à l`occasion de la cérémonie du souvenir commémorant le

Transcription

à l`occasion de la cérémonie du souvenir commémorant le
C ABINET
DU
M AIRE
DISCOURS
Allocution de
Monsieur David LISNARD
Maire de Cannes
Vice-Président du Conseil général des Alpes-Maritimes
à l’occasion de la cérémonie du souvenir commémorant
le 70e anniversaire de la Libération de Cannes
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Dimanche 24 août 2014
à 11 heures 30
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Monument aux Morts
Hôtel de Ville
Version provisoire – seul le prononcé fait foi
-2Monsieur le Député, Président de la Communauté d’agglomération des Pays de Lérins,
Monsieur le Consul Général de Russie,
Mesdames et messieurs les Consuls des Etats-Unis d’Amérique, Grande Bretagne, Canada,
Mesdames et messieurs les élus,
Madame le Délégué Militaire Départemental adjoint, Colonel,
Mesdames et messieurs les représentants des autorités civiles et militaires,
Messieurs les Officiers supérieurs, Officiers et Sous-Officiers,
Messieurs les Présidents d’Associations des membres des Ordres Nationaux,
Mesdames et messieurs les Présidents d’associations patriotiques et d’anciens résistants,
Mesdames et messieurs les Porte-drapeaux,
Mesdames et messieurs,
Chers amis,
Laissez-moi vous dire ce matin toute l’émotion que j’éprouve et la gravité que je ressens, devant ce monument
de la mémoire cannoise, au moment de célébrer avec vous le 70e anniversaire de la libération de notre ville, de la
libération de Cannes et de Cannes-La Bocca, de notre libération. Laissez-moi vous remercier aussi d’être venus
si nombreux, aujourd’hui encore, pour que nous manifestions ensemble notre fidélité et notre reconnaissance à
celles et ceux qui ont payé d’avance, parfois de leur vie, le prix de notre condition d’hommes et de femmes libres.
Ensemble, nous sommes venus faire mémoire. Ensemble, nous sommes venus faire devoir. Cette mémoire et ce
devoir sont étroitement liés par ce que nous enseigne l’histoire sur la nécessité de mener un combat permanent
pour la démocratie.
La mémoire du passé, le devoir d’avenir, en cet instant donné qui est le nôtre, exigent de nos générations
contemporaines, qu’elles aient connu la guerre ou non, de vivre, de s’épanouir et de se maintenir dans une
tradition morale, éthique, patriotique conforme à ce qu’incarne une certaine idée de la France dans ses valeurs
universelles de Liberté, d’Egalité, de Fraternité.
La Libération appartient, comme d’autres rendez-vous notables de l’histoire de France, telles la bataille de
Bouvines dont nous célébrons le 800e anniversaire cette année et bien sûr la Révolution de 1789, à ces
évènements majeurs, structurants, fondateurs de l’identité nationale. Et on ne peut en toute sincérité, en toute
vérité, se dire français, sans venir puiser à cette histoire, sans se nourrir de cette histoire, sans vouloir prolonger
cette histoire.
Certes, personne d’honnête ne peut dire avec assurance ce qu’il aurait fait en 1940, et je me méfie beaucoup de
ceux qui font la leçon 70 ans après, avec les grilles de lecture d’aujourd’hui ; en revanche, chacun peut et doit
dire qu’il faut se battre maintenant pour défendre l’homme libre et une civilisation, la nôtre, qui a produit la
République.
Tel est le sens de notre rassemblement ce matin, de notre hommage aux héros de la Résistance, à tous ceux qui
ont rejoint la France Libre, répondant à l’Appel du Général de Gaulle ; qui ont préféré le maquis à Vichy et pris
part aux combats, à la lutte clandestine, contre l’occupant nazi. En un temps tragique, ils ont incarné cette belle
formule d’Albert Camus selon laquelle : « la vraie générosité envers l’avenir consiste à tout donner au présent. »
Les femmes et les hommes des réseaux de l’ombre, des maquis, de la Résistance, ont tout donné au présent de
cette guerre terrifiante par générosité envers l’avenir de la France, envers notre avenir. Et parce que leur combat
était le plus beau, le seul juste, ils ont gagné cette guerre et remporté la victoire. Ils ont contribué à libérer la
France, grâce à l’intervention massive et décisive des forces alliées dont je salue ici la représentation
diplomatique et consulaire, à qui j’adresse notre plus indéfectible gratitude pour l’engagement de leurs nations à
nos côtés et les sacrifices qu’elles ont consentis.
