Garibaldi du jeudi 5 octobre 2006 de 19 h 00 à 21 h 00 à l`é

Transcription

Garibaldi du jeudi 5 octobre 2006 de 19 h 00 à 21 h 00 à l`é
Compte-rendu
de la réunion du Conseil de quartier Cambronne - Garibaldi
du jeudi 5 octobre 2006 de 19 h 00 à 21 h 00
à l’école élémentaire 19, rue Blomet
Thèmes : Présentation du projet de modernisation de l’hôpital Necker Enfants
Malades ; l’actualité du quartier.
Etaient présents :
Madame Géraldine CARRÉ, Adjoint au Maire du 15ème arrondissement, chargé des Conseils de quartier
Cambronne-Garibaldi et Violet-Commerce
Collège des Personnalités Qualifiées :
Monsieur François PERRET, Directeur Adjoint du groupe Hospitalier Necker-Enfants Malades
Monsieur Serge SAUNIER, Intendant du Lycée technique Fresnel
Collège des particuliers :
Madame Anne HERVÉ
Monsieur Jean-Louis MOULIN
Madame Simonne LECERF
Madame Micheline BOURNY-THAUMIAUX
Monsieur Serge TESTARD
Madame Laurence MOROSINI
Madame Marie-Antoinette PRINCE
Madame Roselyne BRIERE
Monsieur Jean-Pierre LE GOFF
Collège des associations :
Monsieur Eric EHLERS, Responsable 15ème de l’Association des Usagers des Transports – FNAUT Ile
de France
Madame Brigitte DEPOUILLY, AP du 15ème arrondissement
Monsieur Hubert COUDERT, Président AFC Notre Dame du LYS
Etait excusée :
Madame Marie-Antoinette MONDOLONI
Etaient invités :
Madame Isabelle LESAGE, Directrice de l’Hôpital Necker/Enfants Malades
Professeur REVILLON, Hôpital Necker/Enfants Malades
Monsieur Philippe GAZEAU, Architecte
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Madame Géraldine CARRE : Bonsoir à tous. Merci d’être venus participer à ce conseil de rentrée
pour le quartier Cambronne-Garibaldi. Notre thème de ce soir porte sur les travaux de modernisation de
l’hôpital Necker Enfants Malades. C’est un sujet que les conseillers de quartier souhaitaient vraiment
mettre à l’ordre du jour. Je remercie la direction de l’hôpital d’avoir répondu à notre demande. Nous
avons aussi envoyé une information au conseil de quartier voisin.
Pour présenter ce projet, nous accueillons ce soir Madame Isabelle Lesage, directrice de l’hôpital
Necker Enfants Malades. Madame Lesage est venue accompagnée de Monsieur François Perret,
directeur adjoint. Il est également membre de ce conseil de quartier dans le collège des personnalités
qualifiées. Monsieur Philippe Gazeau, architecte du projet, est à la gauche de Madame Lesage. A
gauche de Monsieur Gazeau, est assis le Professeur Révillon. Je vous remercie tous sincèrement d’être
venus ce soir devant nous. Monsieur Perin, Président de la Société Historique et Archéologique du 15ème
est excusé, ainsi que Madame Mondolini, conseiller de quartier.
Avant de passer la parole à Madame Lesage, j’ai quelques annonces à faire. Suite à la démission de
Madame Claudie Gaunet, conseillère de quartier Cambronne Garibaldi et membre du collège des
associations, représentant l’Union locale des délégués départementaux de l’Education Nationale, nous
accueillons ce soir pour la remplacer un nouveau conseiller de quartier, Madame Brigitte Depouilly,
représentant l’association Aménagement Population du quinzième arrondissement. Je remercie, à cette
occasion, Claudie Gaunet pour son engagement dans ce conseil.
Notre réunion va durer deux heures. Nous sommes dans le préau d’une école. Nous devons
impérativement terminer notre réunion à 21 heures. Une directive de la Mairie de Paris nous demande
de ne pas occuper les lieux au-delà de 21 heures 30, et il nous faut du temps pour ranger la salle.
Notre ordre du jour comporte un deuxième point : l’actualité du quartier. J’apporte habituellement des
réponses à vos demandes. J’ai préféré, ce soir, vous préparer un document écrit pour ce suivi des
demandes. Je sais, par expérience, que lorsque nous avons un thème d’importance comme ce soir, nous
n’avons pas toujours le temps d’aborder ce sujet. N’hésitez pas à inscrire vos demandes dans le cahier à
l’entrée de la salle. Elles seront traitées.
Voici comment nous avons prévu la répartition du temps, ce soir : 45 minutes pour la présentation du
projet par l’équipe de l’hôpital, une heure pour répondre à vos questions. Nous essaierons de garder
quinze minutes en fin de séance pour dialoguer autour de la maquette.
Madame Isabelle LESAGE : Bonsoir. Nous sommes très contents d’être avec vous ce soir, même si
nous savons que le dialogue n’est pas toujours simple entre une grande institution comme l’hôpital
Necker et les habitants du quartier autour. Nous n’avons pas souvent l’occasion de nous rencontrer.
Certains d’entre vous étaient peut-être à la réunion publique que nous avons organisée le 9 décembre. Il
y avait beaucoup de monde et il était peut-être un peu difficile d’échanger, même si certains sont restés
après. C’est pour cette raison que nous sommes venus avec toute une équipe. François Perret dirige le
projet dans l’équipe de direction de Necker. L’architecte Philippe Gazeau est à la tête de la maîtrise
d’œuvre. Le bureau d’études est aussi dans la salle. Le professeur Yann Révillon est chirurgien viscéral.
Il est l’un des membres éminents du corps médical qui va trouver place dans le nouveau bâtiment
Laennec. Si nous sommes là pour vous présenter le projet, c’est parce que nous savons que vous avez
beaucoup de questions, qu’il y a des inquiétudes. Nous avons vu lors de la réunion du 9 décembre et de
l’enquête qui avait été faite auparavant à quel point les habitants du quartier étaient attachés à l’hôpital
Necker et à son environnement. Ici, c’est un conseil de quartier. Il y a déjà trois quartiers autour de
l’hôpital rien que pour le quinzième arrondissement. Il y a aussi le sixième et le septième
arrondissement. Beaucoup de quartiers sont concernés et attachent de l’importance à cet hôpital.
4 500 professionnels travaillent à Necker. Il y a mille médecins mais aussi mille infirmières et mille
aides-soignants. Il y a environ 150 métiers. Ils traversent le quartier pour venir y travailler. Beaucoup y
habitent aussi. Ils sont aussi très attachés à maintenir cet hôpital ouvert sur son quartier. Cet hôpital a
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une notoriété nationale et internationale qui dépasse le périmètre immédiat. C’est aussi un centre
d’urgences pédiatriques. A l’occasion des questions, nous reviendrons peut-être sur l’évolution du
secteur adulte bien que l’opération dont nous allons parler concerne les enfants. Nous sommes très
attachés à ouvrir davantage cet hôpital. Vous allez voir de quelle manière nous proposons de le faire.
Nous allons vous présenter les raisons pour lesquelles le projet qui est présenté en maquette a été
dessiné à cet endroit et de cette manière.
Je remercie Madame Carré qui a organisé cette rencontre et qui nous donne la parole. Je souhaite que ce
temps nous permette de nous écouter mutuellement. Nous répondrons à toutes vos questions très
franchement sans aucune langue de bois. Nous sommes vraiment venus vous montrer le projet et
pourquoi il a été conçu de cette manière.
Necker Enfants Malades est un hôpital ancien. Il est issu de la fusion des Enfants Malades, remontant à
1778, avec l’hôpital Necker pour adultes. Ces deux hôpitaux ont fusionné en 1926. Nous voyons là que
l’héritage de ces deux siècles consiste en 28 bâtiments dispersés dont 11 consacrés à l’hospitalisation.
Ils sont enchevêtrés. Ils ont poussé au fil des décennies et des siècles. Aujourd’hui, ils ne nous
permettent plus de soigner. Ils ne sont plus aux normes. Ils sont complètement éclatés. Les locaux sont,
pour la majorité d’entre eux, très vétustes. Des chambres font six mètres carrés. Les mères dorment par
terre. Nous ne pouvons pas rénover ces chambres car la structure du bâtiment ne permet pas de le faire.
Les activités sont réparties d’une manière qui ne correspond pas à ce dont nous avons besoin
aujourd’hui pour soigner. Je vous donne un exemple. Un enfant va naître à la maternité dans le bâtiment
de Sèvres. Il est atteint d’une malformation. Notre maternité est spécialisée en médecine fœtale. Les
enfants viennent de loin pour naître ici et être tout de suite opérés par Monsieur Révillon qui opère des
bébés de quelques jours atteint de malformations graves. Si un enfant né ici a une malformation
cardiaque, il doit aller à la cardiologie qui est ici, puis à la réanimation, qui est ici. Ensuite, l’IRM est
ici. Il faut donc circuler en surface pour aller de l’un à l’autre. Pour faire un hôpital moderne
aujourd’hui, nous avons besoin de rassembler des plateaux d’une certaine taille pour avoir à côté les
urgences et l’accueil des enfants polytraumatisés. Les Enfants Malades sont le seul centre de
neurochirurgie pédiatrique de France. Grâce au rassemblement de toutes les disciplines qui sont sur le
site, nous recevons les enfants qui ont besoin, à la fois, de la neurochirurgie, de la chirurgie
orthopédique, de la chirurgie ORL et des réanimateurs spécialisés pédiatriques de toute l’Ile-de-France.
Nous avons donc besoin de regrouper ces spécialités qui sont aujourd’hui dispersées : les urgences, les
salles d’accueil des polytraumatisés, les blocs opératoires, la salle de réveil. Tout cet ensemble fait un
plateau qui ne peut plus être séparé sur plusieurs bâtiments. Toutes les grandes capitales qui rénovent
leurs hôpitaux d’enfants font la même chose. Ils installent, par exemple, à côté, la cardiologie, le
cathétérisme cardiaque, la chirurgie cardiaque, les réanimations cardiaques, les blocs opératoires
cardiaques. Pour nous, c’est une obligation.
Pourquoi avons-nous dû reconstruire avec cette difficulté de continuer à exploiter le site tout en
reconstruisant ? Beaucoup de disciplines faites à Necker ne le sont pas ailleurs en Ile-de-France. Il
n’était donc pas possible de fermer l’hôpital pour le reconstruire et le rouvrir après. Nous devions donc
trouver les solutions architecturales qui nous permettent à soigner, à tout moment, dans nos locaux, et
seulement après, détruire les bâtiments qui ne sont plus aux normes et dont l’activité va être transférée
dans le nouveau bâtiment.
Vous avez le titre « l’hôpital asphyxié ». Il a été étudié la possibilité de le fermer s’il n’était pas possible
de le rénover. Nous ne pouvions plus continuer à l’exploiter sans le moderniser profondément.
L’Assistance Publique – Hôpitaux de Paris et la Mairie de Paris ont fait le choix de préserver cet hôpital
sur le site ici à Duroc. Historiquement, il est là depuis 1802 pour l’hôpital pédiatrique. C’est une
référence non seulement internationale, mais également très liée à la faculté de médecine et aux unités
de recherche. Nous avons 23 unités de recherche sur le site. La priorité a été de préserver cet ensemble
extraordinaire de compétences et de spécialités médicales.
