Garzettespeciale70COLLETchronologie 15 aout 2016

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Garzettespeciale70COLLETchronologie 15 aout 2016
Garzettespeciale70COLLETchronologie
Association Patrimoine Marche de Bretagne Marais Breton (P2MB) des Moutiers en Retz
More majorum (selon les coutumes des ancêtres)
LA GARZETTE
Numero spécial historique N°70 ( 15 aout 2016)
Chronologie de la longue Histoire du golfe de
Machecoul, de la Baie de Bretagne, du Collet et
de la Baie de Bourgneuf (Les Moutiers en Retz,
Villeneuve en Retz, Bouin)
par Jean-Pierre Rivron
Association Patrimoine Marche de Bretagne Marais Breton (P2MB) des Moutiers en Retz
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Préambule
Cette histoire du Golfe de Machecoul, de la Baie de Bretagne et de la Baie de Bourgneuf est une compilation
des évènements historiques et géographiques du Golfe de Machecoul depuis son origine. Cette compilation est
nécessairement simplifiée tant l’histoire de notre région est longue et riche.Elle reprend sous une forme
chronologique cette longue histoire du Golfe de Machecoul, en s’appuyant notamment sur les nombreux
livres et articles publiés par la Société des Historiens du Pays de Retz. L’objectif de cette compilation est de
tenter de donner une vision globale de l’Histoire du Golfe de Machecoul. Cependant tout n’a pas pu être dit,
ce qui laisse place à d’autres pour compléter et même corriger cette longue histoire chronologique.
Ce dossier s’inscrit dans le cadre plus général de la démarche « identité du Pays de Retz » menée par la Société des
Historiens du Pays de Retz. Le golfe de Machecoul, La Baie de Bretagne, la Baie de Bourgneuf sont en effet des éléments
très forts de l’identité de notre territoire, et ce depuis plusieurs millénaires, notamment par sa production et son commerce international du sel. Pendant des siècles, la Baie de Bretagne avec ses marais salants innombrables et sa production
colossale de sel a été un territoire stratégique équivalent à celui du détroit d’Ormuz de nos jours pour le pétrole. Annuellement pendant des siècles, des convois d’une centaine de navires venaient de très loin, de la mer Baltique notamment,
par des voyages qui duraient souvent 10 mois, chercher jusqu’en Baie de Bretagne le sel précieux qui permettait de conserver les viandes et sutout les poissons, dont des millions de harengs. Cela explique les très nombreuses incursions et
occupations sur notre côte, objet de toutes les convoitises, de la part de tous nos voisins européens.
Cette Garzette est une trame pour les promenades historiques effectuées au Collet (les Moutiers en Retz) par L’Association P2MB depuis plusieurs années, notamment lors des Journées du Patrimoine. La première présentation historique du Collet a été effectuée devant les Historiens du Pays de Retz en 2011. Cette garzette a été actualisée en 2016
à l’occasion du cinquantième anniversaire du Musée du Pays de Retz et du Groupement de Sauvegarde du Port du
Collet.
Ce numéro spécial de la Garzette est diffusé gratuitement sous forme électronique aux membres de l’Association Patrimoine Marche de Bretagne Marais Breton des Moutiers en Retz et à la Société des Historiens du Pays de Retz. Hors ces
Associations, il est diffusé gratuitement sous forme électronique sur demande en cotisant à l’Association P2MB ( 15 euros). Cette Garzette est comminquée sous forme papier au prix de 30 euros. Toutes les remarques de lecteurs sur ce texte
sont les bienvenues ([email protected]).
Page de garde : Carte d’Agats de la Baie de Bretagne au temps de la Hanse ; on note que les ports sont
localisés par des ancres ( notamment à Prigny,à Bourgneuf,à Port la Roche,à la pointe Est de l’ile de Bouin) ;
le livre d’Agats est disponible à la Maison de l’Histoire et des Historiens du Pays de Retz / La Bernerie ).
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HISTOIRE CHRONOLOGIQUE
DU GOLFE DE MACHECOUL,
DE LA BAIE DE BRETAGNE,
DU COLLET ET DE LA BAIE DE BOURGNEUF
(LES MOUTIERS EN RETZ/VILLENEUVE EN RETZ/BOUIN)
Par Jean Pierre Rivron Société des Historiens du Pays de Retz/ Association Patrimoine des Moutiers P2MB
PREHISTOIRE
Il y a 20 000 ans, c’est la dernière glaciation ; le niveau de la mer est 130 m plus bas qu’actuellement ; la côte est
à 150 km plus à l’ouest qu’actuellement ; le cycle des grandes glaciations est d’environ 100 000 années (phénomène purement astronomique de positionnement soleil terre).
La terre se réchauffe naturellement (pour des raisons astronomiques) entre -20000 et -15000 ans, ce qui va
provoquer la remontée du niveau de la mer ; c’est ce qu’on appelle la transgression Flandrienne, car à cette
époque, les Flandres basses ont été aussi envahies par la mer.
Entre -15000 et -7000 ans, la vitesse de montée du niveau de la mer est rapide ; il y a 2000 ans environ, on peut
considérer que le niveau de l’océan a atteint à peu près le niveau actuel. En montant de niveau, la mer va envahir
les zones basses de la côte pour créer ce qu’on appelera plus tard le Golfe de Machecoul. A partir d’il y a environ
8000 ans, la vitesse de montée du niveau de la mer se ralentit, ce qui fait que le phénomène de sédimentation
marine naturel prend le pas sur la transgression marine ; cette sédimentation marine ( apportée notamment de la
Loire par le courant côtier nord-sud ) va se déposer dans les zones plus calmes ; progressivement un territoire de
bris ( argiles flandriennes , argiles bleues…) et de sédiments vaseux et sableux se forme dont les points les plus
élevés sont le plus souvent sous le niveau des hautes mers de vives eaux ; cet endiguement naturel a débuté aux
environs de 6000 ans avant JC. L’épaisseur atteinte par ces argiles (parfois utilisées à des fins thérapeutiques)
peut atteindre 20 m dans les fosses.
Il y a 6000 à 4000 ans ( 1500 ans avant les pyramides d’Egypte ) , le niveau de la mer n’a pas atteint encore le
niveau actuel ( -10 à -6m) ; à cette époque , le golfe de Machecoul n’est pas encore complètement constitué :il
n’y a qu’une petite baie ; les hommes du néolithique peuvent donc encore atteindre Noirmoutier à pied sec ; c’est
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pour cette raison qu’on découvre des mégalithes au fond de la baie de Bourgneuf (Cf. Mounes ) ; nos ancêtres
n’ont pas bâti des mégalithes sous le niveau de la mer ; c’est le niveau de la mer qui était plus bas. Selon Catherine
Liot , la concentration des mégalithes en Armorique pourrait s’expliquer par la production de sel qui déjà apportait dès cette époque la richesse par son commerce .
.
Une flèche de sable s’établit des Moutiers au Collet (il y a 5000 ans ?) ; au départ la flèche reste sous les eaux,
ce qui permettait d’accéder à Prigny directement de l’océan; puis en s’enrichissant de sables et graviers, elle
apparut en surface et elle ferma au cours des millénaires et siècles le golfe de Millac qui se combla peu à peu
(Cf. carte de Fançoise Gauthier).
ANTIQUITE
700 ans avant JC: fours à à piliers sur notre côte pour extraire par chauffage le sel de la mer
-641 à -616 : l’origine de l’impôt du sel paraît remonter à Ancus Martius, quatrième roi « légendaire » de Rome).
Vers 460 avant JC, le carthaginois Himilcon explore avec une flotte les côtes d’Europe occidentale. Un peu plus
tard, vers 330 avant JC, le grec marseillais Pythéas longe sur sa pentécontère nos côtes jusqu’à Ultima Thulé
(probablement l’Islande) pour découvrir le monde septentrional. Massalia-Marseille avait été fondé en 600 avant
JC par les grecs Phocéens. Ces explorateurs passent à Corbilo, qui est le port antique de l’estuaire de la Loire à
cette époque.Nos ancêtres de cette époque sont les celtes Ambilatres (parmi les Namnètes ou Pictons).
Il y a 2500 ans, à l’époque gauloise (celte ), les habitants se placent sur le haut des collines ; dès cette époque, se
développent les fours à sel qui permettaient de chauffer de l’eau de mer en faisant du feu et de récupérer le sel
dans de petits récipients (les augets) ; deux exemples de fours à sel ont été trouvés par les archéologues aux
Moutiers :
-l’un au lieu-dit Les Noës, au-dessus du bourg au moment de l’élargissement de la route bleue ; ce four est daté
d’environ 100 ans avant JC
-l’autre dit du Pré de la Layette (camping municipal) au pied de la Rive est daté d’environ 100 ans après JC ; tout
cela prouve que la mer allait, à cette époque, jusqu’au pied de ce qu’on appelle encore la Rive il y a 2000 ans
environ et que le bourg des Moutiers a été construit 1000 ans plus tard à la limite des plus hautes marées et
tempêtes . Bien sûr, tous ces fours à sel qui brûlent du bois ont participé à la déforestation de la côte.
Les fours à sel des Moutiers au temps des gaulois
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En atteignant il y a 2000 ans environ, le niveau actuel, la mer envahit toutes les parties basses de la côte ; la vallée
qui descend de Machecoul est alors envahie par la mer ; apparaît alors progressivement ce qu’on appelle le Golfe
de Machecoul ; la mer atteint la base des coteaux qui entourent le golfe de Machecoul. Le cordon dunaire qui
relie le bourg des Moutiers au Collet se forme peu à peu au premier millénaire de notre ère en se développant
vers le sud du fait du courant marin Nord-Sud.
En 56 av JC, César ordonne à son lieutenant Crassus de construire notamment, semble-t-il, dans le Golfe de
Machecoul, une flotte capable d’anéantir les Vénètes qui dominaient l’actuel golfe du Morbihan et le commerce
(de sel notamment) avec la Grande-Bretagne ; une part des pictons (les Ambilatres) prend le parti des Vénètes
(probablement ceux de l’Estuaire de la Loire).
La flotte Vénète est battue par César en face de la presqu’île de Rhuys selon la tradition ; depuis cette date, le
Pays de Retz a été rattaché à l’Aquitaine romaine (jusqu’à l’arrivée des Bretons dans notre région en 851 alors
que pendant la période celte, notre territoire était plutôt rattaché au nord à l’Armorique.
-56 à +418 Portus Secor (ou Sicor ou Setor) :L'ensemble du Golfe de Machecoul (et peut-être aussi le golfe plus
au sud) constituait dans les premiers siècles de notre ère un abri très sûr que les anciens avaient appelé Portus
Secor. Le géographe Ptolémée, dans sa description de l'Aquitaine au deuxième siècle, et Martien d'Héraclée au
IV° siècle, ont situé notre golfe. Le port de Portus Secor avait été fréquenté par les Crétois et les Phéniciens,
allant chercher aux Cassitérides l'étain si précieux à l'époque pour faire du bronze, mais aussi par les Romains
dont nous avons les traces à Bois de Céné, à Saint Gervais et à Pont-Halbert près de Challans. C'est l'ensemble
du golfe de Machecoul probablement qui constituait Portus Secor. Les bateaux accostaient aussi bien à Prigny,
à Bourgneuf, à Bouin, à Noirmoutier ou dans l'une des îles de la baie. Cette imprécision est tout à fait dans les
habitudes de l'époque. Prigny, situé sur une butte, contrôlait l’accès à ce golfe. Le Collet n’existait pas alors en
tant que tel. Prigny était un oppidum, ainsi qu’un centre militaire et commercial important sous la paix romaine.
Depuis l’époque gauloise, des forges existaient, toutes proches. Ce fut donc sans doute dans ce golfe , l’ancien
Portus Secor, que Decimus Brutus rassembla toutes les trirèmes qui attaquèrent les Vénètes. Le phare à Bois de
la cité qui deviendra Machecoul, dans la plaine des Chaumes, guide déjà les navires qui doivent aborder au port
(au lieu-dit actuel Place du Port).
Prigny est un oppidum gallo-romain ; les gaulois y avaient déjà installé un camp.
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De l’époque romaine jusqu’au VIIIe siècle, se constituent des « buttes huitrières » à garum à Saint-Michel-enl’Herm, Bourgneuf et Beauvoir ; le garum était un produit qu’on exportait très loin, jusqu’à Rome, pour assaisonner et pour soigner.
La tradition dit que ce sont les Romains qui ont apporté la technique des marais salants dans notre région (en fait
il est possible que les gaulois aient pu déjà utiliser le chauffage solaire, ne serait-ce notamment pour concentrer
la saumure avant évaporation totale dans les fours à sel ; on peut penser que les marais salants se sont développés
dans notre région au Ier et IIe siècles de notre ère ; le contrôle de la production et du commerce du sel participait
à la puissance de l’Empire Romain ; le sel était alors un produit stratégique , un peu comme le pétrole de nos
jours; les légionnaires romains étaient approvisionnés en sel ( « salarium ») pour conserver leurs aliments.
Dès le IIe siècle, les navigateurs du Nord visitèrent nos régions en marchands pour y acheter du sel.
Deuxième et troisième siècle de notre ère: Arthon connaît une grande prosperité : l'aqueduc romain prenait son
eau dans les environs de la Fontaine Bonnet, au nord du village de la Poitevinière. Il aboutissait à des thermes,
dans un établissement situé au niveau de l'actuelle église. Les différentes études réalisées ont permis de définir
sa longueur, estimée à 3 140 m, pour un débit d'environ 2 000 m3 par jour. Le fond et les murs du bain principal
étaient constitués de plaques de marbre provenant par bateau de Saint-Béat (Haute Garonne) ; à cette époque, la
mer remontait jusqu’au village du port, entre Arthon et la Bernerie (Boutin Pays de Retz p 41).
Carrière de Saint-Béat (brèche romaine)
A Prigny, Chevas, dans son Histoire des communes mentionne « que des débris de tuiles ont été trouvés dans un
champ appelé aujourd’hui le cimetière, entre la butte de Prigny et le village de la Rairie ». Or, lors de la construction de la nouvelle route de Prigny à Arthon en 1860, route traversant le cimetière en question, on a exhumé
un squelette armé d’un petit marteau et ayant à ses côtés plusieurs monnaies romaines, dont une pièce d’Hadrien
(+ 117-+138). Cet ancien cimetière de Prigny (toujours sous ce nom au cadastre) était donc utilisé dès l’époque
romaine et les débris de tegulae nous prouvent que les inhumations se faisaient, au moins dans certains cas, en
coffres de tuiles plates.
IIIe siècle (287-384) : les côtes d’Armorique sont protégées par une organisation romaine militaire (tractus Armoricanus) qui utilise les sevices notamment de Saxons et de Brittons.
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LE MOYEN-AGE : les grandes invasions-la chute de l’Empire Romain
418 : le Pays de Retz devient wisigothique : Apres leurs victoires, les Wisigoths obtiennent de Constantius de
s’établir comme fédéré en Aquitaine Seconde ( du Pays de Retz à Bordeaux).
Amphistène trouvé rue abbé Maillard en cresusant un jardin aux Moutiers; ce bijou ancien se trouve habituellement dans les tombes wisigothes
De 464 à 470: Des flottes Saxonnes entrent dans le golfe de Machecoul ; en 484, une flotte saxonne de 120
voiles entre dans le golfe.
476 Chute de l’Empire Romain d’Occident
507 Le Pays de Retz devient Franc par la bataille de Vouillé (près de Poitiers) ; Clovis tue Alaric II ; le Pays de
Retz est pris par les Francs ( ainsi que l’aquitaine secondaire ).
Bataille de Vouillé : miniature du XVe siècle, Bibliothèque nationale de France, Paris.
17 juin 567 : grand raz de marée (probablement un tsunami) à l’île Dorée (île de Bouin) et dans le sud-est
du golfe (Norois N°222 p94 Jean Luc Sarrazin). La coutume de Bouin, rédigée en 1644 sur la base d’un texte
de 1421, précise que, par temps calme, la mer s’éleva soudainement à une hauteur telle qu’elle submergea
l’île entière et noya tous les habitants. A la suite de cette catastrophe, l’île resta déserte pendant environ 10
ans.Cet évènement arriva le 5 juin 567 selon Jean-Louis Eugène, Noirmoutier : toutes les salines furent
détruites selon la coutume de Bouin de 888.
LE MOYEN-AGE : le temps des premiers monastères
575 Fondation du monastère de Vertou par St Martin de Vertou
Au temps de Dagobert Ier (629-639), les salines sont nombreuses en Poitou.
Ve-VIIe siècles : Machecoul est un port ; on suppose que la ville de Machecoul est une cité mérovingienne faite
en bois et à moitié lacustre, construite sur pilotis ; les habitants sont gallo-francs ; il en reste un grand cimetière
mérovingien qui s’étendait dans la plaine des Chaumes.
651 Les moines de Malmedy-Stavelot (héritiers spirituels des moines celtiques irlandais) des Ardennes Belges
s’intallent sur les bords du Tenu dont ils contrôlent le tonlieu et créent le Prieuré d’Ardennes à Ste Pazanne.
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Dès l’Antiquité et au Moyen-Age, le Port du Migron (Frossay) est le point de passage privilégié sur la Loire sur
la route du sel (du golfe de Machecoul via le Tenu vers l’estuaire de la Loire).. Les Historiens s’entendent sur
l’existence d’une voie romaine traversant la Moire entre le Migron et Rohars. Cela va être durant le Moyen-Age
une voie de passage privilégiée pour les Pélerinages de Saint Jacques de Compostelle ( à partir du début IXe
siècle) et d’autres voyageurs passant de Bretagne en Poitou.
670 St Hermeland qui est un moine d’obédience celtique fonde le monastère d’Indre / Indret.
674-677 St Philibert, autre moine d’obédience celtique, commence à bâtir un grand monastère à Noirmoutier
selon la règle (un peu adaptée) du moine irlandais St Colomban ; ce monastère a notamment des dépendances à
Ampennum (Beauvoir) et Déas (« villa » propriété agricole, donnée par l’évêque Ansoald en 677 et qui deviendra
plus tard St Philbert de Grand Lieu).
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677 la paroisse Sainte Croix est créée à Machecoul (en bord de mer) par les moines Philibertins.
VIIe siècle : Les moines de Saint Philibert développent l’économie et créent des marais salants sur de grandes
étendues.Au fur à mesure que des marécages se formèrent par le retrait des eaux du fait de la sédimentation
marine et les soulèvements du sol, les salines se multiplièrent. Les moines de Saint Philibert au VIIe siècle durent
créer des marais salants sur de grandes étendues tant à Noirmoutier que sur le continent ; le sel, si recherché à
cette époque par les peuples du nord, devint vite la principale industrie du pays.
Aux alentours de 680-700, les moines de Noirmoutier rayonnent sur toute la côte du Pays de Retz ; les moines de
St Philibert construisent des chapelles à Ste Marie de Pornic, Ste Croix de Machecoul, St Cyr en Retz, Beauvoir,
Sion ( St Hilaire de Riez) et au hameau qui deviendra plus tard le Bourg des Moutiers ( au centre de la place de
l’église Madame) ; cette chapelle sera la première construction religieuse du hameau des Moutiers .
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712-729 : Les Sarrazins ravagent les côtes du Pays de Retz ; ils incendient l’église de Saint Nazaire ; ils « amènent » des maladies contagieuses
732-752 : Les Sarrazins sur les côtes du Pays de Retz ; ils brûlent l’église de Noirmoutier en 752 ; le monastère
est restauré ; les moines restaurent la chapelle au hameau qui deviendra le bourg des Moutiers.
799 à 819: débarquement des Normands sur nos côtes (à Bouin en 813)
804 : l’abbaye de Noirmoutier est retablie par Louis le Pieux, roi d’Aquitaine ; notre côte du Pays de Retz est
sous influence religieuse et économique des moines de Noirmoutier.
813 : l’île de Bouin est pillée par les vikings qui menacent Noirmoutier et brûlent Beauvoir en 820 ; les vikings
s’installent à Bouin.
815-853 : construction de l’abbaye de Déas (St Philbert-de-Grand-Lieu)
830 : les vikings s’emparent de Noirmoutier et brûlent le monastère ; construction d’un château de protection de
l’abbaye.
835 les vikings pillent à nouveau le monastère de Noirmoutier ; ils sont repoussés par Renaud ; Pépin Ier d’Aquitaine est incapable de contrer les Scandinaves ; il ordonne l’évacuation des Iles d’Aquitaine (Noirmoutier, Ré,
Oléron).
