Matrouz - Al sur
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Matrouz - Al sur
Matrouz Le chant vivant des langues Simon Elbaz -- -- Matrouz Poésie brodée Dans la trame des compositions hébraïques de style traditionnel, le poète juif insère de temps à autre des strophes ou des vers de langue arabe. Cette juxtaposition, ce passage d’une langue à l’autre, c’est la réalité culturelle et linguistique du Maghreb juif. Mais ce tissu langagier, cet habile dégradé, a aussi une valeur esthétique ; il n’est pas sans évoquer l’art de la broderie, comme l’indique le nom même de ce genre poétique désigné par le terme Matrouz ou poésie brodée. Cette même technique, ce genre de mélanges linguistiques, nous les trouvons aussi dans la chanson populaire juive castillane des communautés hispanophones du Maroc septentrional et de l’ancien Empire Ottoman. Dans la trame castillane sont habilement enchâssés des énoncés turcs, arabes, grecs, hébraïques. Le trésor artistique des sociétés méditerranéennes modernes connaît des exemples de cette mosaïque, de ce collage non dépourvu de nostalgie, et chargé d’émotion esthétique. Dans cet univers socio-culturel, poétique et musical, entre, de plein pied, l’auteur compositeur Simon Elbaz pour témoigner de cette tradition ancestrale qui s’exprime dans le Matrouz encore présent dans quelques lieux privilégiés, contribuant remarquablement à sa réalisation scénique et musicale. Gardien fidèle d’un patrimoine millénaire, Simon Elbaz s’en inspire pour le féconder et l’enrichir de compositions nouvelles, inédites et originales, empruntant aussi aux auteurs anciens et contemporains pour en faire une création qui se propose de conjuguer le passé et le présent avec lustre et talent, sensibilité et émotion. Haïm Zafrani Professeur émérite de l’Université de Paris VIII -3- - 4- Matrouz Embroidered poetry In traditional Hebrew compositions, the Jewish poet would occasionally insert stanzas or verses in Arabic. This juxtaposition of languages reflects the cultural and linguistic reality of the Jewish maghreb. However, this fabric of languages, skillfully shaded, also has an aesthetic value. It can be compared to embroidery, as is indicated by the name given to this type of poetry : matrouz or embroidered poetry. This same technique, of mixing languages, is found in the folk songs in the Castillian Spanish-speaking Jewish community of southern Morocco and of the former Ottoman empire. Turkish, Arabic, Greek and Hebrew phrases are woven into the Castillian canvas. This mosaic, a collage tinted with nostalgia and emotion, is part of the artistic treasury of modern Mediterranean society. The writer and composer, Simon Elbaz provides testimony to the ancient traditions expressed by the Matrouz and which can still be found today in a few privileged places. He makes a remarkable contribution as part of this socio-cultural and musical universe. As a faithful guardian to a millennial heritage, Simon Elbaz finds inspiration to enrich his music with new and original compositions, borrowing from both ancient and modern composers to create a conjunction between the past and the present. He does so with great talent, sensitivity and emotion. Haïm Zafrani professor emeritus at University of Paris VIII -5- -6- -7- Simon Elbaz - Le Matrouz musical À travers sa démarche, Simon Elbaz cherche à renouer avec l’esprit de plurilinguisme qui a régenté l’époque glorieuse d’al-Andalus. Cet esprit cultivait ainsi la tolérance des autres et cet aspect des choses ne se limite aucunement à une vision unilatérale de l’histoire, mais il doit être abordé dans une structure hors temps. Les poèmes chantés sur place appelés Muwashahat, alliant la souplesse métrique à la recherche