Mai 2006 - FEWS Net

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Mai 2006 - FEWS Net
NIGER
Rapport Mensuel sur la Sécurité Alimentaire
Mai 2006
Alerte précoce :
Pas d’alerte
Mise en Garde
Avertissement
Avis d’Urgence
Résume de la situation alimentaire et nutritionnelle
SOMMAIRE
Résume et calendrier............... 1
Résume des aléas ................... 2
Sécurité alimentaire, sanitaire et
nutritionnelle ............................ 2
Situation des marchés ............ 4
Actions d’atténuation ............... 6
La situation alimentaire du mois de mai est relativement calme et est caractérisée par un
amenuisement du stock alimentaire des ménages. Les stratégies des ménages restent, de
façon générale, habituelles en cette période de l’année. Les prix des céréales se sont
globalement stabilités et sont en baisse par rapport à mai 2005 grâce à un approvisionnement
régulier et une demande presque stable sur la plupart des marchés du pays. Cependant, une
hausse probable des prix est prévisible durant la période de soudure avec l’amenuisement
des stocks et la baisse de l’offre sur les marchés.
Le suivi conjoint des marchés, effectué par le PAM, le SIMA et FEWS NET montre que, de manière générale, les prix
sont encore plus élevés sur les marchés situés dans les zones très vulnérables. On observe aussi, depuis le mois d’avril
une détérioration continue des termes de l’échange bouc/mil sur les marchés des zones pastorales et agropastorales, ainsi
que la présentation des jeunes reproductrices sur 20% des marchés suivis dont celui de Kao dans la zone pastorale de
Tahoua. Ceci montre une dégradation des conditions d’accès à la nourriture de certains éleveurs.
Dans les départements du centre et de l’est de la zone agricole, les préparatifs des champs et les travaux agricoles sont en
cours et concernent essentiellement les sarclages, les semis avant pluie et les semis dans les parties où les premières pluies
sont tombées. On observe également le retour des exodants et la remontée saisonnière des nomades vers le nord attestant
l’installation progressive de la campagne agricole.
Sur le plan nutritionnel, la hausse constatée par les ONGs (MSF, ACF, World Vision, etc.) des admissions aux centres de
récupération nutritionnelle, au cours des mois de mars et avril, s’est poursuivie de manière plus accentuée en mai. En
effet à Maradi, MSF France annonce une augmentation de 30% des enfants malnutris sévères et modérés en début du
mois. Sur le plan sanitaire, on note encore la persistance de l’épidémie de méningite et du paludisme avec des cas
signalés de décès.
S’agissant de la grippe aviaire, à ce jour aucun nouveau foyer n’a été déclaré. On constate, de plus en plus, une reprise
progressive de la commercialisation et de la consommation des volailles. L’offre et la demande sur les marchés de la
volaille ont augmenté sauf sur les marchés du canton de Magaria où l’impact de cette maladie est plus ressenti, se
traduisant par une baisse de revenu des éleveurs.
Dates repères des événements et des signaux d’alerte
- Fin des recoltes
- Commercilisation des produits
- Activites de contre saison
- 1ere reunion annuelle du
Dispositif National de Prevention
et Gestion des Crises Alimentaires
- Emergence de problemes de
paturage dans la Tarka et la
bande Nord de Ouallam et Tera
Saison sèche
Récolte
12/05
11/05
- Revue apres action
du PAM
1/06
- Baisse legere du nombre
des admissions d'enfants
malnutris
- Arrivee probable des
1eres pluies utiles
- Debut des 1ers
semis
- Rapport conjoint FEWS/PAM
sur la securite alimentaire au Niger
- Suivi conjoint SIMA/PAM/FEWS
des marches
Saison agricole
2/06
- Apparition de la grippe aviaire
a Magaria
- Elaboration d'un plan de lutte
contre la grippe aviaire
3/06
-
4/06
5/06
6/06
Fin des activites de contre saison
Preparation des champs de culture
Amorce retour des exodants
Enquete conjointe SAP/FEWS/PAM/INS
sur la vulnerabilte alimentaire des menages
USAID/Famine Early Warning Systems Network (FEWS NET)-NIGER Tel: 041-532530; 265 15 48 92 - [email protected]
World Food Programme-NIGER/VAM; Tel: 00221 72 23 20; Koffi AKAKPO – [email protected]
NIGER : POINT SUR LA SITUATION ALIMENTAIRE ET NUTRITIONNELLE
MAI 2006
Résume des aléas
1. Persistance des zones d’insécurité alimentaire principalement localisées dans la zone agropastorale du pays
2. Pas de nouveau foyer de grippe aviaire
3. Situation nutritionnelle marquée par une augmentation des admissions dans les centres de récupération
nutritionnelle.
