Le stress, les stratégies d`adaptation et l`épuisement professionnel
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Le stress, les stratégies d`adaptation et l`épuisement professionnel
Le stress, les stratégies d’adaptation et l’épuisement professionnel chez les stagiaires francophones en enseignement primaire et secondaire Résumé La présente recherche examine le stress psychologique, les stratégies d’adaptation et l’épuisement professionnel chez 245 stagiaires francophones en enseignement primaire et secondaire à l’Université d’Ottawa. Nous présentons les caractéristiques psychométriques de trois instruments de mesure traduits et validés en français : le « Teacher Stress Inventory » (TSI, Fimian, 1984), le « Maslach Burnout Inventory » (MBI, Maslach, Jackson et Leiter, 1996) et le « Brief COPE » (Carver, 1997). L’analyse des moyennes suggère que les stagiaires ne sont pas stressés ou épuisés outre mesure comparativement à d’autres échantillons semblables et qu’il existe des différences selon l’âge, le sexe et le niveau (primaire/secondaire). Une première modélisation par équations structurales (MES) confirme la structure du TSI. Une seconde MES y intègre les mesures effectuées par le Brief COPE et le MBI et révèle que les stratégies d’adaptation face au stress agissent comme modérateurs de la relation entre le stress et l’épuisement professionnel. Nous préconisons une articulation théorico-empirique du stress qui s’enracine en une articulation cognitivo-émotive interne, au principe de la gestion des stresseurs internes lors du traitement des sources de stresseurs externes et du choix de stratégies plus ou moins fonctionnelles visant à minimiser la détresse, voire l’épuisement professionnel. Il en ressort un stress anticipé qui se distingue du stress perçu (Lazarus et Folkman) et du stress physiologique (Selye) et qui, du fait d’être cultivable, peut permettre à l’individu de passer d’une influence sociale externe à une influence sociale interne et, par là, de stimuli donnés à des stimuli autogénérés et propices à l’autorégulation (Vygotsky). Il devient ainsi possible de suggérer un processus menant à des stratégies plus fonctionnelles d’adaptation. Mots clés stress, stratégies d’adaptation, épuisement professionnel, stagiaires en enseignement Introduction Le développement complexe et accéléré de nos sociétés exige un effort permanent d’adaptation au changement, ce qui est source de stress (Rivolier, 1989). Nous savons fort bien que les effets d’un stress continu, conjugué avec des mécanismes passifs (ou des stratégies passives) d’adaptation, mènent à des émotions négatives et à une détresse psychologique qui, en s’accentuant et en durant, se transforme en épuisement professionnel (Montgomery et Rupp, 2005). Le stress et l’épuisement professionnel chez les étudiants en formation à l’enseignement sont des phénomènes désormais identifiés dans de nombreuses recherches (Chan, 2003; MurrayHarvey, Slee, Lawson, Silins, Banfield et Russell, 2000). Comparativement à d’autres professions (en particulier les médecins, infirmières et travailleurs sociaux), les enseignants semblent être les professionnels les plus stressés en Chine et en Allemagne (Chan, Lai, Ko et Boey, 2000; Meierjürgen et Paulus, 2002). Au Canada, plusieurs études signalent que le stress et la frustration sont les principaux facteurs influant sur la décision du personnel enseignant de quitter la profession avant la retraite (Fédération canadienne des enseignantes et des enseignants, octobre 2004). 2 L’omniprésente préoccupation envers le manque d’enseignants qualifiés pour les écoles élémentaires et secondaires s’explique en partie, dans le cas de l’Ontario, par le fait que, depuis 1990, le déficit annuel de la province a impliqué des compressions budgétaires qui se sont répercutées sur l’éducation. Dans un contexte de pénurie structurelle et de stress élevé du personnel enseignant, particulièrement dans les conseils scolaires francophones hors Québec (Hery, Levesque et Maltais, 2004), le taux d'attrition des nouveaux enseignants et enseignantes dans les trois premières années d'exercice a été de 22 % à 33 % (Gouvernement de l’Ontario, 2005). Toutefois, la pénurie d’enseignants semble révolue, sauf dans certaines matières spécialisées (français, physique, chimie, mathématique, formation commerciale et études technologiques) (Sentinelle CNW, 25 mai 2005). Cette pénurie d’enseignants qualifiés persiste chez les francophones, en particulier pour l’enseignement en français et français langue seconde, ainsi qu’en sciences et mathématiques, surtout dans les régions les plus minoritaires et les plus éloignées des facultés d’éducation situées à Ottawa et Sudbury (Berger, 2005). On s’aperçoit de la façon dont le changement social et des conditions sociales spécifiques, comme la 3 situation minoritaire francophone, exige un effort permanent qui est source de stress. Le stress ainsi conçu et empiriquement circonscrit inclut autant les facteurs de stress que les manifestations du stress, dont l’épuisement, tout en permettant de s’interroger sur la médiation éventuelle des stratégies d’adaptation entre les deux. Par cette idée d’une articulation théorico-empirique du stress (Montgomery et Rupp, 2005), nous verrons comment on peut intégrer la conception de Lazarus et Folkman (1984) et la démarche empirique de Chan (1998) en vue d’atteindre trois objectifs de recherche : (1) cerner les caractéristiques psychométriques de trois tests traduits et validés en français (2) déterminer dans quelle mesure les stagiaires francophones en enseignement primaire et secondaire sont stressés et épuisés, quelles en sont les principales sources et quelles sont les stratégies d’adaptation les plus utilisées globalement, par âge, sexe et niveau (primaire/secondaire), et (3) examiner le rôle que jouent les stratégies d’adaptation, soit fonctionnelles soit dysfonctionnelles, dans la relation entre le stress et l’épuisement professionnel. Problématique 4 La présente recherche s’inspire du travail de Chan (1998), parce qu’il a mis en évidence le rôle des stratégies d’adaptation comme médiatrices entre le stress et la détresse psychologique, cette dernière, en s’accentuant, menant à l’épuisement professionnel. Chan (1998) démontre que l’effet direct des stresseurs sur la détresse diminue quand les stratégies d’adaptation sont mises en jeu. Des méthodes actives d’adaptation au stress (active coping) permettent alors de réduire la détresse psychologique ressentie chez les enseignants en exercice. Chan (1998) établit