Plaisir, suspense et spectacle au grand galop

Transcription

Plaisir, suspense et spectacle au grand galop
SPORT
Pony Mounted Games
Plaisir, suspense et spectacle au
grand galop
L
orsque 30 paires
poneys/cavaliers se
retrouvent en même
temps sur un grand pré,
qu’ils filent en avant et
en arrière en transportant des objets tels que
des fanions, des tasses
ou des bouteilles, le
spectateur ne peut que
s’étonner. Pony Mounted Games tel est le nom
de ce spectacle pour jeunes et vieux, encore trop
peu connu en particulier
dans le monde équestre
germanophone.
Les Pony Mounted Games, appelés simplement Pony Games, sont une discipline équestre comparable à aucune autre. Des équipes composées de quatre à cinq cavaliers se
mesurent lors de diverses cours d’estafette.
Dans ce contexte, les participants d’une
équipe se présentent avec leurs adversaires
sur des pistes parallèles, comme dans l’athlétisme. Lors de chaque tour, ils doivent
accomplir des épreuves entre la ligne de
départ et la ligne de remise du témoin, donc
Photos: Kerstin Studer
Il existe au total 31 épreuves Pony-Games réglementées réparties dans les catégories
épreuves de vitesse, épreuves techniques ou épreuves «à pied à cheval» (photo).
ils jouent à chaque fois un autre jeu. Il existe 31 épreuves faisant l’objet de règlements
sévères. Chaque épreuve confronte le cheval
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«Bulletin» ? / ?. ?. 2012
Stabilité en selle,
équilibre, adresse,
monte exacte et
une assiette indépendante des rênes
sont des qualités
développées de
façon ludique.
et le cavalier à d’autres défis mais en gros,
les jeux se répartissent en trois catégories:
vitesse, technique et «à pied à cheval». A
chaque tournoi, un choix composé de huit à
douze de ces épreuves est proposé.
Tradition des guerriers indiens
La genèse des Pony Games remonte aux
techniques de combat de la caste des guerriers montés de l’Inde. Et afin de ne pas perdre la main durant les périodes de paix, la
dextérité était exercée lors de courses
d’adresse téméraires. Une tradition rapportée en Europe par les troupes coloniales
anglaises. Au cours des années 1950, ces
jeux ont été réglementés en Angleterre où ils
ont très rapidement remporté un grand succès. Aujourd’hui, des championnats nationaux sont organisés dans 20 pays répartis
sur quatre continents. Par ailleurs, l’International Mounted Games Association IMGA
organise des championnats d’Europe et du
monde.
Entrée idéale dans le sport équestre
Les Pony Games doivent surtout leur succès
au fait qu’ils permettent à la relève d’accéder de façon idéale au sport équestre. Pour
participer aux tournois Pony Games, pas
besoin de brevet. De plus il existe un grand
SPORT
nombre de catégories d’âge et les plus jeunes peuvent déjà participer. La stabilité en
selle, l’équilibre, l’adresse, une monte exacte
et une assiette indépendante des rênes peuvent être développés de façon ludique grâce
Pony Games, sans formalisme exagéré qui
gâche la motivation. Des éléments isolés des
Pony Games peuvent augmenter le suspens
et la diversion lors des cours d’équitation
usuels. Pour les cavaliers de poneys qui
recherchent de nouveaux défis pour euxmêmes et leurs poneys après avoir atteint 16
ans, la pratique des Pony Games offre une
excellente possibilité de continuer à participer à des tournois.
Celui qui veut pratiquer ce sport au niveau
de la compétition a besoin d’au moins trois
collègues d’équipe et d’un club. Les franctireurs sans esprit d’équipe n’ont donc pas
leur place dans les Pony Games. Dans l’ensemble, les tournois sont marqués par un
esprit de famille et une grande serviabilité
entre les participants. Il n’est pas rare qu’un
club mette spontanément un poney à disposition d’un autre club en cas de besoin ou
qu’un cavalier saute dans la brèche pour une
autre équipe. L’entraide est de mise partout
où c’est possible. L’importance des bons
contacts et du respect mutuel n’est pas uniquement valable pour les cavaliers mais également pour les chevaux. Les éperons et les
cravaches sont interdits sur tous les terrains.
Un comportement brutal et antisportif contre des concurrents ou des poneys entraîne
l’élimination de toute l’équipe. Et sur les terrains de Pony Games, les insultes et les
vilains mots sont déjà considérés comme
comportement inconvenant. Ces règles sont
bien respectées car une chose est prioritaire
pour tous les participants, à savoir le plaisir!