Le 24 août 1944, la ville de Cannes sortait de quatre années d’une guerre terrifiante qui ne l’a pas épargné des
souffrances, des humiliations, des drames. Il y eut de tout à Cannes sous l’occupation occupation qui, dans un
douloureux face à face, exalta le courage, l’honneur des uns, et révéla la faiblesse, la lâcheté des autres. La
nomenclature des rues et boulevards de Cannes témoigne, du nord au sud et d’est en ouest, de ces noms
-3illustres qui appartiennent au panthéon de notre mémoire locale. Ils y ont gagné leur place par le mérite de leur
engagement et de leur sacrifice.
Jusqu’au dernier instant, et tandis qu’en réponse à son échec la Wehrmacht redoublait de violence destructrice
en dynamitant le Vieux-Port et pilonnant la colline de Saint-Cassien, des Cannois, sans autre titre de gloire et
autre mandat que leur courage et le sens de l’honneur, ont lutté sans faiblir pour arracher notre ville aux mains
de l’occupant. La libération a été leur combat, le fruit d’une volonté, d’un engagement, d’une action. Sans la
détermination des résistants, le sort de notre pays, le sort de notre ville, notre sort à tous, aurait été bien différent.
Car par leur acte héroïque, couplé au génie politique du Général de Gaulle, ils ont rendu à la France un bien
précieux, vertueux, essentiel : la dignité.
Il me vient à l’esprit des noms, des visages, connus comme ceux de notre ancienne députée Louise Moreau qui
avait 17 ans lorsqu’elle s’engagea dans la Résistance, d’Hélie de Saint Marc qui en avait 19 lorsqu’il intégra à
son tour en 1941, de Romain Gary qui répondit à l’appel du 18 juin 1940, deux jours après que la voix du Général
de Gaulle eut retenti pour la première fois sur les ondes de la BBC, ce même Romain Gary qui, dans un de ses
magnifiques romans, « les cerfs volants », exprime toute la quintessence du meilleur de l’esprit français à travers
un acte métaphorique qui voit le narrateur résister à l’occupant par les cerfs-volants de son oncle, porteurs des
noms de Rousseau, Voltaire, et tant d’autres grands auteurs des Lumières, et symbolisant face à la régression
de la barbarie nazie, l’universalité positive de la liberté, de l’intelligence, de la poésie.
Je tiens surtout ce matin à rendre hommage à ceux qui ont su briller d’honneur en ces heures de ténèbres, et
que la pudeur m’empêche de citer sans empêcher ma profonde et sincère admiration.
L’histoire, la grande Histoire, de notre pays comme de notre cité, est faite de ces noms, de ces visages et de tant
d’autres. Cette année, à l’occasion de ce 70e anniversaire de la libération, j’aimerais évoquer devant vous le
souvenir de ces Résistants massacrés par la Gestapo, de ces Français tués par d’autres Français, de ces
Cannois abattus par d’autres Cannois, parce qu’ils avaient préféré l’honneur à la compromission.
La résistance n’est pas un concept, une abstraction, elle est une réalité humaine souvent tragique qui passe par
l’engagement et le sacrifice.
Parmi ces Cannois exemplaires, je tiens évidemment à citer Francis Tonner, Henri Bergia et leurs compagnons à
qui nous avons rendu hommage il y a quelques instants à La Bocca. Mais aussi Léon Noël, Maurice Derché,
Louis Perrissol, les frères Pradignac et tant d’autres dont les noms de nos rues, avenues et boulevard perpétuent
l’héroïque et glorieux souvenir.
