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La véridique
et bienheureuse
histoire
de Georgia
Lapoussette
Véronique Ovaldé
La véridique
et bienheureuse
histoire
de Georgia
Lapoussette
Du même auteur
Le Sommeil des poissons, Seuil, 2000 ; rééd. coll. « Points », 2009
Toutes choses scintillant, L’Ampoule, 2002 ; rééd. coll. « J’ai lu », 2005
Les hommes en général me plaisent beaucoup, Actes Sud, 2003 ;
rééd. coll. « Babel », 2005, « J’ai lu », 2010
Déloger l’animal, Actes Sud, 2005 ; rééd. coll. « Babel », 2007 ; rééd. coll. «J’ai lu», 2008
Et mon cœur transparent, éditions de l’Olivier, 2008 ; rééd. coll. « J’ai lu », 2009
Ce que je sais de Vera Candida, éditions de l’Olivier, 2009
Cet inédit vous est offert
par les librairies Initiales
La véridique
et bienheureuse
histoire
de Georgia
Lapoussette
Véronique Ovaldé
Ça pourrait
commencer
comme ça…
Jean-Marc Brunier
librairie Le Cadran Lunaire,
Mâcon
Il était une fois une brune nana pétillante et sémillante qui racontait
des histoires. Des histoires, des histoires, mais des histoires bien à elle.
Figures d’ogres et de géants, princesses, sorcières et autres créatures
de notre imagerie collective surgissent de l’écriture inventive de ce
Grimm en jupon, notre Perrault des temps modernes, Andersen du
Val-de-Marne. Mais bon Dieu, d’où lui vient ce talent ? Enfance brimée,
adolescence frustrée, cerveau atrophié, imagination débridée, nous
laisserons à d’autres cette psychanalyse bon marché. Nous, ce qu’on
sait, c’est que toute petite, dans les livres elle est tombée et y a fait ses
humanités. Et que dans son panthéon, elle y a mis les Nippons Ogawa
et Murakami, le Nord-Américain Richard Brautigan, et du sud de la
même Amérique, Gabriel Garcia Marquez. Ça pourrait être pire comme
maîtres à écrire, non ? De la lecture à l’écriture, il n’y avait qu’un pas à
franchir. Ce qu’elle a fait allégrement, naturellement, fantastiquement,
effrontément même. Et c’était parti pour la grande écriture.
Personnages, pays imaginés, syntaxe, elle malaxe, malaxe et recrache
sur le papier de sa plume enchantée. Alors, dès les premiers mots par
nous avalés, on reconnaît son phrasé, sa spontanéité, son univers si
particulier et on est captivés, capturés dans ses filets, librement prisonniers. C’est pas possible, cet auteur n’est pas français sommes-nous
tentés de penser.
Pour sûr, par les mots elle est possédée. Et comme si ça n’y suffisait,
notre « contrice » s’est faite éditrice. Guénassia et Pessan sont ses deux
premières victimes. Sans aucun doute reconnaissantes, les victimes.
Vous voyez, toute une vie aux livres consacrés, nous libraires, nous ne
pouvons qu’aimer.
Et quant à vous lecteurs adorés, avec cette nouvelle de fin d’année, soit
vous découvrirez et serez à votre tour envoûtés, soit avec bonheur vous
la retrouvez. Parce que dans ce texte offert avec toute sa générosité,
elle y est vraiment tout entière.
Allez ! À votre tour d’en profiter, de vous en délecter. Et vous en redemanderez. Pas de problème, on est là pour vous approvisionner. Maintenant embarquez, embarquez. On vous invite avec Véronique à passer
Noël au pays Ovaldé.
La véridique
et bienheureuse
histoire
de Georgia
Lapoussette
Le 1er avril 1959, Georgia Lapoussette naît à Poindeau
en Colombie Britannique. Deux choses nous semblent
indispensables à préciser dès l’abord sur le patronyme de
Georgia et aussi sur le nom de la ville.
Les Lapoussette vivent à Poindeau depuis quatre générations. Ce sont de très petites personnes. Le père de Georgia
Lapoussette a difficilement atteint le mètre cinquantecinq – et encore, lors de disputes avec sa femme, celle-ci
l’a accusé d’avoir falsifié ses papiers militaires et de les lui
avoir exhibés à leur rencontre afin de l’impressionner avec
cette taille qu’elle devine maintenant fallacieuse. La mère
de Georgia Lapoussette, Elizabeth, fait partie de la famille
Grancru, ce qui a peut-être à voir avec des vignobles de
l’ancien continent, mais plus certainement avec la grande
taille de ses membres. Et comme dans toutes les familles où
les gens sont grands, la mère de Georgia Lapoussette (qui
pourtant n’affiche pas du tout une taille exceptionnelle)
voit dans ce hasard génétique quelque chose révélant la
supériorité intrinsèque de chacun de ses aïeux sur ceux du
pauvre Jean Lapoussette qu’elle a épousé.
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Les Lapoussette s’appellent ainsi, dit-elle, à cause de l’histoire
de la petite Poucette grande comme un pouce.
Elizabeth Lapoussette, née Grancru, est parfois franchement inamicale avec son petit mari.
En général, quand elle commence à l’attaquer sur sa taille,
Jean Lapoussette se plonge dans son journal ou dans le
catalogue de gouttières que son employeur a mis à sa disposition.
Jean Lapoussette est représentant en gouttières.
Ce qui n’est pas pour impressionner sa femme dont la
famille est dans la pomme de terre depuis six générations.
Poindeau est une ville sans intérêt, elle n’a rien de remarquable. En 1959, elle abrite 8 900 âmes, essentiellement
catholiques (avec une famille mormone qui s’est égarée
sur le chemin de l’Utah. « Mais d’où venait-elle donc ? »
est une blague récurrente à Poindeau. Venait-elle du pôle
Nord ? Mais, comme la famille en question (un père,
une mère, quatre enfants blonds aux cheveux propres)
n’impose son mode de vie à personne, que le père n’est
visiblement pas polygame et qu’elle n’a pas d’ardoise à
l’épicerie, personne ne trouve à y redire).
