Anne BONTOUR
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Anne BONTOUR
Estime de soi du consommateur : vers une clarification du concept et de sa mesure Anne BONTOUR, doctorante (PRISM) 17, rue le Craquelin, 25 660 Fontain [email protected] [email protected] 06.61.71.41.31 1 Estime de soi du consommateur : vers une clarification du concept et de sa mesure Anne BONTOUR, doctorante (PRISM) Estime de soi – Echelle de mesure – Validation transculturelle Self-esteem – Measure scale – Cross-cultural measurement Autoestima - Escala de medición - Validación transcultural Introduction 1. La notion d’estime de soi 1.1. Les contours de l’estime de soi 1.2. Les concepts voisins de l’estime de soi 1.3. Les conceptions marketing de l’estime de soi 2. La mesure de l’estime de soi 2.1. La nature directe de la mesure 2.2. L’approche uni ou pluridimensionnelle de la mesure directe 3. Méthodologie 3.1. La mise en œuvre de l’échelle de Todd F. Heatherton et Janet Polivy dans un contexte français 3.2. Présentation de l’échantillon 4. Résultats 4.1. Purification de la version expérimentale 4.2. Niveau d’estime de soi et caractéristiques sociodémographiques des répondantes 5. Apports, limites et voies de recherches 2 Estime de soi du consommateur : vers une clarification du concept et de sa mesure Introduction En 2011, le célèbre slogan de L’Oréal Paris, « Parce que je le vaux bien », célébrait son quarantième anniversaire. Pour la direction de la marque, 80 % des femmes se reconnaitraient dans cette signature 1 - devenue aujourd’hui « Parce que nous le valons bien » - traduite en quarante langues et véhiculée par les égéries successives de la marque. Avec une technique publicitaire totalement différente où des femmes « normales », et non des mannequins professionnels, représentent la marque, Dove 2, s’arroge la mission « de faire de la beauté une source de confiance et non d’anxiété pour les femmes 3 ». Au regard de ces deux exemples de l’affirmation de soi en cosmétique, il semblerait que les marques cherchent à intégrer des dimensions affectives, émotionnelles ou encore psychologiques dans leurs relations avec le consommateur (Marc Filser, 1993). Les facteurs individuels explicatifs du comportement du consommateur, privilégiés par la littérature, sont la personnalité et le concept de soi (Henri Piéron, 1994). Cependant, leur utilisation donne des résultats plutôt décevants. Les recherches qui intègrent la personnalité manquent de résultats probants (John L. Lastovicka et Erich A. Joachimsthaler, 1988 ; Denis Darpy, 2012). De la même façon, le recours au concept de soi, appréhendé comme une alternative prometteuse (Joseph Sirgy, 1982 ; Eric Vernette, 2008 ; Joël Brée, 2012), présente des résultats mitigés, très contingents de la nature du produit ou du service (Eric Vernette, 2008). Pourtant, parce que la consommation devient identitaire (Russell W. Belk, 1988 ; Géraldine Michel, 2013) et qu’elle véhicule les aspirations individuelles (Denis Darpy, 2012), l’utilisation d’une variable psychologique explicative et opérationnelle dans les études sur le comportement du consommateur semble nécessaire pour faire avancer les connaissances dans ce domaine. L’estime de soi peut être envisagée comme cette nouvelle opportunité. Peu d’éclairage sur le sujet est apporté par la littérature. A notre connaissance, quelques auteurs manipulent l’estime de soi dans un cadre de publicité sans, le plus souvent, la définir (Marsha L. Richins, 1998 ; Adilson Borges, 2011) ou avec une définition partielle (Mary C. Martin et James W. Gentry, 1997 ; Michael Anticco, Dirk Smeesters et Aline Le Boedec, 2012). Par ailleurs, sa mesure se heurte à d’importants problèmes méthodologiques qui conduisent à la mise en avant de résultats confus et embarrassants pour la recherche (Stephen R. Briggs et Jonathan M. Cheek, 1986). Une 1 http://www.lorealparis.ca/histoire.aspx Marque cosmétique du groupe Unilever 3 http://www.fr.dove.com/fr/Notre_Mission/Notre Vision/default.aspx 2 3 clarification conceptuelle et méthodologique s’impose donc. Nous définirons, dans un premier temps, ce construit sur la base d’une revue de littérature essentiellement anglo-saxonne. L’absence de consensus sur sa mesure a motivé l’adaptation d’un instrument de langue anglaise en français. Une première version expérimentale et les résultats de son administration sont ainsi présentés. L’article se termine par la discussion des résultats et la proposition de prolongements éventuels. 