Je tiens à citer aussi tout particulièrement Hélène Vagliano, arrêtée le 28 juillet 1944 et qui travaillait pour le
Bureau Central de Renseignement et d’Action rattaché au Général de Gaulle, à Londres. Durant dix-sept jours,
cette jeune femme de 20 ans est livrée à la torture, devant ses parents pris en otage afin de faire pression sur
elle. Elle a la force d’orienter la Gestapo sur de fausses pistes, à la recherche de personnes qui n’existaient pas,
pour faire libérer sa famille, avant de mourir fusillée, à Nice, le 15 août 1944. Le corps brûlé au fer à repasser et
roué de coups de pieds à plusieurs reprises, celle qu’on appelait « La Veilleuse » au sein du réseau TartaneMasséna n’ouvrit jamais la bouche pour trahir sa noble cause. En entendant la rumeur de la rue depuis sa
cellule, qui annonçait le débarquement des alliés, elle dira juste : « mon petit morceau est fini ». Oui, sa
contribution prenait fin, sa partition s’achevait en un requiem héroïque. Pour épargner ses compagnons du sort
qui devait être le sien, Hélène Vagliano n’a jamais parlé. A 16 heures, le 15 août 1944, elle meurt pour la France
avec vingt autres résistants, fusillés par une Gestapo en pleine déroute macabre sur les hauteurs de Nice.
Parmi ces Cannois héroïques encore, évoquons ces prisonniers enfermés dans les cellules du siège de la
Gestapo cannoise, à la villa Montfleury : dix hommes et deux femmes, dont huit ne sortirent pas vivants. Le 15
août 1944, vers 20 heures 30, Jean-Baptiste Albertini, Concetta Biacca, Gustave Biny, Pierre Chalmette, Alfred
Froidurot, Georges Kreugel, Marius Martini, Hippolyte Séguran furent massacrés avant que leurs bourreaux ne
fuient vers l’Italie. Il faut lire les rapports de l’époque pour saisir la froideur, l’acharnement, la haine de l’ennemi
vaincu. Il faut lire le témoignage de ceux qui ont réussi à en réchapper, publié dans la presse de l’époque et
-4conservé aux archives municipales. Il faut s’instruire des atrocités de cette époque, non par goût du morbide,
mais parce qu’une conscience éveillée et instruite constitue le premier rempart face à la barbarie. C’est cette
conscience qui fait taire la bête en nous, et fait de nous des hommes.
Ce matin, au moment de notre hommage, au moment de nous incliner devant les frontons de notre monument
aux Morts garnis des noms de nos héros, comme nous l’avons fait il y a quelques instants à La Bocca, j’ai
souhaité que ceux de ces Résistants qui partagent le mérite de tous les autres, soient nommés et entendus ; car,
il est une chose de mourir au combat, de mourir en action sur un champ de bataille, et c’est une mort glorieuse,
mais dans le cas de ces prisonniers torturés et massacrés pour finalement avoir tant aimé la France et sa liberté,
la gloire dispute leur destinée à l’absurdité de leur sort.
Alors, mes chers amis, quel sens donner aujourd’hui, 70 ans après ces tragiques événements, à notre
rassemblement et à l’enseignement de l’histoire ? L’actualité nous presse, à différents niveaux, à en reconnaître
les signes, à en combattre les causes autant que les conséquences.
Nous voyons fleurir, un peu partout dans le monde, des conflits ethniques qui ne sont pas sans rappeler la
funeste marche d’Hitler sur l’Europe. Aujourd’hui, en Orient, des femmes et des hommes sont chassés de leur
terre et persécutés en raison de leur foi, par un nouveau fascisme violent, raciste, antisémite, antichrétiens,
antimusulmans « modérés », simplement antidémocratique ; ce fascisme, c’est celui des djihadistes islamiques.