Tout le monde n’est pas d’accord sur la signification du
nom de la ville.
Poindeau, ce nom français que la majorité prononce
Poïdow, signifie-t-il qu’il n’y a pas d’eau à Poindeau (et
dans ce cas que décidément cette ville ne présente pas le
moindre intérêt) ou signale-t-il que s’y situait il y a de cela
quelques décennies un point de rassemblement de bisons,
d’élans et de ratons laveurs près de la grande forêt de pins ?
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Parce qu’étrangement Poindeau est une ville qui a quelques
soucis d’humidité mais pas de réel point d’eau. Poindeau
est entourée de marécages où les pêcheurs du coin installent des cabanes sur pilotis pour s’isoler, picoler, médire
de leurs femmes et pêcher des poissons-chats et des
anguilles épaisses comme ma cuisse.
Georgia Lapoussette est la plus jeune d’une fratrie de trois
sœurs. Ses sœurs aînées ont déjà treize et onze ans quand
elle naît. Elle vient sur le tard, et comme tous les enfants
qui viennent sur le tard, on ne sait si elle est venue égayer
les jours mâtures de ses parents ou si elle est arrivée de
manière impromptue.
Au regard des relations d’Elizabeth Lapoussette et de son
époux, je dirais que la naissance de Georgia Lapoussette n’a
rien de prémédité et qu’elle est née d’un frisson d’enthousiasme bien légitime lors d’un début d’été près des Grands
Lacs (où monsieur et madame Lapoussette passent tous
leurs mois de juillet dans le chalet de chasse de monsieur
Grancru père – un chalet minuscule, mais qui a l’immense
double avantage de disposer de moustiquaires à chaque
fenêtre et de ne pas coûter un kopek à la bourse légèrement
dégarnie de la famille Lapoussette (la vente de gouttières
n’étant plus ce qu’elle était)).
Et quand Georgia Lapoussette naît, elle sait, comme tous
les nouveau-nés, très précisément ce qu’on attend d’elle ;
elle va s’atteler à sa tâche avec bonne volonté ; elle est là
pour réconcilier monsieur et madame Lapoussette.
Elle y mettra réellement du sien, gazouillera et sourira à qui
mieux mieux, sera le bébé le plus charmant et le plus docile
de tout Poindeau, ne fera jamais une bêtise, endossant
son rôle de réconciliatrice si joyeusement que les voisines
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de madame Elizabeth Lapoussette trouveront toujours
un prétexte pour passer la voir l’après-midi (et viseront
comme par hasard entre les siestes) juste pour le plaisir de
voir ce bébé rayonnant et tranquille.
« Elle est si apaisante » est la phrase qu’on entendit le plus
souvent dans le salon des Lapoussette pendant des années.
Ce qui ne laisse pas de surprendre madame Elizabeth
Lapoussette dont les deux filles aînées, si elles n’ont pas été
à proprement parler des teignes, se sont plutôt comportées
comme des enfants difficiles (ces enfants dont on dit qu’ils
ont du caractère – comme si les autres n’en avaient pas –
pour se consoler de leur nature capricieuse ou tracassière).
Les deux sœurs de Georgia Lapoussette n’aiment pas particulièrement leur petite sœur, ce qui les rapproche pendant
un temps (alors que leurs relations ont toujours été houleuses et plutôt basées sur le calcul précis du nombre de
boulettes dans l’assiette de l’autre).
La famille Lapoussette vit dans une petite maison du
centre avec un jardinet pourvu d’un zuma (dont les fruits
rouge sombre, veloutés et coniques fascinent Georgia
Lapoussette comme s’il s’agissait d’un élément de décoration égaré qui aurait plus sa place dans un salon que sur
les branches d’un arbre). Mais quand le père de madame
Elizabeth Lapoussette meurt ils héritent (en plus de la
cabane de chasse avec les moustiquaires) d’une maison
plus spacieuse, légèrement excentrée mais non loin de
l’exploitation de pommes de terre qu’a reprise le frère de
madame Lapoussette à la mort du patriarche.
(Le garçon en question, Martin Grancru, se met à cultiver
des pommes de terre de toutes les couleurs et de toutes les
saveurs, ce qui lui vaut assez vite d’être mis au ban de la société
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bienveillante mais un brin conventionnelle de Poindeau.
Les pommes de terre qu’il cultive ne sont plus vendues aux
éleveurs de porcs mais aux restaurants de Vancouver – les
meilleures tables veulent leurs pommes de terre Grancru,
ce qui enchante notre jeune cultivateur, lui qui a toujours
rêvé de devenir coiffeur pour le cinéma s’il n’était pas né
lui-même embourbé dans un endroit marécageux comme
Poindeau. Cette petite notoriété de coulisse le comble.)
Georgia Lapoussette grandit harmonieusement jusqu’à
ses huit ans. Elle promet même d’être plus une Grancru
qu’une Lapoussette, ce qui transporte d’aise sa mère. Elle
est longue, fine, ses muscles sont admirablement déliés et
ses cheveux aussi blonds et souples que ceux de madame
Elizabeth Lapoussette, alors que ses sœurs sont courtaudes
et noiraudes et qu’elles ont définitivement cessé leur
croissance.
Or Georgia Lapoussette arrête de grandir à huit ans.
Elizabeth Lapoussette panique, elle y voit un sortilège puis
un effet des déchets toxiques que rejette dans la partie nord
des marécages de Poindeau l’usine de pesticides de Braum,
elle s’insurge, appelle à une pétition, crée un comité de
vigilance (dont le mot d’ordre est « Pas de lilliputiens à
Poindeau »), songe à se présenter aux élections communales (sur une liste « En avant toujours ») et fait dormir sa
fille les chevilles attachées par des cordes aux barreaux du
lit (cordes qu’elle écourte légèrement tous les deux jours
afin de lui étirer les os), système qu’elle perfectionne
quand elle remarque que sa fille s’est mise à dormir recroquevillée au pied de son lit.
