Injection des murs

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Lutter contre l’humidité/ Traitement des murs
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1-Introduction
Un moyen très répandu de condamner les remontées capillaires dans les murs, consiste à pratiquer une
injection de produits hydrophobes non bouche-pores (ou plus rarement bouche-pores), dans les pieds de mur,
le plus près possible du niveau des terres. Le procédé présente l’avantage de ne pas être destructif et d’être
efficace, à condition de respecter certaines règles (voir ci-dessous).
NB: les autres méthodes de lutte contre les remontées d’eau par capillarité sont décrites dans la fiche n°3.3.2
(sciage, electro-osmose-phorèse, siphon atmosphérique...etc))
2- Généralités sur le procédé
Le procédé consiste à forer tous les 12,5 cm, en pied de mur suivant un maillage qui dépend du type de
maçonnerie, des trous d’environ 12 mm de dia., à une profondeur correspondant globalement aux 4/5ème de
l’épaisseur du mur. On procède ensuite à l’injection du produit sous basse pression (5 à 10 bars).
Le croquis ci dessous illustre l’exemple d’un mur de 50 cm d’épaisseur en moellons calcaire maçonné au
mortier de chaux.
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Maillage vu en élévation
Cette barrière horizontale d’injection (BHI), est complétée par des barrières verticales d’injection (BVI), à
l’endroit des connections du mur traité avec d’autres murs non traités (refends, pignons, façades...) de façon
à condamner les infiltrations latérales.
3- Produits
3.1. Types de produits
Les produits hydrophobes:
Il s’agit généralement de polysiloxane en phase solvantée ou de méthysiliconate de potassium en phase
aqueuse. Ces produits sont dérivés du silicone et polymérisent après diffusion dans l’épaisseur du mur,
tapissant les parois des pores d’une pellicule hydrophobe.
Dans le cas de maçonneries d’une épaisseur de plus de 50 cm, l’emploi du méthysiliconate de Potassium est
déconseillé. Le gaz carbonique indispensable à la réaction de polymérisation est en quantité insuffisante dans
la masse du mur.
Les produits bouche-pores:
L’injection peut être effectuée également avec des produits qui obturent les pores du matériau. Il s’agit
généralement de Silicates alcalins (pratiquement abandonnés à l’heure actuelle comme composants
dominants.) On trouve également des émulsions bitumineuses.
NB: certains produits associent les 2 familles (Protim Solignum par exemple: méthylsiliconates et
silicates.) Ils sont dans la plupart des cas adjuvantés de façon à augmenter la diffusion en retardant la
polymérisation et en diminuant la viscosité.
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3.2. Quantité de produit à injecter
Les quantités prescrites par les fabricants varient de 1,5 à 2 litres par mètre linéaire pour 10 cm d’épaisseur
de maçonnerie, soit 10 litres maximum pour un mur de 50 cm d’épaisseur.
Ces quantités sont basées sur des essais effectués en laboratoire sur des maçonneries relativement homogènes
en briques sur lit de mortier de ciment. Elles ne sont donc pas adaptées aux maçonneries présentant de
nombreuses cavités ou fissures ainsi qu’aux murs montés avec un mortier de chaux, très ouvert. Il s’agit donc
de quantités minimum (voir § 3.1.)
3.3. Diffusion du produit
D’une façon générale, le produit, au moment de l’injection s’infiltre essentiellement dans les joints, fissures
ou interfaces, remplissant les petites cavités. Dans un 2ème temps, il diffuse au-delà de la zone injectée de
façon plus ou moins homogène suivant le type de maçonnerie.
Un mur en brique sera le siège d’une diffusion relativement homogène, contrairement à un mur en moellons
traditionnel ou la diffusion se fera essentiellement dans le mortier, dans le cas d’un mortier de chaux.
D’autre part l’injection s’avère impossible dans les plâtres saturés ou les pierres calcaires crayeuses saturées,
l’eau de rétention se met localement en pression au moment de l’injection et s’oppose à la pénétration du
produit. Se sont en fait les matériaux présentant le coefficient de capillarité le plus élevé comme le plâtre ou
le calcaire tendre (voir fiche n°4.1: Capillarité), qui paradoxalement s’avèrent les plus difficiles à traiter par
injection.
Nous proposons ci dessous des solutions pour les différents cas généralement rencontrés.
4-Définition du forage suivant le type de maçonnerie
Règles générales concernant les lignes de forage.
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Les trous sont inclinés vers le bas pour favoriser la pénétration du produit et augmenter la surface de
contact avec la maçonnerie.
Le forage peut s’effectuer sur une seule face pour les murs de moins de 45 cm d’épaisseur.
Dans le cas de l’utilisation d’une canne simple, le double forage est indispensable pour les murs de plus
de 50 cm. On peut cependant travailler sur une seule face en utilisant une canne permettant d’effectuer
l’injection par zone, laquelle est définie par 2 obturateurs espacés de 10 cm et montés sur l’extrémité du
corps de la canne. Le produit sort entre les 2 obturateurs. La longueur du corps de la canne est au moins
égale à la profondeur du trou. On procède dès lors à l’injection en commençant par le fond du trou et en
remontant vers l’extérieur par étape de 10 cm. Ce procédé permet d’optimiser la répartition du produit
sur toute l’épaisseur de la maçonnerie.
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4.1. Mur homogène en briques au mortier de ciment
Une simple ligne de forage dans les joints, sur 4/5ème de l’épaisseur du mur suffit.
4.2. Mur en moellons calcaire maçonnés au mortier de chaux
Les lignes de forages sont doublées suivant le croquis page 1, de façon à croiser le maximum de joints.
