la contributionde l`économie sociale au développement local

Transcription

la contributionde l`économie sociale au développement local
la contribution
de l’économie sociale
au développement local
REVUE01
ANNUELLE
DES PÔLES
RÉGIONAUX
D’ÉCONOMIE
SOCIALE
2012
3
4
Mot du Président du Chantier de l’économie sociale / Pôle régional Outaouais
Mot de la Présidente-directrice générale du Chantier
COLLABORATION SPÉCIALE
5
Jean Dion
PERSPECTIVES
6
8
10
12
Présentation
Veille stratégique en économie sociale
Capitalisation des entreprises d’économie sociale
Travailler ensemble pour une économie sociale plus forte !
LES PÔLES
14
17
20
23
26
29
32
35
38
41
Bas-Saint-Laurent › 01
Saguenay–Lac-Saint-Jean › 02
Capitale-Nationale › 03
Mauricie › 04
Estrie › 05
Montréal › 06
Outaouais › 07
Abitibi-Témiscamingue › 08
Côte-Nord › 09
Nord-du-Québec › 10
COOPOINT
45
46
47
LES PÔLES
Démocratie et santé: les coopératives au cœur du système public de santé québécois
La diversité coopérative en milieu urbain
Les coopératives et le transfert d’entreprise
50
53
56
59
62
65
68
71
74
77
Gaspésie–Îles-de-la-Madeleine › 11
Chaudière-Appalaches › 12
Laval › 13
Lanaudière › 14
Laurentides › 15
Montérégie › 16
Montérégie Est
Agglomération de Longueuil
Vallée-du-Haut-Saint-Laurent
Centre-du-Québec › 17
Cercle d’économie sociale autochtone
PERSPECTIVES
80
82
84
Développement de la main-d’œuvre
Le potentiel de gestion des personnes immigrantes, l’économie sociale y croit Le Chantier sur la scène internationale
S MMAIRE
AVANT-PROPOS
AVANT-PROPOS
REMERCIEMENTS
C’est avec la participation de gens qui, au quotidien,
font en sorte que l’économie sociale se développe
dans leur région respective et qui ont à cœur le mouvement
de l’économie sociale que cette revue a pu être produite.
Un grand merci à chacun des Pôles régionaux d’économie sociale
et à leurs partenaires pour leur importante
collaboration et leur dynamisme.
Coordination : Chantier de l’économie sociale
www.chantier.qc.ca
Conception graphique : Studio créatif Coloc
www.coloc.coop
Impression : Imprimerie Vincent
www.imprimerie-vincent.com
Imprimé sur papier certifié
MOT DU PRÉSIDENT
DU CHANTIER DE L’ÉCONOMIE SOCIALE / PÔLE RÉGIONAL OUTAOUAIS
Je suis un gars de l’Outaouais. Je porte ma région dans mon cœur et je suis fier d’être d’ici.
Cette affirmation pourrait être reprise par tous les auteurs des textes que vous pourrez lire
dans cette revue. Depuis sa création, le Chantier de l’économie sociale a souhaité enraciner
ses actions dans toutes les régions du Québec. Les structures de concertation régionales se
sont passablement transformées au cours des dernières années, passant de l’ère des Conseils
régionaux de développement aux Conférences régionales des élus. Mais la volonté du
Chantier de l’économie sociale est toujours restée la même; le développement de
l’économie sociale doit passer par les acteurs du milieu et les Pôles régionaux d’économie
sociale en sont une importante manifestation.
Implantés partout au Québec, les Pôles régionaux d’économie sociale visent plusieurs
objectifs. Ils sont d’abord chargés d’animer le réseau des entreprises d’économie sociale
et des partenaires de son développement ainsi que de favoriser la concertation entre
ces acteurs. Ensuite, les pôles font la promotion de l’économie sociale comme outil de
développement durable et solidaire de nos milieux porteurs de nos aspirations. Enfin, les
pôles jouent un rôle d’interface entre les régions et le Chantier de l’économie sociale qui,
depuis sa création, porte la préoccupation que ses gestes ne soient pas désincarnés.
On reproche souvent aux organisations nationales de ne pas être à l’écoute de ce qui se
passe « sur le terrain », d’uniformiser les besoins ou de prétendre savoir ce qui est bon pour
les communautés mieux que les acteurs eux-mêmes… Pas nous. Aucun effort n’est ménagé
pour que les acteurs de l’économie sociale, qu’ils soient d’un secteur ou d’une région,
s’approprient le Chantier de l’économie sociale.
