Le racisme : un poison mortel
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Le racisme : un poison mortel
27 novembre 2016 N° 10 année 7 Le racisme : un poison mortel, un mensonge puissant LA GÉNÉTIQUE CONTRE LES RACES ! E D epuis l’élection de Donald Trump aux États-Unis, les actes racistes se sont multipliés dans ce pays. Ses propos sur les mexicains et les Afro-Américains ne sont pas étrangers à cette explosion de violence verbale et même physique et ils ont sûrement encouragé ce déchaînement de haine. Les hommes politiques français (de droite comme de gauche !) ne sont pas en reste. La stigmatisation des immigrés qui fuient la misère, des Roms, des Français d’origine africaine ne fait que renforcer un climat insupportable. Mais cette division n’est qu’artificielle. Il n’est peut-être pas inutile de rappeler que le concept même de « race » au sein de l’espèce humaine ne repose sur aucun résultat scientifique valable. En effet il a même été prouvé que, par exemple, un « Français » et un « Sénégalais » ont autant de gènes différents qu’un « français » et un autre « français »... Mais le concept de « race » a cependant bien une réalité sociale. Sous le prétexte d’une couleur de peau différente, des personnes se retrouvent mises à l’écart. Mais si le racisme est désormais omniprésent dans nos sociétés modernes (et ceci depuis bien longtemps), cela a-t-il toujours été le cas par le passé ? Comment et pourquoi de telles idées sont-elles apparues et se sont-elles propagées ? LES CIVILISATIONS ANTIQUES ÉTAIENT RACISTES ? D urant l’Antiquité les Grecs et les Romains n’ont pas développé de théorie raciale fondée sur l’infériorité de personnes à peau plus foncée en tant que telle. S’ils faisaient des distinctions entre personnes, celles-ci se fondaient bien plus sur le fait que la personne était étrangère (il l’appelait alors « barbare » chez les grecs) que sur un critère de différences physiques. Si de nos jours certains affirment que ces sociétés étaient racistes, ce n’est tout simplement que parce qu’ils projettent nos représentations présentes sur le passé. Au Moyen-Age c’est plutôt la religion qui sert de prétexte pour catégoriser les personnes, le statut ou l’ordre. Les croisades ont été lancées contre des infidèles et non pas contre des Arabes. Et il est intéressant de noter une clôture de l’occident à partir du moment, à la fin du XIII siècle, où l’on estimât la conversion à la vraie foi impossible. quantifier les différences parmi les individus ainsi que les « races ». Le racisme, de même que d’autres idéologies capitalistes, révèle la réalité de l’oppression et de l’exploitation sociales. Sa fonction n’est que de fournir une justification pour la misère, la souffrance et l’injustice qui sont inévitables dans un système capitaliste. ET AUJOURD’HUI ? A U n des moments clés pour la transition vers une idéologie raciste a lieu au moment de la conquête de nouveaux territoires par les puissances européennes et l’esclavage qui en a résulté. Bien entendu, l’esclavage demandait une justification idéologique, car il allait à l’encontre à la fois des enseignements chrétiens formels et des idées des « droits de l’homme » prônées par les Lumières. u 20e siècle l’idéologie nazie a discrédité les idées de la supériorité raciale aux yeux de millions de personnes de par le monde. Aujourd’hui les milieux scientifiques s’entendent généralement pour rejeter toute conception de « race ». Il existe cependant des théories qui sont « élaborées » et qui tentent de justifier les inégalités par des concepts de « races ». Par exemple, Richard Herrnstein, professeur de psychologie à Harvard lui aussi, a « découvert » que la classe ouvrière tout entière était génétiquement prédisposée à des QIs faibles. Les conclusions d’Herrnstein ont sans doute été gratifiantes pour les chefs d’entreprises et les millionnaires siégeant au conseil d’administration de Harvard. À la fin du XIXe siècle, la proposition « la biologie détermine la destinée » était passée dans les théories scientifiques, et des scientifiques en vue s’occupaient à édifier des hiérarchies des races. Agassiz, par exemple, professeur à Harvard, soutenait que « le cerveau d’un nègre est celui du cerveau imparfait d’un bébé de sept mois dans l’utérus d’une blanche ». Toute une gamme de sciences bidons telle la phrénologie et la craniométrie ont surgi pour mesurer et Le racisme est donc un formidable moyen pour le capitalisme de diviser la classe ouvrière. En stigmatisant une partie de la classe ouvrière, les capitalistes donnent l’illusion à l’autre partie d’une supériorité toute relative. Mais les travailleurs qui s’imaginent qu’ils tirent avantage