aussi que les enseignants ayant un niveau élevé de stress sont aussi ceux qui ont les indices les plus élevés de détresse psychologique ou d’une moins bonne santé mentale. Les deux perspectives se conjuguent et permettent à Chan (1998) de suggérer une influence bidirectionnelle entre les stresseurs et la détresse psychologique, même si l’influence prédominante peut s’effectuer des stresseurs vers la détresse psychologique. Cette influence bidirectionnelle s’exerce entre les stresseurs et les stratégies d’adaptation, d’une part, et entre les stratégies d’adaptation et la détresse psychologique, d’autre part. Dans le cadre de la présente recherche, nous nous appuyons sur cette conception du stress comme d’un processus et reprenons à notre 5 compte la suggestion de Chan selon laquelle la différenciation des types de stresseurs et de stratégies d’adaptation pourrait permettre d’établir si les stratégies (ou mécanismes) spécifiques d’adaptation médiatisent les effets de sources spécifiques de stress sur la détresse psychologique (Chan, 1998). Cette dernière est susceptible de mener à l’épuisement professionnel lorsque s’installe le sentiment d’un investissement chroniquement plus grand que les résultats contextuellement obtenus en retour, que ce soit par de faibles résultats, en particulier dans les relations interpersonnelles des enseignants (ou des stagiaires) avec les élèves, ou par des investissements peu supportés ou appréciés au niveau de l’organisation (Van Horne et al, 1999). De même, les stratégies actives/passives d’adaptation (Chan, 1998; Montgomery et Rupp, 2005) sont intégrées dans le cadre des stratégies fonctionnelles/dysfonctionnelles (Carver, 1997; Carver et al, 1989) par lesquelles elles sont aussi contextuellement mises en jeu. De cette façon, l’activité de coping est située, voire ramenée à l’acte par lequel l’individu la met en jeu, du moins lorsque les mécanismes (d’adaptation) qu’elle implique se formulent en termes de stratégies. Dès lors, elle éclaire le coping actif/passif en fonction d’une réelle 6 adaptabilité, selon qu’elle le révèle adaptatif ou maladaptatif, cette distinction se retrouvant autant dans le cadre de référence de Lazarus et Folkman (1984) que dans le Handbook of coping (Zeidner, 1995) et signalant dorénavant s’il est fonctionnel ou dysfonctionnel. Cadre conceptuel Le stress Le stress est la tension résultant de l’interaction entre la personne et son milieu lorsque les exigences de l’environnement sont perçues par la personne comme excédant ses capacités individuelles (Lazarus et Folkman, 1984). Selon le cadre de référence de l’évaluation cognitive du stress de Lazarus et Folkman (1984), l’évaluation d’une situation stressante passe à travers trois phases : l’évaluation primaire, l’évaluation secondaire et les mécanismes d’adaptation. L’évaluation primaire est le processus par lequel l’individu perçoit un événement stressant et se préoccupe de ses conséquences, possiblement négatives, en tous les cas de l’ordre du défi. L’évaluation secondaire est l’évaluation des réponses possibles et de l’efficacité attendue de ces réponses. Il s’agit donc du processus d’élaboration d’un plan d’action suite à l’évaluation de ses ressources personnelles et environnementales. L’adaptation est la 7 mise en œuvre d’efforts cognitifs ou comportementaux faisant appel aux ressources disponibles et visant la résolution de la situation stressante. Les stratégies possibles, puis celles qui sont effectivement mises en jeu sont adaptées ou non, voire adaptatives ou non. Ces processus ne sont pas linéaires mais plutôt dynamiques où l’on peut revenir à une phase antérieure pour réévaluer la situation avec une nouvelle perspective. Stratégies d’adaptation au stress De plus en plus d’études visent à explorer les différences individuelles d’adaptation face au stress (Jarvis, 2002). Les sources de stress externes aux individus sont toujours présentes, la clé de l’adaptation au stress repose donc sur une gestion des stresseurs internes (MacDonald, 1993). D’emblée, la réaction au stress, y compris la maladie mentale et la détresse psychologique, n’est pas seulement le résultat de stresseurs externes. Elle est aussi largement déterminée par la disposition personnelle de l’individu (Chan, 1998), bref par les différences individuelles, selon la vulnérabilité ou la résistance, donc l’éventuelle réaction personnelle, au stress externe (Cassidy, 1999, p. 104). Il existe une grande diversité de stresseurs et de stratégies d’adaptation, celles-ci étant susceptibles de médiatiser 8 les effets de ceux-là relativement à ces réactions. D’où un processus d’influences bidirectionnelles entre les stratégies d’adaptation et autant les stresseurs que les réactions plus ou moins manifestes au stress. Les stratégies d’adaptation sont classées différemment, selon les auteurs : stratégies actives ou passives (Chan, 1998; Montgomery et Rupp, 2005), stratégies centrées sur le problème ou centrées sur les émotions (Carver et al, 1989), stratégies à action directe ou palliative (Kyriacou, 2001). Nous avons retenu la classification des stratégies d’adaptation en 14 types de réponse selon Carver (1997) et Carver et al (1989), puisqu’elle offre un plus grand éventail de stratégies d’adaptation que celui retenu par Chan (1998). Elle permet aussi de cerner les variations du rôle des stratégies d’adaptation dans la relation entre le stress psychologique et l’épuisement professionnel. Enfin, elle permet de prendre en compte la relation interne chez les individus entre les stratégies d’adaptation centrées sur le problème et celles centrées sur les émotions, en particulier selon l’âge et le sexe. Par-delà les définitions de chacune de ces 14 stratégies d’adaptation et des commentaires spécifiques s’y rapportant (Carver, 1997; Carver et al, 1989; Muller et Spitz, 2003), nous systématisons 9 ces stratégies en trois catégories allant des stratégies fonctionnelles aux dysfonctionnelles comme suit : les stratégies généralement fonctionnelles comprennent le coping actif, la planification, la réinterprétation positive et l’acceptation; les stratégies dysfonctionnelles comprennent le déni, l’utilisation de substances (ex: alcool, drogues), le désengagement comportemental (sauf dans le cas extrême d’un but inaccessible) et le blâme dirigé vers soi; d’autres stratégies ne peuvent être clairement rangées dans l’une ou l’autre des extrémités. On pourrait dire que ces dernières ont une « fonction variable » parce qu’elles dépendent des circonstances ainsi que de l’utilisation particulière