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CHAPELLE
SAINT BERNARD
DE MONTPARNASSE
SES OEUVRES D'ART
SES ARTISTES
Chapelle Saint Bernard de Montparnasse 34, Place Raoul DAUTRY 75015 PARIS
(Entrée sous l'horloge de gauche de la gare Montparnasse - Ouvert du mardi au dimanche de 10h à 19h)
Tél Fax : 01 43 21 50 76 E-mail : [email protected] http://chapellestbernard.free.fr
Décembre 2007
A l’origine (1969-70), la chapelle a été conçue d’une manière
volontairement sobre et dépouillée, créant un climat apaisant et
portant à la contemplation. Ceci, à proximité immédiate du bruit
et de l’agitation de la gare.
Une vingtaine d’années plus tard, d’importants travaux dans la
gare ont rendu nécessaire la rénovation de la chapelle. L’esprit
d’origine a été gardé : la BEAUTE parle, pour proposer aux
visiteurs un espace porteur à la prière et au silence.
Des éléments signifiants
:
les sculptures de Pierre de Grauw,
conçues pour créer l’espace significatif d’une communauté célébrante,
réalisées en partie (tabernacle et triple socle de l'autel) dans des traverses de chemin de
fer faisant allusion à la situation particulière de la chapelle en sous-sol d'une gare.
- l’autel : une table faite d’une planche de chêne taillée en demi-cercle pour symboliser
l’invitation aux fidèles de se rassembler autour d’elle : le lieu du rassemblement ;
- le lutrin : une simple poutre représentant un prophète, dont la main droite est levée et
l’index dressé, invitant à l’écoute, au silence et dont la main gauche tient un livre : le lieu de
l’écoute ;
- le Christ sur le mur du fond, image de notre communauté : l’image suspendue de notre
espérance ;
o
- le tabernacle : installé à l’origine à gauche de l’autel, dans un espace vide, de
contemplation et de silence, il a été transporté à droite dans les années 90 ;
- le « Mur de la Passion » ou « mur du chemin de croix », où une dizaine de blocs
d’ardoise taillés en bas-reliefs retracent les principales stations du chemin de croix
traditionnel. L’ensemble est une sorte de « Calvaire » rappelant les calvaires bretons (la Gare
est sur la ligne qui lie Paris à la Bretagne !) ;
- le « Mur de prière », une sculpture monumentale abstraite où de grandes surfaces
calmes et lisses alternent avec des reliefs beaucoup plus chahutés, voire chaotiques, mais
qu’un rythme continu parcourt, lui donnant son unité. Il est à l’image de l’homme qui prie,
traversé successivement par des moments de paix et de béatitude, puis des temps
d’inquiétude, de tumulte ou d’angoisse.
Les autres œuvres d'art
- une Vierge en bois polychrome, offerte à la chapelle à son origine par le sculpteur
Dubos, aujourd’hui décédé, posée sur un haut socle de bois, accueillant le visiteur presque à
l’entrée de la chapelle. Ce sculpteur est aussi l’auteur de « la Crèche » et du « triptyque de la
Résurrection » dont nous pouvons disposer au temps de Noël et de Pâques ;
- une sculpture de granit, du sculpteur Manh, posée aujourd’hui sur le muret de droite de
l’espace du tabernacle : une sorte de « livre-pierre » ou de « livre ouvert d’un autre âge »
selon son auteur ;
- deux toiles du peintre Michel Biot, sur le mur de droite. Elles représentent pour l’auteur une
« hiérophanie » (apparition du sacré) dont les mots clés seraient : création, prière, plénitude,
éternité.
Les artistes de la chapelle
Pierre de GRAUW, sculpteur
Il est l'auteur de la plupart des sculptures de la chapelle,
conçues pour créer l’espace significatif d’une communauté
célébrante.
Né dans la ville d'Utrecht, aux Pays-Bas, il pratique la
sculpture et la peinture dès son plus jeune âge. Envoyé en
France en 1950, il s'adonne particulièrement à la taille
directe sur bois, son matériau de prédilection. A partir des
années 1960 il réalise des œuvres monumentales en bois et
modèle de nombreux personnages en plâtre qu'il fera
ensuite réaliser en cuivre ou en bronze. S'il ne cesse jamais de sculpter des rondes-bosses, à
partir du milieu des années 1970 il approfondit l'art du bas-relief et de la médaille et , dans les
années 1980, il se met à associer le cuivre au bois ; il applique alors une feuille de cuivre sur
certaines zones de ses bois pour en souligner certains contours.
