II. Notions principales en linguistique de l`énonciation On regroupe

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II. Notions principales en linguistique de l`énonciation On regroupe
II. Notions principales en linguistique de l’énonciation
On regroupe sous le terme de linguistique de l’énonciation, linguistique énonciative, ou
encore approches énonciatives un ensemble de recherches qui trouvent leur origine au début
des années 1960 avec les réflexions de E. Benveniste et qui se poursuivent encore
actuellement avec des travaux très récents ; pour n’en citer que quelques-uns, qui montrent la
grande diversité des approches énonciatives : ceux d’Antoine Culioli sur les opérations
énonciatives, ceux du groupe Ci-Dit sur le discours rapporté, ceux d’Alain Rabatel sur la
notion de point de vue.
Malgré leur diversité, ces approches ont en commun de défendre une position
pragmatique en linguistique, l’objectif étant d’étudier les usages de la langue.
1. Enonciation, énoncé, traces de l’énonciation dans l’énoncé
Emile Benveniste, reconnu comme père fondateur de la linguistique, définit en effet
l’énonciation comme :
la mise en fonctionnement de la langue par un acte individuel d’utilisation (1974 : 80)
=> L’énonciation est cet acte physique et mental de mise en fonctionnement de la langue, acte
par lequel le locuteur s’approprie la langue.
On s’intéresse donc à l’usage que les sujets font de la langue. Précisons toutefois que c’est
surtout au sujet parlant ou écrivant, plus qu’à l’auditeur ou au lecteur que se sont intéressées
les approches énonciatives.
Benveniste insiste aussi sur la nécessité de ne pas confondre l’énonciation et l’énoncé.
L’énoncé : c’est le résultat de l’acte d’énonciation, le produit de cet acte.
Deux types de problèmes se posent alors pour qui veut étudier l’énonciation :
« L’énonciation ne se reproduit jamais deux fois identique à elle-même. » (Anscombres et
Ducrot).
Même si chaque énonciation est un acte individuel, un événement unique, la linguistique de
l’énonciation veut montrer que tout ne relève pas de l’individuel et du chaotique, mais qu’il
existe des caractéristiques invariantes, communes à chaque acte individuel.
Comment alors étudier cet acte d’énonciation ?
Faute de pouvoir étudier directement l’acte d’énonciation, nous chercherons à identifier et
décrire les traces de l’acte d’énonciation dans le produit (l’énoncé).
E. Benveniste montre en effet que l’énoncé contient des indices, des traces de l’acte
d’énonciation dont il est le produit. L’analyse de ces indices va nous permettre de comprendre
les propriétés, les caractéristiques de l’énonciation, et les procédés linguistiques impliqués
dans la production d’un énoncé (embrayage, modalisation).
=> Définition des approches énonciatives :
Etudier l’énonciation d’un point de vue linguistique, c’est étudier les indices de
l’énonciation dans l’énoncé, et donc relier les formes linguistiques à l’acte d’énonciation.
On a vu que les linguistes ont fait le pari que même si chaque acte d’énonciation est unique,
chacun a aussi certaines propriétés, certaines caractéristiques que l’on retrouve dans tout acte
d’énonciation. Ce sont ces éléments caractéristiques que Benveniste appelle l’appareil formel
de l’énonciation, autrement dit le dispositif de l’énonciation.
2. La dimension référentielle et la dimension modale de toute énonciation (cf doc)
Les linguistes de l’énonciation ont mis en évidence que toute énonciation comporte à la fois
une dimension référentielle et une dimension modale.
2.1. La dimension référentielle, qu’est-ce que c’est ? Pour en prendre conscience, on va
commencer par lire un court texte.
Texte « Isabelle, si ma mère savait ça » ou l’oiseau pris pour une petite fille (tiré de la
rubrique lecteurs de Notre Temps).
-d’où vient le quiproquo ?
-pb de référence : pour la jeune fille, qui a assisté à la scène, le référent de Isabelle est
très clair, et elle ne pense pas à le préciser dès le début à sa maman. Comme
habituellement, Isabelle est un prénom féminin, et que la mère n’écoute pas attentivement
sa fille, elle pense que « Isabelle » réfère à une autre jeune élève de la classe de sa fille.
