Parus ou à paraître - Union des Professeurs de Physique et de Chimie

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Parus ou à paraître - Union des Professeurs de Physique et de Chimie
UNION DES PROFESSEURS DE PHYSIQUE ET DE CHIMIE
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LIVRES
La SF sous les feux de la science par Roland LEHOUCQ
Éditeur : Le Pommier - Collection Essai - 2012 - 214 pages - 20 € ISSN/ISBN : 978.2.7465.0619.0.
Public visé : Tout public.
Depuis une dizaine d’années Roland LEHOUCQ, non content de traquer les mystères cosmologiques au CEA (Commissariat à l’énergie atomique), passe au crible films et récits de
science-fiction pour nous offrir de savoureuses discussions où la physique, voire les mathématiques,
la chimie et la biologie sont interrogées avec humour. Après SF : la science mène l’enquête (2007,
disponible sur le serveur de l’UdPPC sous la référence 895-3784), ce nouveau recueil, également
(1)
basé sur des articles publiés dans la rubrique « Scientifiction » de la revue Bifrost , nous parle,
entre autres, du rayon « de la mort qui tue », ou au contraire des si appréciés champs de forces
protecteurs, des problèmes posés par la construction d’une sphère de Dyson ou par l’exploitation
du rayonnement Hawking d’un trou noir… et n’hésite pas à se lancer dans une approche mathématique de la question de l’existence des vampires.
Quelle que soit la complexité du thème abordé, l’auteur possède l’art de commencer par se
poser des questions simples : que voit l’homme invisible ? Le froid de l’espace congèle-t-il instantanément un corps non protégé ? Que devient la sueur dans un « distille » à la mode Fremen ? À
ces questions, le physicien apporte des éléments de réponse, certes qualitatifs étant donné son
lectorat non spécialiste, mais toujours rigoureux et étayés par des ordres de grandeur parlants. Les
grands thèmes de la science-fiction (les voyages, les sources d’énergie, la fin du monde…) lui
donnent souvent l’occasion d’aborder des aspects plus spéculatifs, objets de recherches ouvertes.
Même en étant de la partie, on se prend au jeu et on se prend à soupirer avec l’auteur en fin de
chapitre : « Ce n’est pas pour demain… alors vivement après-demain ! ».
Les textes eux-mêmes sont émaillés de références de films ou livres (avec titre français et
l’éditeur s’il y a lieu). Roland LEHOUCQ a beaucoup vu, beaucoup lu, mais s’il est bon public, et
reconnaît volontiers que « la “bonne” science n’est pas indispensable à un “bon” film de sciencefiction », il n’apprécie guère qu’on le prenne – et nous autres avec lui – pour un gogo ! C’est pourquoi il n’hésite pas à démonter vertement les absurdités mises en scène dans Sunshine, Fusion the
Core ou 2012. Cette rigueur constante n’empêche pas une grande légèreté d’ensemble, un humour
lucide s’autorisant quelque allusion au Parfum de l’Invisible de Milo MANARA ou aux « solitons
non topologiques » que seraient (ou sont, allez savoir !) les Q-balls… On en redemande, et comme
(1) http://www.belial.fr
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Chaque article se termine par une biblio-webographie éclectique : Science ou autres publications scientifiques, les sites Internet de la NASA ou de Harvard, mais aussi moult romans, des
articles de Wikipedia, des vidéos accessibles sur YouTube… La majorité des sources utilisées est
ainsi très accessible.
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les lecteurs de Bifrost, on attend la prochaine livraison !
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Merci M. LEHOUCQ, et « Que le champ de force soit avec vous ! ».
Illuminations - Cosmos et esthétique par Jean-Pierre LUMINET
Éditeur : Odile Jacob - Collection Sciences - 2012 - 488 pages - 23,90 € ISSN/ISBN : 978.2.7381.2562.0.
Public visé : Tout lecteur.
Jean DERVIEUX
L’auteur : Jean-Pierre LUMINET est directeur de recherche au CNRS et astrophysicien à l’Observatoire de Paris-Meudon (LUTH). Prix européen de la communication scientifique
(2007). Auteur de nombreux ouvrages (essais, romans, poésies).
