LE PETIT LIVRE ROUGE DES ECOLIERS ET LYCEENS
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LE PETIT LIVRE ROUGE DES ECOLIERS ET LYCEENS
BO DAN ANDERSEN SOREN HANSEN JESPER JANSEN LE PETIT LIVRE ROUGE DES ECOLIERS ET LYCEENS CEDIPS, Lausanne Collection La Taupe Nouvelle édition revue et augmentée par SOREN HANSEN JESPER JANSEN Traduction et adaptation française : Lonni et Etienne BOLO copyright 1969, 1970 Hans Reitzels Forlag A/S Copenhague Nouvelle édition revue et augmentée Couverture de Ole Vedel SBN 412 3112 0 Imprimé au Danemark sous le titre DEN LILLE RODE BOG FOR SKOLEELEVER © pour l'édition française CEDIPS, Lausanne Préface de l'adaptation française Ce petit livre rouge n'a rien de chinois. Il a été écrit par trois Danois, qui sont deux professeurs et un psychologue, à l'intention des écoliers, lycéens et élèves de tous les niveaux. C'est en tant qu'ancien lycéen, que professeur et que père que j'ai été d'emblée séduit par l'extraordinaire bon sens de cet ouvrage. Un bon sens révolutionnaire assurément, mais dans le bon sens I II m'a tout de suite semblé que les écoliers, lycéens et étudiants de langue française avaient le droit, eux aussi, à leur « Petit Livre Rouge ». Le temps et certaines circonstances m'ont empêché de donner à l'adaptation française tout le fini souhaitable. Je compte sur les milliers d'élèves à qui ce livre apportera quelque chose, pour la compléter. Etienne BOLO Maître-Assistant à l'Institut National pour la formation des Adultes NB. - Tu trouveras à la fin du volume des notes utiles ou simplement quelques équivalences d'appellation dans les différents pays francophones que ce livre concerne. Nous te serons reconnaissants de bien vouloir nous indiquer d'autres tuyaux. Les chiffres renvoient aux notes à la fin volume. Tous les adultes sont des tigres de papier II y en a beaucoup parmi vous qui se disent : ça ne sert à rien, nous ne pourrons jamais faire quelque chose ; c'est toujours les adultes, les grandes personnes, qui décident pour nous et la plupart des camarades, ou bien ils ont peur ou bien ils s'en fichent. Un tigre, ça fait très peur I Mais s'il est en papier, il ne bouffera personne. Vous surestimez beaucoup le pouvoir des adultes et vous ne vous rendez pas compte de tout ce que vous pouvez faire et obtenir par vous-mêmes. Les adultes ont tout pouvoir sur vous aujourd'hui! Ce sont de vrais tigres ! Mais si vous vous y mettez résolument, à la longue, ils n'auront plus de pouvoir sur vous. Ce sont des tigres de papier ! Les jeunes et les adultes, les enfants et les grandes personnes ne sont pas naturellement et nécessairement des ennemis. D'abord, les adultes ne sont pas tout-puissants pour la bonne raison que très souvent ils n'ont même pas le pouvoir de modifier leur propre situation ou d'agir comme ils le voudraient. Ils se sentent souvent coincés et impuissants, ils sont obligés de se soumettre à des forces économiques ou politiques qui sont leurs vrais maîtres. Et ce sont les enfants et les jeunes qui paient l'addition. Il vous est pourtant parfois possible de collaborer avec les adultes, c'est lorsque ceux-ci ont vraiment pris conscience de leur impuissance et ont décidé de faire quelque chose. Plus vous saurez tout cela, plus vous discuterez entre vous de tout, et plus vous pourrez exiger et obtenir de vos maîtres. Toi, écolier, lycéen, si tu es content de ton sort, si tu penses que tout va bien et qu'il ne faut surtout rien changer, alors, ce livre, jette-le ! Non, ne le jette pas ! Donne-le plutôt à un camarade qui trouve qu'en classe tout ne va pas pour le mieux et même que, pour lui, ça va plutôt mal. Nous parlons dans ce petit livre de tous les sujets qui ont de l'importance quand on va en classe. Il y en a peut-être dont tu n'as jamais entendu parler. Nous t'expliquons que tout ne doit pas nécessairement être comme c'est aujourd'hui. Nous t'expliquons ce que toi et tes camarades vous pouvez faire si vous voulez que ça change. Nous avons écrit ce livre pour tous ceux qui vont en classe ou suivent des cours : écoliers, lycéens et toutes les catégories d'élèves. Nous sommes persuadés que même les étudiants pourront en tirer profit. Ce livre n'est pas fait pour être lu d'un bout à l'autre. A la fin du livre tu trouveras la table des matières avec l'indication de tous les sujets que nous abordons et un chiffre qui renvoie à la page. Ce livre est fait pour être consulté, un peu comme un dictionnaire, quand on a besoin de se renseigner sur quelque chose. Quand vous aurez lu notre « petit livre », vous aurez peut-être envie de nous écrire. Nous tâcherons de vous répondre. Mais nous pensons que d'autres sont au moins aussi qualifiés que nous pour vous répondre, vous aider et vous conseiller : ces autres, ce sont vos camarades. C'est pourquoi dans toute la mesure du possible, nous essaierons de vous mettre en contact avec des élèves, des écoliers, des lycéens, des étudiants, qui rencontrent les mômes problèmes que vous et qui peuvent vous aider d'une façon ou d'une autre. Et vous tous, et toi qui nous lis, peut-être y a-t-il de bonnes idées dont nous (et aussi vos camarades) pourrions profiter utilement. Il faut nous les dire. Et s'il y a des choses que tu veux critiquer dans ce livre, il faut nous les dire aussi. Ecrivez-nous, si vous en avez envie ou besoin. Notre petit livre ne sera vraiment votre petit livre que lorsque vous l'aurez écrit vous aussi. Etienne BOLO Poste Restante 75 - Paris 97 <texte : http://www.ecologielibidinale.org/fr/biblio/petit_livre_rouge_ecoliers_lyceens.pdf > agrégation bac baccalauréat BEPS CEG CEP inspecteur Inspection académique Lycée Ministère Ministère de l'Education Nationale Notes Première Proviseur Sixième Terminale NOTES doctorat bachot, maturité fédérale certificat d'études école primaire examens finaux de l'école primaire membre de la commission scolaire commission scolaire collège et/ou gymnase département Département de l'Instruction Publique En France, les échelles vont de 0 (nul) à 20 (parfait), en Suisse elles peuvent aller de 0 à 10, de 0 à 6 ou de 5 ou 6 (nul) à 1 (parfait) avant-dernière année de gymnase directeur d'école Première année de l'école secondaire dernière année avant le bachot TABLE DES MATIÈRES Tous les adultes sont des tigres de papier L'ENSEIGNEMENT Comment est-ce qu'on nous fait apprendre ? Ce qu'on apprend et comment? — Améliorez votre enseignement. Les Cours Qu'est-ce qu'un emploi du temps ? — Comment enseignent huit professeurs sur dix ? — « Motivation » : la pilule enrobée de sucre — Que font les deux professeurs sur dix qui ne font pas comme les autres ? — Si tu t'ennuies — Chahuter : qu'est-ce que c'est ? — Ce que vous pouvez faire vous-mêmes — A quoi servent les cours ? Les Devoirs Pourquoi des devoirs à faire à la maison ? — Les parents peuvent-ils t'aider à faire tes devoirs ? — Tricherie ou travail en commun — Comment se servir du travail à faire à la maison ? — Faites un programme pour votre travail — Les « corrigés » et les « livres du maître ». LES PROFESSEURS Les Professeurs Les devoirs d'un professeur — Que savent les professeurs ? — Qu'est-ce que les professeurs savent sur vous ? — Les professeurs entre eux — Que se passe-t-il pendant les réunions de professeurs ? — Les professeurs, eux aussi, sont enchaînés. Comment s'Influencer les uns les autres ? Pour influencer, les autres, ne pas oublier : — Si vous aimez votre professeur — La sincérité peut tout changer — Agir, faire quelque chose, c'est influencer — De quoi le prof at-il peur ? — II est difficile d'influencer un homme qui a peur — Les conflits et autres sujets de malentendus — Des grèves et des actions collectives — Avant une grève ou une action — Pour mener à bien l'action que vous avez décidée — Après l'action. Comment se plaindre d'un professeur ? Rassemblez des matériaux — Adressez-vous pour commencer au professeur ou au conseil d'élèves — Adressez-vous à la direction — Adressez-vous aux autorités — Comment présenter une plainte ? — N'oubliez surtout pas que — Un professeur peutil être renvoyé ? Les punitions : Celles qui sont permises et celles qui ne le sont pas Les règlements — Les punitions et les sanctions — Les retenues ou plutôt les « colles » — Le renvoi — Les punitions corporelles : un prof peut-il vous frapper ? LES ÉLÈVES Les Camarades Des faits — Sais-tu que ? — Deux systèmes de valeur — Des choses qu'il faut que tu saches — Dans l'illégalité. L'intelligence : seuls les imbéciles y croient L'intelligence : ça peut descendre, ça peut aussi monter — Pourtant il y a des différences — Qu'est-ce que c'est qu'un enfant « arriéré »? — Sélection, élimination, discrimination — Le renforcement de la sélection — Bête ou intelligent ? Les heures de liberté Ce que vous offrent les adultes — Ce que vous pouvez faire par vous-mêmes — Comment procéder ? — Pour obtenir des locaux — Vous avez des droits. La sexualité et les rapports sexuels La masturbation — Caresses et coïts — Les moyens pour ne pas faire d'enfants à tort et à travers — Pollutions et règles — Les obsédés et les sadiques — La pornographie : livres, revues, photos — L'homosexualité — Normal et anormal — Tâchez d'en savoir plus. L'avortement L'avortement légal et illégal — Les différentes sortes d'avortement — Pour avoir des renseignements. Stimulants, poisons enivrants, stupéfiants et autres drogues Accoutumance et dépendance. Le tabac L'alcool Ses effets — se saouler, qu'est-ce que c'est ? — La gueule de bois et le mal aux cheveux. Le haschisch Les différentes sortes de haschisch — Faire un « voyage », être « parti », qu'est-ce que c'est ? — Le haschisch rend-il malade ? — Le haschisch engendre-t-il accoutumance et intoxication ? — Le haschisch est-il dangereux ? — LSD et mescaline — N'oublie pas. Les stupéfiants Les excitants — La morphine — Héroïne et opium — Cocaïne — Somnifères et euphorisants — Drogues techniques — Les seringues — N'oublie pas. LE SYSTÈME Ton lieu de travail La salle de classe — Les couloirs — La cour. Les notes Les notes, c'est de l'escroquerie — Les notes, c'est un moyen de pression pour les profs — Les notes, c'est le bâton ou la carotte — Dites non aux notes. Les examens et les compositions Ça peut changer — Les examens sont publics. Qui commande et à qui ? Qu'est-ce que la participation ? Imposez votre « participation » démocratique — La solidarité — Divergences d'opinions et conflits d'intérêts. L'école et la société Notes LE PETIT LIVRE ROUGE DES ECOLIERS ET DES LYCEENS Cet ouvrage a été publié pour la première fois au Danemark, en 1969-1970, par1 deux professeurs et un psychologue. La version française2, publiée en 1971, a été interdit en France par le Ministère de l'intérieur. L'ENSEIGNEMENT Comment est ce qu'on nous fait apprendre? Tout le monde a envie d'apprendre. Il y a beaucoup de professeurs qui jugent que le plus important dans l'enseignement, c'est que ce soit eux qui apprennent aux élèves les choses qu'ils doivent apprendre. Ces professeurs pensent que ce serait une perte de temps bien inutile que de permettre aux élèves d'apprendre des choses euxmêmes et par euxmêmes, ou de les laisser discuter entre eux de leur travail. Beaucoup de professeurs estiment aussi qu'il est bon qu'une partie du travail qu'ils donnent aux élèves soit ennuyeuse. Comme ça, pensentils, les élèves apprendront très tôt qu'il existe aussi une chose qui s'appelle le travail obligatoire et que la vie est pleine d'obligations très ennuyeuses. Il y a beaucoup de professeurs qui trouvent parfaitement inutile d'expliquer aux élèves pourquoi il faut qu'ils apprennent telle chose. Ils disent seulement qu'il faut l'apprendre parce que c'est dans le livre. 1 : Bo Dan ANDERSEN, Soren HANSEN et Jesper JENSEN, 2 : traduite et adaptée par Lonni et Etienne BOLO Ces professeurs se trompent ! Peutêtre estce par ignorance ? Peutêtre estce parce qu'ils sont trop paresseux pour réfléchir aux bons moyens qui permettraient à leurs élèves de se mettre à apprendre par euxmêmes. Pour apprendre quelque chose, il faut premièrement : que tu fasses un effort, deuxièmement : que tu disposes autour de toi des moyens pour faire cet effort. Si l'école existe, c'est précisément pour donner à chaque élève tous les moyens possibles d'apprendre quelque chose. Ne l'oublie pas, tout ce que tu sais, c'est toi et toi tout seul qui l'a appris. C'est toi qui doit bûcher pour apprendre. Ton professeur ne peut le faire à ta place. Tout ce qu'il peut faire, c'est de te donner les moyens dont tu as besoin pour que tu te mettes à apprendre par toimême. Souvienstoi aussi que la seule façon d'apprendre comment les choses s'enchaînent les unes aux autres et comment distinguer le vrai du faux, c'est de pouvoir le découvrir soimême par l'expérience. Ce qu'on apprend et comment ? Quand on s'ennuie, la seule chose qu'on apprend, c'est à s'ennuyer. Et c'est comme ça, que ce soit une classe de géographie, d'histoire ou de maths. Quand on n'a qu'un droit, celui d'obéir, or apprend inévitablement à ne jamais chercher à savoir pourquoi on fait ce qu'on fait. On apprend à ne jamais se poser de questions, on apprend à ne plus penser. Quand on est forcé d'apprendre, on apprend que c'est pénible d'apprendre quelque chose et ça ne facilite pas du tout les choses que le prof explique que plus tard, dans la vie, on aura absolument besoin de savoir ça. Quand on est considéré comme un mineur et qu'on n'a pas le droit de choisir ou de décider Par soimême, onapprend à devenir et à rester un mineur et un incapable. Et c'est ce qu'on est, même si on obtient pour un devoir de composition ces 18 ou ces 20 sur 20 qui ne doivent récompenser qu'un travail parfait et témoignant d'une remarquable originalité. S'il faut toujours faire les choses de la même façon, on n'apprend qu'une seule façon de les faire. Et après, ça ne sera pas facile de se débrouiller dans toutes les situations nouvelles qu'on rencontrera inévitablement. Pour apprendre intelligemment et utilement, il faut avant tout en avoir envie trouver le sujet intéressant comprendre pourquoi on l'apprend participer pouvoir travailler le sujet soimême pouvoir travailler te sujet avec ses camarades. Si vous trouvez qu'un de vos professeurs n'est pas très doué pour l'enseignement, il faut que vous l'aidiez à améliorer ses façons de faire et à devenir un meilleur pédagogue. (Voir a ce sujet le chapitre intitulé : « Comment s'influencer les uns les autres ? ») Vous êtes les premiers à savoir si vous vous ennuyez et si vous n'avez pas le droit d'ouvrir la bouche. Si c'est le cas, ditesle au professeur. Lui, il veut bien et même il veut que vous appreniez. La plupart des professeurs veulent aussi que vous vous sentiez bien en classe, parce qu'alors, eux aussi se sentent bien. Parlez à vos professeurs, demandezleur de rendre, si possible, leur enseignement plus vivant et moins ennuyeux. Si le professeur refuse de vous écouter, allez voir le proviseur ou bien écrivez à l'inspecteur. C'est votre droit, ne l'oubliez pas, que de recevoir un enseignement intéressant et efficace. Et vous êtes les premiers à savoir si l'enseignement que vous recevez est mauvais : ou bien vous vous ennuyez jusqu'à vous endormir, ou bien vous faites du chahut. Améliorez votre enseignement Pour ce!a, il vous faudra certainement fournir un effort. Peutêtre trouvezvous facile et moins fatigant que ce soit le professeur qui fasse la plus grande partie du travail pendant les cours. Mais si vous vous contentez d'écouter passivement ce que raconte le prof, vous n'apprendrez jamais rien, et en plus vous vous ennuierez. On vous fait réciter la leçon de la dernière fois, on vous fait préparer la leçon de la prochaine fois, puis on vous donne des devoirs qui sont dans le livre... Sachez qu'il y a beaucoup d'autres façons d'apprendre une matière ou Lin sujet, et surtout des façons beaucoup plus amusantes. Et c'est précisément parce qu'elles sont nouvelles et plus amusantes qu'on apprend mieux et plus. LES COURS Qu'est ce qu'un emploi du temps ? On aime que l'ordre règne dans l'école et que les horaires de travail des élèves et des professeurs soient fixes et bien organisés. On veut aussi que les élèves et les professeurs aient leur récréation en même temps. Comme ça, c'est beaucoup plus facile de faire régner l'ordre parmi les élèves dans la cour de récréation. Pour être sûr que vous en sachiez assez dans chaque matière, on fixe le nombre d'heures que vous devez passer à étudier, par exemple, la géographie. C'est le ministère * qui fixe ce nombre d'heures par matières pour toute une année scolaire, et c'est la direction de l'école qui est chargée de répartir également ces heures par semaine. C'est un vrai cassetête pour la direction de l'école, que de tenir compte des directives du ministère. Pour se donner une bonne conscience, elle fait « un emploi du temps. » L'emploi du temps qui existe dans votre école a été inventé au Moyen Age. On pourrait assurément trouver beaucoup d'autres façons d'organiser le temps que vous passez en classe. Au lieu de faire un emploi du temps pour une semaine, on pourrait, par exemple, en faire un pour une quinzaine. On pourrait aussi ne pas découper cet emploi du temps en «heures de cours » et réserver toute une journée pour travailler tel sujet ou telle matière. On peut aussi à certains moments se passer complètement du système des classes. Au lieu de s'entasser dans une classe à 50 ou 100 à la fois, on peut travailler au sein de petits groupes où l'on a bien mieux la possibilité de discuter des sujets entre camarades. On peut aussi faire des emplois du temps où les élèves ne sont pas regroupés d'après leur âge, mais d'après le niveau qu'ils ont atteint dans la matière en question. Il y a une multitude de façons possibles d'employer le temps pendant une année scolaire, mais bien sûr, le vieux système d'emploi du temps hérité du Moyen Age parce que tout le monde le connaît, c'est le plus facile à suivre pour l'administration. Il y a des élèves qui n'ont besoin que de la moitié du temps réservé sur l'emploi du temps pour le français pour apprendre à lire et à écrire correctement. D'autres élèves peuvent avoir besoin du double de ce temps. Il y a des professeurs qui auraient besoin de deux fois le nombre d'heures prévu par l'emploi du temps pour vous faire apprendre le programme ; d'autres, la moitié du temps leur suffirait. Ne croyez surtout pas que vous saurez une matière pour la seule et unique raison que vous aurez passé à l'apprendre le nombre d'heures prévu sur l'emploi du temps par le ministère. Peutêtre aussi que tu es très faible en français, par exemple, et que tu aurais besoin de beaucoup d’heures d’étude alors que pour tes camarades, huit heures suffisent largement. Mais l'emploi du temps, c'est sacré et vous aurez tous le même nombre d'heures. Comment enseignent huit professeurs sur dix ? Huit professeurs sur dix ne font pendant toutes leurs heures de cours que de « l'enseignement de classe », c'estàdire que c'est eux qui décident ce que toute la classe doit faire : de quoi il faut parier, ce qu'il faut lire, ce qu'il faut écrire. De temps en temps, le professeur pose des questions à toute la classe ou bien à un élève en particulier. Mais ce n'est jamais pour avoir votre avis sur ce que vous faites en classe qu'il vous interroge, c'est la plupart du temps, pour vérifier que vous suivez bien et que vous avez compris ce qu'il pense, lui. Souvent aussi il pose des questions, simplement pour que vous n'oubliez pas qu'il est là. On sait depuis longtemps déjà que cinquante minutes «d'enseignement de classe», c'est beaucoup trop long pour les élèves. Ça n'a servi à rien ! On fait toujours des cours de cinquante minutes, et on fait toujours de « l'enseignement de classe ». Il y a des professeurs qui croient faire un enseignement individuel et s'intéresser à chaque élève en particulier pour la seule raison qu'ils interrogent les élèves un par un. Mais si toute la classe doit écouter, ce n'est pas de l'enseignement individuel, ça reste de l'enseignement de classe. Si le professeur vous distribue un livre à la fin du cours, vous en fait lire un passage qu'il vous demande ensuite de discuter, c'est de l'enseignement de classe. Si le professeur divise son cours en trois parties, la première pendant laquelle vous devez écrire, la deuxième pendant laquelle vous devez lire, la troisième pendant laquelle vous devez discuter, c'est aussi de l'enseignement de classe. Si le professeur se contente de vous faire réciter la leçon précédente et vous faire travailler la prochaine, c'est évidemment et toujours de l'enseignement de classe. Oui ! Tout ça c'est de l'enseignement de classe, parce que c'est le professeur et lui seul qui décide et ce que vous devez faire en classe et la façon dont vous devez le faire. « Motivation » : la pilule enrobée de sucre Pour que vous ne vous endormiez pas complètement pendant la classe, il y a des professeurs qui essaient de réveiller votre intérêt avec des films, des enregistrements au magnétophone ou des photographies. C'est assurément une très bonne intention que de vouloir rendre le travail plus intéressant, et c'est une bonne idée d'employer autre chose que les sempiternels livres et cahiers. Mais si les profs font ça, c'est bien souvent parce qu'il leur faut amener leurs élèves à porter intérêt à un sujet ou une matière qui ne les intéressent absolument pas et dont ils n'auront jamais besoin une fois sortis de l'école. Les psychologues appellent ça «trouver une motivation pour les élèves», ce qui en bon français signifie : enrober de sucre une pilule amère pour mieux la faire avaler. Quand une matière est tellement ennuyeuse qu'il est impossible d'obtenir des élèves qu'ils s'y intéressent, on cherche des trucs pour la présenter quand môme de façon attrayante. On trompe les élèves et on leur fait perdre leur temps. Essayez d'utiliser des occasions de ce genre pour aborder des sujets qui n'ont strictement rien à voir avec la matière étudiée, mais qui vous intéressent et qui par conséquent vous sont utiles. Que font les deux professeurs sur dix qui ne font pas comme les autres ? Ils vous laissent probablement choisir vousmême comment vous allez travailler : tout seul, à deux, ou bien en groupe. Ils vous laissent peutêtre aussi choisir vousmômes le sujet qui vous intéresse le plus dans la matière qu'ils enseignent. Si vous avez un devoir à faire, ils vous donnent quelques conseils, puis ils vous laissent travailler tout seul. Peutêtre fautil que vous alliez chercher hors de la classe les renseignements et la documentation qu'il vous faut, peutêtre,aussi devezvous plonger brusquement au milieu d'un océan de matériaux et de documentation et ne compter que sur vous pour apprendre à y nager. C'est quelquefois très difficile, mais on est sûr d'apprendre quelque chose. Nous savons bien qu'il y a des matières où on vous laisse choisir vousmêmes ce que vous voulez faire et votre façon de travailler. Ce sont souvent les matières que les parents et les autres professeurs jugent inutiles et absurdes, comme par exemple le modelage, ou le travail manuel. Si votre professeur vous laisse la chance d'entreprendre librement un travail et de le faire à votre façon, vous devez sauter sur l'occasion et aider votre professeur. N'oubliez pas qu'il est peutêtre, lui aussi, incertain et hésitant, et qu'il peut fort bien n'avoir jamais entendu parier des nouvelles façons de faire la classe. Mais ce qui compte alors, c'est que le prof soit vraiment prêt à essayer quelque chose de nouveau. Mais ce prof aura presque toujours un peu peur que vous fassiez des choses que ses collègues pourraient critiquer. Ceuxci chercheront probablement à se moquer de lui, s'il essaie de faire quelque chose de nouveau avec vous. Et ils auront pour, peur que les élèves se mettent à préférer ce prof et ses méthodes nouvelles, peur que les élèves se mettent à attaquer leurs méthodes à eux, qui sont aussi démodées qu'un grandpère hors d'usage. Le professeur qui est décidé, à quitter les ornières de l'enseignement traditionnel pour faire du neuf risque aussi d'avoir des ennuis avec les parents. Il y a beaucoup de parents qui croient dur comme fer que le seul enseignement valable et efficace est celui qu'ils ont subi euxmêmes. Ils craignent que leurs enfants n'apprennent pas assez et pas assez bien, si on ne leur enfonce pas de force tout le savoir dans la tête comme on le leur a enfoncé, il y a longtemps, quand ils étaient à votre place sur les bancs de l'école. Si vous avez la veine de tomber sur un professeur qui veut faire du neuf, soyez assez astucieux pour penser aux difficultés et aux ennuis qu'il va rencontrer. Il a absolument besoin que vous le souteniez. Quant à vous, vous éprouverez beaucoup de satisfaction à travailler vousmêmes pour changer tout ce qui est faux et qu'il faut changer. Un professeur de ce genre sera presque toujours prêt à discuter avec vous, il pourra vous donner des conseils utiles et de bonnes idées et il pourra aussi vous aider pratiquement dans la réalisation de vos projets, Si tu t'ennuies... Si tu t'ennuies pendant la classe et si tu n'arrives pas à convaincre ton professeur de changer de méthode, il te reste toujours la possibilité de «fuir», d'être ailleurs, comme disent les professeurs. Il existe de multiples façons de fuir et tu les connais bien : on s'envoie des petits messages d'une table à l'autre, on fait des dessins sur la couverture de son livre, on tripote sa règle et sa gomme, on fait sous la table des avions en papier, on pense à ce qu'on va faire en sortant de classe, on lit discrètement des bandes dessinées, des romans policiers ou des magazines un peu cochons. C'est tout à fait normal de vouloir s'évader quand le prof est endormant. Voici quelques autres moyens de le faire réfléchir à l'emploi que tu vas faire de ton argent de poche ; faire des projets pour occuper tes heures de liberté ; écrire à un camarade qui s'ennuie lui aussi pour lui dire ce que tu penses d'un film, d'une émission de télévision ou d'une autre chose qui vous intéresse tous les deux ; faire circuler dans la classe des messages en demandant à tous de dire ce qu'ils pensent ; écrire à un journal ou faire un article pour expliquer comment on te fait la classe et à quel point c'est ennuyeux ; lire Le Petit Livre