L’incongruité cocasse des comparants suggère une anatomie monstrueuse: nez en forme de pied, crâne en forme de fesse, yeux « molards », nez comme des « extraordinaires protubérances charnues », etc. La dépréciation advient notamment par l’isotopie de l’animalité (« chienloup », « souris », « crapaud », « bestialités »). Mais la caricature répond à une visée moraliste. La focalisation sur le détail est une mise au jour des imperfections de ces hommes célèbres ainsi définis par leurs failles. Leur banquet prestigieux tourne au spectacle burlesque des vanités. La gravité des serveurs contraste avec le vide des assiettes et l’obligation de faire provision de pommes et de pain. Les convives perdent de leur superbe en paraissant guidés par leur appétit (« des gens se battent pour du fromage »). Tout paraît loufoque : la « danse » de Fasquelle, la conduite « stupide » de Xanrof, la curieuse demande de l’astronome et la bizarrerie du sujet de son prochain livre, etc. Dans le dernier paragraphe, l’observateur n’omet pas de désigner, par antiphrase, le point aveugle de son observation : lui-même et Schwob, son complice. « Quand on peut voir si nettement les défauts des autres, c’est qu’on les a » (Journal, 23 octobre 1908). Une sorte de jouissance affleure ici qui tient autant à la libération d’une violence rentrée qu’au bonheur de la trouvaille littéraire. Mais la méchanceté n’est jamais valorisée par Renard. Selon lui, la rosserie est « une infecte maladie », qu’il faut éradiquer. L’ultime poème en prose des Histoires naturelles (DOC D ) symbolise précisément cette victoire sur la férocité. « Fermeture de la chasse » renvoie à la clôture effective de la période de chasse, mais exprime également le renoncement définitif de Renard aux joies de la prédation. Cet abandon ne se fait pas de gaieté de cœur, comme en témoigne la météorologie spleenétique de cette « pauvre journée ». Le chien reste sage, et son maître, désœuvré, « marche au hasard », son fusil, désormais, lui demeurant « inutile ». Progressivement, le poète renoue avec la nature. Il ne pointe plus systématiquement son arme sur les oiseaux qui passent. Les Histoires naturelles racontent donc, en filigrane, la paix conclue avec la nature. Or le respect des animaux prépare à l’amour des hommes : le bêlement précède le « son de cloche » de l’église, puis ce « cri humain » un peu étrange, mais qui sonne comme un appel à faire retour parmi ses semblables. C’est donc en s’engageant sur la « route » (qui s’était effacée) de la fraternité que le « moi », ultime mot du texte, découvre sa véritable légitimité et se réconcilie avec lui-même. SÉQUENCE PÉDAGOGIQUE 21 JULES RENARD • TDC N° 987 44 E à G L’écriture fragmentaire Dans le DOC E , l’écrivain énonce ses orientations esthétiques : le rejet du roman au profit d’une poétique qui mime le pointillisme et la disparate de la conscience. La structure des œuvres tend ainsi à rejoindre celle du Journal, comme le montrent les deux autres passages. En effet, dans le DOC F , tiré du Journal, l’âme apparaît bien comme un miroir brisé du réel. Le diariste ne cherche pas à enserrer ce qu’il voit dans un discours articulé, mais procède « par petits bonds », sans ligatures logiques, bien qu’une proximité thématique apparaisse entre le deuxième, le troisième et le quatrième paragraphe : la charité et la misère. Chaque îlot textuel conserve donc sa propre spécificité. Ragotte est le pseudonyme par lequel Renard nomme sa vieille bonne Marie Chalumeau ; Marinette est le diminutif du prénom de l’épouse de Jules Renard, Philippe est le pseudonyme attribué à l’époux de Ragotte. Le texte du DOC G est segmenté à la façon du Journal. Il est plus travaillé cependant. Les paragraphes, isolés syntaxiquement, se rejoignent ainsi dans une vision cohérente de la