Point d’une vie de chercheur-écrivain comme quête d’une double mesure : celle du cosmos et
celle des profondeurs de l’âme humaine. Sous forme d’un ensemble d’essais rédigés entre 1979 et
2009, le lecteur y retrouvera avec grand plaisir, articles et conférences sur les sciences de l’univers,
l’histoire et la philosophie des sciences, sur le rôle de l’imagination dans la création scientifique et
artistique.
Huit chapitres ; les cinq premiers témoignent de thèmes de recherche de l’auteur (Espacetemps/relativité - Trou noir - Origine et destin de l’univers - Géométrie du cosmos - Planètes et
autres corps). Les trois autres concernent les correspondances art-science-littérature où s’expriment
différentes perceptions du monde, mais sous-tendues par un imaginaire commun. (Légende des
sciences - Art, espace et imaginaire - Univers et littérature).
Constant pour l’auteur, ce besoin, cette nécessité de raconter l’univers où se conjuguent
l’unité (unus) et la direction, la pente (versus), pour percevoir ce qu’il y a au-delà de la lumière.
Diversité par l’Unité et exigence d’esthétique (cosmétique) pour que l’ordre émerge de l’élégante
beauté des abstractions mathématiques appréciables par leur déraisonnable efficacité. Pouvoir jouer
de choses absentes !
L’évocation biographique nous gratifie de remarques personnelles sur la convergence des
thèmes d’étude sur cet univers nous immergeant dans des altérations de la perception que nous nous
efforçons de dissiper […] sur ce qu’on croit être le réel. Voir comment la nature même du monde
physique brouille les cartes. Et de conclure : Nous physiciens, faisons le pari (peut-être naïf), qu’à
force d’études, nous acquérons les moyens intellectuels de pénétrer plus avant dans le réel. Voir le
noir derrière la lumière.
Temps et relativité (1) ouvrent le dossier sur ces nouveaux horizons où le chant de la lumière
déforme le paysage. Quête d’indépendance des phénomènes sur l’observateur, ils conduisent à ces
déchirures du contenant (Trous noirs (2), spécialité de l’auteur d’en avoir proposé les premières
simulations numériques (79)). Ses recherches concernent aussi la topologie (95) qui bricole sur la
forme globale de l’univers (finie/infinie) et sur le concept d’univers chiffonné (03). Restent à intégrer les propriétés quantiques des particules élémentaires et les concepts de vide fluctuant, d’écume
d’espace-temps susceptible d’engendrer des univers bulles aux géométries & constantes diverses.
Science & humanisme pour déplorer le divorce entre science et culture, partout présent avec des
dirigeants (politiques ou intellectuels) qui ne connaissent pratiquement rien à la science ! Confusion entre science et croyance, amalgame entre cosmologie et religion. S’il y avait seulement moyen
de rire ?
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Origine et destin de l’univers (3), pour revenir à FRIEDMANN (1922) et à LEMAÎTRE (1927) de
proposer des solutions d’univers dynamiques (isotrope / homogène) aux équations d’Einstein, à
partir du principe cosmologique. C’est bien le tissu élastique espace-temps qui se dilate par son
facteur d’échelle fonction du temps, depuis l’atome primitif (1931). Quelques rides, harmoniques
acoustiques tapies dans les inhomogénéités des premières étincelles de lumière, donnent forme aux
grandes structures.
L’espace a-t-il une forme ? (4) Pourquoi pas celle du dodécaèdre ? La question du début du
temps fait intervenir les concepts de métrique (local), de topologie (global), où la gravité quantique
se doit d’intervenir (cordes, boucles). Du modèle standard construit sur l’équivalence géométrie de
l’espace-temps / distribution matière-énergie, on revient aux mirages topologiques des univers chiffonnés où la cristallographie cosmique est en quête de cercles corrélés dans le rayonnement fossile.
Réalité aplatie dans un angle.
Planètes et petits corps (5), évoquent surtout les problèmes sur l’origine de la vie (comètes)
et de la formation du système solaire (météorite Allende).