Les Pony Games sont pleins d’action et de
suspense, raison pour laquelle ils enthousiasment les spectateurs, les cavaliers et les
poneys. Et si les jeux sont très variés, ils restent cependant faciles à comprendre et le
départ simultané permet de comparer
directement les équipes. De petites fautes se
répercutent en l’espace d’une seconde sur le
classement car elles doivent être immédiatement corrigées par le cavalier lui-même s’il
veut éviter l’élimination.
Les Romands dominent le CS
En Suisse, on compte actuellement dix clubs
actifs regroupés au sein de l’association
Swiss Pony Mounted Games SPMG, formant la scène nationale des compétitions.
Chaque année un championnat suisse composé de cinq parcours de qualification et
d’une finale est organisé. La plupart des places de concours se trouvent dans les régions
francophones de Suisse, en particulier à
Genève. En Suisse allemande, les seuls clubs
organisant des concours sont à Berne et à
Inwil. Cela s’explique par le fait qu’en Suisse
Photo: Tamara Pfister
Si le plaisir est au premier plan lors des Pony Games, pas question de faire de cadeaux à
l’adversaire lors de la compétition.
romande, les Pony Games ont été connus
bien plus tôt que dans le reste de la Suisse,
suite à l’influence de la France, championne
du monde et d’Europe en titre. Les clubs
romands continuent à dominer la scène des
Pony Games grâce à leur longueur d’avance
et à leur expérience.
Il n’est donc pas étonnant que lors du final
du championnat suisse organisé le 7 octobre à Inwil, Lucerne, par le Samajo’s Ponyranch, les Romands ont la plupart du temps
pointés en tête. Ainsi, seules des équipes de
Genève et du Valais ont participé à l’Open
Elite, la catégorie la plus forte (cavaliers sans
limitation d’âge, élite) et le titre de champion suisse est revenu à l’équipe Crazy Riders
du club genevois Blackyland. Cependant les
clubs alémaniques progressent, ce qu’a joliment démontré l’équipe bernoise Blue Rush
du Ponyhof Bätterkinden. Cette équipe a
remporté l’or dans la deuxième catégorie
Open 2 (cavaliers sans limitation d’âge). Et le
fait que la finale du CS de cette année ait été
organisée en Suisse allemande prouve bien
que les Pony Games progressent dans toute
la Suisse.
Engagement personnel exigé
Quoi qu’il en soit, les Pony Games restent
une discipline équestre plutôt méconnue, ce
qui est à mettre sur le compte de l’énorme
engagement requis pour ce sport. En comparaison avec d’autres disciplines, les charges financières sont relativement faibles. Les
poneys et le matériel d’entraînement sont
très souvent mis à disposition par le club et
les finances d’engagement sont également
modestes. Pour celui qui voudrait son propre
poney, ledit poney n’a pas besoin de disposer de grandes capacités de saut, ni de présenter des allures exceptionnelles. Un bon
poney de Pony Games se caractérise pas sa
rapidité de réactions et son obéissance, des
conditions pouvant être remplies par chaque
poney moyennant une solide formation de
base axée sur le dressage et un peu d’entraînement spécifique pour les Pony Games.
Ce n’est que pour les catégories supérieures
et pour certains jeux qu’on peut exiger de
bons nerfs et de la rapidité. Les investissements relèvent plutôt d’un engagement
personnel souvent de toute la famille. Les
cavaliers doivent souvent pouvoir s’entraîner
en équipe et ils doivent apprendre par cœur
les règlements détaillés de tous les jeux. Les
jours de tournois, les clubs au grand complet
avec tous les parents et souvent de nombreux proches prennent la route tôt le matin
– voire même le jour d’avant lors de longs
voyages – pour se rendre sur la place où ils
restent toute la journée dehors sur des places herbeuses par n’importe quel temps et
sans halle. En plus des soins usuels aux
poneys, chaque club a également besoin
d’aides qui œuvrent en tant que juges, «placeurs de matériel» ou coachs, et qui accompagnent leur équipe sur le terrain.
Les Pony Games exigent donc un grand
engagement personnel. Mais celui qui a
suivi des Pony Games, qui a vécu cette ambiance exceptionnelle, ou qui a même été
membre d’une équipe devenue pour lui
comme une deuxième famille avec laquelle
on vit de nombreux moments magnifiques,
celui-là ne peut plus se passer de ce sport.
Eva Diener
«Bulletin» ? / ?. ?. 2012
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