1. La notion d’estime de soi Employée depuis de nombreuses années dans la littérature anglo-saxonne, l’estime de soi ne fait toujours pas, aujourd’hui, l’objet d’une définition précise. Examinons les contours de cette notion pour retenir une définition utilisable par les chercheurs et les praticiens du marketing. 1.1. Les contours de l’estime de soi La notion d’estime de soi trouve ses sources dans l’Antiquité mais elle n’a cependant pris toute son importance qu’à l’époque moderne, au siècle des Lumières. C’est alors, en effet, qu’il est admis que chaque individu a droit à une égale dignité, quelle que soit sa naissance ou sa position sociale. Dans le domaine de la psychologie, l’estime de soi apparaît dans les travaux de recherche de l’Américain William James (1890) puis dans la théorie du soi-miroir de Charles Horton Cooley (1902). Dans cette perspective, la construction du soi, inséparable du milieu social, s’établit à travers l’image que nous renvoient les autres. Ainsi, une faible estime de soi est susceptible de se produire lorsque des personnes clés ont rejeté, ignoré, rabaissé ou dévalorisé l’individu. Les recherches postérieures de Stanley Coopersmith (1967) et de Morris Rosenberg (1981), comme la plupart des études contemporaines, à l’instar de celle de Mark R. Leary, Ellen S. Tambor, Sonja K. Terdal et Deborah L. Downs (1995), sur la théorie du sociomètre 4, sont en accord avec ces principes fondamentaux. Pour certains chercheurs (e.g. Marc Filser, 1993 ; Joël Brée, 2012), l’estime de soi est un niveau du concept de soi. D’autres (e.g. Morris Rosenberg, 1965 ; Roy F. Baumeister, 1998 ; Alex Mucchielli, 2011 ; Denis Darpy, 2012) abordent cette notion comme l'aspect évaluatif du concept de soi correspondant ainsi à une vision globale du soi perçue comme estimable ou non estimable « worthy or unworthy ». Enfin, une dernière approche (Christophe André et François Lelord, 1999 ; Mark R. Leary, Ellen S. Tambor, Sonja K. Terdal et Deborah L. 4 Les quatre chercheurs appréhendent l’estime de soi comme un « sociomètre », autrement dit, un moniteur du phénomène social « acceptation-rejet ». 4 Downs, 1995) considère, non seulement, l’estime de soi comme un « regard-jugement » mais aussi comme une anticipation ou une estimation de l'évaluation d’autrui. La conséquence de ce jugement affectif est binaire : l’estime de soi est plutôt élevée quand le résultat de l’autoévaluation est positif ou lorsque l’individu se sent socialement apprécié ; l’estime de soi est plutôt faible quand le résultat est négatif ou quand il ne se perçoit plus socialement estimé. La littérature s’interroge sur le fait de savoir si l’estime de soi est mieux conceptualisée comme un trait stable de la personnalité ou comme un état spécifique dépendant du contexte. La plupart des théories l’appréhende comme un trait relativement stable « trait self-esteem », à l’instar de Irving L. Janis et Peter B. Field (1959) et de Morris Rosenberg (1965). Selon cette approche, l’estime de soi est stable parce qu’elle se construit lentement dans le temps au travers d’expériences personnelles positives comme les succès ou la valorisation répétée d’une personne qui compte. L’estime de soi peut être aussi considérée comme un état « state self-esteem » (Todd F. Heatherton et Janet Polivy, 1991). Dans ce cas, même si l’individu se sent généralement bien avec lui-même, il peut, à certains moments, ressentir le doute de soi, ou même de l’antipathie à son égard. La décision d’utiliser l’état ou le trait, dans le cadre d’une recherche, dépend de savoir si l'on s'intéresse à la prédiction de résultats à long terme ou à des effets immédiats associés (Todd F. Heartherton et Carrie L. Wyland, 2003). 