-La dimension référentielle ou mécanisme de référence ou univers référentiel :
C’est ainsi qu’on appelle le fait que, quand on parle, on parle de quelque chose, donc on se
réfère à quelque chose.
D’après Riegel, (p. 569) “ l’acte de référence consiste à utiliser des formes linguistiques
(mots syntagmes, phrases) pour évoquer des entités (objets, personnes, propriétés, procès,
événements) appartenant à des univers réels ou fictifs.
Le référent = l’élément auquel le signe renvoie. Ce peut être un élément du monde, (Monde
physique ou mental), ou un élément du texte.
En effet, tout texte doit en principe bâtir un univers référentiel cohérent. Le dit, ce dont on
parle peut en conçu comme un univers référentiel (plus ou moins conforme au monde réel, ou
plus ou moins fictif).
On va donc trouver dans les textes des chaînes de référence, qui permettent la construction de
cet univers référentiel cohérent.
Lisez le texte ci-dessous. Soulignez les passages désignant le personnage dont il est
question. Que pouvez-vous dire de ces différentes désignations ?
L’argent peut faire le bonheur
« Jeune homme 21 ans, diplômé, bon caractère, cherche jeune fille douce et belle ». Cette
petite annonce serait banale si elle n’avait pas été portée sur un billet de banque. L’astucieux
demandeur avait pensé trouver la solution pour multiplier ses chances de rencontre.
Problème : une employée de banque zélée a dénoncé la petite annonce à ses supérieurs, et le
jeune homme en question s’est fait traiter de « personne immorale salissant les billets de
banque ». On ne sait si l’annonceur sauvage a trouvé l’élue de son cœur.
Tribune de Genève, 17.9.1986, ex. cité par Reichler-Béguin,M.J., (1988), Ecrire en français,
Lausanne, Delachaux et Niestlé.
Commentaire :
(cf Reichler-Béguin, 1988 : 74). Au fil du texte, « le jeune homme » initial se métamorphose
en « astucieux demandeur », redevient « le jeune homme en question » pour terminer dans la
peau d’un « annonceur sauvage ».
-On comprend au fil du texte qu’il s’agit toujours du jeune homme évoqué au départ (donc on
a un réseau de désignations qui se substituent à la première, qui renvoient à la première).
NB. Les reprises co-textuelles (anaphoriques ou cataphoriques). Très fréquentes dans le
discours journalistique, elles permettent d’éviter les répétitions ; elles ont également un rôle
dans la narration, en permettant de faire avancer le récit ; elles peuvent être très stéréotypées et
très répandues, mais peuvent également être incomprises, en fonction des connaissances du
lecteur » ;
Par exemple, pour reprendre encore des exemples cités par Reichler-Beghin,
-la dame de fer pour M. Tatcher
-l’ancien joueur de l’atletico Madrid (= Julio Iglesias)
=> d’où l’importance pour le journaliste de connaître le public auquel il s’adresse !
=> peut avoir un rôle d’incitation à la lecture/ d’introduction d’infos sur le sujet.
2.2. Ces désignations ne sont pas pour autant identiques. Elles n’interviennent pas au même
endroit du récit, et on voit qu’elles n’ont pas exclusivement une dimension référentielle,
mais également une dimension modale (astucieux demandeur/ annonceur sauvage).
-Quand on parle, on ne fait pas que référer à des objets du monde. Le locuteur exprime aussi
sa position par rapport à ce sont il parle. C’est ce qu’on appelle la dimension modale de
l’énonciation.
=> dans l’énoncé, on a le dictum (ce qui est dit) + le modus (attitude du locuteur par rapport à
ce qu’il dit).
Le premier à bien mettre en évidence cette dimension modale, c’est Charles Bally. Ce
linguiste suisse s’inscrit dans le structuralisme mais s’intéresse on l’a dit à l’utilisation des
langues, et souhaite proposer dès 1909 une théorie de l’énonciation. Il montre notamment que
dans tout énoncé, il y a le dictum et le modus.