Parallèlement à son métier de sculpteur il s'adonne au dessin et à la peinture, donnant ainsi
naissance à une importante collection de dessins sur les Psaumes., qu'il place dans une
perspective humaniste et philosophique.
"Son œuvre est silencieuse, c'est-à-dire qu'en regardant chacune de ses sculptures, on ressent
ce sentiment d'introspection et de recueillement qui domine l'esprit de sa création. Les formes
mêmes demeurent dans le mutisme, à peine évidées, conçues par l'artiste pour contenir en
elles un message qui parle avec pudeur et retenue de l'homme, au-delà du sacré et du profane"
écrit à son sujet , Valérie Da Costa, maître de conférences en histoire de l'art contemporain à
l'Université Marc Bolch de Strasbourg.
Pierre DUBOS, sculpteur (1889, 1974)
La Vierge
Sculpteur très connu de l’imagerie religieuse française, il fut l'élève
de Bourdelle, comme Alberto Giacometti, Germaine Richier,…
Sa famille a offert plusieurs de ses œuvres, en bois polychrome, à
l'église Saint Lucien de la Courneuve.
Ce sculpteur est aussi l’auteur de « la Crèche » et du « triptyque de
la Résurrection » dont nous pouvons disposer au temps de Noël et
de Pâques
MANH, sculpteur
Le Livre de pierre
Adossée au mur, près du tabernacle, cette sculpture de granit
est due à Nguyen Man Hung, de son nom d’artiste Manh.
Né au Vietnam, Manh a fait ses études en France. Il a travaillé
pendant 5 ans à l’American Center, lieu d’accueil pour les
artistes installé avenue Raspail et aujourd’hui disparu, dans
l’atelier de sculpture. Paris bouillonnait…
Selon ses dires, « C’était dans les années 1970. Après un bel
été et à l’automne naissant, le quartier Montparnasse était en
fête. Pendant une quinzaine de jours, le quartier fut animé comme jamais : saltimbanques,
cracheurs de feu, concerts et chants aux quatre coins des rues, danses et jazz improvisés, jour
et nuit au sous-sol et dans le jardin de l’American Center, expositions des arts plastiques au
Centre, mais aussi dans les restaurants, l’entrée des salles de cinéma et théâtre, les halls de
gare et la chapelle St Bernard. C’est ainsi qu’a commencé l’histoire de cette pierre…. »
St Bernard a ainsi accueilli la 1ère exposition de l’artiste. Parmi les œuvres exposées, ce granit
taillé, une pierre terriblement dure et longue à travailler, apposé au mur, sur un fond de toile de
jute, accompagné seulement de quelques mots.
A l’issue de l’exposition, le sculpteur a offert à la chapelle cette œuvre qui, selon lui, « avait
trouvé sa place ». Livre de pierre, ouvert, offert à la prière et à la méditation.
Travaillant aussi bien la pierre que la résine, l’artiste a poursuivi son œuvre.
Michel BIOT, peintre
Peintre depuis 50 ans*, Michel Biot se consacre uniquement
à son art et vit de sa peinture depuis trente ans. Une œuvre
peinte constituée d’environ 6000 toiles, dont 4500 à
l’extérieur (particuliers, réserves centre Pompidou, DRAC,
musée de Dijon et de Boulogne-Billancourt, San Francisco…)
et 1500 dans l’atelier du peintre.
Peinture à l’huile, marquée par la notion de « sacré » selon
l’artiste.
Les 2 toiles présentes dans la chapelle, sont des huiles sur
toile, avec des traces de sable et datent de 1974. Elles
représentent pour l’auteur une « hiérophanie » (apparition
du sacré) dont les mots clé seraient : création, prière,
plénitude, éternité. Elles ont été données par l’artiste à
Bernard Feillet, le premier chapelain, qui les a, lui-même,
données à la chapelle.
* voir l’ouvrage « Michel Biot, 50 ans de peinture » (Ed Alternatives 2007)
Pierre de Grauw
présente ses sculptures
Le Christ de l'autel
suspendu au mur derrière l’autel, n’est pas un Christ en
croix, mais un Christ devenu croix.
Comme le dit Saint Pierre dans sa première épître, (I
Pierre 2,24) « il est celui qui, dans son propre corps, à
porté nos péchés sur le bois… ».
Il semble dormir paisiblement, il ne souffre plus,
mais il n’est pas encore dans la gloire de sa
résurrection. Il est l’image de la communauté que
nous sommes, communauté « du Samedi Saint »,
suspendue, en attente de la pleine manifestation de
sa gloire, objet de notre espérance.
L’autel
est une table faite d’une belle planche de chêne
taillée en demi-cercle, pour symboliser l’invitation
aux fidèles de se rassembler autour d’elle.