Monsieur Jean Lapoussette, qui a toujours été d’un stoïcisme à toute épreuve face aux bizarreries de sa femme,
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s’énerve et la menace de quitter la maison (il ne peut
décemment lui promettre de la mettre dehors puisque la
maison appartient à madame) si elle ne cesse ses dangereuses manipulations.
Madame Elizabeth Lapoussette hausse les épaules et le
regarde comme si elle ne se souvenait pas à coup sûr de son
prénom.
Tandis que Georgia Lapoussette gagne encore un ou
deux centimètres grâce aux étirements que lui inflige sa
mère, la discorde gagne, elle, la famille, et monsieur Jean
Lapoussette finit par quitter le foyer avec ses échantillons
de gouttières et sa Ford marron glacé.
Madame Elizabeth Lapoussette fait comme si ça lui était
égal. Puis sombre dans une dépression hostile. L’expression
est du médecin de Poindeau qui se targue d’être allé à un
congrès de psychiatrie à Buenos Aires en 1953.
La dépression hostile porte évidemment sur ou plutôt
contre monsieur Jean Lapoussette, madame Elizabeth
Lapoussette ne se préoccupant à aucun moment du confort
moral de sa dernière fille mais bien plutôt de régler ses
comptes (et particulièrement de faire payer la honte
d’avoir été abandonnée) avec monsieur.
Madame Elizabeth Lapoussette n’a pas supporté d’être
quittée.
Elle pleure pendant des mois après les premiers jours de
stupeur puis entreprend de harceler son mari avec des
lettres incohérentes et revanchardes ; il demande tout de
même le divorce, quitte l’hôtel de Vancouver où il vit, et
s’installe avec une femme charmante d’origine mexicaine,
elle-même divorcée, dans la banlieue de cette grande ville.
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Madame Elizabeth Grancru (elle reprendra bien entendu
son nom de jeune fille) ne cessera jamais de lui faire parvenir ses courriers nauséabonds, et monsieur Lapoussette
ne cessera jamais de les lire malgré la sollicitude de sa
nouvelle femme qui tente de le convaincre que ce n’est bon
ni pour son ulcère ni pour ses tendances insomniaques.
Alors que nous sommes en 1972 et que l’air s’emplit d’un
parfum de subversion et de rock’n roll, tandis qu’ailleurs
certaine guerre tourne boue, la petite Georgia Lapoussette,
hermétique pour le moment aux mouvements floraux et
contestataires du reste du monde, découvre les riches.
Son professeur de piano – chez les Grancru, on apprend
le piano dès le plus jeune âge et les fermes à pommes de
terre de la famille ont toutes abrité un piano dans une
des chambres glaciales qu’on trouve à leur étage (les
Grancru ont toujours, selon l’expression de monsieur Jean
Lapoussette, pété légèrement plus haut que leur cul) –,
son professeur de piano donc convie Georgia chez les de
la Ferrière pour leur présenter sa jeune élève qu’il trouve
prometteuse.
Les de la Ferrière habitent le château de Poindeau – en
fait, une grosse maison avec une allée en gravier blanc
et quelques arbres de belle tenue – et ne font pas grandchose depuis plusieurs générations. Ils ont participé à la
libération de Poindeau un siècle auparavant – mais on ne
sait pas exactement de quoi, de la grippe espagnole ou des
Indiens Chottewa, mystère. Et chacun à Poindeau leur voue
un respect mélancolique comme lorsqu’on regarde au zoo
le dos taché de l’ours blanc.
Quand Georgia est invitée chez eux elle est subjuguée. Non
par la richesse des lieux qui sombrent doucement dans
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une décrépitude augmentée et diversifiée par la proximité
des marais, mais par la bonne éducation. Et même quand
Georgia Lapoussette sera à l’université de Mexico DF,
quelques années plus tard, meneuse de grève et égérie d’un
mouvement gauchiste, elle ne perdra jamais son immense
tendresse pour les gens bien éduqués – elle dira toujours
que c’est ce qu’il y a de mieux chez les riches, on leur
apprend à se soucier de l’autre dès leur plus jeune âge ou du
moins on leur en donne la possibilité, puisqu’on les élève
sans doute aussi à devenir des requins. Et elle ne pourra
jamais s’empêcher d’apprécier qu’on lui tienne la portière
quand elle sortira de voiture, qu’on lui prenne le coude
pour traverser la rue, et que son convive lui serve du vin au
restaurant sans qu’elle ait à le demander.
Georgia sera tellement reconnaissante aux de la Ferrière
de leur accueil (leur jardin qu’ils appellent un parc et leur
château lui seront toujours ouverts pendant les années où
elle restera encore à Poindeau. « Viens donc faire du piano
quand tu le désires, ma fille, la porte t’est grande ouverte »,
répétera souvent madame de la Ferrière depuis le canapé
où elle se tient comme une odalisque – canapé couleur
zuma, ce qui charme bien évidemment notre Georgia),
Georgia leur sera donc tellement reconnaissante qu’elle
perdra sa virginité en 1975 dans la chambre bleue avec
Alban de la Ferrière, le fils cadet de la famille, qui portera
ce jour-là sa tenue habituelle et étrangement inappropriée
de skipper, tenue qui fera que cette première expérience
se teintera dans la mémoire de Georgia d’une singulière
couleur nautique.
En 1976, ne s’entendant plus du tout avec sa mère et
malgré la pacification de ses relations avec ses sœurs, elle
décidera de quitter Poindeau pour rejoindre la banlieue de
Vancouver et son père. Sa mère prendra ce départ comme
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une trahison, elle ne cessera de dire que son père a monté
Georgia contre elle, détruisant par là même l’image de la
mère, ne se rendant pas compte un seul instant qu’ellemême n’a eu besoin de personne pour détruire l’image de
la mère, qu’elle s’y est appliquée avec un art consommé
depuis la plus petite enfance de Georgia.
Georgia partira placidement pour Vancouver en empruntant le car puis le train.