campagne. Le rythme, le jeu sur les sonorités et l’emploi d’un vocabulaire varié contribuent également à rendre le style plus raffiné. Renard rend ici grâce à la région de son enfance et à ceux qui l’habitent, les « frères farouches », expression issue des Caractères de La Bruyère désignant les paysans. Il célèbre une nature nourricière et accueillante. Fruits et graines abondent pour subvenir à l’appétit des bêtes et des hommes. Les haies abritent les oiseaux, les nids sont « à louer ». Les hommes se montrent tout aussi généreux : les maisons sont, pour les pauvres, aussi hospitalières que les haies pour les oiseaux. C’est un monde pur (voyez la petite fille) où les égoïstes n’ont pas leur place, un monde où règne la complète harmonie du vivant et la joie de vivre. La sobriété du style atténue néanmoins la portée lyrique de cette page. Un œil exercé peut cependant percevoir cette idyllique beauté (« L’œil du paresseux ne voit rien »), car celle-ci n’est pas spectaculaire. Renard, épicurien, loue les vertus du simple : modeste violette, fraise d’automne, rose à la robe éphémère, nourriture de base. Il sait donc gré à la vie de lui offrir la chance de connaître de tels moments de plénitude. Or cet « acte de gratitude » est intime puisque la contemplation bouleverse « la vie intérieure » du sujet. En frissonnant avec les arbres, l’homme entre en symbiose avec le mouvement de la vie et accède à la sérénité. Le retour au monde urbain ne peut donc se faire qu’à regret. Gloriette est le nom de la maison de Jules Renard à Chaumot et, ici, le surnom donné à son épouse. H et I Dans le sillage de Jules Renard Le texte de Charles Juliet (DOC H ) se distingue par l’emploi de la deuxième personne, procédé auquel Renard a eu recours. Cette situation d’énonciation permet à l’auteur de se détacher de lui-même pour mieux s’observer et se donner à comprendre. Elle semble signifier également que le « je » narrant ne se confond pas avec l’enfant, de même que Renard n’est pas exactement Poil de Carotte (mais le « il » est alors employé). Cette problématique identitaire est redoublée par le contenu même de la narration. L’écrivain, en effet, dépeint une existence partagée entre le cocon familial heureux et l’école militaire rigoureuse et brutale. Le texte se fonde sur des oppositions entre le paysan et le soldat, l’agréable gynécée et l’univers martial, la parole bienveillante et l’injonction argotique, la confiance et la peur, la douceur et la violence. Cette dualité fondamentale oblige le sujet à se faire protéiforme et avive chez lui le sentiment d’être « étrange » à lui-même : à la campagne comme à l’école, le jeune homme porte une seconde peau endossée avec la rapidité d’un « réflexe ». Dans la sphère militaire, l’uniforme et le respect des règles ne sont pas pour autant synonymes de complète aliénation. Ils protègent le jeune homme en le rendant pareil aux autres et n’étouffent pas sa liberté intérieure. Mais ce camouflage est une solution transitoire : l’unité du moi suppose de mettre bas les masques, dévoilement qui n’a lieu que dans l’espace littéraire. La question du pronom n’est pas celle qui occupe Annie Ernaux dans son Journal du dehors (DOC I ). Mais le problème de l’identité subjective n’en est pas moins posé. Le titre instaure une double polarité entre l’intime et « l’extime ». La vie intérieure se module en fonction des sollicitations extérieures, ce que l’auteure résume abruptement : « Je suis traversée par les gens, leur existence, comme une putain. » Cette incorporation du monde par la subjectivité est notamment perceptible dans la place occupé par le discours direct : la conscience est une chambre d’écho des paroles entendues. C’est donc à une double divulgation que se livre l’écrivain : celle des autres et la sienne. À l’instar