836 les moines de St Philibert déménagent de Noirmoutier à Déas en portant sur leurs épaules un sarcophage de
2 tonnes (en marbre gris-bleuté de la carrière de Saint-Béat en Pyrénnées) contenant les reliques de leur fondateur
; ils longent le Golfe de Machecoul en 4 jours.
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840 la motte de Sainte Croix (Machecoul) doit se trouver presque en bordure de mer.
843 les vikings prennent et désarment Nantes ; ils s’installent à Noirmoutier.
En 843 : le Comte de Nantes s’allie aux Vikings (Normands) pour reprendre la ville de Nantes ; L’évêque
Gohard est assassiné dans sa cathédrale ; les vikings pillent Nantes et le Pays de Retz puis se réfugient à
Noirmoutier ; les prisonniers s’échappent de Noirmoutier en passant sur le continent à marée basse.
847 les vikings atteignent la paroisse de Déas ; ils incendient l’abbatiale.
847-875 les moines de Déas continuent leur pérégrination de Déas jusqu’à Tournus en Bourgogne avec les reliques de St Philibert (et de St Vital).
MOYEN-AGE : le Pays de Retz Breton
851 Traité d’Angers en 851 : le roi franc Charles le Chauve cède le Comté de Nantes et la presqu’île de Retz au
nouveau roi Breton Erispoé.
Le Serment de Nominoë, roi Breton, fils d’Erispoé (illustration du Barzaz Breiz)
A partir de 851, date à laquelle le pays de Rais avait été rattaché à la Bretagne par Nominoé : les seigneurs bretons
avaient élevé plusieurs forteresses sur le territoire. Le fort de Prigny avait été réparé. Le château de Machecoul
défendait le fond de l’ancien golfe et Loyau à Fresnay en garantissait les approches. Le fort du Collet protégeait
Bourgneuf. Bouin, Beauvoir au sud, Pornic au nord, gardaient les extrémités de la baie et les prieurés de SaintPierre des Moutiers, de Quinquenavant (Machecoul), de l’île Chauvet (Bois de Céné), fortifiés comme certaines
châtellenies des environs formaient de bons points de résistance.
852 les vikings ont leur mouillage au port nommé Brillacum ( Prigny) ; on a retrouvé à Prigny, 3 ancres qui
pourraient être imputées à ces envahisseurs ; l’une d’elle est présentée à la chapelle de Prigny ; les vikings résistent à une attaque du Comte de Poitiers ( bataille de Brillac ) ; à partir de cette date, Brillacum prend le nom de
Prigny et le port de Prigny perd de son importance en raison de la sédimentation marine.
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888 ; première rédaction de la « Coutume de l’île de Bouin » sur la protection de l’île ( le texte connu est tiré
d’un manuscrit de 1229) : la « Coutume de l’île de Boign » bien que déformée par les nombreuses modifications
qu’elle a subies depuis sa première rédaction qui remonte à 888 est plus digne de foi. Dix ans après (le vimer de
567), de hardis cultivateurs ayant assumé la tâche de remettre l’île en valeur, « firent autour et environ icelle isle
levées et chaussées de terre pour empescher l’eau de la mer d’entrer en icelle isle, laquelle par succession de
temps, au moins des pluyes fust et encore est réduite en prairies et utilité pour labourer depuis laquelle isle réduite
en valeur, les dessus nommez délibérément d’y faire marais à faire sel, ce qu’ils firent ».Donc d’après cette
« coutume », les marais salants de Bouin ne remonteraient qu’au VIIe siècle ; mais il ne peut s’agir que d’une
reconstitution des salines détruites par la tempête de 567.Avant cette date fatale, la prospérité des gens de Bouin
qui dit la « Coustume » « estaient tant riches qu’ils ne voulaient tenir que d’eux » ne s’explique que par l’exportation du sel, denrée si recherchée par les navigateurs du Nord. Or ceux-ci visitèrent nos régions dès le IIe siècle ;
il est probable qu’ils n’y vinrent en pirates qu’après y être passés en marchands.
LE MOYEN-AGE : la féodalité entre le Xe siècle et le XIIe siècle
DIXIEME SIECLE
910 à 936 : Les Normands mettent à nouveau le Pays de Rais à feu et à sang ;
A différentes reprises, les Normands revinrent encore et, de 910 à 936, ils ne cessèrent de piller la région de
Nantes au sud de la Loire et le Pays de Retz, bien que leur chef Rollon ait obtenu de Charles le simple, en 911,
au traité de saint-Clair sur Epte, la possession d’une de nos plus belles provinces, qui prit le nom de Normandie.
913-937 le Comté de Nantes est occupé par les vikings qui s’installent durablement autour de l’estuaire de la
Loire; en 919, prise de Nantes par les vikings ; les vikings sont expulsés de Bretagne en 939
914-958, le Comté de Nantes est sous influence Angevine : les Plantagenets apparaissent en Anjou en 930.
Xe siècle : évolutions du littoral : le golfe de Machecoul, Bouin, Noirmoutier : un vaste terrain marécageux s’était
formé des Moutiers à Machecoul. Les eaux marines recouvraient encore toute l’étendue du hâvre (néerlandais haven qui
signifie « port » ) qui servait précédemment d’avant-port à Prigny, que l’étier de Millac reliait seul désormais à la mer. Un
enfoncement profond dans les terres mettait ce qui deviendra Bourgneuf au bord de l’océan ; les courants descendant de
Millac,et leur rencontre avec ceux venus de l’estuaire de la Loire, avaient formé une sorte d’îlot, l’éperon dit du Collet. Les
Bretons y auraient placé un fort. Les îlots calcaires de l’époque éocène, réunis les uns aux autres par les apports marins dont
ils favorisent le dépôt, formaient avec les alluvions, tout le long des limites primitives du golfe, une ceinture variant de
quelques centaines de mètres aux environs de Bourgneuf et de Beauvoir à plusieurs kilomètres dans le voisinage de Machecoul.
Bouin avait augmenté considérablement d’étendue et Noirmoutier soudé à Barbâtre où les vents du large avaient
formé un cordon de dunes, ne laissait plus passage aux dépôts qui s’accumulaient de plus en plus sur sa côte est,
protégeant d’ailleurs le large bras de mer qui séparait Bouin du continent.
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959-960: Dernière grande offensive des Normands sur Nantes qui les repoussent
Xe siècle : la Baie s’appelle Baie de Bretagne
ONZIEME SIECLE
Vers l’an mil : le golfe de Machecoul n’existe plus ; pratiquement il n’est plus navigable ; Machecoul reste cependant relié à la mer par un goulet ; c’est en effet par mer, que selon la tradition, les reliques de Saint Honoré,
patron de la ville et patron des boulangers, arriveront au pays vers l’an mil (1000)
1000-1300: la conquête du marais Breton sur la mer
C’est au XIe siècle que les sires de Retz, seigneurs du Pays, firent appel aux moines, aux bénédictins surtout,
pour améliorer les conquêtes naturelles de la vase sur la mer. Leurs patients travaux, auxquels ils astreignirent
leurs vassaux, avaient pour but de mettre en valeur les terrains abandonnés par les eaux. Ils eurent un autre résultat. Les digues élevées pour protéger les espaces récupérés activèrent en bien des points le dépôt des vases et
obligèrent à rectifier le cour des canaux tout en augmentant la profondeur.
Trois siècles durant,les habitants manièrent la terre inlassablement, gagnant chaque année quelques toises sur la
mer. Ils n’ont laissé aucune indication sur les limites auxquelles ils avaient forcé la mer à reculer.
1017 : derniers raids vikings sur nos côtes atlantiques, à St Michel en l’Herm (monastère construit par les moines
de St Philibert qui possédaient en propre le port de Luçon).
1032-1033 : éclipse suivie d’une famine effroyable ; à Tournus, on mange de la chaire humaine ; en Pays de Retz
et dans les îles, on peut penser que la famine fut moins dure grâce aux poissons et aux coqillages (E. Boutin Pays
de Retz p 74)
Deuxième moitié du XIe siècle (à partir de 1050) : les religieuses du Ronceray d’Angers et les moines de Redon
s’installent au Bourg des Moutiers ; les moines de St Jouin de Marne s’installent à Prigny ; les moines et la
population mettent les terres en valeur. C’est la prieure des Moutiers qui détient le pouvoir seigneurial temporel
sur la majorité du territoire des Moutiers.
Gravure du Bulletin de la Société des Historiens du Pays de Retz hors série 2014 « Le patrimoine
des bourgs du pays de retz (Patrice Pipaud) »
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1055-1060-1092 : Apparition de monastères à Machecoul, Bois-de-Céné et les Moutiers
Vers 1055 : Adénor (femme de Judicaël, seigneur de Prigny) donne aux religieuses du Ronceray d’Angers les
terres des Moutiers pour y fonder un prieuré ; Adénor avait déjà été en Terre Sainte et voulait s’y rendre à nouveau ; ses fils la convainquent de remplacer ce pèlerinage par un don aux religieuses.
1060 : le port de Prigny est encore utilisable d’après la carte d’Agats (probablement en fin d’utilisation); le
poulier (cordon de galets) aurait été alors à 500 m environ devant le pied du coteau ; il se développe vers le sud).
Reconstitution de Prigny, seconde moitié du XIe siècle (Jean Mounes)
1066 : conquête de l’Angleterre par Guillaume le Conquérant
1066-1087 : Robert Courte-Heuse se révolte contre son père Guillaume le Conquérant, roi d’Angleterre : des
navires anglais capturent les bateaux qui sortent de la baie de Bretagne.
1095 : La première croisade est prêchée sur nos côtes du Pays de Retz par Robert d’Arbrissel.
XIe siècle : les habitants de Saint Cyr créent un nouveau port à Bourgneuf ( ce qui correspond aussi à la fin de
l’utilisation du Port de Prigny).
A partir du XIe siècle, on construit les premières digues appelées aussi « chaussées » afin de mettre hors d’eau
ces nouveaux terrains repris sur la mer. La plus ancienne digue pourrait être, à Machecoul, la chaussée Monnier
(monnier : moines) ; à cette époque la limite des marées hautes correspond à une ligne allant de Fresnay jusqu’à
l’île Chauvet à Bois-de-Céné (Grande Ile à Fresnay, puis vers le sud en direction de l’îlot calcaire de Saint-Denis,
île Jean à Bois-de-Céné, île Chauvet, hameau des îles de Châteauneuf). A l’ouest de cette limite, en se dirigeant
vers la mer, vont naître des milliers de marais salants.
Fin XIe siècle : la limite des plus hautes marées dans la baie de Bretagne est une ligne Fesnay-île Chauvet ; mais
la marée se fait sentir jusqu’à Machecoul via les étiers
DOUZIEME SIECLE
XII-XIIIe siècles : le bassin de Millac s’enfonce encore jusqu’à Lyarne derrière la flèche dunaire du Collet qui
s’allonge vers le sud.
XIIe siècle : L’ancien port, Prigny, dut être abandonné et un nouveau se fonda plus à l’est à Bourgneuf.
1148-1158 XIIe siècle : le géographe arabe Al Idrissi décrit la ville de Bourgneuf comme une jolie ville où sont
un chantier, un port et des bazars (vers 1148-1158).
1152-1154 : en 1154, mariage d’Aliénor d’Aquitaine avec Henri II Plantagenet, après son annulation de mariage
avec Louis VII en 1152
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Entre le XIIe et le XVe siècle : développement des marais salants en Baie de Bretagne sur plus de 10000 hectares ;
l’îlot de Bouin s’étendait sur plus de 10 fois sa surface initiale.
1152 : à cette époque, les donations aux monastères étaient fréquentes ; nous voyons, cette année 1152, un Aimeric Flandrin donner, à l’abbaye de Buzay, des salines qu’il possède dans le marais de Saint-Cyr-en-Retz.
Lanterne des morts des Moutiers (XII-XIIIes siècles)
1152 : Saint-Cyr est encore dénommé « en mer », ce qui laisse supposer que l’océan bordait encore une partie
de la paroisse de St Cyr.
1154-1399 Les Plantagenets sont rois d’Angleterre.
1160-1170 : Henri II Plantagenêt et ses fils lancent l’idée d’une « grande levée d’Anjou ( la Grande Turcie) » ;
Henri II vient à Saumur en 1161 ; Philippe Auguste, Saint Louis puis les Valois jusu’à Louis XI et Charles VIII
poursuivent la réalisation de 1179 à 1498 ; l’extension de ces levées sur la Loire va accroître la sédimentation
dans la baie de Bretagne.
La première grande période d’endiguement se situe vers le XIIe siècle : c’est alors l’époque des défrichements
de forêts, des essarts, de l’extension générale des terroirs. L’historien Marc Bloch notait : « la conquête du sol
inculte ne s’est pas, dans l’europe occidentale, opérée selon un rythme uniforme ; la conquête la plus forte
coïncide avec la période de 1050 à 1250 ».
MOYEN-AGE : le sel de la Baie et la Hanse ; la guerre de Cent ans
TREIZIEME SIECLE
XIIIe siècle : la flèche dunaire du Collet est formée mais ne se prolonge que jusqu’à ce qui à l’heure actuelle est
la localisation des écluses de Millac par une langue dunaire incurvée vers l’est ; la baie ou le bassin de Prigny/Millac vient encore atteindre presque le niveau de Lyarne ; un château est créé sur cette dune
XIIIe siècle : citées depuis les débuts de la documentation au XIIIe siècle mais évidemment plus anciennes,
les chaussées de mer, de tracé discontinu, étaient majoritairement situées à l’ouest et au sud-ouest de l’ile
de Bouin. Les réparations mentionnées au chapitre des mises dans les comptes de la seigneurie (1468-1469)
ou dans ceux de l’abbaye de Buzay (1505-1512) apportent d’utiles précisions sur leur construction. Toutes
étaient faites de bri amoncelé consolidé par des galets et des pierres (bri ou bry : sols argileux des marais).
Edifiées sur des schorres, les chaussées paraissent pas avoir été d’une grande hauteur à la différence des
futures digues construites sur les slikkes au temps des polders. Il faut attendre les registres des chaussées
datées de 1600 et 1662 pour disposer d’indications chiffrées. La hauteur habituelle était alors de 7 pieds
soit environ 2,3 mètres, ce qui permet d’évaluer la surcôte de la mer lors d’un « vimer ». (Norois N°222
p98-99 Jean Luc Sarrazin).
Au moyen âge : autour de chaque récif rocheux, les vases se sont accumulées ; les gains réalisés étaient déjà assez
grands pour que des prieurés s’établissent sur plusieurs de ces îlots, afin de conquérir les lais de mer : la Chaume
de Machecoul, Saint Martin de Machecoul,la Madeleine de Quinquénévent, l’île Chauvet.
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Au XIIIe siècle, les îlots calcaires de la Baie de Bretagne (à Fresnay, Machecoul, Bois-de-Céné) ne sont plus
séparés que par d’étroits étiers, permettant un développement très important des salines.
1235 : Le nom de Bourgneuf apparaît ; Bourgneuf devient un port majeur pour l’exportation du sel : les salines
de la partie nord du marais apparaissent au XIIIe XIVe siècles.
1236-1276 : colmatage du Dain dans la partie sud du marais; les marais salants s’étendent de Bois-de-Céné à
Châteauneuf. La Baie de Bretagne est une véritable Baie.
1270 : les premiers grands bateaux apparaissent en Baie de Bretagne pour venir chercher le sel.
Au XIIIe siècle : création du port du Loyau, ce qui prouve que Saint Cyr même n’est plus accessible directement
de la mer ainsi que Machecoul.
1276 : première mention faite du commerce maritime du sel entre l’Allemagne et la Baie de Bretagne.
1280 : création de la Hanse des Villes teutoniques et d’Europe du nord.
QUATORZIEME SIECLE
Fin XIIIe siècle et début XIVe siècle : la Normandie est un client important du sel de la baie de Bretagne (le
Collet) ; la Seine est un axe de commercialisation du sel vers le bassin Parisien.
Le Collet aux XIII-XIVemes siècles
Au XIVe siècle, est créé le Port du Collet avec son fort ; le port qui se limite à un port de quelques centaines de
mètres de diamètre au niveau des actuelles écluses de Millac, débouche sur la Baie de Bretagne où les navires
peuvent mouiller.
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Au XIVe siècle la capacité de production des salines de la Baie est phénoménale ; la Baie de Bretagne est le
« grenier à sel » de l’Europe par les ports du Fresne, des Grands Prés, du Coutarin, de Loyau…
1332 : le couvent des Cordeliers de Bourgneuf est fondé par Girard de Machecoul, seigneur de Bois-Onain ( en
Bourgneuf).
De 1337 à 1453 : notre littoral est quasiment sous contrôle anglais : guerre de cent ans entre la France (Les Valois)
et l’Angleterre (Les Plantagenets et successeurs).
Le 24 juin 1340, lors de la bataille navale de L'Écluse (Sluis en Flandre zélandaise), le roi anglais Édouard III,
prétendant à la couronne de France, anéantit la flotte de son rival, le roi de France Philippe VI de Valois, devant l'estuaire du Zwin, ce bras de mer (de nos jours ensablé) qui mène à Bruges.C'est la première bataille
d'importance de la guerre de Cent Ans.
Dans les années 1340, Philippe VI de Valois crée la Gabelle en France ( pas en Bretagne indépendante ) ; le sel
du devoir est obligatoire ; il est interdit de voler de l’eau de mer.
1342 La flotte de Louis d’Espagne débarque en Baie de Bretagne. Les espagnols alliés de Charles de Blois s’emparent du Collet et des environs entre janvier et novembre ; en décembre, 3 escadres anglaises débarquent des
troupes et chassent les espagnols. Les anglais s’établissent sur notre sol, le dévastant complètement. Ils occupent
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Noirmoutier et le littoral du Pays de Retz. Ils font subir au pays toutes sortes d’exactions et percoivent l’impôt.
Ils enlèvent notamment le sel de plusieurs années. Ils reviennent en 1358 et en 1359. Les habitants ruinés abandonnent cette contrée de malheurs, laissant les terres en friche. Les salines restent « en gast ». De lourdes contributions frappèrent ceux qui restèrent.
1342: Milles de Thouars, seigneur de Bouin, autorisa ses vassaux à armer contre les « malivéas « (pillards) et à
construire une tour pour s’y retrancher ; des défenses furent établies à la pointe de la Coupelasse.
1350 : Foulques de Laval à Prigny et Mariot de Mareuil à Noirmoutier ; les anglais ont un camp retranché au bois
Orain (Bourgneuf).
Vers 1350, Edouard III d’Angleterre (1312-1377) accorde facilement des autorisations d’importer en Angleterre
du sel de Bourgneuf.
Vers 1351? Maurice (ou Morice) du Parc se fait battre par les Anglais sous les murs de Prigny.
1359 : A partir de 1359, le capitaine du Collet est un anglais Gautier Huet qui devient le 20 mars 1362 gouverneur
du Collet , nommé par le roi d’Angleterre, Edouard III. Le Pays de Retz est dans le trouble. Gautier Huet est
avant tout un homme de guerre. Au siège de Bécherel en 1363, il figure parmi les principaux chefs anglais. Le
26 novembre 1363, il est présent à la signature d’une trêve dans le duché de Bretagne, jusqu’à Pâques. Un an plus
tard, au siège d’Auray, Gauthier Huet manque bien de périr. « Charles de Dinan fit voler la cervelle de Cantorberi
et Beaumanoir à coups de hache, Gauthier Huet fut relevé et sauvé par Olivier de Clisson ». La guerre continuera
avec parfois de courtes trêves et Gauthier lui aussi poursuivra la lutte. Il sera tué dans le Nord de la France au
cours d’une de ses nombreuses batailles.
1363 : escarmouches et Insécurité dans le marais (Prigny, le Collet)
1360-1400 ?: Froissart : « la Bay de Bretagne est l’un des plus beaux havres de notre pays » ; les ports de la bay
sont alors Bourgneuf, Bouin, port de la Roche ; au XVe , les relations de la baye avec la hanse deviendront très
importantes.
1366 : la Loire va devenir une route principale du sel, ce qui va renforcer l’importance considérable de Nantes.
Le sel est acheminé de la Baie par l’estuaire, mais aussi par le Tenu. Un port fut établi à Saint Même le Tenu.
1370- 1383 : la Hanse monopolise le commerce vers la mer Baltique, l’Europe du Nord et les Pays de l’est,
notamment pour la commercialisation du sel de la Baie de Bretagne (Bourgneuf-le-Collet) ; des maisons à matelots existent à Noirmoutier et à Bouin.