Trois morceaux de traverses de chemin de fer la
supportent.
Le lutrin
est sculpté dans une simple poutre représentant un
prophète annonçant la parole de Dieu. Sa main
droite levée, l’index dressé, il invite à l’écoute, au
silence. Sa main gauche tient un livre.
C’est Ezechiel qui nous dit :
« Qu’il écoute, alors,
Celui qui voudra écouter ! » (Ez. 3,27)
Le tabernacle
Il s’agit d’une sculpture composée de morceaux de
traverses de chemin de fer assemblés en forme de roue ou
de grand disque, détachée du mur à une distance
d’environ un mètre, se situant véritablement dans
l’espace. En son milieu est encastré le tabernacle
proprement dit dont la porte en bronze raconte - en basrelief - un épisode de la vie du prophète Elie :
Rejeté par le peuple juif, abandonné et découragé, Elie
s’en va au désert.
Après une journée de marche, il fait halte, s’assied sous
un genêt et souhaite mourir : « prends ma vie,
Seigneur,…car je ne suis pas meilleur que mes pères !»
Malgré ses angoisses il s’endort. A son réveil il entend une
voix qui lui dit : « Lève-toi, mange, car la route sera
longue… » Il trouve alors un pain cuit sous la braise et un
peu plus loin une cruche d’eau fraîche. Il boit, mange et se
met en route.
Ce récit souligne un aspect essentiel de l’Eucharistie : le
pain que l’on rompt en célébrant la mémoire de Jésus de
Nazareth est, en effet, la nourriture qui nous permet de
reprendre la route.
Ce grand cercle dans lequel est encastré le tabernacle,
cette forme ronde symbolise depuis toujours, dans
l’histoire de l’art, le ciel ou le divin, alors que le carré
représente l’homme, la terre.
Ainsi le tabernacle est-il lové dans le cercle, comme
l’humain dans le mystère de Dieu.
Le chemin de croix
A droite de l’entrée de la chapelle, au fond, se trouve le
« Mur de la Passion » ou mur du « Chemin de
croix » : une dizaine de blocs d’ardoise taillés en
bas-reliefs, retracent les principales stations du
chemin de croix traditionnel.
L’ensemble veut être une sorte de « Calvaire » qui
rappelle les calvaires bretons.
La Gare Montparnasse n’est-elle pas la gare qui lie Paris à
la Bretagne ?
Le Mur de prière
En face, du côté gauche, on découvre – fait rare,
exceptionnel
dans
l’ensemble
des
églises
catholiques d’hier et d’aujourd’hui - une sculpture
monumentale abstraite appelée : « Mur de prière ».
De grandes surfaces calmes et lisses y alternent
avec des reliefs beaucoup plus chahutés, voire
cahoteux. Mais un rythme continu parcourt
l’ensemble, lui donne son unité et sa structure.
Il en est de même pour l’homme qui prie. A des
moments de paix et de béatitude succèdent souvent
des temps d’inquiétude, de tumulte ou d’angoisse.
Parfois le croyant se sent comme Jacob qui luttait avec
l’ange de Dieu jusqu’au lever de l’aurore. Kierkegaard dit
quelque part que l’homme qui lutte est grand, que celui
qui lutte avec soi-même est plus grand, mais que le plus
grand de tous est celui qui lutte avec Dieu.
Il est à souligner que ces sculptures n’ont pas seulement une fonction cultuelle.
Elles ont été voulues et sont là aujourd’hui pour créer dans ce lieu - somme toute
sans valeur architecturale – l’espace significatif d’une communauté célébrante.
Elles forment ainsi un tout cohérent dont les différents éléments sont
théologiquement indissociables.
Pour l’ensemble de la chapelle, - surtout pour l’autel et le tabernacle – j’ai utilisé
des morceaux de traverse de chemin de fer, non pour faire du "récup’art" mais
pour souligner le fait que cette chapelle se trouve dans une gare. Des milliers et
des milliers de gens s’y croisent, souvent pressés, inquiets, agités, agressés par le
bruit et la publicité de toutes parts.
La Chapelle St Bernard veut – depuis son origine – être un espace calme et
reposant, où l’homme se retrouve, croyant ou non-croyant - en lui-même ou en
Dieu.
De sa sobriété et de sa pauvreté doit se dégager une certaine force qui nous aide –
comme dit Saint Paul – à ne plus être comme des enfants… mais à dire avec lui :
"nous ne nous laisserons plus ballotter et emporter à tout vent". (Ephésiens 4,14)
SHALOM à toutes et à tous !
Pierre de Grauw, janvier 2007