Le lecteur soucieux d’intégrer l’histoire dans l’aventure scientifique trouvera dans Légende
des sciences (6) de quoi alimenter sa curiosité. Trois mille ans de quête inassouvie de rationalité
sur le cosmos. Initiée par les présocratiques, des changements de paradigmes (circularité / centralité / universalité / courbure) non dépourvus de préjugés (esthétique / harmonie / unité) brisent les
miroirs pour de nouvelles fenêtres. Paradoxe de la nuit noire, de réflexivité, statut de l’infini, principes générateurs, représentations archétypes, intuition, imagination, auto référence de la situation,
sont quelques-uns des paramètres brodant le décor.
L’imaginaire à la boutonnière, Homo Sapiens glisse tout droit vers d’autres envers. Art /
espace / imaginaire (7) - Univers et littérature (8), travail interne, moins de chercher des mots pour
ses idées, qu’à chercher des idées pour ses mots, la recherche scientifique prend le relais de l’imaginaire. Topologie, perspectives de M.C. ESCHER, poèmes de MICHAUX, mènent à ces réalités illusoires (illusions réalistes ?) qui sont mirages gravitationnels ou topologiques, apparences de trous
noirs cernés de gaz chaud aux simulations étonnantes. Multiplier les domaines d’intérêt comme
révélateur de lumières où quelques contraintes sur l’irrationnel contrôlé, font émerger la créativité.
Connaissance et esthétique touchent à l’émerveillement, à l’enchantement du monde. Science, arts
et philosophie, entre ombre et lumière, ouvrent sur ces perspectives disciplinées de la perception et
de l’imagination. Penser n’est-ce pas simuler ?
Géniale l’idée de regrouper ces documents pédagogiques, inaccessibles parfois à ces curieux
d’informations disposées à être partagées avec public et scolaires de nos associations culturelles et
scientifiques. À d’autres de suivre cette piste du bien commun pour une diffusion humaniste de la
culture scientifique et technique dans la diversité des approches. La question n’est plus quelle est
la place de l’Homme dans l’Univers, mais quelle est la place de l’Univers dans l’Homme !
Analyse des circuits électriques par Charles ALEXANDER et Matthew SADIKU
Éditeur : De Boeck - Collection Sciences de l’ingénieur - 2012 - 980 pages - 98 € ISSN/ISBN : 978.2.8041.6602.1.
Public visé : Premier cycle supérieur.
Lorsque l’on prend en main ce gros livre (près de mille pages, plus de 2 kg,
3 (1)
21,5 x 27,5 x 3,6 cm ) uniquement consacré aux bases de l’électricité et qu’on l’ouvre, on touche
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physiquement du doigt la différence d’approche pédagogique anglo-saxonne : si ce n’est pas une
incitation à prendre le temps d’apprendre à fond, je ne sais pas ce que c’est. La préface évoque un
cours à étaler sur deux semestres (sans indiquer d’horaire hebdomadaire, que l’on pressent conséquent). Quand je vois « chez nous » que l’on propose ce type de programme sur parfois une dizaine
de semaines seulement (parfois moins !), inutile de chercher plus loin pourquoi il y a « trop » à assimiler en si peu de temps et pourquoi ce ne peut être solidement assimilé (sauf exception). Difficultés renforcées par le « nouveau » programme de terminale S qui parachève la quasi-disparition
de l’apprentissage de l’électricité. Je nous souhaite bien du plaisir ! Le premier et principal conseil
des auteurs à leurs étudiants (p. xxiii) est d’ailleurs de mettre autant d’effort qu’ils pourront pour
étudier ce cours qui est le fondement de toutes les disciplines du génie électrique, de l’étudier longuement et régulièrement (j’ajouterai volontiers « pour que cela rentre » !).
