une histoire brûlante - Célestins, Théâtre de Lyon

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une histoire brûlante - Célestins, Théâtre de Lyon
1871-1881
En 1871, un incendie détruit entièrement le Théâtre. Un concours est lancé par la
Ville pour la construction du nouveau Théâtre. Gaspard André, élève d’AntoineMarie Chenavard, est alors retenu comme architecte.
Les travaux commencent en 1874 et le Théâtre des Célestins ouvre ses portes
en 1877.
Le sort s’acharne sur le bâtiment. Il est à nouveau incendié en 1880. Les façades
demeurent debout mais il ne reste presque rien de la salle ni de la scène. La Ville
renouvelle sa confiance à Gaspard André. Le Théâtre ouvre ses portes en 1881.
Il est considéré comme un des plus beaux théâtres à l’Italienne de Province.
UNE HISTOIRE
BRÛLANTE
1312-1778
Après la dissolution en 1312 de l’ordre des Templiers qui possédait l’actuel
emplacement des Célestins, ce sont les frères hospitaliers de St Jean de
Jérusalem qui en prennent possession. Suite à un accord conclu avec Amédée
VIII, comte de Savoie, les moines Célestins viendront s’installer à Lyon en 1407.
Tout au long du XVe siècle, constructions et réfections se succèdent jusqu’en
1501, date du premier incendie (le 2ème incendie ravage le monastère en 1744).
En 1778, la réforme des ordres monastiques entraine la suppression du
couvent.
1792 à 1871
En 1789, les projets pour remodeler le quartier se succèdent et aboutissent à la
création d’un espace ouvert et à la construction d’une salle de spectacle. Elle est
confiée aux architectes Morand et Colson. Le Théâtre des Variétés est inauguré
en 1792 et sera entièrement voué aux drames et aux vaudevilles.
Suite à un contentieux avec les propriétaires, une salle provisoire est construite
sur l’actuelle place des Jacobins et baptisée Théâtre du Gymnase.
En 1838, le Théâtre des Variétés, devient propriété de la Ville et s’ouvre à
nouveau au public. A cette époque, le Théâtre se tourne vers les pièces du
répertoire classique. Des pièces de Balzac, Musset, Sand puis Augier, Labiche
et Dumas fils y sont représentées. L’opérette fait même une entrée avec La Belle
Hélène d’Offenbach.
1906-1968
En 1906, Edouard Herriot, alors maire de Lyon, désigne Charles Montcharmont
comme directeur des Célestins. Il dirigera brillamment la maison jusqu’en 1941.
A la nomination de Charles Gantillon, La Comédie de Lyon, troupe locale fondée
par Louis Ducreux devient de 1941 à 1944 un des centres dramatiques les plus
vivants. Gérard Philipe, Madeleine Robinson y font notamment leurs débuts.
1968-2000
Albert Husson prend la relève avec le désir de faire des Célestins une Comédie
Française de province. Pendant dix ans, il dirigera le Théâtre avec Jean Meyer.
En 1978, à la mort d’Albert Husson, Jean Meyer dirige seul le Théâtre des
Célestins. Il laisse sa place en 1985 à son élève Jean-Paul Lucet.
En 1997, le Théâtre est inscrit à l’inventaire supplémentaire des Monuments
Historiques. Claudia Stavisky est nommée directrice en mars 2000.
2003-2005
La municipalité de Lyon vote en 2001 un important programme de travaux qui
devra répondre à cinq objectifs : réduire les risques d’exploitation dans la cage de
scène, mettre en sécurité la totalité de l’établissement, réaliser le renouvellement
et le rafraîchissement de l’air, rendre les lieux accessibles aux personnes en
situation de handicap, améliorer l’accueil et le confort du public.
La rénovation réinvente l’organisation spatiale du Théâtre et y ajoute une salle
de spectacle baptisée Célestine.
Claudia Stavisky dessine une nouvelle programmation et organise un « hors les
murs » qui permet la création et la diffusion de spectacles dans différents lieux
de l’agglomération et aussi dans le département du Rhône.
Aujourd’hui, le Théâtre des Célestins dirigé par Claudia Stavisky et Patrick Penot
poursuit sa mission de conservation du répertoire et de lieu de création.