que chacune en fait. Elles peuvent servir de tremplin vers l’acceptation d’une situation, vers la résolution active d’un problème ou servir de méthode d’évitement (Kyriacou, 2001). Ni fonctionnelles, ni dysfonctionnelles, à l’état pur, elles peuvent aller dans les deux sens. Elles soulèvent le problème de l’enchaînement variable des choix de stratégies d’adaptation en situations et en fonction des situations et permettent de constituer autant un entre-deux qu’un continuum s’étendant entre les stratégies fonctionnelles et les stratégies dysfonctionnelles. Elles servent alors de tremplin pour en utiliser une autre qui, elle, se révèle 10 seulement alors fonctionnelle ou dysfonctionnelle, selon sa capacité de mettre fin ou non à l’état de stress, à la situation stressante (Muller et Spitz, 2003). Ce sont la distraction (ou désengagement mental s’effectuant au gré de multiples actes possibles), l’humour (comme effort cognitif permettant d’éviter autant de prendre au sérieux la situation que d’être submergé par les émotions), l’expression des émotions (peu fonctionnelle si elle s’effectue au détriment d’un effort de coping actif mais fonctionnelle si elle permet de mieux accepter une situation difficile), la tendance à se tourner vers la religion (survenant pour diverses raisons) et le soutien social, qu’il soit émotionnel ou instrumental. Blais (2002) constate que le soutien social d’ordre émotionnel peut soit aider (stratégie fonctionnelle) soit nuire (stratégie dysfonctionnelle) à la résolution d’une situation stressante, selon les choix qui y sont associés ou le rôle que cette stratégie y joue. Plus généralement, l’individu ne cherche pas seulement activement un soutien social (Chan, 1999) mais peut aussi se sentir plus ou moins socialement soutenu (Montgomery et Rupp, 2005), du fait de s’inscrire dans un processus susceptible de varier en fonction du soutien que le milieu social peut lui offrir (Larose et Bernier, 2001), en particulier en 11 termes de soutien instrumental et de soutien émotionnel, dont les fonctions adaptatives s’avèrent alors variables. Par-delà Chan, le coping actif n’inclut donc pas nécessairement le soutien social et s’identifie plutôt à la seule résolution de problèmes. A ce titre, il est une stratégie fonctionnelle d’adaptation parmi d’autres, du fait de côtoyer la planification, la réinterprétation positive et l’acceptation. Notons que la distinction des stratégies en fonctionnelles et dysfonctionnelles, dont les stratégies fonctionnellement variables constituent alors l’entre-deux, inclut la distinction entre les stratégies centrées sur le problème et celles centrées sur l’émotion, si l’on considère aussi l’évitement et le désengagement par lesquels s’écarter de ce qu’elles permettent autrement de tenir compte : les stratégies fonctionnelles axées sur le problème (planification, coping actif) et sur l’émotion (réinterprétation positive, acceptation); les stratégies fonctionnellement variables axées sur le problème (soutien instrumental), sur l’émotion (soutien émotionnel, expression émotionnelle, religion), sur l’évitement (humour) et sur le désengagement mental (distraction); les stratégies dysfonctionnelles axées sur le problème (blâme dirigé vers soi, en tant qu’il prédit un moindre ajustement au stress et est associé à un sentiment de 12 culpabilité), sur l’émotion (déni s’opposant à l’acceptation), sur l’évitement de la situation (usage de substances) et sur le désengagement comportemental (survenant lorsqu’il est peu possible de prévoir les résultats). On peut ainsi mieux saisir la différenciation interne des stratégies fonctionnelles, fonctionnellement variables et dysfonctionnelles jusqu’en sa relation avec divers facteurs, dont l’estime de soi qui, des premières aux dernières, s’amoindrit corrélativement (Muller et Spitz, 2003) et indique une détresse psychologique susceptible, en durant et en s’accentuant, de mener à l’épuisement. L’épuisement professionnel L’épuisement professionnel est une réponse à une fatigue émotionnelle chronique et affecte plus particulièrement les personnes qui sont en situation de relation d’aide (Jackson, Schwab et Schuler, 1986; Maslach et Jackson, 1984; Vandenberghe et Huberman, 1999). L’épuisement professionnel se manifeste de trois façons : l’épuisement émotionnel, la dépersonnalisation et la perte du sentiment d’accomplissement personnel (Maslach et Jackson, 1984). L’épuisement émotionnel se réfère à la fatigue extrême et au 13 sentiment de ne plus être capable de donner de soi-même comme auparavant. La dépersonnalisation se réfère au cynisme ou à l’attitude négative envers son travail, ses étudiants et la vie en général. Le faible sentiment d’accomplissement personnel est caractérisé par une incapacité de reconnaître la valeur de ses accomplissements, le sentiment de ne plus contribuer ainsi que l’impression que ses actions ne produisent aucun résultat positif (Jackson, Schwab et Schuler, 1986; Maslach et Jackson, 1984). Modèle théorico-empirique proposé L’idée d’une articulation théorico-empirique du stress (Montgomery et Rupp, 2005) permet de modifier conceptuellement le cadre de référence de Lazarus et Folkman (1984), en reconnaissant en la gestion des stresseurs internes la clef du traitement des sources de stress externes (MacDonald, 1993) et du choix de stratégies d’adaptation (Carver et al, 1989; Muller et Spitz, 2003), elles-mêmes plus systématiquement catégorisées mais relativement à la MES de Chan (1998). Cette MES permet alors de vérifier empiriquement s’il y a un rôle de médiation de ces stratégies d’adaptation entre le stress et l’épuisement professionnel et si oui, de le cerner. Cet épuisement serait issu du sentiment d’un investissement chroniquement plus 14 grand que les résultats obtenus en retour (Van Horne et al, 1999). Toutefois, il faut signaler que, selon les données que notre questionnaire permettait de recueillir, notre MES n’a permis de mettre empiriquement en évidence que les stratégies extrêmes, donc fonctionnelles ou dysfonctionnelles, et a donc laissé en suspens la question des stratégies fonctionnellement variables qui ont été conceptuellement mises à jour et qui en constituent un entre-deux. Méthodologie Procédure et échantillon L’échantillon de cette étude est constitué d’étudiants francophones à la formation à l’enseignement de l’Université d’Ottawa ayant complété un premier stage d’une durée de 8 semaines en enseignement primaire ou secondaire. On a distribué un questionnaire en trois parties à tous les stagiaires francophones de l’Université d’Ottawa (373) lors de leur retour en classe après leurs stages. 