2011 PHARMACOVIGILANCE
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2011 PHARMACOVIGILANCE
2011 NUMERO 19 Ce bulletin est rédigé et diffusé par la Pharmacologie Médicale et le CHU de Montpellier sans aide de l'industrie pharmaceutique. Précisions la fameuse liste de médicaments sous surveillance L’Afssaps rappelle que tous les médicaments commercialisés en France font l’objet d’une surveillance de leurs effets indésirables après leur mise sur le marché. En effet, ce n’est qu’après une utilisation à large échelle et sur une population "tout venant" que lle profil de tolérance de ces médicaments peut être apprécié. Certains médicaments font l’objet d’une surveillance plus spécifique: • soit parce qu’il s’agit d’une nouvelle substance active ou d’une nouvelle classe pharmacologique. Les plans de gestion des risques ou PGR, mis en place à partir de 2005 constituent une surveillance renforcée de ces nouvelles classes. • soit, pour un médicament déjà commercialisé, en raison de la détection de nouveaux signaux qui nécessitent un approfondissement. La surveillance spécifique peut prendre la forme d’une enquête de pharmacovigilance. Il s'agit de vérifier si ce signal nécessite une modification du résumé des caractéristiques du produit, une information au prescripteur ou une mesure plus spécifique envers le médicament (conditionnement, étude complémentaire, restriction d'usage voir retrait) PHARMACOVIGILANCE Quoi de neuf depuis Octobre au niveau de l'Afssaps? Des contre-indications • ère Antihistaminiques de 1 génération, mucolytiques, fenspiride Les spécialités mucolytiques (acétylcystéine, carbocistéine), mucofluidifiantes (benzoate de méglumine) et l’hélicidine sont contre-indiquées chez l’enfant de moins de 2 ans depuis le 29 avril 2010, compte tenu du risque de majoration de l’encombrement bronchique, confirmé par les résultats de l’enquête de pharmacovigilance mise en place par l’Afssaps à la suite de la notification de cas d’encombrement des voies aériennes et d’aggravation de bronchiolite aiguë du nourrisson. Par ailleurs à compter du 15 mars 2011, plusieurs sirops (ou solutions buvables) utilisés dans le traitement des toux bénignes sont contre-indiqués chez les nourrissons de moins de 2 ans. Il s’agit de médicaments appelés antihistaminiques H1 (à base de prométhazine, alimémazine, oxomémazine, chlorphéniramine et pimétixène existant sous de nombreux noms de marque) et du fenspiride. En effet, ces médicaments n’ont pas clairement fait la preuve de leur efficacité et peuvent être associés à des effets indésirables. De plus, leur effet sédatif pourrait être nocif en cas d’encombrement bronchique. 1 De nombreux retraits • Retrait du buflomédil Le buflomédil (Fonzylane®) a fait l'objet de plusieurs enquêtes de pharmacovigilance depuis 1997. Les risques soulevés portaient sur des mésusages et notamment des surdosages. Malgré des mesures prises (information changement de conditionnement), un certain nombre de notifications (60%) font toujours état d'un mésusage évocateur de surdosage, et dans certains cas d’une évolution fatale. Au total, l'ensemble des membres de la Commission nationale de Pharmacovigilance a conclu que le profil de tolérance du buflomédil était inacceptable dans les conditions actuelles de l'AMM, et demandé son retrait en Février 2011. • Retrait du dextropropoxyphène er C'est définitif, c'est la fin de la saga dextropropoxyphène (Di-antalvic®, Propofan®), retrait définitif à partir du 1 mars 2011 • Retrait du sitaxentan Retrait du marché mondial de la spécialité sitaxentan (Thelin®) utilisé dans l'hypertension artérielle primitive suite à la survenue de cas non prévisibles d’atteintes hépatiques graves. • Arrêt commercialisation du mésilate de pergolide Le mésilate de pergolide Célance® est un agoniste dopaminergique, indiqué dans le traitement de la maladie de Parkinson. Il