Pour en savoir plus : Du couvent au Théâtre
Édité à l’occasion de la réouverture des célestins en 2005, découvrez cet ouvrage écrit par des
spécialistes, sur l’histoire et l’architecture du Théâtre.
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LES ESPACES PUBLICS
L’atrium
UNE VISITE
AU CŒUR
DU THÉÂTRE
Façade 1792-1871
La façade
Façade 1881
Au fil du temps, le Théâtre a connu des changements dans la décoration ou les
espaces intérieurs, mais la façade est restée identique depuis1881.
Chaque ensemble du monument est souligné par l’emploi de pierre de tonalités
différentes. De hautes consoles à tête de lion soutiennent les balcons. Les statues
de la Comédie et de la Tragédie sont accompagnées de leurs emblèmes : le
flambeau pour la Tragédie et une marotte de fou pour la Comédie. Une frise
ornée de boutons indique la limite horizontale entre le parterre et la première
galerie. Au niveau de « l’étage noble », la décoration s’enrichit. En retrait, peint en
rouge sombre, s’ouvrent les portes à balcon des premières galeries surmontées
des bustes de Hugo, Musset et Scribe, représentant les trois genres : Drame,
Comédie et Vaudeville.
Ce hall d’entrée, appelé vestibule par l’architecte Gaspard André, est d’une
grande élégance. Il comporte une banque centrale pour la billetterie, nommée
boîte à sels*. Depuis les travaux de rénovation, les portes entre le péristyle* et
l’intérieur du bâtiment sont vitrées afin de donner plus de luminosité.
Le lustre Macchina della luce d’Oro, très contemporain, a été commandé à
l’artiste milanais Carlo Catellani. A gauche, entre les deux montées d’escaliers,
un médaillon portant la date de 1877 commémore l’année de la première
construction du Théâtre par Gaspard André. Des écussons timbrés du « L »
rappellent que le bâtiment appartient à la Ville de Lyon. Sur l’écusson figurent les
initiales « RF » correspondant à République Française, initiales que l’on retrouve
dans la salle sur le cadre de scène*.
La salle à l’Italienne
La salle, plusieurs fois rénovée depuis 1881, est le
type même d’une salle à l’italienne. Elle a gardé les
caractéristiques qui définissaient ce type de salle
classique : une salle en forme de fer à cheval avec des
balcons. A l’origine, les salles à l’italienne établissaient
une hiérarchie entre les spectateurs. Dans cet
espace très codifié, les loges étaient réservées
aux aristocrates, les balcons à la bourgeoisie et le
parterre, alors sans sièges, au peuple.
Les loges de chaque côté de la scène, côté
cour* et côté jardin* étaient réservées à quelques
notables, qui pouvaient être vus de tous, tout en
étant réellement séparés du reste du public.
Si, depuis les travaux conduits en 2002, des
améliorations ont été apportées au confort du public
(ventilation de l’air, espacement des fauteuils au niveau orchestre, places pour les
personnes à mobilité réduite, plancher en bois avec une légère inclinaison), les
proportions harmonieuses et la richesse de la décoration n’ont pas été altérées.
Les fauteuils en velours rouge (au nombre de 697) et le tissu tendu sur les murs
créent la même atmosphère feutrée qu’appréciait le public de la fin du XIXème et du
début du XXème siècle.
Joanny Domer (1833-1896), artiste qui occupe alors une place de premier rang
dans le monde de la peinture à Lyon, se voit confier la réalisation du plafond.
Construit en cuivre, ce plafond donne l’illusion d’un velum, toile tendue par un
cordage au dessus des théâtres antiques à ciel ouvert. Le lustre monumental, qui
pèse près de deux tonnes et éclaire la salle de ses 200 ampoules, est au cœur
Une programmation spécifique est proposée dans la Célestine, offrant au public
une relation plus intime avec les artistes. Des spectacles peuvent y être donnés
en même temps que ceux de la grande salle.
Le bar l’Etourdi
de la composition. L’ensemble de celle-ci se détache sur un fond or. Le groupe
central est présidé par Athéna, en position dominante sur un trône. A la gauche
d’Athéna prend place Praxitèle, aux côtés duquel se trouve Aristophane, le regard
tourné vers la déesse. Ces deux figures sont placées sous les bons auspices de
la Vérité, jeune femme nimbée de lumières. A droite, un groupe essentiellement
féminin est dominé par une muse accompagnée par la Renommée.