d’une rime riche et variée, ne commençaient-ils pas à l’époque, par la langue arabe, pour s’achever sur un envol final en hébreu ou en roman, futur castillan ? Malgré la chute de Grenade en 1492, cet état des choses a prévalu. Il existe dans la tradition judéo-marocaine des joutes poétiques dénommées matrouz, terme qui étymologiquement se ramène à la signification même de mûwashah. Ces joutes ont été entretenues dans les communautés à la fois musulmane et juive, où ici les rencontres conviviales ont pris l’aspect d’improvisations poétiques bilingues, arabe et hébreu. C’est le sens premier de matrouz. Traditionnellement le matrouz a été déclamé. Apparaît dès lors le musicien. Simon Elbaz a voulu donner à cette joute poétique une dimension autre, la faisant passer du déclamé au chanté, alliant ces deux domaines. Cela ne se pratique-t-il pas de la sorte au Hadramawt (Sud Yémen), ou dans ce qu’on appelle le Dân, coexistent à la fois le poète qui improvise un distique et le musicien qui le met sur le champ en musique ? Par ailleurs on ne sait toujours pas si, à sa naissance, le mûwashah a été déclamé ou chanté : mais il est généralement chanté de nos jours. Aussi la démarche originale de Simon Elbaz prend en compte cette quantité du chanté qu’il faut insuffler désormais au poème du matrouz. Ici donc l’habillage musical permet la fusion du musicien et du comédien. Ce qui caractérise profondément cette démarche dans la pratique du matrouz, c’est de reconstituer en l’enrichissant une tradition ancestrale judéo-arabe. En cela cet album constitue une première, une novation riche de promesses au plan de l’esthétique musicale et du dialogue des cultures. -8- Véritable appel œcuménique, la musique de Simon Elbaz se veut d’abord une ouverture entre Juifs et Arabes dans une perspective d’universalité. Cet acte de foi se trouve magnifié par le biais de ce premier album, auquel il donne le nom de matrouz, qui n’est rien d’autre qu’une parole tissée, mais un tissage qui se veut ouvert sur des horizons culturels divers. Son souhait le plus cher est de parvenir à une mosaïque encore plus poussée où se mêleraient langues sémitiques et indoeuropéennes. Le travail de Simon Elbaz sur le croisement de ces langues, sur leurs ressources de musicalité, notamment de l’hébreu et de l’arabe, sur les cultures à la fois proches et variées, s’inscrit dans le cadre des traditions humanistes universelles. Dans sa recherche musicale, Simon Elbaz n’oublie pas qu’il est aussi comédien. Il alterne sur différentes plages de cet album, déclamation et chant, rappelant combien dans une vie antérieure ces modes de transmission étaient proches, s’ils ne se confondaient pas. Il nous remémore aussi l’importance accordée à la voix, source de volutes aussi diverses, dans un monde où la spécialisation a définitivement écarté le chanté du musicien du déclamé du comédien. Simon Elbaz est aussi l’auteur de cette musique, puisant son inspiration dans la tradition telle qu’il la ressent de manière intuitive. Il prône ainsi l’efficacité immédiate, sans doute celle du but premier de l’hymnologie islamique le madîh, ou de son équivalent hébraïque, le piyyût. Son esthétique musicale relève donc de piyyutim ou s’en rapproche, mais par ses contours mélodiques, elle évoque irrésistiblement l’univers arabe et arabo-andalou. Elle fait appel aux maqams orientaux et aux musiques et rythmes du Maghreb, notamment du Maroc. Ces éléments se trouvent d’emblée présents dès l’ouverture de l’album dans le chant emblématique « Boujaad », annonçant ainsi le Matrouz musical de cette création. Son œcuménisme se ressent plus nettement dans la dernière pièce « Alléluia Pluriel ». Elle pourrait tout aussi bien être chantée dans les synagogues, les