Rouge des Écoliers et Lycéens ; mettre un livre qui t'intéresse dans la couverture ou la reliure d'un livre de classe pour pouvoir lire tranquillement ; dessiner dans un cahier qui ressemble à un cahier de classe le professeur croira que tu prends des notes sur la couverture de ton livre ; écrire une poésie sur un sujet nul te tient à coeur ; – écrire cette lettre que tu as envie d'écrire depuis longtemps. Ecrisnous par exemple pour nous raconter, avec beaucoup de petits détails, comment le prof fait son cours en ce moment. Ou bien parlenous de tes activités clandestines et illégales (voir les pages consacrées aux activités clandestines et Illégales). – Chahuter: qu'est ce que c'est? Chahuter, c'est aussi une façon de, fuir ou de s'évader. Quand on chahute, c'est parce qu'on s'ennuie. Chahuter, c'est une façon de fuir un professeur ennuyeux mais pas assez vache pour qu'on ait peur de lui. On chahute souvent aussi tout simplement parce qu'on s'est emm... pendant le cours précédent, ou bien encore parce que le règlement de l'école est si strict et si minutieux qu'il est Impossible de le respecter. C'est là une réaction très naturelle. Il y a des élèves qui chahutent systématiquement dès qu'il y a un remplaçant ou un nouveau prof. Mais il faut que vous compreniez que ces remplaçants ou ces nouveaux profs, s'ils sont ennuyeux ou sévères au début, c'est uniquement parce que vous leur faites peur. Vous avez tout intérêt à leur donner leur chance. Il y a beaucoup de professeurs qui ne demandent qu'à rendre leur enseignement aussi intéressant que possible, mais qui n'ont môme pas le temps ou l'occasion d'essayer parce qu'il y a trop de chahut. Réfléchissez bien : vous ne devriez pas chahuter un prof avant de vous être assurés qu'il est irrémédiablement ennuyeux et qu'il n'y a pas la moindre chance de le faire changer. Ce que vous pouvez faire vous même Suivant les directives ministérielles, les professeurs doivent faire participer activement leurs élèves à l'enseignement. Vous devez donc être actifs, c'estàdire agir et parler pendant la classe. Si vous ne faites qu'écouter le professeur et si vous vous ennuyez, vous n'êtes pas actifs et vous ne respectez donc pas les directives ministérielles. Essayez d'expliquer tout cela à votre professeur. De toute façon, c'est toujours une très bonne chose que de demander au professeur de vous expliquer pourquoi il fait ce qu'il fait et comme il le fait. Vous pouvez le faire oralement ou par écrit. A quoi servent les cours? Si vous posez des questions à votre professeur, peutêtre que la première fois ça l'agacera et qu'il vous répondra sèchement en deux ou trois mots ; peutêtre même qu'il se mettra en colère. Ne vous découragez pas: à la première occasion, reposez votre question. Mais il serait sage et astucieux, avant de poser votre question, de savoir très exactement Comment le professeur a employé le temps pendant les dix derniers cours. Essayez par exemple d'observer comment se passent les cours de math : estce que vous commencez toujours par un peu de calcul mental, et puis après le prof corrige les problèmes et vérifie que tout le monde a fait ses devoirs, et pendant les vingt dernières minutes il vous fait préparer la moitié de la prochaine leçon. Si les dix derniers cours se sont tous passés exactement de la même façon, alors vous pouvez à juste titre demander à votre professeur pourquoi ses cours sont toujours pareils. Peutêtre avezvous un professeur qui ne respectait pas du tout les prescriptions de l'emploi du temps et qui vous parle de sujets qui n'ont rien à voir avec son heure de français ou d'histoire. Un prof comme ça, c'est généralement très facile de le faire parler : il suffit de lui poser une question. Profitezen pour entamer une discussion sur un problème de l'école ou sur un problème d'enseigne ment qui vous intéresse tout particulièrement. Il y a beaucoup de tâches que les professeurs doivent accomplir pendant une journée en plus de leur tâche d'enseignement. Mais ils ne sont payés que pour une partie seulement de ces tâches ; les autres, c'est gratuitement qu'ils les font. Ce sont en général les profs qui s'intéressent le plus à leur métier qui font cette partie du travail qui n'est pas payée, et parce que leurs collègues refusent de la faire. Si votre professeur profite de ses heures de classe pour faire des travaux qui lui sont payés en plus ou qui n'ont rien à voir avec l'école, alors vous pouvez protester. Si votre professeur vient en classe, c'est pour être avec vous, et non pour corriger des papiers, transcrire vos notes sur son Carnet ou lire son journal. Mais s'il vous donne un coup de main pour le journal de l'école ou pour la préparation du conseil d'élèves, alors c'est autre chose. Il y a peutêtre des problèmes que vous pourriez discuter avec lui ou que vous pourriez, vous, l'aider à résoudre. LES DEVOIRS Pourquoi des devoirs à faire à la maison ? On veut organiser pour toi le temps que tu passes à l'école, mais on juge bon aussi de ne pas te laisser gaspiller au gré de tes caprices tes heures de liberté. L'école s'estime incapable de t'apprendre assez de choses pendant les seules heures de classe. L'école veut te donner de « bonnes habitudes de travail ». Pour ça, elle veut t'inculquer le sens de ce qu'elle appelle le « devoir », c'estàdire de quelque chose qui est la plupart du temps extrêmement ennuyeux. Pour se débarrasser de ses responsabilités et te donner le sentiment que c'est toi qui es coupable si tu n'apprends pas assez à l'école, les professeurs te donnent des devoirs à faire à la maison. Il n'existe aucune règle pour fixer la quantité de devoirs qu'on peut te donner. Il arrive pourtant parfois qu'on demande par exemple à tes professeurs de ne pas donner de devoirs écrits à faire le lendemain de la rentrée ou pendant les jours de congé. Les devoirs sont en général si ennuyeux que le professeur n'aurait pas le courage de vous les faire faire en classe. C'est beaucoup moins fatigant pour lui si vous les faites tout seul, une fois rentrés chez vous. Mais réfléchisbien : à la maison, tu es sous l'autorité de tes parents. Un professeur ne devrait donc pas pouvoir te punir pour le travail que tu n'as pas fait ou que tu as mal fait chez toi, sans avoir préalablement consulté tes parents, et tes parents, très souvent il est assez difficile de les joindre chez eux, pendant la journée. On te donne souvent des devoirs sur des sujets que tu sais déjà très bien. C'est tout simplement parce qu'on s'imagine que si tu refais dix fois la même chose, tu la sauras mieux. Mais si tu t'ennuies en faisant tes devoirs, tu n'apprendras rien, sauf peutêtre à te dégoûter de ce que tu savais déjà. Les devoirs qui vous ennuient, le temps que vous passez à les faire, c'est presque toujours du temps perdu. Ce n'est pas parce que tu diras à ton professeur que les devoirs qu'il te donne sont bêtes et ennuyeux qu'il cessera d'en donner. Mais il faut quand môme le lui dire. De toute façon, nous te conseillons fortement de protester si en 6e, 5e, et 4e tu as des devoirs à faire à la maison qui te prennent plus d'une demiheure par jour, et si en 3e, 2e, 1re et terminale, il faut plus d'une heure pour les faire. La plupart des professeurs, et un plus grand nombre de parents encore, n'imaginent pas qu'on puisse véritablement apprendre quelque chose si l'on n'a pas de devoirs à faire à la maison. Expliqueleur que dans certains pays, comme la Suède, les devoirs à faire à la maison ont été complètement supprimés. Les parents peuvent ils t'aider à faire tes devoirs ? Première chose: si on te donne des devoirs, ce n'est pas pour que tes parents t'aident à les faire. Dans la plupart des cas, tes parents sont incapables de t'aider. Peutêtre qu'ils ont totalement oublié ce que tu es en train d'apprendre en classe. Peutêtre aussi que la façon dont votre professeur vous demande de faire vos devoirs n'a plus rien de commun avec la façon dont ils les faisaient eux jadis. Dans ce caslà, vous ne tarderez pas, vos parents et vous, à vous disputer. S'il y a quelque chose que tu ne sais pas faire, ne le fais pas. Et le lendemain, n'hésite pas à dire à ton professeur pourquoi tu n'as pas pu faire le devoir. Tricherie ou travail en commun Si tu veux faire des devoirs plus intéressants, réunis quelques camarades et faitesles ensemble. Vous pourrez discuter entre vous des choses dont vous ne pouvez pas discuter en classe. Les professeurs disent que faire un devoir à plusieurs, c'est tricher ou copier. Demandez leur comment et pourquoi travailler en commun, c'est nécessairement tricher. Comment se servir du travail à faire à la maison ? Tâche de trouver un autre livre que le manuel dont vous vous servez en classe, en histoire par exemple, et lis ce que dit ce livre sur la période que tu as à étudier. Pose ensuite les questions que t'inspire ce nouveau livre. Poser des questions qui ne sont pas dans le manuel, ça peut permettre de lancer des discussions très intéressantes. Ça peut être aussi extrêmement profitable de faire cela, parce que les professeurs utilisent rarement plus d'un livre pour préparer leurs cours. Lis aussi dans ton manuel le chapitre suivant et pose en classe des questions sur la nouvelle leçon. Par ailleurs, il faut poser des questions sur le travail à la maison : pourquoi estce qu'on ne peut pas travailler à deux la leçon du lendemain? Estce que je peux faire une carte au lieu d'apprendre par coeur le résumé de géographie ? Estce que je pourrais faire un poème à la place de la rédaction? Estce qu'on ne pourrait avoir des exposés qui seraient faits par les élèves ? Faites un programme pour votre travail Beaucoup de professeurs ne préparent et ne voient pas plus loin que le cours suivant * La conséquence, c'est qu'il est bien rare que leur enseignement suive une même grande route et qu'ils se contentent de respecter aveuglément la progression du manuel. Ne faites pas la même bêtise que ces professeurs, quand vous envisagez votre année scolaire et ce que vous allez apprendre. Si vous voulez établir un vrai programme de travail, consultez d'autres livres et laissezvous aussi inspirer par le monde qui vous entoure. Votre scolarité sera plus efficace : vous apprendrez davantage et plus vite. Vous devez exiger de votre professeur qu'il fasse un vrai programme de travail, un programme de longue durée, qu'il vous explique les principaux sujets que vous étudierez pendant le trimestre ou pendant l'année, et qu'il vous recommande, en plus du manuel, les livres à lire si vous voulez en savoir plus sur tel ou tel sujet. Le «corrigés» et les «livres du maître» N'oubliez pas que pour presque toutes les matières qu'on vous enseigne, il existe des « corrigés » ou des « livres du maître » que vous pouvez acheter dans les librairies. Il existe des corrigés où vous trouvez toutes les dictées orthographiées sans faute ; il y en a d'autres où toutes vos versions anglaises sont traduites et il en existe aussi pour tous les problèmes de mathématiques. Ces corrigés sont parfois assez chers et il vous faudra vous mettre à plusieurs pour les acheter. Si vous ne possédez qu'un corrigé, vous pouvez organiser des « surprisepartycorrigés », c'est àdire des réunions où tout le monde commence par recopier et faire les devoirs du corrigé avant de se mettre à s'amuser. Soyez prévoyants et voyez plus loin que le prochain cours. Une surpriseparty de ce genre devrait suffire pour presque tous les devoirs à faire à la maison pendant au moins une semaine. Bien sûr, il n'y a que toi qui peux savoir si tu n'as pas un peu abusé des corrigés et s'il ne serait pas préférable que de temps en temps tu cesses de les consulter et que tu fasses tes devoirs tout seul. Pourtant, bien souvent, les camarades savent beaucoup mieux expliquer un problème de math que le professeur. Souvent aussi, quand on est entre camarades, on se comprend bien mieux et on comprend bien mieux les problèmes, mais pour cela il faut que le camarade qui en sait le plus soit vraiment capable d'aider les autres. Enfin, si un jour tu es vraiment trop occupé pour avoir le temps de faire tes devoirs, téléphone à un ami : les devoirs se font quelquefois aussi bien par téléphone. Dans les livres du maître, il n'y a pas seulement les corrigés des devoirs et des problèmes, on y trouve aussi tout ce que le professeur doit faire pendant sa classe et pourquoi. Beaucoup de professeurs ont acheté des livres du maître et suivent scrupuleusement leurs indications. Achetezles vous aussi et suivez votre professeur. LES PROFESSEURS Les professeurs Un professeur a pour mission de vous apprendre certaines choses que vous aurez absolument besoin de savoir, penseton, pour vivre dans la société. Beaucoup de professeurs n'ont aucune connaissance concrète des réalités qu'ils vous enseignent. Tout ce qu'ils en savent, c'est ce qu'ils ont appris dans des livres, et c'est ce savoir livresque qu'ils essaient de vous transmettre. Beaucoup de professeurs n'ont fait autre chose pendant toute leur vie que de fréquenter des écoles, d'abord comme élèves, puis comme étudiants, ensuite comme professeurs, ce qui fait qu'ils ignorent tout du monde qui entoure l'école ou l'université. La plupart des professeurs aussi ont été élevés et formés à une époque où le monde était très différent de ce qu'il est aujourd'hui, et il ne leur a pas été possible de suivre et de comprendre tout ce qui s'est passé et tout ce qui a changé dans le vaste monde qui entoure l'école. Ce n'est pas uniquement de la faute du professeur si c'est comme ça! Tous les jours, une année après l'autre, ils ont un certain travail à faire à l'école. Ce qu'il faudrait c'est s'arranger pour qu'un professeur ait de temps en temps une année de congé pendant laquelle il pourrait s'occuper de ce qui se passe à l'extérieur du petit monde de l'école. Au lieu de ça, s'il obtient un an de congé, c'est sur les bancs d'une classe, à lire encore d'autres livres et à écouter des conférences plus ou moins théoriques qu'il va le passer. Votre professeur sait des montagnes de choses dont vous n'aurez jamais le moindre besoin, et il ignore tout d'un grand nombre de choses dont vous avez besoin et que vous devriez apprendre. Les devoirs d'un professeur Un professeur a pour premier devoir de faire chaque semaine un certain nombre d'heures de cours, qui varie on se demande bien pourquoi en fonction de ses diplômes, et nullement en fonction de la nature de son enseignement. Il est également payé pour établir son programme d'enseignement et faire divers travaux plus ou moins administratifs. Un professeur gagne peu d'argent par heure de cours. Tous les professeurs ne gagnent pas la même chose: ce n'est pas la qualité ou l'importance de leur travail qui compte, mais le niveau de leurs diplômes. Le pire des professeurs, s'il est agrégé, gagnera toujours beaucoup plus qu'un excellent professeur licencié. Un professeur a beaucoup de choses à faire en plus de son travail d'enseignement proprement dit. Mais pour la plupart de ces autres choses, il n'est pas payé, il les fait et doit les faire gratuitement, alors que dans les autres métiers, on est toujours payé pour les heures supplémentaires de travail. Beaucoup de professeurs passent plusieurs heures par jour à préparer leurs cours. D'autres ne préparent rien : ce sont souvent les vieux profs qui depuis des dizaines d'années enseignent la même matière en se servant du même manuel. Il y a des professeurs qui vont suivre des cours pour ne pas être en retard sur la réalité, et cela sans être payés, simplement parce qu'ils s'intéressent à leur métier. Mais parmi ces profs, il y en a bien peu qui arrivent à gagner davantage alors qu'ils se sont pourtant mieux formés pour l'enseignement que leurs collègues. En plus des travaux supplémentaires qui sont liés à l'enseignement, il y a beaucoup d'autres devoirs qu'un professeur doit faire avec le sourire et pour rien : vendre des timbres antituberculeux ou pron'importe quoi, collecter de l'argent pour les sortiesthéâtre, cinéma, ou musée, organiser des camps de vacances ou des voyages à l'étranger, recevoir les parents d'élèves, organiser pour eux des réunions, organiser aussi les fêtes trimestrielles ou annuelles de l'école, etc... Les professeurs sont de plus en plus nombreux à protester contre ces travaux supplémentaires et il n'est pas impossible qu'un jour certains refusent carrément de les faire. Il ne faudra pas leur en vouloir, mais plutôt, dans la mesure de vos moyens, les aider à obtenir satisfaction, c'estàdire à se faire payer en plus pour tout travail supplémentaire. Vous avez tout intérêt, d'ailleurs, à ce que vos professeurs ne travaillent pas 24 heures sur 24 : un professeur qui travaille trop est très vite un professeur fatigué, et un professeur fatigué n'a guère de chance de faire du bon travail. Que savent les professeurs ? Ce qu'il savent sur les enfants, la société et le monde, ce n'est pas par expérience directe que beaucoup de professeurs l'ont appris, c'est parce que sur les bancs de l'école puis de l'université on leur a enseigné que les enfants, la société et le monde étaient comme ça. La plupart n'ont jamais travaillé avant d'avoir terminé leurs études supérieures, sauf peutêtre à certains moments mais jamais très longtemps. L'histoire d'un professeur, c'est une série d'écoles et de diplômes, lis vont en classe, passent leur CEP*, puis trois ans après leur BEPS, puis trois ou quatre après leur Bac. Ensuite ils vont dans une Faculté ou une École normale pour préparer une licence d'enseignement et après, quelquefois, une agrégation. Pour passer une licence, il faut trois ou quatre ans d'études après le Bac, pour une agrégation, il faut au moins six ans et souvent sept ou huit. Les professeurs sont licenciés ou agrégés dans une matière, histoire, géographie, anglais, maths, et c'est dans cette matière qu'ils ont le plus de connaissances. Il n'est pas rare qu'on demande à des professeurs licenciés d'enseigner dans une autre matière que celle où ils sont licenciés et qui ne les intéresse pas beaucoup ou môme qui les ennuie : par exemple, on demandera à un licencié de philo d'enseigner le français ou le latin et à un licencié de lettres d'enseigner l'histoire ou l'économie. Souvent les professeurs, surtout quand ils sont jeunes, n'ont pas le choix : s'ils n'acceptent pas d'enseigner dans une matière, même s'ils ne l'aiment pas du tout, ils n'ont pas de poste. L'enseignement que les professeurs reçoivent à la Faculté ou à l'Ecole normale n'a jusqu'à présent qu'un seul but : en faire des spécialistes dans une matière ou une branche déterminée du savoir. lis ont appris beaucoup de mathématiques, par exemple, ils savent les capitales de presque tous les pays du monde et les dates des batailles et les noms des rois et des présidents, mais ils savent en général très peu et très mal comment transmettre ce qu'ils savent à des élèves. On leur a aussi expliqué mais de façon purement théorique ce que c'était que les élèves et les adolescents, mais ce n'est que le jour de leur première rentrée scolaire, lorsqu'ils se trouvent pour la première fois devant une classe, qu'ils doivent, confronter leur savoir théorique sur les enfants et l'expérience concrète des enfants. C'est pourquoi vous pouvez être sûrs que les nouveaux profs, ceux qui sortent directement de l'Ecole normale ou de la Faculté, même s'ils sont très forts dans leur spécialité, ne savent pas grandchose sur l'art d'enseigner et la façon d'organiser leur enseignement. Il y a toujours pas mal de profs à trouver que quand ça ne va pas comme il faudrait, c'est d'autres qui sont les vrais responsables. Ils sortent des grandes théories sur les enfants et la jeunesse en général qui depuis quelques années, disentils, sont particulièrement difficiles. Ou bien alors, si ça ne va pas, c'est parce que les conditions de travail qu'on leur impose sont impossibles. Ce peut être aussi la faute du directeur, du proviseur ou du censeur, ou encore celle des parents. Si les professeurs cherchent des « vrais » responsables, c'est parce qu'ils se sentent mal à l'aise dans leur peau de professeur. Pour leur donner Vidée qu'ils pourraient peutêtre faire quelque chose pour changer la situation, il suffit de leur dire que vous êtes d'accord pour les aider à l'améliorer ou à la changer. Qu'est ce que les professeurs savent sur vous ? Tu passes un nombre considérable d'heures pendant l'année avec tes professeurs, mais il n'est pas du tout sûr pour autant qu'ils sachent beaucoup de choses sur toi. Tes parents en savent bien davantage et ce sont tes camarades qui en savent le plus. Il faut cependant que tu saches que l'école, détient un certain nombre de renseignements sur toi : des résultats d'examens médicaux et psychologiques, des résultats d'examens scolaires, les jugements et les avis de tes anciens professeurs. Tout cela, qui constitue ton dossier, n'est jamais considéré comme confidentiel et tout le monde ou presque peut en prendre connaissance, les professeurs et aussi la police et tous ceux qui s'occupent de près ou de loin de la jeunesse. Le professeur ne sait que très rarement où tu habites et à quoi ressemble ton logement ce que font tes parents et ce qu'ils gagnent combien tu as de frères et de soeurs et à quelle école ils vont si tes parents s'entendent bien ou mal entre eux ce que tes parents pensent du professeur et de l'école ce que tu fais quand tu n'es pas à l'école si tu aimes ton professeur et si tu aimes la classe si tu as beaucoup de choses à faire en dehors de l'école si tu t'amuses à voler dans les supermarchés si tu fumes et si tu le fais à l'intérieur de l'école si à la maison tu copies tes devoirs au lieu de les faire tout seul Si professeurs et élèves ont de la difficulté à collaborer, c'est bien souvent parce qu'ils n'en savent pas assez les uns sur les autres. Si tu penses que ton professeur serait moins injuste envers toi s'il te connaissait mieux, n'hésite pas à aller le trouver pour lui expliquer ce que tu es et ce que tu désires. Les professeurs entre eux Beaucoup de professeurs ont peur de leurs collègues. En principe, tout professeur est libre d'adopter la méthode d'enseignement qu’il estime la meilleure ; en fait la plupart des professeurs font exactement comme les autres. Les professeurs et les matières ont beau changer, les cours eux, se ressemblent toujours. Pour changer ça, il faut que, vous proposiez vousmêmes à votre professeur de nouvelles façons de faire son enseignement. N'oubliez pas que votre professeur n'a souvent qu'une imagination très limitée : quand on a peur, on a toujours tendance à se raccrocher aux traditions et à faire comme les autres. C'est pourquoi il faut que vous lanciez des idées nouvelles et que vous soyez toujours solidaires de votre professeur quand il vous propose quelque chose de nouveau. Les adultes se comportent très souvent entre eux comme vous le faites vousmômes entre élèves, ce qui ne veut nullement dire qu'ils se comportent en enfants. Il y en a qui se détestent, d'autres qui s'entendent bien. Ils forment des groupes ou des bandes qui se font la petite guerre. Mais les professeurs ne veulent pas que les élèves le sachent. Devant les élèves, ils veulent toujours se présenter comme unis et solidaires. Cette solidarité leur donne plus d'autorité et de respectabilité à l'égard des élèves. Mais ils prétendent que s'ils font ainsi, c'est avant tout pour des raisons morales et pédagogiques, et parce qu'autrement les élèves finiraient par douter de ce qui est vrai et de ce qui est faux. La vraie raison, vous l'avez certainement deviné, ce n'est pas ça! C'est que, seuls, ils craignent de n'avoir ni assez de compétences ni assez d'autorité pour défendre une idée nouvelle, ce qui, dans bien des cas, a de grandes chances d'être vrai. Il est très rare qu'un professeur ait une opinion personnelle sur l'organisation et le fonctionnement de l'école. Et s'il en avait une, il n'oserait pas la communiquer à ses élèves, par peur de ses collègues. Les professeurs préfèrent vous cacher toutes ces choses. Mais il est très utile que vous en sachiez un peu sur les professeurs. Vous pouvez influencer ceux sur lesquels vous savez quelque chose. Que se passera pendant les réunions de professeurs ? Pendant les réunions de professeurs, les professeurs discutent de divers problèmes qui concernent l'école, euxmêmes et les élèves. Ces réunions sont souvent interminables et ennuyeuses, d'autant plus que la plupart des sujets discutés sont sans intérêt pour les professeurs pris individuellement. Il faut souvent s'occuper des demandes faites par le ministère ou d'autres autorités ou encore par d'autres écoles. Depuis quelques années, le ministère prétend qu'il veut réformer l'enseignement ; alors, tous les ans, il y a tout un tas de lois, de décrets et de changements de programme qu'il faut bien que tout le monde discute. Ça ne change rien à rien, mais Il faut quand même en discuter. Les professeurs discutent aussi des demandes et revendications présentées par les élèves. Ils passent en gros énormément de temps à discuter de leurs élèves, et surtout à l'occasion des passages en sixième ou en seconde, des examens trimestriels et des examens de fin d'année, parce qu'ils doivent, en plus des notes, donner une appréciation sur vous. En période d'examen, les salles de professeurs sont parfois aussi tumultueuses qu'une cour de récréation. Les professeurs discutent entre eux des résultats obtenus par leurs classes. Vous n'avez pas le droit d'assister aux réunions de professeurs. Mais pouvez facilement avoir une petite idée de ce qu'il s'y passe. Tâchez de remarquer si à la suite d'une réunion les professeurs changent leurs manières de faire ou de se comporter, ou si l'on vous propose en classe de nouveaux sujets de discussion. Si c'est le cas, vous pouvez être sûrs que c'est parce que les professeurs en ont parlé au cours d'une réunion. Souvent, c'est la conduite des élèves dans les couloirs ou dans la cour qui les préoccupe. Les professeurs veulent que le règlement dé l'école soit respecté. Tu pourras constater toimême que souvent, après une réunion, les professeurs déploient un zèle inhabituel pour vous chasser des couloirs ou faire régner un semblant d'ordre dans la cour, Ça veut dira qu'une fois de plus