243 questionnaires ont été complétés, ce qui nous donne un taux de réponse de 65,7 %1. L’échantillon était composé de 87 La question de représentativité est toujours pertinente. Savoir qui répond, et plus particulièrement qui ne répond pas est toujours matière à contention. Il n’y a pas d’information sur les 130 individus qui n’ont pas répondu aux questionnaires, donc il est impossible de déterminer si ce groupe est sur ou sous-représenté. 1 15 hommes (35,8 %) et de 156 femmes (64,2 %). Les stagiaires étaient âgés entre 21 et 53 ans avec un âge moyen de 30 ans et un écart type de 8,2 ans. Instruments de mesure Nous avons construit un questionnaire qui, en plus des questions sociodémographiques, comporte trois parties. Nous avons combiné une toute première traduction du « Teacher Stress Inventory » (Fimian, 1984) et du « Maslach Burnout Inventory » (Maslach, Jackson et Leiter, 1996) avec une nouvelle traduction du « Brief COPE » qui, par-delà celle de Muller et Spitz (2003), reste plus proche autant de l’ordre que du texte de Carver (1997). Nous avons validé les trois auprès des stagiaires francophones en enseignement primaire et secondaire à l’Université d’Ottawa. Le temps requis pour compléter le questionnaire est d’environ 20 à 30 minutes. La traduction initiale des trois tests a été réalisée en consultation avec les auteurs des questionnaires, des collègues et des spécialistes au niveau de la validation psychométrique de questionnaires. La première partie du questionnaire porte sur le stress avec le Teacher Stress Inventory (TSI) (Fimian, 1984) et évalue les facteurs 16 de stress sous cinq sous-échelles (la gestion du temps, les stresseurs au travail ou relié à la tâche, la détresse professionnelle, la discipline et la motivation, l’investissement professionnel) ainsi que les manifestations comportementales et physiologiques du stress sous cinq sous-échelles (manifestation émotionnelles, de fatigue, cardiovasculaires, gastriques, comportementales) vécu au travail par les enseignants. La deuxième partie du questionnaire porte sur l’épuisement professionnel avec le Maslach Burnout Inventory (MBI) (Maslach, Jackson, Leiter, 1996) et évalue le syndrome de l’épuisement professionnel chez les enseignants sous trois échelles, soit l’épuisement émotionnel, la dépersonnalisation et la perte d’accomplissement personnel. La troisième partie du questionnaire porte sur les stratégies d’adaptation au stress avec le Brief COPE (Carver, 1997) et évalue les réponses au stress sur une échelle allant de réponses fonctionnellement adaptées et appropriées à des réponses dysfonctionnelles. Il est facile et rapide à compléter, seulement 28 items (14 échelles de deux items chacune). Résultats 17 Validité interne Des analyses de consistance interne du premier questionnaire, de chacune des échelles et sous-échelles des deux autres questionnaires ont été effectuées. Au TSI et au MBI, les alphas de Cronbach sont tous au dessus de 0,7 sauf pour la sous-échelle des manifestations comportementales au TSI (0,468). En ce qui concerne le Brief COPE, les alphas varient entre 0,601 et 0,902 selon les échelles, sauf pour le coping actif (0,502). Ces résultats sont satisfaisants et sont comparables aux résultats obtenus par les auteurs des questionnaires. ------------------Insérer tableau 1 ici--------------Modélisation par équations structurales La modélisation par équations structurales est une méthode statistique utilisée afin de tester la validité de modèles statistiques. Elle consiste à fournir une série de variables mesurées et de relations hypothétiques. De plus, ce type d'analyse permet de définir des variables latentes, ou variables qui ne peuvent pas ou ne sont pas mesurées directement mais auxquelles les variables mesurées devraient se rapporter. Dans les figures, les rectangles correspondent aux variables mesurées et les ellipses aux variables latentes. Les valeurs numériques entre les différentes variables 18 latentes et mesurées correspondent aux coefficients linéaires reliant ces variables. Plus les valeurs numériques sont élevées, plus le lien entre les deux variables est élevé. La modélisation est testée de façon confirmatoire afin de déterminer si les liens hypothétiques sont confirmés par les données. Les trois parties du questionnaire (TSI, MBI, Brief COPE) procurent des concepts sous lesquels les données recueillies sont regroupées et par lesquels il devient possible de les articler globalement selon une telle modélisation par équations structurales. Le TSI est au point de départ de cette modélisation, du fait qu’il permet de différencier et d’articuler les facteurs de stress et les manifestations de stress. La détresse professionnelle est l’un de ces facteurs de stress et consiste en une détresse largement indépendante des individus et essentiellement issue des caractéristiques de l’emploi lui-même (ex. : charge de travail, etc). Elle reste donc distincte de la détresse psychologique qui figure comme manifestation de stress dans la MES de Chan et qui, en s’accentuant et en durant, mène à l’épuisement mais, en l’occurrence, vécu et considéré en et en fonction d’un tel contexte professionnel. Cet épuisement professionnel est mesuré par le MBI et, comme 19 manifestation du stress, s’ajoute aux manifestations physiologiques et comportementales déjà mesurées par le TSI. En résumé, le TSI est au point de départ de notre modélisation par équations structurales et permet autant de distinguer que d’articuler les facteurs de stress et les manifestations de stress, ces dernières incluant dorénavant l’épuisement professionnel mesuré par le MBI. Le Brief COPE permet alors d’intégrer les stratégies d’adaptation au stress et de les inscrire entre ces facteurs de stress et ces manifestations de stress. Bien sûr, il s’agit du Brief COPE tel qu’il a été conceptuellement révisé et systématisé dans notre cadre conceptuel afin de différencier les stratégies d’adaptation en fonctionnelles, fonctionnellement variables et dysfonctionnelles. Par contre, les stratégies fonctionnellement variables ne sont pas prises en compte par la présente modélisation par équations structurales. En effet, pour en tenir compte, il faudrait, si ce n’est une approche qualitative complémentaire, du moins un raffinement du questionnaire utilisé, en particulier pour départager autant les circonstances que les usages particuliers que chacun en fait : par exemple, l’individu cherche-t-il activement un soutien social et, si oui, de