La revue annuelle des Pôles régionaux d’économie sociale s’inscrit dans cette approche.
L’initiative émerge des pôles eux-mêmes et bénéficie du soutien du Chantier. Ainsi, à travers
cette revue, vous pourrez parcourir les régions du Québec en appréciant la diversité de leurs
projets et les succès qui témoignent de l’ingéniosité, de l’engagement, de l’esprit d’entreprise et
de la solidarité qu’on retrouve dans chacune de ces régions. Cette revue se veut l’illustration
concrète de la diversité et de la vigueur du mouvement de l’économie sociale partout au Québec.
Je vous souhaite une lecture inspirante qui nourrira votre fierté.
Le président,
PATRICK DUGUAY
3
AVANT-PROPOS COLLABORATION SPÉCIALE
MOT DE LA PRÉSIDENTE
DIRECTRICE GÉNÉRALE DU CHANTIER
Partout au Québec, des citoyens et citoyennes se mobilisent en faveur d’une autre logique
de développement. Touchées de près ou de loin par les impacts néfastes du modèle
économique dominant, (celui qui nous promet des lendemains qui chantent en autant qu’on
laisse toute la place à la création de richesse par les autres), des collectivités se positionnent
de plus en plus en faveur d’une autre proposition d’avenir.
Quelle est cette autre proposition, cette autre logique économique ? Force est de constater
que les réponses à cette question sont en émergence dans toutes les régions du Québec.
À partir des initiatives locales et régionales, le Québec s’organise de plus en plus afin
d’emprunter des chemins nouveaux et d’implanter des pratiques innovatrices qui marient
finalités économiques, sociales, culturelles et environnementales.
Mais il nous reste encore du chemin à faire, des gens à convaincre, des politiques publiques
à gagner ou à adapter, des capacités collectives à renforcer et des alliances à consolider pour
réaliser le plein potentiel de l’économie sociale.
Plus que jamais, nous devons réunir nos forces pour que les entreprises collectives prennent
une plus grande place dans l’économie québécoise ! Il est grand temps que le potentiel de
l’économie sociale comme vecteur de développement soit pris au sérieux au Québec et non
plus considéré comme un phénomène marginal, un pis-aller quand le secteur privé ne veut
pas occuper un marché ou réaliser un mandat d’intérêt public. Il est temps que la place
occupée par les entreprises d’économie sociale dans tous les secteurs soit reconnue. Du Plan
Nord aux énergies renouvelables, du secteur manufacturier aux nouvelles technologies de
l’information, des services de proximité à la culture, il importe plus que jamais d’opérer un
changement de logique économique afin que les entreprises collectives soient tout autant
l’objet de reconnaissance et de soutien que les entreprises privées et publiques.
Et nous savons que nous ne sommes pas seuls au Québec à penser ainsi. Les 1 600 personnes
de 62 pays qui ont répondu à l’invitation du Chantier à participer au Forum international de
l’économie sociale et solidaire (FIESS) en octobre 2011 en témoignent. Les visites
organisées dans huit régions ont permis aux participants de tous les continents de constater
la richesse des pratiques chez nous et de créer des liens avec des partenaires régionaux. Ce
fut d’ailleurs une des activités les plus appréciées du FIESS.
Que ce soit par leur travail quotidien ou par des échanges internationaux, les Pôles régionaux
d’économie sociale sont des carrefours importants pour la mise en œuvre de ce changement
de logique économique. La richesse des pratiques qu’ils incarnent et leur travail de promotion
d’une économie sociale et solidaire auprès des élus et d’un ensemble d’acteurs régionaux est
d’une importance primordiale; ils ont un rôle crucial dans la transition de l’ensemble de notre
économie vers un développement véritablement durable et inclusif.
La revue annuelle des Pôles régionaux d’économie sociale se veut un outil de plus dans ce
grand « chantier » en émergence dans tout le Québec. Elle permet d’illustrer le chemin déjà
parcouru. Et surtout, elle nous permet de démontrer sans hésitation que nous avons des
acquis importants sur tout le territoire sur lesquels nous allons pouvoir nous appuyer
collectivement pour continuer à construire ensemble.