mosquées ou les églises. Ainsi ce chant, longue plainte qui monte lentement, devient une supplication d’amour, une prière universelle. Christian Poché -9- Simon Elbaz — Musical Matrouz Simon Elbaz strives to revive the spirit of plurilingualism that prevailed during the glorious era of al-Andalus when tolerance of others was actively cultivated, an attitude that transcends time. During that period there were poems called Muwashahat that were put to music, combining flexible metrics with rich and varied rhyme. These songs started out in Arabic and could end in Hebrew or Roman, later to become Castillian ? This use of several languages continued after the fall of Granada in 1492. The Jewish community of Morocco has a tradition of jousting in poetry called matrouz, the root of which has the same meaning as mûwashah. These poetic exchanges took place in both the Muslim and Jewish communities in informal encounters during which bilingual poets would improvise using both the Arabic and Hebrew languages. This is the first meaning behind matrouz. Traditionally the matrouz was recited. Then came the musician. Simon Elbaz decided to offer another dimension to this exercise in poetry, from recitation to singing, thus uniting poetry and music. The people in the Hadramawt in Southern Yemen have a similar genre called Dân. The poet improvises a distich and the musician puts it to music. We do not know whether the muwashah was originally recited or sung. Today, it is generally sung. Simon Elbaz thus takes into account the role of song and now makes it part of the matrouz poetry. Here the musical context in poetry results in the fusion of the musician and the actor. The fundamental characteristic of this approach to the matrouz is the revival and enrichment of an ancestral Judeo-Arab tradition. This album is a first, an innovation that is rich both musically and culturally. - 10 - In a true ecumenical call, Simon Elbaz acts as a bridge between Jews and Arabs. This act of faith is intensified by this first album, «Matrouz», which is nothing other than a weaving of words into a fabric that englobes a variety of cultures. His greatest wish is to compose an even broader mosaic including Semitic and Indo-European languages. Simon Elbaz’s work in combining languages — mainly Hebrew and Arabic, cultures that are both close and distinct — based on their musicality, follows the tradition of universal humanists. Alongside his musical research, Simon Elbaz never forgets that he is also an actor. He alternates recitation and singing, reminding us how close these two were in the past. He also reminds us of the importance of the voice, a source of diverse volutes, in a world where specialisation has definitively separated the song from the musician, recitation from the actor. Simon Elbaz also composed this music, taking inspiration from tradition in an intuitive way. Like the primary aim of the madîh Islamic hymnology or its equivalent, the piyyût, he strives for immediate effect. His musical aesthetic thus is similar to the piyyutim but its contours bring us irresistibly into the Arab and Arab-Andalusian universe. Its calls on Oriental maqam and the rhythmic music of the maghreb, in particular from Morocco. These elements are found from the opening song of this album «Boujaad», announcing the musical matrouz of this creation. His ecumenism is felt more clearly in the final song «Alléluia Pluriel», which could be sung in synagogues, mosques or churches. Hence, this song, a long complaint that rises slowly becomes a supplication of love, a universal prayer. Christian Poché - 11 - - 12 - Boujaad, si je t’oublie Boujaad la blanche Pays des Cherqaoua* Cité sainte Paix à ton fondateur Sidi