L`authentique histoire de l`auto Vieljeux
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L`authentique histoire de l`auto Vieljeux
© www.sudouest.fr 2013 Publié le 28/05/2013 L’authentique histoire de l’auto Vieljeux Un collectionneur conserve l’ancienne voiture de Léonce Vieljeux. Vendredi dernier, il acceptait de la prêter au lycée portant le nom de l’ancien maire de La Rochelle. Une voiture dans laquelle on peut presque entrer debout, démontre Jérôme Blanchard, chef de travaux du lycée Vieljeux. PHOTO XAVIER LEOTY Un vrai petit bijou de collection. Plutôt un gros d’ailleurs puisqu’il s’agit non seulement d’une voiture, mais de surcroît de belle dimension. De celles qu’on pouvait imaginer en 1928, époque des jantes de roues en bois et des carrosseries faites sur mesure. L’automobile en question rutilait vendredi dernier de tout son lustre, son poli, toute l’attention dont profite aujourd’hui ce véhicule à histoire. L’authentique voiture de Léonce Vieljeux était présentée au public ce 24 mai dans le hall le lycée du même nom. L établissement fêtait ses cinquante ans, honorant au passage la mémoire de l’ancien maire de La Rochelle, résistant, mort en déportation en 1944. On y entre presque debout « Cette voiture, une Hotchkiss AM 80, date de 1928. Elle appartient à présent à un Rochelais, Gilles Carter, qui a bien voulu la prêter à l’occasion de cet anniversaire », indiquait vendredi Jérôme Blanchard, chef de travaux du lycée, tout en faisant le tour du véhicule aux lignes attachantes des berlines d’antan. « On peut s’y installer quasiment sans avoir à se courber. M. Vieljeux l’avait souhaité ainsi pour sa femme, qui souffrait de rhumatismes. » La voiture avait été commandée à Paris, au carrossier Henry Labourdette, chargé d’équiper le fameux chassis-moteur Hotchkiss. Un modèle rare Au lycée Vieljeux, les observateurs ont pu la découvrir restaurée comme aux temps de sa première jeunesse : carrosserie noire et bleu marine, intérieur en cuir noir à l’avant, fin velours chamois à l’arrière, une vitre séparant la famille du chauffeur. « J’ai refait moi-même les strapontins de l’habitacle arrière. Ce dernier est assez large pour que quatre personnes puissent s’asseoir en vis-à-vis », rapporte le propriétaire. Gilles Carter n’est pas à proprement parler un collectionneur. « J’ai acheté cette voiture en 2003 auprès d’un passionné véritable de voitures anciennes. Lui-même l’avait acquise en 1967 et l’avait d’ailleurs déjà restaurée et fait rouler. Mon but était surtout qu’elle reste à La Rochelle, en mémoire de Léonce Vieljeux. C’est par ailleurs un modèle très rare. » Gilles Carter s’est laissé prendre au jeu, remontant l’histoire de la voiture. À Paris, il est un jour allé trouver Tristan Vieljeux, petit-fils de Léonce et déjà lui-même un vieux monsieur. « C’est de lui que je tiens la couleur de la sellerie intérieure ». Ainsi que la présence de ces raffinées « cantines » de cuir disposées au-dessus des accoudoirs. Madame Vieljeux y plaçait, paraît-il, des flacons de parfum. La voiture est donc à ses débuts celle de Madame et des déplacements familiaux. En 1939, elle rejoint le patrimoine de l’entreprise Delmas-Vieljeux, au port de commerce. Lorsque la guerre éclate, le véhicule est caché par les apprentis d’un centre qui fabrique à La Pallice des mines marines. La belle carrosserie ne sort de sa cachette qu’à la fin du conflit mondial, mais elle est un peu démodée. Quelques années plus tard, les chantiers navals des ACRP récupèrent la Hotchkiss pour la transformer en ambulance. Elle est repeinte en gris, ses confortables sièges sont démontés pour laisser entrer les civières. « Au chantier, ce véhicule a dû permettre de sauver des vies », imagine l’enseignant Jérôme Blanchard. Cette mission d’utilité s’arrête en 1967. La voiture est bien fatiguée, mais le collectionneur Claude Garde se charge pendant plus de trente ans de la maintenir en vie. « Depuis 2003, c’est moi qui m’en charge. Je l’ai restaurée en tentant donc de retrouver sa configuration originale ». Pour préserver cette belle octogénaire, Gilles Carter ménage ses sorties. L’automobile de collection devrait toutefois participer, l’an prochain à La Rochelle aux commémorations qui marqueront le 70e anniversaire du décès de Léonce Vieljeux, mort au camp de concentration du Struthof, en Alsace. Agnès Marroncle