Merci aux collaborateurs de toutes les régions qui ont participé à la réussite de ce projet et
bonne lecture à tous et toutes !
NANCY NEAMTAN
Présidente-directrice générale
COLLABORATION SPÉCIALE
À NOUS LE SPORT !
par JEAN DION
Il y a trois ans, alors que le prestigieux
(et lucratif ) Club de hockey Canadien
était à vendre, Patrick Duguay, président
du Chantier de l’économie sociale, m’avait
fait part d’une idée originale: et si on créait
une coopérative de consommateurs — de
partisans, en quelque sorte — pour acquérir
une partie de l’équipe et redonner à ceux qui
le soutiennent depuis un siècle un peu de
leur investissement, eux qui ne lésinent pas
sur les émotions et l’allégeance lorsqu’il est
question de hockey ? Après tout, faisait valoir
Patrick, on retrouve peu de véhicules identitaires plus puissants que le CH au Québec;
de mon côté, je songeais qu’il ne serait en
effet pas négligeable, pour prendre un
exemple au hasard, de profiter d’un rabais
sur les onéreux hot-dogs du Centre Bell…
Utopique? Il est vrai que les grands circuits
sportifs professionnels en Amérique du
Nord ne voient pas d’un bon œil la participation directe du public à leurs affaires, quand
ils ne l’interdisent pas carrément. C’est qu’ils
devraient ouvrir leurs livres, comprenezvous, et on saurait à quoi s’en tenir lorsqu’ils
viendraient quémander de l’argent des
contribuables pour construire de nouveaux
stades, comme on rapporte qu’ils le font de
temps à autre sans exagérer.
Mais la participation citoyenne au merveilleux monde du sport existe bel et bien.
C’est vrai en Europe, où deux des clubs de
soccer les plus en vue au monde, le Real
Madrid et le FC Barcelone sont la propriété
d’actionnaires comme vous et moi — les
socios — qui élisent leurs représentants au
sein de la direction de l’équipe. C’est aussi
vrai plus près de chez nous.
Vous avez certainement vu, en 2010, les
Packers de Green Bay remporter le Super
Bowl. Les Packers se démarquent notamment par l’enthousiasme délirant de leurs
supporters, qui se font un point d’honneur
de porter une grosse pointe de fromage
troué jaune sur la tête. Ils s’appellent les
Cheeseheads, et ils en sont fiers. Or Green
Bay est une ville d’environ 100 000 habitants.
Si un marché d’aussi petite taille arrive à
concurrencer des géants comme New York
et Chicago, c’est en raison du système mis
en place dans la Ligue nationale de football
de partage quasi intégral des revenus entre
ses équipes — télévision et produits dérivés,
notamment. Dans les années 1960, le commissaire de la NFL de l’époque, Pete Rozelle,
avait compris que sa ligue vendait d’abord
de la compétition et que s’il y avait trop
d’inégalités, elle perdrait beaucoup de clients.
Il avait été traité de communiste, mais son
idée a fini par passer, et la NFL croule
depuis sous les millions.
Et les Packers présentent une particularité
dans un univers où les sommes d’argent
évoquées frisent le déraisonnable: ils sont la
propriété de leurs fans, littéralement. Cela
remonte aux années 1920 quand, peu après
l’obtention d’une franchise de la NFL, le
fondateur de l’équipe Curly Lambeau s’est
retrouvé devant des problèmes financiers et
a fait appel au public en lui offrant d’acheter
des parts de l’équipe. Ce fut un succès, et
l’exercice s’est répété deux autres fois. Tout
récemment, une quatrième mise en vente a
permis de récolter 67 millions $ qui seront
consacrés à des rénovations au stade
des Packers.
Les parts, qui se vendaient cette fois 250 $
pièce, ne peuvent prendre de la valeur et ne
peuvent être vendues. Lorsqu’on en achète
une, on reçoit simplement un certificat
mentionnant que nous sommes l’un des
milliers de propriétaires des Packers de
Green Bay. On compte en ce moment 360
000 détenteurs de parts, répandus un peu
partout au Wisconsin mais aussi à travers les
États-Unis et au Canada.
Chez nous, dans la Ligue canadienne de
football, les Roughriders de la Saskatchewan
opèrent de façon similaire.