Pour ce qui est du cours lui-même, qui en est à sa troisième édition, on appréciera là aussi le
retour d’expérience. Ce qui marque n’est pas l’originalité de l’ouvrage qui, au contraire, est des plus
classiques, mais le sérieux, le souci de clarté et de progressivité, l’exhaustivité, la présentation aérée
et attrayante avec ses grandes pages colorées, les formules clés mises en évidence… Bref, les auteurs
se donnent les moyens de leur « politique » ! Un second point positif, outre une méthode générale
de résolution exposée dès le chapitre 1, est le nombre important d’exemples développés en détail et
la riche collection d’exercices proposés dont la solution est fournie (basiques, avancés, récapitulatifs) ; il y a aussi divers exemples d’applications pratiques. Un troisième point est le recours à l’outil
informatique essentiellement au travers d’exercices à résoudre à l’aide du simulateur Spice ou du
logiciel de calcul Matlab. Les deux logiciels très connus pour l’EEA (électronique, électrotechnique
et automatique) ne sont pas fournis ; il en existe des versions gratuites disponibles en ligne, par
exemple Pspice et Scilab ; il y a par contre un mode d’emploi plutôt succinct en appendice.
Il est certain qu’un tel livre sera efficace pour celui qui se donne le budget temps pour le
travailler. Comme pour tous ces « Grands cours » anglo-saxons, il y a aussi des conseils d’utilisation pour les professeurs qui souhaitent l’utiliser. Il est tout autant évident que le livre sera utile et
pratique à un enseignant d’électricité, en particulier pour la richesse de sa base d’exercices (cf. note 1).
(2)
Une dernière remarque : on peut avoir été président de l’IEEE et prendre aussi le temps de rédiger
un « simple » cours d’électricité « élémentaire ». Les fondements sont très importants, je vous dis.
Bruno VELAY
À la découverte de l’Univers - Introduction à l’astronomie et à l’astrophysique
par Neil COMINS
Éditeur : De Boeck - 2012 - 547 pages - 49 € - ISSN/ISBN : 978.2.8041.6603.8.
Public visé : Dès le lycée.
À l’initiative de De Boeck, le lecteur francophone va pouvoir apprécier plus
aisément cet impressionnant ouvrage d’introduction à l’astronomie et l’astrophysique. S’agissant de
la quatrième édition d’un livre proposé dès 1994, le lecteur bénéficiera à l’évidence d’un retour
(1) Certains se souviendront peut-être de la volumineuse série Schaum des années 1990. Le volume « Circuits
électriques » n’était pas un manuel de cours, mais une impressionnante collection de trois mille exercices
corrigés.
(2) L’IEEE (Institute of Electrical and Electronics Engineers) est la principale organisation professionnelle
internationale pour le génie électrique. Plus de quatre cent mille membres et des publications de premier
plan. Voir http://www.ieee.org/index.html et http://fr.wikipedia.org/wiki/IEEE
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d’expérience pédagogique plus que conséquent.
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Il est un peu vain d’évoquer la richesse d’un tel livre, si ce n’est peut-être au travers de ses
neuf pages de sommaire ou encore de ses seize pages d’index (sur trois colonnes)… Disons pragmatiquement qu’il traite, en autant de chapitres, de la découverte du ciel nocturne, de la gravitation
et du mouvement des planètes, de la lumière et des télescopes, de la Terre et la Lune, des autres
planètes, des « vagabonds » du système solaire, du soleil, de portraits d’étoiles, de leurs vies, de
leurs morts, des galaxies, de la cosmologie et, nouveauté, d’astrobiologie.
Ce livre est destiné à l’origine à servir de manuel d’introduction pour le premier cycle universitaire américain. À mon avis, il peut aussi être conseillé à tout « passionné » dès le lycée ; je le
recommande aussi aux documentalistes de lycée pour leur fond scientifique. En effet, les caractéristiques (mises en évidence dans sa préface) sont indubitablement au rendez-vous : concision,
actualisation et exhaustivité (mais aussi prix raisonnable) en mettant l’Univers dans quelque cinq
cent quarante pages couleur, y compris une large variété de photographies et de schémas de qualité.
C’est aussi une richesse documentaire et informative, l’information étant présentée à la fois graphiquement et dans le corps du texte, et ce avec un « outil » mathématique des plus restreints (éton(1)
namment restreint, à croire que le fresher américain y est quasi allergique ; j’ai réussi à trouver
par exemple la formule de Kepler sur les périodes des planètes…). Mais l’exposé va bien sûr très
au-delà du simple aspect descriptif et aborde aussi de très nombreux sujets avancés, car l’un des
principaux objectifs de l’auteur est d’aider les étudiants « à comparer leurs convictions avec les
avancées de la science moderne et à comprendre pourquoi le point de vue scientifique est correct ».