Mhammed Echerqi A son descendant Sidi Ben Daoud Et au saint juif Rebbi Lioui* Boujaad, ô Ji’dan* La plus belle des cités Ôte ton voile Fais-nous entendre ta voix Du centre de la terre Aux cimes des cieux Boujaad demeure Telle mon âme, vivante Cité des Cherqaoua Cité des nobles Boujaad demeure Enracinée en mon coeur D’une zaouia* A l’autre zaouia Ma cité demeure La généreuse Boujaad mon pays Cité du cherqaoui Ji’dan ma gazelle Mon joyau Boujaad mon pays Cité du cherqaoui Ji’dan ma Lumière Ma perle, mon trésor Boujaad, ô Ji’dan Moussem* éternel Moussem des frères De tous horizons Hommage au wali* Sidi Mhammed Echerqi Notre maître vénéré Et au saint Rebbi Lioui Fasse qu’ils nous protègent Qu’ils nous soutiennent Juifs et musulmans Tous réunis. *Boujaad : Petite ville du Maroc, fondée à la fin du XVIe siècle par Sidi Mhammed Echerqi, “Saint-Patron des cavaliers“ vénéré de toute la région du Tadla et par de nombreux visiteurs qui viennent de toute part demander sa baraka, sa bénédiction. *Ji’dan : Diminutif affectueux pour désigner Boujaad *Cherqaoua : De l’est. C’est à dire du moyen orient. Ici désigne la confrérie du saint Sidi Mhammed Echerqi. *Rebbi Lioui : “Halevi“. Saint juif qu’on commémore à l’occasion d’une cérémonie annuelle : “Hilloula“. *Zaouia : Cercle maraboutique, fondation religieuse qui a pour fonction de célébrer les commémorations destinées à un saint patron, de collecter les dons et de les redistribuer aux nécessiteux. *Moussem : Cérémonie saisonnière durant laquelle ont lieu les danses extatiques et les bénédictions du saint patron en direction de ses adeptes. *Wali : “Saint homme“. “Ami de Dieu“. - 13 - Boujaad Boujaad the white town Country of the Cherqaoua* Sacred city Peace to your founder Sidi Mhammed Echerqi To his descendent Sidi Ben Daoud and the Jewish saint Rebbi Lioui* Boujaad, Oh Ji’dan* The most beautiful of cities Take off your veil Let us hear your voice From the center of the earth to the tops of the heavens Boujaad remains like my soul, alive City of the Cherqaoua City of Nobles Boujaad remains deep in my heart From a zaouia* to another zaouia My city remains Generous Boujaad my country City of the cherqaoui Ji’dan my gazelle My jewel Boujaad my country City of the cherqaoui Ji’dan my light My pearl, my treasure Boujaad, ô Ji’dan Eternal moussem* Moussem of brothers From all horizons A tribute to Wali Sidi Mhammed Echerqi Our venerated master and to saint Rebbi Lioui Let him protect us Let him support us Jews and Muslims all together. *Boujaad : * Boujaad : Small town in Morocco founded at the end of the sixteenth century by Sidi Mhammed Echerqi, «Patron saint of horsemen», venerated throughout the region of Tadla and by many visitors who come from all over to ask for his baraka, his blessing. * Ji’dan : Affectionate nickname for Boujaad *Cherqaoua : From the east, middle east. Here it designates the brotherhood of Sidi Mhammed Echerqi. * Rebbi Lioui : «Halevi». Jewish saint commemorated during the annual Hilloula ceremony. * Zaouia : A circle of marabout priests, religious group that celebrates patron saints, collects donations and redistributes these to the needy. * Moussem : A seasonal ceremony during which there are dances and blessings by the patron saint. * Wali : «holy man». «Friend of God». - 14 - Boujaad - 15 - *Khamsa : « Cinq ». Mot que l’on prononce au Maghreb pour conjurer le mauvais sort. Amulette en forme de main pour repousser les maléfices, la main étant signe de puissance et de protection. * K a p p a r a : « E x p i a t i o n » . Réconciliation entre le pécheur et la partie offensée avant le pardon du péché. Foi en offrande, en sacrifice *pour le bien-aimé. *Simane brakha : Expression du parler judéo-arabe. Ici