Lettre aux actionnaires de Sucre Suisse SA

Aarberg, juin 2016
Lettre aux actionnaires de Sucre Suisse SA - juin 2016
Madame, Monsieur,
Conditions cadre
Pour Sucre Suisse SA, la préoccupation principale reste le nouveau règlement sucre du marché européen qui entrera en vigueur en 2017 et qui prévoit la levée du système actuel des
quotas. Nous prévoyons un net accroissement de la culture de betteraves et donc de la production de sucre en Europe, ce qui entraînera une baisse des prix qui aura, on le sait, des
répercussions directes sur le marché suisse.
L'appel de la branche sucrière pour une meilleure protection douanière se heurte à un refus
de la part de l'OFAG et des associations sectorielles de l'industrie alimentaire. L'industrie sucrière suisse demande une augmentation temporaire modérée des droits de douane, car il est
plus avantageux pour les exportateurs de l'UE de vendre leur sucre en Suisse que sur le marché mondial. Cela s'explique par le fait que les distances de transport sont plus courtes. D'un
autre côté, l'UE protège son marché en appliquant une taxe d’importation de 419 €/t de sucre.
Avec l'augmentation annoncée de la production pour un prix des betteraves légèrement supérieur à 30 €/t, le nouveau règlement sucre de l’UE à partir de 2017, décidée unilatéralement,
constitue un grand danger pour l'économie sucrière suisse. Soulignons toutefois un élément
positif : l'OFAG est en partie revenue sur la baisse des paiements directs qui avait été décidée
pour la culture des betteraves.
Puisqu'aucun compromis de branche n'a pu être trouvé jusqu’ici avec l'OFAG et l'industrie
alimentaire, l’USP a lancé, conjointement à l'industrie sucrière, diverses offensives politiques
dans le but de protéger le marché suisse des importations bon marché en introduisant un prix
seuil de 600 CHF/t.
Nous partons toujours du principe que « l’ordonnance Swissness » sera introduite au
01.01.2017. Quelques mois seulement avant cette date, il y aura de nouvelles tentatives pour
retarder encore cette étape importante pour l'agriculture. Le sucre est une matière première
autochtone bon marché dont le taux d'auto-approvisionnement avoisine les 70 %.
Marché du sucre à l'étranger / en Suisse
Sur le marché mondial, un déficit de production significatif est attendu pour la première fois,
après plusieurs années excédentaires. En raison des prix durablement bas et des conditions
météorologiques difficiles (El Niño), moins de cannes à sucre ont été plantées et récoltées ;
parallèlement, la récolte en Europe a été extrêmement faible à cause de l'été très sec de
2015. En raison de cette contraction de l'offre globale les prix se sont enfin relevés des chutes
vertigineuses de ces dernières années. Le prix sur le marché mondial a augmenté de 350 $ à
500 $/t, au sein de l'UE, les prix sur le marché au comptant évoluent dans une fourchette allant de 550 à 580 €/t.
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En Suisse, la situation en termes d'approvisionnement est bonne, car le sucre importé dans le
cadre d'achats précédents arrive en Suisse. Même si du sucre bon marché continue ainsi à
s'imposer sur le marché suisse, les droits de douane n'ont pas encore été adaptés par les
autorités. Une augmentation serait indiquée, si l'on considère les prix actuellement pratiqués
au sein de l'UE. L'OFAG maintient cependant depuis plus d'un an à 80.– CHF les droits de
douane par tonne de sucre importé.
Nos ventes (sucre, sortes, fourrage, bio)
Les ventes de sucre de SUS sont proches des chiffres budgétés. Les livraisons aux clients
sont cependant inférieures aux prévisions et il faudra attendre le 4è trimestre 2016 pour que
tous les contrats conclus soient honorés. Le marché du sucre bio évolue positivement et
prend toujours plus d'importance. Le chiffre d'affaires du fourrage est aussi nettement inférieur
à celui de l'année précédente en raison de la faible récolte et ce pour des prix relativement
stables.
Perspectives financières
Après un exercice 2014/2015 difficile, l'exercice 2015/2016 sera lui aussi exigeant. Les ventes
de sucre relativement élevées et les efforts d'économie réalisés par SUS aident à compenser
partiellement les effets de la faible récolte de l'automne 2015. Nous prévoyons toutefois à
nouveau un faible résultat de l’exercice.
Culture de la betterave / perspectives pour la récolte 2016
Les négociations sur l'accord interprofessionnel 2016 ont été marquées par les prix bas du
sucre et les perspectives sombres pour l’avenir. Au vu de la mauvaise récolte 2015, le quota
de sucre a été relevé au niveau de celui de 2014, soit 260 000 t. Les prix des betteraves ont
été adaptés aux conditions du marché et légèrement revus à la baisse.
Cette baisse des prix a entraîné, surtout en Suisse orientale, une disposition moindre à cultiver des betteraves. Les quantités contractuelles manquantes de 5 500 tonnes de sucre ont
été compensées en Suisse romande. Dans l'ensemble, en dépit du quota de sucre révisé,
20 000 ha de betteraves ont finalement été plantés, soit moins que l'année dernière.
Après un hiver doux et pluvieux, les champs ont été ensemencés en majeure partie durant la
deuxième moitié de mars. Grâce aux bonnes conditions de semis, les betteraves ont bien
poussé dans un premier temps. Les gelées nocturnes de fin avril n'ont occasionné que peu de
dommages, les betteraves étant déjà à un stade de développement avancé. Le mois de mai a
ensuite enregistré des précipitations parfois intenses, raison pour laquelle les betteraves n'ont
pas poussé autant que les années précédentes à ce stade. Par conséquent, on peut à l’heure
actuelle s'attendre à une récolte moyenne.
Perspectives / résumé
À cause de la diminution de l’offre mondiale de sucre, la situation des prix s'est en général
quelque peu détendue sur le court terme. L'économie sucrière suisse reste toutefois menacée
par l'adaptation unilatérale du règlement sucre de l’UE et par les exportations agressives de
l'UE. Nous poursuivons nos efforts, tant sur le plan des coûts que par la voie politique et
croyons en l'avenir de la culture des betteraves en Suisse. La branche sucrière entière, du
cultivateur au transporteur, s'engage au quotidien pour livrer à nos clients du sucre suisse
d’excellente qualité.
Nous vous prions d’agréer, Madame, Monsieur, l’expression de nos meilleures salutations.
Sucre Suisse SA
Andreas Blank
Guido Stäger
Président du CA
CEO