existait un risque d'atteinte valvulaire et les laboratoires Lilly ont décidé d'arrêter la commercialisation. Des lettres aux prescripteurs • Lenalidomide et risque thromboembolique L'utilisation concomitante de lenalidomide (Revlimid®) et de dexamethasone chez les patients atteints de myelome multiple augmente le risque d'accidents thromboemboliques veineux et artériels • Risques hépatiques et dronédarone Des cas d’atteintes hépatiques à la suite d’un traitement par dronedarone (Multaq®), incluant deux cas d’insuffisance hépatique ont été rapportés chez des patients traités par la dronédarone. Parmi ceux-ci, certains sont survenus précocement après le début du traitement. Des tests hépatiques sont actuellement préconisés tous les mois pendant 6 mois puis à 9 et 12 mois, puis régulièrement par la suite. • Ostéonécroses de la machoire On connaissait le risque lié aux biphosphonates, il faut actuellement penser aux risques sur-ajoutés - traitement par bevacizumab (Avastin®) utilisés chez les patients atteints de cancer bronchique, rénal, sein ou colorectal - traitement par sunitinib (Sutent®), inhibiteur de protéine kinase indiqué dans le traitement de tumeurs malignes avancées ou métastatiques stromales, gastrointestinales, neuroendocrines du pancréas, ou rénales. • Nitrofurantoïne et toxicité hépatique, pulmonaire Nouvelle lettre d'information: Furadoine®, Furadantine® et Microdoine® ont déjà fait l'objet de modifications des résumés des caractéristiques des produits en 2005 et d'une communication auprès des professionnels de santé en 2006 sur le risque de survenue d’effets indésirables graves, principalement pulmonaires (pneumopathies interstitielles, fibrose) ethépatiques (cytolyse, hépatite chronique active, cirrhose), lors de traitements prolongés La déclaration d’un effet indésirable médicamenteux (EIM) ou d'une dépendance est une obligation légale qui permet de détecter et d'évaluer la fréquence de survenue de ces effets (Décret du 13 mars 1995). Il faut considérer cette déclaration obligatoire non pas comme une contrainte administrative, mais comme un devoir de santé publique dont les patients et le corps médico-pharmaceutique sont les bénéficiaires directs. 2 Point sur les Glitazones /Glitazars« Les glitazones sont-elles maudites » ? Parmi les traitements du diabète de type 2, s’il est une classe pharmacologique qui a donné de grands espoirs et donné lieu à une foultitude de publications, c’est bien celle des glitazones. Les pharmacologues vigilants, « empêcheurs de progrès » pour certains, ne se sont pas laissés aveugler par les sirènes, qu’elles s’appellent ciglitazone, euglitazone ou troglitazone. Ces glitazones ont été rapidement abandonnées au cours des essais cliniques et…juste avant l’AMM pour la dernière. La deuxième génération, rosiglitazone et pioglitazone, à grand renfort de tambours et de trompettes, blokbusters de leur firme et médicaments phares, devaient apporter un nouvel éclairage et changer l’avenir du diabète de type 2 et…du syndrome métabolique. Ayant obtenu l’AMM en 2002, sur le critère intermédiaire de la diminution de l’HbA1c, ces glitazones n’ont pas tardé à faire parler d’elles pour leurs effets indésirables : prise de poids, insuffisance cardiaque,…tous ces effets ayant déjà été observés lors des études précliniques…Du fait de l’effet « moyen » pour ne pas dire négatif de la rosiglitazone sur les lipides, nos « Grands Penseurs » ont inventé les agonistes PPAR « hybrides » (en réalité appelés mixtes), actifs à la fois sur les paramètres glucidiques et lipidiques via leur action sur les PPAR gamma et PPAR alpha respectivement. Ces agonistes PPAR mixtes appelés « Glitazars » ont eu une vie courte et remplie de « hasard » malchanceux en particulier la survenue de cancers urothéliaux chez le rat. Comme nous l’expliquent souvent les « Grands Experts », le rat n’est