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Bataille navale anglo-flamande en Baie de Bourgneuf en 1371 (Chroniques de Froissart)
1378 : un navire de commerce venu de Danzig fut capturé par les vaisseaux de guerre anglais. Les anglais tuèrent
le patron, après lui avoir coupé les doigts pour lui prendre ses anneaux, et le jetèrent à la mer ainsi que ses trois
matelots.
1381-1399: le duc de Bretagne Jean IV développe une marine armée pour protéger les convois de commerce (à
Nantes, Saint Malo et Morlaix).
1383 : Vingt navires au port du Collet qui emmènent aux îles Britanniques 156 charges de sel soit 71% des achats
pour conserver les poissons.. On relève 3 irlandais, un de Bristolet, deux de Blakeney (Norfolk). La Normandie
devient un des principaux clients ; les Dieppois enlèvent 17% du sel vendu au Collet entre avril et août.
1383 et années suivantes : l’église de Noirmoutier est détruite par les Anglais et quelques années plus tard une
flotte anglaise de 140 vaisseaux commandée par D’Arundel débarque des troupes au bois de la Chaise mais le
château ne peut être pris.
1398 : Le 31 décembre, un ouragan renverse un grand nombre d’édifices dans le Comté Nantais ; il se fait ressentir plus particulièrement dans la baie de Bourgneuf, où il aplanit un grand nombre de marais salants, ruinant
tout à la fois les propriétaires et les travailleurs.
Fin du XIVe siècle : le Duc de Bretagne Jean IV ( duc de 1365 à 1399) crée une taxe pour financer un système
de convoi pour protéger les transports de mer.
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1399: renversement d’alliance du Duc de Bretagne Jean V en faveur du Roi de France et en défaveur du Roi
d’Angleterre (Jean V dit le Sage est Duc de Bretagne de 1399 à 1442).
QUINZIEME SIECLE
Au XVe siècle, la Bretagne institue le « convoi »; deux escadres armées en guerre font le voyage pour convoyer
les navires à destination de l’étranger
1400-1499: le littoral de la Baie de Bretagne : Les atterrissements avaient sensiblement augmenté la superficie
de l’île de Bouin, sauf à sa partie nord-ouest. Il en était de même pour Noirmoutier en sa côte est, près de Barbâtre.
A partir du ruisseau du Pont-Royal ( La Bernerie ) jusqu’au Collet, un cordon de dunes s’était formé très en avant
des dunes qui existent maintenant. Obstruant l’embouchure de l’étier de Millac, les dunes avaient obligé l’étier à
se jeter dans le Dain, là où il aboutit actuellement. Les eaux s’étaient retirées depuis longtemps déjà du territoire
qu’occupe le marais des Moutiers ; le petit golfe qui se terminait sous les murs de Bourgneuf n’était plus qu’un
large et profond canal ; de la partie sud de cet étier à Port-la-Roche, la mer n’avait pas reculé d’un kilomètre en
moyenne ; de cet endroit à Beauvoir, son retrait était irrégulier atteignant un kilomètre à Port-la-Roche, au sud
de ce port, plus de deux kilomètres par le travers de l’île Chauvet et insignifiant à la hauteur de Beauvoir.
Le bras de mer du Dain était ainsi considérablement rétréci, tout en restant très important encore. Un large mouillage allant de la Coupelasse au Collet et du Collet à Port-la-Roche formait « la Baie » qui se prolongeait dans
l’estuaire du Dain. Le golfe de Machecoul n’existait plus ; pratiquement, il était innavigable depuis plus de cinq
cents ans.
1401 : Echouage de dauphins au Bois de Céné.
1403 : la Diète de la Hanse interdit la navigation l’hiver dans les mers au nord du Pas-de-Calais, car trop dangereuse ; Il était interdit de naviguer entre la Saint-Martin (11 novembre) et la fête de la chaire de Saint-Pierre à
Antioche (22 février). Seuls étaient alors autorisés à entrer dans les ports de la Hanse, les bateaux transportant
des harengs ou de la bière. Pour eux l’interdiction était réduite de la Saint-Nicolas (6 décembre) à la Chandeleur
(2 février).
1408 : En rade du Collet, d’après le « Cartulaire de Retz » relatant un naufrage survenu le dimanche 4 mars,
vingt-cinq nefs étaient arrivées en Baie pour y prendre cargaison. Le 4 mars 1408, le premier dimanche du
Carême, survint un vimer (tempête exceptionnelle ou ouragan ; vimère=vimaire= « vis major »=force
majeure). Vingt-cinq grosses barques qui étaient ancrées dans la « Baye du port du Collet » pour y charger
du sel, furent drossées à la côte sur les rochers entre Bouin et le Collet. La tempête n’avait pas été longue
mais violente comme le sont toujours les vimers (pas d’indication de submersion).
Lors de ce même ouragan, = »vis major »=force majeure »).un vaisseau Quimper Corentin, chargé de sel et
ancré au Collet par 3 grandes ancres fut envahi par l’eau. L’équipage fut obligé d’abandonner le navire
(6 se sauvèrent, 2 se noyèrent). Les riverains pillèrent le bateau, le considérant abandonné. Le sergent de
Prigny arriva trop tard. Il y eut un long procès entre Madame de la Suze, dame du Bois Orain en Bourgneuf
et le baron de Rais, chacun prétendant avoir le droit exclusif de bris des naufrages. Ce droit de bris accordait
à son possesseur la propriété pleine et entière de tout navire trouvé en mer, sans en exempter la monture
et le chargement, mais si le navire était mené à la côte par les sauveteurs, ceux-ci recevaient le tiers de sa valeur.
1408/1409: à Dieppe, 83% du sel déchargé a été apporté par des navires bretons. C’est par la Seine que le sel du
Collet arrive jusqu’à Rouen et Paris pour être acheminé ensuite jusqu’à Reims.
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1422-1461 CHARLES VII , roi de France
1412-1431 épopée de Jeanne d’Arc
1425-1440 : Hostilités entre Bretagne et Hollande ; en 1438, les Bretons capturent 18 navires hollandais près de
Nantes. En 1440, traité entre le duc de Bretagne et le duc de Bourgogne qui règne alors sur les Pays-Bas.
1429: Arthur de Richemont est connétable de France de 1393 à 1458 ; il a été fait prisonnier pendant 5 ans après
la bataille d’Azincourt de 1415; il est compagnon d’armes de Jeanne d’Arc, notamment à la bataille de Patay en
1429 ; le Duc de Bretagne est alors Jean V dit « le Sage » de 1399 à 1442 ; Jean V est un Duc qui ménage les
influences anglaises et francaises ; Arthur de Richemont deviendra lui-même le Duc de Bretagne, Arthur III en
1457-1458. Le Comté de Richemont ( Richmond) est un Comté en Angleterre, héritage de l’aide des Bretons à
Guillaume le Conquérant lors de sa conquête de l’angleterre en 1066. Ce Comté Breton en Angleterre sera un
moyen de pression permanent pour les Bretons.
1436 : Traité de Bourgneuf entre espagnols et hanséates
25 aout 1439 : Gilles de Rais arrive au couvent des Cordeliers à Bourgneuf qui est alors la capitale du sel; il a à
Bourgneuf une rencontre orageuse avec le Duc de Bretagne ; dans ce couvent, il viole et tue un jeune brestois
d’une quinzaine d’années, Bernard Le Camus, qui avait été envoyé à Bourgneuf par sa famille pour apprendre
le français.
1445-1645 : pendant deux siècles, il y a des relations régulières entre la Bretagne et la Hollande ; les Bretons
transportent surtout le sel de la Baie de Bourgneuf ou des côtes de Charente ; Nantes était le deuxième chantier
naval en Bretagne après Penmarc’h ; les marins de Nantes sont estimés des habitants de Middelburg (Zélande,
Pays-Bas)..
1432-1442-1448 : la ville d’Amsterdam a tous ses bateaux en Baie de Bretagne ; Bruges demande à Lubeck 50
navires pour transporter du sel de la Baie ; Reval (Tallinn, Estonie) a 59 navires qui ramènent du sel de Bourgneuf.
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1449: toute le flotte de la Baie est capturée par les Anglais soit 110 navires. Les anglais débarquent à l’île d’Yeu.
Au milieu du XVe siècle, le sel breton (Baie et Guérande) représente 80% du ravitaillement en sel de la Grande
–Bretagne ; on est à l’apogée du sel de la Baie (qui va se prolonger jusqu’à 1485).
Au milieu du XVe siècle, les Moutiers étaient le village le plus pauvre du Pays de Retz, car c’était un village de
sauniers.
Pierre II ( duc de Bretagne de 1450 à 1457) renforce l’organisation de la milice paroissiale ; les habitants du
littoral doivent veiller à la garde des côtes ; le duc a 2000 hommes armés permanents avec lui ; il peut lever 40000
soldats.
A partir de 1450, apogée de production de sel dans le marais Breton
1450-1530: les Bretons commercent avec le sud de l’Angleterre ( de Southampton jusqu’à Bristol).
1450-1484-1550: Prépondérance commerciale des Bretons entre 1470 et 1484 au port de Damme, accès de
Bruges, conjointement avec les Espagnols et les Portugais ; croissance de la proportion des navires bretons à
Anvers et dans ses avant-ports jusqu’au milieu du XVIe siècle.
Fin du Moyen Age (1453 ou 1492) : le Goix devient praticable ; le port de Bourgneuf est à 2 Km de l’océan.
1452 : bagarre entre marins Hollandais et Anglais à Bourgneuf ; en 1452, des matelots prussiens commirent des
excès à Bourgneuf, ils pillèrent la maison d’un commerçant en vue, mutilèrent un barbier et massacrèrent
quelques bourgeois.
1457-1458 : Arthur de Richemont qui est connétable de France de 1425 à 1458, entre à Nantes triomphalement
en 1457 ; il repousse les Anglais à Bourgneuf en 1458.
1457-1458 : défense est faite par Arthur III, duc de Bretagne, aux habitants du nord qui viennent prendre à
Bourgneuf des chargements de sel, de descendre à terre en « habillement de guerre ». Par son ordonnance du 19
avril 1458, Arthur III porta « prohibition aux allemands étant à Bourgneuf de non-descendre à terre en habillement de guerre. Cette prescription est une preuve de l’importance qu’avait alors le commerce du sel , aussi bien
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que le lieu où il s’exerçait, c’est-à-dire Bourgneuf. Cette interdiction sera renouvelée le 5 janvier 1467 par le duc
François II.
1458 : débarquement anglais à Noirmoutier et sur la côte de Bourgneuf mais Catherine de Luxembourg ( la duchese de Bretagne ) , en l’absence du Duc son époux (alors près de Charles VII à Tours), prend de bonnes et
promptes mesures. Elle empêche le débarquement avec des brûlots jetés sur des navires anglais qui voulaient
débarquer à la Coupelasse ; les anglais rembarquent immédiatement. Les habitants saisissent un navire anglais et
emprisonnent les marins britanniques.
1461-1483 Louis XI, roi de France
1465-1521 : les Bretons commercent avec Arnemuiden (Middlebourg, province de Zélande, Pays-Bas).
1468 : le duc de Bretagne François II réglemente le délestage des bateaux en baie de Bourgneuf
1468 : François II disait que le port situé dans la baie était « un des plus beaux havres où abondent marchands et
marchandises plus qu’en tout autre havre de notre pays » (havre= haven ou havene =port, refuge en Hollandais).
1470 : mévente du sel de la Baie en mer Baltique (par surproduction)
1472 : Louis XI marche avec son armée contre le Duc de Bretagne ; il envahit le duché et les Marches communes ;il détruit en passant Champtocé, Ancenis, la Guerche ; il dévaste le pays de Retz et fait brûler le bourg
de Bouin ( 31 mai 1472).
1474 : Les navires viennent chercher le sel à Bourgneuf en convois au printemps en Baie de Bretagne ; en 1474,
77 navires viennent chercher du sel dans la nébuleuse portuaire de la Baie de Bretagne ; la Baie est un port
international avec de nombreux métiers.
C’est au début de l’automne que tous les navires de commerce des mers du Nord et de la Baltique hissent les
voiles et rejoignent Bruges. Ils se regroupent alors en convoi d’une centaine, parfois, pour descendre sur Bourgneuf où ils arrivent début du printemps.
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Gdansk (Danzig) sur la côte de la mer Baltique Polonaise
En 1474, 74% des navires sauniers pénètrent dans la Baie de février à juin. En trois mois, 88% du sel va être
chargé – dont 45% en avril. Cette année-là, on a compté 77 navires dont 30 hollandais, 18 allemands, 6 flamands.
Six hollandais venaient de Kampen (province d'Overijssel, dans les Pays-Bas ), 15 allemands de Danzig et 5 flamands
de l’Ecluse. Au retour, toujours en 1474, sur 403 navires entrés au port de Danzig, 71 viennent de la Baie. Mais
pendant le séjour des navires dans la Baie, une vie intense animait Bourgneuf et les îles de Bouin et de Noirmoutier. Les bateaux n’étaient pas tous au Collet. Les plus gros restaient au large et les autres se répartissaient dans
les nombreux petits ports tout autour de la Baie, et même dans les étiers. C’était une « nébuleuse portuaire ». Il y
avait des navires partout. Et partout, on déchargeait les produits du Nord, mais aussi ceux du Midi. Bourgneuf
était un port international. Les Espagnols apportaient des vins, des fruits, de l’huile, des épices et repartaient avec
du sel bien sûr, mais aussi des poissons séchés, surtout du hareng. Quant aux bateaux du Nord, on complétait les
chargements avec des produits du Midi. Parfois des pèlerins pour Saint-Jacques de Compostelle embarquaient
pour Vigo ou Pontevedra (Galice).
La prospérité de Bourgneuf se voyait aux belles maisons bourgeoises, construites à proximité du port. Elles existent toujours entre les Halles et la Perception, ainsi que dans la rue des Marins. On les reconnaît à leurs grands
porches. Les armateurs, les juristes, fonctionnaires des Fermes du Roi (non les moins nombreux), les jaugeurs
de navires, les interprètes «intelligents en langues étrangères» et les notaires, tous aisés, contribuaient à l’essor
économique de la ville.
Se rajoutent les capitaines des vaisseaux et leurs aides, le commissaire aux classes de la Marine, les archers de
Marine, les contrôleurs de la Rade, les pilotes lamaneurs, les nombreux apothicaires «farmaciens et seringueurs »,
les chirurgiens, les docteurs de la faculté de Montpellier, les nombreux boutiquiers et cabaretiers, et l’armée des
sans-grades, les cordiers, berniers, voiliers, tisserands, tailleurs et coloyeurs.
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1474 : L’étier (de Bourgneuf) est si envasé que les bateaux ne passent plus. En 1474, «l’étier est tellement rempli
de boe et des terres que aujourd’huy ne se peut y conduire ny mener en bateau, ne autre navire, tant petit soit-il,
aucunes denrées ne marchandise…Les charroys et charges de bestes à travers le marais qui est tellement enfondus
que il n’est cheval, charrette ne personne qui à peine en puysse yssir (sortir) et à plus grand coust que si les
marchandises étaient conduites par ledit estier».
Aux environs de 1475, le duc de Bretagne Francois II passe des traités de commerce avec le Portugal, l’Angleterre, la ligue hanséatique, l’Espagne, la Scandinavie et la Savoie ; la Bretagne est autorisée à commercer avec
les Turcs.
1475 : Louis XI prit une ordonnance accordant aux habitants de la Hanse la liberté de trafic et même de résidence
dans la Baie…
1483-1498 Charles VIII , roi de France
1485 : pas du tout de production de sel en Baie de Bretagne ; les navires de la Hanse rentrent en mer Baltique sur
lest.
1487 : Les Normands saisissent devant Bourgneuf deux gabarres chargées de sel.
Vers 1488 à 1491, la Duchesse Anne invente le droit de « troque » qui permet de troquer du sel contre du blé
(une mesure de blé pour 3 mesures de sel), dans le territoire de la Gabelle.
1483-1562 EPOQUE MODERNE : La Renaissance
1492 Découverte de l’Amerique par Chistophe Collomb
1492 : En Juin, 45 navires chargés de sel furent brûlés en même temps par les anglais.
1496 : Charles VIII ayant à soutenir la guerre en Italie, demanda à la Bretagne deux grandes caraques, ou vaisseaux. Vu l’importance commerciale de Bourgneuf, des députés furent envoyés à Nantes pour délibérer sur cette
demande. Nantes construisit deux navires de mille tonnes, construction à laquelle contribua, financièrement,
Bourgneuf.
SEIZIEME SIECLE
1498-1515 Louis XII , roi de France
1500-1580 : Un Poitevin, de la Poplinière, écrit : « la Bretagne est le Pérou de la France » (grâce à sa production
de sel).
1500-1599 ( XVIe siècle) : l’apogée de la production de sel est atteinte au XVIe siècle, époque à laquelle Nantes
reçoit au moins 6000 vaisseaux par an apportant le sel de Guérande et de Bourgneuf. Les lieux d’embarquement
sont innombrables ; un faible tirant d’eau permet l’accostage contre la rive vaseuse en pente douce des étiers et
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le sel est embarqué directement à fond de cale sur une planche. Ainsi on embarque à Pierre-Millac des Moutiers,
au Port-Ouril , au Port de l’islette, à ceux de Jalberge et du Coutarin en Bourgneuf ( Michel Tessier Le Pays de
Retz au Moyen Age). Les navires au plus fort tirant d’eau restent ancrés en rade du Collet ; on les charge par des
allèges.
1509 : Vimer à l’île de Bouin, à Noirmoutier et dans le sud-est de la Baie : « De grandes et excessives eaux
et marées surmontèrent les levées et chaussées faictes pour la deffense et conservation de la dicte isle
(Bouin), tellement que ycelle fut submergée, les moulins y estant et les dittes chaussées rompues desmollyes
et abattues… ». Anne de Bretagne exempta les Bouinais de tous devoirs pendant cinq ans. Lors de cet ouragan,
la mer rompt la digue de Pulant et envahit la plaine de la Guérinière à Noirmoutier (Jean-Louis Eugène,
Noirmoutier).
1515-1547 Francois Ier, roi de France
1517 : c’est à cette époque, sous le règne de François 1er, que commence cette longue série d’augmentations sur
le sel. La Bretagne s’en ressent par la multiplication des greniers où cette marchandise devait être déposée et par
la nomination de nombreux agents institués pour prévenir ou réprimer la fraude.
1523 (février) : Les officiers de Noirmoutier saisissent la cargaison de sucre et de poissons salés d’un navire
espagnol capturé par le corsaire dieppois Furon.
1524 Guerre de François Ier et Charles Quint : les espagnols s’établissent au Pilier, puis à Bouin, Beauvoir,
Noirmoutier, Barbatre et au Collet. La flotte espagnole jette l’ancre dans le Fain.
1526 : François 1er décide la réparation des chaussées et digues du marais breton.
1532: Deuxième séjour de François Ier en Bretagne (en mai) ; François Ier fait une entrée solennelle à Nantes ; il
n’est pas populaire en Pays de Retz parce qu’il ne défendait pas la côte et qu’il a établi un impôt sur le sel ; l’édit
de Plessis-Macé réunit la Bretagne à la France (3 septembre).
1533-1534 : les relations commerciales continuèrent à être très étroites entre la Bretagne et les ports des PaysBas. Le port d’Arnemuiden (province de Zélande, Pays-Bas), par exemple, recut 808 navires bretons en 15331534. Les Bretons s’étaient assurés une sorte de monopole pour le transport du sel et du vin, des épices, du beurre,
de l’or, du plomb et de l’étain.
1541 : Les noces «salées» de jeanne d’Albret: en 1541, on trouve des traces de la perception de la taxe sur le sel
dans le marais, où elle était naturellement fort impopulaire. Les noces de Jeanne d’Albret venaient d’être célébrées à Châtellerault et furent malicieusement appelées, à cette occasion, des « noces salées », car elles coutèrent
fort chères, dit la chronique. Un impôt sur le sel fut à la suite de ces Noces salées. Supprimé temporairement en
1544 par crainte d’une révolte, la taxe fut rétablie et augmentée 4 ans plus tard. ( Nota : Henri IV était le fils de
Jeanne d’Albret qui lui légua la religion protestante)
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1542 : plus de 200 navires mouillent en même temps au Collet. Il faut se représenter tous ces bateaux aux formes
différentes, aux noms inconnus : Vaessel, Scaff, Barge, Kogge, Floyn, Craer, Hulque , pénétrant dans la baie de
Bourgneuf, poussés par des voiles prussiennes, hollandaises, anglaises ou danoises. Avec des marins de nations
différentes, parfois en guerre, la vie de Bourgneuf n’était pas toujours de tout repos.