signifie que la bien aimée ait la baraka, la prospérité *Aiinn haraa : Expression du parler judéo-arabe signifiant le mauvais œil - 16 - L’autre nuit Un songe m’a habité Quel beau rêve Mon Dieu Quel rêve de paix Khamsa sur elle Khamsa sur nous J’invoque la bénédiction J’implore la protection Khamsa sur elle Khamsa sur nous Ciel, prêtes-lui vie Que ma gazelle vive Sereine, paisible Dans la prospérité et la félicité Khamsa sur elle Khamsa… Ciel guide-la Ciel protège-la Garde-la du mauvais œil Kappara* pour elle Pour ma gazelle En offrande Khamsa sur elle Khamsa… Ô joie Ma gazelle est là Ma colombe est là Elle est venue à moi Oui, elle est arrivée A peine apparue Elle s’en est allée. Khamsa - Ma main sur toi - * Khamsa : «Five» The word is spoken in the maghreb to conjure the evil eye. Hand-shaped amulet to keep away evil spells, the hand being a sign of power and protection. * Kappara : «atonement». Recon ciliation between the sinner and the offended party before the forgiveness of the sin. Faith in offering, a sacrifice for the loved one. *Simane brakha : Judeo-Arab expression meaning that the loved one has the baraka, prosperity. * Aiinn haraa : Judeo-Arab expression for the evil eye. - 17 - The other night I was inhabited by a dream What a beautiful dream My God What a peaceful dream Khamsa on her Khamsa on us I call for the benediction I plead for protection Khamsa on her Khamsa on us Heaven, led her life Let my gazelle life Serene, peaceful in prosperity and happiness Khamsa on her Khamsa… Heaven guide her Heaven protect her Keep her from the evil eye Kappara* for her For my gazelle as an offering Khamsa on her Khamsa Oh joy My gazelle is her My dove is here She has come to me Yes, she has come Barely here She went away. - 18 - Chams-chemech - Hymne au Soleil Le soleil Trahi Malmené, joué Sacrifié, jeté, moqué Le soleil Trahi Blessé, touché au cœur Ô frères The Sun Betrayed abused, toyed with Sacrificed, thrown away, mocked The sun Betrayed Wounded, wounded in the heart Oh brothers Qui croire ? A qui se fier, Soleil ? Qui te trahit, nous trahit Qui te blesse, nous blesse Soleil écorché, sacrifié Le sommeil m’a quitté Ne puis que te chanter Ô soleil rayonnant, glorieux Foyer lumineux Source resplendissante Dans ton mouvement infini Danse Sur nos jours danse Sur nous étends ta vérité Who to believe ? Who to heed, Sun ? Whoever betrays you, betrays us Whoever hurts you, hurts us Scorched, sacrificed sun Sleep has left me Oh shining glorious sun, hearth of light shining source in your infinite movement Dance Dance on our days Spread your truth on us Les frères dévoilés Le soleil les a abandonnés Soleil De ton zénith Méprisant, tu les observes De ton zénith Ironique, tu les toises O toi soleil ! The brothers revealed the sun has abandoned them Sun From your zenith Scornful, you observe them From your zenith Ironic, you look down on them Oh you Sun ! - 19 - - 20 - Voix Ô voix vivante Vivante, présente Voix de l’amour Voix de la joie Voix de l’allégresse Voix en liesse Ô voix vivante Toi Toute ma voix Tout mon cœur Toute mon âme Toute ma lumière Ô Toi voix vivante présente Living Voice Je viens m’enquérir Ô lune Je viens m’enquérir De cet amour Cœur prisonnier Luth posé Je demeure En quête de cet amour Entends-tu Ô lune Entends-tu le chant ? Il te conte, te demande Regarde, écoute Écoute mon cœur Écoute mon âme Écoute ma voix Kol Haï - Voix vivante - Voice Oh living voice Living, present Voice of love Voice of joy Voice of happiness Voice rejoicing Oh living voice. I have come to ask about Oh moon I have come to ask about this love imprisoned heart Poised lute I remain In quest of this love You All my voice All my heart All my soul All my light Oh you Living