LA RENOUEE DU JAPON : ETAT DES LIEUX EN SAVOIE
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LA RENOUEE DU JAPON : ETAT DES LIEUX EN SAVOIE
LA RENOUEE DU JAPON : ETAT DES LIEUX EN SAVOIE DEGRE D'ENVAHISSEMENT DE LA RENOUEE DU JAPON La renouée du Japon, plante introduite en France pour ses qualités ornementales dans les années 1940, a connu ces deux dernières décennies un développement spectaculaire. La jolie Reynoutria japonica s’est révélée une retoutable plante invasive grâce à son extraordinaire vivacité. Degré d'envahissement aux abords des routes Absence Faible Moyen Fort Subdivisions de la Direction départementale de l'équipement Source : DEP Les nuisances causées par la renouée La renouée du Japon se développe très rapidement (croissance de plusieurs centimètres par jour). Son système racinaire (rhizomes) forment des réseaux denses dans le sol, ce qui facilite sa propagation. Les graines seraient stériles en Europe (déficit en pied mâles fertiles) mais les boutures de tiges ou les fragments de rhizomes peuvent être facilement disséminés par l’eau, les animaux ou l’homme lors de travaux d’aménagement et ainsi coloniser de nouveaux terrains grâce à sa formidable capacité de régénération (0,7 g de rhizome suffisent pour donner un nouveau plant). La plante se développe particulièrement dans les milieux déstabilisés offrant une résistance moindre à l’envahissement. L’artificialisation du lit et des berges et la disparition des ripisylves expliquent très souvent son apparition à proximité des cours d’eau. Conséquences de la prolifération de la renouée sur les écosystèmes : Impact sur la stabilité des berges Elle favorise les sapements de berges car son système racinaire est peu développé en dehors des rhizomes et en hiver, la partie aérienne meurt et laisse les rives à nu, soumises à l’érosion. 28 Observatoire savoyard de l’environnement n°11 Impact sur la flore autochtone Dans des milieux qui lui sont favorables, elle peut éliminer pratiquement toutes les autres espèces grâce à son rythme de croissance élevé et à son feuillage abondant, créant un ombrage inhospitalier pour les autres espèces herbacées et les jeunes plants d’arbres ligneux qui garantissent à long terme la stabilité des berges. Impact sur la diversité Elle diminue la diversité physique (habitats), par exemple, la disparition des caches sous berges en raison de son système racinaire peu développé sans contact avec l’eau. Cette diminution de la diversité physique provoque une diminution de la diversité biologique des milieux. De plus, les animaux (oiseaux, petits mammifères…) ne s’installent pas dans les massifs denses de renouées. Impact sur le paysage La renouée du Japon a été introduite en grande partie pour ses qualités ornementales, mais désormais elle est synonyme d’uniformisation du paysage. Impact sur les activités humaines Sur les secteurs à forte densité, elle rend l’accès aux cours d’eau difficile et gène fortement la progression le long des berges. LA RENOUEE DU JAPON : BILAN EN SAVOIE Situation actuelle en Savoie Un inventaire a été réalisé auprès des 18 subdivisions de la Direction départementale de l’équipement de la Savoie. Un questionnaire suivi de visites de terrain a permis d’obtenir un état des lieux des routes départementales et nationales. En 2002, une étude de l’Agence de l’Eau Rhône - Méditerranée - Corse avait déjà montré qu’environ 36% du linéaire des principaux cours d’eau de la Savoie étaient colonisés par la renouée du Japon. En compilant ces informations, il est possible d’obtenir le degré d’envahissement global des grandes unités géographiques du département Diagnostic dans le massif du Beaufortain Une étude dans le Beaufortain a permis de cartographier un premier diagnostic sur le département. L’étude a été menée sur les communes de Beaufort-sur-Doron, Queige, Villard-sur-Doron et Hauteluce. Les données sont issues de la prospection visuelle systématique des routes départementales et communales mais également de l’ensemble des cours d’eau. Les résultats montrent que les secteurs de montagne ne sont pas épargnés par le développement de la renouée du Japon. La plante a été observée jusqu’à une altitude d’environ 1750 m au niveau du Mont Bisanne. REPRESENTATION SCHEMATIQUE DE LA RENOUEE DU JAPON Sur les 98 km de routes départementales du périmètre, un linéaire de 39 km est envahi par la plante à des degrés plus ou moins importants. De nombreuses tâches ponctuelles de renouée du Japon (massifs à proximité des routes) sont également dispersées sur le secteur. Source : Université /DEP Cette dispersion s’étend bien au-delà des talus routiers et a souvent pris une ampleur inquiétante en bordure des cours d’eau. Il est remarquable de constater que le secteur d’Arêches ne présente pratiquement aucun développement de la renouée. Après une période de colonisation identique à l’ensemble du Beaufortain, l’action curative d’un agent de la commune de Beaufort-sur-Doron, responsable de l’entretien de la voirie, a fait la différence en quatre années, montrant clairement qu’une intervention déterminée et systématique pouvait être couronnée de succès. DEGRE D'ENVAHISSEMENT DU LINEAIRE ROUTIER DANS LE MASSIF DU BEAUFORTAIN Degré d'envahissement de la renouée du Japon 3% 18% La situation apparaît d’ores et déjà grave dans les cantons d’Albertville Sud et Nord, de Beaufort-sur-Doron et de Moûtiers. Elle est préoccupante sur 8 autres cantons et nécessite l’élaboration d’une véritable politique départementale de lutte, associant les gestionnaires des routes, les syndicats de cours d’eau et les communes aux différents partenaires intéressés (Département, Etat, Agence de l’eau, CPNS, ONF…). Des méthodes spécifiques de traitement conjuguant fauche et utilisation de produits phytosanitaires adaptés devront être mise en œuvre au plus tôt de manière systématique et constante dans le temps pour obtenir une véritable régression de ce fléau. 41% Absence Faible Moyen 38% Fort Source : DEP Observatoire savoyard de l’environnement n°11 29