Situation de la sécurité alimentaire, sanitaire et nutritionnelle
On assiste, en mai à la persistance des problèmes
d’insécurité alimentaire localisée dans les poches
situées en grande partie dans la zone agropastorale.
Dans ces zones, la situation est caractérisée par des
prix de céréales généralement plus élevés par
rapport au reste du pays ; une disponibilité limitée
de céréales et une recrudescence des cas de
malnutrition modérés et sévères.
Bien que
meilleure à la situation particulièrement difficile à
la même période en 2005, les conditions actuelles
d’alimentation obligent les ménages pauvres à
adopter de stratégies extrêmes de survies dans
certaines localités du pays.
Carte 1 : Situation des zones d’insécurité alimentaire
L’insécurité alimentaire localisée dans certains
départements dont Doutchi, (Dosso) Filingué
(Tillabéri), Guidan Roumdji (Maradi) et
Tchirozérine (Agadez), force les ménages pauvres
à réduire le nombre de repas ou la quantité de la
ration et à l’exode. La vente de jeunes animaux Source : SAP, SANI, DPA/PF/MRA
reproducteurs sur les marchés tels que ceux de
Boboye et de Kiria dans la région de Dosso et de Garare dans la région de Maradi pourrait attester d’une dégradation des
sources de revenus des ménages les plus pauvres de ces zones. A ces indicateurs s’ajoute une faiblesse de la disponibilité
de céréales sur les marchés et des prix de céréales relativement élevés.
L’évolution de la situation alimentaire durant les prochains mois dépendra, en grande partie de l’évolution de la saison
agricole et des flux transfrontaliers de céréales. Il s’avère donc nécessaire d’être très attentif sur les conditions
alimentaires et nutritionnelles des ménages vivant dans ces zones afin de détecter précocement tout signe de dégradation
supplémentaire de la situation alimentaire des ménages.
Une évolution positive de la saison hivernale dans ces mêmes zones aurait un effet psychologique et contribuerait à
limiter l’exode. Ce qui pourrait se traduire par un déstockage de céréales par les commerçants et les coopératives avec
pour effet une stabilité ou des hausses modérées des prix.
En dépit de la reprise généralisée de la consommation des volailles, qui avait chuté suite à la déclaration de l’existence de
foyer de grippe aviaire au Niger en février 2006, la baisse constatée des prix du poulet dans certaines localités du pays
peut avoir des effets négatifs sur les sources des revenus de certains ménages notamment ceux dépendants de la vente de
volailles pour acheter de la nourriture.
Le suivi conjoint des marchés des zones vulnérables fait par le PAM le FEWS NET et le SIMA, montre que dans les
localités de Garhanga(Keita) et de Loga, les prix du poulet sont en dessous de leur niveau normal en cette période de
l’année.
SITUATION NUTRITIONELLE
Les admissions des enfants modérément et sévèrement malnutris dans les centres de récupération nutritionnelle ont
enregistré forte progression équivalente à 584% entre le début du mois de mars et la seconde semaine du mois de mai
2
NIGER : POINT SUR LA SITUATION ALIMENTAIRE ET NUTRITIONNELLE
MAI 2006
4,066
5,337
6,752
2
3
4
5
6
7
8
64,593
61,165
59,571
57,307
56,539
15,663
1,916
1
12,433
1,305
20000
11,186
40000
50,164
37,271
60000
42,151
80000
1,217
La détérioration conjoncturelle de l’état
nutritionnel des enfants a lieu sur fond d’une
situation structurelle assez préoccupante. Le
Rapport Progrès pour les enfants présentés par
l’UNICEF indique que 50% des enfants
souffrent de retard de croissance et seulement
1% à 2 % des enfants sont nourris
exclusivement au sein pendant 6 mois. A ce
constat s’ajoutent des indicateurs préoccupants
tels que la prévalence du taux de décès
dépassant le seuil d’urgence des enfants de
moins de 5 ans et d’un taux de malnutrition
aigue équivalent à 15, 3%.
Total admissions
100000
79,380
107,101
(Graphique 1) après une accalmie observée aussitôt après la récolte. Cette hausse conjoncturelle et progressive du nombre
d’admissions pourrait se poursuivre entre juin et
septembre compte tenu des conditions Graphique 1 : Evolution du nombre d'admissions des cas de
alimentaires et économiques particulièrement malnutrition sévère et modérée: Janvier-Mai 2006
difficiles qui caractérisent la période de soudure
120000
pour les ménages.