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Pour choisir l’équipe de maîtrise d’œuvre architecturale, l’Assistance Publique a procédé à une
démarche particulière. Après une mise en concurrence, cela a consisté à choisir trois architectes en
marché de définition. Nous leur avons posé la question : où peut-on construire le nouveau bâtiment
mère – enfant ? Les trois équipes d’architectes ont planché sur cette question. Ils sont arrivés tous les
trois à la même conclusion. La seule solution possible était de construire à l’angle. Monsieur Gazeau
vous expliquera ensuite pourquoi. Le projet a pris du temps car, à chaque fois, les discussions avec les
Bâtiments de France ou avec les utilisateurs obligeaient à coordonner de très nombreuses contraintes :
continuer à exploiter, respecter le patrimoine historique du carré Necker, garantir que les différentes
étapes du chantier pourraient être financées par l’AP-HP. Heureusement, le plan « hôpital 2007 » est
arrivé et nous a donné une bouffée d’oxygène pour le financement. Il s’agit d’une grosse opération, et il
faut mobiliser les financements importants.
Les trois architectes ayant fait chacun leur esquisse au même endroit, cela nous a permis de sélectionner
sur la base d’une commission et des critères précis l’équipe de Philippe Gazeau comme répondant aux
prescriptions du concours.
Monsieur Gazeau, vous allez nous présenter votre projet.
Monsieur Philippe GAZEAU : Merci. Bonsoir. Comme vient de le dire Madame Lesage, le projet que
nous allons vous présenter est issu d’une réflexion pluridisciplinaire avec beaucoup d’intervenants à
commencer par les utilisateurs, les médecins, les ingénieurs et les architectes. Ils travaillent depuis
maintenant quatre ans. L’étude de définition, la mise en concours, a duré deux ans. Elle était assez
passionnante. Quand on nous a passé cette commande de concours, l’APHP n’était pas vraiment sûre
que la réalisation de cette opération soit possible. Il y avait des craintes que nous soyons obligés de
finalement fermer le bâtiment. A l’issue de ces deux ans, nous avons eu la chance d’être déclarés
lauréats. Depuis deux ans, nous faisons des études sur un projet qui va aboutir à la construction de ce
bâtiment. Tout cela pour dire que le projet a été extrêmement et mûrement réfléchi pendant quatre ans.
Nous avons passé au crible toutes les contraintes, toutes les possibilités, les impasses, les impossibilités.
Pendant l’étude de définition, nous avons essayé tous les scenarii possibles d’implantation sur le site. Il
s’est avéré qu’un seul scénario était possible pour réunir toutes les contraintes.
Je présente d’abord le site et la situation actuelle. D’un point de vue architectural et urbain, il y a de
graves problèmes. Les bâtiments de l’hôpital Necker sont très peu représentatifs de l’institution, de
l’activité et surtout de l’excellence médicale de l’hôpital. Sur la rue de Sèvres ou sur la rue de
Vaugirard, nous sommes vraiment derrière des murs sinistres qui représentent assez peu l’univers
particulier de l’hôpital. Il y a très peu d’ouverture de l’îlot hospitalier sur son quartier. C’est d’ailleurs
assez fréquent dans ces grandes emprises institutionnelles. Tout est fait pour que le fonctionnement de
l’hôpital soit autarcique. Nous avons beaucoup réfléchi sur ce point. C’était vraiment une donnée de
base. A partir du moment où nous voulions moderniser le site, le métamorphoser et rénover le bâtiment,
il y avait aussi cette notion d’inscrire et d’intégrer de manière plus forte l’hôpital dans son quartier.
Quand on rentre, nous constatons un certain nombre de dysfonctionnements assez forts et qui pèsent
beaucoup sur la vie de l’hôpital. Je ne vais pas retracer toute l’histoire. Depuis la fin du XIXe siècle, il y
a eu un certain nombre de constructions qui se sont faites sans schéma directeur. Cela a abouti à une
succession chaotique de bâtiments faits dans l’urgence, mais sûrement avec de très bonnes intentions
médicales. Entre la fin de la guerre et les années 70, il suffisait qu’un grand patron ait l’oreille du
Premier Ministre pour qu’il ait son pavillon ou son bâtiment plus vite. Les choses se passaient comme
cela. Nous sommes arrivés à une situation d’asphyxie totale, pas du tout satisfaisante du point de vue
architectural, mais surtout complètement bloquante pour le fonctionnement de l’hôpital. Tous ces
bâtiments sont obsolètes et finalement inadaptés.
Je parlais de l’hôpital avec les rues de Vaugirard et de Sèvres. Nous voyons bien aussi le rapport aux
limites, à l’arrière du square du Croisic. Nous voyons le résultat avec ce système de construction
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empirique, sans réflexion. Les bâtiments sont totalement dépassés. C’est assez scandaleux. Ce sont
justement les bâtiments de la cardiologie. Des premières mondiales y sont faites, mais les équipes
médicales travaillent dans des situations vraiment inconfortables. Ces situations sont vraiment difficiles
à supporter.
L’autre conséquence de ces constructions anarchiques est une grande difficulté pour s’orienter dans ce
site. L’hôpital est effectivement obligé de distribuer des plans avec des couleurs. Même avec toutes les
attentions d’accueil à l’entrée de l’hôpital, on a beaucoup de mal à se repérer dans ce dédale de
bâtiments et de pavillons d’échelles totalement différentes.
Je décris des situations que nous retrouvons dans d’autres hôpitaux. L’espace extérieur est
complètement colonisé par le parking des voitures. Là aussi, nous avons eu une grande réflexion. Il nous
a paru insensé d’abandonner tout l’intérieur de l’îlot aux voitures. Nous avons trouvé une solution pour
les enlever définitivement et mettre un peu plus de paysage à la place.
Cette photo est très importante. Elle permet de comprendre la logique d’implantation du bâtiment. Les
deux principales contraintes que nous avions dans notre cahier des charges du concours était, d’une part
que nous ne pouvions pas, pendant tout le temps de la construction du nouveau bâtiment, démolir les
deux bâtiments en orange, ceux de la cardiologie, la tour CCI L1 et le bâtiment CCI L2, bâtiment long
en briques. Nous ne pouvions donc pas construire au centre de la parcelle.
La deuxième contrainte extrêmement importante concerne l’essence d’un hôpital moderne qui rassemble
des activités ultra sensibles, très chaudes sur une géométrie extrêmement efficace et rassemblée. Il faut
trouver la géométrie où nous aurions les proximités les plus faciles. Voici le plan du bâtiment tel qu’il
va être construit. Ce niveau s’appelle le plateau technique. Il regroupe l’arrivée des urgences, le service
de l’imagerie avec les scanners et les IRM, le bloc opératoire en liaison avec l’imagerie et la salle de
réveil. Dans un hôpital moderne, cet ensemble-là doit être rassemblé sur un seul niveau et de la façon la
plus regroupée possible. Les liaisons doivent se faire avec des temps comptés en secondes. Les
contraintes sont donc vraiment très fortes. Cette surface-là fait donc 12 000 mètres carrés.
Nous devions mettre 12 000 mètres carrés dans un endroit qui, finalement, ne pouvait pas être ici, aurait
pu être là, mais à ce moment-là, il fallait démolir le carré Necker. Nous avons envisagé cette solution.
Nous en avons discuté avec les Bâtiments de France qui s’y sont opposés. Vous avez là le bâtiment
Sèvres qui est une partie de l’hospitalisation adulte. Ici aussi, tous ces bâtiments servent la logistique.
Vous avez encore ici la clinique Robert Debré pour les enfants. Nous sommes arrivés à la conclusion
que le seul endroit où nous pouvions construire ce plateau de 12 000 mètres carrés, le socle de notre
nouvel hôpital, sans démolir ces bâtiments-là pendant la construction, était dans l’angle.
Pourquoi avons-nous marqué au-dessus de cette image « tirer parti des contraintes du site » ? Nous
allons essayer de tirer au maximum le parti des contraintes très lourdes qui nous imposent de nous
mettre à l’angle du site. Nous allons essayer d’en tirer parti, notamment par rapport à tous les
dysfonctionnements architecturaux ou urbains dont nous venons de parler. En nous mettant ici, nous
nous apercevons que l’hôpital prend naturellement position sur la Place Léon-Paul Fargue et va avoir un
rapport très fort avec le quartier. Il va, tout à coup, avoir une visibilité beaucoup plus forte.
Il y a une deuxième conséquence. Une fois que nous aurons construit le bâtiment Laennec, nous allons
pouvoir démolir les bâtiments en orange. Nous libérons ce grand espace central qui va devenir un très
grand jardin.
Tout un travail a été fait et nous a permis de nous conforter dans notre solution. Nous avons trouvé le
bon endroit pour répondre à la fonctionnalité médicale, pour répondre aux problèmes de phasage en
laissant un certain nombre de bâtiments que nous ne pouvions pas démolir avant la construction du
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nouveau bâtiment. Cet emplacement avait finalement beaucoup de potentialités extrêmement
intéressantes pour la suite du projet.
A terme, nous allons démolir tous les bâtiments en orange qui sont de tout âge. Je tiens à dire
aujourd’hui que nous ne démolissons pas des bâtiments du XVIIème siècle. Je l’ai lu sur des tracts ou
dans un entrefilet du Parisien. C’est totalement faux. Aucun bâtiment du XVIIIème siècle n’est démoli.
Le mur du portail, qui date du XVIIIème siècle va être démonté et remonté de l’autre côté. Le seul
bâtiment du XVIIIème siècle qui reste sur ce site est le bâtiment Archambault qui vient d’être
magnifiquement restauré.
Madame Isabelle LESAGE : Nous aimons les vieilles pierres et nous avons restauré le bâtiment
Archambault sur la rue de Vaugirard. Nous ne pouvons pas l’utiliser pour recevoir des malades, parce
qu’il a une trame de bâtiment beaucoup trop étroite. Nous en avons fait une « maison des familles ». Il
permet d’accueillir des enfants qui viennent, souvent de loin, en hôpital de jour ou en consultation avec
leurs parents. A côté, vous avez la « maison des parents » pour les parents d’enfants qui restent
longuement à l’hôpital pour une greffe de moelle ou des interventions longues. Les parents peuvent
habiter sur le site grâce à ces bâtiments. De même, nous allons restaurer entièrement le Carré Historique
et en faire le cœur de l’hôpital.
Monsieur Philippe GAZEAU : Il y a une réévaluation de tout le patrimoine bâti, qui est extrêmement
hétéroclite. Les bâtiments qui restent datent de la fin du XIXeme siècle. Les autres sont du XX ème siècle.
L’hôpital a fait l’expertise avant nous, mais tous ces bâtiments sont évidemment inaptes à tout usage
médical et encore moins d’hospitalisation lourde. Les architectes des Bâtiments de France ont été
consultés dès l’étude de définition. Il y a eu beaucoup de réunions de travail avec eux. Nous avons eu un
échange avec eux sur ce qu’il fallait absolument préserver et ce qui devait être démoli pour des raisons
médicales. Nous sommes arrivés à un équilibre assez satisfaisant.
Voilà deux images un peu fortes, mais qui expliquent bien la manière dont nous allons complètement
rénover et restructurer le site et complètement le désenclaver. En rouge, vous voyez les bâtiments
actuels. A côté, vous voyez le futur projet. A terme, l’intérieur du site sera totalement dégagé. Ici, vous
avez le nouveau bâtiment qui va se décomposer au-dessus de son socle du fameux plateau technique, en
deux bâtiments. Le premier est un bâtiment d’articulation à l’angle du boulevard de Montparnasse et de
la rue de Sèvres. Le second est un bâtiment d’hospitalisation. Le Carré Necker est remis en valeur au
centre de la composition. Il va devenir l’élément central de toute la composition. Le bâtiment Sèvres va
être totalement dédié aux adultes.