1547-1559 Henri II , roi de France
1548 : Une nouvelle augmentation a encore lieu sur l’impôt du sel. Henri II accorde à Saint Cyr et Bourgneuf une
exemption d’impôt et de fouage pendant huit ans pour les indemniser des pertes de marais éprouvées par les
envahissements de la mer qui, dans une effroyable tempête, avait rompu les digues et les chaussées .
XVIe siècle : Les bateaux du port de Bourgneuf aux XVe et XVIe siècles: l’exportation du sel de la Baie se
faisait surtout par les navires étrangers mais quelques bateaux étaient attachés au port de Bourgneuf. Aux XVe
et XVIe siècles, ce n’étaient guère que des barques pour la pêche ou les transports à bord des navires en rade ;
quelques barques d’un tonnage supérieur (10 à 50 tx) se livraient au petit cabotage et chargeaient du sel pour la
côte de Bretagne et surtout pour Nantes.
La Réforme 1515-1536 (1483-1546 Martin Luther ; 1509-1564 Jean Calvin) ; rupture protestante : 1520 ;
durcissements dogmatiques des confessions vers 1560
1545-1563 : Le Concile de Trente initialise la Réforme Catholique (appelée de façon plus simpliste la ContreRéforme)
1562-1598 EPOQUE MODERNE : La Réforme-Les Guerres de Religions
Mi XVIe siècle : le calvinisme du Pays de Retz sera le fait de la petite noblesse, comme dans le Bas-Poitou. C’est
un protestant du nord de la Loire, René d’Avaugour, seigneur de Saffré, qui essaiera d’accrocher la religion
réformée à la rive gauche du fleuve. Il avait épousé Renée de Plouer, fille de Pierre de Plouer, seigneur de la
Cruaudais en Frossay et du Bois Rouaud. Il va donc créer une église et faire venir un ministre d’Aigrefeuille .
L’Eglise de Frossay ne vécut pas plus de cinq ans, mais elle connut une certaine prospérité et essaima aux Moutiers et à Prigny. En effet la châtellenie du Bois des Tréhans , aux Moutiers appartenait alors aux Plouer.
Mi XVIe siècle : des huguenots existent à Prigny (Les Moutiers) et à Bourgneuf pendant un siècle du fait de la
Baie de Bretagne sous influence des Réformés du Nord de l’Europe.A Prigny, les huguenots restèrent un siècle,
donc beaucoup plus longtemps qu’à Frossay. Ceci s’explique par la proximité de la baie de Bretagne. Hollandais,
Anglais et Prussiens avaient adopté la Réforme et étaient en contact permanent avec les riverains de la Baie du
Sel. Un temple protestant fut édifié à Bourgneuf, et les archives ont gardé la trace d’une adjudication d’un petit
terrain pour servir de cimetière aux huguenots en 1674. A Bouin et Beauvoir, on signale des mariniers protestants.
On ne peut évaluer quelle fut la mainmise des Hanséates sur le protestantisme du Pays de Retz. Mais on ne peut
la nier. Cette influence nordique disparut avec le déclin du commerce international du sel au Collet et à Bourgneuf.
Mi XVIe siècle :; quant à Noirmoutier, on ne connaît pas exactement l’importance du protestantisme dans l’île.
On sait seulement que l’église de Barbâtre fut saccagée en 1543 et qu’en 1557 un pasteur y fut envoyé de Genève.
Il s’appelait Jean de Ponvers et venait du Périgord. Il semble avoir disposé d’appuis et de coreligionnaires sur
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place. Toutefois il n’apparaît pas que la religion nouvelle ait suscité un grand nombre d’adhésions à Noirmoutier,
puisqu’on voit, après la prise de Beauvoir par Henri de Navarre, les catholiques venir y chercher refuge et protection. Les bateaux protestants relâchaient au Pilier, signe que Noirmoutier était catholique.
Vers le milieu du XVIe siècle : 14000 muids de sel arrive à Nantes (deux tiers de la Baie de Bretagne, un tiers de
la presqu’île Guérandaise) ; la ville de Nantes en consomme un tiers et deux tiers partent en amont sur la Loire
Dans les années 1550, les havres du pays de Retz sont gardés par les archers de l’arrière-ban du diocèse de Nantes
1555 : Production de sel : Beauvoir+Noirmoutier+Bourgneuf+Les Moutiers+Port la Roche+ Bois de Céné=5096
muids
1556: Henri II succède à son père François Ier en 1547. Mais en 1547, l’ennemi espagnol est toujours là, sous
l’autorité de Philippe II. Et un nouveau débarquement va être tenté entre Bourgneuf et Pornic, principalement à
La Bernerie et à la Joselière. Les espagnols échouent car la côte est défendue avec acharnement par les gardescôtes, appuyés par tous les habitants valides. Nous avons même une lettre, datée du 5 mai 1556, dans laquelle
Regnaud de la Touche en Saint-Cyr en Retz, écrit au duc d’Etampes, gouverneur de la province, résidant à Nantes,
« pour qu’il veille activement à la sûreté des côtes du Pays de Retz, principalement sur celles de Bourgneuf et
de Pornic ». Il lui fait part d’ailleurs de la tentative manquée de débarquement.
Un an plus tard, les Espagnols parviennent à enlever plusieurs navires de commerce devant l’Epoids.
A cette époque, l’îlot du Pilier, qui avait été à maintes reprises un abri pour les pirates, devient une vraie citadelle
de corsaires.
1556 : L’exemption d’impôt accordée à Saint Cyr et Bourgneuf est prolongée.
1557 : Dès le début d’octobre, les navires de la mer du Nord et de la Baltique font voile pour rejoindre Bruges,
où la flotte se rassemble, puis en convois, souvent protégés par les navires de guerre ;ils font route en direction
de la baie de Bourgneuf ( dit baie du sel) .Parfois une centaine de navires se retrouvent dans la rade du Collet,
mais on en a dénombré plus de 250 dans une année.
1558 : La Noue de Saint-Cyr (auprès de Fresnay) se convertit au protestantisme ; il est capitaine de Navarre ; il
devient « Bras de Fer » suite à une amputation à la bataille de Fontenay de 1570 ; il est un des grands hommes
de guerres du Pays de Retz, le « Bayard des Huguenots » ; il est « l’homme qui valait plus qu’une province ».
1560-1574 Charles IX , roi de France
1562: les protestants de La Rochelle occupent Beauvoir , enlèvent les récoltes de sel mais ne s’y maintiennent
pas.
1562-1569 : trois escadres anglaises montées de calvinistes de La Rochelle font route vers le Pilier ; tous les ans,
les huguenots viennent rafler tout le sel et tout le blé de la région du Pays de Retz.
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1562-1580 : les 7 premières guerres de religion ont peu d’impact en pays de Retz.
Le calvinisme ne s’est pas vraiment implanté au Pays de Retz, pas plus qu’à Noirmoutier ou à l’ile d’Yeu. Il n’y
guère que des infiltrations. C’est sans doute pour cette raison que les sept premières guerres de religion firent peu
de mal dans la région. Pourtant quelques églises catholiques souffrirent des huguenots : Bouaye, Bois de Céné et
île Chauvet.
1562-1569 : les corsaires venus de la Rochelle s’emparent de l’Ile de Noirmoutier.
1563 : Charles IX prolonge l’exemption d’impôt accordée en 1548.
1566-1623 EPOQUE MODERNE : La Réforme catholique ( Pie V,Grégoire XIII,Sixte V,Paul V,Grégoire
XV)
1568-1648: guerre de 80 ans entre les Pays Bas et l’Espagne (révolte des Pays Bas contre l’Espagne)
1570 : Henri de Navarre (huguenot) s’est emparé de Marans et Luçon ; il met le siège devant Fontenay et Les
Sables.
1571 : l’exemption d’impôt est encore prolongée cette année.
1572 : Henri de Navarre et ses huguenots attaquent l’île de Bouin avec l’aide d’une flotte commandée par les
anglais ; installé à Marans, Henri contrôle presque tout le Bas-Poitou.
1572: destruction des écluses sur l’Acheneau pour faciliter l’écoulement des eaux et la navigation vers SaintMême-le-Tenu et Saint-Philbert-de-Grand-Lieu.
1572: massacre de la Saint Barthélemy (nuit du 23 au 24 août 1572): aucun massacre en Bretagne
1574-1589 HENRI III, roi de France
Vers 1575 : Bourgneuf, Pornic, Bouin, Beauvoir et Noirmoutier ont de nombreux adhérents au calvinisme.
L’année 1575 est calamiteuse pour Bourgneuf, le sel est si rare que son exportation est formellement interdite.
Sous Henri III (1575-1589), une flotte espagnole sous les ordres de Don Diego Brochera entre dans la Baie, et
mouille dans le Fain, attaque la côte puis se retire après avoir perdu 800 hommes.
Vers cette époque d’Henri III, les navires morutiers français commencent à être « amarinés » par les corsaires
de toutes nations.
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Ex-voto de morutier en l’église st Pierre des Moutiers
1581: Machecoul devient la capitale du Pays de Retz à la place de Rezé.
1582: le château du seigneur de Beauvoir qui est protestant est assiégé, pris et la garnison massacrée ; les protestants sont traqués en pays de Retz.
1584: un édit de 1584 définit les principes de la garde de la côte.
1585: nouvelle prolongation d’exemption d’impôt
1588: les protestants bloquent Bourgneuf et l’île de Bouin, que tiennent la Ligue ou la Sainte Union ainsi que
l’appelait ses partisans. Pour délivrer ces places, Henri III envoie ses troupes.
4 octobre au 23 octobre 1588, Henri de Navarre prend Beauvoir sur Mer ; après la bataille, de nombreux habitants
de Beauvoir se réfugient à Noirmoutier en barques (le Gois n’existe pas); Henri de Navarre y nomme un gouverneur ; il n’y va pas lui-même en raison de la tempête.
1588 (octobre): sur mer, Henri de Navarre donne l’ordre à ses bateaux de quitter l’embouchure de la Loire et de
bloquer la baie de Bourgneuf ; il lève le camp de Vertou et renonce à prendre Nantes ; Henri de Navarre se
dirige vers Machecoul, attaque Machecoul sans la prendre ; il s’empare de Loyau en Fresnay, brûle l’île Chauvet,
occupe Prigny et le Collet ; l’île de Bouin capitule.
1588 : Henri de Navarre contrôle le Pays de Retz, et notamment le Collet, Prigny, Lyarne… ; Le Collet est repris
par la Couronne puis à nouveau repris par Henri.
1588: Henri de Navarre repasse difficilement le Dain à partir de Bouin, reprend le Collet, installe des troupes à
Lyarne, à Coupelasse et à la Bernerie ; il bat les troupes de la Couronne à la Bernerie au lieu dit le Poteau puis
assiège Pornic ; il installe son camp à Arthon.
1588 : Henri de Navarre dîne chez le sieur de la Sicaudais : « Pour vivre heureux, vivons en bonne intelligence
avec nos voisins, n’ayons point de dettes, prenons du temps avant le mariage…» «Imitons le seigneur de la Sicaudais, contentons-nous de ce que nous avons ».
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1589-1610 Henri IV, roi de France
1591: le Pays de Retz était tout entier opposé à la Ligue ; mais en guerre civile, on ne ménage guère plus la bourse
de ses amis que celle de ses adversaires ; aussi, par une ordonnance, Charles de Gondy, duc de Retz, lève-t-il des
deniers sur Bourgneuf, pour pouvoir s’opposer aux ennemis du roi.
1592 (4 avril): Henri IV annonce son intention d’être instruit dans la religion catholique.
1593: Henri IV abjure la foi protestante le 25 juillet 1593 à Saint-Denis ; fin de la période la plus dure pour le
pays de Retz.
1593 : Henri IV avait abjuré le protestantisme, acte politique d’une grande importance, mais tout n’était pas
encore rentré sous son obéissance; et le Duc de Mercoeur, qui voulait faire valoir ce qu’il considérait comme son
droit sur la Bretagne, agissant en souverain, prolonge en faveur de Saint-Cyr et Bourgneuf, les exemptions d’impôt accordées par Henri II et par Charles IX.
1595
Le Galion de Madame la prieure du Bourg des Moutiers est arraisonné en Loire par des pirates de mer.
Les pirates de mer s’emparent de 10000 clous à ardoise et de 3000 clous à latte destinés à la réfection de l’église du prieuré.
L’anecdote illustre l’insécurité de la limite nord du pays de Retz considéré comme une presqu’ïle.
1589-1610 EPOQUE MODERNE : Henri IV
1598 : Edit de Nantes
1599 : Henri IV vend les premiers lais au Hollandais Homfrey Bradeley mais les golfes de Machecoul et Soullans
ne sont pas encore suffisamment desséchés. La première vente de lais de mer qu’on trouve dans les archives
remonte à l’an 1599 ; elle fut consentie par Henri IV à un Hollandais du nom de Homfrey Bradeley, désigné
comme étant « maître des digues de France » avec le privilège de pouvoir faire des dessèchements pendant 15
ans. Son exemple ne fut pas suivi pendant de longues années ; le commerce du sel et le négoce maritime absorbaient alors les esprits et un siècle s’écoula avant que l’on songeât à tirer parti des vasières en formation depuis
l’Epoids au sud du Dain jusqu’à la Coupelasse.
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Le port de Bourgneuf fut à son tour envahi par les atterrissements quand l’espace qui le séparait de la côte eût été
envasé, puis aménagé par l’homme aux XVIe et XVIIe siècles; Bourgneuf ne communiqua plus avec la mer que
par un étier, encore large et profond au XVIIIe siècle.
DIX SEPTIEME SIECLE 1600-1699
XVIIe siècle: les Hollandais prennent le monopole du commerce du sel de la Baie de Bretagne aux villes de la
Hanse; au XVIIe siècle, la situation des marais salants de la Baie s’améliore par rapport à la deuxième moitié du
XVIe siècle (vimers et guerres de religion) ; mais les Hanséates ont définitivement perdu la prépondérance qu’ils
avaient eue à Bourgneuf au XVe siècle. Les Hollandais les avaient supplantés et avaient presque monopolisé le
commerce de la « Baie », comme ils avaient à peu près accaparé tout le trafic mondial à cette époque, notamment
celui du port de Nantes. Ils allaient eux-mêmes porter le sel jusque sur les rives de la Baltique. (le siècle d’or
hollandais : 1584-1702)
XVIIe siècle : Les marins de Bourgneuf vont pêcher la morue à Terre-Neuve
1607: traitrise au château de Beauvoir: Henri de Loudenais, fils de Françoise de Rohan, s’aboucha avec le capitaine Jean, commandant du château de Beauvoir, ce dernier lui promit de le lui livrer. Mais quand Loudenais y
fut entré avec une faible escorte, les portes se refermèrent sur lui et il y demeura prisonnier.
1610-1643 EPOQUE MODERNE : Louis XIII
Le 14 mai 1610, Henri IV mourait assassiné.
En 1622, le jeune roi Louis XIII, à peine majeur, descendit au pays de Retz ; les provinces du sud de la Loire
étaient en pleine anarchie. Benjamin de Rohan Soubise, chef des Huguenots de la Rochelle, menaçait Noirmoutier
et le littoral de la baie avec 10000 hommes.
1617 : vers cette époque, les Espagnols attaquent les barques de l’estuaire de la Loire ; en 1617, les Barbaresques
attaquent un navire de Pornic et emmènent l’équipage en captivité à Alger ; les Barbaresques attaquent surtout
les morutiers.
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Vers 1617 : les Bouinais écrivent au roi qu’ils ont chassé plusieurs pirates qu’ils ont fait prisonniers ; nombreuses
attaques biscayennes sur les navires de commerce.
1620 : le fort du Collet est en ruine.
1622 : Beaucoup plus tard après les incursions de 1562-1569, les huguenots attaqueront les galères du roi dans la
baie de Bourgneuf. En 1622, le futur maire de La Rochelle, Guiton, s’échoue sur les « bœufs ».
Galère royale ; Jean Guiton à l'Hôtel de Ville de La Rochelle, jurant de défendre la ville jusqu'à la mort
1625 : Les Protestants de Soubise voguent de nouveau au large de la Baie avec 39 navires ; la « Vierge » se fait
sauter le 15 août 1627.
1626 : Pour se distraire, sans doute, de la sanglante tragédie qui fut jouée sur la place du Bouffai à Nantes où
Henri de Talleyrand, Comte de Chalais, eut la tête tranchée, une sœur de Louis XIII vint à Bourgneuf pour y voir
la mer, « pour jouir du magnifique spectacle de la mer si dangereuse en ces parages ».
1627-1628: le siège de La Rochelle, ordonné par Louis XIII et commandé par Richelieu, commence le 10 septembre 1627 et se termine par la capitulation de la cité, le 28 octobre 1628.
Richelieu utilise des marins de la Baie (de Bretagne) pour la construction de la digue du siège de la Rochelle ;
il réquisitionne chaloupes et chattes en Baie de Bretagne.
Le siège de La Rochelle
1628 ? Bouin refuse une garnison du gouverneur du Poitou.
La Rochefoucauld, gouverneur du Poitou, ayant voulu imposer une garnison de 300 hommes à Bouin où il craignait une descente de calvinistes, les habitants refusèrent de la recevoir ; leurs maisons furent pillées et leur île
occupée. Toutefois Louis XIII se rendit à leurs raisons en considération de leur belle conduite en 1627.
1630: les tâches de police littorale et de convoyage sont confiées à 40 navires dont 10 pour la Bretagne (Référence : Patrice Pipaud Bulletin des Historiens du Pays de Retz N°29 p16).
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1631 : le recteur de la paroisse des Moutiers en Retz initialise l’idée de construire un magnifique retable dans le
chœur de l’église saint Pierre des Moutiers ; la Réforme Catholique ( ou de façon plus simpliste la Contre-Réforme) a pris forme un siècle plus tôt au Concile de Trente ( 1545-1563) : l’ornementation baroque va apparaître
au XVIIe siècle en France avec pour but de provoquer l’émotion mystique.
1635: nos marais de la Baie connurent en 1635 les luttes contre Richelieu appelées « guerre du sel » que dirigeait
Chalais, frère du comte de ce nom, exécuté à Nantes le 30 août 1620, pour avoir conspiré contre le cardinal.
1634 puis 1636 puis 1638: tentatives d’installation d’un intendant en Bretagne par le Roi de France; sédition aux
cris « Vive le Roi sans gabelle ».
Vers 1640 : venus du Grand Ouest francais, une quarantaine de familles s’installent en Acadie ; certains habitants
originaires de la baie de Bourgneuf ont pu être à l’origine de l’Acadie
1641 : Un originaire de Beauvoir (André Bernard) est enrolé pour l’Acadie
1643-1715 LOUIS XIV, roi de France
1643-1715: la Baie est organisée pour se défendre des escadres ennemis se présentant en raison des guerres de
Louis XIV (guet de mer, gardes-côtes).
1646: un large mouillage de Coupelasse au Collet et du Collet à Port-la-Roche forme la « Baie de Bretagne » qui
se prolonge dans l’estuaire du Dain ; Port-la-Roche est devenu le port de Machecoul (avec les Prés du Port dans
le marais de Machecoul).
1646: l’effet des marées se fait encore sentir à Machecoul ; les prairies dénommées aujourdhui Marais étaient des
marais salants.
Vers 1648, les Hollandais prennent le monopole du commerce du sel de la Baie de Bretagne à la place de la Hanse
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1648: l’île du Pilier est pleine d’oiseaux, ses seuls habitants ; c’est un endroit à pirates et corsaires ; les flottes
ennemies y croisent fréquemment ; une batterie sera installée pour prévenir l’approche ennemie surtout anglaise.
1584-1702 : Siècle d’or Hollandais
Amsterdam au XVIIe siècle: encaquage des harengs
1650-1701. La Baie, en apparence aussi vaste qu’au XVe siècle est considérablement réduite à marée basse dans
son étendue navigable par les vases qui l’ont envahie ; en 1696/1701, la Baie ne se compose plus que d’un large
chenal commençant à Roche-Bonnet, petit îlot qui existe toujours, fréquenté par les chasseurs de gibier de mer.
Ce chenal, large de 1,2 à 1,5 km donne accès à Millac très envasé et à l’étier de Bourgneuf demeuré accessible
aux gros navires, puis il conduit à Port-Robart et à Port-la-Roche, où le cardinal de Retz s’embarque pour BelleIle en 1654. Son père, le duc de Retz, y avait réuni une petite flottille de ses domaines pour assurer son départ.
