Martinique - Céreq - Centre d`études et de recherches sur les
Transcription
Martinique - Céreq - Centre d`études et de recherches sur les
Martinique En Martinique, la démographie détermine encore pour une large part le contexte socioéconomique de la région. Mais contrairement aux autres Rom, son expansion s’essouffle. L’activité est essentiellement tertiaire et dominée par les services publics. L’agriculture fournit l’essentiel des produits exportés et les industries agroalimentaires dominent une industrie globalement modeste. Les travailleurs indépendants sont encore exceptionnellement nombreux. Plus d’un martiniquais actif sur quatre est au chômage et un habitant sur quatorze perçoit le RMI. Le système éducatif de la Martinique est, de tous les Rom, celui qui se rapproche le plus de la métropole. L’enseignement supérieur demeure toutefois modéré. Les filières professionnelles caractérisent fortement l’offre de formation initiale et ce, à tous les niveaux de formation. Mais cette caractéristique est moins dominante qu’en Guadeloupe et en Guyane. L’apprentissage est également moins « rare ». La création d’un CFA tertiaire en 1997 a notamment conduit à ouvrir l’apprentissage au niveau III. Les autres contrats d’insertion en alternance sont très peu présents. Quant aux stages du Conseil régional, leur niveau d’utilisation est plus proche de la métropole que des autres Rom. Céreq, avril 2003. 1 Contexte En Martinique, l’expansion démographique s'essouffle mais ses effets sont encore très présents. Elle détermine pour une large part le contexte socio-économique de la région. Sur les 381 000 habitants recensés en 1999, 36 % avaient moins de 25 ans et l'excédent des naissances sur les décès est encore élevé. Vigoureusement encouragée par les pouvoirs publics depuis le début des années soixante, l'expatriation en métropole de jeunes actifs tend à diminuer depuis 1982 ; elle se poursuit néanmoins, permettant à la population martiniquaise de s'accroître à un rythme qui n'est plus exceptionnel, mais équivalent à celui qui prévaut, par exemple, en Alsace. L'activité est essentiellement tertiaire et dominée par des services publics que l'expansion démographique place toujours sous tension : déficit des réseaux et des équipements collectifs à rattraper, prestations sociales et secours à distribuer en grand nombre. Elle est due à une population active dont l'accroissement fut beaucoup trop rapide pour être assimilé au fur et à mesure. Toutefois, l'hypertrophie des services publics (40 % du total des emplois salariés) n'est qu'apparente, le rapport population desservie/nombre d'emploi dans les services administrés est en réalité très proche de la moyenne nationale : 117 emplois pour mille habitants contre 118 en métropole. L'importance relative de l'emploi public traduit donc plutôt l'étroitesse du marché du travail qui résulte du faible développement des activités marchandes. D'où les dispositions spécifiques dont bénéficient l'ensemble des régions d'Outre-mer : défiscalisation des investissements (loi Pons), contrats aidés spécifiques (loi Perben). Ces dispositions ont été confirmées dans la loi d'orientation pour l'Outre-mer… En Martinique, ces dispositifs, conjugués à la commande publique, ont particulièrement dynamisé la construction. L'agriculture fournit l'essentiel des produits exportés : rhum et banane, et les industries agroalimentaires dominent un appareil industriel globalement modeste. Comme dans beaucoup d'îles, les activités de commerce et de transport sont très développées. A celles-ci s'ajoute le tourisme dans les Caraïbes et, au final, le secteur tertiaire rassemble 83 % des emplois. Au sein de la population active, les travailleurs indépendants sont encore exceptionnellement nombreux (le double de la moyenne métropole) traduisant l'importance persistante de la micro-entreprise tandis que les positions de cadres, de professions intermédiaires, et, plus encore, d'ouvriers sont rares. Les