Vous voyez ici la volumétrie. Vous voyez mieux l’idée d’articulation du bâtiment d’angle. Il vient
combler le grand pignon aveugle qui existe actuellement sur le bâtiment de logements des années 70. De
manière assez symétrique, vous voyez le Carré Necker encadré du bâtiment de Sèvres et du bâtiment
Laennec. En jaune, vous devinez une liaison piétonne reliant très fortement la rue de Vaugirard à la rue
de Sèvres. Elle va permettre à l’hôpital d’être complètement traversé par une voie publique dans la
journée. Elle permettra de traverser ce jardin et de couper à l’intérieur de l’îlot et d’ouvrir complètement
l’hôpital sur ces deux rues.
Nous voyons là l’impact très fort de ce vide central qui va devenir un grand jardin de plus d’un hectare
en pleine terre. Les riverains pouvaient être inquiets de la construction d’un nouveau bâtiment un peu
haut. Ceux du square du Croisic, au lieu d’avoir les bâtiments actuels en brique, vont avoir un grand
jardin devant eux, quasiment à perte de vue, plein Sud.
Vous avez ici le nouveau plan-masse avec, en bleu, les nouvelles fonctions d’entrée. L’entrée principale
de l’hôpital va redevenir celle du Carré Necker. Un architecte, Patrick Rubin, a été désigné. Il
commence déjà à travailler à la rénovation du Carré Necker qui sera dédié à des activités plutôt sociales,
médicales et d’accueil pour le personnel. Le Carré Necker n’est pas du tout approprié pour accueillir
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l’hospitalisation lourde que nous allons installer ici. Nous allons avoir ici l’entrée principale, à droite un
accueil situé dans la première cour, actuellement totalement embouteillée par des voitures. Cette cour
donne cet aspect de non-ouverture et d’enfermement de l’hôpital sur la rue de Sèvres.
A droite, nous aurons le bâtiment adulte. A gauche, nous aurons cette grande allée piétonne entièrement
dédiée à l’hospitalisation et à l’accueil des enfants et de leurs parents. En premier lieu, vous voyez
l’accès du nouveau bâtiment Laennec et la clinique Robert Debré. Cette allée piétonne va relier les deux
rues et traverser ce grand jardin de plus d’un hectare.
Vous pouvez voir que les voitures sont totalement réinstallées dans le parking en sous-sol du nouveau
bâtiment. Les véhicules d’urgence vont emprunter le même circuit. Elles vont rentrer rue de Sèvres et
viendront accéder sur l’arrière du bâtiment à l’intérieur de l’îlot, à ce fameux plateau technique.
Malgré la taille importante du nouveau bâtiment – nous construisons 35 000 m² utiles – il y a vraiment
un effort d’intégration. La composition est assez évidente. Il s’agit de libérer l’intérieur du site et de le
planter de manière inespérée. Une de nos grandes fiertés est d’avoir réussi à faire ce jardin d’un hectare
dans cet îlot. Cela n’était pas du tout évident au début. Nous nous rendons bien compte que les
problèmes d’orientation et de dysfonctionnement liés à ces bâtiments implantés n’importe comment
vont être oubliés. Le fonctionnement urbain va être beaucoup plus simple.
Sur cette image, nous pouvons voir comment nous avons intégré le mieux possible les volumétries du
nouveau bâtiment. Au-dessus du socle et du fameux plateau technique, nous avons deux rez-dechaussée. Un rez-de-chaussée bas qui donne rue de Sèvres et un rez-de-chaussée haut qui donne sur
l’intérieur de l’îlot. Il y a ici une forte pente qui permet d’installer ces deux niveaux. Au-dessus de ce
socle, qui est végétalisé entre les deux bâtiments, nous avons un premier bâtiment, les cinq niveaux
d’hospitalisation. Nous avons ensuite un bâtiment de quatre niveaux au-dessus du socle. Ce bâtiment
plus petit va servir d’articulation sur l’angle Sèvres – Montparnasse.
Voilà comment sont réparties les fonctions. En deuxième sous-sol, nous avons le parking. Dans le
premier sous-sol, nous allons installer un certain nombre de locaux logistiques comme la biberonnerie
ou la stérilisation sous les blocs opératoires. Ici, nous avons le rez-de-chaussée, niveau rue de Sèvres.
Une grande galerie végétalisée, une grande serre va courir tout le long de la rue de Sèvres et du
boulevard Montparnasse. C’est principalement le lieu des consultations. Il y en a un grand nombre et
elles demandaient à être rassemblées sur quelque chose d’assez regroupé. Nous arrivons ensuite au rezde-chaussée haut, le deuxième étage du socle, le plateau technique. Les salles d’opérations sont situées à
l’angle. L’imagerie et les services d’urgence se trouvent ici avec accès des urgences sur l’arrière. Dans
les quatre étages au-dessus, nous avons l’hospitalisation et les services médicaux sociaux,
administratifs. La volumétrie du bâtiment tend à s’affiner vers le haut et à devenir moins présente sur le
site.
L’un des principes d’intégration du bâtiment est que nous nous sommes efforcés de reporter les plus
grandes hauteurs vers l’intérieur de l’îlot. Cela concerne les parties d’hospitalisation. Voilà une coupe
dans ces grands patios qui font à peu près 20 mètres par 20. Ils assurent une luminosité parfaite
jusqu’aux étages les plus bas. Nous sommes ici à l’intérieur de l’îlot, côté rue. Nous voyons cet
épannelage qui nous permet de n’être qu’à 18,50 mètres sur la rue de Sèvres et de reporter les hauteurs
les plus hautes, 28,60 mètres sur l’intérieur de l’îlot, côté urgences.
Vous avez l’image de cette façade rue de Sèvres. La grande serre végétalisée va accompagner la grande
rue intérieure, qui est le grand hall d’accueil de l’hôpital, avec toujours le souci d’ouvrir le plus possible
ces activités sur la rue. A travers ce filtre végétal, il sera possible de voir depuis la rue les activités
d’accueil et de consultation de l’hôpital. Il y aura vraiment une activité extrêmement présente sur la rue.
Pour les malades ou les accompagnants qui sont sur l’hôpital, il y aura toujours ce rapport avec la rue.
De cette manière, l’hôpital ne sera plus une enclave extérieure à la ville et à la vie. La serre correspond
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aux deux niveaux de rez-de-chaussée. Ensuite, le niveau supérieur est repoussé en arrière de manière à
présenter le front le plus bas possible sur la rue de Sèvres. Ici, nous voyons la césure qui permet de venir
mettre en articulation, un bâtiment plus petit et moins imposant sur la place Léon-Paul Fargue.
Voilà la place Léon-Paul Fargue. Les volumétries existantes sont tout de même très hautes. Ces
immeubles des années 20 et 30 sont des véritables murailles, beaucoup plus hautes que notre hôpital.
L’immeuble 1930 en face fait 29 mètres de haut. Le bâtiment Laennec fait au plus haut, pas plus de
26 mètres. Il s’agit d’une paroi vitrée, donc transparente. La semaine dernière, j’ai entendu parler d’
« architecture gabaritaire ». C’est assez injuste. Nous n’avons pas cherché à remplir le plafond au
maximum. Nous avons justement ménagé des intégrations, on a essayé de se mettre sur des pignons
aveugles et d’améliorer les continuités urbaines et de ne pas opposer au quartier un bâtiment totalement
imposant.
L’un des problèmes de ce carrefour est cette rupture, ce vide en attente, à l’angle de la rue de Sèvres et
du boulevard Montparnasse. Voilà la vue en descendant du boulevard Montparnasse. Vous voyez le
nouveau bâtiment depuis le haut du boulevard Montparnasse avec ce souci de continuité urbaine, en
venant se mettre contre le pignon aveugle.
Voilà une vue de l’autre côté, depuis le boulevard des Invalides, avec cet angle constitué d’une double
enveloppe. Je répondrais tout à l’heure aux questions sur le développement durable et la haute qualité
environnementale. Il y a eu un très gros travail avec notre bureau d’études sur les différentes enveloppes
de notre bâtiment pour répondre à des contraintes thermiques assez fortes. Par rapport à un bâtiment
normal, c’est un bâtiment extrêmement rentable au niveau de son économie d’énergie. En dehors du
tampon thermique constitué par la double peau vitrée, le plus important était aussi de constituer un
paravent acoustique très fort. Le carrefour est extrêmement bruyant. Il était donc indispensable d’avoir
cette double peau vitrée qui assure une protection acoustique parfaite aux activités derrière. Ce bâtiment
est lui-même une espèce de front devant le bâtiment que nous voyons à l’arrière, qui compte le plus de
chambres. Il vient donc, lui aussi, au premier plan pour faire un écran acoustique aux chambres arrière
entre la rue de Sèvres et le jardin intérieur.
Voilà une autre image depuis la rue de Sèvres, depuis le septième arrondissement vers le quinzième. Ce
bâtiment d’angle articule les différentes architectures. Cette grande serre extrêmement végétalisée sera
visible au niveau du piéton. Elle va courir sur tout le long de la façade du nouveau bâtiment.
Une intervenante : La serre est aussi sur le boulevard Montparnasse ?
Monsieur Philippe GAZEAU : Oui. Elle fait tout le tour.
C’était toute notre réflexion, tout notre travail d’intégration et aussi de mise en avant d’une nouvelle
image de l’hôpital. Nous tenons absolument à ce que cet hôpital ait une image contemporaine. Il doit
affirmer son fonctionnement médical d’excellence. Pour nous, il n’est pas question de faire autre chose
que de l’architecture contemporaine.
Une autre chose très importante dans le nouveau plan-masse est tout le travail sur les espaces extérieurs
et les espaces paysagers. Actuellement, il y a un espace vert protégé, mais nous avons beaucoup de mal
à savoir où il se trouve. Nous le voyons parce qu’il est entouré en rouge, mais à part sa présence dans le
Carré Necker, nous avons beaucoup de mal à savoir où il se trouve quand on rentre dans l’hôpital.
Voilà l’espace paysager actuel qui est colonisé par le bitume, par les voitures et morcelé par les trottoirs.
Ce sont des successions de petits bouts qui font perdre la notion de paysage. Tout cela est extrêmement
bien entretenu. Il y a des jolies fleurs, mais nous sommes arrivés au bout d’un système qui n’est pas très
satisfaisant. Le paysage et la verdure n’ont pas assez de force et d’emprise pour qu’elles puissent se
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défendre de toutes les agressions menées par les parkings et les voitures. La situation future va
finalement permettre de supprimer l’utilisation des voitures en superficie du site.
Ce que nous proposons est de réunifier très fortement l’espace paysager avec ce grand jardin central.
Voilà la nouvelle configuration de l’espace vert protégé. Nous le réunifions. Nous le mettons en relation
visuelle très forte avec le carré Necker. Une visibilité va être restaurée entre les arcades du Carré Necker
et ce jardin dessiné par un grand paysagiste, Pascal Cribier. Ce jardin ne sera pas un jardin public, mais
un jardin d’un hectare au cœur du quinzième arrondissement. L’autre point important est cette grande
allée piétonne plantée d’arbres qui va relier les deux rues. A terme, il y aura 289 arbres avec le nouveau
projet au lieu de 244 dont certains en mauvais état et pas bien valorisés. En construisant deux fois plus
de surfaces que nous en démolissons, nous allons parvenir à avoir trois fois plus d’espaces extérieurs en
pleine terre. C’est aussi l’une de nos grandes fiertés. Au niveau de l’espace paysager, nous avons planté
des terrasses végétalisées sur cette partie-là. Il est prévu de mettre une terrasse végétalisée sur la partie
haute du bâtiment d’angle. Du point de vue du paysage, ce site va être totalement métamorphosé.
Voilà une vue en descendant l’allée piétonne depuis la rue de Vaugirard. Nous voyons que nous avons
remis au cœur du site, et pas sur la rue, les volumes les plus hauts.