de l’oppression relativement plus importante que subissent d’autres secteurs (les Noirs, les Femmes, les Immigrés, etc.) se forgent leurs propres fers ! LE TOURNANT DE L’ESCLAVAGE n effet le racisme prend appui sur les apparences. Ainsi les phénotypes, ensemble des caractères visibles d’un individu, se proposent de distinguer différents groupes d’humains et dégager des races. Une race serait alors un groupe d’individu ayant certains caractères héréditaires communs. La génétique vint révolutionner l’affaire car elle permet de parler du génotype, c’est-à-dire des gènes, des facteurs transmissibles exprimés dans les phénotypes, les caractères observables (qui eux sont en réalité plus ou moins héréditaires). On a donc accès à ce qui, dans un groupe humain est réellement héréditaire. C’est donc à partir du contenu du patrimoine génétique qu’on peut caractériser une population. On étudie donc un caractère particulier (le plus souvent ceux du sang), et on cherche un gène « marqueur » d’une race. Un gène est « marqueur s’il n’apparaît que dans une race et est présent significativement dans cette population. La recherche a échoué à découvrir un gène ayant ces deux caractéristiques. Mais, on remarque tout de même une distance entre certaines populations : du Pays Basque à l’Afrique du Sud, la fréquence de l’allèle (une version variable d’un même gène) “Rhésus moins” passe de 50 % à moins de 10 % de manière dégressive. On pourrait essayer de reforger le concept de race à partir de ce concept de distance, cela de deux manières. En effet, chaque individu appartenant à l’espèce humaine est caractérisé par les gènes qu’il possède ; chaque population est caractérisée par les fréquences des allèles que l’on y encontre ; ces fréquences d’allèles permettent de calculer une distance entre deux individus ou deux populations. Il s’en suit qu’une race est un ensemble de populations telles que la distance entre deux populations incluses dans cette race est significativement inférieure à celle d’une de ces deux populations avec une population qui en est exclue. Cette définition n’est valable que si ces populations sont bien définies, donc qu’elles aient des frontières génétiques nettes, ce qui exige des flux migratoires très faibles, condition rarement satisfaite dans l’histoire. Mais on peut aussi définir la race comme un ensemble d’individus tel que la distance entre deux individus de cette même race est significativement inférieure à la distance entre l’un d’eux et une population extérieure à cette race. Encore une fois il n’est pas possible de fonder scientifiquement cette définition, les études ne dégageant pas les différences significatives (on observe 7 % moins de distance entre deux individus blancs qu’entre un individu blanc et un individu pris au hasard dans le monde. Pour conclure, on peut dire qu’il n’existe pas de frontière génétique précise entre différentes populations, c’est-à-dire qu’il n’y a pas de donnée scientifique qui permettrait de distinguer de manière claire deux populations et par là de fonder le racisme. Source : Albert Jacquart, La génétique des populations : http://documents. irevues.inist.fr/bitstream/ handle/2042/8149/ murs_1986_5_37. pdf?sequence=1 LA RÉVOLTE DE BACON : Du racisme biologique au racisme culturel L e racisme en tant qu’idéologie de hiérarchisation de l’humanité justifiant la violence et l’exploitation n’est donc pas une caractéristique de l’humanité. Il s’agit d’une production historiquement et géographiquement située : l’Europe de l’émergence du capitalisme. Le biologisme comme premier visage historique du racisme connaît son âge d’or au dix-neuvième siècle en même temps que l’explosion industrielle d’une part et que la ruée coloniale d’autre part. Le médecin et anthropologue français Paul Broca classe les crânes humains à des fins comparatives et conclut que « le Nègre d’Afrique occupe, sous le rapport de la capacité crânienne, une situation à peu près moyenne entre l’Européen et l’Australien ». Il y a donc plus inférieur que le Noir, l’Aborigène mais un supérieur incontesté, l’Européen. Et comme toutes les dominations nécessitent des processus de légitimation, si ce n’est similaires du moins convergents, il étend sa méthode à la différence des sexes pour conclure que « la petitesse relative du cerveau de la femme dépend à la fois de son infériorité physique et de son infériorité intellectuelle ». Les horreurs de la Seconde Guerre mondiale ont rendu inaudible le racisme biologique. Mais comme tout système de domination le racisme a besoin de muter pour garder son efficacité. Ne pouvant plus se légitimer sur la base biologique, la hiérarchisation de l’humain se