Les sondes mesurent encore à cette époque près de 11 mètres d’eau à basse mer entre Roche-Bonnet et le plateau
de la Northe et pas moins de 5 mètres à basse mer à Port-la-Roche. De là à Beauvoir, dans le Dain, il reste de 2 à
3,5 mètres de profondeur d’eau.
1650 On peut estimer que c’est vers cette époque que se développe la pêche à la morue sur les bancs de TerreNeuve
1640-1745 A Bourgneuf, les gentilshommes, anciens commerçants ou gens de loi, constituent la portion la plus
huppée de la population, ils ont droit au port de l’épée et ils apprennent à s’en servir.
Etienne Roussineau est « maître en fait d’armes » de 1739 à 1745 et leur donne des leçons. Il y a eu certainement
des duels pour les beaux yeux de quelques belles bourgeoises. Un marin a laissé sa vie, Joyer d’Ingleuville,
lieutenant de la frégate « la lutine », capitaine monsieur de Guivilinic, tué dans une rencontre en 1695. Les gens
cultivés utilisent l’épée pour régler leurs différents. Les humbles de Bourgneuf utilisent des armes plus simples,
mais le résultat est le même.
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La ville de Bourgneuf est dotée d’une milice bourgeoise. Certains y exercent les fonctions de sergent d’armes,
Jean Cormer en 1640, d’autres y sont capitaines ou capitaines-majors : Pierre Cohau 1625, Pierre Gallot 1692,
Jean Dorré 1725, d’autres enfin portent le titre de général d’armes : Julien Gauchet 1685, Honoré du Bois 1712.
1650 un armateur de Nantes Joubert sollicite et obtient de Louis XIV l’autorisation de bâtir une maison, sur
les ruines du Fort du Collet ; il y fait construire une maison qu’il habita fréquemment quand il venait surveiller
à Bourgneuf ses navires armant pour Terre-Neuve.
A cette époque, il y a toujours un port au pied du château du Collet (port de Millac, Port Ouril). La maison de
Joubert est à quelques centaines de mètres du port de Millac/Ouril et du chenal qui va à Bourgneuf.
Terreneuviers françois pour la Pesche de la Morüe fraiche sur le banc de Terreneuve et de la Morüe seiche au
Chapeau Rouge. – Gueroult du Pas – 1710 (Gallica-BNF)
1651 (mai) « L’Isle de Bouing est la plus basse de toutes des isles de la France » disait Louis XIV ; l’ile de Bouin
a multiplié par 10 sa surface.
Avril 1652 : Louis XIII longe les anciens golfes de Machecoul et de Soullans encore couverts par les hautes
marées lors de son expédition contre les huguenots.
1654 Au nord de Bouin, l’étier encore large permet l’accès des navires jusqu’à Port-La-Roche et le nouveau port
Sud : c’est là que la Cardinal de Retz prend le bateau pour Belle-Ile en 1654, après son évasion du château de
Nantes (après la Fronde) ; Port La Roche était un domaine de son frère.
Port La Roche de nos jours
20 août 1656 : Naufrage d’un vaisseau sur la Couronnée avec 8 habitants de La Plaine
Le 20 août 1656, un texte de La Plaine nous raconte que Jean Dronet, pilote, perdit son vaisseau sur la Couronnée.
A bord il y avait huit habitants de La Plaine et le reste de l’équipage était du Migron ; ne se sauvèrent que deux
du Migron sur un quartier du navire à la côte de La Plaine.
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A partir de 1660 : Politique de Louis XIV pour convertir les protestants au catholicisme
Mai 1664 : Sur l’ordre de Colbert, une enquête fut prescrite sur la situation de la marine en France. Cette Enquête
fut faite en mai 1664 dans le Comté Nantais. Elle nous apprend que, sur les 49 navires à deux ponts recensés (de
45 à 300 tonneaux dont 10 dépassent 100 tonneaux),Bourgneuf en possédait sept dont trois déclarés à Nantes et
quatre à Bourgneuf. En considérant le tonnage des navires attachés à son port, Bourgneuf occupait alors dans
notre région le troisième rang , après Nantes et le Croisic. Pornic le suivait de près. On a compté parmi les navires
armés à Bourgneuf sept vaisseaux à deux ponts de cent tonneaux et plus.
Mai 1664 Enquête de Colbert sur les chantiers navals : les chantiers les plus importants se trouvaient entre le bois
actuel du Collet et l’Etier de Millac ; on construisait là des vaisseaux de 80 tonneaux ; on y radoubait « les navires
étrangers qui avaient subi des avaries en cours de route » ; il y avait d’autres chantiers en bordure de l’étier de la
Taillée , à l’entrée de Bourgneuf, entre les Moulins de la Charreau et la ville ; on ne s’y occupait que des petites
embarcations.
Mai 1664 : Enquête de Colbert sur les pêcheurs à la morue sur les bancs de Terre-Neuve
L’enquête de 1664 montre qu’à cette époque des navires de Bourgneuf se rendaient chaque année sur le banc de
Terre Neuve pour la pêche à la morue. Il est impossible de savoir exactement à quelle date cette nouvelle industrie
prit naissance, mais elle se développa dans la seconde moitié du XVIIe siècle.
1645-1667 : construction de la seule église d’architecture baroque de France, l’église du Val de Grâce à Paris, à
l’initiative de la Reine Anne d’Autriche, élevée dans les principes stricts de la Contre-Réforme.
1655-1670 : réalisation du retable baroque de l’église st Pierre des Moutiers par Jean le Jau et Jean Boffrand.
L’Art Baroque répond à l'un des objectifs du concile de Trente : rétablir les « images » (tableaux, statues de
saints...) et leur rôle dans l'exercice de la religion catholique car, ces « images » sont remises en cause par les
Protestants qui estiment qu'il n'y a pas besoin de « décoration » pour être proche de Dieu. L'art baroque est donc
lié au catholicisme reconquérant de la fin du 16e siècle jusque dans les années 1760 en Europe.
A partir de 1670 : Au XVIIe siècle, les îliens de Noirmoutier font fleurir le commerce clandestin de tabac en se
lançant dans une importation massive.Ce trafic prend son essor après 1670 lorsque le tabac de Saint-Domingue
est placé sous un monopole que Louis XIV confie à la Marquise de Maintenon, qui s'empresse de le revendre.
Le monopole fixe des prix de vente trop élevés et d'achat trop bas, incitant les planteurs à écouler le tabac vers
les colonies de l'Amérique du Nord. C'est le début de la fortune de la Virginie. Des sociétés de « faux tabatiers » se structurent, impliquant toutes les couches de la société îlienne de Noirmoutier pour réguler le trafic.
Du tabac de Virginie, du Maryland, de Hollande, de Martinique ou de Saint-Domingue fait marcher le négoce.
De gros navires marchands hollandais ou anglais approvisionnent l'île. Un circuit de petites embarcations
(chattes) permettent l'acheminement illégal sur le continent.
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1672-1678 : guerre de Hollande (Français et Anglais sont alliés); Louis XIV fait saisir tous les navires hollandais
qui sont venus chercher du sel en Baie de Bourgneuf ; en 1672,à Paimbeuf, on saisit les navires Hollandais,
interrompant le traffic vers Nantes ; les guerres de Louis XIV sont fatales pour l’économie « extravertie » de la
Bretagne.
.
1673: début de la traite négrière à Nantes
1673 le « pré carré » : à l'origine de cette expression, la lettre adressée par Vauban à Louvois en janvier 1673 :
« Sérieusement, Monseigneur, le roi devrait un peu songer à faire son pré carré. Cette confusion de places
amies et ennemies ne me plaît point. Vous êtes obligé d'en entretenir trois pour une. Vos peuples en sont tourmentés, vos dépenses de beaucoup augmentées et vos forces de beaucoup diminuées, et j'ajoute qu'il est presque
impossible que vous les puissiez toutes mettre en état et les munir. Je dis de plus que si, dans les démêlés que
nous avons si souvent avec nos voisins, nous venions à jouer un peu de malheur, ou (ce que Dieu ne veuille) à
tomber dans une minorité, la plupart s'en iraient comme elles sont venues. C'est pourquoi, soit par traité ou par
une bonne guerre, Monseigneur, prêchez toujours la quadrature, non pas du cercle, mais du pré. C'est une belle
et bonne chose que de pouvoir tenir son fait des deux mains ».
1674 : Louis XIV est en guerre avec les hollandais et ceux-ci qui pendant longtemps ont fréquenté la baie de
Bourgneuf, en paisibles commerçants, y envoient cette année une de leurs célébrités, l’amiral Tromp , qui menace
l’entrée de la Loire et tente une descente sur la côte. A la première nouvelle de cette tentative, la milice nantaise
vient en aide aux gardes-côtes ( ou guet de la mer) et bientôt les hollandais s’éloignent de ses environs.
La France de Louis XIV est en guerre, depuis la Franche-Comté jusqu’à la Bretagne contre les impériaux, les
espagnols et les hollandais.L’Angleterre n’intervient pas mais l’existence menaçante de sa flotte pèse sur les
décisions politiques françaises.Louis XIV décrète un embargo sur les navires hollandais.
1674: l’île de Noirmoutier est attaquée par les Hollandais car elle est bien connue des hollandais qui y ont apporté
leurs techniques d’assèchement.
1674 (juillet): l’Amiral Hollandais Trump mouille sa puissante flotte de cent bâtiments et dix mille soldats entre
la Couronnée et Pierre Moine; toute l’entrée de la Baie est fermée ; il occupe Noirmoutier pendant 3 semaines;
incursions à l’Epoids, les Claudis et la Bernerie notamment ; défense héroïque du prieur de la Blanche.
1674: la France est en pleine lutte avec les hollandais. :« Le 3 juillet, le matin, parut , proche du Pilier, une flotte
composée de 80 voiles, commandée par les généraux Horn et Tromp, laquelle mouille l’ancre dans la baie. Elle
battit et détruisit le 19 juillet la ville de Noirmoutier, prit le château, démolit deux tours, réduisit l’île à composition, exigeant 80 000 livres qu’elle dut payer et emmena comme otages un certain nombre d’habitants. Parmi eux
se trouvaient le prieurde Noirmoutier et André Joubert, fils du Joubert qui s’était installé à Barbatre et petit-fils
du Joubert qui s’était installé au Collet en 1650. Ils attendirent deux ans avant que la rançon convenue ne fut
payée. Une tradition dit que c’est pendant ce temps qu’André Joubert composa la fameuse chanson et marche
« Auprès de ma blonde » (tradition confirmée tant du coté francais que du coté hollandais).
1674: Colbert, secrétaire d’Etat à la Marine, réactive le service et organise un système de croisières permanentes
de surveillance des côtes et de convoyage des navires marchands
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1677: le navire Saint Nicolas entièrement chargé se fait amariner juste à l’embouchure de la Loire par des navires
cachés au Pilier.
1677 : un bateau de Pornic, la Marie-Angélique, se fait prendre par un corsaire hollandais caché au Pilier ;
Cette même année plusieurs autres navires chargés de sucre comme « L’Espérance » de Saint-Gilles ou la « Marie-Anne » de La Rochelle sont amarinés en doublant le Pilier et leur cargaison de sucre est conduite à Amsterdam.
1677: Vauban définit le « pré carré » de la France.
Années 1680: missions de Vauban en Bretagne pour renforcer les défenses littorales
1680 : le Dain n’a plus qu’un kilomètre de large et 2 à 3,5 mètres de profondeur ; Début du XVIIIe : le Dain fait
300 mètres de large.
1681-1699: Bourgneuf doit avoir une dizaine de pilotes lamaneurs pour conduire les vaisseaux au port . Le rôle
de ceux-ci, d’après l’ordonnance de 1681 sur la marine, était de conduire les vaisseaux au port, de visiter la rade,
de lever les ancres abandonnées, de prévenir l’Amirauté des obstacles nuisibles à la navigation. Le règlement de
1699 en avait établi 10 à Bourgneuf : mais le nombre des pilotes vraiment aptes à exercer leur difficile métier
était rarement égal à celui fixé officiellement. En 1699, le mouillage de Bourgneuf est toujours recommandé aux
pilotes.
1681 : l’édit de 1584 qui définit les principes de la garde de la côte est repris dans l’ordonnance de la Marine de
1681.
1682-1686 : des calvinistes de Pornic et des Moutiers se convertissent au catholicisme.
1685 : révocation de l’édit de Nantes
1688-1697: guerre de la Ligue d’Augsbourg (Angleterre, Espagne, Provinces Unies) sous Louis XIV ; les corsaires espagnols, anglais, biscayens, flessinguois autour du Pilier
1696 (juillet): l’Amiral Hollandais Russel croise à l’entrée de la baie de Bretagne dont l’amiral Tourville était
venu inspecter les défenses, sans pouvoir s’y maintenir
1694: les îles sont intégrées dans le système de défense.
1697: A la fin de la guerre de la ligue d’Ausbourg, à la mort de Colbert, Vauban , homme de Louvois , inspire la
nouvelle politique du « pré carré » à la frontière du littoral ; on fait des tranchées à Mindin et on y dresse une
batterie de canons ; on commence les travaux du fort de l’île du Pilier qui sont achevés en 1714 ; des corps de
garde sont installés à la pointe St Gildas mais cette batterie est en ruine en 1746
30 Janvier 1699: le mouillage de Bourgneuf est recommandé aux pilotes : en dehors des facilités commerciales
qu’elle présentait, la rade de Bourgneuf était particulièrement appréciée des navigateurs surpris par le mauvais
temps. Le règlement de la marine du 30 janvier 1699 accordait même un supplément de salaire aux pilotes au cas
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de relâche forcée dans la Baie.« Au respect des pilotes qui monteront des navires… et les conduiront dans la Baie
de Bourgneuf et les ressortiront hors de danger, leur avons taxé par chaque vaisseau le tiers au-delà de ce qui est
contenu dans la dite taxe ».
DIX HUITIEME SIECLE 1700-1799
Début XVIIIe siècle : le chenal du Dain conserve encore au début du XVIIIe siècle une largeur de 300 mètres. Il
est en partie occupé par de longues « mattes » parallèles.
L’isle de Bouin au début du XVIIIe siècle
Vers 1700 : Nantes est le premier port d’Europe (grace notamment aux bateaux de sel puis de 1700 à 1830 à la
traite)
1701 : première mention sur une carte géographique d’un passage permettant de rallier l’île de Noirmoutier au
continent
A partir de 1702 : abandon progressif en baie de Bourgneuf ( y compris Noirmoutier ) des aires saunantes millénaires de 25 m2 pour des œillets Guérandais de 60 m2 en raison de leurs meilleurs rapports
1705 : Le 30 décembre un ouragan fait pour 200000 francs de dégâts à Bourgneuf, tant en sel, blé et bestiaux. La
mer atteint par endroit vingt-cinq pieds de hauteur (25x30cm=750 cm).
Une ordonnance interdit de vendre du sel hors du domicile du débitant et seulement aux heures de jour. Le transport du sel ne peut se faire que sous surveillance spéciale.
1706 : sur le Dain, un navire de fort tonnage du port de Pornic, échoua ; on en retira 3 canons qui serviront à
augmenter les défenses des batteries côtières.
1706 : « le seul nom de gabelle inspire la haine » ; les gabelous sont détestés
La gabelle, lourde à supporter pour le peuple était une source de beaux profits pour l’état et les fonctionnaires
intéressés à son recouvrement mais aussi détestés que la taxe. Dès septembre 1706, Ferrand, intendant de Bretagne, écrivait au contrôleur général : « Il serait utile de créer des inspecteurs pour mesurer les sels, mais la haine
qu’inspire le seul nom de gabelle rendrait l’entreprise périlleuse » De temps à autre, des percepteurs trop zélés
payèrent de leur vie leur dureté et une vieille tradition raconte qu’on en enterra quelques-uns dans le sel au Collet
un peu avant la révolution.
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1701-1714 ou 1712 ou 1715: Guerre de Succession d’Espagne (lutte France-Espagne contre Angleterre-Hollande); les anglais croisent tous les printemps dans la Baie ; les corsaires de Jersey sont installés au Pilier et sont
un danger pour toute la navigation; en 1711, les corsaires Flessinguois et Jerseyois font les pires ravages ; le roi
de France demande de reprendre l’ile du Pilier et d’y mettre une garnison.
Les corsaires de Jersey et Guernesey interceptent toute la navigation entre Nantes et Bordeaux. Là encore le Pilier
devient leur base. Nous sommes d’ailleurs maintenant en pleine guerre de Succession d’Espagne (1701 -1712) et
chaque année, dès l’arrivée du printemps, les bateaux anglais croisent dans la Baie.
Sa Majesté (le roi de France) envisage sérieusement de fortifier le Pilier.
A partir de 1708, les courriers échangés entre les commissaires des classes de Noirmoutier et le ministère sont
fréquents.
Le 25 juillet 1708, Une lettre adressée à Monsieur le Maréchal de Châteaurenault explique : « des Corsaires de
Gerzé sont établis au Pilier ; ils peuvent voir tout les bâtiments qui viennent de La Rochelle, de Bordeaux et de
la Manche. Il demande de reprendre l’ile et de mettre un détachement de soldats de Nantes ».
En Octobre 1708, le roi donne des ordres pour finir la batterie et d’établir un logement et d’autres commodités
tant pour loger l’officier et les soldats qui y seront envoyés que pour mettre en sûreté les poudres et ustensiles de
cette batterie. L’ordre est donné à des frégates de chasser les corsaires du Pilier et une inspection y est faite par
l’ingénieur de Belle-île.
A partir de 1711, construction d’un fort au Pilier, la piraterie endémique se ralentit en Baie de Bretagne.
Les soldats qui seront en garnison au Pilier se révolteront en 1713. Mais la batterie sera d’une grande utilité pour
protéger à l’avenir l’entrée de la baie de Bourgneuf L’année où les Flessinguois et les Jerseyois firent le plus de
ravages est 1711. La guerre de Succession d’Espagne ( 1701-1715) , si elle est essentiellement terrestre , oppose
aussi sur les océans l’union navale et commerciale franco-espagnole à la coalition anglo-hollandaise. Le rôle des
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corsaires devient primordial.Les corsaires anglais du XVIIIe siècle sont surtout originaires de Jersey et Guernesey. Les pirates utilisent les îles inhabitées. Le Pilier, en face de l’estuaire de la Loire est leur repaire favori : ils
y guettent leurs proies sortant du fleuve.
1708-1733 ; la pêche à la morue sur les bancs de Terre-Neuve à partir de la baie de Bourgneuf
L’enquête de Colbert de 1664 montre qu’à cette époque des navires de Bourgneuf se rendaient chaque année sur
le banc de Terre Neuve pour la pêche à la morue. Il est impossible de savoir exactement à quelle date cette
nouvelle industrie prit naissance, mais elle se développa dans la seconde moitié du XVIIe siècle puisqu’un document officiel constate qu’en 1708, 15 bateaux du quartier de Bourgneuf se préparaient à faire route vers le banc :
1 de 300 tonneaux, 3 de 100 à 120 tonneaux, 11 de 60 à 80 tonneaux, armés chacun de 2 à 30 canons, avec un
total de 292 hommes d’équipage.
En 1710, les armements pour la pêche à la morue ont fortement baissé : 8 bateaux seulement, dont 2 de la Bernerie
Ils remontent légèrement en 1723 : 16 bateaux
En 1724 ; 12 bateaux
En 1725 : 13 bateaux
Le déclin est rapide, en 1726 : 5 bateaux
En 1732 : 2 bateaux
En 1733 : 1 bateau puis plus rien
Ces navires partaient de Bourgneuf chaque année entre février et mai
1709 : Sur une prise entrant à Paimboeuf, se trouvait en 1709 un capitaine francais de Bourgneuf nommé Arnaud.
Il s’était réfugié à Jersey « pour cause de religion » et s’était embarqué sur un corsaire anglo-normand. Il fut roué
vif pendant que son compagnon était pendu au « Pé de la Madeleine » à Nantes.
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1710 : Charles Ysembert enlève des marais de la baie 800 charges de sel, refuse de payer la charge à un prix
supérieur à 25 livres, bien que le sel vaut 55 à 60 livres.Le général de la paroisse de Bourgneuf élève une énergique protestation déclarant dans une délibération du 9 novembre 1710, que ce sera « la perte et la ruine inévitable
du pays ».Mais le plus terrible ennemi des salines, c’est la vase qui obstrue les canaux et empêche l’arrivée de
l’eau de la mer.
