Antihypertenseurs et dysfonction érectile : info et intox

16/01/2013
www.theheart.org/fr/article/1478537/print.do
Antihypertenseurs et dysfonction érectile : info
et intox
Paris, France—Les a ntihyp erte ns eurs e t en pa rticulie r le s b êta blo quants s ont s ouvent incriminés
d'emblée lo rs de troub le s s exue ls che z un p atient hype rtend u. Le ur imp lica tio n e st-e lle s uré va lué e ?
C'es t l'avis du Pr François Giuliano (urolog ue , hô pital Raymond P ointcarré, Ga rches ). Lors d'une
confére nce d e pres s e d e p rés enta tio n d e l'éd ition 2012 du co ng rès de l'Association Française
d'Urologie (AFU), l'expe rt a ra pp elé qu'e n te rmes d'effe ts se co nd aire s se xuels, tous les antihype rtense urs ne s ont pas à mettre dans le mê me p anier [1].
heartwire : Tous les antihypertenseurs sont-ils responsables de dysfonctions érectiles ?
Pr François Giuliano : D'aprè s une revue ré ce nte de la littérature d e M. Baumhäkel e t coll, p armi les
antihyp ertens eurs , la clas se clairement id entifiée comme fa cteur de dysfo nctio n é rectile es t celle d es
diuré tiques thiazid iq ues [2]. Po ur les bê tabloq ua nts , qui o nt trè s ma uvaise rép uta tion, le lien es t
be auco up moins évid ent. Le ne bivo lol (Ne bivolol®, Bioga ran), en pa rticulie r, a été clairement disculpé .
Enfin, les inhibite urs de l'enzyme d e conve rsion (IEC ) et les antag oniste s du récep teur de
l'angio tensine II (ARAII o u s arta ns ), n'ont pa s d'effe ts délétè res sur la dys fonction ére ctile . Il
s emblerait même que les sa rtans a ie nt p lutô t te nda nce à a mé liorer l'é rectio n d es pa tie nts hype rtendus
qui e st so uvent dé grad ée . S'il falla it d onner un co ns eil e n d eho rs des a utres a sp ects médicaux, to us
antihyp ertens eurs confondus, il faudrait plutô t évite r le s diurétique s thia zidique s et favoris er la
pre scriptio n des s arta ns da ns le but de pré se rve r l'ére ction de s p atients .
Comment expliquer ces différents effets des antihypertenseurs ?
F.G. : Il es t p os sible que les interfé rence s hé mo dyna miques induites pa r le s médicaments
antihyp ertens eurs jo ue nt un rô le dans la surve nue de la d ys fonction ére ctile mais, à ce jour, les
mécanis mes mis en je u ne s ont pa s é lucidé s.
Po ur l'ins tant, no us ne po uvons p as expliq uer po urquoi l'impa ct se xuel diffère en fonctio n d u type
d'antihype rtense urs . No us ne s avons p as pa r quels mé ca nismes p hysiopa tho log iq ue s les diuré tiques
thiazid iques d égra de nt la fo nctio n é rectile. En revanche, les s arta ns so nt d es pro tecte urs de la
fo nctio n e nd othé liale et co mme l'endothélium joue un rô le dans les méca nis mes de l'ére ction, il n'es t
pa s illog ique qu'ils p uiss ent amélio rer la s ituatio n.
Vous dites que les bêtabloquants ne méritent pas leur réputation ?