1.2. Les concepts voisins de l’estime de soi Il semble important de faire, ici, la différence entre l’estime de soi et le terme plus général de concept de soi. Le concept de soi fait référence, en effet, à la totalité des croyances cognitives que l’individu a de lui-même, que cela soit juste ou faux, partagé ou non avec d’autres. C’est donc « une notion subjectivée à laquelle l’individu se réfère pour motiver son comportement » (Denis Darpy, 2012). Par contraste, l’estime de soi est la réponse émotionnelle, autrement dit, un jugement affectif, que l’individu éprouve lorsqu’il considère et évalue différents éléments sur lui-même. La confiance en soi est une notion qui relève, elle aussi, de la psychologie. Etre confiant, « C’est penser que l’on est capable d’agir de manière adéquate dans les situations importantes » (Christophe André et François Lelord, 1999). En matière de consommation, un individu est confiant s’il se sent « capable de prendre de bonnes décisions d’achat et de vivre des expériences commerciales positives tout en se protégeant des abus possibles » (William O. Bearden, David M. Hardesty et Randall L. Rose, 2001). Pour certains chercheurs, les deux notions sont bien distinctes : là où la confiance en soi est reliée à la conviction de contrôle 5 interne, l’estime de soi correspond à une évaluation subjective de sa valeur personnelle (Denis Darpy, 2012). La confiance en soi n’est donc qu’un des trois piliers interdépendants fondateurs de l’estime de soi (Todd F. Heatherton et Janet Polivy, 1991 ; Christophe André et François Lelord, 1999). Pour d’autres, à l’instar de Jean-Louis Moulins (1998), la différence est nette quand il s’agit de la confiance en soi spécifique, autrement dit la capacité à résoudre une problématique d’achat particulière, mais plus floue dans le cas de la confiance en soi générale qui s’apparente, selon l’auteur, à une auto-évaluation de l’individu. 1.3. Les conceptions marketing de l’estime de soi Dans la littérature marketing, l’estime de soi est appréhendée à la fois comme un besoin, une attitude et une valeur. L’estime de soi est, de manière plus ou moins explicite, associée à un besoin psychologique dans les hiérarchies de Henry Murray (1938), Abraham Maslow (1943), ou encore celle de James F. Engel, Roger D. Blackwell et Paul W. Miniard (2005). La corrélation à des facteurs de santé mentale est démontrée par plusieurs recherches en sciences sociales. Les individus avec une faible estime de soi sont plus souvent en situation de détresse ou de dépression (Morris Rosenberg, 1965 ; 1981). A l’opposé, les individus qui ont une haute estime de soi sont reconnus comme plus joyeux et en meilleure santé (Nathaniel Branden, 1994 ; Shelley E. Taylor et Jonathon D. Brown, 1998). Un consensus s’est établi en marketing pour définir l’attitude comme « une prédisposition à évaluer d’une certaine manière, positive ou négative, un produit ou une marque » (Martin Fishbein et Icek Ajzen, 1975). Cette définition peut paraître incomplète. Dans l’ensemble des attitudes, en effet, l’attitude envers soi-même joue un rôle particulièrement important de dynamique générale de l’individu, dans sa capacité d’action et de réalisation (e.g. Stanley Coopersmith, 1967 ; Marc Filser, 1993 ; Todd F. Heatherton et Carrie L. Wyland, 2003 ; Alex Mucchielli, 2011). Pour Nathaniel Branden (1994) et Alex Mucchielli (2011), c’est le fondement de la force motivationnelle. Elle peut ainsi engendrer des répercussions directes sur le processus de décision et la capacité d’action de l’individu, d’autant plus lorsque il est en interaction sociale (Denis Darpy, 2012). La motivation peut avoir un lien direct avec les valeurs (Shalom H. Schwartz et Wolfgang Bilsky, 1993). Lynn R. Kalhe (1986), dans sa liste de valeurs LOV « List of values », retient neuf valeurs terminales qui s’organisent autour de trois grandes dimensions. L’auteur positionne l’estime de soi dans la dimension orientation personnelle au sein du domaine 6 « indépendance ». Cette valeur, au même titre que les autres, fait partie de l’ensemble des croyances de l’individu et peut donc influencer ses attitudes et son comportement. L’analyse de la littérature académique spécialisée nous amène à définir l’estime de soi comme une auto-évaluation affective de l’individu qui s’exprime dans ses attitudes envers lui-même. Elle se construit et évolue au contact des autres. Reliée au système de valeurs et fondement de la motivation, elle engendre des répercussions sur le comportement de consommation. 