pas l’homme et la plausibilité pharmacologique indispensable pour le versant efficacité a une moindre valeur pour le versant tolérance. Je rappelle juste ici que la cible pharmacologique que représentent les PPAR est ontologiquement très largement conservée au cours de l’évolution des espèces. Nos « glitazars » ne sont donc toujours pas nés, car morts au milieu des années 2000, avant l’obtention d’une AMM. La pioglitazone a toujours montré de meilleurs résultats sur le bilan lipidique que sa sœur, la rosiglitazone, sans doute en partie d’une potentielle activité agoniste PPAR alpha….Comble du comble, la rosiglitazone est supprimée du marché en septembre 2010 (soit 8 ans après l’obtention de son AMM)…pour augmentation du risque cardiovasculaire, ce qui est assez intéressant dans le diabète de type 2, où le critère fort de morbi-mortalité est la baisse de ce même risque cardiovasculaire. Sans commentaire… Bon, revenons à nos préoccupations initiales de pharmacologues vigilants, la pioglitazone a devant elle un grand avenir, celui de la « glitazone » restée le plus longtemps sur le marché ! Mais en septembre 2010, nouvel épisode, une alerte de la FDA sur un risque « potentiel » (non démontré à ce jour) de cancers de la vessie… Cela semble nous rappeler quelque chose et amène à se poser la question d’une potentielle erreur de suffixe …… Et si une « glitazone » pouvait cacher un « glitazar ». Bien évidemment, cette histoire ressemble à toutes les histoires de médicaments et pourrait aussi s’intituler « Dans les arcanes de l’évaluation du bénéfice/risque où certains Experts sont vigilants et d’autres plutôt somnolents ». Dominique Hillaire-Buys 3 Les statines: un point sur les effets indésirables Les statines sont des médicaments hypolipémiants dont la spécificité est d'inhiber une enzyme clé de la synthèse du cholestérol: HMG-Co A réductase. Cinq molécules sont actuellement commercialisées. Les plus anciennes sont les statines de première génération d'origine naturelle extraite d'un pénicillium: la simvastatine (Lodalès, Zocor) et la pravastatine (Elisor, Vasten). La fluvastatine (Fractal, Lescol) appartient à la deuxième génération. La troisième génération est constituée de l'atorvastatine (Tahor) et la rosuvastatine (Crestor) d'origine purement synthétique Les statines sont des médicaments bien tolérés, certains effets indésirables sont bénins et communs à toutes les molécules, généralement transitoires: troubles gastrointestinaux, céphalées, asthénie. D'autres sont plus graves et plus rares. Nous allons en faire ici une synthèse. 1. Effets indésirables musculaires: L'incidence des effets musculaires au cours des essais cliniques, toute symptomatologie et gravité confondues, se situent autours de 5% sans différence significative versus placebo. Cette fréquence est également celle observée pour une élévation modérée des CPK (Créatine Phospho Kinase). L'élévation conjointe des CPK et la présence d'une myalgie est en revanche plus rare. Les myalgies sous statines sont fréquentes, généralement réversibles en 2 à 3 semaines après arrêt du traitement. Les douleurs musculaires sont diffuses affectant le plus souvent les muscles proximaux avec une sensation de faiblesse musculaire et de tension douloureuse. Ces myalgies peuvent ne pas être associées à une élévation des CPK, alors que d'authentiques lésions musculaires imputables aux statines sont présentes (anomalies histologiques avec dysfonctionnement de la fonction mitochondriale réversibles à l'arrêt du traitement). Les myopathies associent les douleurs musculaires à une élévation des CPK. Leurs incidences est de l'ordre de 0.1 à 0.5% et sont dose-dépendantes. Les myosites associent myalgies et augmentation des CPK (<10N). La rhabdomyolyse correspond à un syndrome consécutif à la destruction du muscle strié. Myalgie et élévation significative des CPK (>10N) sont systématiquement présentes. La libération de quantité importante de myoglobine dans les urines peut être dosée et colore celles-ci en brun. Les manifestations cliniques touchent préférentiellement les cuisses. L'électromyogramme montre une atteinte myogène et la biopsie musculaire met en évidence une nécrose des fibres musculaires associée à des zones de régénération. L'incidence des rhabdomyolyses observées sous statines est très faible. Certains facteurs favorisants ont été évoqués parmi lesquels: l' âge (>80ans), le sexe (féminin), un IMC bas, une polymédication, une insuffisance rénale, un diabète, une hypothyroïdie, la consommation excessive d'alcool, une AEG, un traumatisme ou une chirurgie récente, une activité physique intense. Le mécanisme de toxicité musculaire des statines reste mal élucidé. Une des hypothèses fréquemment citée est une diminution des concentrations mitochondriales d'ubiquinone intervenant dans la production d'énergie cellulaire (ATP). Une diminution des réserves d'ATP altère le fonctionnement normal de la cellule musculaire et peut en expliquer la destruction. Un déficit en ubiquinone est observé dans certaines myopathies mitochondriales. La toxicité musculaire est souvent Concentration-dépendante , se méfier des doses élevées et des situations où ces concentrations peuvent s'élever (IR, Iinteractions médicamenteuses) 4 2. Autres effets indésirables de l'appareil locomoteur: tendinites, ruptures de tendons, arthralgies Une revue de la base nationale de pharmacovigilance réalisée par le CRPV de Rouen en 2008, rapporte une série de 96 patients sous statines ayant présenté des troubles tendineux: tendinites (N= =63) et rupture de tendon (N= =33). Les tendinopathies surviennent dans plus de la moitié des cas (59%) durant la première année de traitement et intéressent toutes les molécules. La réintroduction a été positive dans tous les cas où elle a été réalisée. Ces tendinopathies concernent le plus souvent le tendon d'Achille comme pour la plupart des médicaments induisant ce type d'effets indésirables (fluoroquinolones). Des arthralgies et arthropathies sont également décrites avec l'ensemble des statines hydrophiles (pravastatine, rosuvastatine) comme lipophiles (atorvastatine, fluvastatine, simvastatine). 3. Toxicité rénale Bien que des cas de protéinurie et d'hématurie ont été décrits, le traitement par statines au long cours ne semble pas représenter une cause d'insuffisance rénale en l'absence de rhabdomyolyse. Toutefois, en cas de rhabomyolyse, la myoglobine exerce un effet toxique direct sur les cellules de l'épithélium tubulaire et peut entraîner la formation de cylindres obstruant les tubules rénaux. De plus, la myoglobine peut inhiber la synthèse du monoxyde d'azote par les cellules endothéliales et induire une vasoconstriction intrarénale et une ischémie. Cette insuffisance rénale aiguë peut se compliquer d'une acidose métabolique, d'hyperkaliémie, d'hypocalcémie, d'hypophosphatémie. Le pronostic dépend de la sévérité de l'atteinte rénale et de la présence ou non de complications. 4. Effets hépato-biliaires: augmentation des transaminases, hépatites, pancréatites Les effets indésirables hépatiques liés au statines sont rares (1 à 2%) avec principalement des augmentations des transaminases (ASAT, ALAT) sans répercutions cliniques. Cette augmentation est dose-dépendante. Elle survient le plus souvent après quelques mois de traitement et dans la plupart des cas les transaminases reviennent aux valeurs initiales sans arrêt du traitement. Le mécanisme toxique évoqué est une altération de la membrane de l'hépatocyte à l'origine d'une fuite enzymatique plutôt qu'une toxicité directe. Néanmoins, on retrouve dans la littérature des cas isolés d'hépatites et de pancréatites. Ce qui est remarquable c'est que dans certains cas l'effet semble lié à la molécule elle même et n'est pas un effet classe puisque l'effet se produit au moment d'un switch de molécule. En pratique, il est recommandé de contrôler périodiquement les transaminases pendant la première année de traitement et de l'interrompre en cas d'élévation persistante des ASAT et des ALAT au delà de trois mois. Les ASAT ne sont pas spécifiques du foie, on les retrouve également à concentrations élevées dans le myocarde, le muscle, le rein et le pancréas. 