and present voice. Do you hear Oh moon Do you hear the song ? Look, listen Listen to my heart Listen to my soul Listen to my voice - 21 - - 22 - Chir Hachirim - Le Cantique des Cantiques de Salomon Qu’il me donne les baisers de sa bouche Car tes caresses sont meilleures que le vin Viens avec moi, du Liban, ma sœur, ma fiancée Tu as pris mon cœur avec un seul de tes regards Avec un seul anneau de tes colliers Comme tes caresses étaient bonnes, ma sœur, ma fiancée Comme tes caresses étaient douces, meilleures que le vin Et l’odeur de tes vêtements, pareille à l’odeur du Liban Tu es un jardin clos, ma sœur, ma fiancée Viens avec moi, du Liban Viens avec moi, du Liban, ma sœur, ma fiancée Sois la bienvenue, couronne de ton époux Que la joie et l’allégresse te précèdent au milieu des fidèles Viens, ma fiancée, viens Mon bien-aimé est à moi, et moi je suis à mon bien-aimé Lui qui conduit son troupeau parmi les roses Je vous adjure, filles de Jérusalem Par les biches ou par les gazelles des champs N’éveillez pas, ne réveillez pas l’amour Avant qu’il y ait désir. Extrait du Cantique des Cantiques (4 Verset 8, 2 Verset 16, 2 Verset 7) - 23 - Canticle of canticles — Song of Solomon O that you would kiss me with the kisses of your mouth For your love is better than wine Come with me from Lebanon, my bride ; You have ravished my heart with a glance of your eyes, with one jewel of your necklace. How sweet is your love, my sister, my bride ! How much better is your love than wine, and the fragrance of your oils than any spice The scent of your garments is like the scent of Lebanon. A garden locked is my sister, my bride, Come with me from Lebanon, my bride ; My beloved is mine and I am his, he pastures his flock among the roses. I adjure you, Oh daughters of Jerusalem, that you stir not up nor awaken love until it please. From the Canticle of Canticles (4 verse 8, 2 verse 16, 2 verse 7) - 24 - - 25 - Mezouza Mezouza of love Mezouza of life heavenly offering Mezouza of life Sing for her To infinity Love Love of the Mezouza Mezouza Mezouza of love Chinn, dalett, yod, chaddai* Allmighty, chaddai With you my beauty My desire, my love Love Love of the Mezouza Mezouza Mezouza of love Chinn, mem, aïnn, chémaa Israël* Listen to my soul, my light Light of the Mezouza Soul of the Mezouza he Almighty, chaddaï With you my love Love Love of the Mezouza Mezouza Mezouza of love Oh love ! Oh Almighty watch over her, watch over us Protect her, protect Brotherhood, love for us. * Mezouza : A holder attached to the right hand side of the door frame of Jewish homes in there is a ritual parchment with hand-written passages from the Bible. * Chaddaï : one of the seven names for God that can be pronounced, and which means «Almighty». * Chemaa Israël : «Listen Israël» First word of the verse which expresses the fundamental Jewish profession of faith, and unicity of God. - 26 - Mezouza - Offrande céleste Amour Amour de la Mézouza Mézouza Mézouza de l’amour Ô amour ! Mézouza Mézouza de l’amour Mézouza de la vie Offrande céleste Mézouza de la vie Chantez pour elle A l’infini Amour Amour de la Mézouza Mézouza Mézouza de l’amour Chinn, dalett, yod, chaddaï* Tout puissant, chaddaï Avec toi ma belle Ma désirée, ma bien-aimée. *Mézouza : Étui fixé au poteau droit de la porte des demeures juives et contenant un parchemin rituel sur lequel sont manuscrits des passages de la bible *Chaddaï : un des sept noms de dieu autorisé à être prononcé, signifiant « Tout puissant ». *Chémaa Israël : « Écoute Israël ». Premier mot du verset où s’exprime et s’affirme la profession de foi fondamentale du judaïsme, de l’unicité de Dieu. Ô Tout Puissant Veille sur elle, veille sur nous Protège-la, protège pour nous La