0
9
10 11 12 13 14 15 16 17 18 19
Semaine
Source : UNICEF
Situation de la campagne agricole
Comparé à 2005, les premières précipitations de la campagne agricole 2006 accusent un léger retard. D’abord localisées
par endroit dans les régions de Tillabéri, Tahoua et Zinder en avril, ces premières pluies caractérisées par leur faible
intensité ne sont pas encore généralisées en mai. Selon le Service de Météorologie Nationale, seulement 138 villages ont
semé au 20 mai contre 2487 à la même période en 2005. Le retard et la faiblesse des précipitations n’ont jusque là aucun
impact sur le déroulement d’une campagne agricole qui débute généralement à partir du 15 Juin dans la partie agricole du
pays.
Selon le Service de Météorologie Nationale, les prévisions préliminaires de l’évolution des précipitations qui seront mises
à jour en juin, font ressortir une saison des pluies normale dans les régions de Tillabéri, Dosso, Tahoua, Maradi et la partie
ouest de Zinder.
Situation des marchés
Marchés de céréales
Les prix du mil, en mai, sont identiques sur les principaux
marchés de Dosso, Niamey qu’en avril. Ils sont fixés
respectivement à 16 500 FCFA et à 16 875 FCFA. Les
hausses observées sur les autres principaux marchés suivis par
le SIMA restent mineures.
A la faveur de la persistance de la stabilité des prix depuis
plusieurs mois, le coût du mil est supérieur seulement de 7% à
celui de la moyenne des 5 dernières années. Lorsque comparé
au prix du mil en mai 2005, le prix du mil est inférieur de
17%.
Graphique 2: Evolution inter mensuelle du prix mil :
Janvier-Mai 2006
20,000
18,000
16,000
14,000
FCFA/100 kg
Comparé à avril, les prix des principales céréales restent
stables sur la majeure partie des marchés du pays.
12,000
10,000
8,000
6,000
4,000
2,000
0
Janv.06
Dosso
Fevrier.06
Maradi
Mars.06
Tahoua
Avril.06
Tillaberi
Zinder
Mai 06
Niamey
Source : SIMA
Dans les zones d’insécurité alimentaire, le coût du mil reste
plus élevé que celui des autres zones du pays. Les écarts de prix, qui ne sont pas dus au seul fait des coûts de transport
pourraient s’expliquer par la faiblesse de l’offre face à la demande dans les zones d’insécurité alimentaire extrême.
3
NIGER : POINT SUR LA SITUATION ALIMENTAIRE ET NUTRITIONNELLE
On assiste en même temps à une insuffisance de la disponibilité
de céréales sur les marchés de ces zones qui pourrait être
provoquée par 3 facteurs:
MAI 2006
Graphique 3 : Evolution interannuelle du prix du mil :
Mai 2002-06
25,000
-
la réticence des commerçants céréaliers à
approvisionner des zones où le pouvoir d’achat des
ménages est sérieusement érodée par l’insécurité
alimentaire
un affaiblissement de la demande
les difficultés d’accès à ces zones dues aux routes
rendues de plus en plus impraticables par l’arrivée des
premières pluies.
20,000
FCFA/100 kg
-
15,000
10,000
5,000
0
Marchés de bétail
Malgré les fluctuations hebdomadaires des prix, des
présentations et de la demande, la situation du marché de bétail
reste globalement caractérisée, en mai, par des prix raisonnables
des animaux à la faveur de conditions pastorales satisfaisantes et
d’une demande en provenance des opérateurs économiques
étrangers.
2002
2003
2004
2005
2006
Moyenne
Dosso
Maradi
Tillaberi
Zinder
Niamey
Moy.5 ans
Tahoua
Source : SIMA
Graphique 4 : Evolution des termes de l’échange
bouc/mil à N’Guigmi: Janvier-Mai 2006
160
140
120
100
Kg/bouc
Les activités d’atténuation de l’insécurité alimentaire localisée
doivent intégrer des appuis aux sources de nourriture et de
revenus des ménages sous forme de travaux rémunérés, de vente
de céréales et d’animaux de bétail, des distributions gratuites
ciblées aux ménages les plus vulnérables et des actions
incitatives des marchés en vue de favoriser le transfert des
céréales des zones excédentaires vers les zones déficitaires.
80
60
40
Comparés à mai 2005, les prix des bovins, des ovins et des
caprins ont observé des hausses respectives de 29, 13 et 20%.
Les effets cumulés des coûts relativement raisonnables du mil et
du prix élevé du bétail se traduisent par des termes de l’échange
nettement en faveur des éleveurs, en mai 2006 lorsque comparés
à mai 2005. Les termes de l’échange sont de 1 bouc pour 135 kg
de mil en 2006 contre un bouc pour 70 kg de mil à la même
période en 2005.
