TCHAD 68-72 : L`APPUI AERIEN DES TROUPES AU SOL

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TCHAD 68-72 : L`APPUI AERIEN DES TROUPES AU SOL
TCHAD 68-73 : L’APPUI AERIEN
DES TROUPES AU SOL
Rétrospective sur les AD4 de
l’E.L.A.A. 1/22 « AIN »
Antérieurement au Tchad... le Skyraider fut sans aucun doute l’avion le plus
efficace dont l’armée de l’air ait disposé en Algérie, la France reçue des AD-4N
et AD-4NA. Les appareils de l’escadron 1/20 Aurès-Nementcha opéraient à
partir de terrains situés à Bône et Boufarik... De l’Afrique du Nord il va servir
maintenant en Afrique Centrale...
Photo : Stanislas OPOLCZYNSKI
Consécutivement au départ de l’administration française de la région du Nord
du Tchad, le 31 décembre 1964, l’insécurité commence à naître et des troubles
ethniques commencent à voir le jour entre les « Toubous » (les nomades
musulmans) et l’administration tchadienne (originaire en majorité du sud de
l’ethnie Sara) ce qui donne lieu, en juillet 1968 à la prise de la ville d’Aouzou
par les rebelles, c’est le début de l’intervention française au Tchad...
Entre le 17 et le 24 août 1968, l’Armée Nationale Tchadienne (ANT) mène une
opération tendant à reprendre Aouzou mais qui sera un échec. Au regard des
accords militaires passés entre les deux pays, le Tchad sollicite la France pour
reprendre le poste d’Aozou. C’est ainsi que le 26 août, l’entrepôt de l’Armée de
l’Air (EAA) DE Châteaudun doit convoyer cinq AD4, qui étaient en position de
stockage, jusqu’à Fort-Lamy où ils les remettront au personnel de l’escadron
1/21 de Djibouti venant pour assurer les missions.
A l’issue de la réception et du montage des réservoirs supplémentaires en
provenance de Djibouti et de Tananarive, les Skyraiders n°38 - 48 - 49 - 59 et
68 décollent le vendredi 30 août vers Fort-Lamy via Toulouse. Le 02 septembre
quatre avions arrivent à destination, le n°68 ayant été contraint à faire demitour pour des raisons techniques. Reste à Châteaudun, le n°53, qui a servi de
magasin de pièces de rechanges.
Pendant ce temps, quatre AD4 du 1/21, sous le commandement du
Commandant BLANC, décollent de Djibouti pour Fort-Lamy, via Entebbe,
accompagné par un Breguet Deux-ponts qui assure le transport des
mécaniciens et du matériel technique.
Le 02 septembre, les AD4 en provenance de Châteaudun se posent à Fort-Lamy,
cinq minutes avant ceux de Djibouti. Après ravitaillement, ils décollent
ensemble pour Faya Largeau, et le 03 septembre un détachement va jusqu’à
Bardaï, au nord-ouest de Faya, sous les ordres du Capitaine DAGOUAT.
Le 06 septembre, le poste d’Aozou est repris par le 6ème RIAOM, sous la
protection des AD4. Le 16, le personnel de Châteaudun est rapatrié, l’escadron
1/21 restant à Faya jusqu’au 19 novembre, date à laquelle la totalité du
détachement inter-armes est rassemblé à Fort-Lamy.
A cette époque, l’Escadrille tchadienne est dotée de cinq Dakota dont les
n°77049- 48978 - 48861 - 348291, et de trois Broussard Max Holste n°72 - 202
- et 205. L’Escadrille sera renforcée en 1970 avec un Cessna 337 « push-pull. Sa
mission consiste essentiellement au ravitaillement et au transport de passagers
et de frêt sur un territoire quasi désertique de superficie deux fois la France. Le
personnel navigant est français à l’exception d’un jeune pilote tchadien.
Il est évident que cette flotte est insuffisante pour mener à bien sa mission. Pour
pallier cet état de fait, le 1er juillet 1969 est créé le Groupement Mixte de
Transport n°59 (GMT OO/59) Placé sous les ordres du Capitaine JOURDAN.