Voilà une image du jardin qui sera une vraie forêt. Il sera engazonné et extrêmement planté. Il n’y aura
pas de voiture. Seuls les piétons pourront le parcourir. Nous le voyons ici au pied du Carré Necker.
Nous voyons au fond le bâtiment Laennec. Nous notons ici la conservation de l’escalier de l’un des
bâtiments actuels qui sera démoli à terme et sur lequel il y a une fresque d’un artiste américain très
connu, Keith Haring. Le Ministère de la Culture nous a demandé de la conserver. Nous allons l’intégrer
dans la composition sur l’allée piétonne comme un signal vu depuis la rue de Vaugirard et depuis la rue
de Sèvres.
Madame Isabelle LESAGE : Pour conclure cette présentation, nous allons demander au Professeur
Révillon ce que ce projet va changer pour un chirurgien, dans votre vie quotidienne et pour les enfants
que vous opérez.
Monsieur le Professeur REVILLON : Bonjour.
Je suis le Professeur Révillon. Je suis chirurgien viscéral à l’hôpital des Enfants Malades depuis le
4 avril 1975, date à laquelle j’ai commencé mon internat. Je n’ai jamais quitté cet hôpital qui est
probablement l’endroit le plus prestigieux pour soigner des enfants. Il faut faire sortir de votre tête
l’idée que c’est un bâtiment fait pour Madame Lesage ou pour Monsieur Gazeau. Ce bâtiment est un
bâtiment exceptionnel. C’est un hôpital dans lequel nous allons soigner des enfants qui feront de
800 grammes à 15 ans. C’est un endroit unique dans le monde. Je connais très bien la chirurgie
pédiatrique dans le monde entier. La réalisation que nous vous présentons aujourd’hui est devenue
indispensable.
Mardi soir, j’ai opéré un enfant qui est né sans œsophage qui lui permet de manger. J’ai calculé qu’avant
de descendre dans notre salle d’opérations, l’enfant était passé dans quatre bâtiments différents. Ce bébé
pesait 2 200 grammes. Je ne vous raconte pas le côté délétère de ces multiples transferts.
Mercredi, hier, j’ai opéré un enfant qui présentait une non-fermeture de la paroi abdominale. Il a été
opéré dans un endroit, surveillé dans un autre, transféré dans un autre. Il finira en gastro-entérologie
dans le service du Professeur Schmidt qui est là-bas dans un autre coin de l’hôpital. Dans ce bâtiment-là,
cet enfant restera au même endroit et ne changera jamais de chambre.
Hier, j’ai aussi opéré une tumeur. Cet enfant avait besoin d’une IRM qui était dans une partie de
l’hôpital, d’être transféré ensuite aux salles d’opérations, de monter en réanimation et de passer dans le
service de chirurgie. Le jeudi matin, je consulte au troisième étage. 25 familles sont venues me voir avec
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des poussettes, alors que les ascenseurs ne fonctionnent plus. Nous avons besoin d’un bâtiment
moderne. Ce soir, j’ai rencontré une famille avant de venir vous voir. Le père m’a engueulé en me disant
que nos chambres étaient incroyablement désuètes et vieillottes. Aujourd’hui, quand on hospitalise un
enfant, on hospitalise aussi ses parents, le papa et la maman qui peuvent éventuellement travailler dans
cette chambre. Il faut finalement un troisième coin pour l’infirmière qui va soigner l’enfant. Ce nouveau
bâtiment va transformer notre vie de manière complète, en termes de fonctionnement, en termes
d’accueil, en termes de rentabilité, en termes de diminution de la durée de l’hospitalisation. Il faut
vraiment prendre conscience que ce bâtiment n’est pas fait pour nous, mais est fait pour des enfants. Je
vous remercie.
Madame Géraldine CARRÉ : Merci pour votre présentation claire et en images, qui permet de bien
comprendre le projet. Je vais donc passer maintenant la parole à la salle pour les questions.
Un intervenant : Madame la directrice, vous avez dit que les trois cabinets d’architecture que vous avez
sélectionnés avaient déclaré que le seul endroit possible pour la construction de ce nouvel hôpital était
sur l’angle de la rue de Sèvres et du boulevard Montparnasse. Ai-je bien compris ?
Madame Isabelle LESAGE : Oui. Tout à fait. C’était l’emplacement où pouvait trouver place l’espace
d’un seul tenant dont nous avions besoin pour les questions de proximité fonctionnelle qui vous ont été
présentées, tout en respectant les bâtiments qui ne pouvaient pas être détruits avant leur déménagement
dans le nouveau bâtiment, et le Carré Necker historique du centre.
Un intervenant : Monsieur Gazeau a cité deux contraintes, en particulier une consistant à avoir un
plateau technique de 12 000 mètres carrés. Nous voyons un bâtiment rue de Sèvres et un bâtiment que
vous appelez « de raccordement » sur le boulevard Montparnasse. Les 12 000 mètres carrés concernentils l’ensemble de ces deux bâtiments réunis ou bien uniquement le bâtiment sur la rue de Sèvres ?
Monsieur Philippe GAZEAU : Nous avons deux rez-de-chaussée à cause de la différence de niveau
assez importante entre la rue de Vaugirard et la rue de Sèvres. Nous avons une entrée rue de Sèvres pour
le rez-de-chaussée bas et un rez-de-chaussée haut dont l’entrée et l’accès sont les urgences. Ces deux
niveaux constituent le socle de la nouvelle construction. Dans ce socle, nous avons au rez-de-chaussée
bas, toutes les consultations et l’accueil sur la rue de Sèvres et au rez-de-chaussée haut, tout le bloc
opératoire. Ça fait 12 000 mètres carrés.
Un intervenant : Je suis riverain. Sur internet, j’ai regardé les deux autres projets des architectes qui
avaient participé. L’un préservait les bâtiments actuels sur la rue de Sèvres et construisait ce même
bâtiment tout en respectant les contraintes techniques qui y étaient imposées. L’autre préservait le petit
hôtel particulier sur le boulevard Montparnasse ainsi que les bâtiments sur la rue de Sèvres. Sur les trois
projets, il y en avait deux qui préservaient les bâtiments actuels sur la rue de Sèvres et construisaient
derrière et un qui préservait l’ensemble de l’angle. Comment se fait-il que ces deux architectes aient pu
répondre à vos contraintes techniques ? Sur quels critères vous êtes vous basés pour déterminer que le
projet de Monsieur Gazeau était le meilleur. Les deux cabinets, comme celui de Monsieur Gazeau, sont
des cabinets de réputation nationale.
Madame Isabelle LESAGE : Tout à fait. Les trois cabinets étaient de réputation nationale. Les deux
autres projets ne fonctionnaient pas à l’intérieur. Nous avions les réanimations éclatées sur trois
niveaux. Les blocs et les réanimations n’étaient pas connexes. Il y avait des problèmes fonctionnels très
importants complètement récusés par les utilisateurs et par les médecins, parce qu’ils éclataient le
fonctionnement et n’avaient pas ce plateau de 12 000 mètres carrés. Cela a été étudié avec une grande
objectivité et avec des critères extrêmement précis. Les deux autres projets ne fonctionnaient pas.
Monsieur le Professeur REVILLON : Sur le plan purement médical, les trois projets ont été très
longuement exposés à l’ensemble des médecins de l’hôpital. Il n’y avait aucune contestation possible
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sur le fait que le projet de Monsieur Gazeau était le plus fonctionnel en termes de regroupement, en
termes de circulations et en termes de surfaces. De surcroît, l’impression de ces deux bâtiments fait
qu’un bâtiment est hautement médicalisé et coûte extrêmement cher et un deuxième qui n’est pas
médicalisé et servira de bureaux, de salles de réunions, etc. Cela va tout à fait dans le sens des hôpitaux
modernes.
Un intervenant : Quel est le budget de construction de cet hôpital ?
Madame Isabelle LESAGE : Il est de 150 millions d’euros.
Monsieur Philippe GAZEAU : Le budget est d’environ 100 millions d’euros HT et donc 120 millions
d’euros TTC. Le budget global est de 150 millions d’euros. La construction est de 120 millions
d’euros TTC. Le reste est du budget d’investissement.
Madame Micheline BOURNY–THAUMIAUX : Monsieur Gazeau, vous avez évoqué les normes
HQE (Haute Qualité Environnementale) pour répondre aux contraintes du développement durable.
Pouvez-vous nous en dire un peu plus ?
Monsieur Philippe GAZEAU : En préambule, il faut dire que même si le budget de 100 millions
d’euros HT apparaît énorme, il est extrêmement serré. Nous arrivons à 1 700 euros du mètre carré, ce
qui est extrêmement serré pour un budget dans Paris. Dans ces budgets-là, nous ne sommes pas capables
d’arriver à une certification HQE qui demanderait entre 10 % et 15 % de budget en plus. Les sous de
l’Assistance Publique vont plutôt aux malades. Nous avons quand même fait avec le bureau d’études un
gros effort et une grosse réflexion pour tourner la construction vers des principes de bon sens et de
logique, d’économie, de performance acoustique, de performance de protection thermique, de notions
paysagères. Il y a 14 cibles HQE. Nous sommes tout de même assez performants sur la plupart des
cibles sans atteindre les performances de la certification HQE qui, elles, demanderaient beaucoup
d’argent en plus. J’ai, par exemple, indiqué le travail sur les enveloppes qui a été fait avec le souci
d’économiser un maximum d’énergie, soit pour chauffer soit pour refroidir le bâtiment. Il faut
évidemment une climatisation dans la quasi-totalité des locaux. C’est hors de question de faire
autrement. Par nature, un hôpital est un bâtiment qui consomme beaucoup d’énergie. Là où nous
pouvons essayer de faire des économies, c’est sur son enveloppe et sur l’inertie thermique. A la base, le
bâtiment a déjà une inertie thermique importante. C’est un bon point. La deuxième chose est ce travail
de double enveloppe sur l’angle. Il avait au début une justification acoustique. C’est aussi extrêmement
bénéfique à la protection thermique. Notre système de façade est un système d’enveloppe qui passe
complètement devant la structure. Par rapport à un hôpital de construction courante, nous avons une
protection thermique de 20 % de plus. Nous avons terminé des calculs précis. Le dossier est prêt à partir
en consultation vers les entreprises. Nous avons abouti à 6 % d’économies en chauffage ou en
production de froid. C’est assez énorme si nous savons que la certification HQE est de 8 %. Nous avons
vraiment fait un gros effort dans un budget qui est un budget normal et très difficile à tenir, surtout en
plein Paris, où les contraintes pour les entreprises sont très fortes.
Monsieur Jean-Louis MOULIN : Nous n’avons pas évoqué le calendrier. Le permis de construire a été
autorisé, il y a déjà, un certain nombre de mois. Quand sera terminé cet important investissement ?
J’ai une deuxième question. Madame la directrice générale, vous avez dit que l’hôpital restera
pédiatrique et sera consacré pour partie aux adultes. Par ailleurs, il comporte 23 unités de recherche
avec un centre hospitalier. Nous n’avons pas beaucoup entendu parler de ces fonctions complémentaires
de l’hôpital, qui reste principalement celui des enfants malades.
Madame Isabelle LESAGE : Merci, Monsieur Moulin. Si tout va bien, l’ouverture est prévue en 2010
après trente mois de chantier et la destruction des anciens bâtiments en orange sur ce plan.