Au vu du contenu, il ne faut pas comprendre cette phrase uniquement comme un outil anti-créationniste (l’est-elle d’ailleurs ? Cependant, l’état de ce que croient les gens des États-Unis est bien
ce qu’il est…), mais plus largement l’idée est d’éclairer ou de corriger nombre d’idées préconçues,
le plus souvent fausses. Ainsi chaque chapitre met par exemple en avant une série de questions et
s’évertue à y répondre au cours du texte (quelques exemples : les étoiles les plus brillantes sontelles les plus chaudes ? À quoi ressemble la surface du Soleil ? Dans quoi l’Univers est-il en expansion ? Les trous noirs sont-ils éternels ?).
De façon plus générale, le lecteur constatera les efforts dits « pédagogiques » et les moyens
pris par l’auteur pour améliorer l’efficacité de la compréhension : plan clair, objectifs énoncés, résumés,
mots-clés, question-clé et de synthèse, etc.
Quelques appendices complètent les sources documentaires (« savoir-faire » mathématique
élémentaire, tables de données astronomiques et constantes, expansion, lois de la mécanique, bases
de la radioactivité, etc.). Il y a aussi les réponses aux questions-clés et aux exercices numériques.
Un bon manuel de référence pour une approche non mathématisée des disciplines.
(1) Étudiant de première année.
(2) http://www.worldwidetelescope.org
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On peut enfin noter l’apport des compléments en ligne (que je souligne dans cette rubrique
chaque fois qu’un auteur en améliore l’usage). Tout au long du texte, on remarquera donc diverses
icônes renvoyant vers des documents ou des compléments sur le site dédié de l’ouvrage : il s’agit
de vidéos, d’animations, de modules d’exercices interactifs (en anglais) ou encore de liens directs
vers des sites complémentaires (et la Toile est riche en ces domaines). Il est à noter le renvoi vers
TM
(2)
le programme Starry Night Enthusiast (payant) et le WorldWide Telescope (gratuit par Microsoft) sous forme de projets complets à réaliser.
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Enseigner, c’est espérer - Plaidoyer pour l’école de demain par Pierre LÉNA
Éditeur : Le Pommier - Collection Les défis de l’éducation - 2012 - 210 pages 19 € - ISSN/ISBN : 978.2.7465.0627.5.
Public visé : Tout lecteur.
L’auteur : Pierre LÉNA est astrophysicien, membre de l’Académie des sciences,
professeur émérite (Université Paris Diderot), cofondateur de La main à la pâte (1996), délégué à
l’éducation et à la formation (2002-2011).
Encore un livre sur l’école ! Comment la construire sur cette cacophonie des opinions ! Plus
soucieuse d’une paix sociale, une cogestion élargie (ministère, syndicats, enseignants) bloque toute
tentative de changements sur le fond. L’aventure La main à la pâte (primaire : 1996-2012 - collège
(sixième-cinquième) : 2006) et les compétences de l’auteur (Académie des sciences, 1991 - Délégation à l’éducation et à la formation, 2005), se veulent suggérer des pistes à raisonance planétaire.
Posé sur quatre points de vie, le dossier nous interroge sur les aspects humains et culturels,
de cette école de demain si urgente à construire. Points forts émergents des dix principes de Lamap,
ce carnet d’expérience où la maîtrise du langage s’impose aux sciences comme un besoin, à rendre
compte des faits observés, poser les hypothèses et exprimer des conclusions. Culture & science dans
la société où ces Graines de sciences se veulent promouvoir pratiques et dialogues autour des savoirs
à transmettre ! Sciences cognitives et neurosciences ouvrent de nouveaux horizons dès la maternelle (I), lieu privilégié d’exploration scientifique où se structurent dans le cerveau, ces modèles
précurseurs à guider la pensée. C’est bien au primaire que curiosité innée de l’enfant et universalité
de la science donnent ces ailes aptes à rendre plus fraternelle la communauté humaine en quête de
l’inaccessible étoile. Universalité qui éloigne pourtant du sens commun, creusant de nouveaux
chemins où la circulation de l’information en temps réel doit faire son nid. Capacité des jeunes à
imaginer, à comprendre, à apprendre hors du champ d’une autorité déplacée, quand il s’agit de
partager la joie de la découverte. Une science collective enfin intégrée dans la culture solidaire.