quel type (instrumental ou émotionnel) ou se sent-il seulement plus ou moins soutenu et peut-il 20 accéder ou se trouve-t-il dans un milieu qui peut lui en offrir un et de quel type? Tant que les données susceptibles d’être recueillies par le questionnaire utilisé ne permettent pas d’établir une telle différenciation conceptuelle, au niveau des stratégies fonctionnellement variables, les concepts en cause ne peuvent pas être suffisamment bien définis et rendus mutuellement exclusifs pour constituer des variables véritablement mesurables et aisément opérationnalisables, en termes de leur intégration à la MES. Il s’agit d’une limite proprement méthodologique, du fait d’une approche qui est alors davantage analytique, en cherchant à comprendre certaines variables et leurs relations, que systémique, en cherchant à comprendre leur interaction dans un environnement complexe (Miles et Huberman, 2003). En somme, en l’état actuel de notre questionnaire, notre MES ne rend que partiellement compte de notre démarche conceptuelle et ce, sous son angle analytique plutôt que systémique. En effet, elle s’en tient à certaines variables qui permettent seulement de rendre compte des stratégies extrêmes (fonctionnelles versus dysfonctionnelles). Elle n’aborde pas leur interaction dans un environnement complexe, comme l’exigeraient les stratégies (fonctionnellement) variables, dont l’usage 21 circonstancié n’est pas suffisamment précisé et dont l’indétermination conceptuelle semble dès lors empiriquement susceptible de déboucher autant vers un extrême que vers l’autre. Analyses descriptives L’analyse du TSI a été effectuée en vue de vérifier la validité de la structure du questionnaire par le biais d’une modélisation par équations structurales. Elle révèle une forte corrélation (,72) entre les deux échelles « facteurs de stress » et « les manifestations du stress. » Bien que ce modèle ne soit pas statistiquement significatif (chi-carré = 78,87, dl = 34, p < 0,001), et qu’il n’explique pas complètement la variance dans les réponses, particulièrement pour la sous-échelle des manifestations gastriques (1,02), il n’en demeure pas moins possible, en ajoutant certaines corrélations entre les variables observées, de le rendre significatif. ------------------Insérer figure 1 ici--------------Les moyennes des scores au TSI et au MBI se situent dans la moyenne et n’indiquent donc pas de niveau de stress ou d’épuisement professionnel élevé chez cet échantillon. Cependant, la moyenne de la sous-échelle des stresseurs au travail au TSI est élevée par rapport aux normes, ce qui indique que les tâches 22 administratives, la charge et le rythme de travail sont des sources de stress qui affectent particulièrement cet échantillon. La gestion du temps et la gestion de la discipline sont aussi des facteurs de stress importants pour ce groupe de stagiaires. ------------------Insérer tableau 2 ici--------------Pour les échelles au MBI, la dépersonnalisation est sous la moyenne et le sentiment d’accomplissement personnel est élevé. La moyenne obtenue pour la dépersonnalisation semble être raisonnable considérant que des stagiaires ne devraient pas avoir eu le temps pendant leur stage de développer ce type de comportement. On observe chez les échelles du Brief COPE que les stratégies de coping actif, la réinterprétation positive et la planification sont les stratégies d’adaptation les plus utilisés alors que le déni, l’utilisation de substances et le désengagement sont les stratégies les moins populaires auprès des stagiaires. Analyses corrélationnelles Les tests t de Student révèlent que les stagiaires plus jeunes ressentent plus de stress en lien avec la gestion du temps (p < 0,01) et qu’ils utilisent davantage la distraction (p < 0,05) et la consommation d’alcool et de substances (p < 0,05) que leurs 23 collègues plus âgés. Les stagiaires plus âgés perçoivent du stress en lien avec l’investissement professionnel (p < 0,05), ils démontrent davantage de dépersonnalisation (p < 0,01) et ils utilisent le coping actif (p < 0,01), le déni (p < 0,05), le blâme (p < 0,05) et la religion (p < 0,01) de manière plus importante sur le plan statistique que leurs collègues plus jeunes. ------------------Insérer tableau 3 ici--------------Les tests t de Student révèlent aussi que les femmes ressentent plus de stress que les hommes de façon générale au TSI (p < 0,05). D’ailleurs, elles se présentent avec des scores significativement plus élevés que les hommes pour les sous-échelles de la gestion du temps (p < 0,001), des stresseurs au travail (p < 0,05), de la gestion de la discipline (p < 0,05), des manifestations émotionnelles (p < 0,01) et des manifestations de fatigue (p < 0,05). Les hommes présentent un score plus élevé au niveau de la dépersonnalisation au MBI (p < 0,01). Quant au Brief COPE, les femmes utilisent significativement plus le soutien émotionnel (p < 0,001), le soutien instrumental (p < 0,001) et l’expression des émotions (p < 0,01) comme stratégies d’adaptation que leurs collègues masculins. 24 ------------------Insérer tableau 4 ici--------------Les tests t de Student mettent en lumière des différences selon le niveau (primaire/secondaire). Les stagiaires au niveau primaire sont plus épuisés (p < 0,05), stressés au travail (p < 0,05) et fatigués (p < 0,05). De plus, ils semblent percevoir avoir plus de problèmes de comportement (p < 0,05) et utilisent davantage des substances (p < 0,05) comme stratégies d’adaptation que leurs collègues au secondaire. Enfin, nous avons voulu établir, à l’aide d’une modélisation par équations structurales, que les stratégies d’adaptation au stress peuvent agir comme médiatrices de la relation entre le stress et l’épuisement professionnel. Les analyses confirmatoires préliminaires sont comparables aux résultats obtenus dans les deux études de Chan (1998) et de Matte et al. (2005) : chi-carré 357,20, degré de liberté 160, et elles seront discutées dans la section qui suit. ------------------Insérer figure 2 ici--------------Discussion Concernant le premier objectif de cette étude, les échelles de mesure les plus fréquemment utilisées dans la littérature sur le stress, l’épuisement professionnel et les stratégies d’adaptation n’étant le 25 plus souvent validées et standardisées qu’en anglais, nous avons dû traduire le TSI et le MBI en français et leur joindre une nouvelle traduction du « Brief COPE » afin de procéder à une validation en français de nos trois instruments de mesure, intégrés dans cet ordre au sein du questionnaire, auprès d’une nouvelle