Elle détient cette faculté particulière qui permet les départs
sans pleurs ni culpabilité, comme si, au moment où la
décision est entérinée, décision parfois difficile et longue à
prendre, le petit fil qui la reliait à un lieu ou une personne
se rompait avec un minuscule claquement, la libérant, et la
laissant filer dans le vent, légère et sans douleur.
*
Quand Georgia rejoint son père et sa belle-mère, Maria
Teresa de la Villacampa y Bormano, en octobre 1976, elle
n’a d’abord dans l’idée que de se reposer quelque temps
auprès d’eux (elle se rend compte que la cohabitation ces
dernières années avec sa mère n’a pas été de tout repos)
avant de faire un choix pour ses études.
Jean Lapoussette est devenu représentant en pneus cloutés, ce qui a plus de sens sur ces territoires que de vendre
des gouttières.
Et sa femme, Maria Teresa de la Villacampa y Bormano,
mais appelons-la Maria, travaille à mi-temps auprès de
petits enfants immigrés en difficulté scolaire. Le reste du
temps, elle écrit des poèmes, activité qui ne charrie pas
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dans son Mexique natal une imagerie de désœuvrement
mou et d’inadéquation au monde, mais bien plutôt de
subversion un brin radicale.
Maria est une femme bienveillante et drôle que Georgia
se met à apprécier infiniment ; Maria n’a pas eu d’enfants
parce qu’elle ne le pouvait pas et ne voit aucun inconvénient à accueillir chez elle la cadette de son époux.
C’est elle qui fait germer dans la tête de Georgia l’idée de
partir pour Mexico DF et de s’inscrire à l’université ; elle a
pour les langues le don adéquat, lui dit-elle, elle appréciera
la vie dans un pays plus chaud et plus poussiéreux, elle
pourra être accueillie, en partie du moins, par sa famille
et elle aura, ajoute-t-elle en clignant de l’œil, un immense
succès avec sa petite taille de princesse de conte et sa longue chevelure blonde et lisse.
Jean Lapoussette, entendant ces remarques, émet quelques
réserves. La petite taille de sa fille lui donnant sans doute
l’impression qu’elle est plus vulnérable qu’une autre. Maria
lui rétorque qu’ainsi elle peut se faufiler partout et elle ne
croit pas si bien dire. Devant la détermination de sa femme
et de sa fille, Jean Lapoussette bat en retraite et apporte sa
bénédiction à Georgia. Il lui dira même : « Je sentais en
toi une vraie Lapoussette, une grande âme d’aventurière »
(faisant peut-être allusion à l’un de ses ancêtres qui plusieurs siècles auparavant quitta sa Vendée natale pour traverser l’océan et traquer l’ours au Canada – ancêtre d’une
bonne partie des Lapoussette de ce continent, puisqu’il eut
une petite tendance à folâtrer à droite à gauche quand son
activité de trappeur lui en laissait le loisir).
Georgia Lapoussette quitte Vancouver, son père et sa bellemère en avril 1977 sans avoir revu sa mère.
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Elle traverse les États-Unis en car, appelant une fois par
jour depuis les cabines des relais routiers – sa bellemère considérant que les États-Unis sont l’endroit le
plus dangereux du monde et que tant qu’elle n’aura pas
atteint la frontière mexicaine, elle ne sera pas en sécurité.
Pendant son trajet, Georgia découvre Tennessee Williams,
le Jefferson Airplane et les morpions, les trois à cause de
son voisin de banquette, un jeune comédien aux yeux aussi
sombres que ceux d’un faon, qui s’arrête à la NouvelleOrléans (le car zigzague légèrement) et l’embrasse sur les
paupières en lui disant qu’il commençait à s’attacher à elle.
Georgia lui sourit sans la moindre tristesse et continue
son périple jusqu’à Ciudad Juarez. Là, elle change de car et
atteint Mexico DF.
Hébergée par une tante de Maria (Guadalupe Peres Cardinal
y Bormano), Georgia s’inscrit en littérature à l’université du
DF. Elle prend aussi des cours d’espagnol municipaux – en
général avec des paysans venus de provinces éloignées qui
ne savent ni écrire ni parler un espagnol convenable.
À l’université du DF elle rencontre Arturo Filomeno
qui va devenir très vite son amant et l’entraîner dans ses
nombreuses réunions ultragauchistes. L’insurrection
gronde à l’université du DF, section littérature. Après une
manifestation particulièrement houleuse, ils se retrouvent
à soixante enfermés dans les locaux de l’université, sans
possibilité de s’échapper, le bâtiment étant ceinturé par
des militaires en kalachnikov (c’est l’arme à la mode à ce
moment-là, pas chère, facile de maniement et follement
efficace) qui les empêchent de sortir et de se ravitailler.
La presse est présente mais sans assiduité, la version
officielle expliquant qu’une poignée (quatre ou cinq) de
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militants même pas inscrits à l’université et bardés d’explosifs menacent de faire sauter le bâtiment de littérature
pour réclamer (les versions divergent) la libération d’un
pacha du cartel, l’arrêt des tortures systématiques pendant
les interrogatoires ou leur propre extradition vers Cuba.
lui distille chaque mois et qu’il y a des façons simples de ne
pas se compromettre dans l’existence.
Et c’est Georgia Lapoussette qui réussit à se faufiler dehors,
grâce à sa si harmonieuse petite taille, par le soupirail des
sanitaires, qui avertit les médias en produisant des polaroïds de ses compagnons, clichés les montrant désarmés,
nombreux et déterminés (et tous étudiants de l’université)
en train de s’étioler tranquillement puisque l’eau a même
été coupée dans le bâtiment où ils sont retranchés.
Elle s’installe avec Esteban de Heredia dans sa grande
hacienda sur les collines et assiste son bien-aimé qui a
quelques difficultés pour trouver du travail – l’argument
qu’il avance pour justifier ses difficultés est toujours
qu’il est le fils de son père et non pas, bien entendu, qu’il
manque singulièrement de talent.