2. La mesure de l’estime de soi La façon dont un construit est défini a des implications évidentes sur la façon dont il est mesuré. Comme cela a été évoqué en première partie, l’estime de soi ne fait pas l’objet d’une définition précise et de ce fait, son utilisation se heurte à des problèmes méthodologiques induisant une mauvaise corrélation entre les instruments (e.g. Ruth C. Wylie, 1974 ; Stephen R. Briggs et Jonathan M. Cheek, 1986 ; Jim Blascovich et Joseph Tomaka, 1991). Cependant, des outils de mesure sont jugés plus satisfaisants que d’autres (Jim Blascovich et Joseph Tomaka, 1991). Ils sont principalement de nature directe et sont constitués d’un ou plusieurs items, comme explicité dans le tableau 1. 2.1. La nature directe de la mesure Ce type de mesure consiste à demander explicitement au répondant, sur la base d’un certain nombre d’items, d’évaluer sa perception de soi. Les trois outils les plus régulièrement cités sont l’échelle de Morris Rosenberg (1965) et l’échelle de Irving L. Janis et Peter B. Field (1959) pour la mesure du trait d’estime de soi, et l’échelle de Todd F. Heatherton et Janet Polivy (1991) pour la mesure de l’état d’estime de soi. Beaucoup moins fréquemment, l’estime de soi est mesurée de façon indirecte 5. Ces deux méthodes (directes et indirectes) présentent chacune des intérêts qui doivent être considérés au regard des objectifs de la recherche. Toutefois, on peut supposer que la mesure directe permet de mesurer une estime de soi plus « objective », portant sur des éléments préalablement identifiés et choisis par le chercheur, permettant ainsi une meilleure analyse des données recueillies. 5 On peut citer à titre d’exemple, le test IAT “Implicit Associate Test” (Anthony G. Greenwald, Debbie E. McGhee et Jordan L.K. Schwarz, 1998). Cette évaluation consiste à faire des associations entre des mots liés au « soi », tels que « moi » ou « votre » ; des mots agréables, tel que « soleil » ; ou désagréables, telle que « mort ». La mesure de l'estime de soi est faite en fonction du temps de réaction nécessaire pour réaliser des associations agréables ou désagréables. 7 2.2. L’approche uni ou pluridimensionnelle de la mesure directe La mesure directe peut être unidimensionnelle ou pluridimensionnelle. Une mesure unidimensionnelle est adoptée lorsque l’étude ne nécessite pas de distinguer des dimensions supposées et/ou lorsque le chercheur appartient au courant d’estime de soi globale. On retrouve dans la littérature plusieurs mesures de ce type. Hormis l’instrument de Richard W. Robins, Holly M. Hendin et Kali H. Trzesniewski (2001) à un seul item 6 , les chercheurs élaborent des outils qui en contiennent plusieurs. Le plus célèbre, celui de Morris Rosenberg (1965), est utilisé dans 25 % des études anglo-saxonnes publiées (Jim Blascovich et Joseph Tomaka, 1991) ainsi que dans certaines études interculturelles (David P. Schmitt et Jüri Allik, 2005). On peut également signaler son emploi dans des questionnaires psychologiques tel que celui proposé par le mensuel français Psychologies Magazine. L’outil, de type Likert, est composé de dix items, quatre degrés d’accord et trois niveaux d’estime de soi. Il est considéré comme fiable et valide (Jim Blascovich et Joseph Tomaka, 1991) et a fait l’objet d’une traduction et d’une validation canadienne-française appliquée au domaine des sciences sociales (Evelyne F. Vallières et Robert J. Vallerand, 1990). Une mesure pluridimensionnelle est appliquée lorsque le chercheur conceptualise l’estime de soi comme un construit composé de plusieurs dimensions et/ou lorsqu’il cherche à manipuler plusieurs composantes. Elaborée en 1959, l’échelle de Irving L. Janis et Peter B. Field est perçue comme l’une des plus satisfaisantes pour la mesure du trait d’estime de soi (Stephen R. Briggs et Jonathan M. Cheek, 1986). La version modifiée de James S. Fleming et Barbara E. Courtney (1984) est privilégiée par les chercheurs (Jim Blascovich et Joseph Tomaka, 1991). Sur cette base, Todd F. Heatherton et Janet Polivy (1991) ont développé une mesure directe pluridimensionnelle de l’état d’estime de soi. Les deux chercheurs ont ainsi élaboré cinq dimensions et choisi quatre items pour chacune d’entre elles. Le résultat final est un outil composé de vingt items, regroupés en trois dimensions, et cinq niveaux d’accord. Echelle Dimensionnalité Stabilité Intérêts Limites M. Rosenberg (1965) Unidimensionnelle Trait Questionnaire rapide et facile à administrer (E. F. Vallières et R. J. Vallerand, 1990 ; T. F. Heatherton et J. Polivy, 1991). Très peu de variance dans les réponses (T. F. Heatherton, et C. L. Wyland, 2003). Echelle la plus utilisée dans les études. Mesure globale de l’estime de soi alors que le besoin en laboratoire est de 6 Il s’agit d’une simple affirmation « J’ai une estime de soi élevée » avec une échelle d’appréciation en cinq points. 