Une coopération scientifique réussie vieille de 20 ans entre Bamako

Une coopération scientifique réussie
vieille de 20 ans entre Bamako et Clermont-Ferrand
Les ressources naturelles sont depuis des siècles, une source d’inspiration et de Recherche &
Développement pour imaginer de nouvelles solutions thérapeutiques innovantes pour lutter contre des
pathologies humaines et animales. L’avènement de la chimie et les progrès de la biologie ont permis
d’identifier, de nouveaux principes actifs qui composent certains médicaments d’aujourd’hui. Dans ce
contexte, des scientifiques de l’Ecole Nationale Supérieur de Chimie de Clermont-Ferrand (ENSCCF), de la
Faculté de Pharmacie (Equipe ECREIN, UNH, UMR 1019, Université d’Auvergne) et de la Faculté de
Médecine et de Sciences de l’Université de Bamako au Mali ont uni leurs efforts et leurs savoirs depuis
plus de 20 ans pour combiner l’expertise des « tradithérapeutes » à ceux de la chimie organique et de la
biologie afin de mieux comprendre l’effet bénéfique de certaines plantes .
Cette collaboration, relayée par le service de Coopération et d’Actions Culturelles de l’Ambassade de
France, a donné lieu à la création du laboratoire spécialisé dans l’étude des plantes aromatiques et
médicinales de l’Université de Bamako dirigé par le Professeur Lassine Sidibé. Parmi les nombreux sujets
de recherche développés, l’un d’entre eux avait pour objectif de mieux appréhender une plante africaine :
Guiera Senegalensis. Le fruit de ces travaux a abouti à la soumission d’une publication scientifique dans
« Journal of Natural Product ».
Cette collaboration s’établit sur une base de synergie des savoirs pour mieux caractériser les plantes
maliennes et leurs applications en s’appuyant sur la pharmacopée traditionnelle. Initialement dédiée à la
valorisation d’huiles essentielles issues de plantes du Mali (Traoré N, Sidibé L, Puel C, Chalchat JC, CaldefieChézet F. J.Soc.Ouest-Afri.Chim, 25 :35-44, 2008), cette collaboration s’est orientée vers l’identification et
l’étude d’extraits de plantes pouvant être utilisés dans la prise en charge de la douleur. De l’enquête
ethnobotanique auprès des « tradithérapeutes » jusqu’à la détermination des molécules actives, la
complémentarité des compétences des équipes maliennes et françaises s’est avérée fructueuse.
Les équipes clermontoises ont engagé des travaux en complément de la collaboration avec le professeur
Sidibé. La recherche a consisté à identifier des propriétés thérapeutiques de molécules extraites de
plantes, indépendamment des utilisations traditionnelles. Cette activité s’appuie sur une approche
scientifique et méthodologique pour isoler les molécules et caractériser leurs activités biologiques et pour
déterminer leurs applications dans le traitement de diverses affections. Ces travaux ont permis
d’identifier un principe actif, la Guieranone B, protégée par un titre de propriété intellectuelle, qui
possède des propriétés antiprolifératives prometteuses notamment dans le traitement du cancer du sein.
La SATT Grand Centre en collaboration avec le Dr Pierre Chalard (ENSCCF) et le Pr Florence Caldefie-Chézet
(UdA), a investi dans un programme visant à conforter le positionnement de la molécule Guieranone B
comme un agent anti cancéreux. Cet investissement de la SATT Grand Centre, qui a débuté en 2015,
devrait se poursuivre dans le temps avec l’ambition de transférer cette innovation à une société
pharmaceutique et d’assurer pour l’ensemble des parties prenantes un juste retour sur investissement.
L’enseignement et la formation ne sont pas oubliés.
Les liens étroits tissés depuis de nombreuses années entre l’Ecole Nationale Supérieure de Chimie de
Clermont-Ferrand et la Faculté des Sciences et Techniques de Bamako ont permis d’accueillir à Clermont
Ferrand, des étudiants maliens dans le cadre d’échanges scientifiques et de formation.
Sept d’entre eux ont réalisé leurs travaux de recherche de thèse de doctorat en chimie des substances
naturelles au sein de l’ENSCCF.
En collaboration avec l’équipe ECREIN (UNH, UMR 1019, Université d’Auvergne), ils ont déterminé les
activités biologiques des extraits végétaux et sont actuellement enseignants –chercheurs à l’Université de
Bamako.
Le Docteur Pierre Chalard, a notamment participé au jury de thèse de Mme Nah Traore, aujourd’hui
responsable du Département d’Enseignement et de Recherche en Chimie à l’Université de Bamako. Les
deux scientifiques ont depuis, établi de nombreuses collaborations.
Sous leur impulsion, s’ouvrait dès janvier 2014 une collaboration étroite entre chercheurs maliens et
français, et avec l’UMR Inserm/UdA Neuro-Dol, pour étudier les plantes prescrites comme antalgiques
par les « tradithérapeuthes » maliens pouvant être également utiles dans le traitement d’autres
pathologies telles que le cancer.
Article réalisé en collaboration entre la SATT Grand Centre, l’Ecole Nationale Supérieure de Chimie de
Clermont-Ferrand, L’Université de Bamako et l’Université D’Auvergne.