déplace en direction du culturel C en attribuant aux « cultures » les mêmes caractéristiques auparavant censées spécifier les « races biologiques » (fixité, homogénéité, etc.). Frantz Fanon, militant anti colonialiste, dès les années 1950 avait envisagé la mutation du racisme de type biologique en racisme de type culturel. Le racisme culturaliste émergera progressivement comme réponse à ce besoin en devenant dominant dans les décennies 1960 à 1980. Désormais, il ne s’agit plus de hiérarchiser biologiquement mais culturellement. DU RACISME ANTI-ARABE À L’ISLAMOPHOBIE, LE CAS DE LA FRANCE. D ans une société en crise économique, à la question sociale et écologique se substitue la question raciale, réactivant la figure du bouc émissaire comme unique mode d’explication de ladite « crise ». Aujourd’hui, le « racisme anti-arabe » devient « islamophobie ». Ce racisme, qui gangrène notre pays, menace notre cohé- Le racisme d’anti-blanc : COMMENT DÉFINIR LE RACISME ? our la personne qui n’a pas trop réfléchi à la question, le racisme est un sentiment de haine envers un groupe. C’est plus ou moins cette « définition » light et mensongère qui a le devant de la scène depuis les années 80, le racisme désignant là, non un système, mais des attitudes individuelles, voire une sorte de maladie. Ça a permis d’éviter que la structure raciste de notre société ne soit remise en cause, et de focaliser sur les aspects les plus visibles du racisme, comme le Front National. Avec cette définition, le racisme peut toucher n’importe qui, et provenir de partout : racisme antiblancs, anti-noirs, anti-riches, antivieux, si tout le monde est susceptible de subir et de produire du racisme, alors le racisme est ramené à une simple dimension morale individuelle, un peu gnangnan. Rappelons que le racisme n’est pas un simple sentiment de haine mais un rapport social de domination, qui peut parfaitement se passer de la haine – et dont les formes les plus hégémoniques se traduisent même par de l’indifférence ou de la sympathie davantage que par de l’antipathie Précisons, que le racisme peut être défini précisément comme un certain type de rapport social de domination entre des groupes. Système qu’il est impossible de séparer de l’histoire, qu’on ne peut penser en dehors de la réalité. Et la réalité du racisme c’est le colonialisme produisant les races, et sion sociale, et affaiblit notre camp social. Il est de plus en plus difficile de dire « les Arabes sont naturellement sauvages » sans susciter l’opprobre mais dire « l’islam et la culture arabe sont incompatibles avec les valeurs françaises » pose beaucoup moins de problèmes, alors que ce sont les mêmes personnes qui sont visées mises au ban de la société française quand ces deux phrases sont prononcées. Ce racisme culturel, devient même vertueux, car il permet de « protéger » la France du péril islamique. La défense des valeurs françaises - sans qu’elle ne soit jamais définies d’ailleurs - justifie une islamophobie de plus en plus mortifère et détourne de la résolution des problèmes économiques et écologiques par exemple. Certains réactionnaires se servent de la défense du droit des femmes et se découvrent sur le tard une vocation féministe pour justifier leur islamophobie. Leur soi-disant défense des droits des femmes rend leur islamophobie vertueuse, la défense du droit des femmes est utilisée à des fins racistes. une élucubration, une pantalonnade, une mystification ! P constituant un mécanisme de différenciation et de hiérarchisation de l’humanité entre un pôle doté, en tant que race, de privilèges, invisibles ou manifestes, et un pôle racial dont la soumission à toutes sortes de violences, invisibles ou manifestes, garantit les privilèges du pôle dominant. Hiérarchisation, « mise en bas », « altérisation », processus mettant les « Uns derrière les Autres » et pas du tout « peur de l’inconnu » ou « réaction naturelle face à la différence ». Dans le sens rigoureux du terme donc, ce sont les Blancs (dominants) qui discriminent les Arabes et les Noirs (dominés) comme le démontrent toutes les études sur les discriminations ; et seuls les premiers peuvent en ce sens être racistes. Les seconds sont racisés (altérisés, « mis en bas », derrière les « Uns », dominés…) donc subissent par définition le racisme (car il n’y a pas d’un point de vue social, de domination des Arabes et des Noirs sur les Blancs ! Ce sont par exemple des ministres et des intellectuels médiatiques blancs qui, quotidiennement, manquent de respect aux Arabes et aux Noirs. Et la simple « hostilité » possible du dominé sur le dominant, n’est absolument pas de nature à inverser le rapport de domination). Pour