František Šmahel, The Parisian Summit, 1377–78. Emperor Charles
Transcription
František Šmahel, The Parisian Summit, 1377–78. Emperor Charles
FranciaRecensio 2016/3 Mittelalter – Moyen Âge (500–1500) František Šmahel, The Parisian Summit, 1377–78. Emperor Charles IV and King Charles V of France, Prague (Karolinum Press) 2014, 478 p., ISBN 97880 24625225, CZK 1080,00. rezensiert von/compte rendu rédigé par Jacques Paviot, Créteil Cet ouvrage est la traduction anglaise (vu le sujet, on regrette d’autant plus l’absence d’une traduction française) de celui paru en tchèque en 20061. František Šmahel est l’un des médiévistes tchèques les plus connus à l’étranger. En effet, il a publié plusieurs livres sur la révolution hussite (traductions en français en 19852, en allemand en 20023) ou l’histoire de l’université Charles de Prague (en allemand et en anglais en 20074). Dans cette œuvre, réalisation d’un projet de jeunesse à la suite d’une grave maladie, il présente une étude fouillée de la visite qu’a rendue l’empereur Charles IV (1316–1378) à son neveu le roi Charles V de France (1338–1380) fin 1377–début 1378. Le livre est composé de quatre parties: un »Prologue«, »The Account«, une traduction de la relation des »Grandes Chroniques de France«, un »Épilogue« et des »Excursuses and Investigations«. La première partie (p. 17–184) est une présentation du contexte des relations de la dynastie des Luxembourg avec celle des Valois de 1322 à 1377. L’auteur retrace parallèlement la jeunesse des deux Charles. Celle de Charles de Luxembourg fut triste à cause de la mésentente de ses parents et se passa en partie à la cour de France de 1323 à 1330, ainsi qu’il l’a luimême rappelé dans son autobiographie5, où de Venceslas il devint Charles par l’adoption du prénom de son parrain Charles IV et où il fut marié à une cousine du roi, Blanche de Valois. Puis il y eut l’évolution progressive vers la guerre de Cent Ans dans laquelle Jean l’Aveugle, père de Charles, s’engagea et laissa la vie à Crécy. En ce qui concerne le futur Charles V, l’auteur dessine plutôt sa formation politique. Les deux hommes se sont rencontrés une première fois, à Metz en 1356, après que Charles IV est monté sur le trône impérial et quand le dauphin Charles était régent, à la suite du désastre de Poitiers et à l’occasion d’une diète impériale, le puissant cardinal Hélie de TalleyrandPérigord représentant la curie. C’est là que Charles IV promulgua la Bulle d’or. Charles fut alors investi du Dauphiné et il offrit František Šmahel, Cesta Karla IV. do Francie, 1377–1378, Prague 2006 [Le voyage de Charles IV en France, 1377–1378]. 1 2 Id., La révolution hussite, une anomalie historique, Paris 1985 (Collège de France. Essais et conférences). Id.,Die Hussitische Revolution. Aus dem Tschechischen übers. von Thomas Krzenck. Redaktion: Alexander Patschovsky, Hanovre 2002 (Monumenta Germaniae Historica. Schriften, 43) . 3 Die Prager Universität im Mittelalter/The Charles University in the Middle Ages. Gesammelte Aufsätze von/Selected Studies by František Šmahel, Leiden 2007 (Education and Society in the Middle Ages and Renaissance, 28). 4 Cf. la récente édition latine et traduction française: Vie de Charles IV de Luxembourg. Présentation, édition et traduction par Pierre Monnet et JeanClaude Schmitt, Paris 2010 (Les classiques de l’histoire au Moyen Âge, 49). 5 Lizenzhinweis: Dieser Beitrag unterliegt der CreativeCommonsLizenz NamensnennungKeine kommerzielle NutzungKeine Bearbeitung (CCBYNCND), darf also unter diesen Bedingungen elektronisch benutzt, übermittelt, ausgedruckt und zum Download bereitgestellt werden. Den Text der Lizenz erreichen Sie hier: https://creativecommons.org/licenses/byncnd/4.0/ aussi à son oncle des reliques qui furent déposées à Karlstejn. Il signa aussi un traité d’amitié et reçut un prêt de cinquante mille pièces d’or. L’auteur s’intéresse ensuite à l’histoire du royaume de France, de 1357 à 1364 et de 1364 à 1377, Charles étant dauphin puis roi. Ces années sont connues par les Français: les difficultés créées par la captivité de son père, le soulèvement parisien, la Jacquerie, la paix de BrétignyCalais, le retour de son père Jean II le Bon, son propre effacement, puis le retour en captivité de son père, son accession au trône, le problème des Grandes Compagnies, la lente restauration du pouvoir et de la puissance du roi, la reconquête