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Concernant le reste de l’hôpital, c’est vrai que nous avons centré notre présentation parce que nous
avons répondu à la demande sur la nouvelle construction de Laennec. Nous avons repris le nom de
Laennec parce qu’il était médecin, chef de service à Necker. Il a inventé le stéthoscope. L’hôpital
Laennec ayant fermé, il nous a semblé important de reprendre ce nom dans l’hôpital où Laennec a
exercé. Nous avons centré notre présentation sur l’hôpital Laennec. Bien sûr, le reste de l’hôpital
continue à travailler. Les services d’adultes Sèvres se sont recentrés sur la néphrologie, l’urologie,
l’hématologie et l’infectiologie en lien avec Pasteur, et la réanimation adultes. Dans la clinique Robert
Debré, nous avons des disciplines plus ambulatoires : toute la pédiatrie, générale, immunohématologique, la greffe de moelle du Professeur Fischer, la pneumologie, la neurologie. Dans Lavoisier
et Pasteur, nous avons toutes les disciplines de plateau technique et de biologie qui vont également se
moderniser avec des travaux importants. Nous avons enfin des unités de recherche qui vont se regrouper
dans le site actuel de Lavoisier. Ces unités de recherche concernent les maladies génétiques, puisque
c’est l’une des thématiques principales de Necker. D’autres unités de recherche sont situées dans la
faculté Necker qui figure juste en bordure de ce plan.
Monsieur Serge TESTARD : J’ai visité, il y a quatre ou cinq ans, le SAMU Necker avec l’entrée par la
rue de Vaugirard. Y a-t-il toujours un SAMU à Necker ? Va-t-il être touché par les réaménagements ?
Madame Isabelle LESAGE : Le SAMU est toujours là. Il reçoit 300 000 appels par an. Il est situé audessus de Vaugirard, le long de la rue. Il est toujours là. Il n’est pas touché par les opérations, mais nous
modernisons la salle de régulation.
Madame Laurence MOROSINI : J’aimerais avoir des renseignements sur les bâtiments qui sont
derrière Sèvres. Vous avez indiqué Pasteur, mais à quoi correspond tout l’arrière de Pasteur et tout ce
qu’il y a derrière la clinique Sèvres ?
Madame Isabelle LESAGE : Je vous fais une visite guidée. Derrière Sèvres, nous avons une chaufferie
que nous allons conserver. Nous allons refaire tout le chauffage du site, qui est complètement obsolète.
Le petit bâtiment « transport » va s’intégrer dans le bâtiment logistique. Ici, nous avons la crèche qui
demeure. Ici, vous avez la chambre mortuaire. Ici, la cuisine. Ici, la recherche. Sur cet emplacement,
nous allons faire un nouveau bâtiment de laboratoires pour les moderniser et les mettre aux normes. Ici,
dans ce bâtiment vieillot et qui s’écroule, vous avez les magasins non médicaux. Ils seront réinstallés
dans ce nouveau bâtiment de logistique et de laboratoire. Ici, à Archambault, nous avons les fameuses
« maisons des parents » et « maisons des familles ». Ici, ce sont les studios infirmiers. Ici, vous avez le
pavillon Maurice Lamy. Il y a actuellement la néphrologie et la gastro-entérologie pédiatrique. Nous
allons y installer la pédopsychiatrie. Pour faire cela, nous détruisons onze pavillons. Nous avons une
organisation assez complexe pour reloger toutes les activités qui étaient dans ces onze bâtiments que
nous détruisons. C’est pour cela que vous voyez ici un modulaire dans lequel nous allons prendre place.
La pédopsychiatrie viendra avec la gastro-entérologie et la néphrologie pédiatrique. La pédopsychiatrie
est destinée à aller dans le carré Necker rénové qui accueillera l’hôpital de jour et la consultation. La
néphrologie et la gastro-entérologie travaillent de façon étroitement reliées à la chirurgie viscérale. Les
mêmes enfants sont opérés ou greffés du rein dans le bâtiment Laennec.
Madame Laurence MOROSINI : Le bâtiment ne sera donc pas cassé dans quelques années.
Madame Isabelle LESAGE : Quand nous aurons fini toutes ces opérations de modernisation, nous ne
prévoyons pas d’installer des activités hospitalières dans le pavillon Maurice Lamy. Il ne correspond pas
du tout à la trame et à la taille des bâtiments dont nous avons besoin pour soigner les enfants. C’est très
étroit. Les circulations ne sont pas adaptées. Je ne parle même pas des ascenseurs et des monte-charges.
Une intervenante : J’aurais voulu avoir des précisions sur les bâtiments qui longent la rue de Sèvres et
qui possèdent une hauteur de trente mètres, avec une toiture très importante. Que sont ces espèces de
toitures où il n’y a absolument aucune ouverture ? Par ailleurs, des tout petits panneaux sur l’hôpital
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indiquent une enquête publique de climatisation concernant ce bâtiment Laennec. J’aimerais avoir des
informations sur cette enquête publique. Ces bouts de papier minuscules ne sont franchement pas très
clairs. Il faut vraiment s’approcher pour voir de quoi il s’agit. Il faut vraiment être très attentif pour le
faire. J’aurais aussi aimé avoir des informations précises sur le planning. Ce que vous avez dit est assez
vague.
Monsieur Philippe GAZEAU : Je ne comprends pas la première partie de votre question. Il n’y a pas
de façade de trente mètres de haut sur la rue. La hauteur sur la rue est de 18,50 mètres, ce qui est deux
fois moins.
Une intervenante : Regardez sur la coupe. Les toitures en question sont à trente mètres.
Monsieur Philippe GAZEAU : Elles sont complètement en arrière de la rue de Sèvres. Elles sont sur le
jardin, complètement invisibles depuis la rue de Sèvres.
Une intervenante : Elle ne sont pas invisibles pour tout le monde. Croyez-moi ! Pas pour les riverains.
Des gens habitent et vont donner directement sur ces toitures.
Monsieur Philippe GAZEAU : L’un des intérêts du projet et de s’installer sur l’angle est de libérer
complètement les vues depuis le square du Croisic. Actuellement, leur vue est complètement obstruée.
En s’arrêtant ici sur le premier pignon aveugle, juste avant la première cour, nous voyons bien que nous
libérons complètement. C’est un avantage considérable.
Une intervenante : Je ne suis pas de votre avis. Des fenêtres donnent directement sur ces bâtiments.
Actuellement, la vue va jusqu’à la tour Eiffel. Là, elle va être complètement obstruée.
Monsieur Philippe GAZEAU : Si vous êtes ici, je ne vois pas ce qui peut vous gêner. Vous êtes plein
Sud sur un jardin.
Une intervenante : Dans certains angles, la vue est complètement obstruée.
Monsieur Philippe GAZEAU : En se mettant dans cette partie-là, nous avons essayé de cacher la vue
au moins de monde possible. En tous les cas, une vue plein Sud sur un grand jardin.
Une intervenante : Et les toitures en question ?
Monsieur Philippe GAZEAU : Les toitures sont en zinc. Elles sont des volumes fermés pour les
installations de climatisation.
Une intervenante : Nous arrivons donc à l’enquête publique.
Monsieur Philippe GAZEAU : L’enquête publique n’est pas faite pour ça. L’enquête publique est faite
parce que nous avons des installations de climatisation et pas de ventilation. Dès que nous dépassons
une certaine puissance, il y a une enquête publique comme pour tous les hôpitaux. Cette enquête
publique prouvera que nous avons respecté toutes les normes et performances acoustiques de protection.
Nous avons vraiment protégé le mieux possible la vue et la protection acoustique des riverains en
capotant entièrement toutes ces terrasses, ce qui n’était pas obligatoire. Ces grands toits étaient des toits
en zinc, ce qui est assez courant dans le paysage parisien. Tous ces étages protègent les installations de
ventilation et de climatisation avec une toiture. Nous avons été assez performants et au-delà de ce qui
aurait pu être fait, c’est-à-dire simplement installer les installations techniques sur une toiture terrasse en
comptant sur le degré d’affaiblissement acoustique permis par les normes. Nous aurions pu nous en
contenter. Nous sommes allés beaucoup plus loin. Nous avons vraiment enfermé les installations
visuellement et de manière sonore.
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Madame Isabelle LESAGE : Monsieur Watteau de la société Jacobs est présent. Il sera tout à l’heure à
côté de la maquette, si vous voulez poser des questions plus précises sur l’enquête publique faite par la
Préfecture de Police.
Monsieur Claude BIRENBAUM : Je suis de la plate-forme « les droits du piéton ». Pouvez-vous
remontrer le dessin du jardin ? Vous avez dit qu’il n’y aurait pas de voiture dans le futur jardin. A mon
avis, c’est inexact. Il va y avoir les ambulances qui vont faire le tour.
Monsieur Philippe GAZEAU : Bien sûr !
Monsieur Claude BIRENBAUM : OK ! Je ne vous le reproche pas. Ce seront les seuls véhicules et il y
a urgence. Je ne reproche rien à personne, mais il y a un danger pour les enfants qui vont jouer
tranquillement. N’y voyez pas une critique, mais il va falloir faire attention.
Monsieur Philippe GAZEAU : Les ambulances ne traversent pas les allées piétonnes du jardin. Elles
font le tour. Actuellement, c’est beaucoup plus dangereux. Il n’y a pas de visibilité. Il n’y a vraiment pas
de partition entre les piétons et les voitures.
Monsieur Claude BIRENBAUM : Quel est le bilan du parking ? Combien supprimez-vous de voitures
garées ? Combien garez-vous de places en souterrain ? Comme cela a été demandé à Cochin où une
maternité va aussi être construite, est-il aussi possible de prévoir quelques places pour les riverains ?
Vous savez que la Ville de Paris retire des places à tout va. J’ai une dernière remarque de femme de
ménage. Comment allez-vous nettoyer la façade sur le boulevard Montparnasse ? Les nacelles ne sont
pas possibles. Vous avez des façades tournées vers le ciel. Cela va donc s’encrasser. Comment allezvous nettoyer tout ce qu’il y a derrière ?
Monsieur Philippe GAZEAU : Je veux bien répondre à toutes les questions, mais je pense que
demander le nettoyage des façades, c’est un peu affligeant.
(« Ah non ! » collectif en réaction)
Madame Isabelle LESAGE : Nous avons actuellement 150 places de parking. Nous allons en créer
223. De toute façon, cela ne suffit pas pour nos malades. Nous sommes un hôpital dans Paris qui a une
surface très limitée. Nous ne pouvons, malheureusement, pas offrir des places aux riverains. En ce qui
concerne l’entretien des façades, nous partageons ce questionnement pour qu’elles restent propres.
Monsieur Gazeau a apporté les réponses nécessaires sur la manière dont nous pouvons entretenir ces
façades et y accéder. La conception de la façade permet de les maintenir propres. C’est très technique.
Nous avons fait plusieurs réunions là-dessus. C’est difficile de vous expliquer là comme ça. C’est une
conception architecturale. C’est son métier.
Monsieur Philippe GAZEAU : Quand on fait ce genre de façade, le premier souci est l’entretien, la
pérennité et la solidité. Là-dessus, un certain nombre de contrôleurs nous accompagnent. Ils sont payés
par le maître d’ouvrage. Ils sont là pour la sécurité des personnes, la sécurité du bâtiment et l’entretien
ultérieur. Tout cela fait l’objet d’un cahier d’entretien et d’accès à toute sorte d’équipements en façade
intérieure. Nous répondons aux questions. Je ne vais pas rentrer dans le détail, mais c’est assez simple.
Avec des nacelles, on fait à peu près tout ce que l’on veut et l’on entretient ce bâtiment de manière assez
simple.
Un intervenant : J’ai bien compris le professeur de chirurgie, Monsieur Révillon. Il a besoin
d’améliorer la fonctionnalité des locaux. Nous comprenons parfaitement qu’il faille faire les travaux.