population francophone. Les analyses préliminaires sur la validité psychométrique de ceux-ci en français (TSI, MBI, Brief COPE) étaient prometteuses. Quant au Brief COPE (Carver, 1997), nous nous sommes inscrits dans le processus de validation du Cope qui s’est effectué en diverses étapes, en passant d’un format dispositionnel vers un format situationnel (Carver et al, 1989; Muller et Spitz, 2003) et l’avons utilisé dans ce dernier format. Du premier au second format, on passe de l’interindividuel, en accentuant les différences individuelles dans les styles habituels de coping, à l’intra-individuel, en accentuant l’évolution des stratégies de coping mises en place par l’individu face à des situations stressantes spécifiques (telles que retrouvées dans le TSI). Ceci se traduit par une transformation du temps de conjugaison des verbes des 28 items, en passant du présent au passé : par exemple, l’item 1 « je me tourne… » devient « je me 26 suis tourné vers d’autres activités pour me changer les idées ». Le tout s’accorde avec notre focus sur la gestion des stresseurs internes, lors du rapport aux stresseurs externes et au choix des stratégies d’adaptation. Elle résulte d’une transition, non seulement individuelle et proprement psychique, mais culturelle (Wertsch, 1988), du développement du comportement, en passant d’une activité interindividuelle vers une activité intra-individuelle Du culturel au psychique, l’interindividuel, d’abord considéré en sa dynamique relationnelle comme telle, fait aussi place aux différences individuelles quant aux stratégies d’adaptation habituellement utilisées, puis l’intra-individuel, d’abord considéré en sa différenciation interne, en particulier cognitivo-émotive, s’avère s’autoréguler mais en se trouvant davantage médiatisé, selon ses stratégies d’adaptation, par un ajustement plus ou moins fonctionnel aux situations stressantes spécifiques. Les résultats du deuxième objectif de recherche sont contraires à ceux d’autres études effectuées chez les étudiants à la formation à l’enseignement au Canada et ailleurs dans le monde (Brember et al., 2002; Chan, 2003; Friedman, 2000; Greer et Greer, 1992; Murray-Harvey et al., 2000). Ils suggèrent que les stagiaires 27 en enseignement primaire et secondaire ne sont pas stressés ou épuisés outre mesure. Toutefois, il existe quelques particularités chez notre échantillon puisque les stagiaires plus jeunes soient davantage préoccupés par la gestion du temps, alors que ceux plus âgés soient davantage préoccupés par l’investissement professionnel, et que les stagiaires plus âgés soient plus à risque de présenter des signes de dépersonnalisation. De plus, nos résultats s’accordent avec certaines tendances récentes et selon lesquelles les femmes perçoivent et ressentent plus de stress que les hommes, mais les hommes sont plus susceptibles de démontrer des signes de dépersonnalisation (Byrne, 1999; Schwarzer, Schmitz et Tang, 2000). Pour les stratégies d’adaptation au stress, les femmes sont plus sensibles au soutien social et aux relations avec les collègues et recherchent davantage le soutien social que les hommes (Brember et al., 2002; Hetty van Emmerik, 2002; Schonfeld, 2001). Nos résultats confirment ces tendances, puisque les femmes utilisent davantage les stratégies dites à « fonction variable » tels que le soutien émotionnel, le soutien instrumental et l’expression des émotions (Brember, Brown et Ralph, 2002; Hetty van Emmerik, 2002; Meierjürgen et 28 Paulus, 2002; Schonfeld, 2001). Les femmes pourraient, à l’affût de cette connaissance, transformer leur utilisation de ces stratégies à « fonction variable » en s’en servant consciemment pour mieux se situer entre les stratégies dysfonctionnelles et les stratégies fonctionnelles, pour cheminer de celles-là vers celles-ci et pour constituer ainsi un tremplin vers une résolution active de situations stressantes problématiques quant au choix d’une stratégie donnée. Ces résultats s’accordent aussi avec des résultats qui ont été mis à jour chez des adolescentes et des adolescents. En effet, Wilson, Pritchard et Revalle (2005), comme Piko (2000), ont plutôt trouvé que les adolescentes utilisaient les deux types de stratégie de coping et ils ont rattaché ces résultats à la méta-analyse de Tamres et al. (2002) selon laquelle les filles tendent à utiliser un plus grand nombre de comportements de coping. Enfin, les stagiaires au niveau primaire sont, dans des proportions semblables, plus épuisés et plus fatigués, sur le plan physique, que leurs collègues au niveau secondaire. Ils perçoivent aussi plus de stress au travail et de troubles de comportement qu’eux. Ce résultat soulève ainsi une interrogation quant aux multiples didactiques à enseigner dans la même classe par un même 29 enseignant au niveau primaire. Les stagiaires au niveau primaire pourraient vivre plus de stress à cause de cette charge de travail et de sa nouveauté. Concernant notre troisième objectif de recherche, les deux MES se confirment mais présentent certaines lacunes. Quant à la seconde MES, certaines analyses mériteraient d’être poursuivies de façon à diminuer les valeurs d’erreur des trois sous-échelles de l’épuisement professionnel et à améliorer les liens entre les diverses variables. Cependant, tels qu’exprimé auparavant, la MES actuelle converge et supporte notre hypothèse de départ sur le rôle de médiation des stratégies d’adaptation sur la relation entre le stress et l’épuisement professionnel. L’utilisation de stratégies dysfonctionnelles d’adaptation ne permettrait pas de diminuer la détresse ressentie et, lorsque celle-ci s’accentue et dure, la tendance à l’épuisement professionnel que peut susciter le stress au travail. Les risques les plus élevés de stress et d’épuisement professionnel surviennent au début de la carrière enseignante et même pendant les stages (Greer et Greer, 1992). Notre recherche a tenté de démontrer que mieux comprendre cette relation permettrait aux formateurs de mieux préparer les étudiants à l’amorce de leur 30 carrière enseignante et ouvrirait des pistes d’intervention pour soutenir ceux-ci lors de leur insertion professionnelle. Conclusion Pour terminer, cette étude repose essentiellement sur une façon nouvelle de catégoriser les stratégies d’adaptation en trois classes, soit les stratégies fonctionnelles, dysfonctionnelles et à fonction variable. Cette catégorisation des stratégies de résolution des situations stressantes est un début de réponse au manque de congruence entre les différents auteurs qui se penchent sur