fraternité, l’amour. Amour Amour de la Mézouza Mézouza Mézouza de l’amour Chinn, mém, ‘aïnn, chémaa Israël* Écoute mon âme, ma lumière Lumière de la Mézouza Âme de la Mézouza Le Tout Puissant, chaddaï Avec toi ma bien-aimée - 27 - - 28 - Le mendiant aveugle - La mélopée du clairvoyant Mon pain est entre tes mains Au nom de Dieu Il n’y a de Dieu que Dieu Dieu pourvoit, Dieu assiste Dieu dispense Il est omnipotent Que son nom soit glorifié A toi le charitable Justice, bonheur et longue vie Mon pain est entre tes mains J’en appelle à toi, invisible Proche, inaccessible Aujourd’hui comme hier Mon ventre est creux Mon pain est entre tes mains Ma voix transperce le voile du silence Entends-tu mon appel ? Mon pain est entre tes mains Au nom de Dieu Il n’y a de Dieu que Dieu Dieu pourvoit, Dieu assiste Dieu dispense, Dieu protège Mon pain est entre tes mains Ô Dieu, maître des mondes Mon pain est entre tes mains Ô Dieu des croyants Hachem* l’Unique Il règne, il a régné, il régnera Jusqu’à la fin des temps De Sion Est sortie la Thora* De Jérusalem S’est manifestée la parole de Dieu Il règne, il a régné, il régnera Jusqu’à la fin des temps. Ô nuit des nuits Celle du mendiant El-derwich* Dans les ténèbres Place du Souk* Moussi-Moussa l’aveugle Attend l’aumône, la manne La baraka* Ô misère. *El Derwich : Littéralement, le fou, fou d’amour pour Dieu (derviches tourneurs). Ici désigne un homme humble, innocent *Souk : Marché. Désigne le jour et le lieu où se tient le marché. Le Jeudi, à Boujaad, petite ville du Maroc *Baraka : Littéralement, bénédiction. *Hachem : « Le Nom ». Un des noms désignant Dieu et qu’il est permis de prononcer. Désigne aussi l’aura qui entoure un saint homme. *Thora : Doctrine, loi. Pentateuque au sens général. Ensemble de la loi juive. - 29 - The blind beggar My bread is in your hands In the name of God There is no other God but God God provides, God assists God dispenses He is omnipotent My his name be glorified To you, who are charitable, Justice, happiness and long life My bread is in your hands I call upon you, invisible Near, inaccessible Today like yesterday My stomach is empty My bread is in your hands My voice pierces the veil of silence Do you hear my call ? My bread is in your hands Oh night of nights Of the El-derwich beggar In the darkness In the Souk market place Blind Moussi-Moussa Is waiting for charity, manna the baraka* Oh misery. In the name of God There is no other God but God God provides, God assists God dispenses, God protects My bread is in your hands Oh God, master of the worlds My bread is in your hands Oh God of the believers Hachem* the Unique He rules, he ruled, he will rule Until the end of time. From Sion came the Thora* From Jerusalem came the word of God He rules, he ruled, he will rule Until the end of time. * El Derwich : Literally, the mad one, mad with love for God (dervish turners). In this instance indicates a humble, innocent man. * Souk : Market. Indicates the day and place where the market is held. In Boujaad, a small town in Morocco the Souk is on Thursday. * Baraka : literally blessing. *Hachem : «The Name» on of the names for God and that can be pronounced. Also indicates the aura of a holy man. * Thora : Doctrine, Law. Pentateuch in the general meaning. Jewish Law. - 30 - - 31 - * Chofar : Corne de bélier Instrument à vent dans lequel on sonne durant les jours de fête consacrés à la pénitence, au repentir et au pardon. Chofar : ram’s horn. Wind instrument that is sounded during the holidays devoted to penitence, repentance and forgiveness. - 32 - Alléluia pluriel - Voix d’Abraham Louez-le dans les sphères célestes Louez-le dans les régions supérieures Louez-le vous, ses anges Louez le, soleil, lune, étoiles