LA GRANDE HISTOIRE DU PAPIER Les débuts Le désir de

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LA GRANDE HISTOIRE DU PAPIER Les débuts Le désir de
LA GRANDE HISTOIRE DU PAPIER
Les débuts
Le désir de communiquer a toujours été l’une des plus grandes
préoccupations de l’être humain depuis les temps anciens. Très vite, l’homme
voulut transmettre ses messages, ses idées et ses désirs à ses semblables. Il
commença à utiliser la pierre, le bois, le métal et l’argile sous forme de
plaque pour y inscrire ses messages. Il fallut attendre la grande civilisation
égyptienne (2500, av. J.-C.) pour voir apparaître une substance naturelle plus
pratique. Dans les marécages du Nil existe un roseau appelé Cyperus Papyrus
que les Égyptiens transformaient en feuille qu’ils nommaient tout simplement
papyrus. Le mot « papier » nous vient justement d’une dérivation du mot
papyrus.
Avant le papier, il y eut le parchemin, mis au point dans la ville de Pergame en
Asie mineure. Ce support d’écriture était fait de peaux de veaux et de
chèvres, lavées et polies à la pierre ponce. Les feuilles de parchemin
pouvaient être reliées entre elles sous forme de cahier, ce qui était la
première forme de livre.
Le papier est découvert en Chine en l'an 105 après J.-C. Nous sommes alors
sous le règne de l'empereur Hoti. C'est un ministre de l'agriculture, nommé
Tsaï-Lun, qui a l'idée de fabriquer une pâte à papier à l'aide de chiffons
usés, d'écorces, de pousses de bambou et de vieux filets de pêche qu'il a
préalablement réduits en bouillie.
À la conquête du monde
Le secret fut dévoilé à la suite de la bataille de Samarkand en 751 où les
Arabes firent plusieurs prisonniers chinois, papetiers de métier. À cette
époque, les Arabes avaient un très grand empire qui allait jusqu’en Andalousie
(Espagne). Le papier a beaucoup voyagé grâce à eux. On en retrouvait à
Cordoue et à Séville à la fin du 11e siècle, puis à Tolède et en Catalogne au
12e siècle. Ensuite, les Italiens installèrent leurs premières fabriques de
papier vers 1250 à Fibriano et près de Gênes.
En France, au 13e siècle, des documents d'archives sont écrits pour la
première fois sur du papier de chiffon. Ce sont les « Minutes de notaire
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marseillais » (en 1248) et le « Registre des enquêteurs d'Alphonse de
Poitiers » (en 1243)... mais ce n'est que 100 ans plus tard, soit au 14e siècle,
que les premiers moulins à papier français seront construits à Troyes en
1348 et à Essonne en 1354.
En 1440, Gutenberg, un imprimeur allemand, révolutionna l’imprimerie avec un
procédé de composition en caractères mobiles fondus, composés de plomb.
Avant cette invention, l’imprimerie se faisait avec des plaquettes de bois
sculptées. Peu à peu, cette nouvelle façon de faire se développe partout en
Europe et permet à un très large public d’avoir accès aux écrits.
En 1690, la fabrication de papier traverse l’Atlantique. William Rittenhouse
ouvre le premier moulin à papier de l’Amérique du Nord, près de Germantown
en Pennsylvanie.
En Europe, la demande de papier se fait de plus en plus grande, surtout à
cause de l’invention de Gutenberg. De nombreux documents et livres sont
produits et accessibles au public en général.
Une autre façon de faire
Depuis le tout début, on fabrique le papier une feuille à la fois à partir de
chiffons ou de plantes selon les saisons ou les disponibilités de la matière. La
recherche de nouvelles techniques de production se fait partout en Europe.
Plusieurs idées et innovations vont bientôt voir le jour.
En 1719, après l’observation d’un nid de guêpes, René Antoine Ferchault de
Réaumur, naturaliste français, déclare à l’Académie française qu’il est
possible de faire du papier à base de fibres de bois. Il faudra attendre en
1840 avant qu’un autre invente une technique de fabrication de papier à
partir de cette idée.