les professeurs ont discuté gravement entre eux des problèmes de discipline et ont décidé de se montrer plus vigilants. Il n'y a pas de quoi vous inquiéter ! Ça ne durera pas longtemps. Les professeurs auront bien vite oublié les belles résolutions qu'ils ont prises devant leurs collègues. Ce serait d'ailleurs pour eux un travail énorme et presque impassible que de faire respecter par les élèves tous les règlements et toutes les interdictions en vigueur. Au fond d'euxmêmes, la plupart des professeurs préféreraient qu'il n'y en ait pas. Peutêtre que ton professeur n'était pas d'accord avec les décisions prises au cours de la dernière réunion des profs. Quand tous les professeurs n'ont pas le même avis, lis se mettent à voter. L'avis qui recueille la majorité des voix sert alors de base pour la décision ; ça veut dire que même ceux qui ont voté contre doivent la faire appliquer. Les professeurs, eux aussi, sont enchaînés En réfléchissant bien, on s'aperçoit qu'il n'y a vraiment pas de raison d'opposer professeurs et élèves. Certes, les profs, eux, détiennent des pouvoirs multiples et considérables, dont Ils peuvent user et abuser à leur gré. Mais les professeurs sont aussi contraints de se soumettre à un grand nombre de règles qu'ils n'ont parfois pas du tout envie de respecter. Pour devenir professeurs, il faut toujours plus ou moins s'engager à ne rien faire, tant à l'école que dans la vie privée, qui puisse choquer ce qu'on appelle la morale et les bonnes moeurs. Il y a beaucoup de choses que d'autres font, mais qu'un professeur doit s'interdire de faire. On ne tolérerait pas longtemps qu'un professeur se saoule en public, ait un langage ordurier, passe ses soirées dans des «boîtes» où des filles se déshabillent, ou bien se moque de la religion dans ses discours ou ses écrits. Tous les professeurs et tous ceux qui font partie du personnel d'une école ou d'un lycée doivent respecter un règlement qui leur prescrit de se conduire de telle façon et de faire certaines tâches. En plus du règlement général à tout le corps enseignant, chaque école et chaque lycée ont leur règlement particulier. Demandez à vos professeurs de vous communiquer le ou les règlements qui leur sont imposés. Si votre professeur s'étonne, diteslui que c'est normal, puisqu'il connaît bien, lui, le règlement que vous devez observer. Vous reconnaîtrez les professeurs qui sont contre tout ce système disciplinaire et qui sont disposés à se solidariser avec vous au fait qu'ils veulent parfois s'insurger contre les censeurs proviseurs, surveillants généraux, directeurs, et autres autorités qui prétendent leur dicter ce qu'ils doivent faire. COMMENT S'INFLUENCER LES UNS LES AUTRES Les professeurs sont payés pour vous influencer et vous faire faire certaines choses, parfois sans même que vous vous en rendiez compte. C'est eux qui dans une certaine mesure commandent votre développement et votre évolution. Mais vous aussi, vous pouvez commander leur évolution. Les relations entre jeunes et adultes ne sont vraiment positives et fécondes que lorsque les uns et les autres peuvent s'influencer et s'enseigner réciproquement. Ne t'imagine pas que c'est difficile d'influencer un prof. Tout ce que tu dis, tout ce que vous dites et surtout tout ce que vous faites, même si vous ne vous en rendez pas compte sur le moment, influence plus ou moins le professeur. Pour influencer, les autres, ne pas oublier: que c'est plus facile de s'influencer les uns les autres si on s'entend ; que ce qui influence le plus les autres, c'est l'honnêteté de conduite et de paroles ; que les actes influencent plus que les paroles ; qu'il faut connaître celui sur lequel on veut agir et comprendre pourquoi il fait comme il fait qu'il est difficile d'influencer quelqu'un qui a peur et qu'un homme qui a peur cherche souvent à cacher sa peur en devenant brutal et grossier ; qu'il vaut mieux faire éclater des conflits qui, tout le monde le sait, couvent depuis longtemps, que d'en créer ; qu'il vaut mieux s'engager dans des conflits qui existent déjà que d'en susciter de nouveaux; que se lancer dans des conflits et leur trouver une solution, c'est un excellent moyen pour se connaître les uns les autres et donc une très bonne façon de passer le temps. Si vous aimez votre professeur Ce n'est pas parce que vous aimez bien tel prof que tout ce que fait ce prof est valable et profitable pour vous. Peutêtre que tout va pour le mieux entre lui et vous, tout simplement parce qu'il se sent à l'aise avec vous ; mais peutêtre estil devenu paresseux. N'ayez pas peur de dire à ce professeur que vous l'aimez bien et que vous le trouvez sympa, mais essayez en même temps de l'influencer et de le décider à améliorer son enseignement. Vous pouvez être certains que le professeur qui vous laisse beaucoup de liberté et qui ne vous cache jamais la vérité quelle qu'elle soit, oui 1 ce professeur, vous pouvez être sûrs qu'il a pas mal d'ennuis avec les vieux profs démodés. Dans les réunions de professeurs et les conseils de classe, c'est souvent ce prof que vous trouvez sympa qui prend votre défense, et cela sans vous le dire et sans vous le raconter ensuite. C'est pourquoi vous devez faire très attention : ne faites surtout pas la bêtise de le trahir auprès des professeurs que vous n'aimez pas tellement. Si vous vous apercevez qu'on l'attaque, défendezle. De façon générale, soyez toujours solidaires de ceux qui, vous le savez ou vous le sentez, se solidarisent avec vous. La sincérité peut tout changer Si tout un chacun se mettait à être parfaitement honnête et sincère envers soi et envers les autres, tout le système d'enseignement et d'éducation s'effondrerait vite. Supposons par exemple que tous les élèves de France qui s'ennuient en classe décident de se mettre debout sans bruit le vendredi à 15 h. 30 et d'observer deux minutes de silence. S'ils recommencent pendant trois vendredis de suite, vous pouvez être sûrs que beaucoup de choses changeront. Mais en général, ni les professeurs, ni les élèves n'ont l'audace d'être totalement sincères les uns envers les autres. Ni les professeurs ni les élèves n'osent dire ouvertement qu'ils s'ennuient. Et même si votre professeur le sait très bien que vous vous ennuyez, il n'ose pas le reconnaître et en tirer les conclusions qui s'imposent. C'est pourquoi, lorsque vous, vous vous débrouillez pour faire entendre la vérité à un prof, vous l'influencez même s'il garde un visage indifférent ou impassible. On peut dire la vérité de plusieurs façons. N'ayez pas peur d'expliquer au professeur ce que vous pensez, de lui parler des choses que vous aimez, des amis que vous fréquentez et des difficultés et des problèmes que vous avez en dehors de l'école. Servezvous du journal de l'école s'il en existe un, des réunions du comité des élèves, des discussions pendant les cours, pour parier des sujets qui vous intéressent et des problèmes que vous trouvez importants. Demandez au prof de français de vous donner une rédaction ou une dissertation sur l'école ou le lycée tels que vous les aimeriez, et profitez de ce devoir pour exposer les grands problèmes qui sont essentiels pour vous. Si vous avez envie de tutoyer votre professeur, faitesle. Au début c'est difficile! Si vous vous y mettez tous, l'habitude sera bientôt prise. Si le professeur vous tutoie déjà, on ne voit vraiment pas pourquoi vous n'en feriez pas autant. S'il ne le fait pas déjà, commencez quand même à le tutoyer, ça facilitera vos rapports avec lui. Agir, faire quelque chose, c'est influencer Parler, s'expliquer, soulever habilement des problèmes, c'est influencer, mais la meilleure et la plus puissante façon d'influencer, c'est d'agir. Si vous constatez que la sincérité ne vous fait pas avancer d'un pas, si vous vous apercevez que votre volonté de changement est assassinée par les mots, alors n'hésitez pas à montrer par vos actes ce que vous voulez. Les actions les plus efficaces sont celles qui ont pour objectif de réaliser tel ou tel point précis et particulier d'un projet dont on parle depuis longtemps. S'il y a des choses que depuis longtemps vous aimeriez qu'on fasse à l'école, pendant la classe ou les heures de récréation, ou après les cours, et qu'on ne vous a pas autorisé à faire, commencez à les introduire vousmêmes. Le seul fait de montrer que vous êtes tous d'accord peut suffire à mettre la machine en marche et à engendrer des changements. Si vous trouvez que sur les problèmes sexuels, on vous cache des choses que vous avez l'âge et le droit de savoir, servezvous du panneau d'affichage de l'école, servezvous d'affiches ou de tracts pour compléter votre information et celle de vos camarades. Si vous en avez marre de contempler la nuque et le derrière de vos camarades, changez la disposition des tables. Si vous trouvez que la salle de classe a un aspect triste et cafardeux, réaménagezla vousmêmes pour la rendre habitable. De quoi le prof a t il peur ? Les mauvais profs et les profs autoritaires sont presque toujours des gens qui au fond d'euxmêmes ont peur. Très souvent, ils ont peur des élèves, et c'est pourquoi ils cherchent à s'imposer en se montrant très sévères ou très distants. Ils ont peur que ce soient leurs élèves qui aient raison et qu'eux aient tort. Ils ont peur, s'ils relâchent leur autorité et s'ils se montrent plus souples, de laisser le champ libre au chaos et à l'anarchie. Si ces professeurs ont peur, c'est avant tout parce qu'ils ne font jamais confiance aux autres ; ils pensent que les autres sont incapables de se diriger euxmêmes et de trouver par eux mêmes les solutions de certains problèmes. S'ils ne font jamais confiance aux autres, c'est essentiellement parce qu'ils n'ont pas confiance en eux. Ils ne sont jamais sûrs d'avoir raison, aussi cherchentils toujours à se ranger sous la bannière et sous l'autorité de quelqu'un d'autre. Pour pouvoir agir sur un professeur, il faut avoir certains renseignements sur lui. Si vous n'osez pas les lui demander directement, interrogez les autres professeurs. Observez vous mêmes le comportement de votre professeur et essayez de trouver de qui professeur, surveillant général, censeur, proviseur il a peur. Tout prof a ses qualités et ses défauts. Trouvezles, et servezvous de ses qualités plutôt que d'attaquer ses défauts. Il est difficile d'influencer un homme qui a peur Si le professeur a peur de vous, il n'osera rien entreprendre de neuf avec vous, et il sera en général très difficile de l'influencer. On ne peut s'influencer les uns les autres qu'en se rassurant aussi les uns les autres sur certains plans. Il est possible d'influencer un professeur qui a peur en le rassurant. Diteslui que si vous voulez faire quelque chose de nouveau, ce n'est pas pour l'ennuyer, mais simplement pour que tout le monde soit plus libre et se sente mieux. S'il a déjà pu se rendre compte, à l'occasion, qu'il pouvait être possible de faire travailler les élèves d'une façon nouvelle et plus libre, alors vous avez peutêtre quelques chances de réussir à l'influencer. Les professeurs qui craignent d'avoir à affronter le chaos et l'anarchie, s'ils déposent au vestiaire, à côté de leur imperméable, leur masque de professeur et leur autorité, ne seront jamais très chauds pour se lancer dans les innovations. S'ils acceptent de le faire, ils vous expliqueront que c'est « pour une fois » ou « à l'essai ». Quand on vous donne l'autorisation de faire quelque chose, mais à certaines conditions, demandezvous toujours si à ces conditionsIà, ça vaut vraiment le coup. Il y a des conditions qu'on vous impose uniquement pour vous faire rater. Méfiezvous! Les conflits et autres sujets de malentendus Si vous ne parvenez pas à éliminer les obstacles par la discussion ou par des explications en commun, et si vous vous apercevez que les problèmes sont toujours étouffés sous une avalanche de mots, alors il vous faut avoir recours à d'autres moyens d'action. Il n'existe pas seulement des conflits ou des désaccords entre professeurs d'un côté et élèves de l'autre, il en existe aussi souvent entre certains groupes d'élèves et entre certains groupes de professeurs. En réfléchissant bien, on s'aperçoit que les conflits et les désaccords les plus graves sont probablement ceux qui opposent les élèves et les professeurs qui ne sont pas satisfaits aux élèves et aux professeurs qui sont satisfaits. C'est normal et ça n'est pas mauvais du tout qu'il existe des conflits. Les conflits ne deviennent dangereux que si l'on ne parvient pas à les résoudre. Résoudre un conflit, ça apprend toujours beaucoup de choses aux deux camps. Nous t'avons Indiqué et suggéré quelques moyens de faire éclater les conflits et de les résoudre. Mais Il sera peutêtre très difficile d'amener ceux qui ne sont pas d'accord avec vous à dire sincèrement ce qu'ils pensent et à prendre honnêtement position. Pour vous, ça n'a pas déjà été tellement facile de dire devant tout le monde que vous préférez, par exemple, rester en classe pendant la récréation, et puis, au moment où commence la discussion générale, vous vous apercevez que vos camarades n'osent pas ouvrir là, bouche et n'osent pas avouer que c'est ce qu'ils voudraient eux aussi. S'il existe un conseil d'élèves et que toutes ses suggestions se transforment en dossier poussiéreux alors ce conseil ou ce comité d'élèves ne sert à rien. Si c'est comme ça, si vous ne parvenez pas à vous faire écouter et comprendre par ceux qui détiennent le pouvoir et qui ont tout pouvoir sur vous, alors vous devez utiliser des moyens d'action moins pacifiques que la discussion, des grèves par exemple. Mais il faut savoir qu'une grève est l'un des actes les plus violents que vous puissiez, décider, et que si vous décidez d'en faire une, vous risquez des sanctions très sévères. Mais vous devez savoir aussi que plus on est nombreux à entreprendre une action, plus elle a de chances de réussir et moins Il y aura de sanctions. Des grèves et des actions collectives Il ne faut pas vous lancer dans une grève ou dans une autre action violente avant de vous être assuré qu'elle a quelque chance de réussir. Avant une grève ou une action Vous devez vous assurer que beaucoup d'autres élèves et pas mal de professeurs sont d'accord avec le motif de votre grève. Il importe aussi que vous ayez utilisé auparavant Pour obtenir ce que vous vouliez les moyens d'action plus pacifiques. Avant d'entreprendre une action de protestation, il faut avoir expliqué à tout le monde pourquoi on proteste et ce qu'on veut obtenir : pour cela, servezvous du journal des élèves, s'il en existe un, de tracts que vous ferez circuler en classe, des discussions avec les camarades pendant les récréations, des mots d'ordre et des slogans ; n'oubliez surtout pas de parler à tous les profs à qui vous savez que vous pouvez faire confiance. N'attendez pas pour agir d'avoir l'approbation et le soutien de vos parents, surtout si vous les leur demandez à l'avance. Résignezvous plutôt à l'avance à subir leur indignation et leur colère et probablement aussi une punition. Si votre action a une certaine importance, il n'est pas impossible que les journaux en parlent. Il faut aussi vous attendre à être lâchés par certains de vos camarades quand la direction de l'école ou les parents essaieront de vous effrayer en vous menaçant de sanctions terribles. Pour mener à bien l'action que vous avez décidée Votre action doit montrer par son contenu même ce que vous voulez obtenir. Par exemple : si vous ne voulez plus vous mettre en rang dans la cour, que votre action consiste à entrer directement en classe sans vous mettre en rang; si vous voulez qu'il y ait dans la cour une petite «cantine» où vous pourrez acheter des fruits ou des bonbons ou d'autres choses, organisezvous vousmêmes et chargez deux ou trois de vos camarades d'acheter des fruits et des bonbons et de les vendre à l'intérieur du lycée ; si vous avez envie de rester en classe pendant la récréation, ne sortez pas de la classe quand la cloche ou la sonnerie retentit, mais restez tranquillement à vos places ou asseyezvous par terre en cercle. S'il existe un journal de l'école ou des élèves, dont tous les articles, pour être Imprimés, doivent être lus et approuvés par un professeur ou par le censeur, faites votre propre journal et sortezle clandestinement. S'il y a un professeur que vous ne pouvez pas voir en peinture, Il faut qu'un jour, ou pendant une journée, tous ses élèves décident de rester dans la cour de récréation pendant ses heures de classe. Préparez des tracts ou des « papillons » pour expliquer ce que vous voulez, et n'oubliez pas d'en envoyer aux journaux. Ne vous laissez pas décourager pour la seule raison qu'on parle haut et qu'on vous menace, Après l'action Si les autorités prennent l'un d'entre vous comme boucémissaire et s'acharnent sur lui en prétendant que c'est lui l'instigateur et le meneur de la révolte, vous devez manifester concrètement votre solidarité avec ce bouc émissaire. S'il est blâmé, puni ou exclu, ayez tous le courage de dire que vous méritez les mêmes sanctions. Les promesses qu'on vous a faites ontelles été tenues? N'allez surtout pas vous imaginer que vos revendications sont satisfaites pour la seule raison qu'on les a confiées pour examen à un quelconque conseil de professeurs ou d'élèves. Et si l'on vous a enlevé jusqu'à ces moyenslà de vous exprimer et d'exposer votre point de vue, alors mettez une affiche dans la cour ou dans un couloir et dites ce que vous pensez et ce que vous voulez. Envoyez aussi aux journaux des lettres signées par le plus grand nombre possible de camarades. Une grève, comme toute autre forme d'action de revendication, a généralement pour, résultat qu'on va faire un peu plus attention à ce que vous ôtes et à ce que vous voulez. Et ça, mettezvous dans la tête, que c'est vrai même si votre action aboutit à un échec. Méfiezvous des professeurs qui prétendront vouloir discuter avec vous du Petit Livre Rouge. Peutêtre n'essaientils de discuter que pour vous détourner de faire ce que vous avez envie de faire. Acceptez la discussion mais tâchez de vous y être bien préparé, par exemple en discutant entre vous des principaux problèmes. Comme ça, vous aurez de bien meilleurs arguments. S'il y a des profs qui vous disent qu'ils d'accord pour tel ou tel changement, insistez pour que leur accord se manifeste par des actes et pas seulement par des paroles. Demandezleur, jour après jour, ce qu'ils ont fait concrètement pour obtenir ces changements qu'ils ont jugé comme vous très nécessaires. On estime un prof en fonction de ce qu'il fait et non de ce qu'il dit. C'est de la même façon qu'on juge les élèves. Comment se plaindre d'un professeur ? Il faut d'abord que vous ayez des raisons de vous plaindre de lui. C'est très grave pour un professeur si ses élèves portent plainte contre lui. Mais attention ! Ce n'est pas parce que vous avez peur des sanctions ou parce que les parents ne vous soutiennent pas que vous devez renoncer à porter plainte. Il y a une chose qu'il faut que vous vous mettiez dans la tête : l'école, les professeurs, les parents et tout le reste aussi, si vous ne les critiquez pas ils ne s'amélioreront jamais. Rassemblez des matériaux II faut collectionner les matériauxpreuves, c'estàdire tout ce qu'à ton avis le professeur fait et qu'il ne devrait pas faire. Est ce qu'il y a par exemple un, deux ou trois élèves qu'il ne peut pas voir en peinture et contre lesquels il s'acharne sans raison ? Il arrive parfois aussi que des professeurs s'efforcent d'écourter leur cours, ou bien acceptent de ne rien voir quand vous « séchez » la classe sous leurs yeux tout simplement parce qu'ils se sentent incapables de faire obéir autant d'élèves. Peutêtre aussi qu'il lui arrive de frapper des élèves ou de faire d'autres choses qu'il n'a pas le droit de faire (cf. le chapitre sur « Les punitions »). Demande à tes camarades de prendre des notes, comme toi, au jour le jour. Seul tu ne feras pas le poids, et si ce n'est pas par écrit, personne ne vous croira. Si vous êtes plusieurs, ça sera difficile de ne pas vous croire. N'oubliez jamais d'indiquer l'heure, le jour, la date et la matière enseignée. Adressezvous pour commencer au professeur ou au conseil d'élèves Si pendant un mois, par exemple, vous avez rassemblé et accumulé des matériauxpreuves, commencez par montrer votre dossier au professeur et par en discuter avec lui. La plupart des professeurs préfèrent généralement que ce genre d'affaire ne sorte pas de la classe, il est fort possible que vous puissiez arranger les choses directement avec le ou les profs intéressés. Si la discussion avec le prof n'aboutit à rien, présentez votre dossier au conseil d'élèves qui, après l'avoir étudié, pourra envoyer une lettre à la direction de l'école. Si vous voulez porter plainte contre un professeur parce qu'il vous frappe, inutile d'essayer tout d'abord de discuter avec lui. Allez voir immédiatement la direction (directeur, proviseur, etc.). Adressezvous à la direction S'il n'existe pas de conseil d'élèves ou si les lettres du conseil restent sans effet, allez voir vousmêmes la direction de votre établissement. Il serait très souhaitable et très avantageux pour vous que vos parents soient au courant de l'affaire. Si vous pouvez les décider à vous accompagner chez le proviseur ou le directeur, ça serait parfait. S'il y a beaucoup d'élèves qui ont personnellement à se plaindre d'un professeur, il serait bon qu'il y ait plusieurs parents à porter plainte. Il n'est pas nécessaire qu'ils vous accompagnent tous chez le directeur ou le proviseur ; il suffit qu'ils acceptent de signer la plainte. Il importe aussi que vos camarades la signent en grand nombre. Le proviseur, le directeur, quand ils vous recevront, vous promettront très probablement de parler avec le professeur dont vous vous plaignez. Assurezvous ensuite qu'ils l'ont vraiment fait. Et s'ils ne l'ont pas fait, retournez les voir pour reporter plainte. Une plainte ou une protestation adressées à la direction doit toujours être faite par écrit et porter les signatures de tous les intéressés. Elle ne doit pas être faite en termes généraux, mais donner des exemples et citer des faits précis. Rédiger une lettreplainte de ce genre, ça n'est pas toujours facile, et ça peut demander beaucoup de travail. Vous pouvez demander à de grands élèves ou à des adultes de vous aider. Vous trouverez à la fin de ce chapitre des conseils pratiques pour la rédaction d'une lettreplainte. Ne jetez pas les notes que vous avez prises au jour le jour sur le comportement du prof. Vous en aurez peutêtre encore besoin par la suite. Adressezvous aux autorités Si la direction de votre établissement a rangé dans un tiroir votre plainte et n'y donne aucune suite, alors il faut vous adresser plus haut ou ailleurs. Envoyez votre plainte à l'une des associations de parents d'élèves, écrivez à l'inspecteur ou plutôt à l'inspecteur académique de votre ville ou de votre région. Vous pouvez également vous adresser directement à Monsieur le Directeur de l'enseignement primaire, technique ou secondaire, ministère de l'Education Nationale, Paris. Il est très important qu'il y ait des parents et des camarades de classe à signer la plainte. La direction de votre établissement préférera généralement prendre le parti des professeurs ; quant aux autorités, elles auront tendance à soutenir la direction de votre école. C'est pourquoi il importe que votre plainte soit très bien documentée, c'estàdire qu'elle contienne des faits précis et indiscutables, et que le plus grand nombre possible de personnes l'ait signée. Si votre plainte est vraiment justifiée et si elle est arrivée jusqu'au ministère, il y a de grandes chances pour qu'elle ne reste pas sans effet. Mais si le ministère, lui aussi, fait la sourde oreille, ne vous découragez pas et faites comme ceci : conservez votre ancienne documentation et rassemblez de nouveaux exemples et de nouveaux faits. Renvoyez pour porter plainte une lettre encore plus documentée que la première au ministère de l'Education Nationale. Si votre plainte est justifiée et si les faits que vous mentionnez sont nombreux et graves, il est presque certain qu'il se passera quelque chose. Comment présenter une plainte ? Monsieur le Proviseur (ou le Directeur) ou bien Monsieur l'Inspecteur Nous, soussignés, élèves de telle classe dans telle école ou tel lycée, désirons porter plainte contre monsieur ou madame... (le nom du prof) qui est notre professeur dans telle matière. Nous trouvons injustifiable et inadmissible que ce professeur... (ici, il faut caractériser brièvement, en deux ou trois lignes, ce qui vous déplaît dans son comportement ou ses méthodes). Pour mieux nous faire comprendre de vous, nous avons noté à titre d'exemples, certains faits commis par ce professeur et qui nous semblent inadmissibles. (Ici, vous devez utiliser les notes que vous avez prises sur le comportement de votre prof. Indiquez d'abord la date et l'heure. Expliquez ensuite en peu de mots ce que faisait le prof, la ou les raisons qu'il avait de le faire, et tous les détails concrets qui sont nécessaires pour comprendre. Chaque fait cité peut être décrit très brièvement, ce qui compte c'est qu'on comprenne clairement et sans ambiguïté ce que vous reprochez à votre prof.) Nous avons discuté de cette affaire avec notre professeur, mais nous avons parlé pour rien, car rien n'a changé depuis. C'est pourquoi nous nous adressons à vous, Monsieur le (Proviseur, Directeur ou Inspecteur), convaincus que vous aurez à cœur de vous occuper de notre cas et de changer ce qui doit être changé. Nous vous serions très reconnaissants de bien vouloir nous informer des mesures que vous prendrez à la suite de notre lettre. Nous vous prions d'agréer, Monsieur le... l'expression de tout notre respect. N'oubliez surtout pas que... Vous ne devez porter plainte que si vous êtes en mesure de prouver ce que vous dites : vous devez absolument présenter à l'appui de votre plainte une liste de faits précis que le plus grand nombre possible de camarades puisse signer. Si ces conditions sont réunies, n'hésitez pas à porter plainte, et faitesle même si vous avez peur ou si vous trouvez tout ça trop compliqué. Ditesvous bien que c'est toujours compliqué de réussir à