Au collège (II) les réflexions portent sur des ados s’intégrant dans les affaires du monde, soumis aux aléas familiaux, aux outils de communication, aux inquiétudes sur leur avenir. Que propose
le collège d’une science et d’une technique vectrices, porteuses d’un imaginaire productif et créateur ? Quel diagnostic établir quand les évaluations PISA (Programme international pour le suivi
des acquis des élèves) pointent une France où l’écart entre bons et mauvais élèves est maximal ?
Complexité et interconnexion des faits imposent interdisciplinarité et réflexion sur des notions-clés
(évolution, origines, cellule, diversité). Croire & conviction s’effacent devant savoir & raison dans
l’unité de l’aventure scientifique et technique où le pédagogue (il accompagne l’apprendre à
apprendre), à l’ombre de son puits, est fée du chant de la poulie. Tisser des liens entre compétences
et connaissances, sortir de l’isolement scolaire, de ses évaluations, promouvoir le travail de groupe
qui aide à s’apprivoiser.
Non, la science n’oppose pas raison à émotion, rigueur à imagination. Elle conjugue ces
termes à sa façon. L’auteur de rouvrir ce débat sur la science (III), si mal intégrée par la culture,
et comprise comme arrachement à des certitudes paresseuses pour déchiffrer le Grand Récit du
monde, dans l’écriture universelle des mathématiques. Provocante sur nos idées préconçues, nos
tabous et nos pensées magiques, elle crée ces espaces de liberté ouverts sur des savoirs neufs, sur
une nature non à dominer, mais à comprendre en en devenant responsable. Science en fête (1992),
Fête de la science en marge de celle de la musique, où le ministère de la Culture (sans science) et
celui de la Recherche (sans culture !) devraient se donner la patte avec ce brin d’imagination qui
font des frontières ces zones de non-équilibre de systèmes dissipatifs, auto-organisés par leur com-
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plexité. Quel rôle confier au numérique, aux simulations, s’il s’agit de libérer la créativité ? Quelle
attention porter sur les notions d’éthique, de précaution dans l’exercice des potentialités ouvertes ?
Heureux de voir évoquer aussi ces Olympiades de physique qui offrent à certains la possibilité de
cultiver quelque passion en montrant qu’ils aiment ce qu’ils font. Fallait-il évoquer ces prophètes
plus aptes aux lamentations (pourquoi ?) qu’aux prévisions sur l’à-venir (comment ?). Faut-il se
satisfaire d’espérer quand l’avenir solidaire est plus à permettre qu’à prévoir ? Passer à l’action,
voilà !
Quelle école pour demain (IV) quand notre système éducatif reste prisonnier d’échéances
politiques, de l’inertie des syndicats, du corps professoral, des associations de parents d’élèves et
de l’opinion publique ? Il s’agit de tout repenser sur apprendre & comprendre à l’échelle planétaire,
avec garantie sur la laïcité, d’ouverture sur le bien commun, de diversité des intelligences. À revoir
le rôle des acteurs (professeur, proviseur, inspecteur, recteur…) dans leur tâche d’accompagnement
de la jeunesse dans ces lieux de vie, de création des savoirs, de promotion des initiatives, loin de
tout cloisonnement disciplinaire à intégrer les outils informatiques. Faire de la science pour structurer les esprits, face à une information omniprésente, plus qu’apprendre la science. Urgence stratégique à passer à l’action ! Le plus beau serait de penser dans une forme qu’on aurait inventée.
(Paul VALÉRY, Tel quel).