Toujours plus
Le 18 janvier 1799, Louis-Nicolas Robert dépose un brevet pour une machine
à fabriquer du papier. Avec son invention, il était capable de fabriquer
80 feuilles par jour, d’une longueur de près de 6 mètres, à l’aide d’un petit
nombre d’ouvriers. La première machine à papier en continu était née.
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Le principe de la machine, qui suit les procédés de la fabrication du papier à
la main, est relativement simple : on verse la pâte à papier déjà affinée dans
une grande cuve, d’où elle est déversée par une roue à écopes sur une toile
métallique sans fin en rotation, animée d’un branlement continu qui permet
l’égouttage de la pâte. La feuille en formation passe alors entre des cylindres
de presse garnis de feutre, puis s’enroule sur des bobines installées au bout
de la machine.
En 1803, Byan Donkin et les frères Fourdinier mettent en fonction la
première machine à papier anglaise à Frogmore (Kent). Quelques années plus
tard, ils améliorent le procédé mis au point par Louis-Nicolas Robert. C’est
ainsi que, le 24 juillet 1806, ils obtiennent un brevet pour une machine
capable de produire un défilement continu de papier. Les machines
d’aujourd’hui, quoique beaucoup plus performantes, fonctionnent encore sur
le principe de la fabrication en continu.
Vers 1825, l’industrialisation massive de la fabrication du papier débute en
Europe et en Amérique. À cette époque, il y a environ 185 moulins à papier
aux État-Unis. La demande en papier se fait de plus en plus grande et est
accessible à un nombre croissant de personnes. Le papier est toujours
fabriqué à partir de chiffons, qui se font de plus en plus rares. Il devient
très important de trouver un autre matériau pour la confection du papier.
De l’arbre à la feuille
En 1840, un tisserand allemand, Friedrich Gottlob Keller (1816-1895) repense
sérieusement à l’affirmation de Réaumur. Il s’est rendu compte qu’en
frottant du bois sur une meule humide, il se produit des gouttes remplies de
fibres. Il dépose alors un brevet de défibreur et décide de fabriquer du
papier. Dorénavant, la majorité du papier fabriqué dans le monde sera fait à
partir de fibres de bois. Le papier de chiffon n’est pas abandonné pour
autant, car on s’en sert toujours pour faire des billets de banque.
L’utilisation de la fibre de bois contribue grandement à la croissance de
l’industrie de papier. En 1850, il existe 300 machines à papier en Angleterre
et 250 en France. Le 14 janvier 1863, on voit aux États-Unis la distribution
du premier journal imprimé sur du papier fait à partir de fibre de bois. Ce
journal s’appelle : Boston Weekly Journal. Le papier est de plus en plus
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accessible et mois cher. Les livres et autres documents en papier deviennent
très rapidement une nécessité pour les populations. L’échange d’idées et de
connaissances atteint des niveaux jamais encore égalés dans toute l’histoire
de l’homme.
En 1856, Edward C. Haley a déposé un brevet pour un papier ondulé destiné à
être utilisé pour la confection de chapeaux. Aujourd’hui, nous utilisons ce
type de papier pour faire des boîtes de carton. Le papier hygiénique en
rouleau et son utilisation se répandent à la majorité de la population.
Le papier québécois
Le Québec est de nos jours un très gros producteur de papier à base de bois.
L’histoire du papier dans notre province est assez récente. Elle commence le
24 novembre 1896 avec la Compagnie de pulpe de Chicoutimi. C’est la
première industrie du secteur des pâtes et papiers fondée avec des gens
provenant des milieux d’affaires canadiens-français. Dès 1898, on obtient un
contrat important avec une compagnie de Liverpool en Angleterre. L’avenir
s’annonce prospère. En 1903, la demande est tellement forte qu’il faut ouvrir
un deuxième moulin. Ce dernier a une telle capacité de production qu’il est
considéré comme l’un des plus grands au monde. La compagnie emploie
maintenant 350 hommes dans ses moulins et 800 dans les chantiers.
