Capsule endoscopique PillCam
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Capsule endoscopique PillCam
Notes sur les technologies de la santé en émergence Capsule endoscopique PillCam® Côlon numéro 106 • octobre 2007 Sommaire 9 La capsule PillCam® Côlon contient une mini-caméra qui capte des images de la paroi interne du côlon. 9 Il existe peu de données sur l’usage de cette technique d’imagerie du côlon. Selon deux petites études pilotes dont les méthodes étaient fautives, chez les patients dont les résultats étaient positifs (c.-à-d. présence d’anomalies), les taux de détection avec la capsule PillCam Côlon étaient semblables à ceux obtenus avec la coloscopie. 9 Aucun effet indésirable grave n’a été signalé au cours des études pilotes, mais il y a eu élimination tardive de la capsule chez certains patients. 9 Un des défis pour les cliniciens qui utilisent cette technique sera le temps nécessaire à la lecture des très nombreuses images vidéo. Des améliorations du logiciel de visionnement des images pourraient régler ce problème. Contexte L’endoscopie par capsule, aussi appelée vidéo endoscopique et endoscopie par capsule sans fil est utilisée au Canada depuis 2001 pour le diagnostic des troubles gastro-intestinaux tels que saignements obscurs1. Sa principale indication est l’imagerie des zones de l’intestin grêle qui ne sont pas accessibles par l’endoscopie haute ou basse. Les progrès technologiques ont abouti à la création de produits pour l’imagerie de l’intestin grêle, de l’œsophage et du côlon. La mise au point d’une capsule pour l’imagerie du côlon peut soulever des questions semblables à celles que l’on s’est posées au sujet de la coloscopie virtuelle, surtout en ce qui a trait au rôle de la capsule PillCam dans le dépistage d’une maladie colorectale. La technologie PillCam® Côlon est une capsule jetable, qui a la taille d’un gros comprimé de vitamines et qui est dotée d’une mini-caméra à chaque extrémité. Les caméras captent quatre images à la seconde, soit 144 000 images pendant les 10 heures où la capsule circule dans les voies digestives. Un médecin télécharge les données transmises vers un poste de travail pour visionner les images. Comme avec les autres types de coloscopie virtuelle (p. ex. coloscopie par tomodensitométrie), si des anomalies sont décelées, d’autres examens diagnostiques (p. ex. coloscopie classique) sont nécessaires pour l’exérèse simultanée de polypes et une biopsie subséquente. Comme pour la coloscopie, le côlon doit être préparé et l’intestin vidé avant un examen par la capsule. PillCam® Côlon Stade de la réglementation La capsule PillCam Côlon (Given Imaging Ltd, Yoqneam, Israël) a été homologuée comme dispositif médical par Santé Canada en janvier 2007. Le poste de travail et le logiciel diagnostiques de Given Imaging utilisés pour visualiser les images sont également homologués au Canada2. L’entreprise prévoit recevoir l’approbation réglementaire de la Food and Drug Administration (FDA) des États-Unis en 20073. Groupe cible Le cancer colorectal est au deuxième rang des causes de décès par cancer au Canada4. On estime que 20 800 nouveaux cas de cancer colorectal seront diagnostiqués au Canada en 2007 et que 8 700 Canadiens et Canadiennes en mourront4. Le Comité national sur le dépistage du cancer colorectal (Canada) recommande que tous les Canadiens et L’Agence canadienne des médicaments et des technologies de la santé (ACMTS) est financée par les gouvernements fédéral, provinciaux et territoriaux canadiens. (www.acmts.ca) Canadiennes de 50 à 74 ans (environ 8,3 millions de personnes) subissent un test de sang occulte dans les selles (TSOS) pour le dépistage du cancer colorectal tous les ans ou tous les deux ans5. Au départ, le principal groupe de candidats pour recevoir l’endoscopie par capsule serait probablement le petit sous-groupe de personnes chez qui les résultats du dépistage de routine du cancer colorectal sont positifs ou douteux et ne peuvent être confirmés par la coloscopie classique ou ceux qui ne peuvent subir une coloscopie classique, tels les patients âgés frêles, les femmes enceintes et les patients chez qui on soupçonne une obstruction, une perforation ou une inflammation du côlon. Pratique courante Les personnes chez qui le TSOS est positif subissent une coloscopie classique, c’est-à-dire une exploration visuelle du côlon. Les patients qui présentent des symptômes