5. Effets indésirables neurologiques: neuropathie On retrouve des cas de polyneuropathie et neuropathie périphérique ayant fait l'objet de publications et de notifications spontanées. Il s'agit principalement d'atteintes sensitives ou sensitivomotrices se manifestant par des paresthésies et des sensations d'engourdissement des membres inférieurs et/ou de perte de sensibilité. Une diminution voir une abolition des réflexes ostéotendineux (achilléens 5 principalement) peut également être présente ainsi qu'une diminution parfois sévère de la force musculaire. Cet effet semble survenir en particulier après plusieurs années d'exposition. L'évolution à l'arrêt de la statine est favorable dans la plupart des cas. Dans une étude Néerlandaise de pharmacovigilance, la réintroduction de la statine incriminée ou d'une autre statine a entraîné une réapparition des signes neurologiques. Le mécanisme toxique peut s'expliquer par le fait que le cholestérol est un composant essentiel des membranes cellulaires. Les inhibiteurs de l'HMG Co A réductase change la fonctionnalité des membranes des cellules nerveuses en diminuant la synthèse du cholestérol. De plus une diminution concomitante des taux d'ubiquinone serait à l'origine comme pour la toxicité musculaire d'une baisse de la production d'énergie indispensable aux neurones et aux muscles striés. Ces deux hypothèses pourraient expliquer les altérations de structure et d'activité des neurones induisant une neuropathie à long terme. Une altération du goût peut être en rapport avec les premiers signes d'une neuropathie 6. Effet indésirable pulmonaire: pneumopathie interstitielle Les pneumopathies interstitielles (PI) sont un groupe hétérogène d'affections pulmonaires dont le point commun est l'atteinte de l'interstitium pulmonaire. Elle sont caractérisées par une désorganisation de l'architecture pulmonaire. Le risque majeur est l'évolution vers la fibrose pulmonaire et la dégradation de la fonction respiratoire. Les observations rapportées présentent une symptomatologie commune: dyspnée et/ou toux non productive depuis plusieurs semaines ou mois associée à un syndrome inflammatoire. Les biopsies confirment l'existence de lésions interstitielles. A l'arrêt de la statine on observe une régression du syndrome interstitiel sur plusieurs semaines ou plusieurs mois avec ou sans traitement par corticoïdes. Le mécanisme responsable de ces PI est complexe et mal élucidé passant par l'inhibition des phospholipases considérée comme une partie de l'effet des statines sur le métabolisme lipidique. Certains auteurs évoquent la synthèse d'inclusion lamellaires intralysosomiales riche en phospholipides dans les pneumocytes de type II, les histiocytes et les cellules endothéliales causant une lésion pulmonaire toxique analogue aux médicaments amphiphiles tels que l'amiodarone. 7. Effet indésirable endocrinien: gynécomastie, impuissance, trouble des la libido La gynécomastie est caractérisée par une augmentation des glandes mammaires chez l'homme. Les médicaments sont l'une des étiologies possibles dans 10 à 20% des cas. On retrouve dans la littérature et la BNPV des cas isolés de gynécomastie sous statines ( atorvastatine, rosuvastatine) après quelques mois d'utilisation. L'évolution est suggestive à l'arrêt du traitement. Par ailleurs des cas de troubles sexuels à type de dysfonctionnement érectile et baisse de la libido ont été décrits. Le mécanisme de ces troubles endocriniens semble être lié à une baisse des taux de testostérone. Cette hormone sexuelle ayant une action déterminante sur la libido est synthétisée dans les cellules de Leydig à partir du cholestérol. Christelle Philibert, Véronique Pinzani-Harter 1 Andréjak M et al. Effets indésirables des statines. Thérapie 2003;58:77-83. 