Les pertes de produit sont importantes. Elles correspondent à des pressions d’injection proches de zéro. De
nouveaux trous doivent alors être forés de façon à cerner la cavité. L’estimation des quantités perdues est
difficile à estimer. Un facteur 2 paraît être une bonne approximation.
Nous proposons désormais systématiquement une injection de micro-mortier dans les cavités
importantes détectées au forage, avant l’injection du produit de façon à rendre le matériau homogène
et mieux contrôler les quantités effectivement injectées dans les zones à traiter. Ce micro-mortier de
part son caractère hydrofuge renforce la barrière.
4.3. Mur maçonné au plâtre ou murs en pans de bois remplis au plâtre:
Ces murs sont difficiles à assécher, les Produits d’injection (méthylsiliconate ou polysiloxane) diffusant
difficilement dans le matériau. Il y a à cela 2 raisons:
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D’une part lors du forage, la surface interne du trou est “glacée” par le foret et s’oppose au passage du
produit. Le remède consiste à râper la surface du trou avec une brosse métallique comparable aux
goupillons utilisés pour nettoyer les canons de fusils.
D’autre part, dans le cas de plâtre complètement saturés, la porométrie du plâtre est telle que l’eau
infiltrée s’oppose à la pénétration du produit, se mettant localement en pression en réaction à la pression
de l’injection. La solution consiste donc à scier le mur (voir fiche n°3.3.2: Sciage des murs et autre
méthodes) ou à injecter sous le mur dans un matériaux plus réceptif. On peut également démolir le mur
par tranche sur une faible hauteur, avec reconstruction en matériaux hydrofugés
Malgré ces précautions l’assèchement peut ne pas être complet.
Nous étudions actuellement une méthode de séchage du mur par déshydratation accélérée (voir fiche
n°3.5.5: Assèchement accéléré par déshydratation), avant l’injection du produit. Les essais sur des blocs de
plâtres sont concluants. Aucun essai in situ n’a été réalisé. L’objectif est de rendre au plâtre son coefficient
de capillarité ou capacité de succion. Cette méthode est également applicable aux pierres calcaires
crayeuses comme le Tuffeau de Touraine saturé d’eau (par exemple) présentant la même résistance à
l’injection
INSERER PHOTO DES MURS TEST
4.4-Murs en bloc de béton creux
Les blocs sont percés en partie supérieure et le produit est injecté dans le fond de la cavité. Il diffuse en suite
par gravité dans le mur.
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5-Injection suivant la configuration
5.1-Absence de caves ou murs sur caves voûtées
Dans le cas de bâtiments qui ne sont pas fondés sur caves, l’injection isolera les murs des remontées par
capillarité, mais le sol cependant restera perméable.
Il est possible de l’étancher avec une résine acrylate appliquée sur la chape (ou même directement sur le
carrelages), la finition peut être assurée par un carrelage (système Kristo visé Veritas) ou tout autre
revêtement (voir fiche n°3.3.3: cuvelage de la face interne.)
Dans certains cas la présence de voûtes dégage un cubage important de matériaux sur l’extrados et sous le
mur humide du rez de chaussée; on est alors pratiquement ramené au cas d’un mur directement fondé sur
terre-plein.
5.2-Bâtiment fondé sur caves
L’absence de ventilation des caves du fait de l’obstruction de soupiraux (création de magasins, etc...), est
souvent cause de l’humidité des caves, avec comme conséquence:
 L’apparition de remontées capillaires.
 La corrosion des poutrelles IPN des dalles de rez.
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Ces soupiraux doivent donc être rouverts en association avec l’injection.
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5.3-Mur partiellement contre terres
Dans le cas ou le niveau des terres sur la face externe, est au dessus du niveau du plancher du local à traiter,
il est toujours possible de bloquer les pénétrations d’eau en procédant à un cuvelage lourd. Ce procédé
consiste à injecter le mur sur une profondeur de 40 cm suivant un maillage de 15 x 20, à concurrence de la
surface enterrée du mur.
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5.4-Mur complètement enterrés
Outre l’injection lourde définie ci-dessus, nous proposons un cuvelage de la face interne (voir fiche n°3.3.3)
de la partie enterrée du mur en association avec une BVI aux 2 extrémités de la partie traitée.
6-Interventions complémentaires
6.1-Décapage et piochage
Nous préconisons en parallèle avec cette injection, d’évacuer tous les matériaux cuvelants contrariant
l’évaporation, i.e.:
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Les doublages intérieurs en plaques de plâtres isolés ou non.
Les enduits au plâtre saturés ou soufflés, non adhérents. Cette opération permet de supprimer la couche
de surface très hygroscopique car particulièrement riche en sels (nitrates et sulfates). Les sels cristallisent
en
effet près de la surface du mur lors de l’évaporation de l’eau (voir fiche n°4.5: Sels, eau et matériaux).
Les enduits au mortier de ciment, hydrofuges, en pieds de murs
6.2-Assèchement forcé
Le temps d’assèchement peut prendre plus d’un an (environ 2 mois pour 10 cm, voire beaucoup plus dans
des zones confinées ou pour les murs non décapés).
L’adjonction d’un déshumidificateur (condensation de la vapeur d’eau sur une surface froide) ou d’un
déshydrateur (absorption de la vapeur d’eau par des gels de silicates recyclés à haute température), dans les
locaux concernés, le réduira (voir fiches n°3.5.4: assèchement par déshumidification et n°3.5.5: assèchement
accéléré par déshydratation.)
6.3-Fixation des sels
NB: voir fiche 3.7: traitements avant finitions