de cancer colorectal, tels rectorragie, perte de poids ou changements des selles, sont aussi évalués par coloscopie. La coloscopie comporte l’insertion par voie rectale d’un long tube souple muni d’une lampe dans le côlon. Les patients sont habituellement sous sédation pendant les 20 à 30 minutes de l’intervention. Une puce vidéo située dans le coloscope transmet à un moniteur une image de la paroi interne du côlon. Si une anomalie est décelée, le médecin peut la retirer ou prélever des échantillons de tissu au moyen d’instruments insérés dans le coloscope. Parmi les autres techniques d’imagerie de la paroi interne du côlon, citons la sigmoïdoscopie souple et le lavement baryté. Pour la sigmoïdoscopie souple, qui est semblable à la coloscopie, on utilise un endoscope plus court pour l’examen du côlon descendant et la sédation n’est souvent pas nécessaire. Données probantes Une recherche documentaire de 2002 à 2007 a relevé deux petites études financées par Given Imaging Ltd6,7. Les deux études ont évalué l’endoscopie par capsule PillCam Côlon capsule en se servant de la coloscopie classique comme méthode de référence pour le diagnostic d’une pathologie du côlon. La coloscopie classique a été effectuée le même jour que l’endoscopie par capsule, après élimination de la capsule ou avant la fin de la journée. Le première étude était une étude pilote monocentrique et prospective menée auprès de 41 adultes (y compris des personnes ayant ou non des antécédents personnels ou familiaux de polypes ou de cancer) qui devaient subir une coloscopie pour le dépistage du cancer colorectal ou en raison de douleurs ou symptômes abdominaux inexpliqués tels que saignements rectaux6. Cinq patients ont été retirés de l’étude (quatre en raison de problèmes techniques et un parce qu’il ne pouvait avaler la capsule). L’endoscopie par capsule et la coloscopie ont été effectuées par deux médecins différents. Les deux médecins ne connaissaient pas les résultats de l’autre test. Les résultats de 36 patients ont été donnés. Les résultats positifs de l’endoscopie par capsule étaient semblables à ceux de la coloscopie (tableau 1). Les valeurs prévisionnelles positives du dépistage d’au moins trois polypes et de polypes de plus de 6 mm étaient de 36 % et 46 % respectivement, en raison du taux élevé de faux positifs. Chez six des patients (16 %), la capsule n’avait pas été éliminée à la fin de la période de l’examen (10 heures) et a été retirée au moment de la coloscopie. La visualisation du côlon a été incomplète chez 16 % des patients parce que la durée de vie de la pile de la capsule n’a pas été assez longue. La deuxième étude était une étude pilote multicentrique et prospective menée auprès de 91 adultes chez qui on soupçonnait une maladie du côlon et devant subir une coloscopie ou qui devaient subir une coloscopie pour le dépistage du cancer colorectal7. Sept patients ont été retirés de l’étude. Un patient était incapable d’avaler la capsule PillCam ; deux patients ne sont pas conformés aux directives de la préparation du côlon ; chez un patient, la capsule est restée dans l’estomac pendant l’examen ; et dans trois cas, la capsule n’a pas fonctionné ou ne s’est pas déplacée pendant l’examen. Les résultats obtenus Tableau 1 : Comparaison de l’endoscopie par capsule PillCam Côlon et de la coloscopie classique en présence de toute anomalie* Schoofs et coll.6 n = 36 (%) Eliakim et coll.7 n = 84† (%) sensibilité‡ spécificité** valeur prévisionnelle positive†† valeur prévisionnelle négative‡‡ 76 64 83 54 56 69 57 67 * Toute anomalie = tout polype, indépendamment de la taille ; † Résultats au moment de la (première) lecture par le chercheur principal ; ‡ Proportion de personnes atteintes dont le test a été positif ; ** Proportion de personnes non atteintes dont le test a été négatif ; †† Proportion de personnes dont le test a été positif et qui sont atteintes ; ‡‡ Proportion de personnes dont le test a été négatif et qui ne sont pas atteintes L’Agence canadienne des médicaments et des technologies de la santé (ACMTS) est financée par les gouvernements fédéral, provinciaux et territoriaux canadiens. (www.acmts.ca) chez 84 patients figurent au tableau 1. Chaque test a été lu trois fois. Lorsque les 44 premiers patients ont eu terminé le test, on a ajouté une deuxième dose orale de phosphate de sodium au traitement pour hâter l’excrétion de la capsule. Cette dose