2 Brosteaux C et al. Statines et effets musculaires. Rev Med Suisse 2010;6:510-517. 3 Marie I et al. Tendinous Disorders Attributed to Statins: A Study on Ninety-Six Spontaaneous Reports in the Period 1190-2005 and Review of the Lliterature.Arthritis Rheum 2008;59:367-372. 4 Belaïche G, Ley G, Slama JL. Gastroenterol clin et biol 2000;24:371. 5 Oteri A et al . Reversible Acute Hepatitis Induced by Rosuvastatin. South Med J. 2008 ;101:768. 6 De Langen JJ, Van Puijenbroek. HMG-CoA reductase inhibitors and neuropathy: reports to the Netherlands Pharmacovigilance Centre. Neth J Med 2006;64:334-338. 7 Oteri A et al. Gynecomastia possibly induced by rosuvastatin. Pharmacotherapy 2008;28:549-551. 8 Veyrac G, Cellerin L, Jolliet P. Un cas de pneumopathie interstitielle rapporté sous atorvastatine (Tahor): synthèse des cas pubiés sous statines. Thérapie 2006;61:57-67. 6 ADDICTOVIGILANCE Rappel des règles de prescription et dispensation des traitements de substitution aux opiacés (TSO) Le Centre d'addictovigilance de Montpellier a réalisé avec l'Afssaps une synthèse sur le risque d'abus des sulfates de Morphine [1]. Les résultats de cette étude, issus de la notification spontanée des cas d'abus des sulfates de Morphine, a permis de recenser 423 observations incluant 353 cas d'abus, 16 overdoses et 41 utilisations comme traitement de substitution des opiacés (TSO). Les sujets étaient majoritairement des hommes (68.1%) avec une moyenne d'âge de 34.2 ± 8.6 ans. La formulation était du sulfate de morphine à libération retardée : Skénan® 374 observations (88.4% des cas), Moscontin® 31, Kapanol® 1, et du sulfate de morphine à libération immédiate : Actiskenan® 13 observations, Sevredol® 4. Tous les outils épidémiologiques utilisés dans cette étude (Notification spontanée, OPPIDUM, OSIAP) montrent la sur-représentation du Skénan® dans ces cas d'abus, utilisé par voie injectable dans environ 50% des observations. Un autre point important concerne les caractéristiques de cette population : il s'agit de patients avec une longue histoire de polytoxicomanie (héroïne, cocaïne, cannabis…). Dans 9 observations, l'injection a provoqué des complications à type de douleurs locales, érythème et/ou abcès ou dans les cas les plus sévères endocardite et septicémie. Seize overdoses ont été rapportées : 9 administrations intraveineuses, 12 décès, rappelant la dangerosité du sulfate de morphine. Enfin, 41 observations concernaient une utilisation de sulfate de morphine comme TSO. A ce propos, nous vous rappelons que les sulfates de morphine (Skenan®, Moscontin®, Actiskenan®…) n'ont pas l'AMM dans le traitement de substitution des opiacés. Dans notre étude, sur 41 patients, 14 l'utilisaient par voie injectable avec des posologies variant de 400 à 800 mg/j. La note de la DGS de juin 1996 concernant l'utilisation du sulfate de morphine comme TSO est toujours en vigueur et mentionne que le sulfate de morphine peut être prescrit dans cette indication à titre exceptionnel: • en cas notamment de contre-indications ou • dans la cadre de la mise en place d’un protocole d’intolérance à la buprénorphine haut dosage ou de soins avec l’Assurance maladie (Article L324- la méthadone 1 du Code de la Sécurité Sociale). Les derniers éléments validés par la commission nationale des stupéfiants et psychotropes d'avril 2009, prévoient un avis auprès d’un addictologue exerçant dans un service spécialisé CSAPA (Centre de soins, d'accompagnement et de prévention en addictologie) ou service