employés sont eux très largement sur-représentés. Il se crée actuellement moins d'emplois en Martinique qu'en moyenne nationale et ces créations ne contribuent en rien à modifier la physionomie générale de l'économie martiniquaise. Elles se concentrent sur les services administrés, la santé, l'action sociale, l'éducation et l'administration. Tourisme et construction semblent actuellement marquer le pas, de même que les transports. En 2000, plus d'un martiniquais actif sur quatre est au chômage, soit une proportion deux fois et demi plus forte qu'en métropole et le taux d'activité des femmes, déjà beaucoup plus élevé que dans la plupart des régions de métropole a encore progressé d'un point. La relation est probable entre cette activité féminine atypique et la monoparentalité (quatre familles sur dix) qui s'est encore accrue. La part des chômeurs de longue durée dans les DEFM est très forte, prés d'un chômeur sur deux. Les politiques d'emploi peinent face à cette situation de chômage structurel massif, elles sont relayées par les dispositifs de solidarité sociale : un habitant sur quatorze perçoit le RMI. Mais il semble que l'on soit passé en dessous d'un seuil et les projections de population à l'horizon 2030 anticipent plutôt un très fort vieillissement et un arrêt de la croissance démographique. Depuis dix ans, la taille des générations diminue tandis que les générations nombreuses (1955 – 1968) gagnent en âge. Sous l'hypothèse d'un maintien des caractéristiques actuelles de l'émigration – elle concerne essentiellement des jeunes qui se rendent en Ile-de-France ou une très forte communauté est active – la population martiniquaise pourrait connaître une progression inférieure à celle de la population française totale. Elle est la seule région d’Outre-mer pour qui une telle évolution est vraisemblable. Céreq, avril 2003. 2 Formation initiale Par rapport aux autres Rom, le système éducatif martiniquais est celui qui se rapproche le plus de la métropole. La scolarisation est traditionnellement élevée en Martinique : 86% des jeunes de 16 à 19 ans sont scolarisés et plus de 65% d’une classe d’âge a le bac. Ces proportions sont voisines des valeurs maximales observées en métropole. L’enseignement supérieur est plus développé que dans les autres Rom mais il demeure toutefois modéré : en 1999, seulement 29% des jeunes de 20 à 24 ans sont scolarisés. Mais de nombreux jeunes martiniquais qui poursuivent leurs études à l’université émigrent vers la métropole. Moins dominantes qu’en Guadeloupe et en Guyane, les filières professionnelles caractérisent toutefois fortement le système éducatif de la région. En 1999, près de 52% des jeunes s’orientent en CAP-BEP en fin de 3ème et en 2001, 20% des bacheliers ont obtenu un bac professionnel. Les orientations vers des STS sont également importantes : elles concernent près de 34% des nouveaux bacheliers qui poursuivent leurs études en Martinique. Ces formations professionnelles se font traditionnellement par voie scolaire. Moins « rare » qu’en Guadeloupe et en Guyane, l’apprentissage reste toutefois peu développé : en 1999 il ne concerne que 2% des jeunes. Il reste également largement cantonné sur le niveau V. La création d’un CFA tertiaire en 1997 a cependant conduit à une ouverture de l’apprentissage vers le niveau III. L’apprentissage semble rencontrer de réelles difficultés pour s’implanter dans la région, en raison notamment d’une mauvaise image auprès des jeunes, de taux de résiliation élevés des contrats, de la concurrence avec les autres formations ayant progressivement intégré une part d’alternance. Formation post-initiale En Martinique, les contrats de qualification et d’adaptation sont encore moins développés que l’apprentissage. En 2000, près de 2,5% des jeunes ont bénéficié d’un stage du Conseil régional. Cette proportion est voisine des valeurs les plus élevées observées en métropole. Elle est en revanche beaucoup plus faible qu’en Guyane et