8 tester une ou plusieurs composantes de l’estime de soi (T. F. Heatherton et J. Polivy, 1991). Echelle traduite et validée dans un contexte français (E. F. Vallières et R. J. Vallerand, 1990). Une recherche en sciences de gestion identifiée : D. P. Schmitt et J. Allik (2005). I. L. Janis et P. B. Field (1959) Révisée par J. S. Fleming et B. E. Courtney (1984) Pluridimensionnelle Trait Self-regard Academic abilities Social confidence Appearance 7 Meilleure échelle de la mesure du trait estime de soi. Nombre élevé d’items : 36. Recommandée pour les recherches qui veulent examiner plusieurs composantes de l’estime de soi (T. F. Heartherton et C. L. Wyland, 2003). Pas de recherche en sciences de gestion. Pas de validation transculturelle. T. F. Heatherton et J. Polivy (1991) Pluridimensionnelle Performance Social Appearance 8 Etat et Trait Mesure les deux aspects de la stabilité de l’estime de soi. Sensible aux manipulations en laboratoire. Mesure les fluctuations momentanées de l’estime de soi. Pas de validation transculturelle. Deux recherches en sciences de gestion récensées dans lesquelles seule la dimension « appearence » est utilisée M. Anticco, D. Smeesters et A. Le Boedec (2012) ; M. C. Martin et J. W. Gentry (1997). Tableau 1. Intérêts et limites des principaux instruments de mesure de l’estime de soi 3. Méthodologie Le protocole méthodologique comporte deux étapes. Dans un premier temps, nous avons préparé la version expérimentale de notre instrument, sur la base de l’échelle de l’état d’estime de soi « the state self-esteem scale » développée par Todd F. Heatherton et Janet 7 8 Ces 4 items pourraient être traduits par Regard sur soi, Capacités scolaires, Confiance sociale et Apparence. Ces 3 items font l’objet d’une traduction plus loin dans l’article. 9 Polivy (1991), selon la procédure de validation transculturelle de questionnaires méthodologiques proposée par Robert J. Vallerand (1989) ; puis, dans un second temps, nous l’avons administrée sur un échantillon de convenance pour les premières d’entre elles, puis la technique de la boule de neige a été appliquée pour disposer d’une variété importante de profils notamment en terme d’âge, de professions, de lieu de résidence et de type de localité, de niveau d’études, de statut marital, de nombre d’enfants et de revenu ; ces variables étant supposées inférer l’estime de soi. Nous avons également administré un questionnaire de clarté des items - composé de sept niveaux d’évaluation - tel que prévu par le processus méthodologique de Robert J. Vallerand (1989). 3.1. La mise en œuvre de l’échelle de Todd F. Heatherton et Janet Polivy dans un contexte français Comme cela a été évoqué précédemment, l’estime de soi est une notion complexe qui englobe plusieurs dimensions du soi. Par ailleurs, elle peut être appréhendée comme un trait ou un état. Nous devons donc disposer d’une échelle qui mesure plusieurs dimensions d’une part, mais aussi l’état et le trait d’autre part. L’échelle proposée par Todd F. Heatherton et Janet Polivy (1991) est séduisante : elle mesure plusieurs dimensions de l’estime de soi ainsi que sa stabilité. A notre connaissance, cette échelle n’a pas fait l’objet d’un processus de validation transculturelle. De ce fait, nous avons fait le choix de la traduire afin de proposer un outil de mesure, en langue française, adapté aux recherches en sciences de gestion. La procédure mise en place par Robert J. Vallerand (1989) comprend plusieurs étapes. Sur la base de ce protocole méthodologique, nous avons préparé la version préliminaire de notre instrument. La traduction inversée parallèle (préconisée par l’auteur pour éviter les différents biais linguistiques) nécessite que la version originale soit remise à deux individus bilingues afin d’obtenir deux traductions en français. Ces dernières ont été ensuite transmises à deux autres individus bilingues pour la traduction en anglais, sans l’aide de la version originale. La deuxième étape a été l’évaluation des versions préliminaires dans la langue cible. Alors que cette phase