Le GMT sera doté d’un escadron de Nord 2501 NORATLAS, d’un escadron de
H 34 Sikorski avec des versions « cargos » et « pirates » armés d’un canon de
20 mm, deux alouettes II et un Broussard MH 1521.
A partir du mois de novembre, des relèves continues du personnel sont assurées
avec les escadrons 1/21 et 2/21, en attendant la création d’une escadrille qui
sera basé à Fort-Lamy. Tout ce passe dans un calme relatif, jusqu’au 02 février
1969. En effet, un accident vient endeuiller le détachement. Au cours d’une
démonstration à Libreville, l’AD4 n°49 percute la mer, le lieutenant
DELCAMBRE, le pilote, est tué sur le coup, victime d’un malaise en vol.
Le 1er mars 1969, l’escadrille Légère d’appui Aérien 1/22 « Ain » est
officiellement crée et placée sous le commandement provisoire du Capitaine
PERRET du 1/21. Elle est dotée des AD4 : n°38 -48 - 59, dix sous-officiers
mécaniciens sans caisse à outils, trois tables, six chaises, pas de pilotes et pas de
locaux ! L’assistance est assurée par du personnelle et du matériel du
détachement mixte de Djibouti et de Tananarive. L’indicatif radio sera
" RAGLAN"
Photo : Yves GUEDON
Le 14 mai arrivent à Douala les Skyraiders n°53 et 68. Ils seront remontés et
rallieront Fort Lamy par air. Le 19 mai le commandant d’escadrille, le Capitaine
BERTRAND, pour remplacer son prédécesseur provisoire.
Le 11 juin avec l’arrivée des derniers mécaniciens affectés, le détachement mixte
du 1/21 et du 2/21 n’a plus raison d’être et de ce fait les personnels regagnent
leurs unités fin juin. A ce moment, les effectifs du 1/22 sont de 32 personnes
dont 6 pilotes.
Au mois d’avril, un détachement ALAT, l’escadrille d’aviation Légère des
Troupes de Marines du 1er RIAOM est arrivée au Tchad. Elle est dotée de
Piper Tri-Pacer. Cette escadrille sera commandée successivement par les
Capitaines SABATIER et SANZ. Elle opérera tout particulièrement dans la
région d’Abéché. Le 14 février 1972 elle subira la perte d’un appareil et de son
pilote pendant les combats d’Amdagachi.
Le 14 juin, l’ELAA 1/22 perd le Skyraider n°48 accidenté au décollage à FortLamy, le pilote le Capitaine BERTRAND s’en tire quelques contusions. L’avion
sera remplacé par le n°78 (auparavant « 21-ZK ») qui arrivera le 17 octobre de
Tananarive.
La première mission opérationnelle a lieu en septembre avec un détachement de
trois Sky : n°38 - 53 et 68, à Faya Largeau. L’intendance et la mécanique
suivent dans un Noratlas avec armes et bagages. Sachant que l’équipement de
navigation des AD4 était des plus rudimentaires ces vols s’effectuaient toujours
avec l’accompagnement d’un transporteur. Le N2501 ou le C160 transportait
également un équipement parachutable SATER complet, le pilote de l’AD4 ne
disposant que de son lot de survie individuel et d’un bidon de 50 litres d’eau
attaché dans la cabine arrière.
Comme dans bien des cas, cette première mission de l’ELAA 01/22 doit adopter
le système D. Les pleins des avions sont faits à la pompe à main (il faut compter
2500 litres par appareil) A noter que les prisonniers ne manquent pas à Fort
Largeau pour manier la pompe...
Piste de Faya Largeau (photo : Stanislas OPOLCZYNSKI juin 1972)
A l’issue de premier contact avec la zone opérationnelle, le détachement est de
retour à Fort Lamy. Le 1er octobre le Lieutenant PASTORELLI a l’accident
identique que le chef d’escadrille, toutefois, si le Sky n°59 est complètement
détruit, le pilote s’en tire sans une égratignure. L’avion sera remplacé par le
n°85 en provenance de Djibouti. Au mois de décembre le Capitaine
BERTRAND est rapatrié en métropole pour raisons médicales et l’escadrille est
commandée par le Capitaine NEFIOLOV, un ancien du 2/21 de Tananarive.