F.G. : Les b êtab lo qua nts ont mauva is e ré putatio n p arce que , d e to ut te mp s, le s patients hyp erte ndus
ont été à ris que d e d ys fonction ére ctile et que le s bê tabloq uants ont été bea ucoup pres crits . Mê me le s
libe llé s dans le s ré sumés de caracté ris tiques de s pro duits en Fra nce a ffirme nt ce lien qui n'a pourtant
pa s été scie ntifiq ue me nt p rouvé . Les quelq ue s g rande s é tud es qui o nt comp aré les d ifférentes cla ss es
d'antihype rtense urs vers us placeb o n'ont pa s ap porté de pre uve irréfutab le de l'impa ct des
bê tab loq ua nts s ur la fo nctio n s exue lle. En re va nche, p arce qu'ils o nt trè s ma uvaise rép uta tion, les
bê tab loq ua nts pe uvent être as so ciés à un effet noceb o. Une étude italie nne che z 96 patients
hype rtendus ne s ouffra nt p as de dysfonction ére ctile et re cevant tous d e l'até no lol 50 mg/j a mo ntré
que l'e ffet ps ycholo gique de s e s avoir traité p ar bêta blo quant pouva it ind uire une d ysfo nctio n é rectile
che z les pa tie nts [3]. Le s p atients o nt é té d ivis és en trois groupe s : ce ux qui ne s a va ient pa s qu'ils
rece va ient un b êtab lo qua nt, ce ux qui re cevaie nt le bêta bloquant sa ns être informé s des é ve ntue ls
effets s econda ires s exue ls et ce ux qui é taie nt traité s en étant informé s d es effets s ur la d ys fo nctio n
ére ctile . Da ns les trois g roupes , l'incid ence de la dys fonction ére ctile éta it re sp ectiveme nt d e 3,1% ;
15,6% et 31,2% (p<0,01).
Il es t impo rtant d'avoir une idée cla ire des e ffets s exue ls rée ls de s antihype rtens eurs pa rce qu'ils
pe uvent limiter l'o bs ervance de s patients à ha ut ris que card iovas culaire .
Dysfonctio n é rectile : un signe de gra vit é cardi ova scul aire à ne pas né gliger
Il existe un lien extrêmement fort entre la dysfonction érectile et les maladies cardiovasculaires. Globalement,
un patient sur deux qui souf fre d'une maladie cardiovasculaire a une dysf onction érectile.
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Les études épidémiologiques et interventionnelles réalisées par les cardiologues ont montré que les
mécanismes physiopathologiques de la dysfonction érectile et des maladies cardiovasculaires en général
(coronaropathie, hypertension artérielle, athérosclérose) sont les mêmes : il s'agit de la dysf onction
endothéliale.
D ans ce contexte, la survenue d'une dysfonction érectile dans l'histoire d'un patient vasculaire marque un
tournant, un signe de gravité.
Nous savons qu'à âge égal et à facteur de risque cardiovasculaire égal, sur un suivi de 5 ans, la survenue
d'une dysfonction érectile chez les hommes à risque cardiovasculaire est clairement associée à la survenue
plus fréquente d'inf arctus du myocarde, d'A VC, voire de mort subite. La survenue d'une dysf onction érectile
chez ces patients a une vraie valeur clinique !
Le Pr Giuliano tr availle avec les laboratoires Lilly, Pfizer, et Ménarini.
Réfé re nces
1. C onférence de presse. Rapport du congrès sur la médecine sexuelle. L'iatrogénie sexuelle des
médicaments. François Giuliano. Vendredi 16 novembre 2012.
2. M. Baumhäkel, N. Schlimmer, M. K ratz, G. Hacket, G. Jackson, and M. Böhm, "Cardiovascular risk,
drugs and erectile function-a systematic analysis," International Journal of Clinical Practice, vol. 65, no.
3, pp. 289-298, 2011.
3. A . S ilvestri, P. Galetta, E. Cerquetani et al., "Report of erectile dysfunction af ter therapy with betablockers is related to patient knowledge of side effects and is reversed by placebo," European Heart
Journal, vol. 24, no. 21, pp. 1928-1932, 2003.
Lie ns
Première s re co mmandati ons AHA sur l'a ctivité sexuell e che z l e cardi aque
[heartwire > A ctualités ; 2 février 2012]
L'a ctiv ité physique o u sex uel le é pisodique ma jore l e risque d'év ène me nt a igu
[heartwire > A ctualités ; 4 mai 2011]
Différe nts facteurs peuv ent co mpromettre la v ie se xue lle de l'hype rtendu
[heartwire > A ctualités ; 20 avril 2011]
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