peut se faire par le chercheur seul, l’auteur préconise généralement une approche de « type comité » pour une évaluation plus objective et pour minimiser le risque d’erreur de compréhension (Robert J. Vallerand, 1989). Cette évaluation s’est faite à deux niveaux. Premièrement, chacun des items issus des deux traductions inversées anglaises, a été comparé aux items de la version originale. Un second niveau d’analyse a été l’étude des termes techniques utilisés, dans les traductions françaises, pour véhiculer les différents sens possibles du contenu psychologique. Par ailleurs, lors de la traduction des niveaux d’accord, il a été 10 observé que les degrés proposés par les auteurs n’étaient pas symétriques. Pour y remédier, dans l’optique d’une symétrie parfaite et d’une analyse des données la plus satisfaisante possible, nous avons opté pour des niveaux d’accord allant de (1) = Pas du tout d’accord à (5) = Tout à fait d’accord. A l’issue de notre comité 9, nous avons pu finaliser la version expérimentale de notre outil. Elle comprend 20 items et 3 dimensions : l’estime de la performance, l’estime de soi sociale et l’estime de soi de l’apparence. Un exemple de traduction de quelques items est proposé dans le tableau 2. Items (version originale) Factors (version originale) I feel confident about my abilities. Performance I am worried about whether I am regarded as Social a success or failure. (R) (R) indicates reverse scoring. I feel satisfied with the way my body looks Appearance right now. Items (version expérimentale) Facteurs (version expérimentale) J’ai confiance en mes capacités. Performance Je me préoccupe de savoir si je suis perçu Social (e) comme quelqu’un qui réussit ou qui échoue. (R) (R) indique un comptage des points à l’envers. Je suis satisfait (e) de l’apparence actuelle de Apparence mon corps. Tableau 2. Exemple d’items et de facteurs primaires traduits 3.2. Présentation de l’échantillon La collecte des données a été réalisée à Paris, en région parisienne et en province (Besançon, Brest et Dijon essentiellement) en zone urbaine principalement (67%). Notre échantillon final est constitué de 144 femmes (cf. annexe 1). La tranche d’âge la plus représentée se situe entre 20 et 39 ans (53%). La moitié de l’échantillon est composée de femmes mariées (47%). Les répondantes sont majoritairement sans enfant (53%). Elles sont employées (49%) et étudiantes (26%) avec un niveau d’études supérieur. 45% des revenus déclarés sont compris entre 2101 et 6000 euros. Le choix d’un échantillon exclusivement féminin repose sur le fait que la source primaire de l’estime de soi diverge selon le genre (Judith A. Stein, Michael Newcomb et Peter M. Bentler, 9 En février 2015, nous avons constitué un comité réunissant les quatre personnes ayant réalisé les traductions et un expert linguistique. 11 1992). En effet, les femmes seraient plus influencées par les relations, les échanges et les règles sociales ; les hommes par le succès objectif. De plus, la satisfaction avec l’apparence physique est particulièrement importante pour les filles (Marsha Richins, 1991 ; Debra Lynn Stephens, Ronald Paul Hill et Cynthia Hanson, 1994). 4. Résultats L’analyse des données a tout d’abord permis la purification de la mesure. Par ailleurs, différentes relations inédites entre l’estime de soi et les caractéristiques du consommateur sont présentées. 4.1. Purification de la version expérimentale Une série d’analyses factorielles en composantes principales exploratoires - dont la dernière est présentée dans le tableau 3 - a été effectuée sur ce premier échantillon. Elle a permis de retenir une structure factorielle de type pluridimensionnel. Les trois facteurs (identiques à la version originale) restituent 70% de la variance. Le facteur le plus représenté est celui de la performance suivi de l’apparence et enfin du facteur social (cf. annexe 2). Sur les dix items retenus, quatre sont rattachés à la dimension sociale, trois à la dimension apparence et, trois à la dimension performance. Les dix autres items, pourtant « jugés » clairs 10 selon les exigences du protocole méthodologique de Robert J. Vallerand (1989), ont été écartés pour des raisons statistiques, ces rejets étant confirmés par des fondements également d’ordre qualitatif, en raison, principalement, de leur caractère redondant