changer les choses pour les améliorer, mais ditesvous bien aussi qu'à long terme, ça vaut le coup. Si vous trouvez que ça fera trop de tracas de s'adresser aux autorités ou si vous pensez que ça ne servira jamais à rien, alors il faut que vous vous adressiez directement aux journaux. Faites publier une lettre dans « le courrier des lecteurs » du journal régional ou national de votre choix. Essayez de prendre contact avec un journaliste. Les journaux sont en général très intéressés par des affaires de ce genre. Mais attention : ne dites jamais rien à un journaliste, oralement ou par écrit, que vous ne puissiez prouver, sinon vous risqueriez d'avoir des ennuis. Un professeur peutil être renvoyé ? Il est très difficile de renvoyer un professeur. C'est là un avantage indiscutable s'il s'agit d'un professeur qui fait un enseignement tout à fait nouveau, intelligent et intéressant pour vous, surtout si ses collègues et la direction de l'école le détestent à cause de ses innovations. Mais ce peut être aussi un inconvénient. En effet, si vous avez un prof qui ne sait pas du tout enseigner ou qui n'arrive pas à s'entendre avec ses élèves, il sera tout aussi difficile de le faire renvoyer. Si vous avez des ennuis avec un professeur, la direction prendra presque toujours la défense du prof même s'il est parfaitement évident que c'est lui le fautif. C'est d'ailleurs pourquoi il est souvent assez difficile de faire aboutir des plaintes ou des sugegstions pour améliorer les choses. Si l'un de vos profs est si mauvais que personne en classe ne peut profiter de son enseignement, si l'un de vos profs vous terrorise, abuse de son pouvoir ou vous frappe, portez plainte. Faitesles plusieurs fois si c'est nécessaire. Il n'y a au fond que trois raisons pour lesquelles un professeur peut être renvoyé : — s'il est tellement chahuté qu'il ne parvient même pas à faire son cours ; — s'il frappe ses élèves ; — s'il couche avec l'un ou l'une de ses élèves. Il faudra, en règle générale, très longtemps avant que les autorités se débarrassent d'un professeur qui ne parvient à faire ses cours parce qu'il est incapable de faire régner dans sa classe un minimum d'ordre. Le professeur qui terrorise et frappe ses élèves, pourra de même continuer assez longtemps à les frapper et à les terroriser avant qu'on se décide à interrompre ses activités. Si ça se passe comme ça, c'est parce qu'un professeur bénéficie de la protection de ses collègues et des autorités qui, presque automatiquement, prennent son parti et ont toujours tendance à considérer que les élèves victimes ont certainement fait quelque chose pour mériter leur sort. Mais si un professeur (homme ou femme) couche avec l'un ou l'une de ses élèves, alors il n'y a pas de délai et le renvoi est immédiat. Pourquoi ? Parce que la morale officielle est très arriérée : elle pense qu'il est beaucoup plus immoral pour un prof de faire l'amour avec un élève que de lui casser la gueule. Les punitions : celles qui sont permises et celles qui ne le sont pas On ne punit pas quelqu'un pour lui faire apprendre quelque chose. C'est la pire des méthodes pédagogiques, qu'il s'agisse d'animaux, d'enfants ou d'adultes. Il y a longtemps que les psychologues le savent, mais il y a encore beaucoup de parents et de professeurs à vouloir l'ignorer. Il existe plusieurs sortes de punitions : donner des lignes ou des devoirs supplémentaires, donner des retenues, engueuler l'élève, le ridiculiser devant tout le monde, lui donner des gifles, lui casser la gueule, le faire mettre à la porte pour quelques jours ou définitivement. Certaines punitions sont légales ou du moins autorisées, d'autres sont absolument interdites. Exemple : aucun professeur n'a le droit de te confisquer quelque chose qui t'appartient même s'il te dit qu'il te le rendra à la fin de l'année. Un professeur qui t'a confisqué un objet qui t'appartient doit te le rendre à la fin du cours, même et surtout si cet objet est ce Petit Livre Rouge. Les profs peuvent avoir certaines manières d'agir qui ne sont pas considérées officiellement comme des punitions, mais qui pourtant en sont. Il y a des profs qui prennent un ou plusieurs élèves comme têtes de turc et qui s'acharnent contre eux. Ils refusent de les écouter ou ne les écoutent qu'avec mépris ou malveillance. Ils leur donnent systématiquement des notes inférieures à celles qu'ils méritent. Vous pouvez forcer ces profs à cesser d'employer ce genre de punition. Pour savoir comment faire, reportezvous aux pages où nous vous expliquons comment porter plainte contre un professeur. Les règlements II existe un règlement très général pour tous les établissements dépendant du Ministère de l'Education Nationale ; chaque établissement a en plus son règlement intérieur propre. Les écoles privées, qu'on appelle aussi « écoles libres » c'estàdire payantes ont chacune leur règlement intérieur. Tous ces règlements s'inspirent en gros des mêmes principes : comment maintenir l'ordre. La première tâche des comités ou conseils d'élèves doit être d'exiger de la direction que leur soient communiqués tous les textes administratifs qui concernent le règlement. Vous les étudierez ensemble et, si besoin est, vous demanderez des explications à de grands élèves ou à des adultes qui vous aiment bien. En principe, tous les professeurs doivent connaître le règlement. Si l'un de vos profs fait quelque chose qui n'est pas autorisé par le règlement, ditesle lui et montrezlui les textes qui vous donnent raison ou qui lui donnent tort. Il serait tout à fait normal que le conseil d'élèves d'un établissement exige de la direction, dès le début de l'année scolaire, une discussion et une révision éventuelle du règlement intérieur. On révise une voiture au moins une fois par an, mais les lois et les règlements s'usent parfois beaucoup plus vite que les voitures. En général les règlements sont une énumération des choses que les élèves doivent faire ou qu'il leur est interdit de faire. Exigez aussi de savoir — et par écrit — ce que les professeurs doivent faire ou ce qu'il leur interdit de faire. Les punitions et les sanctions Si le professeur estime que tu as fait ou que tu fais des choses inadmissibles, il doit avant de te punir parler avec toi et t'expliquer que tu te conduis mal. Si ça n'a pas de résultat, il peut te blâmer publiquement, mais sans t'injurier ; il peut ensuite te menacer de diverses sanctions. Il peut te faire changer de place, te demander de venir au premier rang sous son nez, ou bien d'aller t'installer au fond de la classe. Il peut également te mettre à la porte pour une demi heure, ou une heure, il peut enfin te donner des « lignes » ou des devoirs supplémentaires. Mais ces sanctions ne doivent pas être prises trop fréquemment envers un même élève. Quant aux « lignes » et aux devoirs supplémentaires, ils ne doivent pas te demander, suivant ta classe, plus d'une demiheure ou une heure et demie de travail. Vous ne devez pas supporter qu'on vous donne à vousmêmes ou à l'un de vos camarades une punition écrite trop longue. Parlezen à vos parents ou mettez vous à plusieurs pour la faire ; et n'oubliez pas alors d'indiquer comment et par qui elle a été faite. — les retenues ou plutôt les « colles » : les professeurs peuvent aussi te donner des heures de « colle », à faire après la fin des cours, ou le jeudi ou le samedi. Mais aucun professeur n'a le droit de vous garder assez tard pour vous faire manquer votre autobus ou votre train de banlieue, ou même tout simplement si votre vie familiale risque d'en être perturbée. Il est absolument interdit de mettre en retenue les très jeunes élèves, classe de sixième et en dessous. Mais comme ils sont trop petits, ils ne peuvent même pas lire ce Petit Livre, alors vous devez le leur expliquer vousmêmes. — le renvoi : de même que le professeur a le droit de te mettre à la porte de sa classe pendant une heure, de même la direction peut décider de t'exclure pendant deux ou trois jours ou une semaine. Dans les cas d'une gravité exceptionnelle, elle peut le faire deux fois au cours de l'année scolaire, mais jamais plus, sinon elle risquerait de trahir sa mission qui est de t'apprendre ce que tu es en droit de savoir. L'enseignement, en France, est obligatoire, pour tous les jeunes jusqu'à 16 ans. On ne peut donc te mettre définitivement à la porte de l'enseignement avant cet âge. Tout ce que les autorités peuvent faire avant, c'est te faire changer de section ou de professeur, te renvoyer dans une classe inférieure, te faire changer d'établissement, par exemple t'exclure du lycée pour t'envoyer dans un CEG. Toutes ces sanctions sont légales, mais elles sont aussi très graves. Le conseil de classe et le conseil des élèves doivent exiger de la direction et des professeurs que ces sanctions ne soient jamais prises sans qu'on les ait consultés : vous, vous savez mieux que la direction comment les choses se passent en classe ; vous avez donc votre mot à dire. Les punitions corporelles : un prof peutil vous frapper ? Un professeur n'a pas le droit de frapper ses élèves. C'est formellement interdit. Il n'a ni le droit de te tirer les cheveux, ni celui de te pincer, ni même celui de t'obliger à souffrir physiquement (te faire rester à genoux, te faire garder les bras en croix, etc...). Toute forme de violence à l'égard des élèves est interdite aux professeurs. Il y a pourtant des circonstances où un professeur a le droit d'employer la force physique contre ses élèves : pour se défendre, si des élèves le menacent physiquement ou le frappent ; pour empêcher un ou plusieurs élèves d'user d'arguments frappants envers un ou plusieurs de leurs camarades ; pour empêcher des élèves d'endommager ou de détruire le matériel. Mais, même dans tous ces cas, ils n'ont le droit d'user de la force physique que pour t'empêcher d'abuser de la tienne. S'ils se mettent à te tabasser ou s'ils continuent à te frapper alors que tu ne fais plus rien, alors ils se mettent en faute et risquent des sanctions. Même pour exiger que vos droits soient respectés, restez courtois et corrects. Pas d'injures ! Si vous avez de bons professeurs, vous n'aurez jamais à profiter de ces conseils. Mais n'oubliez pas de votre côté que les professeurs, eux aussi, peuvent parfois se tromper et en toute bonne foi. Avant de porter plainte, essayez toujours de parler avec votre professeur et de régler directement l'affaire avec lui. Il est toujours bien préférable, quand un règlement amiable est possible, de ne pas porter plainte. Ce que vous ne devez jamais tolérer, c'est qu'un professeur vous traite injustement, pendant longtemps. On n'arrête pas de vous répéter que vous avez des devoirs. N'oubliez pas que vous avez aussi des droits et que c'est un de vos devoirs que de les faire respecter. Les élèves Les camarades Des faits Dans ton lycée ou ton école, tu rencontres toutes sortes de camarades : — Il y en a qui deviennent des amis et d'autres que tu détestes. — Il y en a qui ne t'intéressent pas et d'autres avec qui tu aimerais entrer en contact. — Il y en a que tu méprises et d'autres que tu admires. — Il y a des solitaires, des abandonnés et des exclus, et d'autres qui sont populaires et que tout le monde fête et semble aimer. — Il y en a qui sont doués dans une matière, ou même dans toutes les matières, et d'autres qui sont toujours très ou un peu en retard. — Il y en a à qui on peut faire confiance, et d'autres qui trompent et trahissent leurs promesses. — Il y en a qui sont généreux et toujours prêts à aider, et d'autres qui sont avares d'euxmêmes et de leur savoir. — Il y en a qui ont toujours des bonnes idées et d'autres presque jamais. — Il y en a qui ont des idées, mais qui ne savent pas comment les réaliser, et d'autres qui n'ont jamais d'idées, peutêtre, mais qui savent toujours comment réaliser celles des autres. — Il y en a qui trouvent toujours à dire ce qu'il faut, au moment où il faut, et d'autres qui ne trouvent qu'après coup ce qu'il aurait fallu dire. — Il y en a qui ont le droit de tout faire, et d'autres qui sont toujours freinés par leur famille. — Il y en a qui ont toujours de drôles de vêtements, et d'autres qui ont toujours des vêtements chics et à la dernière mode. — Il y a des élèves aussi qui ne ressemblent pas à tout le monde et qui sont un peu « bizarres », parce qu'ils louchent, qu'ils portent des lunettes, qu'ils zozotent ou qu'ils bégaient, alors que d'autres vous semblent physiquement parfaits parce qu'ils sont grands, qu'ils ont les épaules larges, de belles jambes, une belle poitrine, un nez droit et de beaux cheveux. Saistu que?... — Saistu que tes professeurs t'influencent ? Saistu que leur influence peut conditionner tes opinions sur tes camarades ? — Saistu que ce que tu penses de tes camarades est en général fortement influencé par les opinions des adultes qui t'entourent? — Saistu que tu es influencé par tes camarades : beaucoup par ceux que tu fréquentes le plus, moins ou même pas du tout, par ceux que tu ne fréquentes pas ? — Saistu que tu subis l'influence de la publicité, des films, de la télévision, des groupes de pop, des journaux et de tous les autres moyens qui servent à façonner l'opinion publique ? — Saistu que dans d'autres pays ou sur d'autres continents, il existe des règles de conduite, des idéaux, un bien et un mal, un vrai et un faux, qui sont très différents de ce qu'ils sont ici ? — Saistu qu'ailleurs, dans d'autres lieux de travail et dans d'autres pays, il existe une morale et des valeurs qui reposent sur l'estime et le respect réciproques, et qui donc n'ont pas grand chose à voir avec celles qui règnent parmi tes camarades et qu'on t'enseigne à l'école ? — Saistu que les mœurs, les règles sociales de conduite et les valeurs morales, en fonction desquelles tu juges et mesures tes camarades, évoluent presque aussi vite que tu te développes toimême et que la société se développe et se transforme ? — Saistu qu'en réfléchissant à plusieurs, on peut élaborer sa propre échelle de valeurs morales et ses propres règles de conduite qui vous permettent de vous juger les uns les autres en fonction de ce que vous estimez juste et valable ? — Saistu qu'il n'est pas interdit de jeter à la poubelle la morale et les valeurs que les adultes vous enfoncent dans la tête pendant votre enfance et votre adolescence ? — Saistu que les professeurs et les autres adultes utilisent continuellement cette morale et ses valeurs pour condamner l'un d'entre vous, se moquer de lui, le punir, l'humilier et en général pour vous réprimer ? Ça continuera aussi longtemps que vous n'aurez pas rejeté le système de valeurs dont ils connaissent, eux, toutes les subtilités puisque c'est eux qui vous l'ont enfoncé dans la tête ? Deux systèmes de valeur Premier système : — Ne crois pas que tu sois grandchose — Ne crois pas que tu vailles autant que nous — Ne crois pas être plus intelligent que nous — Ne t'imagine pas que tu es mieux que nous — Ne crois pas que tu en sais plus que nous — Ne crois pas que tu nous es supérieur — Ne crois pas que tu sois bon à grandchose — Ne crois pas qu'il y ait des gens qui t'aiment — Ne te moque pas de nous — Ne va pas t'imaginer que tu peux nous apprendre quelque chose Deuxième système : — Tu as le droit de développer ta personnalité en sui vant ta propre voie — C'est en définitive à toimême que tu dois rendre compte de tes actes, c'est devant toi que tu en es responsable — Tu as le droit de jouer d'autres rôles que celui ou ceux que tes professeurs, tes parents et tes camarades ont décidé de te donner — Tu es aussi bien que les autres — Tu vaux quelque chose — Tu peux apprendre quelque chose des autres et les autres peuvent également apprendre de toi — Tu dois croire que quelqu'un t'aime — Tu es quelqu'un. Des choses qu'il faut que tu saches On travaille beaucoup quand on travaille en groupe, que ce soit pour ou contre quelque chose. Il faut que tu saches reconnaître quand un groupe ne fonctionne pas de façon efficace. Ça se reconnaît à plusieurs signes faciles à observer : — certains élèves, — les « leaders » — se montrent toujours dans toutes les situations plus actifs et plus dynamiques que d'autres ; certains ont une autorité et entraînent toujours les autres ; — certains élèves écoutent toujours moins que les autres et parlent toujours beaucoup plus ; — certains élèves donnent toujours des ordres à tous les autres. Si le groupe fonctionne comme ça, il ressemble à une pyramide, avec très peu de gens au sommet qui dirigent tout et à la base tous les autres qui ne font que suivre. Il faut que tu saches que le travail de groupe peut et doit même se dérouler de toute autre façon. Il y a bien d'autres façons d'organiser le travail et le groupe de travail. On peut instaurer entre tous les membres du groupe une collaboration véritablement démocratique qui permet à chacun de participer à l'activité du groupe sur un pied d'égalité et de réciprocité ; chacun sait alors qu'il a un rôle à jouer et qu'il peut influencer le travail du groupe ; personne ne se sent frustré et tout le monde est content. Ça veut dire qu'on n'a pas toujours le même rôle au sein du groupe : dans certains cas et suivant ce qu'il y a à faire, c'est untel et un tel qui vont diriger, et que dans d'autres circonstances, ça sera à tel et tels autres de le faire. Il peut y avoir autant de leaders qu'il y a de problèmes à résoudre et de tâches à faire. Il n'est nullement nécessaire qu'il n'y ait qu'un seul leader à la fois. Un petit groupe d'élèves — cinq ou six — peut très bien prendre la direction des opérations : on dit alors qu'il y a direction collective ou collégiale. Il faut que tu saches qu'il y a deux grands types de leader que tu pourras rencontrer : il y a ces leaders qui veulent toujours tout décider euxmêmes et qui se servent de leur pouvoir pour s'attribuer les tâches qui les intéressent le plus et imposer leurs volontés aux autres ; il y a une autre sorte de leader, ce sont les leaders qui se refusent à tout décider et à tout faire euxmêmes et qui laissent aux autres membres du groupe la plus grande liberté d'initiative. Il faut que tu saches que quelqu'un ne peut rester un leader qu'aussi longtemps que tu l'acceptes et que tu le reconnais pour tel. Que ton leader soit un camarade ou un élève, ou un professeur, ça revient au même : il cessera d'être un leader dès que tu refuseras de suivre ses directives et d'obéir à ses ordres. Si tu en as assez de ton leader, choisisen un autre et comme ça tu deviendras toimême ton propre leader. Et surtout n'oublie pas qu'il y a deux façons de se faire entendre et comprendre : en parlant et, plus sûrement encore, par des actes. Dans l'illégalité... Si pendant la classe, vous êtes sagement assis à votre place, avec un œil apparemment attentif et un air d'écouter, mais qu'en fait votre esprit dort comme une marmotte, vous êtes dans l'illégalité. Mais oui, pour la bonne raison que si on vous demande : « Tu écoutes ? Tu suis ? », vous répondrez oui et que vous mentirez. Quand vous avez séché une heure ou une aprèsmidi de classe pour aller au café ou au cinéma et qu'on s'aperçoit de votre absence, vous ne racontez pas en général ce que vous avez fait, mais vous inventez quelque histoire à dormir debout qui puisse vous servir d'excuse valable. Vous étiez dans l'illégalité et vous cherchez à le cacher. On vous interdit de fumer, mais ça ne vous empêche pas d'aller tous les jours griller une sèche aux chiottes, tout seul ou avec des camarades. Quand vous faites ça, vous vous mettez dans l'illégalité. Beaucoup de gens passent une grande partie de leur vie de tous les jours dans l'illégalité, et pour certains, c'est la part la plus importante de leur vie et souvent celle qui compte le plus qui se déroule dans l'illégalité. Peutêtre vous sentezvous obligés de cacher que vous fréquentez tel ou tel camarade, et ce que vous faites avec eux ; peutêtre n'osezvous pas dire que vous sortez avec tel garçon ou telle fille et que vous couchez avec. Et si vous fumez de la marijuana ou du haschisch, vous n'osez pas le raconter non plus. Vous préférez garder secrets les problèmes qui vous tourmentent le plus et que vous ne parvenez pas à résoudre. S'il n'y a que devant vos camarades que vous osez admettre et faire valoir qui vous êtes, ce que vous aimez et ce qui vous préoccupe, c'est en général la faute de vos parents, de vos professeurs et de l'école. Tout le monde se doute ou plutôt sait bien que vous avez toutes ces activités illégales et secrètes. Parents et professeurs ont presque tous fait comme vous. Sachez bien aussi que les parents cachent autant de choses à leurs enfants que vous avez de secrets pour eux. Quand vient le jour où il faut décider qui on veut être et ce qu'on veut faire, c'est pourtant tout ce qu'on a appris dans la partie illégale de sa vie dont on a le plus besoin. Si vous n'aviez pas osé faire toutes les expériences et vous lancer dans toutes les aventures qui ont rempli votre vie illégale, en vérité vous seriez bien mal équipés pour affronter ces grands problèmes de la vie d'homme que sont le travail, l'amour, l'amitié et la vie en commun. L'intelligence : seuls les imbéciles y croient II n'y a pas tellement longtemps, on croyait encore que les mauvais élèves, ceux qui n'arrivaient pas à suivre étaient bêtes. On croyait aussi que tous les gens naissaient avec une certaine dose d'intelligence qu'ils gardaient jusqu'à la fin de leur vie. Ces deux sont complètement absurdes, mais beaucoup de gens — parents, professeurs, y croient encore. Certes, nous ne sommes pas tous identiques à la naissance, mais c'est bien après que les différences entre les petits d'homme deviennent de grandes inégalités. Si ça se passe comme ça, c'est pour une raison stupide : ce sont les élèves qui n'apprennent pas très vite en classe auxquels on apprend le moins de choses, l'école, les profs s'en désintéressent. On dit qu'ils ont du mal à assimiler l'enseignement, alors que c'est l'école qui ne fait aucun effort pour les assimiler. On les renvoie en prétendant qu'ils n'ont pas « assez de maturité » pour l'école ; ou bien, on les envoie dans un C.E.G. ; ou bien encore on leur interdit l'accès aux classes terminales. Beaucoup de gens pensent que c'est trahir la véritable mission de l'école que de refouler ou d'éliminer des élèves qui sont faibles et estiment que l'école se doit précisément d'assimiler tous les élèves et de promouvoir leur développement, même et peutêtre surtout s'il s'agit d'élèves retardés pour une raison ou pour une autre. L'intelligence : ça peut descendre, ça peut aussi monter On a prouvé depuis déjà assez longtemps que l'intelligence, que les psychologues mesurent avec des tests, est ne faculté qui évolue. On peut devenir plus ou moins intelligent, tout dépend de la façon dont on est traité. Des vrais jumeaux, à la naissance, sont parfaitement égaux. Mais s'ils ne sont pas élevés au même endroit et par des personnes différentes, ils n'auront pas la même intelligence : celui qui est élevé dans une famille aisée deviendra plus intelligent que son frère jumeau élevé dans une famille pauvre. On a aussi étudié des orphelinats ; on a comparé les orphelinats où l'on s'occupait beaucoup des enfants et ceux où les enfants étaient pour ainsi dire livrés à euxmêmes. On a constaté que les enfants des bons orphelinats avaient au bout de quelques années un quotient intellectuel plus élevé que ceux des mauvais orphelinats, alors qu'au début, il n'y avait pas de différence entre eux. On ne peut donc pas dire qu'un enfant est bête pour la seule raison qu'il a du mal à assimiler en classe. Ce qu'on peut dire, c'est qu'on ne lui a pas donné vraiment toutes les possibilités d'apprendre et qu'on ne lui a pas consacré assez d'attention et d'effort. Peutêtre auraiton dû aussi lui consacrer plus de temps qu'aux autres. Pourtant il y a des différences Au fond, l'école devrait tenir compte des différences qui existent entre les élèves, par exemple que tous les élèves ne peuvent pas apprendre à la même vitesse. Un élève qui apprend lentement peut savoir les choses aussi bien qu'un élève qui apprend vite. Mais c'est compliqué, parce qu'il y a beaucoup d'élèves par classe, parce qu'il y a tellement de choses à apprendre dans le programme, parce que le professeur n'est peutêtre pas encore un bon pédagogue. C'est ça, les vrais problèmes. Il peut y avoir d'autres différences entre les élèves. Certaines tiennent tout simplement au fait que l'école ne s'intéresse qu'à certaines catégories de choses. L'école ne représente pas tout le monde réel où vivent les hommes, loin de là ! Il n'est pas impossible que les élèves qui n'arrivent que difficilement à faire ce que demande l'école, se débrouillent très bien en dehors de l'école et aussi après la fin de leur scolarité. Personne n'est mauvais en tout. Il y a toujours certaines choses que nous faisons bien ou mieux. Quand on trouve qu'on se débrouille mieux dans le vrai monde que dans ]e monde de l'école, on perd peu à peu toute envie d'aller à l'école, et c'est tout à fait normal. Ça veut simplement dire qu'on apprend mal en classe et certainement beaucoup mieux et beaucoup plus en dehors de l'école. Qu'estce que c'est qu'un enfant « arriéré ? » II y a des enfants qui mettent si longtemps à apprendre qu'il est très difficile de s'occuper d'eux dans le cadre des classes ordinaires. C'est pourquoi on met les enfants qui sont extrêmement lents à apprendre dans des classes de rattrapage ou des établissements spéciaux. Ces enfants qui sont lents à apprendre sont ce qu'on appelle des enfants « retardés ». Les enfants dits « arriérés », c'est tout autre chose. Un « arriéré » est un enfant qui éprouve des difficultés presque insurmontables à apprendre la plupart des choses. Il y en a beaucoup parmi les enfants arriérés qui ont un cerveau un peu endommagé, ce qui rend les choses encore plus compliquées. Beaucoup d'enfants « retardés » se débrouillent très bien dans la vie, surtout si on les aide. Mais, en règle générale, les « arriérés » ne parviennent jamais à se débrouiller. On est le plus souvent obligé de les envoyer dans des maisons de santé. Sélection, élimination, discrimination Plusieurs fois, au cours de la scolarité, on sélectionne les élèves en fonction de leurs « capacités ». Ça veut dire