Sociétés Non Financières - taux endettement - % PIB , valeur

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Sociétés Non Financières - taux endettement - % PIB , valeur
Accompagner le mouvement de désintermédiation du Financement des entreprises : la « démarche Friedland »
Partant du constat que le mouvement de désintermédiation du financement des entreprises était limité en
France par certains blocages réglementaires et surtout culturels, plusieurs acteurs de la Place se sont
mobilisés depuis le printemps 2013 pour identifier les difficultés rencontrées, proposer des solutions aussi
consensuelles que possible et accompagner dans leur réflexion les entreprises susceptibles de recourir
davantage à des financements de marché. Initiée par la Chambre de Commerce de Paris – Ile de France,
cette initiative est parfois désignée sous le nom de « démarche Friedland ».
§1 : Des entreprises européennes plus endettées que les entreprises américaines
La culture entrepreneuriale est très différente des deux côtés de l’Atlantique. Les investisseurs américains
possèdent une véritable culture du risque et donc du financement en capital. Ce point est illustré par le
graphique ci-dessous qui montre que l’endettement des entreprises européennes est plus élevé de 10 à 15
points de PIB par rapport à celui des entreprises américaines.
Sociétés Non Financières - taux endettement - %
PIB , valeur nominale
90
70
50
états-unis
Zone euro
T2 2013
T3 2012
T4 2011
T1 2011
T2 2010
T3 2009
T4 2008
T1 2008
T2 2007
T3 2006
T4 2005
T1 2005
T2 2004
T3 2003
T4 2002
T1 2002
T2 2001
T3 2000
T4 1999
T1 1999
30
France
§2 Des entreprises européennes financées par le secteur bancaire
Les sources d’endettement des entreprises non financières en Europe et aux Etats Unis sont différentes :
la répartition entre financements bancaires et financements désintermédiés est inversée avec environ 75%
des besoins financés sur le marché bancaire en Europe contre 25% seulement environ aux USA. Pour autant
depuis 2008, comme le montre le graphique ci-dessous, les entreprises non financières ont accru leur recours
au financement obligataire.
Extrait de l’ouvrage « Comment la finance peut-elle contribuer à le reprise ?
Volume 9 de l’Année des professions financières – Novembre 2014 » Hervé Labbé, Guy Sylvestre et Stéphane Blanchoz
FLUX DE FINANCEMENT DES SOCIÉTÉ FRANÇAISES ENTRE 2007 ET JUIN 20 13 ( EN MDS€)
120
100
80
60
40
20
0
-20
-40
2007
2008
2009
2010
Crédit bancaire net
2011
2012
Emission obligataire nette
2013
(12
derniers
mois à
Juin)
Le mode de financement des entreprises non financières européennes dépend aussi de la taille des
entreprises. Le graphique ci-dessous montre bien cette différence de financement entre les grandes
entreprises, les ETI et les PME.
Part des dettes bancaires dans l’endettement financier, selon la taille - France
(en %)
Dettes bancaires
80
70
60
50
40
30
20
10
0
2006
2007
PME
2008
ETI
2009
2010
Grandes entreprises
2011
2012
ENSEMBLE
Note : Les concours bancaires comprennent les facilités de caisse, les découverts et autres crédits à moins d'un
an contractés par une entreprise auprès d’établissements bancaires.
Champ : Entreprises non financières au sens de la LME. PME : petites et moyennes entreprises, ETI : entreprises
de taille intermédiaire.
Source : Banque de France, « Situation des entreprises », base FIBEN, décembre 2013.
Extrait de l’ouvrage « Comment la finance peut-elle contribuer à le reprise ?