En 1901, au Lac Saint-Jean, Damase Jalbert fonde une pulperie au village de
Ouiat-Chouan (renommé quelques années plus tard Val-Jalbert). D’abord,
l’abondance du bois en fait un endroit fantastique. Puis, la chute, d’une
hauteur de 72 m, permet de fournir l’énergie hydraulique nécessaire au bon
fonctionnement de l’usine. En plus, c’est ce même cours d’eau qui descend à la
pulperie le bois coupé plus haut. Le moulin qui fabrique de la pâte
mécaniquement est racheté par Alfred Dubuc, président de la Compagnie de
pulpe de Chicoutimi, en 1909.
Les papiers d’aujourd’hui
Le papier est un élément qu'on utilise beaucoup dès nos premiers jours à
l'école. Vous souvenez-vous ? On s'en sert au début pour dessiner. Avec
quelques couleurs, on voit apparaître une maison, des fleurs, le soleil, nos
parents, notre chien, nos amis.
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Ensuite, on apprend à écrire notre nom sur une feuille de papier lignée. On
doit effacer les lettres qui sont inversées. Et il faut reprendre plusieurs fois
avant d'obtenir de bons résultats. Mais le papier est patient ; on peut
recommencer autant qu'on le veut.
On connaît aussi le papier qui est bienveillant. Le papier qui soigne. Par
exemple, quand nous avons la grippe et que notre nez coule, les mouchoirs de
papier viennent à notre secours. Très tôt le matin, nos parents sont informés
de tout ce qui se passe dans le monde grâce au papier. Certaines nouvelles les
font grogner et d'autres les rendent joyeux. Notre petit déjeuner est alors
ponctué de rires et de silences selon leurs humeurs.
Tout au long de notre primaire, le papier joue un rôle primordial. Il nous
apporte de petites histoires quand on commence à lire. Il contient tous les
travaux que l'on amène à la maison après l'école. Il transporte même les
petits messages secrets qui circulent discrètement de main en main pendant
la correction du devoir. Il permet à nos idées de bricolage de sortir de notre
imagination, de prendre forme et d'apparaître sur notre pupitre.
Les années passent et le papier nous accompagne encore comme un ami
fidèle. Il a gagné en maturité comme vous allez le voir. Quelques signatures
officielles, le sceau d'un établissement reconnu et soudain, il prend des airs
de noblesse. C'est maintenant un beau certificat que l'on peut encadrer et
accrocher fièrement, car il atteste que nous sommes compétents. Nous voici
alors à la fin de notre scolarisation, juste avant d'entrer sur le marché du
travail.
C'est aussi sur une feuille de papier qu'on a officialisé le mariage de mes
parents. Ce jour-là, le papier était de la fête : des guirlandes de toutes les
couleurs se réjouissaient de voir des gens si heureux, des assiettes de
carton portaient fièrement des mets fins et délicats, des confettis de papier
virevoltaient dans des éclats de rire amusants et retombaient tout étourdis
au sol. De merveilleux moments que l'on voudrait garder pour toujours !
Pourquoi ne pas en conserver quelques images sur du papier glacé, car il a
bonne mémoire le papier.
Retournons un moment au début d'une vie, à la naissance d'un enfant. Quel
événement des plus heureux ! Pour officialiser ce moment, on signe un
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extrait de naissance, on prend des photos, on reçoit des cartes
d'anniversaire. Le papier nous sert de témoin, fait une pause dans le temps
et immortalise notre naissance pour la postérité. Si bien que, dans 200 ans,
notre acte de naissance sera la preuve de notre passage sur la Terre.
Maintenant, si le papier est si près de nous, c'est peut-être parce qu'il est
vivant, lui aussi ; qu'il est le fils de l'eau, du bois, de la terre, de la vie.
Pourtant, quelque chose ne va pas.
Certains signes troublants sonnent l'alarme. Son eau est malade, son bois est
détruit, sa terre est épuisée... et la vie ? Que doit-on faire pour les
protéger ? C'est maintenant à notre tour de veiller sur eux. Savais-tu que de
nos jours, le papier journal est fabriqué sur 10 m de largeur, à 60 kilomètres
à l'heure ? C'est une quantité énorme ! Surtout quand on pense qu'il faut
17 arbres pour faire 1000 kg de papier. Est-ce qu'on le gaspillerait ? Prends
le temps d'y penser.