Le dictum : ce qui est dit, ce dont on parle, ce qui est dénoté
Le modus : la manière de le dire, l’attitude du locuteur, la manière dont le locuteur exprime sa
position par rapport à ce qu’il dit = l’expression de la modalité ou modalisation,
omniprésente, qu’elle soit explicite ou implicite.
Très explicite dans « je pense que tu es idiot », elle est parfois + difficile à percevoir.
Un dernier exemple ?
Cf les désignations suivantes :
« Le président de la République française », « l’ex-secrétaire général du RPR », « l’ancien
maire de Paris », « le premier magistrat du pays », « tu », « je », « le garant de la
constitution », « le père de Claude », « le mari de Bernadette », « le premier ministre de
Mitterrand de 1986 à 1988 », « le candidat probable à la prochaine présidentielle »… , « Chichi », « Hirochirac ».
=> On voit ici l’importance de la dimension modale : dans toutes ces désignations, le référent
est identique, mais le modus change, la position du locuteur est différente selon la désignation
choisie pour évoquer Jacques Chirac.
=> selon le terme ou l’expression que l’on choisit on module le sens, on fait passer un peu de
sa subjectivité dans son énoncé. On en reparlera à propos des marques de la subjectivité, et
plus précisément des modalités.
3. La situation d’énonciation
-Autre élément caractéristique de toute énonciation, la situation d’énonciation. A travers les
exemples que l’on a vus jusqu’ici (des parents qui montrent à leur jeune enfant comment
jouer aux jeux vidéos, une lettre de vœux adressée à un proche, un article de recherche, des
conversations entre divers protagonistes), on se rend compte de l’infinie diversité des
situations de communication, de la situation dans laquelle un individu met en fonctionnement
la langue, utilise la langue, communique.
Cependant, même si une situation d’énonciation est toujours particulière, unique, les
linguistes de l’énonciation montrent qu’elle implique toujours aussi les paramètres suivants.
3.1. Les paramètres de la situation d’énonciation
-un temps
-un lieu (c’est-à-dire l’endroit où a lieu l’énonciation)
-des acteurs : celui (ou ceux) qui parle(nt) et celui ou ceux à qui il(s) s’adressent.
On en trouve diverses désignations : locuteur (ou énonciateur chez certains), pour celui qui
parle, allocutaire, interlocuteur, énonciataire pour celui à qui il s’adresse.
Nous conviendrons dans ce cours d’appeler celui qui parle le locuteur
Et celui à qui il s’adresse l’interlocuteur (un autre terme fréquemment employé est
allocutaire). Nous reviendrons un peu plus loin sur ces deux termes.
pour définir une situation d’énonciation, trois questions :
qui parle à qui ?
A quel moment ?
Et à quel endroit ?
3.2. La complexité de la situation d’énonciation
Attention, la situation d’énonciation n’est pas toujours aussi simple que dans une conversation
en face-à-face. Pour en prendre conscience, un petit TD :
TD 1. La complexité de la situation d’énonciation.
1. Texte « dictée à l’adulte »
Dans le dialogue suivant, qu’est-ce qui rend difficile l’exercice demandé par l’enseignant
à l’enfant ?
(situation de dictée à l’adulte : l’enfant doit produire oralement une pharse respectant les
spécificités de l’écrit et la dicter à l’enseignant qui la copie sur papier)
L’interlocuteur, celui à qui on s’adresse, n’est pas toujours présent, notamment dans le cas de
la communication par écrit.
L’absence du destinataire => doit se mettre dans une situation autre que celle dans laquelle il
est.
Or, on sait déjà qu’il est difficile pour les jeunes enfants de communiquer par téléphone,
l’interlocuteur n’étant pas présent physiquement. Ici, la situation se complexifie encore pour
l’enfant, car il doit parler à la maîtresse tout en faisant comme s’il s’adressait à sa
correspondante.
2. Texte « Fourberies de Scapin », pourquoi Octave répète-t-il à Sylvestre des
informations que tous deux connaissent ?
=> demande de confirmation ?
=> un moyen d’en informer le spectateur. Sinon d’ailleurs, pourquoi appeler Sylvestre par son
nom ?