Est-il bon de concentrer en un endroit au lieu d’avoir des pavillons dispersés ? C’est aux techniciens
d’en juger. Les maladies nosocomiales semblent être un défi de santé publique actuellement et peut-être
pour les années à venir. C’est un défi pour les responsables d’hôpitaux et aussi pour nous, parce que ce
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sont les contribuables qui payent, à chaque fois qu’il y a une maladie nosocomiale, un staphylocoque
doré ou une légionellose. Les leçons de l’hôpital Georges Pompidou, tout neuf, ont sans doute été tirées.
La leçon n’est pas là-dessus.
Il faut concentrer ce bâtiment. Soit ! Ce qui m’inquiète, c’est l’angle. J’ai beaucoup admiré ce qu’a dit
Madame Lesage en commençant. Il faut s’ouvrir sur le quartier. C’est bien. La seule ouverture qu’il y
avait sur le quartier était à l’angle. Sur les diapositives, à aucun moment n’a été pris en photo ce que
nous appelons « le château » à l’hôpital.
Monsieur Philippe GAZEAU : Ce n’est pas vrai !
Un intervenant : On détruit cet endroit-là pour construire un bâtiment qui fait partie de la créativité
contemporaine, mais dont certains pensent qu’il ne s’insère pas bien dans l’architecture globale.
Une intervenante : Ah merci !
Un intervenant : Pourquoi construire ce bâtiment ? Je vous pose une question simple. Il vous apportera
certainement des mètres carrés, mais pourquoi cet étage de parkings en sous-sol ? N’aurions-nous pas
pu gagner des mètres carrés ici ou même creuser un peu plus bas, quitte à mettre le parking sous le futur
jardin ? C’est assez bizarre. Finalement, l’hôpital ne sera pas plus ouvert sur le quartier. Excusez-moi de
le dire. C’est une évidence. Il sera plus fermé. Vous avez appelé ce mur, un mur acoustique, un mur
antibruit. Bref, il s’agit de se défendre du quartier.
Madame Géraldine CARRE : Merci Monsieur de votre témoignage.
Monsieur Philippe GAZEAU : Quelle est la question ? C’est plutôt une diatribe. Il me semble que
nous avons suffisamment expliqué que c’était la seule solution, à moins de mettre tous les services de
Monsieur Révillon et de ses confrères en sous-sol, mais ce n’est pas très sympathique, ni pour les
malades ni pour le personnel. Cela fait quatre ans que nous travaillons sur ce projet. Vous pensez bien
que nous avons pesé le pour et le contre de chaque solution. Nous sommes arrivés à cette solution parce
qu’elle est devenue assez évidente et de plus, assez intéressante à tous points de vue. Cette solution,
fonctionnellement, médicalement, architecturalement, était la plus intéressante. Je comprends que cela
pose des interrogations. Je comprends que des gens soient attachés à des bâtiments. Encore une fois,
comme je l’ai expliqué tout à l’heure, l’évaluation de tout le patrimoine bâti actuel de l’hôpital a été fait
avec les architectes des Bâtiments de France. Là aussi, nous avons pesé le pour et le contre. Nous avons
fait la part des choses. Il nous a paru que le plus intéressant était notre solution de revalorisation du
carré Necker, le bâtiment patrimonial le plus intéressant du site. Les bâtiments en bordure de la rue de
Sèvres et à l’angle du boulevard Montparnasse méritaient d’être démolis par rapport à l’enjeu
considérable de cette opération. Je rappelle que l’hôtel particulier en question n’est pas du
XVIIIeme siècle. Sa construction a commencé en 1880 et s’est achevée en 1900. Nous pourrions même
dire qu’il est du vingtième siècle.
Un intervenant : Est-ce que le financement est véritablement assuré ? Quelle est la date de début des
travaux et leur durée ? Quelle est l’accessibilité du jardin central à l’extérieur, aux personnes qui n’ont
rien à faire dans l’hôpital, mais qui voudraient bénéficier du paysage ? Le bâtiment qui se trouve à
gauche du bâtiment vitré sur le boulevard Montparnasse est-il un bâtiment d’habitations ?
Madame Isabelle LESAGE : C’est un immeuble d’habitations qui ne fait pas partie de l’hôpital. Le
financement est assuré. C’est un projet prioritaire de l’AP-HP financé au plan stratégique de l’AP-HP
2005 - 2009.
Monsieur François PERRET : Les travaux doivent commencer au printemps 2007. Ils vont
commencer par une série de démolitions qui apparaissaient sur le plan-masse de Monsieur Gazeau. Neuf
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bâtiments seront démolis en préalable. Le chantier proprement dit, avec la construction du bâtiment
Laennec doit démarrer à l’été 2007 pour une durée prévisionnelle d’un peu plus de trente mois, ce qui
nous conduit au milieu de l’année 2010.
Madame Isabelle LESAGE : Le jardin central n’est pas un jardin public. Les hôpitaux n’ont pas
vocation à accueillir des jardins publics où les enfants viendraient jouer à la sortie de l’école. Nous
n’avons pas la surface et nous avons des malades tout autour. C’est donc un jardin ouvert que l’on peut
traverser dans des conditions bien meilleures qu’aujourd’hui. Aujourd’hui, nous avons déjà un certain
nombre de personnes qui traversent le site, de facto. Elles n’ont pas vocation à le faire, mais nous
l’acceptons. Nous aménageons cette allée verte au milieu de notre site. Ce jardin pourra donc être
traversé.
Une intervenante : J’ai juste une observation. Je suis très intéressée par les projets architecturaux du
quinzième arrondissement. Je suis assez étonnée par l’importance que prennent dans l’architecture
actuelle ces murs à double enveloppe. C’est exactement l’architecture de la bibliothèque Yourcenar. Au
conseil de quartier Saint-Lambert, on nous a présenté le projet de futurs immeubles sur les anciens
terrains de la DGAC au carrefour Lecourbe Convention. Il s’agissait d’un mur végétalisé. Je
m’interroge tout de même sur la constance de ces éléments d’architecture dans ce qui nous est présenté
à l’heure actuelle.
Monsieur Philippe GAZEAU : Qu’entendez-vous par « constance » ?
Une intervenante : Sur trois projets, j’ai le mur à double enveloppe, comme à Yourcenar et le mur
végétalisé.
Monsieur Philippe GAZEAU : Le principe des doubles enveloppes permet, dans des situations
difficiles d’économie d’énergie et de rentabilité thermique, de protéger un bâtiment bien mieux qu’avec
une simple enveloppe. Celle qui concerne l’angle a aussi une qualité qui permet de protéger du bruit les
activités derrière cette paroi en verre. C’est effectivement quelque chose de plus en plus courant et de
plus en plus employé car cette solution est assez performante. Cela dit, je pense que celle-là ne
ressemble pas du tout à celle de la bibliothèque Yourcenar. Il y a un travail assez sophistiqué du
mouvement, de la lumière dans ce travail. C’est un travail de couture et de tissage avec des éléments
vitrés. L’intérêt de ce travail sur le mouvement est que la façade sera extrêmement changeante suivant la
luminosité de la journée. Cela pourra être complètement transparent ou réfléchissant, avec ce système de
facettes, avec des angles différents. Il y aura donc quelque chose d’extrêmement animé sur le carrefour.
Ce ne sera pas une façade inerte, ni un grand mur vitré comme un immeuble de bureaux. Ce sera
exactement le contraire. Nous travaillons là-dessus depuis assez longtemps, sur un certain nombre de
bâtiments que nous avons faits à Paris. Nous nous sommes demandés comment concevoir des façades
vitrées qui ne soient pas de simples parois vitrées inertes et amorphes. Celle-là aura une certaine
luminosité et une certaine légèreté qui la rendra tout de suite sympathique, une fois qu’elle sera
construite. L’entretien a été prévu.
Une intervenante : J’aimerais savoir sur quels critères le projet de Monsieur Gazeau a été sélectionné
par rapport aux projets des deux autres architectes ? En quoi est-il plus fonctionnel ? Est-ce possible de
consulter son dossier.
Madame Géraldine CARRE : Il a déjà été répondu à cette question.
Monsieur le Professeur REVILLON : Sur le caractère fonctionnel, j’ai vu les trois projets. Nous
avons d’emblée - avec les collègues gastro-hépato-entérologues, néphrologues, chirurgiens viscéraux et
mon équipe - pensé que le plan de Monsieur Gazeau était de loin, le plus fonctionnel.
Un intervenant : Est-il possible de consulter les conclusions de la commission ?
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Monsieur le Professeur REVILLON : Ce n’est pas mon problème.
Madame Isabelle LESAGE : Monsieur Révillon donne son avis, mais un très grand nombre de groupes
ont étudié sur des critères. Une commission a ensuite fait le choix. Cela a été fait de manière très
rigoureuse. Je ne sais pas si ces documents sont d’ordre public. Je me renseignerai. Vous me laissez vos
coordonnées et si c’est le cas, vous pourrez les consulter.
Une intervenante : Je reprends les conclusions de Monsieur Galy-Dejean à la réunion du 9 décembre. Il
disait : « adhésion complète au projet bien étudié sur tous les plans : fonction hospitalière, recherche
médicale, environnement, conservation des bâtiments qui devaient l’être ». Personnellement, je dirai que
les parents qui ont des enfants malades ne s’arrêtent pas aux questions secondaires, mais sont vraiment
polarisés sur le fonctionnement médical.
Monsieur EHLERS : J’ai été un peu étonné par la présentation qui a été faite. Vous avez dit que vous
souhaitiez que le bâtiment s’intègre bien au quartier et qu’il y ait ce travail de couture urbaine.
Finalement, le quartier n’est pas concerté mais informé. Nous arrivons en bout de course. Cette
préoccupation est venue tardivement parce que nous n’avons pas pu participer au début de la réflexion.
J’en viens notamment à la question du travail de l’angle, qui préoccupe beaucoup de monde.
Contrairement à ce que vous avez l’air de dire, je pense que la place Léon-Paul Fargue est actuellement
très équilibrée sur le plan architectural. D’un côté, il y a des bâtiments hauts et de l’autre des bâtiments
bas. Cela montre le passage de l’hypercentre de Paris vers des quartiers plus périphériques qui étaient
autrefois d’aspect plus champêtre. C’est très équilibré d’avoir de chaque côté de la rue de Sèvres ces
bâtiments bas. Je trouve dommage de détruire cet angle que je trouve remarquable. J’aurais trouvé plus
intéressant que les surfaces qui vont être faites sur cet angle le soient plutôt vers le Nord, même si cela
ampute le jardin Nord mais qui finalement ne sera pas ouvert sur la ville. Il vaut mieux garder à l’angle
cette partie dont tout le monde profite à toute heure de la journée, ce petit coin un peu champêtre.
J’avais une deuxième question concernant le raccordement au réseau Clim’Espace. Est-il possible
d’envisager le raccordement au réseau Clim’Espace, ce qui aurait permis d’éviter les tours aéroréfrigérantes qui se trouveront en toiture. La ville de Paris incite à se raccorder sur ce réseau municipal.
Cela permettrait d’avoir des bâtiments un peu moins hauts.
Ma troisième remarque porte sur les circulations. Cela rejoint ce que disait Monsieur Birenbaum.
Pourquoi ne pas avoir fait des circulations directes, ce qui évitait le gymkhana consistant à faire tout le
tour, surtout pour les urgences ? N’aurait-il pas été possible de faire un accès direct rue de Sèvres pour
rentrer directement sans faire tout le tour et gagner peut-être un peu de temps et éviter un détour. Je
vous remercie.
Madame Géraldine CARRE : Je passe la parole à Monsieur Watteau.