Dès novembre 1969, les missions d’appui feu se succèdent rapidement. Entre
novembre 1969 et fin octobre 1970, sont effectuées treize opérations principales
et 116 jours dans la nature. Dans un cadre général, les opérations sont
déclenchées de Faya Largeau et parfois d’Abéché, Am Timan ou Bardaï.
Photo : Stanislas OPOLCZYNSKI (Faya largeau juin 1972- Nivernais-Malinois)
Fin janvier 1970, le détachement de Faya voit arriver le « Nor-Pom » C’est le
N2501 n°15 en provenance du CEAM de Mont de Marsan, sans cocarde de
nationalité et sur lequel il a été monté deux canons de 30mm, un par porte
arrière, et avec une tonne blindage à l’avant. Le commandant de bord, le
Commandant RICHARD de SOULTRE opérera à partir des terrains de Mongo
et Abéché jusqu’à fin février. Les essais resteront sans suite.
Le 26 août 1970, le commandant de la Base fait un atterrissage train rentré avec
le n°26 à Fort-Lamy. L’avion sera réparé sur place par du personnel de la
SFERMA.
Le 03 septembre, le sous-lieutenant BARANDON, pilote à bord du n°79,
réussit à atterrir sans encombre sur le terrain de secours de Fada, le moteur
étant touché par des impacts s’arrête à l’atterrissage. le 8 septembre, c’est au
tour du chef d’escadrille de se poser en catastrophe avec le n°85 à Zouar, cette
fois c’est le circuit hydraulique du train qui a été touché par trois impacts.
Dès octobre 1970, des événements vont changer la vie de l’escadrille. Tout
d’abord l’escadrille reçoit l’ordre de maintenir à Faya un détachement en alerte
permanente et ce, à partir du 29. Ce détachement sera composé d’une patrouille
légère de deux avions, deux pilotes et cinq mécaniciens, avec un renfort éventuel
d’un avion et trois mécanos. Le personnel est détaché par vacation de quinze
jours minimum, la relève s’effectue, en principe, le jeudi avec l’avion
ravitailleur hebdomadaire.
Photo : Stanislas OPOLCZYNSKI
Pour pouvoir assurer cette tâche supplémentaire, le nombre des avions passe de
six à neuf en novembre, les AD4 n°50 -56 - et 61 viennent renforcer les n°26 41 - 53 - 78 - 79 et 85 déjà en place.
Le 22 décembre 1970, c’est l’arrivée de l’aéronavale ce qui va bouleverser la
monotonie de la vie à Faya, devenue Base Opérationnelle Avancée.
Les HSS.1 de la 33ème flottille, aux ordres du lieutenant de Vaisseau TOUREL
avaient débarqué le 12 décembre à Douala. Le 22 janvier, la 33F sera basée à
Moyounga, du 08 au 21 février à Bardaï (où elle perdra le HSS.1 n°454, victime
d’un accident lors d’un « sling » sur le terrain. L’épave sera brûlée. Du 21
février au 05 mars la flottille sera à Yebbi-Bou, puis de retour Douala via Fort
Lamy elle embarquera sur le « Foch » le 28 mars 1971.
Mi 1971, le Capitaine NEFIOLOV est remplacé par le Capitaine BRUNEAU à
la tête de l’escadrille, les missions d’appui feu continuant jusqu’à la dissolution
de l’unité. En septembre 1975 l’escadron reçu l’ordre de quitter le Tchad et de se
replier provisoirement sur la BA 279 de Châteaudun…Ils sont restés
opérationnels jusqu’en 1979 leurs dernières missions furent les 19 et 20 janvier
1979 lors des combats de N’Djamena à l’issue desquels Hissène Habré prenait
la présidence du Tchad…..
Réalisation : Stanislas OPOLCZYNSKI
avec le concours et l’autorisation d’Emile GOMEZ mécanicien de l’ELAA 1/022
Crédit photos :
Stanislas OPOLCZYNSKI (MGX 40/172)
Yves GUEDON (6ème CPIMa)
Michel LOURDAIS (Pilote AD4 ELAA 1/22 AIN)