La représentation de la Guerre est symbolisée par Mars, en partie masqué par
la figure d’Hercule. Une représentation du Rêve ménage une transition entre la
Guerre et la Paix. A l’opposé du groupe central et d’Athéna est représenté un
centaure empoignant une femme. Les figures de Mercure et de la Renommée
établissent un lien avec la scène principale. En contrepoint de celles-ci, un couple
se prosterne devant Aristophane.
La Célestine
Construite dans le volume de la cage de scène lors des travaux de rénovation,
cette salle a été ouverte au public en 2005. Séparée du plateau de la grande
salle par un dessous et une salle de stockage, elle est située à 3,20 mètres sous
le niveau de la rue. D’une hauteur de 5 mètres, elle a une surface équivalente
au plateau principal. Sa réalisation a nécessité des terrassements importants
et la mise en œuvre d’un cuvelage étanche pour protéger des infiltrations d’eau
de la Saône. Le monte-décors du plateau de la grande salle descend jusqu’à ce
niveau. La Célestine peut accueillir jusqu’à 170 spectateurs.
Grâce à son gradin modulable, le nombre de places peut varier selon les besoins
techniques et artistiques.
Dans le foyer contigu à la Célestine, où se
trouvaient jusqu’en 2002 la chaufferie et une des
réserves de costumes, un nouveau bar a été
aménagé. Ouvert au public une heure avant et
après les spectacles et pendant les entractes,
ce bar est nommé L’Etourdi, en hommage à la
première comédie de Molière qui fut créée à
Lyon. Dans les espaces d’exposition, on peut
voir deux des tambours qui étaient situés dans
la partie supérieure de la cage de scène, au
niveau du gril*. Les plans en coupe du Théâtre
et les documents photographiques rendent
compte de la nouvelle configuration du bâtiment,
de l’ampleur des derniers travaux et de ce qui
constituait, jusqu’en 2002, la machinerie à
l’italienne (perches* en bois, fils* en chanvre,
passerelles* dans les dessous…).
Le bar du public
Ce bar a un charme particulier.
Les reliefs en stuc, les grappes
dionysiaques, le visage de
Bacchus, les cadres et médaillons
constituent un ensemble décoratif
très harmonieux.
Le marbre, en trompe l’œil, des
murs d’inspiration vénitienne
rappellent l’illusion théâtrale.
Les lustres évoquent les
verreries de Murano. Construit
d’un seul tenant en demicercle, le comptoir d’origine,
occupe majestueusement le
fond du bar.
LES LIEUX SCENIQUES
Le foyer des artistes
A l’image de la salle à l’italienne rouge et or, le foyer des artistes, rénové en 1989,
est un lieu chargé de toute la magie du théâtre. C’est là, à quelques pas du
plateau, que se retrouvent les comédiens, avant les levers de rideau et pendant
le spectacle.
Les thèmes décoratifs remarqués dans la salle, dans l’atrium ou au foyer du
public, sont repris ici : têtes de lions, masques en stuc représentant la Comédie
et la Tragédie, blason de la Ville, initiales RF, et noms des célébrités de l’époque :
Dupré, Genin, Lureau, Lamy, Fournier, comédiens réputés de la fin du XIXème siècle..
Au-dessus du miroir figure une maxime de Boileau : « Aimez qui vous conseille
et non pas qui vous loue ».
Les loges
Les comédiens disposent de loges qu’ils occupent seuls ou qu’ils partagent à
plusieurs. Réparties côté cour sur deux étages, elles permettent d’accueillir une
vingtaine d’artistes.
