11 09 2016 Discours Commémorations de la
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11 09 2016 Discours Commémorations de la
1 Discours Libération de Noyon 11/09/2016 Monsieur le Conseiller régional des Hauts de France, représentant le Président de Région, Monsieur le Vice-président du Conseil départemental de l’Oise, Eric de Valroger, représentant le Président du Conseil départemental, Mesdames, Messieurs les Maires des communes du Pays Noyonnais, Mesdames, Messieurs les élus, Messieurs les Présidents des associations patriotiques, Mesdames, Messieurs, Je tiens à saluer la présence parmi nous de Monsieur Robert GRECOURT, natif de Noyon, pilote de bombardier de la Royal Air Force et du prestigieux Squadron 342 « Lorraine » des Forces Aériennes Françaises Libres, durant la seconde guerre mondiale. plus nombreux, réunis aujourd’hui pour répondre à notre devoir citoyen, en ce lieu si symbolique du Guidon. Cette stèle derrière 1 Seul le prononcé fait foi Je suis ravi, Mesdames et Messieurs, de vous voir chaque année 2 moi, rendant hommage aux valeureux soldats qui ont donné leur vie pour la France ici à Noyon. Mais de quel devoir parle-t-on ? Qu’est-ce qui nous rassemble aujourd’hui en ce lieu ? Et quel message doit-on porter ? Un devoir de rassemblement autour de la mémoire, un devoir de témoignage et de transmission aux nouvelles générations : celui de se souvenir de Noyon occupée, des souffrances du peuple français lors de ces 4 années d’occupation … De tels moments dédiés au souvenir doivent résonner comme des rappels, notamment celui de se souvenir constamment de notre Histoire. Car je vous retrouve aujourd’hui, Mesdames et Messieurs, le cœur bien plus lourd que l’année dernière. Dans ce monde si tourmenté, notre patrie a été frappée par plusieurs actes terroristes, qui ont un air de vécu pour nos aînés, en d’autres temps, d’autres circonstances mais qui nous ont touchés d’un même effroi. Soyons très attentifs à ne pas laisser se répéter les drames de l’Histoire, car une Histoire sans souvenir, une Histoire sans perdons pas de vue qu’à quelques heures d’avion d’ici sévit le chaos que nos aînés ont connu. 2 Seul le prononcé fait foi résistance, est une histoire en éternel recommencement. Ne 3 Transmettons cette conscience à nos jeunes pour que le sacrifice de nos aînés ne soit pas vain. A ce titre, je tiens à saluer l’engagement de toutes celles et tous ceux qui, au quotidien, contribuent à la faire vivre en témoignant, en parlant aux jeunes générations, dans les écoles, dans les associations. Commémorons donc ensemble aujourd’hui, le 72ème anniversaire de la libération de Noyon et rendons particulièrement hommage aux courageux soldats qui se sont battus au péril de leur vie, ici même, pour libérer le Noyonnais ce fameux 2 septembre 1944. Souvenons-nous de cet événement important de l’Histoire de notre territoire, précédé par ce que l’on nomme le « D Day », une opération militaire sans précédent qui s’est déroulée sur les côtes Normandes 3 mois plus tôt, le 6 juin 1944. Après la libération de la Normandie, de la Bretagne et de la Loire, puis de Paris le 24 août à la suite de longs combats, engagés notamment par la 9ème compagnie du Régiment de Marche du Tchad du Général Leclerc menée par le capitaine Dronne, c’est au tour de l’Oise d’être le théâtre des affrontements. Les troupes alliées se joignent aux Forces Françaises Libres et aux américaine du major Général Maurice Rose a le courage d’être la première unité à pénétrer dans l’Oise. 3 Seul le prononcé fait foi résistants présents sur le terrain. Le 28 août, la 3e division blindée 4 Au soir du 1er septembre, Noyon, la dernière grande ville de l’Oise aux mains des allemands, reste à libérer. Les mots du Général de Gaulle dans une anaphore prononcée à Paris le 25 août, résonnent alors dans les oreilles des Noyonnais : « Paris outragé, Paris brisé, Paris martyrisé mais Paris libéré ». Ces mots resteront à jamais rattachés à ce moment historique. C’est dans la nuit du 1er au 2 septembre 1944 que la colonne de soldats américains se met en ordre de marche. La colonne de blindés entame son avancée vers le carrefour du Guidon, malgré la perte de trois chars durant la progression. Arrêtés dans leur élan, les Alliés se replient au Mont-Renaud et bombardent les positions allemandes en ville durant la nuit, tandis que plusieurs bataillons de la 348e division d’infanterie arrivent en renfort. Au cours de la matinée du 2 septembre, le duel d’artillerie s’estompe, laissant place au vacarme tant attendu du repli allemand. Une demi-heure plus tard, les Américains pénètrent dans la ville… devant les blindés et ces fameuses Jeep qu’ils découvrent pour la première fois. Rendons aussi hommage à cette poignée d’hommes valeureux de la résistance Noyonnaise. Racontons leurs histoires qui incarnent 4 Seul le prononcé fait foi Un vent de liberté souffle sur Noyon et ses habitants ébahis 5 nos valeurs, celles du refus de vendre notre Patrie au nationalisme allemand : ils sont notre modèle. Une poignée de femmes et d’hommes sur lesquels nous devons tous prendre exemple : - Georges Roos, médecin qui soignait les blessés clandestins, délivrait des certificats de complaisance pour éviter le STO (Service de Travail Obligatoire), trouvait des planques pour ses confrères étrangers de confession juive ; - Son fils Lucien, qui, à tout juste 18 ans, sur les traces de son père, faisait partie du maquis des usages à Crisolles, et assurera la liaison ensuite à Chauny. Assurer la liaison est