de Renard, Annie Ernaux ne retient que les scènes qui la frappent. Ainsi débusque-t-elle dans « la phrase millénaire » de l’homme qui s’adresse à son chien la preuve d’un rapport archaïque de domination masculine. Elle en exprime l’idée par une énumération à l’humour grinçant puisqu’elle met sur le même plan les enfants, les femmes et les animaux. De même restitue-t-elle l’ordinaire des transports en commun, notamment cette promiscuité qui oblige à entendre en toute indiscrétion la conversation des autres. Or les paroles les plus frustes révèlent une profondeur intime. La narration réitérée de « l’incident » par la femme au poisson laisse ainsi supposer que la mort de l’animal réveille chez elle une inquiétude vaguement métaphysique dont elle n’a pas même conscience. D’où, peut-être, la « curiosité » de l’autre femme, arrachée à son ennui par l’étrangeté de cette histoire sans intérêt. Moins banale et plus impudique est la scène dans la file d’attente des taxis. Le sens global échappe au lecteur et, sans doute, à l’observatrice elle-même, mais les paroles rapportées, l’affolement de la femme et l’étreinte du couple produisent un effet pathétique. Le dévoilement de l’intime n’est donc pas réservé à la seule sphère privée. Un geste, un mot suffisent à révéler les êtres, même dans des lieux aussi impersonnels qu’une gare, un train, ou une pharmacie. L’écrivain doit simplement avoir « l’œil clair » comme dit Renard. >> ACTIVITÉS 1 L’auteur et sa représentation l docs A et B a. Quel est le point commun entre l’image que renvoie de lui-même le scripteur dans le Journal (DOC A ) et celle de l’enfant dans Poil de Carotte (DOC B ) ? b. Quelles sont les informations nouvelles qu’apporte Poil de Carotte par rapport au Journal sur l’identité de Jules Renard ? Comment sont exprimés les sentiments de Poil de Carotte ? Comment caractériseriez-vous le personnage de Mme Lepic ? Peut-on dire du texte « Les poules » qu’il est un récit simplement anecdotique ? 2 La littérature comme masque l docs C et D Relevez et analysez les procédés satiriques dans le Journal (DOC C ). Retrouve-t-on la même rosserie dans « Fermeture de la chasse » (DOC D ) ? En quoi le renoncement à la chasse est-il synonyme d’un progrès moral ? 3 Un principe d’écriture l docs E à G Reformulez les idées contenues dans le DOC E . En quoi les DOCS F et G illustrent-ils le DOC E ? Quels sont les thèmes abordés dans le DOC F ? Quels sont les procédés poétiques utilisés dans le DOC G ? 45 l docs H et TDC N° 987 • JULES RENARD 4 Expression de l’intimité I a. Quels sont les effets produits par l’emploi du « tu » dans l’extrait de Lambeaux (DOC H ) ? Quel problème de la personnalité rencontre le jeune homme ? Comment est-ce exprimé ? b. En quoi cet extrait illustre-t-il le titre Journal du dehors (DOC I ) ? Peut-on dire que ce texte est intime ? 5 Questions de synthèse En illustrant votre réponse par des exemples tirés des textes étudiés, vous répondrez aux questions suivantes : Quels sont les différents genres où s’illustre l’écriture de l’intime ? Qu’apporte à l’écrivain le fait de mettre des mots sur sa vie intime ? Qu’apporte, à l’auteur comme au lecteur, la dimension littéraire d’un écrit de l’intime ? Peut-on parler d’une universalité des écrits intimes ? Pour vous, quel est l’intérêt ou quelle est la limite d’un écrit intime ? 6 Dissertation Jules Renard avait le projet d’écrire un livre sur lui-même qui aurait eu pour titre Tout nu, nu (Journal, 28 septembre 1901). Estimez-vous que l’écriture de l’intime est forcément impudique ? Vous appuierez votre démonstration sur des exemples appartenant à différents genres (journal, confessions, autobiographie, etc.). Vous ferez le commentaire de « Fermeture de la chasse » extrait des Histoires naturelles. l doc D © CNDP 7 Commentaire