Route du Rhum. Jean-Pierre Dick, le gentleman skipper est serein

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Route du Rhum. Jean-Pierre Dick, le gentleman skipper est serein
Route du Rhum. Jean-Pierre Dick, le gentleman skipper
est serein
24 octobre 2010
Troisième Route du Rhum pour Jean-Pierre Dick à la barre de Paprec Virbac 3. A la
barre de ce 60pieds affûté construit en Nouvelle-Zélande, le Niçois est bien armé pour
courtiser la victoire.
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Route du Rhum, J-7 !
Celui que l'on surnomme à juste titre le gentleman navigateur affiche toujours un grand
sourire. Derrière lequel il dissimule une farouche détermination. Travailleur obstiné, le Niçois
a de la suite dans les idées. Après des études de vétérinaire et de management (diplôme 3e
cycle d'HEC), il aurait pu prendre la barre d'une entreprise familiale florissante dans le secteur
de la santé animale. Mais le virus de la course au large a tout emporté et Dick a troqué le
costume cravate contre le ciré et des bottes. Ce régatier vainqueur du Tour de France à la
voile avait surpris son monde en décidant de se lancer autour du monde en solitaire. Un
premier Vendée Globe bouclé dans la douleur mais à une honorable sixième place lui avait
permis de démontrer sa pugnacité. Depuis, Dick a remporté la Barcelona Race (tour du monde
en double) avec Damian Foxall en 2008 avant d'être contraint à l'abandon dans le dernier
Vendée Globe alors qu'il bataillait en tête. Il sera sur la grille de départ pour la troisième fois
en 2012 et rêve d'une revanche. «Cela m'avait laissé un goût un peu amer d'être éliminé sur
une fortune de mer même si cela fait partie du jeu.»
«J'étais dans mes petits souliers»
Début 2011, il défendra son titre dans la Barcelona Race en compagnie de Loïck Peyron.
Mais, pour se mettre en jambes, il y a cette Route du Rhum qui le grise. C'est dans cette
transat qu'il avait effectué le grand saut dans la course océanique en solitaire en 2002. «J'avais
poussé en grand la barre de mon destin et engagé une reconversion radicale. J'étais dans mes
petits souliers», confie-t-il en souriant. La tempête avait marqué cette cuvée 2002, il avait été
contraint à l'abandon suite à un démâtage. En 2006, après avoir mené jusqu'aux Açores, il
s'était hissé sur le podium aux côtés de Jourdain et Le Cam. Le grand blond est de retour, plus
motivé que jamais et affûté comme son nouveau 60 pieds. Ce plan VPLP Verdier innovant et
spartiate a été construit en Nouvelle-Zélande comme les précédents. «C'est le plus abouti de
mes 60 pieds. Sa philosophie est monastique mais j'ai suffisamment d'expérience aujourd'hui
pour me passer du superflu. L'idée était de faire un bateau dépouillé, très léger et fiable en
même temps. Ce n'est peut-être pas le plus puissant mais son intérêt est d'être très maniable en
solo ou en double.»
Un banc d'essai de 12.000 milles
Les 12.000 milles pour le ramener de Nouvelle-Zélande à Lorient (soit un demi tour du
monde) ont permis à Dick et son équipe de découvrir cette machine. Pour finir ce convoyage,
Dick s'est même offert une traversée express de l'Atlantique en solitaire (9 jours), de Newport
à la Bretagne. C'est évidemment bon pour la confiance mais il ne s'enflamme pas. «On ne s'est
pas confrontés avec les autres. Dans cette série, les bateaux sont proches en potentiel. On est
arrivé à un stade de leur évolution où on cherche pour gagner des pouillèmes. La victoire se
joue sur des petits détails et d'abord la fiabilité. Il faut aussi gérer son effort car cette transat
n'est pas si courte, 12 -13 jours. Il faudra tenir un rythme élevé mais éviter de se cramer. Ce
qui m'était arrivé la dernière fois.» A l'approche de sa troisième Route du Rhum, Dick paraît
serein et ambitieux. «Je suis plus perçu comme un bon skipper en double mais j'aime
également le solitaire. J'ai gagné en sérénité. J'estime être bien armé aujourd'hui pour défendre
ma chance», conclut ce gentleman avec beaucoup de respect pour ses adversaires.
Gilbert Dréan
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