Volume 9 de l’Année des professions financières – Novembre 2014 » Hervé Labbé, Guy Sylvestre et Stéphane Blanchoz
La crise consécutive à la chute de Lehmann Brother a mis en lumière que les risques pris par les banques
étaient trop importants par rapport à ce qu’elles pouvaient absorber en cas d’évolution défavorable des
marchés. De nouvelles règles du jeu sont en cours d’élaboration, elles visent à :
o
Réduire la taille des bilans des banques et accroître leurs capitaux propres (Bâle III)
o
Obtenir une meilleure information des encours, des produits traités et des risques (Esma, Emir)
o
Centraliser et mieux contrôler les politiques des banques (Union bancaire, supervision du
secteur bancaire par la BCE).
total des bilans des banques(fev 2014)/PIB 2013, source
BdF et BCE
2021%
1000%
900%
800%
700%
612%
548%
600%
500%
390%
400%
308%
276%295%274%
273%
261%
300%
223%
200%
124%
111%
100%
0%
689%
382%
305%
320%
86%
132%
§3 : Une désintermédiation nécessaire
La désintermédiation
microéconomique.
présente de nombreux avantages tant sur le plan macro-économique que
 L’efficacité de la politique monétaire est bien supérieure lorsque les entreprises non financières ont un large
accès au financement par les marchés de capitaux plutôt que par le secteur bancaire. Les politiques non
conventionnelles des Banques Centrales dépendent de la structure de financement de l’économie : la Banque
Centrale Européenne a privilégié les solutions de type LTRO permettant d’améliorer la situation des banques
en espérant une répercussion, dans un second temps, sur l’économie réelle. La Reserve Fédérale américaine
a la possibilité d’agir plus directement sur les marchés.
Extrait de l’ouvrage « Comment la finance peut-elle contribuer à le reprise ?
Volume 9 de l’Année des professions financières – Novembre 2014 » Hervé Labbé, Guy Sylvestre et Stéphane Blanchoz
 Pour les entreprises, les avantages sont multiples :
o
Elles diversifient leurs sources de financement et limitent ainsi l’influence du cycle bancaire
sur leurs financements
o
Elles se familiarisent avec le marché et ses exigences en termes de communication et de
transparence
o
Elles ont une relation directe avec les investisseurs et sont en mesure de mieux apprécier les
exigences des investisseurs en termes de ratios de gestion
o
Les entretiens qu’elles nourrissent avec les investisseurs leur permettent d’avoir un avis
extérieur sur la politique menée par l’entreprise Elles peuvent obtenir des emprunts sur des
maturités plus longues avec remboursement in fine.
 Pour les investisseurs, l’accès direct au management leur offre de nombreuses opportunités :
o
Mieux comprendre la stratégie du Groupe
o
Les Entreprises de Taille Intermédiaire sont généralement plus sensibles aux cycles
économiques et permettent aux investisseurs d’avoir des signaux avant-coureurs de
l’évolution des secteurs économiques
o
Accroître leurs exigences d’analyse crédit puisqu’une grande partie de ces entreprises ne sont
pas notées.
Remplacer, au moins partiellement, les prêteurs bancaires par de nouveaux prêteurs n’est pas simple.
L’expertise des banques en terme d’analyse crédit et leur connaissance historique de leurs clients est difficile
à remplacer. C’est pourquoi les nouveaux prêteurs sont confrontés à plusieurs défis :
o
Développer leurs compétences en analyse crédit
o
Maîtriser le rapport rendement/risques sur des actifs avec lesquels ils devront se familiariser
o
Adopter une gouvernance appropriée afin de gérer l’accès à des informations privées
§4 Exemple du développement du financement par les marchés : l’Euro PP
Le marché de l’Euro PP est le marché emblématique de ce mouvement de désintermédiation qui est en
marche depuis 2012.
Extrait de l’ouvrage « Comment la finance peut-elle contribuer à le reprise ?
Volume 9 de l’Année des professions financières – Novembre 2014 » Hervé Labbé, Guy Sylvestre et Stéphane Blanchoz
Volumes (M€)
2012 : Naissance du marché
3,2 mds € / 28 opérations
2013 : Fort développement du marché
4,1 mds € / 54 opérations
9,000
2014 : Poursuite du
développement
1 106 M € / 18 op.