ou imprécis dans leur formulation. Nous avons ensuite évalué les propriétés de l’échelle. Le test de la fiabilité interne a été réalisé, de façon classique, par le calcul de l’alpha de Cronbach mais aussi par celui du rhô de Jöreskog (ce dernier intégrant de façon explicite les termes d’erreur). Les validités convergente et discriminante ont été testées par l’intermédiaire du rhô de la validité convergente. L’ensemble de ces indicateurs, présenté dans les tableaux 4 et 5, est satisfaisant et permet de conclure à une bonne fiabilité d’une part et de validité de trait d’autre part, de la version expérimentale. A titre exploratoire, nous avons utilisé l’échelle une première fois pour le calcul du score d’estime de soi de chacune des répondantes. Trois niveaux d’estime de soi ont été établis à partir de l'amplitude des scores possibles [10 ; 50] : - 10 de 10 à 23 : estime de soi plutôt faible (15 répondantes) avec un niveau moyen de 21 ; Aucun item n’a obtenu un score inférieur à 4. 12 - de 24 à 36 : estime de soi moyenne (98 répondantes) avec un niveau moyen de 31 ; - de 37 à 50 : une estime de soi plutôt haute (31 répondantes) avec un niveau moyen de 41. Facteur apparence Facteur performance Communalité Facteur social COMP2 ,500 ,707 COMP3 ,805 ,892 COMP7 ,687 ,828 COMP8 ,755 COMP9 ,529 COMP12 ,686 COMP13 ,800 ,891 COMP17 ,727 ,848 COMP18 ,689 ,830 COMP19 ,761 ,851 Items ,867 ,719 ,814 Tableau 3. Analyse factorielle en composantes principales (première collecte : n=144) Fiabilité (alpha de Cronbach) Social ,850 Apparence ,784 Performance ,724 Fiabilité (rhô de Jöreskog) Social ,899 Apparence ,882 Perfomance ,843 Validité convergente (rhô de la validité convergente) Social ,691 Apparence ,715 Perfomance ,643 Tableau 4. Indicateurs des propriétés de l’échelle Composante 1 2 3 1 1,000 ,214 ,226 2 ,214 1,000 ,168 Méthode d’extraction : Analyses en composantes principales 3 ,226 ,168 1,000 13 Méthode de rotation : Oblimin avec normalisation et Kaiser Tableau 5. Matrice de corrélation des composantes pour le calcul de la validité discriminante 4.2. Niveau d’estime de soi et caractéristiques sociodémographiques des répondantes Par une analyse ANOVA à un seul facteur, nous avons pu établir un lien significatif entre cinq variables sociodémographiques et deux dimensions de l’estime de soi. Les liens significatifs sont présentés dans le tableau 6. Sur la variable du type de localité (urbain versus rural), nos résultats semblent être en accord avec les seuls travaux identifiés sur le sujet 11 dans la mesure où les auteurs, qui ne manipulent que la dimension « apparence », suggèrent un lien entre la proximité d’une ville et cette dimension de l’estime de soi. Notre recherche apporte un éclairage complémentaire en établissant une relation entre le lieu de résidence (Paris, région parisienne et province) et l’estime de soi sociale. Sur la variable de l’âge, nos résultats mettent en évidence un lien significatif entre cette dernière et l’estime de soi sociale. Nos résultats ne confirment pas les travaux cités précédemment qui démontrent un lien entre le niveau d’âge et la dimension apparence de l’estime de soi. En revanche, contrairement aux auteurs cités supra, nous pouvons établir une relation entre l’estime de soi sociale et deux autres variables : la profession et le revenu. Situation maritale Age Nombre d’enfants Résidence Localité Profession Etudes 11 Sociale Apparence Performance F : 1,115 F : ,966 F : ,949 Sig : ,352 Sig : ,428 Sig : ,438 F : 2,475 F : ,679 F : ,481 Sig : ,026 Sig :,666 Sig : ,822 F : 1,218 F : 1,880 F : 1,337 Sig : ,306 Sig : ,117 Sig : ,259 F : 5,150 F : 1,562 F : ,510 Sig : ,007 Sig : ,213 Sig : ,602 F : , 195 F : , 4526 F : ,031 Sig : ,660 Sig : ,035 Sig : ,860 F : 2,176 F : ,344 F : 1,017 Sig : ,033 Sig : ,947 Sig : ,426 F : 1,710 F : 1,349 F :1,037 Sig : ,123 Sig : ,240 Sig : ,404 Michael Anticco, Dirk Smeesters et Aline Le Boedec (2012). 