hospitalier. Nous vous rappelons les règles de prescription et de dispensation des TSO ayant une AMM dans cette indication, Buprénorphine et Méthadone (cf tableau). Agoniste partiel des récepteurs opiacés : BUPRENORPHINE Dosages disponibles Subutex : 0,4-2-8 mg Génériques: 0,4-1-2-4-6-8 mg Statut Modalités de 1. prescription 2. Délivrance Suboxone (BHD/Naloxone): 0,4/0,1-2/0,58/2 mg Liste 1 suit la réglementation des stupéfiants Par tout médecin 1. Prescription en toutes lettres sur une ordonnance sécurisée non 2. renouvelable d'une durée de 28 jours maximum 3. En l'absence d'indication "délivrance en une fois" ou d'un rythme de fractionnement, la délivrance se fait tous les 7 jours Indiquer le nom de la pharmacie de délivrance choisie en accord avec le patient Nom du pharmacien chargé d'effectuer la délivrance. Maximum 28 jours. Possède une AMM Pas encore commercialisée 7 Agoniste pur des récepteurs opiacés METHADONE SIROP METHADONE GELULES Flacons unidoses : 5-10-20-40-60 mg Gélules : 1-5-10-20-40 mg Stupéfiants En relais de la forme sirop chez des patients traités Primo-prescription: • réservée aux médecins exerçant en CSAPA, ou par la forme sirop depuis au moins 1 an et stabilisés médecins exerçant dans un établissement de santé ou un établissement pénitentiaire • Prescription en toutes lettres sur une ordonnance Primo-prescription: • Prescription initiale semestrielle réservée aux sécurisée CSAPA Relais de la prescription: • Prescription en toutes lettres sur une • Le prescripteur initial rédige une ordonnance ordonnance sécurisée sécurisée mentionnant le nom du médecin • Durée maximale limitée à 14 jours traitant qui prendra le relais, choisi en accord • Mention sur l'ordonnance du nom du médecin avec le patient traitant et du nom du pharmacien d'officine, • Le médecin traitant indique le nom de la choisi / patient pharmacie d'officine choisie en accord avec le Renouvellement de la prescription: patient • Etablissement d'un protocole de soins entre le • Durée maximale limité à 14 jours patient, le médecin traitant et le médecin conseil de l'assurance maladie • Consultation semestrielle en CSAPA pour Le prescripteur pourra, en cas de nécessité, préciser que renouvellement de la prescription initiale la dispensation se fera quotidiennement • Entre 2 renouvellements de la prescription initiale, renouvellement par le médecin traitant • Prescription en toutes lettres sur une ordonnance sécurisée • Durée maximale limitée à 14 jours Dispensation • Initialisation: au CSAPA • En pharmacie d'officine • Fractionnée par période de 7 jours, sauf mention • Fractionnée (périodes de 7 jours) sauf mention " " délivrance en une seule fois" du prescripteur, délivrance en une seule fois" du prescripteur er sur présentation de la primo-prescription et de la • 1 renouvellement: présentation de la primoprescription du médecin relais prescription et de la prescription de renouvellement 1-Compte rendu de la commission nationale des Stupéfiants et Psychotropes 23 avril 2009 http://www.afssaps.fr/var/afssaps_site/storage/original/application/7bb0ea04db4b921b5cde23b177a3b548.pdf : Dr Hélène Peyrière, Dr Céline Eiden Directeurs de la Rédaction : Dr HILLAIRE-BUYS, Dr. V. PINZANI-HARTER Ont participé à la rédaction de ce journal : H. PEYRIERE, C EIDEN, C. PHILIBERT Service de Pharmacologie Médicale et Toxicologie Hôpital Lapeyronie 34295 MONTPELLIER Cedex 5 Tél. : Secrétariat : 04.67.33.67.57 – Internes : 04.67.33.67.56 Fax : 04.67.33.67.51 Mails: [email protected], [email protected], [email protected] Site internet: http://www.chu-montpellier.fr/fr/vigilance/ Un sujet particulier à traiter vous intéresse, n'hésitez pas à nous en faire part…. Pensez à consulter régulièrement nos sites Internet Pharmacovigilance, Addictovigilance et Antenne Médicale de Prévention du Dopage Lien : http://www.chu-montpellier.fr/fr/vigilance/ 8