Monsieur WATTEAU : Le raccordement à Clim’ Espace va devenir possible car Clim’Espace a
projeté de faire un réseau sous le trottoir le long de notre bâtiment. Ce n’est pas le cas aujourd’hui. Ce
n’était pas le cas au moment où nous avons conçu l’installation. Clim’Espace est en train de faire ce
projet de passer sous le boulevard du Montparnasse. Il faut aussi penser au prix. Clim’Espace est
aujourd’hui très cher. Nous avons bon espoir que ça baisse. Les hôpitaux ont déjà des budgets de
fonctionnement énormes. Si en plus, il faut dépenser de l’argent pour produire du froid, cela ampute
d’autant le budget médical. C’est la raison qui a guidé notre choix.
Monsieur Philippe GAZEAU : Je passe à la dernière question. L’accès direct privilégié était l’accès
piéton. Cela paraît assez logique. J’ai appris, en travaillant sur ce projet, que beaucoup de parents
arrivent aux urgences avec leurs enfants dans les bras. Ils viennent du métro ou en taxi, complètement
affolés et désorientés. Une grande partie de notre travail était justement de leur faciliter l’accès et qu’ils
aient une entrée repérée. Ils peuvent aller aux urgences dans cette allée piétonne sans jamais rencontrer
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une voiture. Quant aux véhicules d’urgence, ils doivent bien rentrer d’une manière ou d’une autre.
C’était plus logique de privilégier l’allée pour les piétons plutôt que pour les véhicules d’urgence.
Madame Isabelle LESAGE : Il y a une pente. Les véhicules d’urgence montent au-dessus. L’intérêt de
ce terrain est d’avoir une déclivité. On rentre de plain-pied aux urgences et de plain-pied au rez-dechaussée bas sur la rue de Sèvres pour les piétons. Pour les véhicules, cela permet de prendre la pente.
De plus, l’entrée des véhicules dessert aussi le bâtiment Sèvres adultes, qui se trouve à l’entrée.
Il y avait une question sur pourquoi nous avons construit à l’angle.
Monsieur Philippe GAZEAU : Nous pouvons effectivement avoir un débat urbain sur ce site. Nous
nous sommes effectivement posé la question. Je n’ai pas la même interprétation. Nous voyons bien qu’il
y a deux sortes de traitements, suivant que l’on se trouve sur le boulevard des Invalides ou sur le
boulevard Montparnasse. Quand on est boulevard des Invalides, il y a effectivement une succession
d’hôtels particuliers. Quand on amorce le boulevard Montparnasse, nous sommes dans une toute autre
logique morphologique. D’une part, on monte. Ensuite, nous avons des bâtiments à l’alignement, en
continuité. L’hôtel particulier n’est qu’une grosse maison. Il n’a pas du tout la morphologie des hôtels
particuliers du boulevard des Invalides. Il n’est absolument pas intégré dans un système quelconque. Il
est dans un vide résiduel. Notre lecture de ce site est qu’il est évident que la parcelle en rouge est une
parcelle en attente. C’est un vide résiduel, comme il y en a beaucoup à Paris, issu de l’histoire empirique
de constructions qui se sont installées ici. Regardons la photographie où l’on voit cette muraille aveugle
du pignon. Aujourd’hui, l’évidence urbaine est de s’appuyer sur ce pignon. D’autre part, vous dites que
d’un côté, nous sommes avec des bâtiments hauts et de l’autre avec des bâtiments bas. C’est d’abord
faux avec ce bâtiment de logements qui culmine à un certain nombre d’étages. Plus loin, vous pouvez
regarder les angles de l’avenue de Saxe, qui sont aussi constitués de bâtiments très hauts. Il n’y a donc
pas de logique qui dirait que sur la rue de Sèvres, nous ne pourrions pas construire au-dessus d’un hôtel
particulier d’un étage. En tous les cas, ce n’est absolument pas la logique du PLU et du règlement urbain
de Paris. Je suis désolé. C’est comme ça et je pense que c’est justifié urbainement et architecturalement.
Madame Isabelle LESAGE : Pourquoi n’avons-nous pas construit en retrait ? La question a été posée.
Un intervenant : Nous n’avons pas dit en retrait, mais au Nord.
Madame Isabelle LESAGE : Nous avons besoin de continuer à soigner les malades dans les bâtiments
ici en orange pendant le chantier. Nous pourrons dire un mot de notre dispositif « chantier propre » qui
va avec. Nous ne pouvons absolument pas détruire ces bâtiments pour commencer le chantier. Cela
explique que nous sommes en bordure de la rue de Sèvres.
Un intervenant : Et si vous remontez vers le haut de la parcelle ?
Madame Isabelle LESAGE : Cela n’aurait rien changé.
Monsieur Philippe GAZEAU : Ce n’est pas à moi de défendre le choix qui a été fait lors du concours.
Si vous venez ici, nous ne pouvons pas venir à moins de huit mètres en mitoyen. Vous avez un
fonctionnement en longueur qui ne marche pas bien. Un projet avait fait ça, mais ça ne marchait pas. Il
avait besoin de casser une partie du bâtiment. Il ne fonctionnait pas bien. Sur ce plateau technique qui
fait 12 000 mètres carrés, nous avons besoin de rassembler et de regrouper le plus possible les activités
d’accueil d’urgence, de bloc opératoire et d’imagerie.
Madame Isabelle LESAGE : Il n’est pas possible de faire des unités de soins toute en longueur avec le
poste de soins à un bout et les chambres éloignées le long du couloir. Les infirmières ne peuvent pas
travailler à distance. Les chambres doivent être le plus près possible du poste de soins pour la
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surveillance des malades et pour minimiser les pas des infirmières. Elles ont besoin de travailler de
manière rassemblée. Nous ne pouvons donc pas faire des bâtiments tout en longueur.
Une intervenante : Dans quelles conditions le permis de démolir ce petit hôtel particulier du
XIXeme siècle a-t-il été délivré ? Les Bâtiments de France l’ont délivré, mais les Monuments
Historiques, qui ne sont pas présents ce soir, étaient aussi concernés. J’aurais voulu connaitre les
conditions de délivrance de ce permis de démolir.
Monsieur Philippe GAZEAU : Pour l’instant, il n’est pas délivré. Il est en instruction. Il faut demander
aux Bâtiments de France. Le gros problème est que le projet est extrêmement complexe. C’est assez
excitant intellectuellement. Vous ne pouvez pas partir du principe qu’il faut regarder uniquement les
problèmes de l’hôtel particulier ou de l’arbre. Il y a aussi des gens qui vont regretter l’arbre. Nous en
replantons beaucoup. Si nous ne regardons que ça, nous n’allons pas très loin. Ce projet est vraiment
très complexe. Nous avons parlé des contraintes principales, mais il faut penser à des centaines d’autres.
Nous ne détruisons pas les bâtiments de l’angle pour le plaisir. Nous n’avions aucune intention de le
faire, au début, quand on nous a invité à faire cette consultation. Nous avons fait des analyses et
beaucoup de scénarios. Cela a conduit à ce projet comme étant celui qui fonctionnait enfin. Il permet de
résoudre toutes les fonctionnalités médicales. Pour ma part, je pense qu’il est extrêmement positif pour
l’ensemble de l’îlot et du quartier. Je ne vais pas répéter tout ce que j’ai déjà dit.
Madame Isabelle LESAGE : Ce qui présente un grand intérêt sur le plan historique est ce Carré qui a
été construit au XIXeme siècle sur le modèle d’un hôpital londonien. Nous allons le restaurer et le
remettre en valeur, alors qu’il est dans un état de décrépitude extrêmement triste. Nous allons remettre
en valeur ses toitures, ses façades, son chauffage et ses planchers. Il deviendra l’entrée de l’hôpital et
nous y installerons des activités ambulatoires, le café, l’oratoire, un petit musée, la prévention, le service
social, les salles de réunions et l’administration. Ces activités peuvent être dans ce bâtiment ancien alors
que nous ne pouvons plus y faire d’hospitalisation. C’est ce que nous ont demandé les Bâtiments de
France.
Madame Géraldine CARRE : Je passe la parole aux conseillers de quartier qui ne l’ont pas encore
prise, et ensuite à Monsieur Goujon.
Madame Roselyne BRIERE : Je suis conseillère de quartier et je fais aussi partie des riverains. C’est la
première fois que je vois la présentation globale du projet. Je n’ai pas pu jusqu’alors assister aux
différentes présentations. Je vous fais part de ma grande satisfaction et vous dire que ce projet me
remplit d’enthousiasme. J’ai connu l’hôpital Necker. J’ai eu l’occasion d’accompagner des enfants dans
le cadre de la chaîne de l’espoir. J’ai toujours eu une admiration pour le milieu médical de les voir faire
de si belles réalisations dans des conditions aussi difficiles. Je me réjouis que ce projet ait donné la
priorité aux plateaux techniques dont vous avez discuté avec tout le milieu médical. Pour moi, c’était la
priorité numéro un. Je me réjouis qu’enfin, nous puissions avoir de bonnes conditions médicales pour
ces enfants.
Deuxièmement, le projet architectural me séduit. Je suis sensible au côté développement durable.
Pourquoi pas ? Je ne sais pas s’il en existe déjà à Paris. Je devrais aller voir. J’ai particulièrement
apprécié la galerie végétale le long des deux rues. Quand on est piéton, c’est surtout ce que l’on regarde.
Je trouve cette idée géniale et je suis très contente d’avoir cette possibilité. L’hôpital Necker est
pourtant triste actuellement, mais j’ai horreur de tout ce trajet depuis Duroc jusqu’à Sèvres Lecourbe.
Régulièrement, je prends le portail. Je traverse l’hôpital Necker pour ressortir aux urgences et éviter le
trajet. Maintenant, je me réjouis de pouvoir avoir cette perspective dans quelques années.
Le jardin intérieur, c’est extraordinaire de l’ouvrir au public.
(Plusieurs « Ah non ! » en réaction)
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Bien sûr que si, c’est ouvert au public !
Madame Isabelle LESAGE : Si, je l’ai dit. Ce n’est pas un jardin public de la ville de Paris, mais vous
pourrez le traverser de manière très agréable. Il n’est pas fait pour accueillir les enfants du quartier. Il y
a des enfants malades tout autour. Ce n’est pas un jardin public. Vous pourrez néanmoins le traverser et
vous arrêter tranquillement pour y prendre le soleil si vous avez envie.
Madame Roselyne BRIERE : Nous ne pourrons pas y pique-niquer, mais nous pourrons en profiter
quand même. Je voudrais vous faire part de toute ma satisfaction. Je me réjouis et je suis fière que l’on
puisse avoir dans le quinzième arrondissement une unité pédiatrique de pointe de renommée
internationale. Je suis vraiment tout à fait enthousiaste après cette présentation. Merci beaucoup. Je sais
que vous avez réfléchi pendant de nombreuses années et que vous vous êtes posé les bonnes questions.
Bien sûr, nous n’avons peut-être pas été informés dans les temps, mais à notre niveau nous n’aurions
pas pu être utile à l’élaboration de votre projet. Je vous remercie donc beaucoup pour toutes vos
réflexions.
Monsieur Jean-Pierre LE GOFF : Je suis très content que l’on donne un outil de très bonne qualité à
des hommes qui font un travail extraordinaire. Je tiens à le souligner. J’ai juste une remarque. La façade
du bâtiment d’angle a-t-elle vraiment un caractère définitif ? A-t-elle été vue avec d’autres utilisateurs et
d’autres personnes ? Personnellement, je ne vous cache pas qu’elle me choque. Est-ce que vous
envisagez de la tester auprès d’un panel d’utilisateurs ou d’usagers ?