La cage de scène
Le foyer du public
Restauré en 1992, ce foyer est l’œuvre de Joanny Domer, qui trouva ses sources
d’inspirations dans l’Italie de la Renaissance et de l’époque baroque. La peinture
décorative du foyer se concentre sur l’évocation de Molière (un portrait au
dessus de la cheminée). Sur les murs latéraux, des personnages de ses pièces
sont peints dans des fenêtres aveugles. On retrouve sur un écusson la lettre
« L » de la Ville de Lyon, et de part et d’autre, on distingue des navettes de
métiers à tisser, symboles de l’une des grandes traditions artisanales de Lyon, la
fabrication de la soie par les Canuts. Sur la voûte de la montée d’escaliers, des
figures peintes dans des cartouches représentent les quatre éléments : air, terre,
eau et feu. Autour du lustre, sont inscrits les noms d’illustres auteurs grecs :
Sophocle, Aristophane, Eschyle, Euripide, et plus bas, le peintre a choisi le nom
de poètes latins : Plaute, Terence, Ennius.
La cage de scène est le volume composé du
plateau, des cintres*, du gril* et des dessous*.
Jusqu’en 2003, elle contenait une machinerie*
à l’italienne (structures en bois, perches
actionnées par des fils de chanvre). Cette
machinerie manuelle permettait de charger*
et d’appuyer* les décors. Elle nécessitait
en permanence quatre cintriers et huit
machinistes. A l’aide de deux personnes, on
pouvait charger et appuyer jusqu’à 250 kg.
Aujourd’hui, seulement trois cintriers sont nécessaires. Avec l’informatisation
en place, un cintrier peut, à lui seul, manœuvrer l’ensemble des porteuses
supportant chacune 350 kg.
Le plateau
Sur 20 mètres d’ouverture et 11 mètres de profondeur, la scène des Célestins,
inclinée à 4 % présentait, avant la rénovation, toutes les caractéristiques d’une
scène à l’italienne. A l’occasion de la rénovation, le plateau a été mis à plat
et abaissé, la déclivité du parterre a été revue afin d’assurer une visibilité
optimale.
Données techniques du Théâtre rénové :
Ouverture au cadre de scène : 9,50 m
Profondeur du plateau du cadre de scène au mur du lointain* : 11,60 m
Hauteur du plateau au gril* : 18 m
Le plancher de scène est démontable par trappes ce qui permet d’accéder au
dessous de scène.
Plusieurs passerelles de service permettent de circuler dans la cage de scène.
L’installation de la motorisation des perches a transformé la manière
d’appréhender le travail. Les montages et démontages sont plus pratiques.
La synchronisation et la précision des mouvements sont des atouts apportés par
l’informatisation de l’ensemble des moteurs.
* Lexique
Appuyer : dans la manœuvre d’un décor, signifie faire monter un élément.
Boîte à sels : appelé aussi contrôle. Il s’agit plutôt d’un comptoir surélevé que d’une boîte. C’est ici que
les spectateurs pouvaient demander les sels de réanimation.
Cadre de scène : partie fixe ou mobile qui entoure l’ouverture de la scène.
Charger : terme employé pour signifier descendre un décor.
Cintre(s) : partie supérieure de la cage de scène non vue du public constituée de perches*, de fils* et de
passerelles.
Côté cour / côté jardin : si l’on se place face à la scène, le côté cour est le côté droit du plateau et
le côté jardin est à gauche. Avant la Révolution, l’un était le côté de la reine, l’autre celui du roi. Après
la Révolution, on eut l’idée de se régler sur la position qu’occupait, aux Tuileries, le théâtre situé entre le
jardin et la cour du palais.
Dessous : sous le plancher de scène, le premier étage de machinerie.
Fil : terme correspondant au cordage.
Gril : Partie supérieure des cintres, où passent les fils qui soutiennent les perches.
Lointain : partie la plus éloignée de la scène.
Passerelle : passage dans les cintres ou sur les murs latéraux de la cage de scène, d’où les
machinistes effectuent les manœuvres.
Pendrillon : rideau, principalement noir, étroit, suspendu aux cintres, utilisé pour masquer les coulisses.
Perche (ou porteuse) : une longue pièce de bois. Dans une installation à l’italienne, les toiles peintes sont
attachées sur des perches pour être ensuite enroulées, transportées et stockées. Elles sont remplacées
par des porteuses en acier.
Paradis : le balcon le plus élevé du théâtre ; on l’appelle aussi poulailler.
Poulailler : à l’époque du mélodrame et du Boulevard du crime, le public s’y bousculait comme dans un
poulailler et caquetait comme de la volaille.
Rideau de fer : rideau métallique destiné à isoler la cage de scène de la salle en cas d’incendie.