lourd de responsabilités car il fallait porter des secrets, rencontrer les personnalités de la résistance, braver les couvre feux pour des actions de sabotage, dormir de planques en planques … toujours une main sur la mitraillette. - Le très connu Max Brézillon qui utilisait la Citroën traction des Ponts et Chaussées pour récupérer les aviateurs américains et les containers de munitions parachutés. Qui, avec la complicité d’agents de la ville de Noyon, lui délivrant de fausses cartes d’identité, faisait travailler sous un faux nom les personnes malgré l’information d’un officier de gendarmerie sur les soupçons qui pesaient sur lui, il décide quand même de dormir à 5 Seul le prononcé fait foi réfractaires au Service du Travail Obligatoire. Jusqu’au jour où, 6 nouveau chez lui et se fait arrêter par les allemands à la suite d’une dénonciation. Pensons à ces résistants, sans oublier leurs camarades : Marcel Poulain, Marcel Merlier, Michel Depierre, Roger Bellot et à ces centaines d’anonymes, qui au travers d’une porte ouverte, d’un don de nourriture ou de vêtement, de renseignements aux maquisards, préservaient notre mince espoir mais toujours surmontable, de retrouver un jour la paix, la liberté. N’oublions jamais que parmi les premiers membres de la résistance intérieure se trouvaient les M.O.I, les Mains d’Œuvre Immigrées dont beaucoup se cachaient dans l’Oise. Tant de nationalités réunies, qui prirent les armes au nom du peuple français, pour une liberté déjà perdue dans leurs pays. Pensons aussi à tous ces hommes venus de différents continents et de nombreux pays libérer la France en 1944. Tant de sacrifices pour voir l’avènement d’un peuple français de nouveau souverain, au prix de millier de vies. Les obscurantismes, ces blocs réactionnaires de tout bord, représentent encore Au regard de ce qu’ont vécus nos aînés, ce devoir de mémoire doit tous nous mobiliser, surtout en ces moments tourmentés. 6 Seul le prononcé fait foi malheureusement aujourd’hui une menace pour notre liberté. 7 Dans ce monde actuel qui doute, certains prennent le risque de céder au populisme. Souvenons-nous, de ce populisme qui faisait rage dans les années 30, et soi-disant patriote. Nous en avons payé le prix. En ces temps de crise où nos concitoyens s’interrogent légitimement, les idées-reçues, certes faciles, sont souvent les plus dramatiques et prêter une oreille complice au repli sur soi ne nous fera pas relever la tête. Des générations qui ont connu l’indicible et voient aujourd’hui leur pays sombrer dans des débats stériles et inquiétants pour l’avenir. Nous avons le devoir de protéger les bonnes consciences des duperies de ceux qui, par facilité ou méconnaissance, pointent l’Autre comme la cause de tous les malheurs. Ceux- là mêmes qui utilisent les peurs de manière fallacieuse pour tenter d’atteindre aujourd’hui leur objectif, oublient le socle et l’héritage sur lesquels ils reposent. Souvenons-nous de cette fraternité sans frontières au cœur d’une Souvenons-nous de ce qui a conduit le régime nazi à nous imposer l’une des pages les plus sombres de notre Histoire : la montée d’un nationalisme hurlant, dans un pays en proie à des difficultés. 7 Seul le prononcé fait foi résistance commune contre l’oppression et le totalitarisme. 8 Nous connaissons les chemins à emprunter pour conserver ce mince fil sur lequel repose la paix. Il s’agit d’un travail quotidien de toutes et de tous en faveur du vivre ensemble, du respect des différences sous l’égide d’une même patrie. Un travail quotidien pour préserver l’esprit de liberté qui répond au sacrifice de ces personnes que nous honorons ici aujourd’hui. Nous élus, nous citoyens, avons le devoir d’incarner ces valeurs républicaines et laïques. Aujourd’hui, il revient à chacun d’entre nous d’interroger notre conscience et de nourrir une réflexion : cette conscience de ne pas laisser notre citoyenneté s’effriter, sans jamais accepter l’inacceptable. Soyons auteurs et acteurs de paix, du refus de la haine, en faisant face à nos responsabilités citoyennes. Aujourd’hui par le souvenir, par ce devoir de mémoire, agissons tous ! La solidarité, l’entraide, la citoyenneté républicaine, la laïcité, la modération, sont des valeurs à entretenir, qui élèvent notre dignité humaine. Je remercie les associations patriotiques présentes aujourd’hui et présidée par le Docteur Alain CRAPIER qui, par la présence de véhicules et de costumes d’époque, nous permet d’apporter une dimension humaine et réaliste à cette cérémonie. 8 Seul le prononcé fait foi leur porte-drapeau mais aussi et surtout l’association LIB’44, 9 Grâce à cet événement que chacun s’approprie en tenue d’époque ou en simple spectateur, les Noyonnais donnent une autre ampleur à la commémoration de la libération de leur ville, en envoyant un puissant message ! Car cette manifestation ludique n’est pas simplement un prétexte de fête. Elle offre avant tout à nos enfants, attirés par le défilé, de se questionner sur son objet, et par conséquent sur leur propre histoire, et les réponses qui leur sont apportées contribuent à ce devoir de mémoire. Car sans la présence des jeunes générations aux différentes commémorations, le devoir de mémoire perdrait tout son sens. Je vous remercie pour votre aimable attention et je vous invite à présent à rejoindre le Chevalet, (pour ceux qui le souhaitent en cortège de véhicules de l’époque) pour l’aubade de l’harmonie municipale et partager le traditionnel verre de l’amitié et de la 9 Seul le prononcé fait foi fraternité.