tout simplement que les professeurs se réunissent pour décider quels sont les bons élèves, les élèves moyens, les mauvais élèves. Les bons sont autorisés à continuer leur scolarité dans l'enseignement secondaire ; on tolère quelquefois que des élèves moyens en fassent autant et encore à certaines conditions, mais la plupart du temps, on les refoule dans les C.E.G. ou l'enseignement technique ; quant aux plus mauvais élèves, on les envoie dans des centres d'apprentissage. Après le baccalauréat, pour ceux qui ont réussi à le passer, il y a encore sélection suivant les capacités, c'estàdire élimination, et ce deux ou trois fois. Tout le système de sélection sur lequel repose la scolarité des élèves ne fait, au fond, qu'éliminer, exclure, ou refouler tous les ans au niveau inférieur, un certain nombre d'élèves. Chaque année, il y a quelques élus et beaucoup de condamnés, comme si l'on voulait empêcher un grand nombre d'élèves de continuer leurs études. On prétend qu'on sélectionne les élèves en fonction de leurs capacités ou de leurs aptitudes. En fait, ce qui sert de base à la sélection, c'est ce que vous avez réussi à apprendre et ce que les profs pensent de vous. Pour vous sélectionner, on se sert soit des notes de composition ou des résultats d'examen, soit tout simplement de l'avis des professeurs. Dans tous les cas, c'est aussi arbitraire et aussi peu valable. Beaucoup de professeurs aiment cette façon de faire, car ça leur permet de se débarrasser des élèves « difficiles ». Les statistiques montrent que lorsqu'il y a sélection, ce sont presque toujours les enfants qui ont des parents aisés ou instruits qui sont autorisés à continuer leurs études secondaires ou à entrer dans l'enseignement supérieur. Ça ne veut nullement dire que les autres élèves qui sont refoulés ou exclus sont plus bêtes, mais tout simplement que renseignement et les méthodes employées à l'école favorisent nettement les enfants appartenant à certaines familles et à certains milieux sociaux. C'était peutêtre bien pire il y a cinquante ans, mais aujourd'hui c'est encore une discrimination injuste. Le renforcement de la sélection L'école ne fait appel qu'à certaines qualités. Beaucoup d'élèves ont d'autres qualités que celles utilisées par l'école, mais elles ne peuvent servir à rien ni même se développer dans le système d'enseignement actuel. On trouverait trop compliqué de changer le système et de rebâtir une école pour tous ; c'est beaucoup plus facile et beaucoup moins périlleux de mettre à l'écart les élèves qui s'entendent mal avec le système. On met dans des classes spéciales ou on refoule les élèves qui ne parviennent pas à apprendre aussi vite que les programmes l'exigent. On oblige les élèves qui ont trop souvent besoin de suppléments d'explication ou de cours, pour ne pas être en retard dans telle ou telle matière, à suivre des cours supplémentaires, après la classe, ou pendant les jours de congé ou les vacances. Toutes ces opérations de sélection, l'école ne les fait qu'après avoir d'avance éliminé tous les élèves anormaux : arriérés, aveugles, sourds, muets, infirmes, handicapés physiques, malades du cerveau sont tous envoyés dans des institutions spécialisées. De cette façon, on empêche à coup sûr les anormaux de vivre avec les normaux, et l'on empêche en même temps les élèves normaux d'apprendre à vivre au milieu et avec des gens qui sont très différents d'eux. On continuera, pendant toute la scolarité, à écarter les enfants et les adolescents qui ont un comportement anormal, les « caractériels », comme on dit. On les envoie dans des établissements d'éducation surveillée. C'est évidemment bien plus commode pour la direction de l'école et les enseignants de se débarrasser de tous ces éléments de trouble que sont les enfants qui ne sont pas comme les autres. C'est une façon de vous apprendre en même temps qu'il n'y a qu'une seule sorte de gens qui a vraiment de la valeur. Bête ou intelligent ? Si le professeur commence à distinguer dans la classe ceux qui sont bêtes et ceux qui sont intelligents, demandezlui ce qu'il entend par « intelligence ». Vous constaterez à tous les coups que pour votre prof, être intelligent, c'est bien faire les devoirs qu'il vous donne. Mais dans la vie, il y a beaucoup d'autres devoirs et surtout des devoirs beaucoup plus importants à remplir que ceux de l'école. On peut avoir une intelligence scolaire, c'estàdire réussir en classe, mais être bête dans les activités extrascolaires et qui sont le tissu de la vie quotidienne. Dire d'un élève qu'il est bête, c'est bête et ça ne veut rien dire. Les heures de liberté Les parents, les professeurs et les autres adultes s'inquiètent souvent à votre sujet. Votre comportement leur fait peur. Ils ont peur par exemple de votre façon de vous habiller ou de ne pas vous couper les cheveux, mais surtout et en général, ils ont peur de tout ce que vous faites quand ils ne vous ont pas directement sous les yeux. Ils disent que c'est de votre faute. Ils disent que ça leur ferait tellement de peine si au lieu de vous élever, vous descendiez jusqu'à devenir un bon à rien. Mais ce qu'ils veulent dire, c'est que vous vous enfoncerez, et que vous deviendrez des bons à rien, si vous décidez d'avoir une autre vie que la leur et de suivre d'autres voies que celles qu'ils ont choisies et pour eux et pour vous. Ça les rendrait malheureux que vous ne gagniez pas plus d'argent qu'eux ou tout au moins autant. Ils voudraient que vous passiez votre vie à faire ce qu'ils avaient envie de faire eux, mais qu'ils n'ont jamais réussi à faire. Il ne faut pas trop en vouloir aux parents, aux professeurs, aux adultes, c'est la société qui les a faits comme ça, et ils ont beaucoup de difficultés, sous toutes les couches de vernis que les années ont accumulées, à retrouver leur vrai visage et à redevenir eux mêmes. Ce que vous offrent les adultes Les adultes et la société vous offrent certains moyens d'occuper vos loisirs : maisons de jeunes, associations culturelles, clubs sportifs, clubs de danse, scouts, éclaireurs et autres organisations de jeunes. Mais n'oubliez pas que toujours et partout, lorsque les adultes mettent à votre disposition des moyens de loisir, c'est qu'ils entendent bien contrôler et diriger vos activités. Toujours et partout, ils se servent de ces moyens de loisir pour vous faire faire certaines choses et vous faire devenir tel qu'ils le souhaitent. Les maisons de jeunes et les associations culturelles donnent aux parents l'assurance que vous occuperez utilement et moralement vos loisirs. Les Scouts et les Eclaireurs tiennent à vous faire revêtir un uniforme. Ils ont, en gros, deux objectifs : premièrement, retarder le plus possible le moment où vous aurez des rapports avec l'autre sexe et contrôler le déroulement de ces rapports ; deuxièmement, faire de vous de « bons citoyens ». Etre un « bon citoyen », c'est être un fidèle serviteur de la société, du régime et des institutions telles qu'elles existent actuellement, c'est être capable de s'adapter à tout ce qu'imposé le pouvoir, sans trop broncher ni discuter. Les clubs sportifs veulent vous apprendre à être les plus rapides, les plus agiles, les plus forts et toujours à essayer de l'emporter sur les autres. Et puis aussi, à la fermer quand vous avez perdu. Les adultes s'assurent toujours, quand c'est eux qui organisent vos heures de loisir, qu'il y ait toujours avec vous des adultes pour que tout se passe dans ce qu'ils estiment être le a bon ordre ». Ce que vous pouvez faire par vousmêmes Vous pouvez très bien annexer à votre profit des petits coins du monde des adultes. Il suffit de vous y prendre comme il faut. Par exemple, vous pouvez obtenir l'autorisation d'utiliser les salles de classes et autres locaux scolaires, si c'est pour y mener des activités qui servent les intérêts de l'école et des élèves. Comment procéder ? Formez un groupe, genre club ou association, composé soit d'élèves appartenant à toutes les classes, soit tout simplement d'élèves de votre classe. Donnez un nom à votre groupe et indiquez brièvement ses buts, ses moyens et son fonctionnement, par exemple : Article 1 : Entre les élèves de (nom de l'école, du lycée ou de la classe), il est formé une association qui prend le nom de (indiquez le nom choisi). Article 2 : Cette association a pour but de développer l'amitié et la collaboration entre les élèves qui s'intéressent à (le cinéma, le théâtre, la musique, etc...). Article 3 : Nous nous proposons d'atteindre ce but par des rencontres une ou deux fois par semaine qui seront consacrées à des causeries, des discussions, des auditions de disques, des séances de cinéma, etc... S'il existe un conseil d'élèves, allez le trouver et demandezlui de présenter votre projet au conseil des professeurs ou à la direction. S'il n'y a pas de conseil d'élèves, adressezvous directement au conseil des professeurs ou à la direction. Si la direction repousse votre proposition, demandezlui des explications, et si cellesci ne vous paraissent pas valables, écrivez à l'inspection académique. N'oubliez pas que vous pouvez toujours vous servir de la presse. Les journaux nationaux comme les journaux régionaux s'intéressent toujours à ce qui touche la jeunesse et les écoles. Les journalistes aiment surtout parler des jeunes lorsque ceux ci se montrent dynamiques, décidés à faire quelque chose et ont des propositions concrètes à faire. Ecrivez à un journaliste pour lui exposer vos problèmes, ou bien demandezlui un rendezvous pour les lui exposer de vive voix. Si le journaliste en parle dans son journal, il y a de grandes chances pour que les choses ne restent pas au point mort. Pour obtenir des locaux L'idéal ce serait de trouver un local où vous seriez vraiment chez vous, et que vous pourriez aménager et décorer comme vous le désirez. La plupart des écoles sont trop petites pour que vous puissiez obtenir l'attribution d'un local qui vous soit exclusivement réservé. Mais dans les soussol et les caves, il y a parfois de grandes pièces vides et qui ne servent à rien (pendant la guerre, certaines servaient d'abris pendant les bombardements aériens). Demandez à tout hasard s'il n'existe pas dans les soussols des pièces vides. Il est souvent possible aux groupes de jeunes d'obtenir des locaux en s'adressant à la municipalité de la ville ou de l'arrondissement (si vous habitez Paris). Il y a souvent dans la ville ou dans l'arrondissement des bâtiments qui sont inoccupés parce qu'ils sont condamnés à une démolition future. Tâchez d'en repérer et demandez l'autorisation de les occuper jusqu'à leur démolition. Ecrivez au maire une lettre que vous appellerez « Lettre ouverte de la jeunesse à M. le Maire », et récoltez le plus de signatures possible. Faites approuver vos revendications par des adultes en leur demandant de signer votre lettre. Envoyez une copie de cette lettre à tous les membres du Conseil municipal et aussi à quelques journaux. Vous avez des droits Oui ! Vous avez des droits ! Mais comptez sur vous pour les faire respecter ! Vous avez le droit d'avoir une école qui n'opprime pas et ne réprime pas, vous avez le droit d'avoir une école qui vous permette de vous exprimer. Vous avez le droit d'avoir une école qui vous plaît et où vous êtes heureux et libres. Vous avez le droit d'avoir une école qui ne soit pas une pompe à refouler et qui au contraire assure la formation et la promotion de tous. Vous avez le droit à une école qui développe et épanouisse votre personnalité, même si celleci n'est pas conforme à ce que voudraient les adultes et n'a pas encore une place rentable dans leur monde. Vous avez droit à une école où vous puissiez apprendre à être un homme, et non un rouage ou un larbin dans le système social existant. Mais avant tout, c'est sur vous que vous devez compter pour exiger le respect de vos droits. Ça peut être long et difficile, mais à la longue ça sera payant. La sexualité et les rapports sexuels Si les garçons et les filles couchent ensemble, c'est pour de multiples raisons : — parce qu'ils sont de bons camarades et s'aiment bien et qu'ils trouvent très agréable de se parler aussi avec leur corps ; — parce que, garçons ou filles, on finit par avoir besoin d'une véritable satisfaction sexuelle que la masturbation ne suffit pas à donner ; — parce qu'ils ont besoin de tendresse et d'affection et qu'ils pensent qu'ainsi ils en obtiendront ; — parce que, dans leur groupe de camarades, il y en a qui se vantent continuellement de leurs conquêtes. Quelles que soient les raisons pour lesquelles on couche ensemble, et même si on le fait à plusieurs, ce qu'il faut savoir c'est ce que ça a toujours des conséquences pour les deux parties. On peut coucher avec une fille ou un garçon en éprouvant pour lui ou elle des sentiments très forts mais pas nécessairement. Et on peut également éprouver des sentiments très forts pour quelqu'un sans coucher nécessairement avec lui ou elle. Pour que les relations sexuelles n'aient pas de conséquences fâcheuses et inattendues, il faut avant tout que les intéressés soient honnêtes et ne se trompent pas mutuellement : ils doivent avoir le même but et rechercher la même chose. — Si tu cherches un peu de tendresse et d'affection, tu ne les trouveras pas chez quelqu'un qui ne cherche qu'une satisfaction sexuelle. — Quand on se sent obligé, pour une raison ou pour une autre, d'avoir des rapports sexuels avec quelqu'un, il est bien rare qu'on éprouve une satisfaction sexuelle. — Quand ce qu'on veut, avant tout, c'est avoir du plaisir et jouir, il est rare que ça arrive avec un garçon ou une fille qu'on a d'une façon ou une autre obligé à faire l'amour. Il y aura toujours beaucoup de gens pour vous dire que les sentiments, c'est dangereux, et les rapports sexuels affreusement dangereux, mais ces genslà, s'ils te disent ça, c'est presque toujours parce qu'ils ont euxmêmes peur et des sentiments et des rapports sexuels. Ils n'ont jamais eu l'audace d'oser... C'est pourquoi ils ne savent pas grandchose sur pas grandchose. Ayez l'audace d'oser, faites hardiment vousmêmes vos propres expériences. C'est ainsi que vous saurez et que, peutêtre, vous saurez nous apprendre. Nous donnons dans ce chapitre certains renseignements dont tu peux avoir besoin. Dans les écoles, les élèves ne sont jamais informés, ou bien ils le sont trop tard, ou bien encore ils ne sont informés que partiellement. Et quelquefois, on leur donne délibérément des informations fausses. La masturbation L'organe génital, le sexe, d'un garçon, c'est ce que vous appelez, entre vous, queue, quéquette, zizi, zob, etc... L'organe génital, le sexe, d'une fille, c'est ce que vous appelez, entre vous, con, chatte, etc... Il y a beaucoup d'adultes qui trouvent que ces mots sont vulgaires et très grossiers et qui préfèrent employer des mots savants pour désigner ces choses : ils ne disent jamais queue, mais « pénis » ou « verge », ils ne disent jamais con, mais « vagin ». Quand les garçons se caressent la queue, ils se sentent vite très bien, et ils ne tardent pas à éprouver un grand plaisir, qu'en termes savants on appelle orgasme. S'ils sont assez grands, ils déchargent en éprouvant du plaisir, c'estàdire que leur pénis émet du sperme. Quand les filles se caressent le sexe, surtout dans la partie supérieure, elles aussi éprouvent du plaisir et ont un orgasme. Faire ça, pour un garçon ou pour une fille, ça s'appelle se masturber ou se branler. Il y a des filles et, quelquefois mais rarement, des garçons qui ne se masturbent pas. Ce ne sont pas des anormaux ; ils sont même peutêtre aussi normaux que ceux qui le font. Il y a des garçons et des filles qui se branlent plusieurs fois par jour, d'autres seulement plusieurs fois par semaine et d'autres plus rarement encore. Les adultes, les grandes personnes, c'est àdire tes parents, tes professeurs le font aussi. Il y a des gens qui te diront que c'est très dangereux de se masturber. Ce n'est pas vrai. D'autres t'expliqueront qu'il ne faut pas exagérer. Ce n'est pas vrai, pour la bonne raison qu'on ne peut pas exagérer ! Demandeleur combien de fois, à leur avis, on peut se masturber par jour ou par semaine. Ça m'étonnerait fort qu'ils te répondent. Caresses et coïts Quand un garçon introduit sa queue qui bande (c'estàdire qu'elle est grosse et dure) dans le sexe d'une fille, on appelle ça, scientifiquement, avoir un « coït », et plus simplement coucher ensemble, même s'il n'y a pas de lit dans les environs. Il y a diverses expressions pour désigner le coït : faire l'amour, baiser, niquer, etc... Mais il n'est pas nécessaire qu'un garçon et une fille aient un coït pour se sentir bien et éprouver du plaisir. S'ils n'osent pas faire l'amour — par peur d'avoir un enfant, par exemple — ils peuvent se sentir très bien et éprouver autant de plaisir en se caressant mutuellement. Le garçon et la fille peuvent se caresser l'un l'autre aux endroits sensibles, et comme il faut le faire. Il est rare que tous les gens aiment être caressés aux mêmes endroits. C'est pourquoi il faut que le garçon et la fille en parlent ensemble et se disent quand les caresses de l'autre sont vraiment très agréables. Les garçons éprouvent plus facilement du plaisir. Il suffit que la fille caresse leur sexe. Pour les filles, c'est un peu plus compliqué. L'endroit le plus sensible chez elles, c'est une sorte de petit bouton, qu'on appelle « le clitoris » et qui se trouve en haut des lèvres du vagin, là où les poils s'arrêtent. Si le garçon sait trouver ce petit bouton et le caresser sans brutalité et même avec beaucoup de douceur, la fille finira très probablement par éprouver du plaisir. Mais ça peut demander assez longtemps, et le temps que ça demande peut varier d'une fois à l'autre. Il y a beaucoup d'endroits du corps où les garçons comme les filles sont extrêmement sensibles aux caresses : les seins, le cou, la nuque, les lobes des oreilles, l'intérieur des cuisses et, bien sûr, les organes génitaux et toutes les régions voisines. On peut caresser avec les mains, les doigts, les lèvres, la langue. Les moyens pour ne pas faire d'enfants à tort et à travers Quand un garçon et une fille couchent ensemble, ça peut arriver qu'ils fassent un enfant. Pour éviter ça, il y a des précautions à prendre. Pour les garçons, il n'y a pratiquement, pour le moment, qu'un seul moyen, c'est d'utiliser un préservatif, ou, comme on dit ordinairement, une « capote anglaise ». Un préservatif, c'est un peu comme un gros doigt de gant en caoutchouc fin et transparent que les garçons se mettent sur le sexe, quand ils bandent, avant de faire l'amour. On en trouve dans toutes les pharmacies, et sans ordonnance. Pour en acheter, vous demandez tout simplement au vendeur ou à la vendeuse : une boîte de préservatifs, s'il vous plaît ! Demandez toujours la meilleure qualité. Un bon préservatif doit toujours avoir été éprouvé à l'air comprimé. Les filles, elles, ont plusieurs moyens. Elles peuvent mettre un pessaire ou se faire poser un stérilet, ou prendre la pilule. Pour avoir des pilules, les filles doivent aller voir un médecin. Pour prescrire une pilule, le médecin doit avoir certains renseignements sur le cycle menstruel de la fille, c'estàdire sur le nombre de jours qui séparent ordinairement deux saignements. Attention ! Si le médecin vous pose des questions sur des sujets ne le regardant pas ou bien entreprend de vous faire la morale, diteslui au revoir et allez en voir un autre. Un pessaire est un petit disque de caoutchouc dont les bords sont renflés. Le mode d'emploi indique comment il faut le placer, mais un docteur ou une amie peuvent aussi t'expliquer concrètement et pratiquement comment faire. Tous les pessaires n'ont pas la même taille, il faut trouver celle qui te convient. C'est au médecin de prendre tes mesures : il le fera en essayant sur toi des anneaux de caoutchouc de différents diamètres. Il y a des filles qui ne trouvent pas ça très agréable, mais en tout cas, ça ne fait aucun mal. Chez les filles qui n'ont encore jamais fait l'amour, il y a une petite membrane à l'entrée du vagin qu'on appelle « l'hymen» et qui est le symbole de la virginité. Pour mettre un pessaire, il faut que l'hymen ait été déchiré. C'est ce qui se passe la première fois qu'une fille fait l'amour. Un médecin peut aussi déchirer l'hymen, on peut le percer soi même avec un ou deux doigts bien propres. Le gynécologue pour t'examiner sera obligé de faire sauter cette fragile membrane. Ça saigne un peu, mais ça ne fait pas très mal, si c'est fait avec douceur et prudence. Il faut mettre le pessaire avant de faire l'amour, ou plutôt chaque fois qu'on pense qu'il n'est pas impossible qu'on fasse l'amour. Il ne faut pas oublier d'enduire le pessaire d'une crème spéciale qui tue les spermatazoïdes. Si le docteur a fait une ordonnance pour le pessaire, il a certainement prescrit en même temps une crème spermicide. Ça vaut le coup de faire tous ces préparatifs, même si en définitive, ce soirlà, tu ne fais pas l'amour. Le stérilet, c'est beaucoup plus petit que le pessaire, et ça se place plus loin et plus profondément. On ne peut ni le sentir ni le voir. Beaucoup de médecins préfèrent encore ne donner un stérilet qu'aux filles et aux femmes qui ont déjà été enceintes une fois. A la différence du pessaire, le stérilet ne s'enlève pas, il est placé une fois pour toutes. Si tu veux avoir un enfant, il faut que tu ailles demander à ton toubib de te l'enlever. Le stérilet est plus pratique que le pessaire parce qu'on n'a jamais aucun « préparatif » à faire. La pilule se prend tous les jours sauf pendant la période des règles. Il y a des filles qui supportent mal certaines marques de pilule. Mais il y a beaucoup de marques et donc beaucoup de choix. Certains médecins se refusent à donner la pilule aux filles très jeunes. De toute façon, pour prendre la pilule, il faut être réglée depuis un an au moins. Mais les autres moyens sont heureusement presque aussi efficaces. Si le garçon met un préservatif et la fille un pessaire, il n'y a pratiquement aucun risque. Ce serait une très bonne chose que les filles apportent ellesmêmes des préservatifs. Les garçons sont souvent trop timides pour en acheter. Il n'y a pourtant pas de quoi être timide. Dans d'autres pays d'Europe, les préservatifs, ça s'achète comme du chewinggum, dans des distributeurs automatiques qu'on trouve partout, dans le métro, dans les gares, dans les stations services. On ne voit vraiment pas pourquoi, en France ou en Suisse, ça ne serait pas pareil ! Quoi qu'il en soit, quand vous achetez des capotes anglaises, demandez toujours la meilleure qualité. Il ne faut pas hésiter à demander au partenaire, avant de faire l'amour, quel moyen préventif il ou elle emploie. Quand on n'a pas la peur de faire un enfant et de devenir enceinte, on a de bien plus grandes chances de faire l'amour très agréablement. Pollutions et règles Les garçons ont parfois des orgasmes — c'estàdire qu'ils jouissent et qu'ils déchargent — en dormant, pendant la nuit. On appelle ça des pollutions nocturnes. C'est tout à fait normal. Quand les filles grandissent, elles deviennent « réglées » : elles perdent du sang par leur sexe une fois par mois environ. Certaines filles sont réglées assez jeunes, d'autres plusieurs années après. Les unes et les autres sont aussi normales. Quand les filles ont leurs règles, elles doivent pour étancher le sang employer des serviettes hygiéniques ou mettre des tampons (Tampax, Obé, etc...) ; les tampons sont des petits cylindres de ouate comprimée qu'on glisse à l'intérieur du vagin. Demande à ta mère, elle te conseillera et t'aidera. C'est très simple. Autrement, parle avec tes amies. Les obsédés et les sadiques On lit parfois dans les journaux qu'un obsédé sexuel, un sadique, presque toujours un homme, a agressé sexuellement un enfant. On disait et on répète encore souvent que ces obsédés sexuels sont dangereux. C'est très rarement le cas. Ce ne sont pas tellement des criminels sexuels, que des hommes qui ont par trop manqué d'amour, l'amour qu'on donne et celui qu'on reçoit. Si le journal écrit que cet individu a eu un comportement obscène, ça veut probablement dire qu'il a ouvert sa braguette et sorti sa queue. Si le journal écrit que son comportement était très obscène et très indigne (attentat à la pudeur ou outrage aux mœurs), ça veut peutêtre dire qu'il s'est branlé devant l'enfant, qu'il a exigé qu'il lui touche la queue, ou de toucher les organes génitaux du garçon ou de la fille. Il arrive parfois que ça se termine par des coups, le viol et le meurtre. Mais c'est extrêmement rare et c'est en général parce que l'homme a brusquement eu peur. Si tu rencontres un de ces adultes qui s'intéressent trop aux enfants, il faut immédiatement prévenir tes camarades, tes parents, tes professeurs. La pornographie : livres, revues, photos Les livres, revues, photos qui sont uniquement destinées à exciter sensuellement et sexuellement les gens, ça s'appelle de la pornographie. La pornographie n'est autorisée et vendue librement que dans de rares pays, au Danemark par exemple. Presque partout ailleurs elle est interdite. La pornographie sert à différentes choses. Beaucoup l'achètent par curiosité. D'autres la lisent ou la regardent tout en se masturbant. Quelquefois, des couples mariés s'en servent pour s'exciter, surtout si l'homme n'est pas très «puissant», c'està dire a quelque difficulté à bander aussi longtemps ou aussi souvent qu'il le voudrait ; quelquefois aussi il y a des couples qui s'inspirent des descriptions ou des photos pour faire l'amour d'une façon plus originale. Sur les photos pornographiques, on voit le plus souvent des gens tout nus, surtout des filles, et des hommes et des femmes en train de se caresser. Il y a aussi des scènes d'un autre genre, par exemple des hommes ou des femmes faisant l'amour avec des animaux, ou se fouettant ou se faisant mal les uns les autres. La pornographie traite toujours des mêmes sujets. La pornographie, c'est toujours pareil. Les envies sexuelles des gens sont très différentes. On peut avoir un certain plaisir à voir ou à lire des choses qu'on n'aurait pas du tout envie de faire. Il ne faut pas ignorer aussi qu'il y a des désirs sexuels qui sont dangereux pour les autres et que la pornographie