1710 : Une vielle tradition conservée jusqu’en fin du XIXe affirmait qu’un petit village existait jadis au lieu dit
« lyarne », entre les Moutiers et Le Collet et qu’avec ses débris fut construit un poste de douane en 1710. il avait
disparu en une seule nuit, « mangé par la dune » ; son importance devait être minime, car aucun document ne fait
mention de cet évènement qui n’a rien d’improbable si on considère ce qui se passe à quelques kilomètres de là
sur la « grande côte de Noirmoutier ».
1711 : Vers 1711, il existe sur le pourtour de la baie de Bourgneuf 191 579 aires de marais ainsi réparties :
Bourgneuf-St-Cyr
42 044
Les Moutiers
5 148
Sainte Croix de Machecoul 5 224
Fresnay
2 073
Bois de Céné
10 062
Beauvoir
10 028
Notre Dame de Monts
5000
Saint Gervais
5000
Ile de Bouin
80 000
Noirmoutier
27 000
TOTAL
191579
La production des salines de Bourgneuf au début du XVIII siècle est évaluée « par année commune à 12000
charges (de 6 720 livres) , mesure du lieu ( à 28 sacs par charge qui reviennent de 16 à 17000 muids de la mesure
de Paris ».
1712 : Une nouvelle tempête enleva six mille charges de sel
1715-1774 EPOQUE MODERNE : Louis XV
1715-1744 Paix navale entre la France et l’Angleterre
Au cours du XVIIIe siècle , le port de Nantes est à son apogée . Il était l’un des entrepots de la compagnie des
Indes. Mais Nantes se spécialisa dans le commerce honteux de la traite des noirs. Chaque année, une vingtaine
de vaisseaux chargés de cotonnades, de tabac, d’eau-de-vie, s’en allaient sur les côtes de Guinée. Avec ces marchandises, on achetait des noirs que les vaisseaux transportaient en Amérique. Les navires revenaient chargés de
denrées coloniales.
1716 : mouvements de 215 navires de commerce dans le port de Bourgneuf vers Amsterdam, Rotterdam, Ostende,
Bruges, Dunkerque, Le Havre, Bristol…
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1720 : les délesteurs René Ernaud (1720 ) et Antoine de Senailles ( 1723 ) veillent à ce que les gros galets ronds
( caille de mer ) qui servent de lest aux bateaux venus de Scandinavie et serviront à empierrer les rues de Bourgneuf ne soient pas jetés dans la rade. Elle se comble assez vite comme cela avec la vase. Mais malgré leur surveillance, nombreux sont les navires qui jettent la nuit par-dessus bord leur inutile cargaison.
Des mémoires rédigées en 1720 et 1724 dénombrent 44000 aires de marais salants dans l’île de Noirmoutier dont
4156 possédés par le seigneur ( 9,4%). Ce total correspond à environ 8800 œillets sur la base d’un pied moyen
de cinq aires pour un œillet.
1721 : la Ferme Générale garantit à partir de 1721 des prix fixes du sel pendant 6 ans ; La Baie entière devient la
fournisseusse de la Ferme qui après 1767 en acquiert le contrôle fiscal complet (cf 1767)
1723 : glaces à Nantes : des bateaux relâchent à Bourgneuf :en 1723, « l’Annibal » de Nantes, appartenant à la
Compagnie royale des Indes, relâche à Bourgneuf « à cause des glaces qui l’ont obligé de sortir et de relâcher
dans la baie de Bourgneuf pour y achever son armement pour la côte de Guinée », pendant que « la Catherine » de
Marseille, pour les mêmes causes, y complète son chargement pour Gênes ; négriers et marchands sont également
bien accueillis.
1725 : les mouvements de 437 navires (dont 76 de Hollande) dans le port de Bourgneuf : les navires viennent de
Zierickzee, Amsterdam, Rotterdam, Dantzig, Königsberg, Lubeck, Hambourg… Les Bretons assurent le cabotage.
1725 : La rade est couverte de vaisseaux, surtout lorsque la récolte de sel est abondante. 215 navires quittent le
port de Bourgneuf.
1733 : Des sanctions sévères sur la fraude du sel sont établies :
-mort pour les contrebandiers du sel, du tabac et autres marchandises, s’ils sont pris au nombre de trois et armés.
-même peine pour toute escorte de cinq hommes au moins accompagnant chevaux, bateaux…
-tout attroupement de cinq hommes armés trouvés la nuit dans une circonscription soumise à la gabelle
-les fraudeurs voyageant isolement sont punis de prison et d’amende, puis condamnés à mort en cas de récidives
-dans tous les cas, voitures, chevaux, marchandises sont confisqués
Ceux qui leur donnent asile doivent payer de fortes amendes. S’ils sont hôteliers, ils encourent la prison.
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1734 : Les chiens de contrebandiers sont à pied d’œuvre, exerçant leurs talents de passe du sel. Mais le 12 juillet,
le parlement de Rennes condamne à mort, sans rémission, les chiens. Il faut savoir que leur patron les enferme
plusieurs jours sans leur donner à manger. Et, après avoir attaché à leur col 12 à 15 livres de sel, les lâche la nuit.
Pressés par faim, ces chiens ne manquent jamais de retourner chez leur maître avec le sel.
Mars 1734 : Un gros navire français de 28 canons et 160 hommes d’équipage, le « Jason » appartenant à la
compagnie des Indes sortit de Lorient en mars, fait voile pour Pondichéry. Il doit pour éviter de sombrer, venir
s’échouer au fond de la Baie, à la suite de voies d’eau occasionnées par le mauvais temps et après avoir jeté à la
mer une partie des 600 tonnes de son chargement.
1737 : Il entre encore à Bourgneuf des navires de toutes grandeurs et on est libre de les tenir à flot ou de les
échouer ; le port de Bourgneuf est conseillé avant Pornic, le Pouliguen et le Croisic.
1738 : 151 mouvements de navires (32 hollandais) à Bourgneuf
10 mai 1738 : Les accidents de mer devaient être assez fréquents puisque le 10 mai 1738, Louis XV accorda une
Commission de garde-côte à Louis Dezaires pour veiller aux naufrages à Bourgneuf.
1740 : Il fait si froid cet hiver que la mer gèle et que les glaces arrêtent toute navigation dans la baie de Bourgneuf.
C’est une ruine pour tous les ports de le côte.
1741 (le 14-15 mars) : des fermes du marais sont inondées, les récoltes perdues, les digues et les chaussées renversées.
1741 : un navire de 600 tonneaux de Dantzig entre au port de Bourgneuf (tonneau anglais 2,83 m3x 600=environ
1700 m3 ; estimation).
1742 : le balisage des zones de délestage en baie de Bourgneuf ; la rade de Bourgneuf se comble inexorablement.
1744 : la marine francaise est inexistante ; on fait appel aux négociants pour armer un navire garde-côtes, le
Soleil, à l’entrée de la Loire.
1746 : M. de Caux présente un projet de canal de Nantes à Bourgneuf (jamais réalisé)
M. de Caux présente un projet de canal de Nantes à Bourgneuf,aux nantais à la recherche d’un accès à la mer
plus facile que celui de la Loire ensablée. Les autorités nantaises ne donnèrent point de suite à cette suggestion.
L’avenir a pleinement justifié leur attitude. C’eut été folie que d’attacher en 1746 la fortune de Nantes à celle
d’une rade jadis magnifique, mais que la vase implacable avait déjà condamnée à une irrémédiable déchéance.
1747 : Interprète juré, jaugeur juré au port de Bourgneuf ; le Commissaire des Classes a autorité sur le Quartier
(maritime) de Bourgneuf (de Saint Michel- Chef- Chef à Machecoul)
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Des fonctionnaires de la marine avaient leur résidence à Bourgneuf. Aux interprètes bénévoles qu’étaient les
marchands avait été substitué un « interprète juré » « intelligent en langues étrangères. »
A partir de 1747, on constate la présence d’un « jaugeur juré » des vaisseaux et autres bâtiments de mer. L’institution de ce jaugeur dut avoir pour cause les fraudes dont se rendaient coupables les capitaines de navires. Le
contrôle des déclarations de ceux-ci fait apparaitre des différences énormes entre le tonnage indiqué et la réalité.
Le jaugeur évalue à 150 tonneaux un navire déclaré à 90 , à 300 tonneaux un navire déclaré à 200 , à 570 tonneaux
un navire déclaré à 300.
Mais le principal représentant de l’Amirauté était le « Commissaire des Classes » dont l’autorité s’étendait sur
toutes les paroisses comprises entre Saint Michel Chef Chef et Machecoul, et qui formaient alors le « quartier » de Bourgneuf. Il avait sous ses ordres des employés subalternes, notamment des greffiers qui tenaient les
registres.
1749 Te Deum à Pornic le 2 mars 1749 pour célébrer la paix avec l’Angleterre après une guerre de 3 ans
Le XVIIIe siècle voit le comblement du Dain. Envasé, il ne permettra le passage de bateaux que de faible tonnage.
Dès cette époque, Bouin n’est plus une ile, des ponts permettent d’y accéder.
Dans la seconde moitié du XVIIIe siècle, le beau et grand canal du Dain, emprunté dans le passé par les bateaux,
deviendra le petit étier qu’il est encore de nos jours. Les vases sont parvenues à colmater cette voie d’eau. Les
petits ports du Dain deviennent inutilisables.
Au XVIIIe (1750), la « Baie » se limite au triangle Port-la-Roche, Le Collet, la Coupelasse
Au XVIIIe siècle, les vases avaient réduit la « Baie » à un mouillage encore vaste, puisqu’il était limité au sud
par le Port-la Roche, à l’est par le Collet et à l’ouest par la Coupelasse. Toutefois , cette petite mer intérieure
voyait son étendue fort réduite à basse mer ; ce n’était qu’en son milieu, dans le lit du Dain qu’on pouvait trouver
, entre le Collet et Port-la-Roche , de six à sept mètres d’eau en tout temps , profondeur plus que suffisante pour
les plus grands navires de cette époque.
Sa traversée n’était pas toujours aisée ; de nombreux accidents en font foi, notamment celui du 11 aout 1782, où
le bateau de passage coula avec de nombreux passagers, dont onze ne furent pas retrouvés.
1750-1753-1762 : les taxes sur le vin font baisser le nombre d’aubergistes d’un bon tiers entre 1753 et 1762 en
Pays de Retz ; en 1750, chaque pot de vin est taxé de six deniers pendant 9 ans, dans la zone de Bourgneuf pour
financer l’Hopital de Bourgneuf.
1751 (nuit du 14 au 15 mars) : un ouragan détruit le clocher de Bouin et provoqua une vaste inondation.
1752 : un navire anglais de 64 canons, le Jason, se perd dans le Dain sur un banc d’huitres appelé la « retraite des
œuvres » en voulant y pénétrer à la suite de navires de commerce francais auxquels il donnait la chasse et qui
s’échappèrent par l’extrémité opposée du canal ( cf 1734).
1753 : il n’y a eu que 53 navires à Bourgneuf.
1754 : une ordonnance de l’amirauté de Nantes fixe à 6 le nombre de pilotes ou lamaneurs en résidence à Bourgneuf.L’article 18 de cette ordonnance porte : « Les lamaneurs, qui, par ignorance, auraient échoué un navire
seront condamnés au fouet, et, pour jamais, privés du pilotage ; ceux qui l’auront fait méchamment seront mis à
mort ».On ne doit pass’étonner qu’y ait peu de volontaire.
1755-1757 Monsieur Robart, commandant de Bourgneuf, son lieu de naissance, fait construire entre la Taillée
et le Collet par ordre du Duc d’Aiguillon une chaussée d’environ 1500 mètres de long conduisant de la ville de
Bourgneuf à la mer, appelée chaussée Rabaud et aussi chaussée du Collet
1757 : il faut se méfier des fausses déclarations de tonnage des navires étrangers comme le signale Pelage Moraud
jaugeur de navires étrangers.
1759-1763 : attaques anglaises sur les côtes bretonnes ; Bataille des Cardinaux (1759) et prise de Belle-île
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(1761) : blocus de la Vilaine : l’axe Nantes-Brest est en quasi blocage fonctionnel ; blocage de l’estuaire de la
Loire et la baie de Bourgneuf par les Anglais
Vers 1760, les ports du Dain sont inutilisables
1764 : le tonnage des navires du port de Bourgneuf vient au troisième rang après Nantes et le Croisic, mais avant
Pornic. Des chantiers de constructions navales de Bourgneuf sortent divers bateaux appartenant à différents ports
du Comté Nantais. Les Chantiers du Collet construisent des bateaux de plus de 80 tonnes.
1766 : selon la tradition, première traversée du Gois par Auguste Gauvrit de Barbâtre
1767 : Grands chantiers d’endiguements de polders sur l’île de la Crosnière à la limite du Gois
1767 : la Ferme Générale garantit à partir de 1721 des prix fixes sur le sel pendant 6 ans ; La Baie entière devient
la fournisseusse de la Ferme qui après 1767 en acquiert le contrôle fiscal complet
1770 : l’étier de la Taillée permet aux bateaux d’aller jusqu’ à Bourgneuf ; il a plus de 60 mètres de largeur
« au plafond » et 12 pieds d’eau à basse mer
1768-1787 : les terres entre la route de Bouin, l’étier de la Taillée, l’Etier de Jalberge, le Collet sont polderisées
1771 : A Saumur, on juge les crimes de faux-sauniers ; les conditions de détention sont telles (plus de 200 morts)
que les prisonniers réclament qu’on les envoie au plus tôt aux galères du roi
1771 : les salines de Bourgneuf atteignent leur extension maximum avec 60 000 aires
1772 : Construction de la chaussée des Grands-Prés et des mattes des Ouvres pour poldérisation entre Port-laRoche et le Fresne et entre le Fresne et le Collet ; un pont de bois a été installé au Fresne sur le Falleron.
1774-1791 EPOQUE MODERNE : Louis XVI
1774 (février) : le vaisseau « le Duguay-Trouin » touche un bas-fond à l’entrée de la Loire et met pleines voiles
vers la baie de Bourgneuf pour sauver équipage et bateau
1775 : Bourgneuf , St Cyr et Fresnay comptent 40 000 œillets de marais salants, donnant environ 3000 charges
de sel.
1776 : la Loire grossie par les eaux de la fonte des neiges a permis de laisser circuler impunément plusieurs
bateaux de 24 rameurs chargés de faux sel
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1777 : Bouin devint une fort grande ile, séparée du continent par l’étier du Dain, les gains sur la mer augmentant
sans cesse.Une lettre officielle de l’intendance datée du 23 janvier 1777 affirmait ceci : « il n’est point d’asile
plus sûr dans les cas malheureux que celui-là » (Bourgneuf)
1777 : Les premiers bateaux utilisent le canal de Buzay (et non plus l’étier de Vue)
7 avril 1777 : Naufrage d’un bateau à huîtres de La Bernerie : dix habitants de La Bernerie partirent en bateau
chercher des huîtres. Au retour, leur barque, sans doute un peu trop chargée, toucha les rochers et s’éventra. Tous
périrent et furent enterrés sur la place de l’église des Moutiers, alors cimetière paroissial, devant la Lanterne des
Morts.
1777 : la flèche dunaire du Collet s’est développée encore vers le sud-est pratiquement jusqu’aux écluses
actuelles de Millac ; le port actuel du Collet est encore sous les eaux de la Baie de Bretagne ; la navigation
se fait par le chenal de Millac qui va des écluses actuelles de Millac jusqu’au Bois du Collet et le camping
du Collet ; le bord de mer est localisé sur le chemin qui va des écluses de Millac actuelles au château du Collet.
1780 le Grand Port de Bouin était le point de chargement le plus actif de Bouin vers 1780 où il devint impraticable ; l’on dut transporter par charrettes au port du Sud de Bouin le sel qui y était amoncelé
1780 : Bourgneuf, St Cyr et Fresnay comptent 39 000 œillets de marais salants.
Vers 1780 les premières balises jalonnent le passage du Gois
1780/1790 Les ports du Dain sont inaccessibles aux bateaux, dont le Grand Port de Bouin ( partie méridionale de
l’iIe) . Les bacs de l’Epoids, de la Frette et de la Claie sont définitivement abandonnés. Il ne reste, en 1782, que
le bac du port du Sud qui assure la liaison avec le continent. Bouin n’est plus une ile.
1782 : Un projet est envisagé pour prolonger le canal de Haute-Perche de Pornic à la Loire à travers le Pays de
Retz pour éviter aux navires l’attaque des corsaires à l’estuaire de la Loire
Le 20 juillet 1782, le représentant du Général du Commerce de Nantes proteste contre le fait qu’il n’y avait plus
à Bourgneuf que sept pilotes lamaneurs dont deux invalides.
1782 : Le 12 aout , on déplore le naufrage du bac qui passe gens et bêtes d’un bord à l’autre du Dain, causant la
mort de 11 personnes toutes de l’île de Bouin et plusieurs chevaux.
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On se rend compte par ce naufrage que le courant du Dain partait de l’Epoids vers le Collet.
1784 : Les habitants de Bourgneuf réclament une réduction de moitié sur les impositions pour les pertes souffertes
dans les marais salants sur lesquels la mer s’est retirée.
1787 : Beaucoup d’habitants ne vivent que de la contrebande.
1788 : On construit encore des bateaux à Bourgneuf : Tout navire construit dans le port ( de Bourgneuf ) paie un
droit fixe de 10 livres pour ceux du port de 100 tonneaux et au-dessus et de moitié pour ceux d’un tonnage
inférieur.
Les navires séjournant deux marées dans le port, doivent un droit d’ancrage de 12 deniers ; pour en assurer la
perception, chaque capitaine est tenu de faire enregistrer son nom, la date de son arrivée et celle de son départ.
Indépendamment de l’acquit de ce droit, si le navire charge du sel, le receveur perçoit 10 deniers par charge de
cette denrée.
Tous navires étrangers à la Bretagne, passant 3 marées à Bourgneuf, doit prendre brieux de sauveté lesquels se
payent dix deniers pour les grands navires et de moitié pour les petits.
On prend un droit de jallonnage de 4 pots de vin sur tous les navires chargés de ce liquide, sur les autres marchandises, ce droit n’est que de 5 deniers.
La côte de Bourgneuf est l’une de celles où le Duc exerce le droit de bris et naufrages.
1788 : L’hiver est d’une rigueur exceptionnelle. Le thermomètre descend à moins 18,5°. La Baie se couvre de
glaçons et l’on peut aller à pied à plus de 4 kilomètres en mer. Les bancs d’huitres gèlent.
1789-1815 EPOQUE CONTEMPORAINE : la Révolution et Napoléon
1789 A la Révolution Francaise , la baie de Bourgneuf est laissée à l’abandon : les étiers sont envahis par la vase ;
les salines ne peuvent plus se ravitailler en eau de mer ; en hiver, les eaux des ruisseaux qui descendent des
collines voisines stagnent sur les prairies ; les barques ne parviennent plus à circuler pour charger le sel. A Bourgneuf, à Bouin, à Fresnay, à Machecoul , les doléances ne cessent de s’exprimer ; la baisse de production des
salines et l’insécurité vont nuire considérablement au commerce avec les pays étrangers. L’empire du sel de la
Baie va peu à peu perdre sa notoriété internationale.
1789 : Dans les cahiers de doléances, on abhorre le corps des gabelous
Si on faisait belle figure aux gabelous, ils n’en étaient pas moins profondément détestés. Bien sûr, avant la révolution, dans les cahiers de doléances, on relève cette condamnation des gabelous : « Ce corps abhorré de tout le
genre humain est composé en grande partie de la plus vile canaille. Ce corps très nombreux est comme le foyer
de la fainéantise, du libertinage et du coquinisme ».
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Vers 1790 : dans la « Baie », les ports du Dain ne sont plus utilisables : Les documents font défaut pour suivre la
marche des vases durant l’époque révolutionnaire. Depuis plusieurs années déjà, le Dain s’était encore rétréci en
sa partie sud ; les navires ne pouvaient que difficilement charger au port de Bouin ; l’entrée même du Port-laRoche devenait risquée ; les profondeurs dans le milieu de la baie avaient diminué de plus de moitié en certains
endroits. On ne pouvait plus mouiller qu’à la hauteur du Collet, en se dirigeant sur Port-la-Roche où il ne restait
plus que trois mètres d’eau à peine à la marée basse et moins de deux mètres au Port du Sud de Bouin.