=> des situations d’énonciation enchâssées : il y a le dialogue entre les deux personnages,
mais par delà, le spectateur (ou lecteur), et c’est par rapport à lui qu’est écrite la pièce et que
sont écrits les dialogues entre personnages.
=> un destinataire peut en cacher un autre.
2. Identifier pour chacun des cas suivants la / les situations d’énonciation, à l’aide des
trois paramètres (quand cela est possible) : acteurs, temps et lieux.
En une courte phrase, expliquez ce qui, dans chaque cas, vous paraît complexe.
2.1. Une rédaction qu’ont à faire des élèves en cours de français : vous discutez avec un
ami de vos lectures. Dites-lui quels sont vos goûts (bandes dessinées, roman, lectures) en lui
expliquant pourquoi.
Acteurs : élèves/ prof
Elève dans la rédaction/ un ami fictif
Dire ses goûts en lecture : attentes scolaires font qu’il ne faut pas se tromper d’interlocuteur :
c’est au prof qu’est destinée la copie, même s’il est demandé ici de s’adresser à un ami.
C’est tout le problème des rédactions scolaires, où l’interlocuteur (souvent absent du sujet :
racontez une journée à la campagne) est en fait le prof => difficile donc de faire comme si on
était dans une situation d’écriture authentique.
2.2. Un débat politique à la télé, réunissant 3 hommes politiques de bords différents, un
sociologue, et un modérateur (celui qui régule le débat).
Acteurs : les invités au débat : locuteurs. Interlocuteurs : les invités, le public qui assiste à
l’enregistrement de l’émission. Le public qui assiste au débat à la télé. Car les hommes
politiques ne sont pas là pour parler qu’entre eux du débat, leur but ultime en passant à la télé
étant bien sûr de convaincre l’auditoire.
Lieu : le plateau télé, et pour le public qui regarde la télé, des lieux divers.
Temps : le moment de l’enregistrement/ le moment de la diffusion. Si ce sont les mêmes,
l’émission est en direct, sinon elle est en différé. A la télé, voire à la radio parfois, le direct
reste rare, mais des stratégies sont mises en place pour faire comme si on était en direct (ex :
bonne fin de soirée sur France2, ou bon week-end, l’enregistrement pouvant très bien avoir
lieu le matin, un jour autre,…
2.3. Dans un bar, des supporters d’une équipe de football qui, devant le poste de télé crient
« on a gagné » à la fin du match.
-acteurs :
=> locuteur collectif : plusieurs supporters.
Pb du « on » : qui a gagné ? l’équipe a gagné => ses supporters aussi (idée de collectivité)
=> à qui s’adresse le message ? Idem, difficile à dire : à la collectivité. Ce type de message,
comme les slogans dans les manifestations, ou certaines prières, fonctionnent comme des
rituels qui visent à renforcer l’adhésion d’une collectivité, son identité.
-lieu : dans un bar, en écho aussi à ce qui se passe sur le stade
-temps : à la fin du match, on n’en sait pas plus.
2.4. Un roman où le narrateur dans son journal intime raconte son histoire d’amour, en
évoquant les dialogues et les lettres échangés avec l’être aimé.
Acteurs : écrivain/ lecteur
Narrateur (= personnage) : journal intime => un destinataire ?
Personnage principal/ autres personnages : dialogues, lettres
Temps et lieu : temps où le livre a été écrit/ temps divers où il est lu
Ecriture du journal
Dans l’histoire racontée, des temps et lieux variables ; pour les dialogues, même temps, même
lieu entre les personnages, pour les lettres, décalage.
=> Ces exemples montrent différents aspects de la complexité d’une situation
d’énonciation.
-On voit d’abord qu’il existe des situations d’énonciation enchâssées (une situation
emboîtée dans une autre, ce jeu de poupées russes pouvant se multiplier, dans le texte
littéraire en particulier).
A la télé, ou au théâtre, s’ajoute à cet enchâssement le fait que les acteurs qui sont dans une
situation à la télé parlent entre eux mais s’adressent aussi bien sûr au public qui regarde la
télé. Au théâtre, les personnages jouent entre eux mais peuvent également s’adresser au
public, et même en aparté, sans que les autres personnages entendent.