8,000
7,000
6,000
Juillet 2012 :
Première opération
conclue avec AXA:
Sonepar
5,000
Décembre 2012 :
Placement privé Lactalis
(507 M€), arrangé par
Société Générale
4,000
3,000
2,000
Juin 2012 :
Annonce du
partenariat
AXA / SG
Septembre 2012 :
Le fonds Micado
France 2018 doté
de 62 m€ est
opérationnel
1,000
Juillet 2013 :
Lancement de
l’offre de Standard
& Poor’s pour les
ETI
Octobre 2013 :
Fonds NOVO (1 md€)
opérationnel pour le
financement des ETI
en France
Février 2014 :
Publication de la
Charte Euro PP
Réforme du code
des assurances
pour permettre
aux assureurs
d’investir plus
facilement en
titres de dette
d’entreprises
0
Pour accompagner et faciliter le développement du marché de l’Euro PP, l’AFTE, l’Af2i et l’AMAFI ont publié
une « Charte relative aux Euro Private Placements ou Euro PP » élaborée par le groupe de Place réuni sous
l’égide de la Banque de France et de la Chambre de Commerce et d’Industrie de Paris Ile-de-France.
Ayant vocation à définir un cadre pour contribuer à la normalisation des trois étapes d'un placement privé
(préparation, exécution et gestion jusqu'à maturité), cette Charte devrait faciliter l'accès des ETI au marché
de l'Euro PP et renforcer la confiance et la sécurité des investisseurs pour développer et internationaliser
ce nouveau marché.
La Charte donne une définition de l’Euro PP et regroupe des bonnes pratiques et des recommandations,
notamment sur le rôle des différents intervenants (émetteurs, investisseurs et intermédiaires), les
processus clés et la détermination des conditions de l'opération et des engagements de l'émetteur lors des
différentes étapes d’un Euro PP.
« Un Euro PP est une opération de financement à moyen ou long terme entre une entreprise, cotée
ou non, et un nombre limité d'investisseurs institutionnels, qui repose sur une documentation ad hoc
négociée entre l'emprunteur (l’Emprunteur) et les investisseurs (les Investisseurs), avec
généralement la présence d'un arrangeur (l’Arrangeur) ».
Si la naissance du marché de l’Euro PP a conjointement répondu en 2012 aux attentes des émetteurs, des
banques et des investisseurs dans un contexte de liquidité bancaire très contraint, le mouvement de
désintermédiation se poursuit en 2014, et ce, malgré la liquidité retrouvée des banques.
§ 5 Le financement à court terme des entreprises.
Extrait de l’ouvrage « Comment la finance peut-elle contribuer à le reprise ?
Volume 9 de l’Année des professions financières – Novembre 2014 » Hervé Labbé, Guy Sylvestre et Stéphane Blanchoz
Les banques ne sont pas seulement réticentes à prêter sur des maturités longues, elles le sont également
pour des maturités courtes, inférieures à un an. Pour sécuriser leurs gaps de liquidité court terme les
entreprises doivent trouver d’autres alternatives de financement : affacturage, titrisation, Billets de
Trésorerie…
Un groupe de travail spécifique Billet de Trésorerie a été constitué et a mis en lumière les nombreux
avantages de ce marché et les raisons de son manque de développement.
Le marché du Billet de Trésorerie peut améliorer le financement des entreprises parce que c’est un marché
qui fonctionne bien : c’est un marché réglementé et supervisé par la Banque de France avec une
documentation relativement simple. C’est un marché qui a été très résilient tout au long de la crise et qui est
simple d’utilisation
Enfin c’est le marché qui offre aux entreprises le coût de financement à court terme le plus bas : entre 0.20%
et 0.72%, selon les entreprises, pour des maturités inférieures à 12 mois (sources Banque de France – mai
2014)
Durée initiale
Taux fixes
1 jour
10 jours
1 mois
3 mois
6 mois
1 an
0,20%
0,29%
0,33%
0,40%
0,57%
0,72%
Malheureusement c’est un marché sous utilisé par les entreprises pour deux raisons :
o
les ETI ne savent pas suffisamment, qu’elles aussi, y ont accès sous certaines conditions de
notation ou de cotation de leurs titres
o
La notation reste une contrainte pour bon nombre d’ETI
Le groupe de travail continue d’étudier les possibilités de développement de ce marché
Conclusion : La diversification est une nécessité ; sans autre possibilité de financement que le crédit bancaire, les
entreprises s’autocensureront et seront trop sélectives dans le choix de leurs projets cela limitera le potentiel de
croissance des ETI et affectera celui du PIB de la France.
Extrait de l’ouvrage « Comment la finance peut-elle contribuer à le reprise ?
Volume 9 de l’Année des professions financières – Novembre 2014 » Hervé Labbé, Guy Sylvestre et Stéphane Blanchoz