à partir de 1369; l’auteur ajoute un tableau de l’activité intellectuelle autour de la cour (les œuvres de Nicole Oresme, »Le Songe du Verger«) et une description de Paris et de ses environs à la fin du règne. Revenant à Charles IV, il présente la Prague caroline, les clercs ou universitaires en voyage ou en séjour à Avignon ou à Paris, qui revenus auprès de l’empereur à Prague ont constitué un entourage de haute qualité intellectuelle, la cour et les festivités curiales avec leurs rituels, les grandes rencontres au sommet (avec Robert d’Anjou roi de Sicile en 1337, avec Louis d’Anjou roi de Hongrie et Casimir le Grand roi de Pologne – qui vint souvent à Prague, et Charles IV se rendit souvent à Cracovie – en 1342, avec Louis d’Anjou et Albert II de Habsbourg en 1353, avec Louis d’Anjou en 1355, avec Rodolphe d’Autriche en 1360 et 1362, avec les ducs Étienne et Albert de Bavière, Rodolphe de Saxe et le roi Valdemar de Danemark en 1363, avec le roi Pierre de Chypre en 1364, avec le pape Urbain V en 1365. La décision d’aller en France en 1377 fut subite, l’empereur souffrant de sévères crises de goutte: il y avait la compétition grandissante pour les héritages de Pologne, de Hongrie, de Naples, de Provence, la question du retour de la papauté à Rome, mais aussi des raisons plus spirituelles et personnelles comme des pèlerinages. La saison n’était pas favorable à un tel voyage: novembre 1377–janvier 1378. À la suite de l’extrait des »Grandes Chroniques de France« relatant le séjour de l’empereur dans le royaume (p. 187–234), l’auteur s’intéresse aux répercussions et aux implications de la rencontre entre Charles IV, son fils Venceslas et Charles V: le renforcement de leurs positions réciproques par le maintien du statu quo. Pour les Luxembourg, le soutien français équilibrait les pressions des électeurs de la vallée du Rhin. Cependant ces bonnes relations furent menacées par les événements au sein de la papauté: le retour à Rome de Grégoire XI a été bien vu par l’empereur, et le Grand Schisme qui éclate à l’automne 1378 allait le séparer, juste avant sa mort, du roi de France. En complément à cette étude en profondeur, dont je n’ai rappelé que les étapes événementielles, l’auteur ajoute quinze excursus et recherches (p. 265–420) sur des points qui ne pouvaient y être abordés sans en rompre le rythme: la bibliographie antérieure; les »Grandes Chroniques de France« et les autres sources narratives; les représentations figurées du voyage; le roi de France empereur en son royaume (théorie qui remonte au début du XIIIe siècle); la »belle Lizenzhinweis: Dieser Beitrag unterliegt der CreativeCommonsLizenz NamensnennungKeine kommerzielle NutzungKeine Bearbeitung (CCBYNCND), darf also unter diesen Bedingungen elektronisch benutzt, übermittelt, ausgedruckt und zum Download bereitgestellt werden. Den Text der Lizenz erreichen Sie hier: https://creativecommons.org/licenses/byncnd/4.0/ ordonnance« (Christine de Pizan) des rencontres; les cérémonies d’accueil (processions et entrées); les chevaux (nombre, types, couleurs); les vêtements, matières et couleurs; les lieux de séjour de l’empereur à Paris; les banquets au palais de la Cité; la vaisselle des banquets; les menus des banquets; les entremets lors des banquets; les dons à l’empereur et à sa suite; les dons de livres et de reliques; le compte de dépenses du trésorier royal. Suivent la bibliographie, la liste des illustrations (plus de cent soixantedix), la liste des miniatures reproduites (trenteneuf); un index avec l’identification des personnes et des lieux cités (j’aurais préféré l’entrée pour le dauphin de Viennois Guigues à Guigo plutôt qu’à Quid où on n’irait guère le chercher). František Šmahel offre aux historiens et à un plus large public un très beau livre sur les relations entre l’Empire et la France au XIVe siècle, en faisant revivre les figures attachantes Charles IV et Charles V, au moyen du texte et de l’image: un livre que l’on a plaisir à lire et à regarder, ce qui est assez rare pour un ouvrage historique. Lizenzhinweis: Dieser Beitrag unterliegt der CreativeCommonsLizenz NamensnennungKeine kommerzielle NutzungKeine Bearbeitung (CCBYNCND), darf also unter diesen Bedingungen elektronisch benutzt, übermittelt, ausgedruckt und zum Download bereitgestellt werden. Den Text der Lizenz erreichen Sie hier: https://creativecommons.org/licenses/byncnd/4.0/