ICE de Robert Kramer /2H12/VOSTF
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ICE de Robert Kramer /2H12/VOSTF
Vendredi 3 février – écran 2 14:15 séance présentée par Tangui Perron, historien, chargé du patrimoine audiovisuel à Périphérie LA MARSEILLAISE DE JEAN RENOIR FRANCE/1937/NOIR ET BLANC/2 H 06/35 MM AVEC LISE DELAMARE, PIERRE RENOIR, NADIA SIBIRSKAÏA, ANDREX, EDMOND ARDISSON, MAURICE ESCANDE, LOUIS JOUVET Renoir évoque les événements de 1788 à 1792: un matin de 1789, le roi apprend la prise de la Bastille; le même jour un douanier, un maçon, un paysan réunis dans un maquis de Provence font le serment de lutter ensemble pour l’abolition des privilèges. « Dans La Marseillaise, la familiarité permet à Renoir de ne tomber dans aucun des pièges tendus par les reconstitutions historiques et cet extraordinaire don de vie qu’il a reçu lui permet de nous donner un film vivant, avec des gens qui respirent et qui éprouvent des sentiments vrais. La Marseillaise est construit comme un western, car c’est le seul film baladeur de Jean Renoir. […] Comme dans les bons westerns, on retrouve ici la construction des films itinérants : les scènes de jour actives alternent avec les scènes de nuit plus statiques, car propices aux discussions de bivouac, idéologiques ou sentimentales. Et tout cela, c’est du Jean Renoir, c’est-à-dire qu’au lieu de regarder un produit terminé, livré à notre curiosité, on éprouve l’impression d’assister à un film en cours de tournage, on croit voir Renoir organiser tout cela en même temps que le film se projette, pour un peu, on se dirait : “Tiens, je vais revenir demain pour voir si les choses se passent de la même façon”, et c’est ainsi qu’à regarder souvent La Marseillaise, on passerait nos meilleures soirées de l’année. » FRANÇOIS TRUFFAUT, L’EXPRESS, 30 OCTOBRE – 6 NOVEMBRE 1967 Vendredi 3 février – écran 2 17:00 ICE DE ROBERT KRAMER ÉTATS-UNIS/1969/NOIR ET BLANC/2 H 12/VOSTF/35 MM AVEC TOM GRIFFIN, PAUL MCISAAC, ROBERT KRAMER, HOWARD LOEB BABEUF, BREAD AND PUPPET, DAN TALBORT, DAVID STONE, BARBARA STONE, JONAS MEKAS Dans une situation intérieure qui se détériore, avec une guerre à la frontière sud contre un mouvement révolutionnaire insurrectionnel mexicain, troubles et résistance se multiplient aux États-Unis. « On comprend qu’une révolution est en cours, un mouvement intérieur divise les États-Unis. Une “offensive générale” s’organise, des assassinats et des actes de sabotages sont planifiés et certains, réalisés, mais pour toucher qui? Pour quel but immédiat? Les activistes vivent reclus, discutent dans des chambres, des salles aveugles, des bars privés ; ils voient leurs ennemis de loin, et le peuple au nom duquel ils disent se battre, seulement par l’intermédiaire de films ou de photographies. Immense solitude politique qui ouvre un gouffre de doutes : où partent les balles? Où vont les paroles? Quels sont les noms? Quelque chose glisse constamment dans l’invisible, l’invérifiable, et à l’inverse de bien d’autres films politiques de l’époque, Ice maintient avec force que ce qui est ainsi dérobé à notre regard, ce “biais”, ne sont pas les paroles et les idées mais l’action elle-même. […] Taudis, pauvreté, délinquance, la misère sociale en général et la répression policière ou administrative n’apparaissent qu’en flashes, inserts, films dans le film. Les manifestations, les rassemblements revendicatifs et les actions armées passent comme de soudaines bouffées de violences effrayantes, sans direction ni suite, accrocs de réel dans la torpeur répétitive des discours ou la cohue et l’anonymat des corps. » CYRIL BÉGHIN, CAHIERS DU CINÉMA N° 610, MARS 2006