Oui, nous avons le devoir de soutenir les chrétiens d’Orient persécutés. Oui, la communauté internationale a le
devoir de combattre ce nouveau totalitarisme et de le stopper, avec les moyens adaptés et sans faiblesse :
diplomatiques chaque fois que possible, militaires chaque fois que nécessaire, au risque, si elle tarde trop,
d’abandonner l’humanité à un nouveau chaos.
L’atroce exécution par décapitation du journaliste américain, James Foley, ne doit pas nous terroriser mais nous
mobiliser dans un sursaut moral et spirituel. Ne donnons pas le plaisir à ces djihadistes, gorgés de haine, d’être
comme ils nous croient : pleutres, repus par la société de consommation, ayant abandonné toutes valeurs, tout
courage, toute éthique. Soyons fiers d’être des démocrates, soyons fiers de notre héritage gréco-romain, judéochrétien, et républicain. Soyons fermes et ouverts. Soyons fermes et intransigeants sur le respect des valeurs
républicaines comme du drapeau, notre beau drapeau tricolore. Soyons ouverts car confiants, ouverts sur le
monde, ouvert d’esprit. Soyons ouverts, libres, et donc soyons gagnants. La réaction pleine de dignité et de force
morale des parents de James Foley est la meilleure réponse à l’abjection djihadiste. Ils ont exprimé, devant les
caméras du monde entier, de façon sobre et avec noblesse, leur fierté de leur fils, selon leurs mots « mort en
martyre de la liberté. » Quelle leçon, et quelle victoire, pour le camp de la liberté et devant l’histoire.
Car, l’histoire nous oblige autant qu’elle nous juge. Elle nous oblige à l’égard du passé, elle nous juge dans notre
responsabilité actuelle. Que faisons-nous de cette liberté, si chèrement retrouvée il y a soixante-dix ans grâce
aux Résistants et aux forces alliées, qu’en faisons-nous aujourd’hui dans nos choix militaires, politiques, sociaux,
économiques ? Que laisserons-nous à nos enfants et petits-enfants ? Que faisons-nous à notre tour de la liberté
des peuples menacés d’extinction par de nouvelles formes de barbarie ? Qu’en faisons-nous enfin dans notre vie
quotidienne, dans notre manière de vivre les uns avec les autres, dans notre rapport à la collectivité, aux
institutions, à l’autre ?
La libération n’est pas seulement un événement historique. Elle est un état permanent, un nécessaire combat
permanent. Elle touche à la liberté intérieure de chaque individu, à sa conscience, à sa responsabilité citoyenne.
C’est elle qui permet de se déterminer, de s’engager, d’agir. Qu’existe-t-il de plus précieux que d’être libre ?
Qu’est-il en même temps de plus exigeant ? Comme l’affirmaient Périclès puis Paul Valéry, il n’est pas de liberté
sans courage, c’est-à-dire sans effort, sans lutte. De même, qu’il ne peut y avoir de droits sans devoirs, il n’y a
pas de liberté sans responsabilité, donc sans engagement.
La fuite en avant, la politique de l’autruche, ont conduit la France de 1940 à la défaite. Le sursaut de conscience,
la volonté de décider et de maîtriser son destin ont conduit la France de 1944 à la libération et à la victoire. Il n’y
a pas d’autre enseignement, il n’y a pas d’autre évidence, il n’y a pas d’autre choix.
-5Alors, dans la France de 2014, comment vivre cette liberté, ou plutôt comment réveiller cette liberté ? Depuis
plusieurs décennies, notre pays glisse vers une liberté facile, une fausse liberté, au point de prendre son revers
libertaire pour une composante du bonheur. Nous voyons triompher de nouvelles aliénations auxquelles se
soumettent de plus en plus complaisamment trop de politiques, de leaders économiques, syndicaux, de relais
médiatiques, mais aussi la société civile dans son ensemble. Nous sommes bien face à un problème de société.