cette question et ouvre aussi la porte à l’identification d’autres stratégies d’adaptation qui s’y grefferaient. Cette catégorisation ouverte permet de s’accorder avec le processus réel par lequel les individus choisissent des stratégies en et en fonction des situations. De plus, cette étude renforce l’idée de mieux préparer les étudiants à gérer les situations stressantes et de leur enseigner à l’intérieur de leur formation des techniques d’adaptation fonctionnelles (Brember et al., 2002; Chan, 2003). Bien que les résultats suggèrent que les stagiaires en enseignement primaire et secondaire ne soient pas stressés outre mesure, il demeure que bon nombre d’étudiants en formation à l’enseignement et de jeunes 31 enseignants qui entrent dans la profession ressentent des niveaux de stress élevés. L’analyse des données tend à démontrer que les stratégies d’adaptation au stress agissent comme médiatrices entre les facteurs de stress et les manifestations du stress. Ceci offre un potentiel intéressant tant pour les aspects cliniques du sujet que pour l’exploration plus approfondie du rôle des stratégies d’adaptation au stress par d’autres recherches de type exploratoire ou qualitatif. Les différences observées entre les hommes et les femmes et par niveau dans cette étude mériteraient un approfondissement quant aux implications de ces différences sur leur fonctionnement au travail. De ce fait, il serait pertinent de répliquer la présente étude auprès d’étudiants anglophones afin de détecter des différences entre les milieux minoritaire et majoritaires. Il faudrait continuer d’effectuer une étude ultérieure auprès de notre population pour savoir si le stress évolue dans le temps, étant donné qu’il devient un élément déterminant dans l’abandon des nouveaux enseignants en milieu minoritaire francophone. Nouvelles pistes de réflexion Notons bien que cette transformation des mécanismes d’adaptation en stratégies d’adaptation indique qu’ils ne se repèrent 32 pas seulement chez les individus par lesquels ils sont mis en œuvre lors de leurs transactions avec leurs environnements. Ils s’intègrent aux actes mêmes par lesquels ces individus les mettent ainsi en œuvre en et en fonction des situations, d’où leur transformation en stratégies et en leur teneur plus ou moins fonctionnelle. Il ne s’agit pas seulement d’une transaction universellement valide pour tout individu en sa relation avec l’environnement, mais d’abord et avant tout d’une autorégulation mieux inter- et intra- individuée et située. Il ne s’agit pas seulement d’un stress perçu mais d’une modification comportementale découlant de l’exigence de le modifier en fonction d’un stress anticipé, voire désiré, c’est-à-dire optimisable, gérable et utilisable à son propre profit, au gré d’une conscience accrue de se l’imposer en bonne partie à soi-même, d’en inscrire l’autoévaluation au sein d’une autorégulation et d’inclure alors en sa conception, non seulement la détresse, mais aussi et surtout l’eustress (Gmelch et Parkay, 1998). En ce sens, non seulement l’échec mais aussi la réussite peuvent constituer des stress, ce qui se réfléchit dans la façon de concevoir son expérience du stress pendant que celle-ci se produit. Le stress en question est un stress humain, dès lors éminemment cultivable. On s’aperçoit de toute la transformation que 33 l’approche de Carver, une fois ainsi anthropologisée, fait subir autant au cadre de référence de Lazarus et Folkman, avec lequel elle semblait pourtant s’accorder de prime abord, qu’à la portée dorénavant à octroyer à la MES de Chan et à tout l’entre-deux qui s’ouvre entre les stratégies extrêmes (fonctionnelles/dysfonctionnelles) que celui-ci permet de cerner. La conception du stress gagne autant en compréhension d’un côté qu’en extension de l’autre. Le stress est si loin d’être seulement physiologique (Selye, 1974) ou perçu (Lazarus et Folkman, 1984) qu’il est aussi et surtout anticipé mais en fonction de l’aptitude ou non de répondre adéquatement à une demande, perçue certes, mais accompagnée d’une anticipation corrélative de conséquences respectivement positives ou négatives, selon que cette réponse est adéquate ou non (Gmelch et Parkay, 1998), d’où des stratégies dites fonctionnelles ou dysfonctionnelles. Par exemple, dans le rapport des enseignants ou des stagiaires avec les élèves, le coping actif peut être proactif ou rétroactif, selon qu’il anticipe et s’accorde avec une planification favorisant la création et l’offre de conditions favorables au soutien social, autant instrumental qu’émotionnel, ou selon qu’il ne survient qu’après coup, alors que s’instaure parallèlement, si ce 34 n’est un désengagement comportemental, du moins une éventuelle recherche, dorénavant externe à la relation éducative, de soutien social. Le coping actif est d’autant plus fonctionnel qu’il est proactif, donc lié à un stress anticipé, davantage que rétroactif, suite à un stress seulement perçu. Par ce coping relationnel, faisant apparaître les ajustements autant inter- qu’intra-individuels quant aux stratégies d’adaptation mises en jeu, l’histoire du stress entre dans une nouvelle ère : il ne s’agit plus tant de constater un stress perçu que de cerner, à son principe, un stress anticipé, inhérent au développement autant de capacités ou d’habiletés d’adaptation que de conséquences liées aux réponses autrement adaptatives alors susceptibles d’être rendues possibles. Limites Guglielmi et Tatrow (1998) ont déjà souligné la validité limitée des approches transversales, exclusivement dépendantes de l’autoévaluation et sans cadre théorique permettant de guider les enquêtes empiriques. L’évaluation cognitive du stress que proposent Lazarus et Folkman, bien qu’elle propose un tel cadre de référence, se base néanmoins sur une telle autoévaluation. Sans doute, il est possible d’adopter une approche multidimensionnelle qui déborde et 35 complète l’autoévaluation, strictement subjective, par des indicateurs plus objectifs (données archivées, observateurs indépendants, mesures de groupe, par exemple) permettant d’en rectifier le biais (Guglielmi et Tatrow, 1998). En ce sens, la présente recherche aurait pu inclure une mesure des évaluations faites par les enseignants associés et des stresseurs que peuvent constituer les exigences universitaires et aurait ainsi contribué à effectuer une telle rectification. Toutefois, par son raffinement de l’articulation théorico-empirique, elle peut la faciliter. De même, une mesure de la croyance des stagiaires de pouvoir contrôler les humeurs négatives dont