Les médias s’enflamment et l’affaire a un énorme retentissement. Les étudiants mal en point mais satisfaits sont libérés,
toutes les télés les montrent exténués et victorieux, Georgia
est portée en triomphe, elle se retrouve à devoir répondre à
des dizaines d’interviews, ce que prend plus ou moins bien
Arturo Filomeno qui finit par considérer qu’elle a juste servi
de pigeon messager et ne devrait pas être autant mise en avant.
À ce moment-là, Georgia croise le chemin d’un journaliste,
Esteban de Heredia, qui la subjugue par son attention, sa
douceur, sa finesse, la beauté de son profil et son aisance
de riche.
Les membres militants lui expliquent alors qu’elle ne
peut faire partie de leur mouvement tout en fréquentant
Esteban de Heredia qui, même s’il a des sympathies pour
eux, est tout de même le fils de son père – un dignitaire
ayant eu des accointances avec les nazis venus s’installer
post-bellum. Georgia s’insurge. On n’est pas responsable
de ses parents, dit-elle. Les militants lui rappellent gentiment qu’Esteban de Heredia vit avec l’argent que son père
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Ils lui demandent de choisir.
Georgia choisit.
Georgia l’aide, lui écrit même quelques-uns de ses textes,
Esteban fait semblant de ne pas le remarquer, il s’occupe
par ailleurs plutôt bien de sa princesse (il l’appelle
Raiponce à cause de la longueur de ses cheveux et de sa
culture européenne).
Georgia tombe enceinte.
Elle annonce la bonne nouvelle à son père et à sa bellemère qui lui répondent qu’ils sont enchantés et qu’ils vont
venir la voir ; sa belle-mère, dans la même lettre, lui écrit
que sa mère est décédée, elle a glissé sur une petite pomme
de terre rouge (une roseval) en haut des escaliers de la cave
de chez son frère et elle s’est brisé la nuque quand elle est
arrivée en bas des marches.
Georgia en apprenant la nouvelle n’a pas une larme, mais
elle secoue la tête, simplement affligée pour sa mère, répétant tout bas, Quelle triste vie, quelle triste vie.
Puis elle se concentre, pendant les mois qui suivent, sur
sa grossesse et le 26 septembre 1979 naît sa fille, Consuelo
Lapoussette y Heredia.
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Le couple Lapoussette-Heredia ne va pas bien. Esteban
trouve difficilement où placer ses articles mais continue
de vivre dans la maison invraisemblable que son père lui
alloue. Il se raidit de plus en plus, s’assombrit, il devient
taciturne et dégringolerait peut-être carrément dans la
dépression (ou l’extrémisme) si Georgia n’était pas aussi
encourageante et attentionnée et si la petite Consuelo ne se
comportait pas avec autant de grâce.
Mais un jour qu’il s’est encore énervé contre le Mexique,
le gouvernement, les riches, les pauvres, les femmes canadiennes et les Juifs, Georgia lui dit gentiment :
« Heureusement que tu as raté ta vie professionnelle sinon
tu serais encore plus donneur de leçons. »
Esteban de Heredia ne prend pas très bien la chose.
Il s’enferme pendant trois jours dans son bureau en refusant de s’alimenter.
Et Georgia Lapoussette étrangement décide que c’en est
trop.
Elle habille sa petite fille d’un poncho, l’enturbanne
dans une écharpe autour de son buste et remplit son
sac des nécessités premières puis quitte l’hacienda, les
cactus, l’espagnol, la poussière du chemin, la chaleur et le
Mexique. Elle va à l’aéroport (elle n’a déjà plus l’impression
d’être au Mexique, ne lui a-t-on pas toujours répété que
les aéroports étaient des lieux au statut particulier, où l’on
n’est plus tout à fait ici et pas encore là-bas ?), elle appelle
son père, lui annonce qu’elle arrive par le premier vol et
embarque avec sa petite Consuelo au moment même où
Esteban de Heredia sort le nez de son bureau pour vérifier
que tout le monde souffre beaucoup de son enfermement.
24
Comme il ne voit personne, il imagine que Georgia est
sortie faire une course avec Consuelo, la domestique n’est
pas là, alors il se précipite à la cuisine pour grignoter un
bout de gratin de nopal dans le garde-manger. Et ce n’est
qu’après s’être sustenté qu’il remarque le petit mot de
Georgia posé sur la table et maintenu dans l’angle gauche
pour ne pas qu’il s’envole par un joli vase bleu dans lequel
elle a placé deux œillets rouges. Elle l’a écrit en espagnol et
il dit juste : « Je pars avec Consuelo. Nous ne reviendrons
sûrement pas. Prends grand soin de toi. »
Il n’en revient pas de son laconisme, il lit le mot 230 fois.
Il appelle son père pour l’empêcher de quitter le territoire
(il se doute qu’elle repart au Canada) mais il est trop tard.
Il se rend compte avec stupeur qu’il n’avait pas évalué le
manque de sentimentalité de cette femme, sa façon d’être
sans nostalgie, cette manière d’être tendre et douce, mais
comme si elle disposait d’un réservoir précis et mesuré de
tendresse et de douceur et que lorsque ce réservoir était
épuisé eh bien, rien à faire, il était impossible de le remplir
à nouveau.
Georgia Lapoussette et Consuelo arrivent à Vancouver le
22 juin 1980. Jean Lapoussette et Maria les accueillent, les
consolent même si ce n’est pas nécessaire, les cajolent et
s’occupent si parfaitement d’elles qu’on peut se demander
ce qui pousse Georgia à repartir si vite.
Elle emmène Consuelo voir son oncle, Martin Grancru,
qui s’occupe toujours de l’exploitation de pommes de
terre à Poindeau mais qui en a fait quelque chose de fort
personnel puisqu’il ne produit plus que de la pomme de
terre élégante et vieillotte, rouge, violette, noire ou verte,
au goût de châtaigne, de framboise ou de truffe. Georgia
se prend de passion pour ces multiples variétés et pour cet
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homme au physique de vieux jeune homme efféminé. De fil
en aiguille il lui parle d’un de ses amis qui aimerait ouvrir
un restaurant dans le Maine et Georgia trouve l’idée merveilleuse et part derechef avec sa Consuelo pour rencontrer
l’ami de son oncle et l’aider dans son entreprise.