Le politiquement correct tend par son formatage stérile à tuer toute liberté de penser, toute idée novatrice, mais
aussi à couper toute tête qui dépasse, à remplacer le langage politique, chargé d’impulser l’action, par des
« éléments de langage » comme l’écrit si bien Bernard Attali dans son dernier livre Si nous voulions. Une société
où, de plus en plus, le « Faire croire » des communicants répond au « Que faire ? » des responsables publics ;
reflet d’une société figée qui ne parvient plus à prendre la moindre initiative et se paie de mots en attendant des
jours meilleurs.
Ce vide de concepts, ce vide d’idées, ce vide d’actions fortes tient à mon sens à la dictature de l’immédiateté et
de l’émotion dans laquelle s’enferme notre société, au point de perdre tout contact avec la perspective. Quels
sont les gouvernants, entrepreneurs, décideurs qui aujourd’hui encore projettent leur action à 10, 20, 50 ans ?
C’est justement l’absence de vision à long terme qui paralyse la France. Nous devons, sans négliger les
urgences immédiates qu’il convient de traiter, construire un projet national sur plusieurs décennies. Regardons
l’Allemagne qui se porte plutôt bien, en tout cas bien mieux que la France, grâce au plan Schröder qui en dix ans,
et dans le même cadre institutionnel européen que nous, a réussi à restaurer la compétitivité Outre-Rhin. Qui
nous empêche d’user de la même liberté que l’Allemagne, dans le cadre européen, pour reconstruire notre
propre prospérité ? C’est là que l’on touche du doigt non pas les limites de l’Union Européenne, mais celles de
dirigeants qui ne savent pas imaginer et construire un nouveau modèle français, tant en matière d’éthique, de
recherche et d’innovation, que de politique, de diplomatie, d’économie, de solidarité.
Or, dans le même temps, l’Etat surendetté, et incapable hélas de réduire son périmètre, continue de multiplier
impôts, charges, directives, règlementations, interdits, sans parvenir d’ailleurs à les assumer. L’exemple le plus
récent est l’incapacité du Gouvernement à empêcher une manifestation qu’il avait pourtant interdite et qui n’a pas
manqué de dégénérer en violences spectaculaires. Plus l’Etat grossit pour envahir notre vie quotidienne et
parfois intime, plus il est faible sur le cœur de sa mission, dans ses fonctions régaliennes : la police, la justice, la
diplomatie, l’armée. La France s’abime dans l’ultra réglementation pour tous et le laisser faire pour ceux qui
transgressent. Le laxisme n’est pas une expression de la liberté, mais un abandon, une résignation, une
capitulation.
C’est là tout le contraire du message de la Résistance, de la Libération, de la Victoire que nous célébrons
aujourd’hui. C’est là tout le contraire de l’âme de la France, du génie du pays, de la grandeur de la République.
Le déclin de la France vient de la négligence de sa liberté. Le renouveau de la France viendra d’une reconquête
intellectuelle, économique, institutionnelle de sa liberté. Et cela se joue ici, au plus près de la réalité citoyenne,
dans les villes et les villages de France, au sein des municipalités. J’en ai la conviction depuis longtemps, et je
l’ai déjà évoqué lors du 14 juillet, l’avenir de la France, ce sont ses communes, là où est le lien physique, là où
est la réalité de la vie, là où sont les potentialités, la créativité, les talents, l’énergie, les solidarités, le sentiment
d’appartenance.
Et à Cannes, parce que la liberté c’est la responsabilité, dans le respect des autres et de soi-même, j’ai placé la
lutte contre l’incivisme au cœur de mon action municipale. Ce n’est pas anodin ou secondaire. L’incivisme est à
mes yeux le contraire de la liberté. Car l’incivisme est liberticide. Il trahit le pacte républicain, donc ce qui fait le
socle du vivre en commun. Il insulte la collectivité, il coûte cher et nuit à la qualité de vie, il menace même la
quiétude publique par les conflits qu’il fait générer entre les personnes.
L’incivisme, qui s’exprime par les actes multiples d’incivilité, est un fléau contre lequel nous devons lutter. Il est
un fléau comportemental qui puise aux sources du nihilisme de notre époque qui voudrait signer la fin de ce qui
fait lien entre nous, au profit du chacun pour soi.