lumineuses Louez-le, cieux des cieux et vous, eaux au-dessus des cieux Alléluia. Ô temps Depuis l’aube des jours Tu scandes l’Univers tu es ma lumière Mon salut Qui craindre ? Alléluia. Louez-le en son sanctuaire Louez-le dans le firmament Siège de sa force Louez-le pour sa puissance, Pour sa grandeur Louez-le aux sons stridents du chofar* Avec le luth et la harpe Avec le tambourin Et les instruments de danse Avec les instruments à cordes et la flûte. Louez-le avec les cymbales sonores Avec les cymbales retentissantes Que tout ce qui respire le loue Alléluia. Extraits des psaumes 148 & 150 - 33 - Praise him in heaven Praise him on high Praise him, you his angels Praise him sun, moon and shining stars Praise him heaven of heavens And you, water above the heavens Alléluia Oh time From the beginning of time You scan the universe You are my light My salvation Who is there to fear ? Alléluia Praise him in his sanctuary Praise him in the firmament, centre of his strength Praise him for his strength, For his greatness Praise him with the sharp sound of the chofar* With the lute and the harp With the tambourine And dancing instruments String instruments and the flute. Praise him with the echoing cymbals With the resounding cymbals Let all that breathes praise him Alléluia Simon Elbaz, auteur, compositeur, acteur né au Maroc à Boujaad, il s’installe en France où il achève des études supérieures de Sciences Humaines à l’Université de Paris V. Issu d’une triple culture franco-judéo-arabe, fidèle à ses origines, il se consacre depuis de nombreuses années à la création basée sur les traditions orales, le croisement des cultures et des langues « Matrouz « Judéo-Arabe, Hébreu, Arabe, Français, Latin, Judéo-Espagnol, dans l’esprit de l’Âge d’Or de l’Andalousie. Nourri dès son enfance au Maroc de l’enseignement traditionnel de la cantilation, il pratique à Paris le chant avec Tamia, Giovanna Marini, Sigmund Molik et le oud avec Hussein el Masry. Il poursuit sa formation théâtrale avec Jacques Lecoq, Jerzy Grotowski et lors de rencontres de travail avec Peter Brook et Eugenio Barba. Il interprète la plupart de ses œuvres musicales et théâtrales : Offrande, le Cantique des Cantiques, Bled-sur-scène, Médina-Folies, Mchouga-Maboul… Il est aussi chanteur-interprète dans des pièces d’auteurs comme Tahar Ben Jelloun, Edmond Amran El Maleh, Jean Grosjean, Amadou Hampaté Ba, Abdellatif Laabi, Henri Meschonnic, Juan Rulfo, Kateb Yacine… Il se produit en France, à l’étranger et participe à de nombreux festivals notamment : Avignon, Bourges, Cannes, Casablanca, Limoges, Montréal… Simon Elbaz, author, composer, actor born in Boujaad Morocco, he moved to France where he finished his university studies in Humanities at the University of Paris V. He is faithful to his French, Jewish, and Arab cultural background and for several years has focused his work on oral tradition as well as on the mixing of cultures and languages : matrouz. From an early age in Morocco, he was bathed in traditional cantillation. In Paris, he studied singing with Tamia, Giovanni Marini, Sigmund Molik and learned to play the oud with Hossein el Masry. He learned the stage with Jacques Lecoq, Jerzy Grotowski and during encounters with Peter Brook and Eugenio Barba. He has performed most of his own music and shows : Offrance, Cantique des Cantiques, Bled-sur-Scène, Medina-Folies, Mchouga-Maboul… He has also performed as a singer in shows by Tahar Ben Jelloun, Edmond Amran El Maleh, Jaean Grosjean, Amadou Hamàpaté Ba, Abdellatif Laabi, Henri Meschonnic, Juan Rulfo, KatebYacine… He has performed in France and abroad in numerous festivals : Avignon, Bourges, Cannes, Casablanca, Limoges, Montreal… - 34 - - 35 - A Boujaad - 36 -