peut satisfaire de façon très inoffensive. Ce qui est indiscutable, c'est qu'au Danemark le nombre des crimes sexuels a considérablement diminué depuis que la pornographie y est légalement en vente libre. La pornographie, littéraire ou photographique, donne presque toujours une image fausse de la réalité. Les hommes qui peuvent faire l'amour pendant des heures et des heures, et jouir plusieurs fois en très peu de temps, ça n'existe pas ! Les filles qui ont toujours envie de faire l'amour et de n'importe quelle façon, ça n'existe pas ! La pornographie, c'est amusant et inoffensif si on ne la prend pas au sérieux et si on ne croit pas que ce qu'elle montre ressemble à ce qu'il se passe dans la vraie vie. Si vous vous mettiez à le croire, vous seriez vachement déçus ensuite ! Pourtant, la pornographie, ça peut quelquefois donner de bonnes idées pour faire l'amour ; ça peut donner l'envie d essayer de faire quelque chose à quoi on n'avait encore jamais pensé. L'homosexualité Tous les gens sont différents, y compris sur le plan sexuel. Depuis très longtemps, on a divisé les gens en deux catégories : 1. ceux qui la plupart du temps désirent sexuellement les gens de l'autre sexe ; 2. ceux qui la plupart du temps désirent sexuellement des gens du même sexe qu'eux, et qu'on appelle des « homosexuels ». On estime que 5 % des hommes, soit un sur vingt, sont homosexuels. Chez les femmes, la proportion est peutêtre plus faible. Mais la proportion des gens qui ont eu une ou plusieurs expériences homosexuelles est beaucoup plus élevée. Les homosexuels se caressent et s'aiment physiquement de la même façon que les autres, mais naturellement ils ne peuvent avoir tout à fait le même genre de coït. Leur amour et leurs sentiments sont aussi vrais et naturels que ceux des autres. Il y en a beaucoup parmi eux à qui on fait des tas d'ennuis. C'est parce que la morale et la culture d'origine chrétienne considèrent les homosexuels comme des malades, des anormaux et même comme des criminels. Il existe d'autres cultures et d'autres morales pour lesquelles l'homosexualité est aussi normale et aussi estimable que n'importe quelle autre sexualité. Dans certains pays, il existe des organisations qui luttent pour faire reconnaître les droits des homosexuels. Beaucoup d'homosexuels vivent ensemble comme des couples. On ne voit d'ailleurs pas pourquoi une famille ça devrait nécessairement reposer sur le mariage entre un homme et une femme. Pourquoi estce qu'il n'y aurait pas des mariages de groupe, des grandes familles, des communautés, etc. Mais la loi ne reconnaît pour le moment qu'une forme de famille. Normal et anormal C'est normal de ne pas être comme les autres, puisque nous sommes tous différents. Quand les gens se servent du mot « anormal », c'est pour signifier des choses très diverses. C'est «anormal», si ça n'est pas conforme à certaines règles précises (les commandements d'une religion ou le règlement de l'école) ; c'est « anormal » aussi, si ça va à l'encontre de certaines conceptions traditionnelles (souvent très anciennes) ou si ça contredit ce que les gens pensent être la vérité et le bien, d'un côté, l'erreur et le mal de l'autre. Mais peutêtre que ce sont les commandements, la discipline, les conceptions traditionnelles qui ne sont pas «normaux». Peutêtre aussi les gens emploientils le mot « anormal » simplement parce qu'ils sentent que quelque chose les menace et qu'ils ont peur. Le mot « anormal » est un mot très dangereux. Il sert souvent d'excuses à certaines personnes pour condamner et humilier les autres. On abuse très souvent de ce mot sur le plan sexuel. On ne considère pas comme anormaux ceux qui ont les cheveux roux, qui collectionnent des timbres ou qui jouent de la cornemuse. Alors pourquoi seraientils anorrnaux ceux qui sont amoureux des gens de leur sexe, qui aiment pour faire l'amour se mettre dans des positions marrantes ou excentriques, ou ceux et celles qui préfèrent être caressés d'une autre façon que la plupart des gens. Ce qu'on aime pour soi et qui ne fait de mal à personne, c'est complètement idiot de dire que c'est anormal, surtout si l'on sousentend par là que ça ne devrait pas exister. Si l'on est mal à l'aise dans sa peau, si on a du mal à s'accepter tel qu'on est, c'est bien souvent à cause de l'intolérance des autres. C'est peutêtre aussi parce qu'on s'imagine qu'on est le seul à être comme ça et donc qu'on est bizarre. Ça peut rendre très grand service, dans ces caslà, de savoir qu'il y en a beaucoup d'autres qui sont aussi « comme ça ». Il y en a toujours beaucoup d'autres, sois en certain. Tâchez d'en savoir plus Si vous voulez en savoir plus, demandez aux adultes (mais ne croyez surtout pas tout ce qu'ils vous racontent). Il y en a beaucoup parmi eux qui ont peur de parler de tout ce qui concerne la sexualité, et il y en a aussi beaucoup qui ne savent pas grandchose, théoriquement ou pratiquement, sur le sujet. Consultez des livres. Mais attention, il y a énormément de mauvais livres sur l'amour et les rapports sexuels, des livres qui disent des sottises, qui mentent ou qui colportent tout un tas de superstitions. Les mauvais livres sont aussi ceux qui essaient de t'expliquer ce qu'il faut que tu ressentes. Il n'y a pas en France un seul bon livre sur les rapports sexuels. Quand ils ne sont pas moralisants, ils sont hypocrites ou malsains. L'avortement Si l'on prend les précautions voulues (voir le précédent chapitre), il n'y a pratiquement aucun risque de devenir enceinte. Une grossesse ne peut être due qu'à l'ignorance ou la négligence : ou bien vous ne saviez pas quels moyens prendre, ou bien vous ne vous en êtes pas servi. En règle générale, on s'aperçoit qu'on est enceinte parce qu'on cesse d'avoir ses règles. Mais ce n'est pas toujours une preuve suffisante. Certaines femmes peuvent avoir une ou deux fois leurs règles et être pourtant enceintes ; d'autres peuvent ne pas avoir de règles et n'être pas enceintes. C'est ce qui se produit parfois quand une fille a très peur d'être enceinte. Si tu crois que tu es enceinte — et ce quel que soit ton âge — il faut aller te faire examiner chez un médecin, un gynécologue de préférence. Tout médecin peut et doit t'examiner. Il est tenu par le secret professionnel et ne peut en parler à personne, même pas à tes parents. Un bébé a le droit de vivre et d'être élevé dans de bonnes conditions. Si tu es très jeune, si tu ne gagnes pas ta vie, si tu n'as pas encore de métier, tu imposeras inévitablement à ton enfant des conditions de vie pénibles qui pourraient le marquer pour toujours. C'est normal de succomber à la panique quand on se rend compte qu'on est enceinte. Mais enfin, il faut savoir que ce n'est pas irrémédiable. Retrouve ton sangfroid et distoi bien qu'il est très possible de sortir de ce mauvais pas. L'avortement légal et illégal Si tu en arrives à la conclusion que ce serait vraiment dommage pour l'enfant de naître, tu peux faire interrompre ta grossesse, autrement dit provoquer un avortement. C'est une petite opération qui n'est pas toujours très agréable, mais qui n'est ni compliquée ni dangereuse lorsqu'elle est effectuée par des personnes compétentes. Il y a deux sortes d'avortement, l'avortement légal et l'avortement illégal. La France qui, dans ce domaine au moins, est très retardataire, ne laisse pas aux femmes le droit de décider si elles veulent ou non avoir un enfant. C'est dire qu'en France l'avortement n'est pour ainsi dire jamais légal. Dans plusieurs autres pays, on laisse à la fille le droit d'interrompre sa grossesse. C'est ce qu'on appelle « l'avortement libre ». Nous l'aurons certainement un jour, en France, mais ça n'est pas pour demain. Là où l'avortement n'est pas légal, il ne reste qu'une solution, l'avortement illégal et clandestin. Il y a, en France, plus d'un million d'avortements illégaux par an. Beaucoup de gens font des avortements illégaux, mais il y en a aussi beaucoup parmi eux qui n'ont pas les connaissances nécessaires pour le faire ou bien qui ne travaillent pas dans des conditions d'hygiène souhaitables. Ça peut très bien se passer, mais les risques de complications et d'infection sont nettement plus grands. Quand un ami ou quelqu'un vous a donné une adresse, ne chantez pas victoire et restez très prudentes. Le mieux, c'est de faire faire ça par un docteur. Il V a quelques toubibs qui acceptent d'aider les jeunes filles enceintes, mais c'est très dangereux pour eux : l'avortement étant illégal est donc interdit, ils risquent d'aller en prison et de ne plus pouvoir exercer leur métier. S'il t'arrive de rencontrer un de ces toubibs, sois prudente et discrète, ne dis rien et ne fais rien qui puisse lui nuire ou le mettre en danger. Il y a aussi des cliniques où l'on peut se faire faire des avortements illégaux et sans la moindre difficulté, mais ça coûte très cher, deux ou trois mille francs (nouveaux). En France, c'est comme ça, si on est riche, on peut se faire avorter illégalement comme on veut, et même sans changer de quartier : les cliniques d'avortement se trouvent presque toujours dans les quartiers riches. En Suisse, l'avortement est autorisé à condition qu'un « expert » soit d'accord de dire, en plus du gynécologue, que c'est nécessaire pour votre santé physique ou psychique. Cet expert peut être par exemple un psychiatre : il y a des chances pour qu'il comprenne vos raisons mieux que quelqu'un d'autre. Même légalement, sachez cependant qu'il vous faudra quelques centaines de francs. La plupart des parents essaieront de vous aider si vous êtes malencontreusement enceinte. Ça ne sera pas tellement pour l'enfant, mais pour vous et surtout pour eux : ils ont peur d'être déshonorés socialement et de se faire payer leur tête, s'ils ont pour fille une fillemère. Si après un avortement illégal, tu as le moindre ennui, si par exemple tu commences à perdre du sang, à te sentir mal, il faut immédiatement que tu ailles voir un médecin. Racontelui ce qui s'est passé, mais sans lui dire qui t'a aidée. N'oublie pas que le médecin est tenu de respecter le secret professionnel et qu'il est également obligé de te soigner ou de te faire hospitaliser sans jamais trahir ce secret professionnel. Il y a souvent des filles, surtout en province ou à la campagne, qui sont tellement désespérées, qu'elles essaient de se faire avorter ellesmêmes. Et l'on raconte des tas d'histoires sur les façons de se faire avorter soimême. Ne crois pas ces histoires, elles pourraient être mortelles. Ce qu'il te faut savoir très précisément, c'est comment les médecins s'y prennent. Les différentes sortes d'avortement Sur le plan médical, il y a deux sortes d'avortement : ceux qui se produisent dans les douze premières semaines après la disparition des règles, soit dans les trois premiers mois de la grossesse, et ceux qui se produisent entre la douzième et la dix septième semaine, soit dans le quatrième mois de la grossesse. Après le troisième mois, un avortement, c'est beaucoup plus compliqué ; après le quatrième mois, c'est presque aussi compliqué qu'un accouchement. C'est pourquoi il est très important que tu ne te laisses abuser par les conseils trompeurs des médecins ou des adultes qui te diront de ne pas te presser et de bien réfléchir avant de prendre ta décision, à seule fin de la retarder et de rendre les choses impossibles. Sur le plan social, que ce soit avant ou après la douzième semaine, tout dépend de l'argent dont tu peux disposer. Si tu as beaucoup d'argent et quelques relations, tu pourras entrer dans une clinique où l'on te fera un curetage. C'est une petite opération qui consiste à enlever le petit embryon de l'utérus. Ça ne dure pas longtemps et comme tu es endormie, tu ne sens rien. Tu sors de la clinique un ou deux jours après. Si tu as peu d'argent ou pas du tout, il faut que tu trouves quelqu'un, une infirmière, une sagefemme, un médecin compréhensif, qui accepte de te poser une sonde. Une sonde est un petit tuyau de caoutchouc qu'on glisse dans l'utérus et qui finit par tuer l'embryon. Ça peut demander quelques heures ou quelques jours. Dès que tu saignes, il faut aller voir un gynécologue qui t'enverra presque toujours dans un hôpital ou une clinique pour y avoir un curetage. Et tous les frais seront remboursés par la sécurité sociale. N'essaie jamais de te poser toimême une sonde. C'est trop dangereux. Ça pourrait être mortel. Pour avoir des renseignements Si tu veux avoir des renseignements plus détaillés et plus complets, si tu veux être conseillée sur les moyens contraceptifs (pessaire, stérilet, pilule), si tu as des ennuis, écris ou téléphone au « Mouvement pour le Planning Familial», 2, rue Colonnes, Paris 2e, téléphone : 7420264. C'est une association qui a des succursales dans toutes les grandes villes de province. Ou bien ils te diront de venir les voir, ou bien ils te diront à qui t'adresser. Stimulants, poisons enivrants, stupéfiants et autres drogues Toutes ces drogues sont des produits nocifs, mais qui peuvent provoquer des sensations agréables. Si on en use, c'est parce qu'on a tendance à négliger leur danger durable pour ne retenir que le plaisir passager qu'elles procurent. Les drogues peuvent avoir deux sortes d'effets nocifs. Il y a tout d'abord l'effet produit directement par la drogue sur notre organisme. Il y a ensuite l'accoutumance à la drogue : on devient un intoxiqué qui a absolument besoin de drogue. Dans l'organisme, les drogues agissent principalement sur la circulation sanguine, le système nerveux, les muscles. Leur action est très rapide. Elles peuvent avoir à la longue d'autres effets physiques néfastes sur les veines, le cerveau, le cœur, les poumons, etc. Exemples : Stimulants . . . Café Thé Tabac Poisons enivrants Alcool Haschisch Produits psychédéliques LSD Mescaline Drogues (calmants) . . . Restenil Valium Librium Somnifères (excitants) Amphétamines (stupéfiants) Opium Héroïne Morphine Cocaïne, et leurs dérivés Poisons techniques Des dissolvants pour laque, colle et graisse. Alcool à brûler et autres liquides inflammables. Tous les hommes de science ne sont pas d'accord avec cette classification. Il y en a qui considèrent le Restenil, le Valium, le Librium et les somnifères comme des drogues, d'autres estiment que le haschisch devrait être rangé parmi les produits psychédéliques ou stupéfiants. Certains estiment que l'alcool est une véritable drogue. Accoutumance et dépendance La plupart des stimulants engendrent l'accoutumance et la dépendance, c'estàdire qu'au bout d'un certain temps, on s'aperçoit qu'on est obligé d'en prendre. Si l'on devient dépendant d'une drogue, c'est parce qu'on pense qu'avec cette drogue, il sera plus facile de résoudre nos problèmes ; et comme les problèmes ne disparaissent pas, on continue à en prendre. Une drogue, ça permnet à quelqu'un de supporter plus facilement une vie intolérable. Certains symptômes de désaccoutumance peuvent apparaître, par exemple une dépression (abrutissement, passivité, désespoir profond), ne seraitce que parce les problèmes ne sont toujours pas résolus et qu'ils deviennent avec le temps plus lourds et plus graves. Autre forme de dépendance à l'égard de la drogue, il faut toujours en prendre davantage pour obtenir le même effet, parce que le corps « s'habitue » au produit. Quand on en a pris pendant longtemps, il est impossible de s'arrêter brusquement sans devenir malade ou même s'écrouler. Il peut aussi y avoir une accoutumance sociale. Mais elle est beaucoup moins dangereuse que la véritable dépendance. Nous faisons un grand nombre de choses simplement par habitude sociale. On fait comme les autres, et eux aussi. On renforce mutuellement nos façons d'agir qui deviennent alors de vraies habitudes. Les habitudes en ellesmêmes ne sont nullement dangereuses. Elles ne le deviennent que lorsque ce dont on ne peut plus se passer, c'est une substance toxique, un poison. Le tabac II existe des cigarettes, des cigares, des cigarillos. La façon la plus économique de fumer, c'est de rouler ses cigarettes ou de fumer la pipe. Le tabac contient une substance très toxique qui s'appelle « nicotine. » C'est quatre minutes après la première bouffée que la concentration de nicotine dans le cerveau atteint son maximum. La nicotine ne se diffuse dans le reste du corps qu'une demiheure plus tard. La nicotine agit sur le système nerveux, sur le cœur et sur la digestion. Très rapidement, la nicotine a pour effet de reserrer les veines. Cette contraction réduit l'afflux du sang aux différents organes et notamment au cerveau. Ils reçoivent en conséquence une plus faible quantité d'oxygène et des autres produits que contient le sang, et fonctionnent donc moins bien. La fumée de cigarette contient beaucoup d'oxyde de carbone qui est une sorte d'air très toxique. Aspiré par tes poumons, il passe dans le sang : c'est autant d'oxygène en moins pour le sang. Tous nos organes ont besoin d'oxygène, mais dès qu'on fume ils en reçoivent moins et reçoivent en échange l'oxyde de carbone qui les détériore. Ce qui veut dire, entre autres, que certaines cellules du cerveau seront détruites. Nous avons certes un nombre considérable de cellules dans le cerveau, mais celles qui ont été détruites le sont pour toujours. Et la nicotine empêche aussi la formation de nouvelles cellules. La furnée du tabac, surtout celle des cigarettes, contient d'autres substances très dangereuses. Certaines peuvent provoquer un cancer du poumon. Les risques de cancer du poumon augmentent considérablement quand on fume beaucoup : ils se multiplient par quatre environ si tu fumes 18 à 20 cigarettes par jour. Un cancer de poumon, ça peut se guérir, si on le découvre à temps. On t'enlève le poumon qui est malade. Nous avons deux poumons. Quand on fume énormément (30 à 40 cigarettes par jour), on risque un empoisonnement par la nicotine, qui se manifeste par de la pâleur, des maux de tête, des nausées et des vomissements. Quand on fume énormément et pendant longtemps on risque un empoisonnement chronique. L'empoisonnement chronique par la nicotine se manifeste ainsi : on devient nerveux et agité, on devient instable, on a du mal à s'endormir, on a des maux de tête et peutêtre même des vertiges, on perd l'appétit, on digère mal, on a des battements de cœur, on tousse et on a mal à la gorge. Il y en a qui disent que fumer une cigarette, ça met en forme et ça stimule. Ce n'est pas vrai, même si on en a parfois l'impression. Le tabac ne peut avoir pour effet que de calmer le fumeur et de ralentir le fonctionnement de son organisme. Le tabac engendre essentiellement une accoutumance sociale. Ceux qui ont l'habitude de fumer beaucoup éprouvent de grandes difficultés à s'arrêter, même s'ils savent que c'est dangereux. Il y a des impôts énormes sur le tabac, qui rapportent chaque année à l'Etat des dizaines de millions. Si vous trouvez que vous ne pouvez absolument pas vous passer de fumer, sachez qu'il est moins dangereux de fumer la pipe ou le cigare que les cigarettes. Si malgré tout, tu fumes des cigarettes, prends la précaution de faire avec une aiguille très fine des petits trous tout autour du futur mégot : la fumée que tu absorberas sera ainsi plus riche en oxygène. En fumant lentement, on absorbe beaucoup moins de nicotine qu'en fumant vite : 4 % si tu fumes lentement, 30 % si tu fumes moyennement vite, et de 40 à 50 % si tu fumes très vite. L'alcool L'alcool qu'on boit, c'est à peu près la même chose que l'alcool à brûler. En France, il existe un très grand nombre de boissons alcoolisées. Suivant le degré d'alcool, on peut classer ces boissons en cinq grandes catégories : 1. les bières ordinaires, très peu alcoolisées : 34° ; 2. les bières fortes qui font 67° d'alcool ; 3. les vins (rouge, blanc, rosé) qui vont de 10 à 13° ; 4. les apéritifs et les vins cuits (porto, madère, martini, pastis, etc.) qui vont de 18 à 20° et quelquefois plus ; 5. les alcools forts (cognac, whisky, vodka, gin, eau de vie, etc.) dont le degré d'alcool est très élevé : 4050° et quelquefois plus. Beaucoup d'adultes prennent quotidiennement des quantités considérables d'alcool. Ses effets Une petite quantité d'alcool diminue notablement la sensibilité de nos cinq sens. Le contrôle musculaire se relâche, le temps de On constate également un appauvrissement de l'imagination, de la créativité et du sens critique. Si l'on absorbe rapidement une grande quantité d'alcool, par exemple si l'on boit d'un seul coup une demibouteille d'alcool fort, l'empoisonnement peut être assez violent pour provoquer immédiatement la mort. S'il y a des adultes qui peuvent accomplir cet exploit stupide sans risquer la mort, c'est tout simplement parce qu'ils boivent beaucoup et depuis longtemps et parce que leur organisme est accoutumé à l'alcool. L'alcool engendre une accoutumance psychologique. Si l'on parvient à limiter sa consommation d'alcool, l'accoutumance psychologique et sociale n'est pas extrêmement dangereuse. Mais si la consommation quotidienne d'alcool est grande et grandit sans cesse, les conséquences peuvent être très graves, pour la famille par exemple, si le mari ou la femme dépensent tout ce qu'ils gagnent en alcool, et sur le plan professionnel aussi, si l'on est trop saoul pour faire son travail. La dépendance physique à l'égard de l'alcool est très dangereuse, si la consommation est grande, et c'est souvent le cas quand on n'est pas très résistant. La désintoxication est difficile et très pénible. Quand on supprime son alcool à un alcoolique, il arrive souvent qu'il se mette à délirer : il a des hallucinations très fortes, voit des chauvessouris qui volent, des animaux fabuleux, entend des cris horribles, il est comme terrorisé et souffre dans son corps. Ces délires ne se produisent que chez les alcooliques habitués aux alcools forts ; chez les gros buveurs de vin et de bière, la désintoxication est moins douloureuse et moins spectaculaire, mais elle est loin d'être agréable. Pour se désintoxiquer, il faut aller suivre une cure dans une clinique ou dans un hôpital. Il y a sur l'alcool des impôts très élevés qui rapportent chaque année des dizaines de millions à l'Etat. Se saouler, qu'estce que c'est ? Si on ne boit qu'un peu — deux à quatre verres on n'a qu'une ivresse très légère, qui est en règle générale un état agréable. On se sent en forme et plus léger, on perd certaines inhibitions habituelles, par exemple, on perd sa timidité et on ose davantage dire et faire ce qu'on a envie de faire. Une ivresse légère peut dégeler l'atmosphère d'une réunion et rendre la conversation plus intéressante. Si on continue de boire — ce qu'on fait souvent quand on est légèrement ivre, précisément parce qu'on ne pense plus très clairement — on devient assez vite ivre : on se contrôle de moins en moins, on parle avec difficulté, on voit trouble et même quelquefois double. On élève la voix, certains deviennent agressifs et mauvais, on perd toute retenue au point de faire ou dire des choses qu'on regrettera lourdement le lendemain. Si on continue encore à boire — ce qu'on fait souvent parce qu'une fois ivre, on n'a plus assez de tête pour décider quelque chose — on devient complètement saoul, c'estàdire qu'on est victime d'un véritable empoisonnement par l'alcool. On titube, on perd le sens de l'équilibre, on ne sait plus du tout ce qu'on dit. On a parfois des vomissements violents. On ne sait plus ce qu'on fait et il arrive souvent qu'on ait une perte de mémoire et donc que le lendemain on ne se souvienne absolument pas de ce qui s'est passé pendant qu'on était saoul. La gueule de bois et le mal aux cheveux L'ivresse légère n'est en général suivie d'aucun effet. Mais si on a beaucoup et trop bu, on peut se réveiller le lendemain matin avec un affreux mal de tête. Souvent aussi, on a mal au cœur et on vomit. On appelle ça avoir a gueule de bois et avoir mal aux cheveux. Contre la gueule de bois et le mal aux cheveux, il n'y a pas grandchose à faire, sauf attendre que ça se passe. Se passer la tête sous l'eau fraîche, respirer de l'air frais, faire un peu de marche à pied, ça soulage momentanément, et encore pas tellement. Tous les gens qui boivent, et ils sont très nombreux, voudront tous vous expliquer comment faire passer votre migraine. Mais ditesvous bien que rien n'est vraiment efficace. Vous pouvez bien sûr prendre des comprimés ou des pilules pour atténuer la douleur. Mais attention ! Certains produits calmants ou anti douleur peuvent être dangereux quand on a de l'alcool dans le corps. Le mieux encore, c'est de prévoir que le lendemain on aura mal aux cheveux. L'alcool a, entre autres, pour effet de dessécher le corps. Tout l'organisme va inévitablement manquer d'eau, et le cerveau aussi, et c'est cela qui est douloureux. Pour avoir moins mal aux cheveux le lendemain, il faut avant de se coucher boire deux ou trois grands verres d'eau pour compenser le dessèchement. Ce serait plus efficace de prendre en même temps une petite cuillère de sel, car le sel empêche le corps d'éliminer l'eau. Autre possibilité d'échapper à la gueule de bois, ne pas boire trop en trop peu de temps. Il faut environ une heure et quart pour que l'organisme ne souffre plus des effets d'une boisson. Si pendant six heures, on a bu vingt verres, il faut environ vingt heures après le dernier verre pour se sentir guéri. Si pendant le même temps, on n'a bu que dix boissons, il ne faut guère plus de six heures. Le haschisch Le haschisch et la marijuana sont des substances qu'on extrait d'une plante qui s'appelle cannabis ou chanvre indien. Le chanvre est très connu et depuis fort longtemps en Orient, au Moyen Orient et en Afrique du Nord. On le présente soit sous l'aspect d'un tabac finement coupé et de couleur verdâtre (marijuana), soit en petites boules dures de diverses couleurs, mais en général brunâtres (haschisch). Il faut chauffer les boules de haschisch pour les réduire en poudre. La poudre de haschisch peut se mélanger à des gâteaux ou à du thé, on peut aussi la mélanger à du tabac dans une pipe ou à une cigarette. On peut aussi fumer le haschisch pur. C'est lorsqu'il est fumé que le haschisch fait sentir le plus vite ses effets. Autre intérêt : on peut s'arrêter dès qu'on en ressent les premiers effets, ils apparaissent au bout de quelques minutes, augmentent pendant une