Les travaux de mise en valeur des terrains conquis sur la mer aux années précédentes et l’établissement des digues
à cet effet avaient activé le dépôt de vases, dans le Dain surtout, dépôt augmenté par le manque d’entretien des
étiers servant à l’écoulement des eaux. Le « Grand-Port » de Bouin dut être abandonné et il ne resta plus dans
l’ancien golfe de Machecoul que Bourgneuf, les Champs, les Brochets et l’Epoids, pour recevoir les navires,
l’accès des étiers débouchant dans le Dain devenant presque impossible.
1790 : Abolition de la gabelle
Règlement fait par le Roi concernant la perception des impôts et la réduction du prix du sel à six sous la livre. 27
septembre 1789 « La gabelle sera supprimée aussitôt que le remplacement en aura été concerté et assuré avec les
assemblées provinciales. »
Quand la gabelle fut supprimée à la Révolution, les gens ne furent pas tous satisfaits. Bien des gabelous furent
licenciés. Quant aux faux-sauniers, et ils étaient très nombreux, ils n’eurent plus de travail. C’est peut-être pour
cette raison qu’on en retrouvera beaucoup dans la chouannerie et l’armée catholique et royale. Un instituteur du
Pays de Retz commenta ainsi la fin de la gabelle : « C’est regrettable, car cela faisait vivre bien du monde… »
1790 : Le siège judiciaire, jusque-là tenu à Prigny, est transféré à Bourgneuf.
Pierre Mourain, avocat en parlement est nommé premier maire de Bourgneuf.
1792 : Le département est appelé à délibérer sur la proposition faite, par celui de la Vendée, de contribuer aux
frais nécessaires pour repeupler les huitres de la baie de Bourgneuf. Le département écrit à celui du Morbihan
pour avoir des renseignements sur cette opération. Les évènements qui surviendront feront avorter cet utile projet.
1793 : Le 21 janvier : exécution de Louis XVI ; le 23 février, levée en masse de 300000 hommes par la Convention
Depuis le début de la guerre civile, Bourgneuf très convoité comme port, avait changé quatre fois de mains.
Foucault, ancien tonnelier de Nantes, commandant la garnison républicaine de ce bourg, s’était replié sur Pornic
sous la pression des bandes de Louis Guérin , sorti de Princé, qui tint le port du Collet jusqu’au 5 janvier 1794,
date à laquelle il dut regagner la forêt.
Le 11 mars 1793 vers huit heures du matin, Machecoul fut assaillie par une foule qui arrivait par toutes les issues
de la ville. Cinq à six mille paysans, hommes, femmes et enfants, armés de fusils, de fourches, de couteaux de
pressoir et de piques, venus des campagnes environnantes, exigeaient l'arrêt de la campagne de recrutement de
300 000 hommes.La foule massacre des républicains.
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1793 (mars): les paysans de Vue demandent à Mainguy, seigneur de Vue, d’attaquer Paimboeuf ; l’église de Vue
est incendiée en 1793 ; Mainguy est pris et accusé d’avoir organisé l’insurrection populaire de Paimboeuf, il est
guillotiné ; les insurgés sous l’autorité de son remplaçant Ripault de la Cathelinière créent un camp retranché en
forêt de Princé ; le marquis de la Roche Saint-Anré quitte ses domaines pour attaquer Pornic.
Le 27 mars 1793 (24 Ventôse an I), dans la région de Machecoul où des républicains ont été massacrés, Charette
accepte de se mettre à la tête de paysans du Marais breton venus chercher son commandement au manoir de
Fonteclose. Ils auront du mal à le convaincre de les commander car Charette s'était caché sous son lit en espérant
les lasser. Lorsqu'il se décida enfin à sortir, il dit aux hommes qui se trouvaient là : « Soit, mais je commande et
l'on m'obéit ».
15 mai 1793 : première attaque des républicains sur la forêt de Princé qui sera attaquée 7 fois ; la Cathelinière
attaque Port Saint Père .
29 juin 1793 : Les Républicains de Nantes résistent aux Vendéens qui essaient de prendre la ville. Charette participe à l’attaque au sud de Nantes, par le pont de Pirmil.
10 septembre 1793 : Les Mayencais prennent Port Saint Père
Automne 1793 : Charette, après un premier échec, fait emprunter à son armée un itinéraire parallèle au Gois et
prend Noirmoutier aux républicains
Janvier 1794 : revenus par le Gois, les républicains reprennent l’île de Noirmoutier
1794 ( 10 février ) les troupes républicaines attaquent la forêt de Princé ; en échec, les 2000 républicains venant
de Vue et de Bourgneuf massacrent 400 vieillards, femmes et enfants sur un îlot du marais de Rouans ( au sud
ouest de Cheix-en-Retz, entre la rivière La Blanche et le hameau La Robinière ) ; tous les bourgs et villages et
même la petite ville appelée Vue, sont brulés et vides d’habitants ; le chef La Cathelinière est pris blessé en sa
propriété du Moulinet en Frossay et exécuté le 2 mars 1794 à Nantes ; les survivants rejoingnent l’armée de
Charette ; la forêt de Princé n’est plus qu’un vaste cimetière.
1794 : Dans sa délibération du 20 aout, le conseil de Bourgneuf expose à l’administration supérieure que l’étier
du Collet s’obstrue chaque jour, que bientôt il sera impraticable si on ne fait rien ; il demande des fonds pour
remédier à cet état de choses si préjudiciable aux intérêts du pays.
1794 : la rade de Bourgneuf fournit encore un abri sûr aux bateaux de 800 tonneaux ; le bras de mer du Dain est
réduit à un filet qu’un bon sauteur de ningle pourrait franchir en plusieurs endroits ; l’étier du Collet s’obstrue
chaque jour ; il sera bientôt impraticable si on ne fait rien.
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1794 : A sa dernière sortie, les troupes de Jordy Foucault ( républicain) firent procéder à ce qu’il appelait une
« épuration ». Prétextant que les vivres étaient rares, on donna l’ordre de conduite à Paimboeuf des prisonniers
provenant du marais de Saint-Cyr suspects d’avoir des maris ou parents au parti des « Brigands » . Il y avait en
tout, 41 personnes : 2 vieillards dont un aveugle ; 12 femmes, 12 jeunes filles et 15 enfants parmi lesquelles 5
nourrissons. Un petit navire, « Le Destin » du Capitaine Macé, fut réquisitionné à cet effet et sept soldats avec un
sous-officier reçurent l’ordre de jeter les prisonniers à la mer entre Pierre Moine et le Caillou, plateaux de roches
qui marque l’entrée de la baie de Pornic à Noirmoutier. Macé essaya en vain de gagner la garde, qui exécuta
férocement la consigne.
28 mars 1794 : « Le Destin » est ancré au port, mais les vents sont contraires et il ne peut partir. Ce qui coûtera
la vie aux prisonniers. Le départ est différé. Macé attend. Il va recevoir de nouveaux ordres, qu’on ne s’explique
pas. Les vents contraires soufflèrent pendant trois jours et le 5 ventôse au soir, Macé reçu l’ordre suivant :
« Bourgneuf le 5 ventôse, l’an 2ème de la République une et indivisible. Il est ordonné à Pierre Macé, capitaine
du bâtiment « Le Destin » de faire mettre à terre la nommée Jeanne Biciet femme de Jean Piraud et le surplus
sera conduit par lui à la hauteur de Pierre-Moine, là il les fera jeter à la mer, comme rebelles à la loi. Et après
cette opération, il retournera à son poste ». Signé Lefaivre, Adjudant général…Macé ne peut donc qu’exécuter les
ordres. Il a sur son bateau « quarante et une personne, parmi lesquelles se trouvent deux hommes dont un
aveugle depuis six ans et âgé de 78 ans, douze femmes, douze filles et quinze enfants dont dix de 6 à 10 ans
et cinq à la mamelle ». Le lendemain soir, on arrive à hauteur de Pierre-Moine. Macé dira plus tard « que les
fusiliers à cinq heures du soir jetèrent les quarante et une personnes ci-dessous désignées, en vertu de l’ordre
rapporté, en présence du dit Macé et de l’équipage, aussitôt qu’il fut à la hauteur de Pierre-Moine ». Après cette
expédition, on dit que le Capitaine Macé sombra dans un profond désespoir.
4 août 1794 les privilèges de l’ile de Bouin sont abolis ; A partir de la Révolution, les habitants de l’Epois
prennent l’habitude de fréquenter Beauvoir (2 km) plutôt que Bouin (6,5 Km)
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1795 : Le 1er janvier, il y a lieu de croire que le zèle pour la chose publique se ralentit, en voyant le conseil de
Bourgneuf décider que celui de ses membres qui manquera à une réunion, sans avoir d’excuses légitimes, sera
frappé d’une amende de 5 francs.Au cours de l’année, Bourgneuf reçoit, pour les réparations urgentes du port ,
une somme de 4000 livres que le conseil , en s’aidant des avis des marins et caboteurs, s’empresse d’employer
de la manière jugée la plus utile.Le 25 septembre, les inquiétudes augmentent encore par l’apparition, dans la
baie, d’une flotte anglaise et de nombreux bâtiments de transport. A cette époque, les anglais bloquent l’entrée
de la Loire. Le commandant de leur flotte attaquera Belle-Ile et la sommera, au nom du roi.
1795 : Des troupes républicaines sont concentrées à Préfailles après le débarquement des émigrés à Quiberon;
une batterie est établie au sud de la pointe Saint Gildas
29 mars 1796 : Charette est fusillé sur la place Viarme à Nantes
Il fut surnommé « Le Roi de la Vendée », et Napoléon Ier écrira de lui : « Il laisse percer du génie ».
1796 : Dans la séance du 12 janvier, un membre du conseil municipal de Bourgneuf expose que le canal navigable
qui, seul peut mettre la ville ( de Bourgneuf ) en communication avec la rade, se trouve ainsi que les chaussées,
dans le plus mauvais état. Les malheurs de la guerre civile ont empêché de pouvoir faire les plus simples réparations d’entretien, et cependant la multiplicité des charrois nécessaires aux approvisionnements de l’armée ont
tellement dégradé la chaussée, que les bords s’écroulent et comblent le canal, en sorte que, du même coup, on
perd tous les moyens de communications. Le conseil demande donc 6000 livres au département, en exposant que
le gouvernement rentrera promptement dans ce déboursé par la grande diminution des frais qu’il a journellement
à payer pour le transport des approvisionnements qu’il tire du pays. Loin de venir au secours de Bourgneuf,
l’administration départementale frappe cette commune d’une réquisition de contribution en numéraire ou en nature. Malgré la population complètement ruinée et les observations du conseil, la contribution est maintenue, et
il faut payer. Le 11 septembre, le conseil nomme un percepteur des contributions et adresse plusieurs réclamations
au département pour en obtenir la réparation de plusieurs ponts et le rétablissement des Flèches de Saint-Cyr et
de Bourgneuf, comme points de repères indispensables aux marins.
1797 ( 3 juin) : le conseil municipal fait appel à tous les habitants de la commune de Bourgneuf et à ceux des
communes environnantes, pour les engager, dans l’intérêt général du pays, à venir travailler en commun au
déblayement de l’Etier du Collet.Le 19 novembre, le conseil arrête que les tailleuses journalières seront rayées
de la liste des patentés, en raison de leurs faibles moyens d’existence ; semblable décision est prise à l’égard des
patrons de barques servant au transport des engrais de Noirmoutier, pour le motif que d’aussi frêles embarcations
ne peuvent être considérées comme faisant le cabotage. Le conseil demande l’approbation du département pour
ces deux exceptions.
1798 Les anglais parcourent la baie en tous sens, débarquent tantôt sur un point tantôt sur un autre, pillent ce
qu’ils trouvent et maltraitent ceux qui ne peuvent leur résister, interceptent toute communication entre Noirmoutier et Bourgneuf, privent l’agriculture des engrais que l’île fournit alors en grande quantité. Le Conseil Municipal
de Bourgneuf demande l’établissement de batteries de canons au moulin de la Coupelasse et au Collet ainsi que
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la présence de deux chaloupes canonnières pour balayer la côte de la présence des ennemis. Dès le 28 juin , deux
canons sont placés au Collet, et la municipalité ouvre un registre pour inscrire les noms de ceux qui, pour dix
sous par jour, voudront bien faire le service de ces pièces.Le 30 octobre, un plan de réparation à faire aux étiers
du Collet et des Salberges , est arrêté sur le tracé et les devis de l’ingénieur Buron.
1798 : Le 29 avril, le conseil ( de Bourgneuf) défend la pêche des huitres jusqu’au 15 octobre, ce coquillage ayant
besoin de se reproduire.
1799 : Le 10 février, un navire anglais est échoué dans la baie. Tous les habitants s’arment et courent au lieu
indiqué. Mais les chefs de la garde nationale, à peine organisés, n’étaient pas assez connus de leurs subordonnés ;
ils ne peuvent s’en faire écouter ; cette prise d’arme se fit donc sans ordre et avec la plus grande confusion.
20 octobre 1799 : Echec d’un raid royaliste sur Nantes
DIX NEUVIEME SIECLE 1800-1899
1806 : l’impôt sur le sel de la Gabelle, aboli par la loi de 1790, a été rétabli par celle du 14 avril 1806 par Napoléon. La troque est rétablie en même temps que cet impôt sur le sel. Cet impot sur le sel est appliquable pour tous
les départements francais et bien sûr en pays de Retz. Cet impôt sur le sel (qui rappelle l’injuste Gabelle) est un
grand choc pour le Pays de Retz qui n’avait jamais été soumis à la Gabelle, tout comme la Bretagne. L’impôt sur
le sel qui ne fut supprimé définitivement que par la Loi de finances de 1946.
1807 (16 septembre) : organisation du système de concession d’endigage (article L64 du code du domaine de
l’Etat)
1808: ruine au Pays de Retz et à Paimboeuf par le Blocus Continental
1809 Le Préfet interdit d’enlever le goemon entre les Moutiers et le Collet pour protéger les dunes tres abîmées
par un ouragan.
1810 : le polder de Saint Céran est concédé à la famille Saint Céran.
1810 : pour lutter contre l’envasement du marais breton, l’ingénieur Ogée présente un projet collectif de curage.
1812: des chattes de blé du Collet se font capturer exprès par les anglais pour exporter du blé frauduleusement.
1815-1875 EPOQUE CONTEMPORAINE : le temps des polders
En 1816, il y avait 120 douaniers à Bourgneuf
1817 : Création d’une franchise de 100 kg de sel par personne pour la troque du sel
Une ordonnance d’avril 1817, accordait à chaque saunier de la Baie, une franchise de 100 Kg de sel par membre
de sa famille. On va voir l’avantage considérable que les marayons de chez nous tirèrent de ce droit, à une époque
où l’impôt sur le sel était très supérieur à la valeur de la marchandise. Ce qui fait que, plus l’impôt était fort, plus
le marayon gagnait. Prenons en exemple, une famille de six personnes. Chacun ayant droit à 100 kilos de sel, et
la taxe étant alors de 30 francs par quintal, la maisonnée gagnera 180 francs sur l’impôt, soit vingt fois le prix de
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la marchandise. L’opération était bonne. C’est un peu comme si un commerçant de nos jours avait le droit de
vendre de la marchandise sans acquitter la TVA, qu’il pourrait recevoir. Et quelle TVA : 2000% !
1818, début du XIXe siècle ; le Collet devient le port de Bourgneuf ; le coëf Barraud dans la dune des Moutiers
Au début du XIXe siècle, le comblement de la « Baie » s’accéléra. Millac, de plus en plus envasé, ne fournissait
plus assez d’eau aux marais des Moutiers : il fallut ouvrir à travers les dunes ce qu’on nomme aujourd’hui encore
le Coëf Barraud, du nom de son constructeur, pour amener les eaux de la mer. En 1818, l’étier de la Taillée (qui
conduisait à Bourgneuf) n’était plus qu’un ruisseau à sec à basse mer, réduit à trois mètres au large. A la même
époque, Port-la-Roche ne recevait plus que des embarcations et il fallut draguer son entrée à marée basse avec
une herse trainée par des bœufs ; il en était de même au Port-du-Sud déserté par les plus petits bateaux ; et sur le
Dain, au lieu dit le Fresne, large encore de deux mille mètres en 1740, on put construire un pont en bois de
soixante mètres de largeur. Le Collet était devenu le Port de Bourgneuf
1822 : la flèche dunaire des Moutiers vient jusqu’au port actuel du Collet (au niveau de la maison de l’éclusier) ;
la rade du Collet se localise alors entre la maison de l’éclusier et les écluses de Millac
1822: Sur la carte marine de Beautemps-Beaupré de 1822, on voit que la « Baie » s’ouvre toujours de la même
largeur entre la Coupelasse et le Collet mais a perdu la majeure partie de sa profondeur : une ligne de polders la
limite au sud-est et la réunit à la rive sud du Dain. Depuis le polder dit de Saint-Céran, du nom de la famille à
laquelle il fut concédé en 1810, un autre polder est venu s’ajouter, dont les 320 hectares rejoignent la rive sud de
l’étier du Collet depuis 1860 ; un troisième polder sera en voie de dessèchement en 1942.
1830 le polder Saint-Céran entre la Coupelasse et le Collet a été gagné en deux étapes ; première étape en 1830,
puis deuxième étape 1852-1860 ; à partir de 1830, des digues sont construites en bordure des polders de StCéran en dessinant un vaste éventail centré sur l’Ouche noire limité au nord-est par l’étier du sud qui aboutit au
Collet. De petits rectangles s’orientent parallèlement en s’inclinant de plus en plus du nord-ouest vers le sud.
C’est un réseau hydraulique en « dents de peigne », technique popularisée par les Hollandais au XIXe siècle. Il
s’agit d’une alternance de bossis (bandes allongées et étroites) et de branches (fossés d’eau) qui permet le drainage
du polder.
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1838 : trois brèches de 200 m furent ouvertes dans les dunes des Moutiers au Collet. L’eau de mer entra dans
le marais où les arbres périrent et les terres devinrent incultes pendant plusieurs décennies.
1838 : le 25 août, des projets sont étudiés pour l’amélioration du port et la création d’un autre petit port d’embarquement sur le Dain à l’embranchement de la route stratégique N°23.
1841 : l’inspection et le bureau principal des Douanes de Bourgneuf furent transférés à Pornic.
1842 : on abandonne le port Sud de Bouin au profit de Fresne. On construit, auprès du pont du Fresne , six cales
pour l’embarquement et le débarquement des marchandises (quatre cales côté vendéen et deux autres sur celui de
la Loire-Inférieure ). Leur plan fait honneur à l’ingénieur qui a su ménager une pente aussi douce que facile,
prévenant par là les accidents qui ne sont que trop communs dans les embarras d’un chargement.
Mais la commune est toujours en instance pour l’obtention de l’écluse de chasse, réclamée par elle.
Un arrêté de Monsieur Chaper, préfet du département , en date du 26 novembre 18841, relatif à la pêche des
huitres dans la baie de Bourgneuf, interdit la vente de ce coquillage sur tous les marchés du département à partir
du 1er avril jusqu’au 1er septembre de chaque année .Cet arrêté empêchera la destruction de ce mollusque, surtout
si les autorités locales de la côte y tiennent la main..
1843 : Dans son journal, le maître du port de Bourgneuf, en résidence à Pornic, constate que depuis 1828, les
vases avaient monté de 0,28 mètre par an (soit 15 ans x 0,28= 4,2 mètres).
1843 : Des négociations contre l’envahissement de la vase continuaient avec les pouvoirs publics. Elles
aboutirent en 1843 à la réalisation d’un bac à râteau. Ce bac destiné au dévasement et à l’entretien du chenal
et du port du Collet est construit par Mathurin Levreau.
Mais il fallait employer au moins « 8 manœuvres intelligents ou marins et un contre maître » pour faire fonctionner ce bac à rateau .Deux francs par jour pour les manœuvres, quatre francs par jour pour le contremaître, soit
une dépense totale de 20 francs par jour. Mais quand le bac fut en service, l’argent manqua pour payer le personnel.Ce bac mesurait 10 mètres de long et 4 mètres de largeur. Son râteau était destiné à racler la vase, formé d’une
partie rectangulaire, reliée par deux charnières à deux ailes en forme de trapèze. Un canot servait à la manœuvre
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du bac et à l’entretien des balises de la baie de Bourgneuf. La vase envahissait plus que jamais les étiers et le
port.Les plaintes recommencèrent. On s’en prit au bac à râteau insuffisant, et qui d’ailleurs ne fonctionnait plus
faute d’argent pour payer le travail.