Réflexions destinées à tous ceux qui cultivent l’importance du facteur humain, social et
collectif de la pédagogie. Mystérieuse physico-chimie d’enthousiasme et de responsabilité pour le
savoir enseigné, le talent à communiquer, le respect de ces jeunes avec qui nous partageons si
souvent la même ligne d’univers dans ces puits à potentiels qui font de la courbe le plus court
chemin. Tous les matins du monde restent encore devant nous ! Essayons de rester surpris par tout,
et de nous surprendre.
NLDR : Le lecteur motivé consultera l’enquête menée par Émilie MARTIN dans Ciel & Espace
(octobre 2012 : le ciel réenchante la science à l’école. Mentions faites d’expériences (CNRS/OHP,
Astro à l’école) conduites par des collègues (TIPE/MPS/EDE). Chargé de la culture scientifique et
technique Jean-Yves DANIEL y pousse à donner à tous les enseignants une culture scientifique.
Jacques CAZENOVE
Deuxième édition mise à jour d’un ouvrage apprécié d’un professeur de physique et d’astrophysique de l’université de Strasbourg (Dunod, 2006). Ce n’est donc pas d’un
ouvrage de vulgarisation, mais de travail au niveau minimum de L3. L’éditeur annonce qu’il « ne
requiert d’autre connaissance préalable que celle des lois fondamentales de la dynamique et de la
mécanique quantique ». On comprendra qu’il s’agit là d’une coquetterie pédagogique et, qu’à ce
niveau, une certaine familiarité avec les outils utilisés est nécessaire, même si l’auteur prend effectivement soin de les rappeler ou de les présenter dans chaque domaine.
Une première partie est consacrée à la structure et à l’évolution des étoiles : lois des équilibres, modélisation des transferts d’énergie, équations d’état, propriétés quantiques, réactions nucléaires… sont détaillés, jusqu’aux étapes ultimes.
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Astrophysique par Jean HEYVAERTS
Éditeur : Dunod - Collection Sciences sup - 2012 - 384 pages - 35 € ISSN/ISBN : 978.2.10.058269.3.
Public visé : Étudiants en astronomie L3-Master.
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La seconde partie s’appuie sur la relativité restreinte et la relativité générale pour traiter des
astres relativistes et trous noirs, de l’expansion de l’Univers, de cosmologie (avec entre autres d’intéressants développements sur les théories MOND).
Enfin, l’auteur remonte le temps vers un « univers chaud » et aborde avec rigueur de redoutables questions comme l’inflation, ou les origines de la matière, détaillant la mise en équation délicate de ces phénomènes non encore complètement élucidés.
Une bibliographe (essentiellement en anglais) et des exercices corrigés aideront le lecteur à
assimiler les nombreux concepts abordés, touchants de nombreux domaines de la physique.
En conclusion, on ne saurait mieux dire que l’auteur, qui relève que « du monde des étoiles
à celui des galaxies et à de plus grandes échelles encore, l’Univers se structure et évolue en une
vaste déclinaison des lois de la physique […]. Ainsi, tout ce que nous voyons dans notre environnement, proche ou lointain […] et même ce que nous ne voyons pas encore, est le fruit de ce
dialogue entre les diverses forces fondamentales de la nature. ».
Jean DERVIEUX
N’oubliez pas, pour compléter cette rubrique, de consulter le serveur de l’UdPPC :
où vous trouverez des analyses d’ouvrages qui ne sont pas, faute de place, publiées dans « Le Bup ».
Pour ce mois-ci vous trouverez :
948-4384 : Artificial Satellites par Richard SCHMUDE.
948-4383 : Hydrodynamique physique par Étienne GUYON, Jean-Pierre HULIN et Luc PETIT.
948-4382 : Acoustique - Informatique - MusiquE par Brigitte D’ANDRÉA-NOVEL, Benoît FABRE et
Pierre JOUVELOT.
948-4379 : La science, une ambition pour la France par André BRAHIC.
948-4378 : Pour une économie du bien commun par Goéry DELACÔTE et Christelle Morel.
http://www.udppc.asso.fr/
Pour toute remarque ou renseignement concernant cette rubrique, s’adresser à Bruno VELAY
(14, rue de Kerbezo - 44350 GUÉRANDE) ou par mél. :
[email protected]
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