demiheure et disparaissent totalement au bout d'une heure et demie, si on ne recommence pas à fumer. Quand on fume du haschisch pour la première fois, il arrive souvent qu'on en ressente très peu les effets. Le haschisch mélangé à des aliments ou des boissons met beaucoup plus de temps à agir. Et quand il se met à agir, on peut avoir des surprises désagréables : en effet, il n'est plus possible de mesurer la quantité de haschisch en fonction des effets qu'il a déjà produits. On l'a mangé ou bu d'un seul coup. Et il est tellement facile de dépasser la dose qui vous convient. Les différentes sortes de haschisch II y en a plusieurs sortes : le Liban produit un haschisch brun rougeâtre et un haschisch clair ; le haschisch de Turquie est gris tirant sur le brun ; celui du Pakistan est d'un brun foncé. On trouve aussi du haschisch qui est presque noir. Il se vend quelquefois en poudre. Chaque sorte de haschisch a son goût particulier et des effets particuliers. Mais il y a une ivresse propre à toutes les sortes de haschisch et qui ne ressemble pas du tout à l'ivresse due à l'alcool. Faire un «voyage», être «parti», qu'estce que c'est? On « fait le voyage », on est « parti », quand on est dans l'état plus ou moins euphorique que provoquent une, deux ou trois pipes ou cigarettes de haschisch ou de marijuana. On sent son corps devenir extrêmement souple et même mou, les muscles réagissent plus lentement. La sensibilité s'affine, notamment ïe goût et l'odorat. On a souvent envie de manger quelque chose de savoureux. On ne voit plus les choses de la même façon. C'est un peu comme si on ne pouvait plus voir autant de choses qu'avant, mais que ce qu'on voyait et entendait prenait un relief et une signification plus intenses. On a aussi l'impression de se comprendre infiniment mieux les uns les autres, et quelquefois même qu'on se comprend sans parler. Mais tous ces effets de la drogue, qui sont agréables, disparaissent si on en prend trop. Les effets du haschisch peuvent varier d'une fois à l'autre. Ils dépendent souvent de l'état dans lequel on se trouve avant d'en prendre. Ils varient aussi d'une personne à l'autre. Il est très rare que le haschisch rende violent, alors que c'est très souvent le cas avec l'alcool. Mais si l'on prend de fortes doses de haschisch, on peut perdre tout contrôle sur soi et devenir très violent. Le plus souvent, quand on n'a pris que des doses raisonnables, ou bien on se sent très bien tout seul avec soi, ou bien au contraire on est aimable, gai, sociable et on a sans arrêt, et souvent sans raison, envie de rire. Fumer du haschisch, ça dessèche la bouche et ça donne très souvent envie de boire, mais pas de l'alcool. Le haschisch peut, suivant les personnes, augmenter ou diminuer la sensibilité sexuelle. Le haschisch ne rend pas malade le lendemain comme l'alcool. On n'a jamais mal aux cheveux après avoir fumé du haschisch. Mais il n'est pas impossible que le haschisch ait à long terme des conséquences très néfastes. Soyons honnêtes : pour le moment, personne n'est capable de se prononcer. Le haschisch rendil malade ? Quand on « fait le voyage », on est évidemment dans un état anormal, mais on ne peut pas dire qu'on est malade. Le haschisch peut rendre malade ceux qui se sentent déjà mal au moment de le prendre, ceux qui en prennent trop, ceux qui sont très déprimés ou très déséquilibrés. On prend toujours trop de haschisch, lorsqu'on recommence à en prendre après « être parti en voyage ». Certains médecins sont d'avis que le haschisch peut empêcher l'adolescent de devenir un homme et prolonger la période de puberté. Voici, sous toutes réserves et à titre purement indicatif, certains résultats d'une enquête effectuée en 1968, au Danemark, chez les adolescents et les étudiants sur le haschisch : — les jeunes qui fument du haschisch ont en moyenne besoin de moins de temps que les autres pour faire leur travail de classe ; lors des compositions et examens, leur classement, de leur propre avis, est en général inférieur au classement de ceux qui ne fument pas. Mais les résultats des fumeurs de haschisch, en danois, en maths et dans les matières les plus importantes n'étaient pas inférieurs à ceux des nonfumeurs. — les performances bonnes ou mauvaises de ceux qui fument du haschisch s'expliquent peutêtre tout simplement par le fait que les fumeurs de haschisch appartiennent aux milieux sociaux et aux familles les plus favorisés. Les choses ont peut être changé depuis 1968. — la consommation de haschisch était infime comparée à la composition de tabac ou d'alcool. — plus on fume régulièrement du haschisch, plus on a recours régulièrement à d'autres stimulants, tabac ou alcool. Les jeunes expliquaient que la première fois qu'ils avaient fumé du haschisch, c'était par curiosité ou parce qu'on leur avait décrit toutes les sensations agréables qu'il procure. — il y a un très grand nombre d'adultes, surtout dans les grandes villes, qui fument du haschisch. On ne se forme qu'en faisant soimême ses propres expériences et en résolvant soimême ses propres problèmes. On ne se forme pas en fuyant. De nouvelles expériences ont montré que le haschisch a des effets secondaires pendant 30 à 40 heures. On ne le ressent pas, mais ils affectent le cerveau et diminuent la puissance intellectuelle. Le haschisch engendretil accoutumance et intoxication? Le haschisch peut engendrer une certaine accoutumance. Si on en a pris souvent et beaucoup pendant longtemps, on risque de devenir déprimé et très nerveux si on arrête brusquement d'en prendre. Le haschisch, tout comme l'alcool et le tabac, engendre indiscutablement une accoutumance sociale et psychologique. Et si l'on n'est pas content de la vie qu'on mène et du monde où on vit, on aura de plus tendance à chercher dans le haschisch un moyen d'évasion. Haschisch plus insatisfaction, et l'on n'est pas loin de la dépendance. Le haschisch estil dangereux? 1. Il est interdit de fumer du haschisch. 2. Par conséquent, pour pouvoir se procurer du haschisch, il faut être en relation avec des gens qui en font illégalement le trafic, autrement dit avec cette catégorie de criminels qu'on appelle les trafiquants de drogue. 3. Puisque le haschisch est interdit, la qualité et la pureté des différentes sortes de haschisch que tu achètes ne sont soumises à aucun contrôle. 4. Si tu prends du haschisch, tu as de grandes chances de rencontrer un de ces jours des gens qui prennent de vraies drogues, des stupéfiants, et qui t'inviteront à en goûter. Il faut bien se rendre compte que ce peut être extrêmement dangereux de vouloir faire l'expérience d'autres drogues qui sont probablement beaucoup plus fortes que le haschisch ou la marijuana, et qui ont des effets totalement différents. Ces autres drogues sont pour la plupart des substances très connues et dont la nocivité est redoutable. LSD et mescaline Les effets du LSD et de la mescaline sont incroyablement différents suivant les personnes. On a vu des gens prendre régulièrement du LSD pendant des mois et des mois, sans jamais en souffrir. Mais il y a aussi des cas de gens devenus incurablement malades, de gens qui ont tué ou qui se sont suicidés après leur première expérience de LSD. Le LSD est un liquide sans couleur ni goût (on en trouve aussi sous forme de comprimé). La mescaline est une substance contenue dans la sève d'un petit cactus qui pousse très bien au Mexique. LSD et mescaline se prennent par la bouche. Il est toujours très difficile de savoir par avance si on en a pris assez et pas trop. Les doses qui sont vendues clandestinement sont en général beaucoup trop fortes. Si tu veux vraiment faire l'expérience de la mescaline, tu auras tout intérêt à sucer un morceau de ce cactus qui contient la mescaline et qu'on appelle le lophophora Williamsii. Là, les effets sont progressifs et tu peux t'arrêter dès que tu as atteint ta dose. Une dose moyenne de LSD commence à faire sentir son action au bout d'une demiheure ; son action dure de huit à neuf heures et s'accompagne souvent de seize heures d'insomnie. La mescaline commence à agir au bout de deux à trois heures et son effet se prolonge pendant une douzaine d'heures. Si les doses sont très fortes, l'action est plus rapide et dure plus longtemps. LSD et mescaline suscitent parfois de violentes crises d'angoisse et des réactions imprévisibles. C'est pourquoi il faut absolument, si vous en prenez, qu'il y ait en permanence des gens qui vous surveillent et qui puissent vous donner si nécessaire, des contrepoisons. II y a des gens qui racontent oralement ou par écrit qu'ils ont eu des « voyages » formidables, merveilleux, avec du LSD ou la mescaline. C'est très probablement vrai. Mais ça ne veut pas du tout dire qu'il en serait de même pour les autres. Quand vous entendez parler de garçons ou de filles qui se sont retrouvés à l'asile psychiatrique après avoir pris LSD ou mescaline, ça c'est vrai puisqu'ils y sont. Des recherches biologiques ont montré que LSD et mescaline peuvent endommager les chromosomes, c'estàdire les éléments d'hérédité que nous transmettons à nos enfants. Méfiezvous comme de la peste du LSD, de la mescaline et des autres drogues qui leur ressemblent. N'OUBLIE PAS Quand on est « parti », quand on fait « un beau voyage », on a l'impression d'avoir une puissance d'attention et de concentration intellectuelle fantastique. C'est peutêtre vrai. Mais on est absolument incapable de décider soimême à quoi on va faire attention et sur quoi on va se concentrer. Notre esprit est captif de ce qui l'entoure, n'importe quel décor s'impose à lui, le mobilise et l'occupe. On se sent bien quand on est « parti ». Mais ne croyez surtout pas que pendant le « Voyage », vous pourrez travailler ou apprendre quelque chose. Les stupéfiants Les stupéfiants, pour la plupart, étaient et sont encore employés comme remèdes par les médecins. Depuis quelques années, on cherche à contrôler très rigoureusement l'usage de certains produits qu'on croyait au début sans danger mais qui ont engendré des formes d'intoxications physiques extrêmement graves. Les excitants Les excitants les plus répandus en France sont des produits contenant de l'amphétamine. On les trouve le plus souvent sous forme de comprimés. Mais il en existe aussi en injection. Avec une petite dose d'amphétamine, le cœur bat plus vite, les vaisseaux sanguins se contractent, les pupilles s'agrandissent, et l'appétit disparaît. On peut aussi éprouver des désirs et des sensations de bonheur très intenses. On a tendance à se montrer exagérément sansgêne et optimiste, notamment parce que le sens critique se trouve diminué. Il y a des élèves et des étudiants qui prennent des excitants dans l'espoir que ça leur fera passer brillamment leurs examens, il y a presque autant d'élèves et d'étudiants qui échouent lamentablement à leurs examens pour la seule et unique raison qu'ils ont pris des excitants ou qu'ils en ont pris trop. Et il est tellement difficile de savoir quelle est la bonne dose ! A doses plus fortes, les amphétamines produisent les effets suivants : dessèchement de la bouche, du nez et de la gorge, mal de tête, nausée et éventuellement vomissement, tremblement des mains, miction (pipi) fréquente, agitation et tremblement intérieur ; enfin impossibilité de dormir et crises d'angoisse. On considère aujourd'hui que les excitants peuvent devenir une habitude psychologiquement très dangereuse. De plus ils engendrent très vite une accoutumance, c'estàdire qu'il en faut des doses de plus en plus fortes pour obtenir les mêmes effets. Comme on ne ressent plus le besoin de dormir, on s'épuise physiquement mais sans s'en rendre compte. Un abus des excitants, en quantité et en durée, peut rendre complètement fou (en générai, folie de la persécution). Un abus continuel d'excitants diminue l'instinct sexuel (la faculté de désirer) ainsi que la puissance sexuelle (la faculté de bander). La désintoxication n'est pas aussi difficile que pour ceux qui prennent de la morphine ; mais il faut néanmoins un traitement spécial, car on ne peut pas se désintoxiquer tout seul. La morphine La morphine est un calmant très puissant qu'on emploie contre toutes sortes de douleurs : douleurs physiques intenses, nervosité extrême, agitation, états dépressifs. On la trouve sous forme de pilule ou d'ampoules liquides à injecter. Les effets de la morphine varient suivant les gens. Beaucoup ont mal au cœur et envie de vomir, mais en même temps ne souffrent plus. D'autres connaissent la véritable ivresse de la morphine qu'on estime en général être une expérience très agréable. Quand on en prend pendant un certain temps, la morphine agit sur le métabolisme et finit par s'y intégrer : elle devient non seulement une habitude, mais une nécessité physiologique ; l'organisme ne peut plus s'en passer. C'est pourquoi il est tellement douloureux pour les habitués de la morphine de cesser brusquement d'en prendre. C'est même tellement pénible que beaucoup de morphinomanes continuent à en prendre, non plus parce qu'ils recherchent une ivresse agréable, mais tout simplement parce qu'ils ont affreusement peur des souffrances que provoquera l'absence de morphine. On peut commencer à prendre de la morphine, parce qu'un médecin a jugé nécessaire d'en prescrire pour calmer certaines douleurs, ou par curiosité, au cours d'une soirée chez des amis qui vous invitent à essayer. Mais on s'habitue très vite à la morphine, et c'est une des drogues les plus dangereuses qui soient. Il y a des produits pharmaceutiques, qui sont quelquefois plus connus que la morphine, et qui ont une action analogue, mais sans avoir les mêmes effets secondaires désagréables. Il faut bien comprendre qu'ils sont aussi dangereux que la morphine. Héroïne et opium Ils ont les mêmes effets que la morphine. Les médecins estiment que l'héroïne est encore plus dangereuse que la morphine et qu'il est nettement plus difficile de s'en désintoxiquer. Cocaïne C'est une substance qui est à la fois un excitant et un stupéfiant. On succombe en général à la cocaïne par contagion sociale : quelqu'un un jour vous en offre sans dire de quoi il s'agit, ou bien c'est un groupe d'amis drogués qui vous entraînent et vous obligent presque à en prendre. La cocaïne est de loin le stupéfiant le plus fort et le plus intoxiquant. Le cocaïnomane, brusquement privé de sa drogue, a des réactions démentielles. Il peut devenir fou pour toujours. La cure de désintoxication ne peut se faire que dans un service psychiatrique et elle est extrêmement difficile et pénible. Les cocaïnomanes qui ne se font pas soigner finissent par sombrer dans l'apathie et l'abrutissement, leur personnalité psychique et sociale se désagrège peu à peu. Il faut savoir que le nombre des suicides est de cinq à six fois plus élevé chez ceux qui se droguent avec des excitants ou des stupéfiants. Somnifères et euphorisants II existe de multiples sortes de somnifères et d'euphorisants. Les somnifères les plus courants contiennent des barbituriques ou du méprobamate ; les calmantseuphorisants les plus connus sont le Noblivon, le Librium et le Valium. On ne les considère pas vraiment comme des drogues, mais les médecins les prescrivent maintenant avec une certaine prudence. Il y a eu en effet des gens qui ont pris l'habitude de ces médicaments et qui en ont absorbé beaucoup plus qu'il ne fallait. Drogues techniques 1 y a des jeunes qui essaient parfois de se droguer en respirant les vapeurs de certains dissolvants ou de certains détachants liquides. Ça peut être mortel et ça abîme a coup sûr les poumons, le foie, le cœur. Ça peut aussi rendre fou. Les seringues II y a certaines drogues qui provoquent une infection du foie, qu'on peut plus facilement transmettre aux autres, si on se sert tous de la même seringue. Il ne suffit pas de laisser la seringue quelques minutes dans de l'eau bouillante. Pour tuer les virus contagieux, il faut passer la seringue à l'autoclave pendant quinze minutes. N'oublie pas... Si quelqu'un te propose des pilules, des injections ou une sorte de haschisch que tu n'as encore jamais essayés, tu as toujours la possibilité de refuser. Si tu acceptes, il faut bien savoir que tu risques de perdre une partie de ta liberté, à savoir la liberté de décider toimême quelle quantité de drogue tu vas prendre. Avant de commencer, on peut choisir. Après, ce n'est plus toi qui décide, mais la drogue. Ça n'a rien à voir avec la morale. C'est une conséquence de la nature des drogues et de la constitution de notre système nerveux. Le système TON LIEU DE TRAVAIL Ce sont les adultes qui ont bâti l'école. C'est eux qui ont décidé de la faire comme elle est et c'est eux aussi qui l'ont payée. Mais c'est toi qui doit t'en servir, c'est avant tout ton lieu de travail à toi. Tu n'es pas payé pour ton travail et tu n'as pas la possibilité, comme les adultes, de changer de travail. Si donc tu veux une école plus agréable, une seule possibilité, entreprend de transformer celle où tu te trouves. Certes, tu n'as pas le droit de décider et même pas celui de donner ton avis. Les adultes veulent toujours garder tout le pouvoir pour eux, et tant que vous ne connaîtrez pas le système aussi bien qu'eux, ça leur sera facile. Mais personne ne peut avoir de pouvoir sur toi si tu ne veux pas. Les adultes ne peuvent pas diriger tes opinions et tes pensées. Ils peuvent peutêtre te faire dire ce qu'ils veulent entendre, mais tu restes libre de penser ce que tu veux et d'agir comme tu le juges bon. Si vous êtes plusieurs à vouloir la même chose et que vous vous souteniez, votre force devient bien plus grande et vous pouvez même réussir à avoir une influence décisive dans des domaines où seuls les adultes ont en principe pouvoir de décider. Les adultes vous ont certainement dit et répété que les écoles sont faites pour vous. Mais elles sont pourtant installées et aménagées comme l'aiment les adultes. Il y a très peu d'écoles où les enfants et les adolescents se sentent bien. Ça peut changer si vous vous y mettez à plusieurs. Si votre école ressemble à un musée ou à une exposition, c'est parce que les adultes ont peur de se servir des choses. Il ne faut pas qu'elles soient cassées, il ne faut pas les salir et il faut surtout qu'elles continuent à avoir l'air neuf. On a souvent l'impression que les choses ont un pouvoir sacré sur les gens et que les gens les servent au lieu de s'en servir. Si vos professeurs sont de ces adultes qui ont peur de se servir des choses, discutez avec eux et expliquezleur que ce que vous voulez, c'est le droit de vous servir de cette école puisqu'on dit qu'elle est à vous. La salle de classe La plupart des salles de classe ont l'air de salles d'attente inconfortables, et ça semble normal à tout le monde : — Dans la plupart des classes, il y a trois rangées de tables. — Il faut toujours s'asseoir à la même place. — Le prof est le seul à pouvoir se ballader librement pendant les cours. — Le prof est le seul à avoir une place d'où il peut voir tous les autres de face. — Il n'y a que le prof à avoir son armoire et son tiroir à lui. — Il n'y a jamais de plantes ni d'animaux dans les classes. — Les sièges, bancs ou chaises, sont toujours durs et inconfortables. — Radio et électrophone sont presque toujours inter dits. — Tout le monde doit descendre dans la cour pendant les récréations. Si dans votre classe ça se passe comme ça, alors vous êtes dans une école ou dans un lycée qui ne vaut pas grandchose. Ce n'est pas parce que ça semble normal que ça l'est. N'essayez pas de changer tout d'un seul coup. Changez les choses l'une après l'autre. Chaque victoire vous profitera puisqu'elle rendra votre classe plus agréable. Si vous partagez votre salle de classe avec d'autres groupes d'élèves, parlezen avec eux. Les salles de classe doivent être des ateliers avec des vraies tables de travail, des panneaux d'affichage, des étagères pour tous les élèves, des outils et tous les instruments qu'il faut ; on doit aussi pouvoir changer les meubles de place et aménager chaque fois la classe en fonction de ce qu'on a à y faire. Les couloirs La plupart des salles de classe ont l'air de salles d'attente inconfortables, et ça semble normal à tout le monde : — Dans la plupart des classes, il y a trois rangées de tables. — Il faut toujours s'asseoir à la même place. — Le prof est le seul à pouvoir se ballader librement pendant les cours. — Le prof est le seul à avoir une place d'où il peut voir tous les autres de face. — Il n'y a que le prof à avoir son armoire et son tiroir à lui. — Il n'y a jamais de plantes ni d'animaux dans les classes. — Les sièges, bancs ou chaises, sont toujours durs et inconfortables. — Radio et électrophone sont presque toujours interdits. — Tout le monde doit descendre dans la cour pendant les récréations. Si dans votre classe ça se passe comme ça, alors vous êtes dans une école ou dans un lycée qui ne vaut pas grandchose. Ce n'est pas parce que ça semble normal que ça l'est. N'essayez pas de changer tout d'un seul coup. Changez les choses l'une après l'autre. Chaque victoire vous profitera puisqu'elle rendra votre classe plus agréable. Si vous partagez votre salle de classe avec d'autres groupes d'élèves, parlezen avec eux. Les salles de classe doivent être des ateliers avec des vraies tables de travail, des panneaux d'affichage, des étagères pour tous les élèves, des outils et tous les instruments qu'il faut ; on doit aussi pouvoir changer les meubles de place et aménager chaque fois la classe en fonction de ce qu'on a à y faire. Les couloirs Dans la plupart des écoles, les couloirs ne servent qu'à expédier les élèves dans telle ou telle direction. Ils sont souvent tristes comme un couloir de prison. Dans certaines écoles modernes, on a essayé de les égayer en y mettant des pots de fleur, des sculptures, des reproductions. Ce sont autant de choses qui permettent aux autorités d'interdire que les couloirs servent d'autre chose que de lieux de passage. Il n'est pas rare d'ailleurs, quand Ça se passe comme ça, que ce soit le concierge et le personnel chargé de faire le nettoyage qui dictent leurs volontés et qui aient plus de pouvoir que les professeurs et les élèves réunis. Mais les couloirs, ça peut servir à beaucoup de choses : — on peut y rester pendant les récréations, parce qu'il fait trop chaud ou trop froid dehors, ou simplement parce qu on n'a pas envie de descendre dans la cour ; on peut y installer des petits stands pour vendre des fruits, des boissons, des fournitures, des journaux, des magazines, etc. — ça peut être l'endroit où on a le droit de fumer ; — on peut y faire des expositions ; — on peut y aménager des coins avec des fauteuils, des nattes, des coussins, une petite table. La cour Les cours de récréation semblent tout juste bonnes à servir de terrain de parking pour voitures. Il est assez facile d'aménager une cour de récréation pour en faire un terrain de jeu et de détente. Ça ne revient pas beaucoup plus cher en tout cas que ce que coûte par an à l'Etat un professeur. Dans une cour, il doit toujours y avoir : — un endroit où l'on peut s'asseoir et rester tranquille ; — des endroits où les plus petits peuvent jouer et s'amuser ; — des endroits où on peut jouer à la balle ou au ballon, sauter à la corde, faire du patin à roulettes ; — des caisses avec des cerceaux, des palets pour jouer à la marelle, des balles, des ballons, etc. ; — et toutes les choses dont vous pouvez avoir besoin pour vous distraire. Enfin, il y a une chose à laquelle il faut tout spécialement faire attention : les toilettes. Dans la plupart des écoles, les toilettes fonctionnent mal, elles sont très souvent dégueulasses, et parfois il y a quelques élèves qui empêchent les autres d'y aller ou qui les embêtent quand ils y vont. Si c'est comme ça dans votre école, vous n'avez pas à le supporter. Servezvous des toilettes des professeurs. Après tout, vous y ferez la même chose qu'eux. Les notes À l'école, les notes ont exactement la même utilité que l'argent dans la vie: ça sert à faire faire aux gens des choses qu'ils n'ont pas envie de faire. Le travail devient de cette façon une tâche qu'on accomplit, non pas parce qu'on éprouve une satisfaction à le faire, mais pour obtenir de l'argent ou des bonnes notes. Pour beaucoup d'adultes, gagner toujours plus d'argent est devenu un but en soi. Ils ne se demandent jamais comment et pourquoi ils en gagnent. Ils oublient que la joie du travail, c'est ce qui compte le plus. Dans notre société, dans notre système, quand on a beaucoup d'argent, on est particulièrement respecté. Les notes, les bonnes notes peuvent pareillement devenir un but, et peu importe si ce qu'on fait pour les obtenir sert à quelque chose. Et les élèves qui obtiennent le plus de bonnes notes sont toujours mieux considérés que les autres. Les notes, c'est de l'escroquerie Les notes, c'est de l'escroquerie. Avec les notes, on trompe tout le monde, les autres et aussi soimême. On trompe les autres quand on essaie de leur faire croire qu'une bonne note équivaut au résultat d'un bon travail. Le résultat d'un travail, c'est ce qu'on a produit ou créé, c'est ce qu'on a appris. On trompe les autres quand on veut leur faire croire qu'ils apprendront quelque chose sur un élève parce qu'ils auront consulté ses notes. On se trompe soimême si on imagine que les résultats de son travail peuvent être évalués d'après une note sur 10, 20 ou 30. On se trompe soimême quand au lieu de s'intéresser aux gens et d'essayer de les comprendre, on se précipite pour les juger, sur les notes qu'ils ont obtenues. Vous devez demander au professeur de vous indiquer ce que vous savez et ce que vous ne savez pas, vos points forts et vos points faibles, et ce qu'il vous reste encore à apprendre. Et ditesvous bien que ce qui est le plus important c'est: estce que ça m'intéresse? estce que je m'ennuie? Quand vous sortirez de l'école, vous vous apercevrez que c'est ce genre de chose qui compte. On prétend que les notes, ça permet de mesurer les connaissances d'un élève. C'est faux et c'est idiot! Il n'existe pas de matière où l'on puisse compter les connaissances comme on compte des cochons ou des bouteilles ni où l'on puisse mesurer le savoir comme on mesure une route ou un coupon de tissu. Dans chaque matière, il y a des choses qu'on sait