-6La lutte contre l’incivisme est une longue marche. Elle est bien engagée à Cannes, avec notamment une police
municipale mobilisée et de plus en plus efficace, mais son succès tient au comportement de chacun, au civisme
de chacun, à la citoyenneté de chacun. Et je peux vous assurer que je maintiendrai et même augmenterai l’effort
engagé dans les mois et les années à venir, avec une vigilance particulière sur les jets de déchets, de papiers,
de mégots, la mendicité agressive, les nuisances sonores notamment des véhicules trafiqués, etc. Car
« combattre l’incivilité », comme le déclarait le philosophe Michel Onfray dans une récente interview au magazine
Le Point, « c’est résister à la barbarie », ce sont ses mots. Résister à la barbarie, voilà qui fait sens avec l’histoire
et rejoint notre célébration d’aujourd’hui.
Voilà ce qui inspire l’action municipale que j’ai choisi de mener à Cannes, avec toute mon équipe, dans le cadre
du mandat que les Cannois m’ont confié, en plaçant la qualité de vie, au sens large du terme, au cœur de notre
action quotidienne. La qualité de vie passe, comme je viens de le dire en évoquant la lutte contre l’incivisme, par
le respect, j’ai même envie de dire par la courtoisie, la politesse les uns envers les autres, mais elle se traduit
aussi par un environnement économique, social, éducatif, de mobilité et de loisirs qui favorise l’épanouissement
de chacun et le lien entre nous.
La liberté dans l’action publique aujourd’hui, la responsabilité des acteurs publics aujourd’hui, c’est de renforcer à
la fois la liberté de création et l’autorité de l’Etat recentré sur ses missions régaliennes ; à Cannes, par exemple,
notre liberté, donc responsabilité, c’est de résister à la faciliter de l’augmentation des dépenses et des impôts tout
en mettant en place des actions concrètes pour :
- assainir les finances publiques comme nous le faisons à Cannes avec une stricte sobriété fiscale qui
assure, au profit des Cannois, un budget sans augmentation des taux communaux d’impôts et un
désendettement constant de la commune, avec cette année une baisse de 10 millions d’euros ;
- pour rendre les déplacements plus faciles et accessibles, avec une offre de transports renforcée et des
tarifs plus attractifs pour les jeunes et les séniors ;
- pour faciliter l’entreprenariat, avec une pépinière d’entreprises qui soutient la création de richesses et
d’emplois dans notre bassin de vie ;
- pour développer les formations diplomantes pour notre jeunesse en lien avec les besoins du marché,
dans le cadre de la cité universitaire que nous allons concrétiser ;
- pour renforcer l’apprentissage du savoir de nos enfants, avec des établissements scolaires sécurisés et
rénovés et à partir de la rentrée une restauration scolaire centrée sur des repas faits maison et des
aliments issus majoritairement d’une agriculture raisonnée, pour un coût inchangé pour les familles ;
- pour proposer des animations et favoriser l’ouverture d’esprit, à travers une programmation culturelle et
une offre de loisirs diversifiées et de qualité.
La liberté, mes chers amis, c’est un choix de vie. C’est ainsi que nous avons choisi de vivre à Cannes. C’est
ainsi, qu’avec vous, je m’attache à construire le vivre à Cannes. C’est ainsi que nous devons vivre en France et
nous avons tous le devoir d’agir, à notre niveau, en ce sens.
En nous inclinant avec respect devant ce monument aux Morts, gardien de la mémoire collective de notre ville,
en pensant à ces hommes et ces femmes au courage, à l’honneur et au mérite extraordinaires, puissions-nous
trouver en nous l’élan des libérations à conduire aujourd’hui, dans nos vies personnelles, dans notre vie
collective, pour vivre réellement libres, tendre au bonheur, et aspirer à un avenir toujours meilleur pour nousmême et les générations futures, ici même à Cannes et en France.
Vive Cannes ! Vive la République ! Vive la France !