supplémentaire a porté à 78 % le taux d’élimination de la capsule 10 heures après l’ingestion. Les résultats qui figurent au tableau 1 sont fondés sur la première lecture (par le chercheur principal) plutôt que sur la troisième lecture (par un comité de révision formé des trois chercheurs). Chez les patients chez qui les constatations étaient significatives, les résultats positifs obtenus avec la capsule PillCam Côlon étaient semblables à ceux de la coloscopie. La coloscopie est une méthode de référence imparfaite, mais les faibles valeurs prévisionnelles négatives signalées au cours des deux études indiquent que la capsule PillCam Côlon manquerait aussi de nombreuses anomalies. Les variations des trois lectures pourraient refléter la courbe d’apprentissage des médecins pour la lecture des images de l’endoscopie par capsule. Effets indésirables Aucun effet indésirable lié à l’endoscopie par capsule n’a été signalé au cours des deux études. Les contreindications de l’endoscopie par capsule sont grossesse, troubles de la déglutition, obstruction intestinale et port d’un dispositif médical implanté tel que stimulateur et défibrillateur cardiaques. Chez les patients qui n’éliminent pas naturellement la capsule, il pourrait être nécessaire d’administrer une dose supplémentaire d’un laxatif ou un suppositoire, ou de retirer la capsule par coloscopie. Administration et coût Le côlon doit être préparé de la même façon que pour une coloscopie (liquides clairs seulement et ingestion d’une solution de polyéthylèneglycol la veille de l’examen). Le matin de l’examen, le patient doit boire un autre litre de polyéthylèneglycol puis prendre la capsule par voie orale avec un verre d’eau. [Au cours de la deuxième étude, les patients ont aussi pris 6 mg de tégasérod (Zelnorm) avant de prendre la capsule7.] Un purgatif osmotique (laxatif) tel le phosphate de sodium est administré pour hâter l’élimination de la capsule. La sédation n’est pas nécessaire. Pour la première étude pilote, le temps moyen nécessaire à la lecture des images de la capsules endoscopique par le médecin a été de 62 minutes (de 45 à 90 minutes)6. Pour la deuxième étude, le temps nécessaire à la lecture n’a pas été noté, mais on a estimé qu’il avait été d’environ 40 minutes par médecin7. Le prix courant actuel de la capsule PillCam Côlon est de 1 000 $CA (Derek McGowan, Southmedic Inc., Barrie [Ontario] ; communication personnelle, 26 juillet 2007). On estime que l’intervention coûte environ 2 000 $CA8. Le détail de cette estimation n’est pas clair, mais la somme comprend vraisemblablement le coût de la capsule PillCam. Selon une étude sur les coûts des soins de santé en Alberta en 2005, le coût direct moyen d’une coloscopie diagnostique serait de 546,64 $. Le coût direct moyen d’une coloscopie comprenant une polypectomie était de 667,66 $. Ces estimations comprenaient les honoraires du médecin et du personnel infirmier, le coût des fournitures médicales et des médicaments, le nettoyage de l’équipement et les frais généraux9. Activités dans le domaine La coloscopie virtuelle est une autre solution de rechange à l’imagerie endoscopique du côlon. Cette intervention peut être effectuée par tomodensitométrie (colonographie CT) ou par imagerie par résonance magnétique (IRM). Une fois l’intestin préparé, on remplit le côlon d’air ou de liquide et effectue une scintigraphie de l’abdomen pour produire une série de coupes transversales bidimensionnelles du côlon. Un programme peut aussi créer des images tridimensionnelles. L’examen prend environ de 10 à 20 minutes (plus le temps du radiologiste qui en fait l’analyse) et n’exige pas de sédation. Si des anomalies sont décelées, le patient doit subir une coloscopie classique. Taux d’utilisation Le taux d’utilisation prévu au Canada est encore inconnu. Selon le distributeur canadien, deux centres torontois attendent présentement la livraison du système (Derek McGowan, Southmedic Inc., Barrie [Ontario] ; communication personnelle, 26 juillet 2007). Cette technologie pourrait être davantage utilisée pour le dépistage du cancer colorectal si les gouvernements provinciaux acceptaient d’en rembourser le coût et si d’autres données convaincantes venaient en appuyer l’utilisation. La capsule PillCam Côlon ne remplacera pas la coloscopie, car toute anomalie décelée exige une coloscopie. L’Agence canadienne des médicaments et des technologies de la santé (ACMTS) est financée par les gouvernements fédéral, provinciaux et territoriaux canadiens. (www.acmts.ca) Questions d’implantation Les données probantes qui étayent l’usage de cette technologie à des fins diagnostiques sont limitées, car elles proviennent de deux petites études dont les méthodes étaient fautives et qui avaient été financées par le fabricant. Il faudrait que des études multicentriques de plus grande envergure soient menées pour comparer l’endoscopie par capsule et la coloscopie. Les données probantes justifiant l’usage de l’endoscopie par capsule pour le dépistage du cancer colorectal sont également insuffisantes. Les médecins devront recevoir la formation voulue pour bien interpréter les images vidéo de l’endoscopie par capsule. Le visionnement de ces images est fastidieux, ce problème ayant été associé aux versions antérieures de la technique. Des améliorations du logiciel de visionnement pourraient accélérer l’interprétation10. Références 1. Brodsky LM. Capsule endoscopique sans fil, Notes sur les technologies de la santé en émergence, numéro 53]. Ottawa: Office canadien de coordination de l'évaluation des technologies de la santé; 2003 Dec. Accessible au : http://www.cadth.ca/media/pdf/255_GivenM2A_c etap_e.pdf >> Santé Canada. Direction des produits thérapeutiques. Liste des instruments médicaux homologués [base de données électronique]. Ottawa: Bureau des matériaux médicaux, Direction des produits thérapeutiques, Santé Canada; 2007. Accessible au : http://www.mdall.ca/ << >> 3. Given Imaging's Japan Reimbursement drives 45% stock gain in 2nd quarter. Gray Sheet 2007;33(30):13. 4. Canadian Cancer Society. Canadian cancer statistics. Toronto: The Society; 2007. Accessible au : http://www.cancer.ca/vgn/images/portal/cit_8675 1114/36/15/1816216925cw_2007stats_en.pdf << >> 5. Eliakim R, et al. Endoscopy 2006;38(10):963-70. 8. CTVglobemedia. Pill cam [émission télévisée]. Dans: Medical Reports [base de données électronique]. Toronto: CTV; 2007. Accessible au : http://montreal.ctv.ca/cfcf/news/medical&id=1479/ << 9. >> Heitman SJ, et al. CMAJ 2005;173(8):877-81. 10. RAPID Software. Yoqneam (NO): Given Imaging; 2007. Accessible au : http://www.givenimaging.com/enus/HealthCareProfessionals/Products/Pages/Softw are.aspx 2 <<< >> Citer comme suit : Tran K. Capsule endoscopique PillCam® Côlon [Notes sur les technologies de la santé en émergence, numéro 106]. Ottawa: Agence canadienne des médicaments et des technologies de la santé; 2007. Remerciements à Raymond Banks, spécialiste de l’information, pour ce bulletin. ****************** << 2. 7. National Committee on Colorectal Cancer Screening. Recommandations pour le dépistage du cancer colorectal. Ottawa: Agence de la santé publique du Canada; 2007. Accessible au : http://www.phac-aspc.gc.ca/publicat/ncccscndcc/ccsrec_f.html L'ACMTS assume l'entière responsabilité de la forme finale et du contenu de ce bulletin. Les opinions exprimées dans ce bulletin sont celles de l'ACMTS et ne représentent pas forcément celles de ses examinateurs. L'ACMTS remercie les examinateurs externes qui ont eu l'obligeance de commenter les versions précédentes de ce bulletin. Examinateurs : John K. Marshall, MD, MSc, FRCPC, Université McMaster, Laura Targownik, MD, MSHS, Université du Manitoba. La production de ce rapport a été rendue possible par l’apport financier de Santé Canada et des gouvernements d’Alberta, de la Colombie-Britannique, du Manitoba, du Nouveau Brunswick, de la Terre-Neuve-et-Labrador, des Territoires du Nord-Ouest, de la Nouvelle-Écosse, du Nunavut, de l’Ontario, de la Saskatchewan et du Yukon. L’Agence canadienne des médicaments et des technologies de la santé assume l’entière responsabilité de la forme finale et du contenu de ce rapport. Les opinions exprimées dans ce rapport ne représentent pas forcément celles du Santé Canada ou de gouvernements provinciaux ou territoriaux. ISSN 1488-6332 (en ligne) ISSN 1486-2972 (imprimée) CONVENTION DE LA POSTE-PUBLICATIONS NO 40026386 RETOURNER TOUTE CORRESPONDANCE NE POUVANT ÊTRE LIVRÉE AU CANADA À AGENCE CANADIENNE DES MÉDICAMENTS ET DES TECHNOLOGIES DE LA SANTÉ 600-865 AVENUE CARLING OTTAWA ON K1S 5S8 << 6. Schoofs N, et al. Endoscopy 2006;38(10):971-7. L’Agence canadienne des médicaments et des technologies de la santé (ACMTS) est financée par les gouvernements fédéral, provinciaux et territoriaux canadiens. (www.acmts.ca)