La si petite Georgia Lapoussette (n’oubliez jamais qu’elle
assume avec grâce ce physique empêché et que cette personne qui sillonne le continent ne mesure, à tout casser,
qu’un mètre trente-cinq) convainc l’ami de son oncle de
s’associer avec elle et les voilà qui montent un restaurant
gastronomique à Wiscasset dans la baie du Muscongus
dans un endroit un peu frisquet certes, mais propice
aux migrations d’intellectuels et de pédants qui sauront
apprécier, chacun à leur façon, une cuisine sophistiquée et
goûteuse. Les plats arborent des noms français de quatre
ou cinq lignes. On croirait un exercice pour les enfants
afin de déterminer les groupes nominaux et leur nature.
Georgia devient vite l’égérie de Wiscasset, minuscule fée
blonde nourricière, accompagnée en permanence de sa
Consuelo mexicaine, fillette si à l’aise avec les adultes
qu’elle en oublie parfois le plaisir de jouer aux Barbie putes
(pourquoi sont-elle si souvent habillées en skaï noir ?, se
demande régulièrement Georgia) et aux baigneurs chauves
avec les autres petites filles de Wiscasset.
Georgia Lapoussette a enfin pense-t-elle trouvé un endroit
pour elle et sa fille. Elle aime le vent de l’Atlantique et les
hommages rendus à ses pommes de terre multicolores,
elle aime l’océan froid et les maisons en bois, elle aime la
relation qu’elle entretient avec son amant Roger Dickson,
chirurgien à New York, qui vient le week-end et pendant
la moitié des vacances scolaires (il a deux fils d’un premier lit), qui est un homme cultivé, fumant des Panther,
conduisant de petites voitures silencieuses, et aimant
26
par-dessus tout la tarte meringuée aux airelles ainsi que
les longues promenades sur les plages désertées de la baie
de Muscongus. Georgia Lapoussette est plutôt une femme
heureuse. Elle dirait cela, je pense, si on le lui demandait.
*
Wiscasset a toujours été une ville sujette aux secousses
sismiques et en 2008 (le 1er avril, le jour des quarante-neuf
ans de Georgia Lapoussette – et cette date restera toujours
gravée dans sa mémoire à cause de son anniversaire, tout
comme la vue de ce qui est proche altère le lointain),
Wiscasset est véritablement ébranlée par un tel tremblement de terre avec réplique furieuse et inattendue que les
maisons en bois de toute la baie s’affaissent comme des
Kapla.
Le restaurant de Georgia Lapoussette ne fait pas exception
à la règle. Il s’effondre, rien à faire, après s’être fissuré
comme un encéphalogramme, avoir paru hésiter un instant et puis avoir abandonné la partie comme on finit par
s’assoupir. La chose a pris huit secondes et demie.
Georgia Lapoussette semble prendre conscience de
quelque chose (la précarité des choses ? La nécessité de
repartir ?), elle quitte gentiment Roger Dickson, appelle sa
fille qui vit à Montreal et les prévient qu’elle s’en va avec
l’argent de l’assurance peindre des aquarelles à Cape Cod.
Des aquarelles ? s’étonne Roger Dickson.
Des aquarelles, répète Consuelo sceptique comme si elle
essayait de visualiser à quoi ressemble une aquarelle (elle
est elle-même directrice d’école maternelle à Mont-Royal
27
et se retrouve en général trop vite submergée par le réel
pour s’intéresser à autre chose qu’aux subventions de la
ville et à la qualité des repas au restaurant scolaire).
C’est ainsi que Georgia se voit, dans la belle lumière de
Cape Cod, habillée en blanc, scrutant l’horizon et les bosses
des baleines, vivant de presque rien, dans une ascèse tranquille et pacifique, dans une sorte d’accord avec le monde.
Pour s’installer dans cette vie à laquelle elle aspire avec
tant d’appétit (et pour s’y habituer elle prend au début du
Prozac), Georgia se déniche une petite maison en bardeaux
au milieu des dunes de Cape Cod, adopte un chien noir
qu’elle appelle Roberto, s’achète du matériel, des couleurs
et une petite voiture marron (qui lui rappelle la voiture de
son père quand elle était enfant), elle se met à porter de
grands chapeaux de paille ou des foulards et s’inscrit à la
bibliothèque municipale.
yeux humides et clignotants et à sa gauche un Roger éploré
mais tapotant. Elle laisse sa fenêtre grande ouverte, elle
dit qu’elle veut sentir le vent sur ses paupières. Elle pense
que son âme s’en ira en longs filaments scintillants par la
fenêtre. Elle a cette drôle de pensée Georgia, elle se dit au
moment crucial, Parce que sinon à quoi bon tout cela ? Et
Roger lui fait la piqûre adéquate, il pleure ce pauvre Roger,
il regarde le tout petit corps de sa doucette qui s’est encore
un peu plus étiolée ces dernières semaines, il pleure parce
qu’il ne peut s’en empêcher et que Georgia a toujours choisi
des hommes sensibles et tendres, parfois peu vaillants ou
carrément défaillants, mais des hommes moelleux et un
brin tristounets, il pleure mais il se dit quand il la voit s’en
aller, Quel homme tout de même, ne prenant conscience
qu’après coup d’avoir eu cette drôle de pensée déplacée.
Elle laisse tomber le Prozac et fréquente les extravagants de
la ville – Mimi la potière, Gianpaolo le peintre, Jo l’ancien
mormon toxicomane, et Lulu la serveuse gay.