-A propos du locuteur et de l’interlocuteur : il peut s’agir d’individus, mais il existe aussi des
situations avec des locuteurs/interlocuteurs collectifs. C’est ce qu’on a vu avec les
supporters ; pour citer d’autres exemples,
-un article scientifique, écrit par plusieurs auteurs
-un jury de concours
-L’interlocuteur
-l’interlocuteur est celui à qui le locuteur s’adresse et dit « tu ».
-il n’est pas nécessairement présent.
-il peut être fictif : un ami imaginaire
-Un destinataire peut en cacher un autre : d’autres personnes que celles à qui l’on dit « tu »
peuvent être présentes et écouter, être même susceptibles de prendre la parole, voire être les
vrais destinataires de l’énoncé. Ces autres destinataires/ allocutaires jouent bien sûr un rôle
important, car ils influencent le discours du locuteur. C’est ce qu’on a vu avec l’exemple du
débat à la télé notamment, ou de la rédaction sous forme de discussion avec un ami.
-l’interlocuteur peut être une personne physique, ou un être fictif, mais le locuteur se fait
toujours une idée de celui à qui il s’adresse, même inconsciemment ; comme on le voit avec
l’exemple du journal intime, ce peut être une image de lui-même, l’image d’un ami ou d’un
être cher, l’image d’un maître à penser…
-A propos du temps: l’énonciation peut être immédiate ou différée :
La situation d’énonciation est différée quand la situation d’énonciation du locuteur ne
coïncide pas avec celle de son interlocuteur lorsqu’il reçoit le message.
=> Est-ce que ça recouvre l’opposition écrit/ oral ?
Ecrit : énonciation différée de manière privilégiée, car absence du destinataire est une
caractéristique de l’écrit, mais tchats, forums de discussion, fax (énonciation immédiate)
Oral : énonciation immédiate, mais pas seulement : on peut laisser sur répondeur un message
oral dont on sait que notre interlocuteur n’en prendra connaissance qu’ultérieurement, on peut
s’enregistrer et se réécouter ou se faire écouter + tard…
=> On va trouver des traces dans certains énoncés des trois paramètres de la situation où ils
ont été produits, c’est que nous appellerons les déictiques.
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Bilan sur les principales notions en linguistique de l’énonciation.
On l’a dit et redit, les linguistes ont fait le pari que même si chaque acte d’énonciation est
unique, chacun a aussi certaines propriétés, certaines caractéristiques que l’on retrouve dans
tout acte d’énonciation, dans toute production d’énoncés. Ce sont ces caractéristiques que E.
Benveniste appelle l’appareil formel de l’énonciation, autrement dit le dispositif de
l’énonciation, dispositif par lequel on produit un énoncé.
En guise de bilan, je vous propose donc de lire un extrait du texte de Benveniste où il
évoque l’appareil formel de l’énonciation en vous demandant de souligner les passages où
Benveniste pose les notions, vues en cours, qui définissent l’appareil formel de l’énonciation.
« l’appareil formel de l’énonciation », in Problèmes de Linguistique générale, Editions
Gallimard, p. 82
« En tant que réalisation individuelle, l’énonciation peut se définir par rapport à la langue
comme un procès d’appropriation. Le locuteur s’approprie l’appareil formel de la langue
et il énonce sa position de locuteur par des indices spécifiques (…). Mais immédiatement,
dès qu’il se déclare locuteur et assume la langue, il implante l’autre en face de lui, quel que
soit le degré de présence qu’il attribue à cet autre. Toute énonciation est une allocution,
elle postule un allocutaire (…). Enfin, dans l’énonciation, la langue se trouve employée à
l’expression d’un certain type de rapport au monde.(…) La référence est partie intégrante
de l’énonciation (…). L’acte individuel d’appropriation de la langue introduit celui qui
parle dans sa parole. C’est là une donnée constitutive de l’énonciation (…). Cette situation
va se manifester par un jeu de formes spécifiques dont la fonction est de mettre le locuteur
en relation constante et nécessaire avec son énonciation ».
NB : Eléments à retrouver :
Enonciation/ Marques de l’énonciation dans l’énoncé
Locuteur, l’interlocution (rapport à/ aux interlocuteur(s))
Référence