1843 /1850 On doit abandonner le port de Bourgneuf, l’étier étant presque complètement envasé, et le remplacer
par le nouveau port du Collet
1845 : Le Collet reçoit 233 bateaux, jaugeant 2995 tonneaux
1846 : Le Collet reçoit 290 bateaux jaugeant 3768 tonneaux.Création de la chaussée qui se dirige vers le sud à
partir de l’ancien port du XVIIe siècle ( localisé au niveau des écluses actuelles de Millac) qui longe l’étier actuel
du Collet ; l’ancien chenal de 1777 est poldérisé ; le port du XVIIIe se trouve sur l’embranchement actuel vers
les écluses de Millac ; à la suite d’un projet, approuvé le 18 juin par le ministre des travaux publics, il fut entrepris
au Collet des travaux qui s’élevèrent à 32 880 francs.
1849 : On retrouve une lettre demandant au Procureur de la République de faire des poursuites aux navires « La
Clarisse » de Nantes, « l’Activité » de Nantes, « l’Alphonsine » de Nantes car une des ancres du bac à râteau a
été volée le 17 février 1849. Les soupçons planent sur les marins employés à bord des 3 navires chargés de sel à
destination de Nantes.
1850 Le Collet est pourvu de cales
1850 : les deux portes de Bourgneuf, le Fresne et le Collet, sont pourvus de cales, pour le chargement des navires,
et de terrains assez vastes pour y déposer des marchandises.
1850-1870 : poldérisation de Saint-Céran, de la Parisienne, du Gargotteau et le long du Falleron
Types de zones humides : source SANDRE IGN
1852 Une société fondée en 1852 par Liron d’Airoles mena à bien les travaux du polder de Barbâtre (Noirmoutier)
en 1855.
1852-1860 : création des polders des Champs et du Dain entre la flèche de dunes de la Coupelasse et celle de
l’Epoids ; la flèche de la Coupelasse pour son extrémité orientale et la flèche de l’Epoids toute entière, noyées
dans les terres, sont devenues des flèches mortes (polders de Coupelasse, des Champs, de la Parisienne).
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1856 la société de Liron d’Airoles fut remplacée en 1856 par la société d’endiguement dirigée par Achille Le
Cler. La Société d’endiguement d’Achille Le Cler décide d’entreprendre la construction de digues en baie de
Bourgneuf. Cette société construit successivement les polders des Champs, du Dain et de la Coupelasse (polders
surtout pris sur les vasières).Achille Le Cler a écrit un livre « mémoire sur l’endiguement et la mise en culture
des polders de la baie de Bourgneuf » en 1847 (ou 1867 ?).
1860-1862: les importants polders actuels ont été endigués : la Parisienne en 1860 ; la Louipe en 1862 ; (le Bec
seulement en 1964).
De 1861 à 1872, l’envasement va atteindre 11 centimètres par an. Les chasses d’eau régulières permettront à la
passe du Collet de conserver une profondeur raisonnable. Mais faute d’accès à l’eau de mer, des milliers de
salines disparaitront. L’agriculture et l’élevage vont devenir les principales activités du marais.
1865 le port de Fresne devient d’accès difficile.
1865 les droits sur le sel sont diminués des deux tiers ; la troque est supprimée ; les bossis rapportent désormais
plus que les salines ( enquête impériale sous Napoléon III )
Vers 1865-1866 (au XIXe siècle) Aux Moutiers, Bourgneuf, Bouin, Noirmoutier et Beauvoir et dans tout le
marais breton, les hommes transportent le sel jusqu’au port ou étier ; les femmes et les enfants embarquent le
sel sur les bateaux ; les gabelous sont très rigoureux ; il y a 120 gabelous dans le canton de Bourgneuf.
Vers 1866 (au XIXe siècle) : contrebande sur le sel ; les chattes permettaient de faire passer du sel clandestin ; à
la Bernerie, il y avait une bonne trentaine de chattes
1867 : L’Acheneau est classé par décret officiellement navigable
Vers 1868 (au XIXe siècle) Aux Moutiers, Bourgneuf, Bouin, Noirmoutier et Beauvoir et dans tout le marais
breton, les acquitteurs payaient le sel 2,65 francs les 100 Kg et les revendaient 17,33 francs ; aux Moutiers, il y
avait huit marchands de sel.
1875-2016 EPOQUE CONTEMPORAINE : le temps du tourisme
1875-1877 : création du polder de la Bouteille
1875 : Mise en service de la ligne de chemin de fer Nantes-Pornic
le 10 septembre 1878, le conseil municipal de Bourgneuf déclare que le port de Fresne n’existe plus :
il n’y a plus qu’un seul port, celui du Collet
1871 : 80 navires
1872 : 53 navires
1873 à 1875 : 34 navires
1876 : 4 navires
1877 : 1 navire ; le port du Fresne a cessé de vivre
1876-1879 : La construction d’une grande écluse au Collet fut décidée et entreprise. Destinée à entretenir par des
chasses d’eau l’étier du Collet devenu le seul lieu de chargement possible ; elle devait fermer à la fois le Dain,
l’étier de la Taillée et celui de Bourgneuf coupant les communications directes de Prigny et de Bourgneuf avec
la mer, communications qui n’étaient plus d’ailleurs que de simples ruisseaux.
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La construction de l’écluse dura de 1879 à 1881.
Une porte d’écluse pèse une tonne et demie et le poids de la crémaillère est d’environ 800 kg.
Le bac à râteau aurait été coulé dans les fondations de l’écluse.
L’objectif de l’écluse est d’écouler les eaux douces du Falleron, de prélever de l’eau salée à marée haute
pour alimenter les marais salants et de faire des chasses d’eau pour entretenir l’étier du Collet.
1876 le paludisme disparut peu à peu dans le marais.
Et déjà, certains faisaient prévoir par quel moyen on pourrait rendre notre région moins insalubre : en établissant
deux écluses, l’une sur l’étier de Fresne, l’autre sur l’étier du Collet. Ils ajoutaient : « Au moyen de cette double
construction, beaucoup de marais salants abandonnés depuis longtemps, seraient de nouveau en état de faire du
sel et cesseraient d’être, dans la saison des chaleurs, de véritables foyers d’infections pour les alentours »
Il est difficile d’affirmer si la suggestion ci-dessus du Docteur Leretz fût pour quelque chose dans la construction
en 1876 de la grande écluse du Collet. Il fallait surtout soumettre à un régime rationnel l’écoulement et l’introduction des eaux dans le Falleron, faire pénétrer l’eau de mer pendant l’été pour remplir les étiers, l‘empêcher
d’entrer pendant l’hiver, pour ne pas déborder sur les prairies riveraines, et les rendre infertiles.
Quoiqu’il en soit, de l’avis des médecins de la région, du Docteur Jubineau , entre autres, dès lors, les fièvres
paludéennes disparurent peu à peu.
On sait, en effet, que les fièvres sont transmises par un moustique, l’Anophèle, différent du cousin ordinaire, et
dont la particularité est de se reproduire au moyen d’une larve qui flotte parallèlement à la surface de l’eau et que
le moindre clapotis asphyxie en pénètrant dans ses stomates.
Ce détail fut d’ailleurs à l’origine de la remarquable découverte des frères Sergent , médecins de l’Institut Pasteur
de Tunis, découverte qui permit de préserver du paludisme le corps expéditionnaire de l’armée d’orient en 19171918, et qui consistait à créer un courant d’eau si petit soit-il , dans la moindre mare, au moins tous les 12 jours.
Les sels de quinine furent découverts en 1820 par Pelletier et Caventou et leurs emplois furent codifiés par Laveran.
Le paludisme n’existe donc pratiquement plus (en 1959) dans la région de Bourgneuf. Et nous voilà loin du temps
où (au début du XXe siècle), on pratiquait la « hiberonnée » dans chaque maison. Cela consistait à promener le
soir, dans la chambre à coucher un tarrasson de chauffe-pieds, dans lequel brûlait une substance particulièrement
fumigène, du son, une pomme de pin, par exemple, naturellement , toutes portes et fenêtres fermées.
Cela ne détruisait pas les moustiques, mais cela les endormait pour la nuit. On pouvait se reposer en paix, mais
dans quelle atmosphère, grands Dieux !
Vers 1880-1940 : Les causes du comblement de la Baie de Bourgneuf
Les opinions sont partagées sur la provenance des dépôts sédimentaires :
-en se basant sur ce qui se passe à Paimboeuf, dont le limon de la Loire comble de plus en plus la rade, on a
admis généralement que les vases charriées par ce fleuve étaient la cause principale et même unique de la disparition du golfe de Machecoul et de l’envasement de la baie de Bourgneuf jadis et aujourd’hui
-certains auteurs ajoutent l’érosion des côtes rocheuses de la Bernerie à Saint Gildas et de Noirmoutier
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- une théorie de 1882 explique que la Garonne peut y contribuer aussi
-les vases des ruisseaux grossis par la pluie (0,28cm par siècle)
En ce qui concerne les apports de toutes provenances, une estimation très modérée les évalue à un demi-millimètre par marée ou à un millimètre par jour dans les endroits où l’envasement se révèle le plus rapide, soit 36
centimètres par an et trois mètres soixante par siècle.
1880 : l’extrémité de la flèche de dunes du Collet est colmatée sur tout son pourtour ; elle est devenue une
flèche morte
1880-1881 : création du nouveau port du Collet (pêche et tourisme)
1881 : lors d’un incendie à la Bernerie, le douanier empêcha de prendre de l’eau de mer et de faire la chaîne
pour éteindre l’incendie; car il était toujours interdit de prendre de l’eau de mer ( séquelle de la gabelle)
1886 Port-Robard (le port de Bourgneuf) qui recevait les navires de 150 tonneaux est maintenant à 3 km du
rivage ; le port Laroche est à une demi-lieue du Dain ; Beauvoir sur mer est éloigné de 4 km de l’océan qui le
baignait autrefois.
1890 : le 20 mars 1890, la Commission Syndicale des Marais de Bourgneuf en Retz a convoqué ses
membres.Monsieur le sous-préfet de Paimboeuf fait connaitre, par l’intermédiaire du sous-directeur, que le ministre des travaux publics vient d’approuver le projet dressé par messieurs les ingénieurs pour la construction du
petit port d’abri du Collet.
Vers 1893, la vie des marayons n’était pas enviable ; un saunier qui avait 83 œillets ne récolta pas de quoi saler
sa soupe pendant 7 ans
XXE SIECLE
1901 : la création des syndicats des salines de l’ouest créa de nouveaux débouchers. La tonne de sel passe à 12,85
francs au lieu de 3 francs en 1900.
De 1914 à 1918, la tonne est de 142,85 francs mais la guerre enlève un grand nombre de paludiers, ce qui précipite
l’abandon des salines.
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La récolte de sel Bourgneuf et les Moutiers
1906 : 2300 tonnes
1910 : 8,5 tonnes
1912 : nulle
1917 : 24,5 tonnes
1918 : 815 tonnes
1919 : 850 tonnes
1920 : 702 tonnes
1921 : 987 tonnes
1922 : nulle
Marais exploités en :
1912 : 79 ( 53 Bourgneuf – 26 Moutiers )
1921 : 60 ( 34 Bourgneuf – 26 Moutiers )
Le mouvement de régression continue et rien ne permet d’arrêter l’abandon des marais salants
Vers 1910 : Noirmoutier produit 70000 tonnes de sel avant la première guerre mondiale ; en 1973, 1587 tonnes
1913 : projet de construction d’un « pont-digue » sur le Gois ( prévu pour les piétons, les voitures et le chemin
de fer ) ; le projet est abandonné.
1922-1924 : construction de deux rampes d’accès au Gois , côté continent et côté île ; et mise en place d’une
véritable route sur le tracé du Gois
1928 : après la première guerre mondiale : création du petit polder du Collet
1935-1939 : pavage de la chaussée du Gois
17 juin 1940 : le Lancastria est coulé par les allemands alors qu’il était au mouillage devant st Nazaire pour
embarquer les soldats britanniques ; des milliers de morts britanniques se dispersent sur toute la côte atlantique.
1940 : Le 16 novembre, raz-de-marée à 16 heures ; au moment de la pleine mer, la mer se déchaîna et monta d’un
mètre ; les vagues se ruèrent à l’assaut des digues et les coupèrent en plusieurs endroits ; les polders furent inondés. Celui du Collet se trouva sous deux mètres d’eau, mais entre l’Epoids et la Bernerie , ce fut un vrai désastre.
Pour les riverains, il ne pouvait s’agir que du réveil brutal du volcan éteint du Fain, situé dans la Baie, entre
Bouin et Noirmoutier. Car les légendes ont la vie dure ! Comment et quand cette histoire de volcan est-elle apparue sur nos côtes ? Sans doute lorsque les marins constatèrent que dans la baie envasée aux fonds actuels de 5
mètres environ, existait une fosse de 34 mètres. Bien sûr, cela ne pouvait être que le cratère d’un volcan.
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A sortie de Bourgneuf sur l’ancienne route de Bouin pour commémorer cet evenement un sacré cœur, sculpté
dans un chêne de la Guérivière, fut érigé en « ex-voto » car la ville de Bourgneuf et l’écluse échappent au raz de
marée.
Mme Françoise GAUTHIER Phénomènes littoraux et protection des Rivages sur le pourtour de la Baie de Bourgneuf ; Thèse de Doctorat de 3ème cycle 1972 R551 GAU Tome 3 p475 (maison de l’histoire, La Bernerie) : la
tempête du 16 novembre 1940 a eu lieu par une marée de coefficients 85, donc moyennement fort seulement.
Dans l’après-midi du 16 novembre, le baromètre descendit brusquement de 762 à 728-730 mm. En quelques
minutes, à la haute mer, vers 16 heures, la mer monte d’un mètre. La dépression barométrique dure 4 heures, une
période relativement brève, par conséquent. La tempête surprit par sa soudaineté.La hauteur de la pleine mer, le
soir, était de 6,60m à St Nazaire. Mais au Collet, elle était de 7,40m d’après une observation locale de
M.J.MOUNES, alors que la hauteur aurait dû être de 5,50m.
Apres le raz-de-marée du 16 novembre 1940, les digues ( la Grande Prise, le polder de Beauvoir, le Dain, les
Champs ) sont complètement en ruine . Plutôt que de fermer la Baie, on choisit de récupérer le polder du Dain et
de gagner une superficie à peu près égale sur les vases de la Baie. Apres 1940, on rectifie, on répare et on renforce
les digues existantes. La digue nouvelle joint l’embouchure de l’étier des Champs au Bec de l’Epoids. Les travaux
sont effectués avec des norias de camions.
1946 : l’impôt sur le sel est supprimé par la loi de finance de 1946.
1971 inauguration du pont reliant Fromentine à Noirmoutier
1972 : Du nouveau dans le marais de Bourgneuf : 750 hectares de polders de Bouin assainis par la station d’élévation du Collet ; les trois portes de l’écluse sont à commandes électriques
17 juillet 2000 : inauguration des nouvelles écluses du Collet (3 portes)
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Au changement de millénaire : réhabilitations de salines en Loire Atlantique Sud dans les marais de Bourgneuf /
Les Moutiers (trois paludiers en 2016)
27/28 février 2010 : tempête catastrophique aux Moutiers en Retz (Xynthia) avec submersion marine: le
niveau de la mer est montée à 7,4 / 7,6 mètre à l’échelle du Collet (information Capitainerie du Collet); c’est
la même hauteur atteinte au Collet que celle du 16 novembre 1940 ;( Le niveau atteint par la mer au Collet a
été le même, 7,40 m à l’échelle du Collet lors des submersions du 27/28 février 2010 (Xynthia) et du 16
novembre 1940 ; Références : Mme Françoise GAUTHIER Phénomènes littoraux et protection des Rivages
sur le pourtour de la Baie de Bourgneuf ; Thèse de Doctorat de 3ème cycle 1972 R551 GAU Tome 3 p475
(maison de l’histoire, La Bernerie).
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LISTE DES REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES
PAR ORDRE CHRONOLOGIQUE D’EDITION
1886 Le littoral de la France par Ch.-F. AUBERT (Victor Palmé éditeur, numérisation Odile Halbert 2007)
1904 Der hansische Baienhandel (Arthur AGATS Heidelberg) (maison de l’Histoire)
Base de L’Ouest Eclair de 1915 à 1938 sur www.gallica.bnf.fr sur internet
Base des Echos et Courriers de Paimbœuf de la Maison de l’Histoire
www.societe-historique-nantes.fr
1923 Histoire de la conquête du marais breton-vendéen et du port de Bourgneuf par F. GUILLOUX
1931 Saint Brevin les Pins par Henri DARDELIN ; Collection dirigée par M.G.Micberth Réédition de 2005 ;Le
livre d’Histoire 736
1935 réédité en 2007 des origines au début du XIIIe siècle par Marcel GIRAUD-MANGIN ;Editions PyréMonde
1942 LA BAYE DE BRETAGNE par Louis LACROIX ; Collection dirigée par M.G. Micberth Réédition de
2006 ;Le livre d’histoire
1953 LA BERNERIE par LOUIS LACROIX ; Collection dirigée par M.G. Micberth ; Réédition de 2008 :Le
livre d’Histoire 2144
1961 Le Courrier de Paimbœuf du 28 octobre 1961 : Article général d’Emile BOUTIN
1965 Le Courrier de Paimbœuf du 19 juin 1965 : Article général de JLC
1972 Françoise GAUTHIER « Phénomènes littoraux et protection des rivages sur le pourtour de la Baie de
Bourgneuf » Thèse de doctorat R551 GAU 3 tomes
1979 Carte géologique de la France /Machecoul (BRGM )
1985 Document de Madame Françoise GAUTHIER (du 7 septembre 1985) : Vimer et raz de Marées : le passé
tempétueux du Marais breton 7-9-1985 N°535
1986 Cahiers Nantais n°27 Janvier 1986 « Le littoral du Pays de Retz « (Bernard BOUSQUET et Alain MIOSSEC)
1991 : Une histoire de la Bretagne de Yannick PELLETIER Editions Jean-Paul Gisserot 2005-1991
1992 novembre Les Grands Naufrages de l’Estuaire par Emile BOUTIN (Siloë)
1992 Nouvelle histoire de la Bretagne de Georges MINOIS chez Fayard
2000 Petite histoire du Pays de Retz par Christophe BELSER Geste Editions
2003 : « Il y a un siècle… Nantes » de Monique SCLARESKY Editions Ouest France
2004 : Les origines de l’exploitation du sel en Loire Atlantique par Michel TESSIER
2005 Les catastrophes au Moyen-Age de Jean-Pierre LEGUAY Editions Jean-Paul Gisserot
2007 Le pays de Retz au moyen Age de Michel TESSIER éditions du petit Pavé
2007 : Traces humaines des premiers hommes à la menace viking par Marie-Hélène SANTROT, Jacques
SANTROT et Michel POLITZER Somogy-Editions d’Art
2009 Un extraordinaire combat pour la maitrise de l’eau en Pays de Retz et Marais Breton par Hubert de GRANDMAISON Siloë
Site web www.pedagogie.ac-nantes.fr
La rupture de la digue du Collet ; une gouvernance locale ( LAZAREVIC Milan, PIPAUD Patricia)( internet )
Flâneries aux Moutiers-en-Retz par Monique ALBERT ( Graphicom 2015)
D’une façon générale, un certain nombre d’articles des Revues éditées par les Historiens du Pays de Retz (Maison
de l’Histoire) que l’auteur remercie.
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CARTES DE REFERENCE
Françoise Gauthier « Phénomènes littoraux et protection des rivages sur le pourtour de la Baie de Bourgneuf »
Thèse de doctorat
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Carte Ifremer « La pêche en Baie de Bourgneu » Comités des pêches maritimes de Noirmoutier et de Pornic par
Anne Thimel (internet)
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Carte de Claude MASSE, ingénieur du Roi, 1708
Le port du Collet par marée 119 en mars 2015 (photo AMPRI)
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Association Patrimoine Marche de Bretagne Marais Breton (P2MB) des Moutiers en Retz
Déclarée en Sous-préfecture de Saint Nazaire en 1997 n°0443009654 Loi de 1901
Agrément local d’usagé ( arrêté Préfectoral du 18 septembre 2013)
Antenne de la Société des Historiens du Pays de Retz
Domaine de Lyarne 44760 Les Moutiers en Retz
Jean Pierre Rivron : [email protected]
20 rue du Bois Millet 44760 Les Moutiers-en-Retz
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