Georgia se construit une nouvelle vie heureuse. Georgia
fait partie de ces gens qui savent s’organiser, placer leurs
armées, consolider les contreforts, surveiller les brèches
afin de ne jamais plonger dans la dépression et ne jamais
se laisser aller à une nostalgie de mauvais aloi. Quand on
lui apprend qu’elle a un cancer en juillet 2011 elle n’en fait
pas une histoire, elle refuse poliment l’aide de la médecine
(Georgia a toujours eu l’intuition de ce qu’elle était capable
de supporter ou non), elle appelle son bon vieux Roger
Dickson, lui demande de venir la retrouver avec de quoi
finir tranquille si les choses se précipitaient ou si la douleur
lui retirait sa dignité et elle décide de mourir paisiblement
avec à sa droite Roberto le chien noir qui la regarde de ses
28
29
Pourquoi le prix
unique du livre ?
La loi du 10 août 1981 pose le principe d’un prix unique de vente du
livre fixé par l’éditeur ou par l’importateur. Le prix unique signifie que
le même livre sera vendu au même prix par tous les détaillants, quelle
que soit la période de l’année concernée – à concurrence, cependant,
de la remise légale de 5 % que tous les détaillants peuvent pratiquer.
Que l’on soit à Paris, dans une petite ville ou dans une zone rurale, le
même livre sera donc vendu au même prix dans les grandes surfaces
spécialisées, dans un hypermarché, dans une maison de la presse ou
dans une librairie indépendante.
Ainsi, le prix unique du livre a-t-il permis de préserver la richesse et la
diversité de la création littéraire en garantissant sa diffusion par un réseau de librairies à la fois dense et de qualité.
Qu’est-ce qu’une
librairie indépendante ?
Une librairie indépendante est une librairie n’appartenant ni à groupe
industriel ou commercial, ni à une chaîne.
C’est un lieu où travaillent des libraires qui ont à cœur de diffuser les
livres qu’ils aiment – et non ceux que d’autres auront choisis pour eux
et le public.
C’est un espace à taille humaine où les mots proximité, diversité et service prennent tout leur sens.
C’est le carrefour de la création littéraire, le garant de la liberté de
toutes les lectures.
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L’association
de librairies
indépendantes
Initiales
Depuis 1997, l’association Initiales rassemble des libraires indépendants partageant la même passion de leur métier. Par leurs actions
communes, ils souhaitent réaffirmer le rôle essentiel du livre comme
outil de connaissance, de réflexion et de liberté et œuvrer collectivement pour la diversité éditoriale et la liberté de toutes les lectures.
Initiales a également pour but de mettre en réseau les librairies afin de
partager la connaissance d’un même métier qui, s’il peut s’exercer de
façon très différente d’une librairie à une autre, œuvre cependant dans
un même sens pour la défense d’une identité culturelle et plurielle.
Nous sommes aujourd’hui trente-six librairies réparties dans vingtdeux départements de France et en Belgique. Chaque librairie est un
lieu d’échanges, de rencontres et de débats.
De plus, Initiales édite et distribue dans chacune des librairies adhérentes des dossiers thématiques, une revue bibliographique, ainsi que
des nouvelles inédites d’écrivains.
Le prix Initiales a pour mission de faire découvrir une fois par an un
roman français et un roman étranger. Il est décerné au printemps par
un jury composé de tous les libraires du groupement.
Le prix Mémorable récompense, lui, la réédition d’un auteur malheureusement oublié, d’un auteur étranger décédé encore jamais traduit en
français, d’un inédit, ou d’une traduction révisée et complète d’un auteur.
Retrouvez l’actualité des librairies,
les rencontres, les coups de cœur, les dossiers...
sur initiales.org.
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Les librairies Initiales
ANTIPODES
8, rue Robert-Schuman
95880 Enghien
T : 01 34 12 05 00
F : 01 34 17 69 26
[email protected]
ATOUT-LIVRE
203, bis avenue Daumesnil
75012 Paris
T : 01 43 43 82 27
F : 01 43 43 82 73
[email protected]
www.atoutlivre.com
LIBRAIRIE DES
CORDELIERS
13, côte des Cordeliers
26100 Romans-sur-Isère
T : 04 75 05 15 55
F : 04 75 72 50 56
[email protected]
GWALARN
15, rue des Chapeliers
22300 Lannion
TéL : 02 96 37 40 53
F : 02 96 46 56 76
[email protected]
AU MOULIN DES LETTRES
50, quai des Bons-Enfants
88000 Epinal
T /F : 03 29 82 62 89
[email protected]
www.aumoulindeslettres.fr
L’ARBOUSIER
1, avenue Abdon-Martin
04700 Oraison
T /F : 04 92 78 61 08
[email protected]
larbousier.blogspot.com
AU POIVRE D’ÂNE
9, place de l’Hôtel-de-Ville
04100 Manosque
T : 04 92 72 45 08
F : 04 92 72 40 03
librairiepoivredane
@wanadoo.fr
L’ÉCRITOIRE
30, place Notre-Dame
21140 Semur-en-Auxois
T : 03 80 97 05 09