et d'autres qu'on ne sait pas. Les notes, c'est bête et ça ne sert à rien parce que ça ne l'indique pas. Les notes, c'est un moyen de pression pour les profs Les notes servent aussi à récompenser ou à punir les élèves. Il y a par exemple des élèves «doués», mais qui dans telle ou telle matière se montrent «paresseux»; alors, pour les forcer à travailler davantage, on leur donne des notes plus mauvaises qu'ils ne le méritent. Le même prof en revanche, essaiera de récompenser un élève «très travailleur» par une bonne note, même s'il n'est pas très fort dans cette matière. Quand on mélange les notesmesures et les notessanctions ce qui s'est toujours fait et se fait encore on est sûr d'une chose, c'est qu'on ne peut jamais savoir ce que signifie réellement une note. On ne peut pas à la fois mesurer et récompenser ou punir: c'est comme si on disait à quelqu'un qu'il a cinq centimètres de plus pour le récompenser de tous les efforts qu'il a faits pour grandir. Pour qu'on comprenne ce que signifie une note, il faudrait au moins qu'elle soit accompagnée d'une longue explication, d'un véritable rapport. Alors pourquoi ne pas se contenter tout simplement de l'explication? Les notes n'apprennent rien sur l'élève, mais elles apprennent quelque chose sur le professeur. Elles indiquent ce qu'il pense de toi et de ton travail. Ça n'a aucun sens, quand vous êtes entre camarades, de vouloir comparer vos notes. Si vous le faites, vous ne faites qu'aider les professeurs qui se servent des notes pour vous opposer les uns aux autres, pour faire de vous non des collaborateurs amicaux, mais des concurrents et des rivaux, enfin pour vous rendre à volonté «heureux» ou «déprimés». Les notes, c'est le bâton ou la carotte Quand un professeur se montre incapable de rendre son enseignement intéressant et qu'il ne parvient pas à vous faire goûter le plaisir de travailler, alors il se sert des notes pour vous faire travailler de même que l'on se sert de la carotte et du bâton pour faire avancer les ânes. Dire non aux notes Il y a beaucoup d'élèves qui aiment bien qu'on leur donne des notes. Il leur semble nécessaire que leur travail soit évalué. Mais une note ne vous apprend rien. Exigez de savoir très précisément ce que vous avez fait de bien et ce que vous avez fait de mal dans vos devoirs et vos exercices. Ça vous apprendra au moins quelque chose. L'école est en général tenue de communiquer à vos parents, sous la forme d'un carnet de notes, vos résultats scolaires. Mais vous n'avez pas à accepter qu'on vous remette à vous ce carnet de notes, ni même qu'on vous en parle. Il y a des écoles où les élèves ont refusé de prendre leurs carnets de notes et l'école a dû les envoyer par la poste aux parents. En refusant les notes et les carnets de notes, vous pouvez empêcher que disparaissent de votre classe la camaraderie et l'amitié entre élèves. Et vous montrerez en plus qu'on ne peut pas vous faire marcher comme un âne, à la carotte ou au bâton, et que les notes, pour vous, ça ne compte pas. Les professeurs sont très souvent obligés de vous noter. Ça fait partie du règlement qu'ils doivent suivre. Mais il y a beaucoup de professeurs qui aiment ça, ils distribuent les notes («Untel, taisezvous, ou je vous flanque un zéro») comme on distribue des punitions et comme on distribuait autrefois des gifles. Ils se servent des notes pour menacer et effrayer leurs élèves. Dites leur bien et répétezleur que, pour vous, les notes c'est de l'escroquerie. Ne soyez pas complices de la bêtise de certains professeurs qui vous mettent un zéro parce que vous avez remis une copie blanche ou parce que vous n'avez pas fait le devoir ou appris la leçon. Vouloir juger ou évaluer un travail que vous n'avez pas fait, c'est complètement idiot. On ne peut pas mesurer un absent. Un zéro pour un devoir qui n'a pas été fait, c'est du terrorisme, de la dictature stupide, mais certainement pas de la pédagogie. Il y a heureusement beaucoup de professeurs qui en ont marre des notes, des moyennes et des classements, et qui savent parfaitement que tout ça ne veut rien dire. Parlez avec vos professeurs et demandezleur ce qu'ils pensent des notes. S'ils se montrent ouverts et raisonnables, ditesleur que vous vous en fichez des notes et que vous préféreriez de bonnes explications. Demandez à ceux de vos profs qui sont sympa de parler à vos parents. Parce que ce sont souvent les parents qui sont les plus acharnés avec ces histoires de notes: ils sont convaincus que les notes leur apprennent quelque chose sur leurs enfants. Les examens et les compositions Les examens et les compositions servent, comme les notes, à vous faire peur pour que vous travaillez davantage. Il y a encore pas mal d'écoles où l'on pense que les examens et les compositions permettent de mesurer vos connaissances et votre niveau. C'est faux ! Jamais un examen ne permettra de déterminer ce que vous savez. Aux examens et aux compositions, on vous donne le plus souvent à faire des faux devoirs. Ils sont faux parce que vous ne pouvez les faire dans les mômes conditions que les devoirs ordinaires. Les examens montrent ce que vous avez appris par cœur ou ce qu'on vous a enfoncé dans la tête. Mais ils montrent bien rarement si vous êtes capables de réfléchir et de trouver vousmêmes la solution d'un problème. Il est impossible et absurde de se fier aux résultats des examens et compositions. D'abord, on vous donne à faire des faux devoirs, ensuite il y a toujours quelques élèves qui sont nerveux, angoissés et d'autres aussi qui n'ont pas de chance ; vous n'avez pas le droit de discuter des sujets avec vos camarades, et, que ce soit un examen oral ou écrit, vous n'avez qu'un temps de réflexion limité avant de répondre. Dans les écoles ou les classes où il y a sans arrêt des examens et des compositions (compositions trimestrielles, semestrielles, examens blancs, examens de passage, examens de fin d'études, BEPS, Bac ou autres), la qualité de l'enseignement et de l'apprentissage est très gravement compromise. Les professeurs n'enseignent pas une matière, mais à passer des examens, et les élèves n'apprennent pas grandchose, sauf dans certains cas à passer des examens l'enseignement devient nécessairement faux et réciproquement. Ça peut changer II y a encore beaucoup d'écoles et de lycées qui ont des examens de fin d'année ou des examens de passage jusqu'en terminale. Ces examens font perdre un temps considérable aux élèves et aux professeurs. Il faudrait essayer de les supprimer. Ça ne sera pas facile, parce que c'est attaquer tout le système d'enseignement français, qui repose sur la sélection, la répression, l'exclusion. Les examens académiques, comme le BEPS ou le Bac se déroulent presque toujours de façon stupide. Il y a des centres où l'on vous fouille ou presque avant de vous laisser entrer dans les salles d'écrit ; pour l'oral, on vous fait attendre une heure ou deux, puis on vous fait tirer un petit bout de papier et vous devez répondre presque tout de suite. Il y a de quoi devenir nerveux ! Beaucoup d'élèves se sentent complètement bloqués à cause de ça au moment d'écrire ou de répondre. Ce qu'il faudrait, c'est que les examens se déroulent d'une autre façon : que les élèves aient le droit d'apporter des livres et pour certains examens écrits des notes ; que l'examen puisse avoir lieu dans une bibliothèque pour que vous puissiez consulter tous les livres dont vous avez besoin ; que pour préparer votre réponse à l'examen oral, on vous accorde un délai de quelques heures ou d'une journée (ou peutêtre simplement d'un quart d'heure). Des examens qui se dérouleraient comme ça seraient bien plus significatifs. On saurait au moins si les élèves savent se documenter sur un sujet et le présenter. Compositions et examens trimestriels avec classement ont tendance, depuis quelques années, à disparaître dans certains établissements. S'ils sont encore en vigueur dans le vôtre, engagez la bataille sans oublier de vous assurer de l'appui effectif du plus grand nombre possible de professeurs. Il vous sera difficile de lutter contre les examens de passage, et les grands examens comme le BEPS ou le Bac, parce que c'est le ministère et non la direction de votre établissement qui décide. Envoyez au ministère des projets de réforme que vous aurez élaborés avec certains de vos professeurs et qui seront signés aussi par eux. Contre les compositions et examens de toute sorte, vous pouvez toujours, si tous les autres moyens se sont révélés inefficaces, faire la grève : remettre une copie blanche, refuser d'entrer dans les salles d'examen. Mais il ne faut pas le faire seul, ça ne servirait à rien ! Il faut que toute une classe, ou toute une école ou tous les élèves d'une ville se mettent d'accord pour faire la grève des examens. Les examens sont publics A l'oral, l'examinateur joue un rôle très important. Il y a de multiples façons d'interroger un élève ; on peut même lui poser des questions d'une façon telle qu'il ne puisse pas répondre correctement : ce sont les questionspièges. Si vous avez entendu dire que tel ou tel examinateur est une vraie « vache » (c'est rare, mais ça arrive), rappelezvous que les examens oraux sont en général publics en France. N'importe qui a le droit d'être là et d'écouter. C'est la loi. Et demandez à des parents ou des adultes amis d'assister à votre oral ; ils vous soutiendront si votre examinateur n'a pas été correct. Les élèves ont aussi le droit d'assister aux examens oraux de leurs camarades. Faitesle, ça peut vous apprendre beaucoup de choses. Qui commande et à qui ? Vous, les élèves, votre expérience de tous les jours vous apprend que ce sont les professeurs qui commandent. Mais qui commande les professeurs ? La direction de l'école (proviseur, censeur, directeur) n'est pas élue par les professeurs, elle est nommée par le ministère, par l'évêque s'il s'agit d'un collège religieux ; elle se nomme elle même s'il s'agit d'une école privée laïque. Les professeurs, pas plus que vous, n'ont donc choisi ceux qui ont le pouvoir sur eux. Dans la plupart des établissements scolaires, direction et personnel enseignant s'efforcent de collaborer. De temps en temps, les professeurs d'une classe se réunissent en conseil de classe. Ils discutent et essaient de se mettre d'accord, par exemple sur une modification de remploi du temps, sur certaines méthodes d'enseignement, sur l'emploi de nouveaux manuels. Ils discutent aussi très souvent de vous, de vos résultats scolaires, de vos capacités, de votre comportement. C'est le conseil de classe qui décide de vous faire redoubler ou de vous faire passer dans la classe supérieure, éventuellement après un examen de passage. Quand les professeurs n'arrivent pas à se mettre d'accord, ils votent. Et c'est l'avis de la majorité qui l'emporte. Il y a des écoles où la collaboration entre professeurs et élèves et entre professeurs et direction donne de bons résultats. Mais ça n'est pas toujours le cas. Il y a parfois des professeurs qui osent s'opposer à la direction, il y a aussi des écoles où les professeurs sont divisés en deux ou trois clans ou groupes rivaux. La direction de l'école, elle, dépend du ministère de l'Education Nationale, dont elle doit appliquer les instructions et directives. Dans les écoles dites « libres », qu'elles soient religieuses ou laïques, la direction dépend toujours de certains groupes de pression : les autorités ecclésiastiques ou bien les parents, c'est àdire ceux qui paient (une école « libre » est une école où l'on ne peut envoyer librement ses enfants qu'en payant très cher). Les parents, groupés dans des associations de parents d'élèves, exercent parfois des pressions très fortes sur la direction des écoles publiques ou des écoles « libres ». Mais il y a toujours des domaines où toutes ces autorités n'ont aucun pouvoir : le programme de chaque classe, le nombre d'heures que vous devez passer chaque semaine en classe, la façon dont vos professeurs doivent enseigner et beaucoup d'autres choses. Tout ça, c'est décidé par le ministère de l'Education Nationale, qui, bien sûr, ne consulte jamais vos professeurs. Si vous avez à vous plaindre d'un professeur, adressezvous à la direction de l'école ; si vous voulez protester contre une décision de la direction, adressezvous à l'inspection académique. Si l'inspection ne vous répond pas, adressezvous au ministère (voir le chapitre « Comment se plaindre d'un professeur?»). Qu'estce que la participation ? La « participation», c'est un truc inventé à la suite de la révolte de maijuin 68, pour faire croire aux élèves qu'ils participeront à la vie et à la marche de l'école. Chaque classe élit deux délégués, et tous les délégués doivent désigner les lycéens qui feront partie du conseil d'administration du lycée. La participation, c'est de la rigolade : Les rélégués lycéens n'ont aucun pouvoir ; et il leur est la plupart du temps très difficile de se faire entendre au milieu de tous ces adultes qui connaissent le système beaucoup mieux qu'eux et qui sont pleins de roublardise. Dans beaucoup de lycées, les élèves trouvent que ça ne vaut même pas le coup d'élire des délégués. Mais si le professeur se fâche et que les élèves ont peur, alors le vote a quand même lieu. La participation, ce n'est pas la démocratie, c'est une farce. Alors, si vous vous décidez malgré tout à élire et à être élus, allez au conseil d'administration, mais que ce soit pour rigoler et pour démontrer que c'est une vraie farce. Imposez votre « participation » démocratique Vous pouvez laisser tomber les conseils d'administration au sein desquels vous serez toujours impuissants, et créer vous mêmes vos propres conseils d'élèves. Chaque classe peut élire trois ou quatre représentants qui seront chargés de défendre les intérêts et les revendications de la classe auprès des professeurs, du surveillant général, du censeur, etc... Les délégués ont pour mandat de défendre ce que vous avez décidé et nullement de décider par euxmêmes. Par ailleurs les délégués d'une classe ne doivent présenter que des revendications concernant cette classe. Il faut que chaque classe ait ses délégués. Les délégués de toutes les classes d'une division — des petits, des moyens, des grands — se réunissent pour discuter des problèmes qui leur sont communs ; ils peuvent élire sept ou huit ou plus d'élèves pour former le conseil de division qui aura pour mission de défendre les intérêts communs à toute une division. Les conseils de division peuvent se réunir et élire à leur tour un conseil général des élèves chargé de défendre les intérêts communs à tous les élèves du lycée ou de l'école. Soyez certains que la direction recevra et écoutera très attentivement le conseil général des élèves, si elle sait que celuici représente démocratiquement l'ensemble des élèves de l'école ; et que le surveillant général écoutera pareillement le conseil de division. Ils auront peur de l'action que vous pourrez entreprendre pour obtenir satisfaction. Si vous avez eu l'intelligence de préparer des propositions concrètes pour résoudre les problèmes que vous posez, vous gagnerez à coup sûr. Quand vous vous réunissez entre vous, sachez écouter et même encaisser les critiques de vos camarades. Evidemment tu es persuadé d'avoir raison, mais n'oublie pas : ne critiquent en général que ceux qui sont actifs et décidés à faire quelque chose ; les moutons et les amorphes s'accommodent de tout. Si tu sens que tu es très critiqué et par trop de camarades, quitte le conseil ou le groupe de travail formé pour étudier tel problème particulier, et essaie de comprendre pourquoi on t'a critiqué. Ce n'est pas une défaite, ça n'a rien d'humiliant. C'est une des conditions de vie de la démocratie. Laisse à d'autres le travail que tu avais à faire, et trouvesen un autre. La solidarité L'un des arguments qu'on invoque pour refuser aux élèves un véritable droit de participation, c'est qu'ils « manquent de maturité » et qu'ils ne sont pas « en mesure de comprendre les problèmes dans toute leur complexité ». On a dit la même chose des Asiatiques, des Africains, des Indiens, des Noirs, des Rouges, des Jaunes, enfin de tous ceux qu'on avait intérêt à tenir en tutelle et à exploiter. Vous savez très bien que cet argument ne vaut pas un clou. Alors ne vous en servez jamais envers vos camarades plus jeunes. Les élèves plus jeunes, les petits et les moyens, ont souvent d'autres problèmes que les vôtres. Ne les laissez pas tomber. Aidezles à former des groupes de discussion et d'études. Faitesleur comprendre qu'ils peuvent changer quelque chose et qu'il suffit pour cela qu'ils se mettent à agir et à agir en commun. Le fondement de la démocratie, c'est une discussion qui se termine par une décision d'agir solidairement pour atteindre l'objectif qu'on s'est fixé. Divergences d'opinions et conflits d'intérêts II est normal, pensonsnous, de n'être pas tous du même avis, et les opinions des autres ne sont pas nécessairement plus mauvaises ou meilleures que les nôtres. La dictature de la majorité, c'est une méthode pour faire avancer les choses : on applique les décisions de la majorité. La dictature de la majorité repose sur deux piliers : le premier, c'est convaincre pour gagner le plus de partisans possible, le deuxième, c'est le vote qui donne le pouvoir à la majorité. Mais nous pourrions expliquer les divergences d'opinions d'une autre façon : si nous sommes d'un autre avis, ce peut être aussi pour deux raisons : parce que nous avons des difficultés à comprendre ou bien parce que nos connaissances nous obligent à penser autrement. Si c'est vrai, alors ce qui compte avant tout, et les deux vrais piliers de la démocratie, c'est l'information et la discussion. Il y a des opinions qui sont plus justes et des décisions meilleures parce qu'elles s'adaptent mieux à la situation. Agir démocratiquement, c'est tout d'abord informer, c'estàdire présenter et exposer les problèmes, et ensuite provoquer la discussion qui permettra de trouver la bonne solution. Une décision est démocratique quand elle est prise par des gens qui ont eu, en même temps, sur le problème les mêmes informations, et qui ont pu discuter ensemble. Discuter et non pas se disputer ou essayer de se gagner des partisans par tous les moyens. Mais il peut y avoir aussi des divergences d'intérêts très réelles et qui ne peuvent pas, comme les divergences d'opinion, être surmontées par des discussions. Elles ne peuvent même pas être surmontées par un vote et la dictature de la majorité. Il y a divergences d'intérêt quand un groupe refuse de laisser aux autres le pouvoir parce qu'il perdrait ses avantages ou ses privilèges. Quand il y a de grands conflits d'intérêts, alors ce sont les actions plus ou moins violentes, grèves, manifestations, révoltes, qui dénouent les conflits et permettent à la démocratie de continuer à fonctionner. La démocratie n'a pas seulement pour but d'assurer la liberté de l'information et de la discussion, mais aussi et surtout de promouvoir concrètement les vrais intérêts de la majorité. C'est souvent quand il s'agit de passer à l'application des décisions qu'apparaissent des divergences d'intérêt irréductibles, que les mots avaient jusqu'alors cachées. Il n'est pas démocratique de laisser le pouvoir à ceux qui s'en servent pour empêcher tout progrès ou pour s'octroyer des avantages au détriment des autres. Ce qui est démocratique, c'est de leur enlever, par la force, si besoin est, le pouvoir. L'école et la société L'école est une société. C'est un petit organisme qui mène une vie assez isolée, sa petite vie à lui, au milieu de la société qui l'entoure. C'est un état dans l'état. Il existe d'autres sociétés très fermées : les prisons, les hôpitaux, les orphelinats, les casernes, par exemple. On y vit en observant un règlement strict qui ne correspond en rien aux conditions de vie à l'extérieur. Dans la société, les choses changent et évoluent très rapidement. Et les gens changent assez vite de valeurs et de comportement. Dans la petite société qu'est l'école, tout se passe très lentement. Pourtant, l'école est un miroir de notre société. La société est fondée sur le pouvoir économique. Ce qui veut dire que ce sont ceux qui ont beaucoup d'argent ou qui possèdent les grandes entreprises industrielles, commerciales ou autres installées en France ou à l'étranger, qui ont le pouvoir et qui décident. Certes, c'est nousmêmes qui choisissons nos députés et nos hommes politiques, mais ceuxci ne peuvent pratiquement prendre aucune décision qui porte atteinte aux intérêts des riches et des puissants. Si l'on vous enseigne ce qu'on vous enseigne, c'est parce qu'on pense que vous en aurez besoin pour entrer dans la société des adultes, c'estàdire dans notre société à nous. Vous devez être en mesure de répondre aux exigences de notre société. Vous ne devez surtout pas avoir envie de changer trop de choses. Les intérêts économiques (le fric, l'argent) sont si puissants qu'ils peuvent obliger les écoles à se soumettre à leurs exigences. L'école change, et beaucoup de choses y ont changé, mais ça a toujours été sous la pression des intérêts économiques. Notre société a pour principe fondamental que les hommes n'ont le droit d'exister que dans la mesure où ils servent les intérêts économiques des riches et des puissants. Mais on pourrait peutêtre imaginer et vouloir une société où ce soit l'économie qui soit au service de l'homme. C'est avec l'orientation professionnelle et les stages de formation professionnelle que l'économie fait le mieux sentir sa toutepuissance sur l'école. Orientation et formation professionnelles servent aux patrons, et quelquefois aussi aux syndicats, à vous attirer dans certains métiers, qui ne vous intéressent peutêtre pas, mais où on a besoin, pour le moment, de beaucoup de monde. Ne croyez pas : — qu'il n'existe pas d'autres métiers à choisir que ceux qu'on vous propose ; — qu'il vous faut nécessairement choisir un métier dès votre sortie de l'école ; (II existe beaucoup d'écoles ou d'instituts, où on peut s'inscrire avec ou sans bac, pour acquérir une formation ou une spécialisation professionnelle. Si vous ratez le bac, n'oubliez pas que vous pouvez, trois ou quatre ans après votre échec, passer un examen d'entrée en faculté, qui vous permet de faire des études supérieures.) — que si vous faites un choix, c'est nécessairement pour le reste de votre vie. Au contraire, vos possibilités de choix seront plus grandes ensuite ; — qu'il n'y a pas d'avenir dans le métier que vous avez choisi ; — que parce qu'il te manque un examen ou un diplôme, tu ne pourras pas devenir ce que tu veux ; il y a beaucoup d'autres moyens pour arriver. Il y en a qui prétendent qu'on ne peut rien changer dans l'école avant d'avoir changé la société. Ils ont raison. D'autres affirment qu'on ne peut rien changer dans la société avant d'avoir changé l'école. Ils ont raison, eux aussi. La société, telle qu'elle est, a été faite par des hommes et ne pourrait être changée que par des hommes. Tout homme est marqué par son éducation, son enfance et son adolescence. Tout homme, aussi, est marqué par ce qu'il sait et ce qu'il sait faire. Les années d'école marquent profondément tout le monde. Pour changer l'école, il faut changer la société. Pour changer la société, il faut changer l'école. Depuis deux ans on change beaucoup de choses dans les écoles. Ces changements, si vous ne les avez pas décidés vous mêmes ou si vous n'avez pas contribué à les promouvoir, vous ne pouvez pas savoir s'ils sont à votre avantage. S'ils ont été décidés par ceux qui détiennent le pouvoir, c'est très certainement pour qu'ils puissent le garder. Quand on vous donne le droit de « participation » ou de « décision », c'est parce que les changements dont il est question n'ont pas beaucoup d'importance. Les vrais changements et les plus difficiles sont ceux qui donnent de plus en plus de pouvoir à de plus en plus de personnes. Professeurs et élèves devraient travailler ensemble pour promouvoir des changements. Il n'y a pas nécessairement contradiction ou lutte entre élèves et professeurs. Dans la réalité quotidienne, les profs n'ont pas tellement plus de pouvoir que les élèves. Les profs n'ont même pas le droit de décider du contenu de leur enseignement. Et bien souvent, on leur impose d'enseigner telle ou telle matière. Quant à leurs conditions de travail, ils ne peuvent pas faire grandchose pour les améliorer. Beaucoup de gens qui se prennent pour des sages et qui se déguisent en gardiens de la morale et de la jeunesse vous expliqueront qu'il vous faut rester calmes et disciplinés, qu'ils s'occupent euxmêmes de promouvoir ces changements et que vous n'avez qu'à attendre. Croyeznous, pour une fois, même si nous sommes des adultes, si vous attendez, vous l'aurez dans le cul. Les vrais, les seuls changements qui profiteront aux élèves comme aux professeurs ne peuvent être décidés que par ceux qui en ont besoin tous les jours. Tout ça peut engendrer des conflits. Certains vous diront que les conflits c'est très mauvais. Ça n'est vrai que si vous entrez en guerre sans savoir pourquoi vous vous battez. Si, de part et d'autre, on savait très exactement pourquoi on se bat, il y aurait certainement beaucoup moins de bagarres. Il arrive parfois que les gens contre qui il faut lutter sont des gens qui n'ont pas beaucoup de pouvoir et qui, avec le temps, ont fini par avoir peur du moindre changement et de la moindre initiative. Comprenez bien une chose : élèves et professeurs ont partie liée, ils sont du même côté de la barricade dans la lutte permanente qui les oppose à ceux qui ont le pouvoir de décider de leur existence. L'école et la société sont liées l'une à l'autre et complices l'une de l'autre. Pour changer l'une il faut changer l'autre. Mais ça pose un problème assez complexe ! La moindre chose que nous changeons dans l'école peut avoir des répercussions dans la société. La moindre chose que nous changeons dans la société peut avoir des répercussions dans l'école. Pour changer quelque chose, transformer le monde et le refaire à notre image, n'oublie pas qu'il faut commencer par agir là où tu te trouves, dans ton milieu de travail. D'autres, à différents endroits, mènent aussi une lutte. Sachebien que c'est partout la même lutte.