qu’à la Réunion. Insertion des jeunes sortis du secondaire et de l’apprentissage L’enquête Génération 98, qui permet de retracer les trois premières années de vie active des jeunes après leur sortie du système éducatif, n’existe pas dans les Rom. Pour évaluer l’insertion des jeunes, nous nous appuyons donc sur les données des enquêtes IVA/IPA qui mesurent la situation des jeunes sortis du secondaire et de l’apprentissage, 7 mois après. Dans ces enquêtes, les données relatives à la Guadeloupe, à la Martinique et à la Guyane sont regroupées car ces trois régions ne formaient auparavant qu’un seul rectorat. Au vue des données agrégées, l’accès au marché du travail semble aussi difficile aux Antilles-Guyane qu’à la Réunion. En effet, 7 mois après être sortis du secondaire, seulement 18% des jeunes de ces trois régions sont en CDI ou en CDD contre 43% des jeunes métropolitains. Parallèlement, ils sont 49% à être au chômage et 12% à être inactifs contre respectivement 19% et 5% en métropole. Les différences sont du même ordre pour les sortants de l’apprentissage : 28% sont en CDI ou CDD contre 60% en France métropolitaine et 57% sont au chômage contre 15% en métropole. Ces difficultés d’insertion s’inscrivent dans un contexte difficile du marché du travail, pour les jeunes comme pour les autres, les taux de chômage étant dans toutes ces régions très élevés par rapport à la France métropolitaine. Céreq, avril 2003. 3 Tableau de synthèse relatif à l'accès des jeunes à la formation professionnelle et à l'emploi en Martinique 1993 2000 Taux de variation (ou année la plus proche) * (ou année la plus proche) * Martinique Métropole Martinique Métropole annuel moyen Martinique Métropole I. Le contexte économique et social Population totale 359 579 56 625 026 381 325 58 520 688 Taux de var. annuel de la pop. dû au solde migratoire Part des moins de 25 ans dans la population totale Pib par habitants (Euros courants / habitants) Taux de chômage (BIT) Taux d'activité des femmes Part de l'emploi tertiaire -0,3 0,0 34,0 35,6 30,9 -1,9 -1,1 11 280 18 830 13 000 23 500 2,0 3,2 25 11,5 26,3 9,6 0,7 -2,5 48,7 36 164 870 25 341 950 51,9 82,4 Part de l'emploi public Part de l'emploi dans les étbs de moins de 10 salariés Part des cadres et des pr.intellectuelles dans la population active 0,4 42,5 Part du chômage de longue durée Population active 0,7 0,6 0,5 48,1 0,2 0,4 68,8 52,7 82,7 72,6 0,1 0,8 19,1 27,3 20,2 46,7 173 950 26 542 481 8,3 7,8 0,9 9,5 3,4 11,7 8,2 13,1 1,0 2,3 Taux de scolarisation des 16-19 ans (y.c. apprentissage) 85,8 86,0 84,4 -0,3 Taux de scolarisation des 20-24 ans (y.c. apprentissage) 29,7 29,2 35,2 2,9 Proportion observée de bacheliers 54,7 65,2 61,9 1,6 8,1 7,5 -1,5 14,3 15,3 1,0 47,2 0,3 II. Indicateurs globaux sur la formation initiale Proportion de jeunes sortis sans qualification (niv. VI et Vbis) Part des inscrits dans l'enseignement supérieur III. La formation professionnelle des jeunes Part des Cap-Bep dans les accès au niveaux V 46,4 51,6 Part des bach. prof. dans l'ensemble des bacheliers 13,1 20,1 18,5 5,1 Part des Sts-Iut parmi nouveaux bac. entrant dans le sup. 31,4 34,3 35,8 1,9 2,0 2,9 0,0 11,6 0,4 1,5 0,0 5,3 17,2 21,7 Taux d'accès à l'apprentissage chez les jeunes 16-25 ans 2,0 1,5 Taux d'accès aux contrats de qualification chez les 16-25 ans 0,4 1,1 Taux d'accès aux stages des Conseils rég. chez les jeunes chômeurs Taux d'accès aux stages AFPA chez les 16-25 ans 0,3 0,4 4,9 Avertissement… S'agissant d'indicateurs de structure dont les évolutions ne peuvent être que très lentes, le millésime précis de l'information importe assez peu. Les données utilisées, très diverses, proviennent de sources dont les calendriers de disponibilité sont par construction différents. Le lecteur se reportera utilement à l'annexe pour la chronologie précise de chaque série. Comme l'enquête Génération 98 n'est pas disponible pour les Rom, il n'y a pas de données sur l'insertion. Céreq, avril 2003. 4