14 Revenu F : 3,736 F : ,513 F : ,020 Sig : ,026 Sig : ,600 Sig : ,980 (Signification si inf. à 0,05) Tableau 6. Présentation des liens significatifs variables sociodémographiques - estime de soi 5. Apports, limites et voies de recherches Cet article avait pour objectif une clarification de la notion d’estime de soi et l’exposé - par la présentation de la version expérimentale de notre instrument de mesure - d’une méthode de validation transculturelle de questionnaires psychologiques. Sur le plan théorique, cette recherche constitue l’une des premières synthèses en langue française de l’estime de soi et, également, l’une des premières validations transculturelles d’un outil pluridimensionnel destiné à sa mesure. Cette adaptation, dans un contexte français, donne des résultats satisfaisants dans un cadre exploratoire. Notre recherche suggère, en effet, des relations entre le niveau d’estime de soi et les variables sociodémographiques de la consommatrice, ce qui laisse envisager que l’estime de soi peut être une source d’explication du comportement du consommateur et représenter ainsi un intérêt pour les professionnels du marketing. Cette étude connaît cependant des limites méthodologiques puisque la collecte des données n’a été recueillie que sur un seul échantillon et, qu’une seule série d’analyses factorielles en composantes principales exploratoires a pu être effectuée. La mise en œuvre d’analyses factorielles en composantes principales confirmatoires sur un second échantillon d’effectifs plus important constitue la prochaine étape de notre recherche. Deux principales perspectives de recherches s’affirment à l’issu de ce travail. La première concerne la nature de l’échantillon. Le choix de profils s’est porté exclusivement sur des femmes, ce qui ne permet pas d’appliquer cette étude aux hommes. Au regard des résultats obtenus, il semblerait intéressant de reproduire cette méthodologie sur une population exclusivement masculine, pour ensuite examiner si les deux échelles présentent des structures factorielles semblables à l’aide, par exemple, d’une analyse de congruence. Une analyse de similarité sémantique, sur la base d’une étude qualitative, serait, sans doute, un complément enrichissant pour faire émerger des différences dans le vocabulaire et la formulation des items utilisés avec une population féminine, d’une part, et masculine d’autre part. La seconde tient au rôle que l’estime de soi pourrait avoir dans les études menées par les équipes marketing pour comprendre leurs consommateurs et mesurer l’efficacité de leurs actions. Tout au long de leur développement, en effet, les marques font des choix pour 15 satisfaire au mieux leurs consommateurs et ne pas les décevoir. Mais qu’en est-il de l’effet de leurs actions sur l’estime de soi et les conséquences éventuelles sur les comportements de consommation ? Plusieurs recherches soulignent les effets néfastes de la publicité sur l’estime de soi à l’instar de Marsha L. Richins (1991) ou d’Adilson Borges (2011). Au regard de ces résultats, les activités marketing pourraient conduire à une forme particulière d’insatisfaction du consommateur, l’insatisfaction envers lui-même, en produisant une diminution de son estime de soi. L’intégration d’une mesure de cette variable psychologique dans les questionnaires marketing pourrait être alors une source précieuse d’information pour les marques. 16 Annexe 1. Composition de l’échantillon - 20 ans 20-29 30-39 40-49 50-59 60-69 70 + 4% 30% 23% 14% 14% 8% 7% Niveau d’études BAC +5 et sup BAC+3, +4 BAC+1, +2 BAC, équival. CAP, BEP Brevet, certif. d’études Sans diplôme 24% 0 enf. 26% 1 enf. 26% 2 enf. 11% 3 enf 5,5% 4 enf 5,5% 2% Nombre D’enfants 53% 12% 21% 10% 4% Statut Marital Célib. Divorcée Veuve Autre 40% Employée 11% Retraitée 1% Cadre sup. 1% Profession Mariée ou vie maritale 47% Etudiante 49% - de 900 26% 901 à 15% 2101 à 10% Revenu déclaré 2100 6000 27% 45% 28% Lieu de Paris RP 12 Province Résidence 13% 42% 45% Type de localité Rural Urbain 33% 67% Tranche d’âge en euros 12 Région parisienne 17 Annexe 2. Comparaison des moyennes Facteur Social Apparence Performance Moyenne 2,93 3,15 3,62 18 Bibliographie André Christophe, Lelord François. L’estime de soi. Odile Jacob. Paris, France : Odile Jacob Poches, 1999, 297 p. Anticco Michael, Smeesters Dirk et Le Boedec Aline. Take Your Pick: Kate Moss or the Girl Next Door, The Effectiveness of Cosmetics Advertising. Journal of Advertising Research, 2012, 3, p.15-30. Baumeister Roy F. The self. In the handbook of social psychology. Fiske S., Gilbert D. et Gardner L. New York, USA: Random House, 1998, 1582 p. Bearden William O., Hardesty David M. et Rose Randall L. 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