ils font l’expérience (Mearns et Cain, 2003) ou encore du locus interne, en particulier relativement à l’articulation cognitivo-émotive et aux attitudes possiblement actives ou passives alors en cause dans le choix éventuel des stratégies d’adaptation, permettrait d’indiquer plus précisément la façon dont s’effectue la gestion des stresseurs internes. Enfin, jusqu’à quel point l’éventuelle détresse psychologique des stagiaires peut-elle se transformer en épuisement professionnel, étant donné que l’insertion dans la profession est encore limitée au 36 cadre d’un stage et n’implique pas toutes les contraintes qu’impliquent la pleine insertion dans un cadre scolaire? Par définition, un stagiaire est aussi un enseignant en formation, donc étant encore en quelque sorte un élève, jusqu’en sa relation aux élèves qu’il rencontre et qui constituent la classe relevant de l’enseignant associé qui le supervise et qui, selon son résultat, lui attribue une note, laquelle est remise au représentant universitaire encadrant plus globalement sa formation. Références AEFO (Association des enseignantes et enseignants francoontariens) (janvier 2006). Nos écoles. Notre avenir. Livre blanc, http://franco.ca/aefo/congres/livre_blanc_web.pdf Berger, M. (1er juin 2005). La pénurie d’enseignants persiste chez les francophones. Le Voyageur, Sudbury. Blais, A. (2002). Coping with stressful decisions: Individual differences, appraisal, and choice. Dissertation abstracts international: Section B: The sciences and engineering, 62 (8B), 3793. Brember, I., Brown, M., Ralph, S. (2002). 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New York: wiley Publication, 728 p. 42 Tableau 1 Coefficients α pour chaque sous-échelle Questionnaire (TSI seulement), # Items n sous-échelles et échelles (MBI et BC) Teacher Stress Inventory TSI total 49 244 Gestion du temps 8 245 Stresseurs reliés au travail 6 245 Détresse professionnelle 5 245 Discipline et motivation 6 245 Investissement professionnel 4 245 Manifestations émotionnelles 5 245 Manifestations de fatigue 5 245 Manifestations cardio-vasculaires 3 245 Manifestations gastriques 3 244 Manifestations comportementales 4 245 Maslach Burnout Inventory Épuisement émotionnel 9 239 Dépersonnalisation 5 234 Accomplissement personnel 8 232 Brief COPE Distraction 2 235 Coping actif 2 236 Déni 2 234 Utilisation de substances 2 238 Soutien émotionnel 2 237 Soutien instrumental 2 236 Désengagement 2 236 Expression des émotions 2 237 Réinterprétation positive 2 238 Planification 2 236 Humour 2 237 Blâme 2 236 Acceptation 2 236 Religion 2 235 α Item enlevé α corrigé 0,921 0,716 0,858 0,809 0,850 0,735 0,870 0,661 0,809 0,884 0,468 35 35 - 0,923 0,711 - 0,850 0,743 0,821 - - 0,610 0,502 0,616 0,902 0,785 0,761 0,609 0,601 0,759 0,678 0,619 0,646 0,669 0,841 - - 43 Tableau 2 Tableau des scores obtenus aux tests Questionnaire (TSI n Minimum Maximum Moyenne Écart type seulement), sous-échelles et échelles TSI Niveau moyen de stress entre 1,90 et 3,20 Total TSI 244 1,12 4,32 2,50 0,53 Gestion du temps 245 1,00 4,63 3,01 0,67 Stresseurs au travail 245 1,00 5,00 3,26 0,83 Détresse professionnelle 245 1,00 4,80 2,37 0,92 Discipline et motivation 245 1,00 5,00 2,98 0,89 Investissement professionnel 245 1,00 4,25 2,15 0,79 Manifestations émotionnelles 245 1,00 5,00 2,74 1,02 Manifestations de fatigue 245 1,00 5,00 2,78 0,86 Manifestations cardio245 1,00 5,00 2,31 1,05 vasculaires Manifestations gastriques 244 1,00 5,00 1,90 1,13 Manifestations 245 1,00 4,00 1,50 0,56 comportementales MBI Épuisement émotionnel Épuisement moyen entre 17 et 26 239 1 50 21,07 9,16 Dépersonnalisation Niveau moyen de dépersonnalisation entre 9 et 13 234 0 22 5,04 4,52 Sentiment d’accomplissement Sentiment moyen d’accomplissement entre 31 et 36 232 10 48 37,14 6,79 Brief COPE Distraction 235 2 8 5,60 1,27 Coping actif 236 3 8 6,03 1,05 Déni 234 2 6 2,94 1,14 Utilisation de substances 238 2 8 2,78 1,22 Soutien émotionnel 237 2 8 5,81 1,37 Soutien instrumental 236 2 8 5,85 1,33 Désengagement 236 2 7 2,90 1,04 Expression des émotions 237 2 8 5,76 1,41 Réinterprétation positive 238 3 8 5,95 1,29 Planification 236 3 8 5,92 1,25 44 Humour Blâme Acceptation Religion 237 236 236 235 2 2 2 2 8 8 8 8 4,63 4,92 5,52 4,19 45 1,40 1,42 1,39 1,97 Tableau 3 Corrélations significatives entre l’âge et les scores au questionnaire (TSI seulement), aux sous-échelles et aux échelles Corrélation de Pearson TSI Score total TSI ns Gestion du temps -0,179** Investissement professionnel 0,132* MBI Épuisement émotionnel ns Dépersonnalisation 0,183** Accomplissement personnel ns Brief COPE Distraction -0,147* Coping actif 0,217** Déni 0,136* Utilisation de substances -0,145* Blâme 0,155* Religion 0,327** ns = corrélation non significative * p < 0,05 ** p < 0,01 *** p < 0,001 46 Tableau 4 Corrélations significatives entre le sexe et le questionnaire (TSI seulement), les sous-échelles et les échelles Moyenne des scores Test-T Hommes Femmes TSI Score total au TSI 2,3827 2,5654 -2,586* Gestion du temps 2,7500 3,1537 -4,727*** Stresseurs au travail 3,0824 3,3524 -2,465* Discipline et motivation 2,8008 3,0796 -2,350* Manifestations émotionnelles 2,4805 2,8904 -3,051** Manifestations de fatigue 2,6046 2,8866 -2,492* MBI Dépersonnalisation 6,36 4,26 3,149** Brief COPE Soutien émotionnel 5,3735 6,0390 -3,538*** Soutien instrumental 5,4578 6,0654 -3,426*** Expression des émotions 5,4286 5,9412 -2,713** * p < 0,05 ** p < 0,01 *** p < 0,001 47 Figure 1 : Modélisation par équations structurales du TSI Gestion du temps ,26 Stresseurs au travail Émotions ,43 ,79 ,57 ,36 ,58 Détresse professionnelle ,50 ,51 Discipline et motivation ,54 ,42 Fatigue ,52 Facteurs stress ,72 Manifestation s stress ,46 ,55 Cardiovasculaire ,52 ,80 Gastrique ,55 ,22 1,02 Comportement Investissement professionnel ,27 ,33 Chi-carré = 78,87, degré de liberté = 34. p-value = 0,00002, RMSEA = 0,074 48 Figure 2 : Modélisation par équations structurales globale : relation entre les variables Réinterprétation Coping actif Stresseurs au travail ,81 ,70 ,71 Planification Fonctionnels -,02 ,51 Discipline et motivation ,51 Déni Burnout -4.22 -0,24 ,63 Désengagement ,52 ,71 Dysfonctionnels Émotions ,78 ,65 ,71 ,58 ,68 Investissement professionnel -0,50 ,67 Facteurs stress ,59 Épuisement 6.54 Accomplissement ,40 Détresse professionnelle 2,88 ,82 ,55 Gestion du temps Dépersonnalisation Acceptation ,59 ,55 Manif. stress Cardiovasculaire ,51 ,46 Fatigue Gastrique ,24 Comportement Blâme Chi-carré =357,20, degré de liberté = 160, p-value = 0,00, RMSEA = 0,071 49