20
0
Janvier
Fevrier
Mars
Qte mil(kg)/bouc_06
Avril
Mai
Qte mil(kg)/bouc_05
Source : SIMB
Actions d’atténuation
Selon le responsable financier de la CCA, le plan d’action de soutien aux populations vulnérables élaboré par le
Gouvernement du Niger dont le coût global, de l’ordre de 50,6 milliards de francs CFA, est déficitaire de financement de
37% soit 34,9 millions de dollars US. A la date du 26 mai 2006, le Stock de Sécurité s’élève toujours à 10.084 tonnes et
une disponibilité financière estimée à 4,7 millions de dollars.
Le Dispositif National de Prévention et de Gestion des Crises Alimentaires (DNPGCA) a autorisé l’utilisation d’environ 4
millions de dollars pour l’achat de 10.000 tonnes de céréales par des fournisseurs dont la livraison est attendue
incessamment, pour reconstituer le stock national de sécurité.
Une première phase d’une enveloppe d’environ 1,5 milliards de Fcfa est destinée à 14 départements des régions les plus
vulnérables à savoir Dosso, Tahoua et Tillaberi pour les travaux à haute intensité de main d’œuvre (HIMO). A cela
s’ajoute un projet pilote d’achat d’animaux destinés à 26 cantines scolaires situées en zone pastorale dans les
départements de Tanout et de Dakoro. C’est au total, pour cette première phase, 467.391 bénéficiaires qui sont ciblés.
La deuxième phase d’une enveloppe d’environ 351 millions de FCFA touchera 9 départements dans les régions de
Tillaberi, Dosso, Tahoua et Zinder au profit de 112.210 bénéficiaires.
4
NIGER : POINT SUR LA SITUATION ALIMENTAIRE ET NUTRITIONNELLE
MAI 2006
La cellule de coordination des crises alimentaires (CCA) a alloué sur le fonds commun des donateurs (FCD) 327.978.500
FCFA au ministère de la santé dans le cadre des activités nutritionnelles.
La contribution du DNPGCA pour l’exécution du programme de distribution de semences en collaboration avec la FAO et
la Banque Islamique de Développement (BID) s’élève à 200 millions de Fcfa déjà mobilisé. Ce programme est en cours
d’exécution et permettra d’atteindre environ 2 millions de bénéficiaires avec 1.853 tonnes de semences.
Le programme d’Intervention Prolongée de Secours et de Redressement (IPSR) du PAM, qui a démarré depuis avril 2006
et qui devra se poursuivre jusqu’en septembre 2007, s’insère dans le plan global de soutien aux populations vulnérables du
Gouvernement du Niger. Il vise essentiellement à protéger les moyens de subsistance des populations vulnérables et à
apporter une assistance ciblée aux enfants malnutris. Ce programme permettra d’atteindre environ 2,9 millions de
bénéficiaires dont plus de 70% dans le cadre des activités nutritionnelles.
Le budget global s’élève à 37,3 millions de dollars US. Le projet est actuellement financé à hauteur de 53%, après avoir
reçu 19.7 millions de dollars US de contributions. Le déficit actuel est de 17.6 millions de dollars US.
Depuis le début de l’année 2006, ce sont 6.892 tonnes de vivres qui ont été distribués aux partenaires du PAM pour les
activités nutritionnelles et le Food For Work au profit d’environ 300.000 bénéficiaires par mois.
Globalement les distributions du PAM au Niger dans le cadre de l’IPSR et du Programme Pays se chiffrent à 11.779
tonnes depuis janvier 2006.
Le budget du Programme Pays pour le Niger a été revu à la hausse de 4,2% pour intégrer la requête du gouvernement
portant sur l’augmentation de l’alimentation des cantines scolaires et du nombre d’élèves en vue d’atteindre 15.000
enfants de plus à partir de l’année scolaire 2006-2007. Un travail technique conjoint de ciblage sur la base des 717 écoles
proposées par l’Etat est en cours.
L’UNICEF et le PAM, en collaboration avec les partenaires intervenant dans le domaine de la nutrition ont convenu à
l’unanimité de la nécessité d’étendre la couverture thérapeutique et d’améliorer les suppléments alimentaires des centres
de récupérations nutritionnelles. Les réflexions sont en cours pour une couverture au niveau départemental. Dans le
même ordre d’idées, très prochainement des accords seront signés avec ces partenaires pour la distribution des rations
alimentaires sous forme de blanket feeding dans les localités situées hors d’un rayon de 10Km des centres de
récupérations nutritionnelles.
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