F : 03 80 97 19 89
[email protected]
www.ecritoire-semur.com
AU POIVRE D’ÂNE
12, rue des Frères-Blanchard
13600 La Ciotat
T : 04 42 71 96 93
F : 04 42 73 19 68
[email protected]
LA LIBRAIRIE DES HALLES
1bis, rue Thiers
79000 Niort
T : 05 49 04 05 03
F : 05 49 17 18 80
www.lalibrairieniort.com
COMME UN ROMAN
39, rue de Bretagne
75003 Paris
T : 01 42 77 56 20
F : 01 42 77 56 20
[email protected]
www.comme-un-roman.com
LA LIBRAIRIE DU RIVAGE
82, boulevard Aristide-Briand
17200 Royan
T /F : 05 46 22 05 16
[email protected]
www.librairie-du-rivage.fr
LA RÉSERVE
81, avenue Jean-Jaurès
78711 Mantes-la-Ville
T : 01 30 94 53 23
F : 01 30 94 18 08
[email protected]
LE BATEAU LIVRE
154 rue Gambetta
59800 Lille
T :03 20 78 16 30
F : 03 20 78 16 45
[email protected]
LE CADRAN LUNAIRE
27, rue Franche
71000 Mâcon
T : 03 85 38 85 27
F : 03 85 40 92 16
[email protected]
LE CYPRÈS
17, rue du Pont-Cizeau
58000 Nevers
T : 03 86 57 53 36
F : 03 86 59 59 24
LE GRAIN DES MOTS
13, boulevard du Jeu-de-Paume
34000 Montpellier
T : 04 67 60 82 38
F : 04 67 60 82 91
[email protected]
www.legraindesmots.com
LE LIVRE PHARE
8, rue Dumont-D’Urville
29900 Concarneau
T : 02 98 50 68 11
[email protected]
LE MERLE MOQUEUR
51, rue de Bagnolet
75020 Paris
T : 01 40 09 08 80
F : 01 40 09 86 60
[email protected]
www.lemerlemoqueur.fr
LUCIOLES
13-15, place du Palais
38200 Vienne
T : 04 74 85 53 08
F : 04 74 85 27 52
[email protected]
www.librairielucioles.fr
LE MERLE MOQUEUR
Librairie du Centquatre
104, rue d’Aubervilliers
75019 Paris
T : 01 40 38 85 65
www.lalibrairiedu104.fr
LUNE ET L’AUTRE
19, rue Pierre-Bérard
42000 Saint-Étienne
T /F : 04 77 32 58 49
[email protected]
LE SCRIBE
115, faubourg Lacapelle
82000 Montauban
T : 05 63 63 01 83
F : 05 63 91 20 08
[email protected]
www.lescribe.com
LE SQUARE (L’université)
2, place du docteur
Léon-Martin
38000 Grenoble
T : 04 76 46 61 63
F : 04 76 46 14 59
[email protected]
www.librairielesquare.fr
LES SAISONS
2, rue Saint-Nicolas
17000 La Rochelle
T : 05 46 37 64 18
F : 05 46 34 05 58
www.lessaisons.fr
[email protected]
LIVRE AUX TRÉSORS
4, rue Sébastien-Laruelle
4000 Liège
Belgique
T : +32 04 250 38 46
F : +32 04 250 38 46
[email protected]
MAUPETIT
142-144, La Canebière
13001 Marseille
T : 04 91 36 50 50
F : 04 91 36 50 79
[email protected]
M’LIRE
3, rue de la Paix
53000 Laval
T : 02 43 53 04 00
F : 02 43 53 23 52
[email protected]
MOTS ET IMAGES
10, rue Saint-Yves
22200 Guingamp
T : 02 96 40 08 26
F : 02 96 40 08 27
[email protected]
NORDEST
34 bis, rue de Dunkerque
75010 Paris
T /F : 01 48 74 45 59
[email protected]
OBLIQUES
68, rue Joubert
89000 Auxerre
T : 03 86 51 39 29
F : 03 86 52 11 83
[email protected]
PASSAGES
11, rue de Brest
69002 Lyon
T : 04 72 56 34 84
F : 04 72 56 34 85
[email protected]
POINT-VIRGULE
1, rue Lelièvre
5000 Namur
Belgique
T : +32 081 22 79 37
F : + 32 081 22 79 37
[email protected]
QUAI DES BRUMES
120, Grand’Rue
67000 Strasbourg
T : 03 88 35 32 84
F : 03 88 25 14 45
[email protected]
VENT D’OUEST
5, place du Bon-Pasteur
BP 31626
44016 Nantes Cedex
T : 02 40 48 64 81
F : 02 40 47 62 18
[email protected]
www.librairie-nantes.fr
VENT D’OUEST
(au lieu unique )
2, rue de la Biscuiterie
44000 Nantes
T : 02 40 47 64 83
F : 02 40 47 75 34
[email protected]
Les publications
Inédits
Dany Laferrière, Je suis fatigué, 2000 ¦¦ Philippe Claudel, Carnets cubains, 2002
Elwood Reid, Territoire, 2002 ¦¦ Hubert Mingarelli, Sur la mer, 2003
Christian Garcin, Fragments oubliés, 2005 ¦¦ Patrick Deville, Une photo
à Montevideo, 2004 ¦¦ Russel Banks, La Réserve, 2005 ¦¦ Initiales a 10 ans
et autres bonnes nouvelles, 2007 ¦¦ René Vasquez Diaz, Villes en bord de mer /
Ciudades junto al mar, 2009.
Dossiers
Algérie, 1997 ¦¦ Humour, 1997 ¦¦ Jørn Riel, 1998 ¦¦ Samuel Beckett, 1998
Raymond Carver, 1999 ¦¦ Julien Gracq, 1999 ¦¦ René Fallet, 2000
A comme amour, 2000 ¦¦ Nancy Huston, 2001 ¦¦ Mario Rigoni Stern, 2001
Sombre Afrique, 2002 ¦¦ Annie Saumon, 2002 ¦¦ Raymond Queneau, 2003
Littérature de l’imaginaire, 2003 ¦¦ Pierre Michon, 2003 ¦¦ André Dhôtel, 2004
Nos Amériques, 2004 ¦¦ Jacques Séréna, 2005 ¦¦ Littérature de voyage, 2006
Americanada, 2006 ¦¦ Le Roman noir, 2007 ¦¦ Guy Goffette, 2008
Figures italiennes, 2008 ¦¦ Reportage, 2009 ¦¦ Les Points sous les i n°1
Le Conte, 2010 ¦¦ Les Points sous les i n°2 Le rire en plus.
À paraître
Écrire le travail, février 2011
Les points sous les i n° 3 Poésie contemporaine, mars 2011
Achevé d’imprimer en décembre 2010
Relecture et correction : Jeanne Labourel
Conception graphique : Atelier Poste 4
Photos de la page suivante © Daniel Schwen et Bill B.
Impression : Ott Imprimeurs
ISBN 9782953612325
Initiales
51, rue de Bagnolet
75020 Paris
www.initiales.org
G.L.