Monsieur Philippe GAZEAU : Rien n’a de caractère définitif, mais il faut voir comment les choses se
passent. Il y a une loi. Il y a un permis de construire. Il y a un règlement. Ce projet doit être approuvé
par les Bâtiments de France qui, il me semble, sont formés pour apprécier la qualité architecturale ou
non d’un bâtiment. Les voyers de la ville de Paris sont également là pour apprécier la qualité
architecturale, d’un point de vue plus réglementaire. Il y a un outil avec des spécialistes auxquels nous
avons été confrontés. Il y a eu des tas de réunions. Il y a eu des débats. Nous avons modifié certaines
choses à leur demande. Ils nous l’ont demandé. Nous l’avons fait. A l’origine, les verres translucides du
bâtiment principal étaient légèrement colorés. Il me semblait que c’était assez intéressant, notamment
par rapport à un hôpital d’enfants. Les Bâtiments de France ont souhaité que l’on enlève cette couleur.
Pour moi, ce n’était pas fondamental. Je l’ai donc fait à leur demande. Pendant deux ans, il y a donc eu
tout un travail avec des gens compétents, reconnus comme étant des interlocuteurs qui doivent décider
ou non de la qualité d’un projet. Il me semble que nous avons fait toutes ces démarches. Après, c’est une
affaire de goût. Je ne pourrai jamais convaincre quelqu’un qui n’aime pas.
Ce projet pose aussi tout le problème de l’architecture contemporaine, du renouvellement de
l’architecture à Paris, du renouvellement urbain. Je suis assez fier de contribuer à la métamorphose de ce
site qui, pour l’instant, ne fonctionne pas très bien malgré tous les efforts du personnel. Ne le prenez pas
mal, mais sur le plan architectural, notamment, il ne fonctionne pas très bien. Nous venons de livrer le
mois dernier l’extension de l’Ecole Normale Supérieure, rue d’Ulm à 300 mètres du Panthéon, en plein
quartier historique. Il s’agit d’une nouvelle bibliothèque, d’un bâtiment ultra contemporain, beaucoup
plus que celui-là. Il avait fait l’objet de recours, de mécontentements d’associations. Il est maintenant
assez bien vécu par les gens de l’école comme par les gens du quartier.
Là encore, nous avons fait la démonstration qu’il était utile que l’architecture puisse contribuer à
préserver ces grandes institutions au cœur de Paris. Le débat est là aussi. Pouvons-nous conserver,
rénover, développer les grandes institutions hospitalières, universitaires dans Paris et ne pas les voir
s’expatrier plus loin en banlieue. C’est aussi un débat. Effectivement, certaines choses vont disparaître.
Il faut aussi se dire que la ville se fait sur la ville. C’est un constant changement. Si nous vous passions
les vues et les changements de cet îlot depuis le XVIIeme siècle, vous auriez vu toutes les
transformations. Au XIXeme siècle, ils ont rasé des bâtiments magnifiques du XVIIIeme siècle, parce que
c’était un hôpital et que ça avançait. Encore une fois, ce projet n’est pas agressif par rapport à un
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patrimoine. Il est très équilibré. Il est très généreux par rapport à ces espaces extérieurs. Il est très
généreux dans le sens où il est très ouvert sur le quartier.
Monsieur Philippe GOUJON : En tant qu’élu avec mes collègues qui sont ici présents et qui ont
souhaité suivre cette réunion d’information à l’initiative de Géraldine Carré, nous sommes surtout venus
pour écouter les habitants et les riverains. Nous considérons qu’il n’y a pas une certaine catégorie
autorisée, mais que les habitants sont particulièrement fondés à dire ce qu’ils pensent puisqu’ils habitent
dans cet environnement et dans ce quartier. Ils peuvent avoir des avis intéressants à donner et des
propositions utiles à faire. Cela concerne aussi leur vie quotidienne. En tant qu’élus de cet
arrondissement, notre rôle est de tenir compte de l’avis de la population.
Cela dit, je considère que c’est une très bonne chose pour le quinzième arrondissement que les
structures hospitalières soient en voie de rénovation et de restructuration. Nous avions des hôpitaux
vétustes, surannés et dépassés dans lesquels les équipes médicales travaillaient dans des conditions
extrêmement difficiles. Nous avons aujourd’hui l’hôpital Georges Pompidou et Cognacq-Jay, ces
établissements hospitaliers qui viennent de se rénover. Demain, nous aurons un nouvel hôpital Necker
qui, par son savoir-faire, était un exemple et un modèle international. Par sa vétusté et son aspect très
ancien, il faisait d’une certaine façon honte à notre pays, étant données les conditions dans lesquelles
travaillait le personnel et étaient soignés les patients, particulièrement les enfants. Ceci même s’il y avait
des rénovations partielles et parcellaires. Il est tout à fait important que cet établissement se hisse au
niveau européen et international en ce qui concerne sa rénovation.
Nous sommes ici pour dire les choses. Je crois cependant que nous aurions pu davantage tirer parti
d’une concertation qui a respecté les procédures, mais qui aujourd’hui – je dois le dire en tant qu’élu –
n’est pas suffisante et ne satisfait ni les élus locaux ni les habitants. Les procédures sont respectées et
elles ont été approfondies depuis un certain nombre d’années. Je crois qu’elles sont encore insuffisantes.
Pour ma part, je considère, en tant qu’élus et habitants, nous avons été l’objet d’une information mais
pas d’une concertation. Je fais bien la différence entre les deux. Cela me semble là quelque chose qui
aurait pu être davantage pris en compte. Je pense notamment que ce projet aurait pu être présenté en
conseil d’arrondissement à la mairie du quinzième arrondissement. Je n’en fais le reproche à personne,
mais je dis que nous n’avons pas suffisamment discuté. Cette création ne sera d’ailleurs jamais soumise
à l’avis des élus de façon institutionnelle ni au conseil d’arrondissement, ni au conseil de Paris. En ce
qui concerne la mairie d’arrondissement, il y a un avis consultatif donné par le maire d’arrondissement
et lui seul. Ce n’est pas l’objet d’un débat ni en conseil d’arrondissement, ni en conseil de Paris. Je le
regrette, mais sur un plan institutionnel. Cela veut dire aussi que nous n’avons pas pu donner notre
opinion sauf à entendre les informations qui nous étaient données.
Ce n’est pas une critique du projet mais une critique de la procédure, même si la directrice de l’hôpital a
fait beaucoup. Elle nous a reçu à plusieurs reprises, notamment les élus. Elle a beaucoup payé de sa
personne pour nous informer. Je lui rends d’ailleurs hommage. Nous souhaitons tous que les équipes
médicales puissent travailler dans de bien meilleures conditions. J’étais très intéressé par l’intervention
du professeur, dans la mesure où l’objectif est quand même que les enfants puissent être soignés dans de
bonnes conditions par des équipes qui travaillent bien.
En ce qui concerne l’urbanisme, il est vrai qu’il y a l’urbanisme des Invalides et l’urbanisme du
Montparnasse. Chacun peut avoir son appréciation. Pour ma part, je pense qu’il est tout à fait regrettable
et dommage que cet hôtel particulier soit démoli.
(Plusieurs « Bravo » en réaction)
Il y a des avis contrastés. Je ne critique pas le projet de l’architecte. Je ne suis pas architecte moi-même
ni urbaniste. Je dis simplement qu’il est dommage que ce projet ne tienne pas compte de cet hôtel
particulier. Nous sommes un certain nombre à le penser. La Ville de Paris y a pensé aussi. Cet hôtel
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particulier fait l’objet d’une protection « ville de Paris ». Je ne sais pas comment la procédure de
démolition va être mise en œuvre. Cela va peut-être poser un problème. Je ne voudrais pas que cela pose
un problème pour la reconstruction de l’hôpital. Je pense qu’il est dommage que nous n’ayons pas pu
garder une partie de ce patrimoine. Il faut tenir compte aussi du fait que nous avons dans ce quinzième
arrondissement un patrimoine de nature variée. Un certain nombre de bâtiments de ce type sont démolis
un peu trop facilement. Pour ma part, je le regrette. C’est aussi un témoignage d’une certaine époque.
Nous sommes ici tous d’accord pour qu’il y ait cette rénovation. Je souhaite aussi que les travaux gênent
le moins possible la vie des riverains, pendant les trente mois du chantier. Vous savez que vous aurez
des travaux importants au carrefour Sèvres Montparnasse avec la mise en Mobilien du 92, prolongation
de ce couloir de bus que nous avons boulevard du Montparnasse. Cette descente sur les Invalides va
créer des perturbations considérables sur ce carrefour au moment même où vont commencer les travaux
de l’hôpital. A mon avis, il va y avoir des difficultés. Je souhaite vraiment qu’il en soit tenu compte,
parce que la vie va être difficile dans ce quartier pour les deux ou trois ans à venir.
Je souhaite simplement dire que ce projet était indispensable. Pour ma part, je fais confiance à tous les
spécialistes aussi bien de l’AP-HP que l’architecte pour le réaliser dans de bonnes conditions avec des
matériaux de qualité. Nous voyons trop de projets qui sont réalisés et qui malheureusement vieillissent
mal, étant donné l’insuffisance de moyens mis en œuvre. Je me réjouis que l’AP-HP mette en œuvre un
budget important. J’espère que l’entretien sera meilleur que dans d’autres hôpitaux que j’ai eu
l’occasion de fréquenter en tant qu’élu et qui se sont malheureusement révélés totalement insuffisants. Il
faut aussi là avoir des assurances plus importantes que celles qui nous ont été données sur l’entretien du
bâtiment, qui présentera un certain coût et qui, j’espère, ne fera pas l’objet de réductions budgétaires de
la part de l’AP-HP, même s’il y a un certain cahier des charges.
Voilà quelques observations générales que je vous ai données en disant bien sûr que je soutiens ce
projet, sous les quelques réserves que partagent un certain nombre de personnes ici, pour un projet qui
mettra la pédiatrie française au niveau où elle devrait être en ce qui concerne l’environnement dans
lequel elle travaille.
Madame Isabelle LESAGE : Merci Monsieur Goujon pour votre soutien. Je sais que, comme tous les
élus, vous suivez cette opération avec attention pour la qualité qu’elle doit représenter, tant pour le
quartier que pour les enfants et les familles qui vont ainsi pouvoir fréquenter et être soignés dans un
hôpital de très grande qualité. Nous serons très attentifs à ce que ce chantier se passe bien, à la fois
parce que nos malades continuent à être soignés, nos personnels, nos infirmières et nos médecins
continuent à y travailler pendant le temps du chantier, et aussi parce que vous qui habitez autour, vous
avez besoin d’avoir un environnement parfaitement sûr et maîtrisé. Avec François Perret, nous avons
monté tout un dispositif sur lequel vous pourrez vous renseigner. Nous allons vous donner un numéro de
téléphone que vous pouvez appeler en cas de besoin : 01 44 38 17 27. Nous avons aussi une exposition
qui commence à la mairie du quinzième arrondissement à partir du mardi 10 octobre. Nous y tiendrons
des permanences pour répondre aux questions plus précises, sur la maquette ou sur le chantier, vendredi
13, vendredi 20 et mercredi 25 octobre après-midi de 14 heures 30 à 17 heures.
Madame Géraldine CARRE : Merci Madame Lesage. Je vous remercie d’être venu répondre aux
questions des riverains avec votre équipe. En conclusion, je voulais également signaler cette exposition
à la mairie. L’enquête publique aura lieu du 18 octobre au 17 novembre pour la climatisation. Les
permanences à la mairie sont le mercredi 18 octobre de 9 heures à midi, le jeudi 26 octobre de 16 heures
à 19 heures, le samedi 4 novembre de 9 heures à midi, le jeudi 9 novembre de 14 heures à 17 heures et
le vendredi 17 novembre de 14 heures à 17 heures. Nous allons terminer cette réunion qui a été très
riche en informations. Merci à tous d’être venus et je vous dis à la prochaine fois.
Au revoir.
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