résumer, les blancs ne sont ni discriminés au logement, à l’embauche, aux loisirs etc. Les Blancs comme tous les autres groupes sociaux peuvent subir des escarmouches interpersonnelles mais ne subissent pas les racismes structurels et institutionnels qui ont des conséquences dramatiques sur la vie des populations racisées. QUI A DÉVELOPPÉ LE CONCEPT DE RACISME ANTIBLANC EN FRANCE ? e concept de racisme anti-blanc a été popularisé par l’extrêmedroite française au milieu des années 1980, notamment en réaction à la marche pour l’égalité et contre le racisme de 1983 et dans le but d’empêcher la lutte, de préserver voir de renforcer les racismes structurels et institutionnels. Ce concept sera ensuite repris par des réactionnaires médiatiques comme Pascal Bruckner et malheureusement une partie de plus en plus importante de la population. L’HUMOUR, UNE ARME POLITIQUE. e comédien et humoriste australien Aamer Rahman démonte de façon efficace et hilarante, cette mystification qu’est le racisme anti-blanc dans cette vidéo : https://www.youtube.com/ watch?v=bU_zGWAE0dU&t=12s UN ÉVÉNEMENT HISTORIQUE POUR COMPRENDRE LE RACISME ’est très souvent en étudiant l’histoire que l’on trouve des réponses aux problèmes d’aujourd’hui. La question du racisme et plus particulièrement du racisme institutionnalisé, et les problèmes qu’il engendre dans nos sociétés, n’y échappe pas. En effet, l’histoire des ÉtatsUnis et plus précisément des colonies britanniques d’Amérique nous livre un fabuleux exemple de ce qu’est le racisme ou plutôt de ce qu’il n’est pas : quelque chose de naturel entre les hommes E LA RÉVOLTE : n 1676, la colonie britannique de Virginie connut une révolte déclenchée par des colons et des travailleurs sous contrat Noirs ou Blancs vivant dans une zone de frontière avec la population native, les amérindiens. Mais quasiment dès le début, des esclaves se sont soulevés et ont rejoint les rangs de la rébellion. Ainsi noirs et blancs, travailleurs sous contrat et esclaves combattaient côte à côte dans la rébellion contre le gouverneur britannique de la colonie coupable de favoriser l’aristocratie terrienne et d’étouffer la population travailleuse (petit colon ou travailleurs sous contrat) de taxes et d’impôts. Ainsi cette population se retrouve coincée entre les terres des grands propriétaires de la colonie et les Indiens vivant aux frontières de la colonie. Des revendications sociales et économiques naissent et la rébellion prend forme avec à sa tête Nathaniel Bacon. LE RACISME INSTITUTIONNEL COMME OUTIL DE RÉPRESSION : C ette révolte ne pouvait être tolérée par le pouvoir britannique car la culture et le commerce du tabac et du coton effectués par les colonies étaient stratégiques pour l’économie de l’empire britannique. De ce fait, il lui était impossible de laisser une révolte progresser dans la colonie de Virginie de peur de voir le soulèvement gagner toutes les autres. Ainsi l’Angleterre avec le gouverneur comme bras armé sur place réprima dans le sang cette révolte. Un millier de soldats furent même envoyés d’Angleterre pour maintenir l ’ordre social et colonial. Cependant, la solidarité entre les travailleurs blancs et noirs ainsi qu’entre les travailleurs « libres » et les esclaves rendait compliquée la domination politique et sociale de l’Aristocratie anglaise et de ces grands propriétaires coloniaux. Ils durent pour cela casser cette dynamique de solidarité de classe entre les travailleurs de la colonie et donc créer des différences de statut. Ainsi toute une série de lois fut promulguée pour diviser les travailleurs de la colonie. Les travailleurs noirs furent privés du droit d’accéder à la propriété, ainsi que de celui de porter une arme. Le droit de se déplacer librement dans la colonie fut aussi limité pour les noirs par ces lois. Ainsi une hiérarchie était créée entre les travailleurs, les droits des noirs étant limités ceux des blancs apparaissent comme des privilèges. De ce fait les liens de solidarité se font moins forts entre les travailleurs et l’idée ignoble que les noirs soient inférieurs aux blancs se diffuse dans les esprits. Ainsi la création de ces statuts sociaux et leurs inégalités a fait naître le racisme. Cette histoire nous apprend donc que le racisme est une des armes que le pouvoir utilise contre la solidarité des travailleurs ! COURS MARXISTES ÉTINCELLE L L Usages et mésusages de la Révolution Française Jeudi 1er décembre 14 H campus Sciences Humaines Vendredi 2 décembre 17 H en ville (Pour le lieu voir les diffuseurs) Cours Lycee Les enjeux de l’Anthropocène : les tensions entre les sociétés humaines et la nature Jeudi 1er décembre 17h près du Lycee Guist'hau