Peut-on faire un rapprochement entre le
fromage de Green Bay et la laiterie de
Gatineau ? Risquons-en un, et rêvons qu’un
jour, le monde ordinaire pourra non
seulement considérer le Canadien de
Montréal (ou les Nordiques de Québec,
pourquoi pas) comme sien, mais dire haut et
fort qu’il l’est. Vraiment.
Jean Dion vu par lui-même
Journaliste au Devoir depuis 20 ans,
ce qui ne le rajeunit vraiment pas.
A participé et continue de prendre
part à de multiples émissions de
radio et de télévision et de contribuer
à diverses publications. Demeure
intimement persuadé qu’avec un
coureur au deuxième but et aucun
retrait, il est primordial de frapper la
balle au sol du côté droit de l’avantchamp. Dans sa liste de choses à faire
avant de passer de vie à trépas :
publier un recueil de poésie théorique,
prouver qu’il existe plusieurs internets
et présider la Corée du Nord.
5
PERSPECTIVES
assurer
& rayonne
20 pôles régionaux
L’économie sociale au Québec peut maintenant miser
sur un réseau solide de Pôles régionaux d’économie sociale
pour assurer son développement et rayonner davantage.
On compte maintenant 20 pôles régionaux un peu partout au
Québec. Bien que leur travail soit régionalement reconnu, il
mérite certainement d’être mieux connu !
La Revue annuelle des Pôles régionaux d’économie sociale
vous permettra d’en apprendre davantage sur
ces organisations et de mieux connaître les multiples
visages de l’économie sociale au Québec.
l’économie
se transforme
Mais qu’est-ce qu’un
pôle régional
d’économie sociale ?
Dans toutes les régions du
Québec, un projet à la fois,
l’économie se transforme
pour répondre aux besoins
des collectivités.
és
Le rôle des pôles régionaux
consiste à promouvoir
l’économie sociale ainsi qu’à Qu’est-ce que
favoriser la concertation et
l’économie sociale ?
le partenariat entre les
intervenants locaux et Le concept d’économie sociale combine deux termes :
régionaux en économie
sociale afin d’harmoniser les
interventions et d’en
renvoie à la production concrète de biens réfère à la rentabilité sociale et non
maximiser les effets.
ou de services ayant l’entreprise comme purement économique de ces activités.
Il vise également à soutenir,
forme d’organisation et contribuant à une Cette rentabilité s’évalue par la contribution
en complémentarité augmentation nette de la richesse collective. au développement démocratique, par
le soutien d’une citoyenneté active, par la
avec les organisations du
promotion de valeurs et d’initiatives de
prise en charge individuelle et collective.
milieu, la création, la
La rentabilité sociale contribue donc à
l’amélioration de la qualité de vie et du
consolidation et l’expansion
bien-être de la population, notamment par
des entreprises d’économie
l’offre d’un plus grand nombre de services.
Tout comme pour le secteur public et le
sociale ainsi
secteur privé traditionnel, cette rentabilité
que l’émergence de
sociale peut aussi être évaluée en fonction
du nombre d’emplois crées.
nouveaux champs
d’activités.
économie sociale
www.ec
l’entreprise d’économie sociale a pour finalité de servir ses membres ou la collectivité plutôt que de simplement engendrer des profits et viser le rendement financier;
elle a une autonomie de gestion par rapport à l’État;
elle intègre dans ses statuts et ses façons de faire un processus de décision démocratique
impliquant usagères et usagers, travailleuses et travailleurs;
elle défend la primauté des personnes et du travail sur le capital dans la répartition de
ses surplus et revenus;
elle fonde ses activités sur les principes de la participation, de la prise en charge et de la responsabilité individuelle et collective.
Plus de
17
de chiffre
d’affaires
entreprises collectives
(coopératives et OSBL)
+ DE
EMPLOIS
arts et culture
agroalimentaire
commerce de détail
environnement
immobilier collectif
loisir et tourisme
médias
manufacturier
services aux personnes
technologies de l’information et des communications
etc.
* Il n’existe pas présentement
de statistiques officielles sur
l’économie sociale au Québec.
Les données ci-dessus sont le
résultat de la compilation de
différents portraits et recherches
réalisés par plusieurs partenaires
et acteurs. Toutefois, des travaux
sont actuellement en cours avec
l’Institut de la statistique du
Québec (ISQ) dans le but de doter
l’économie sociale d’un portrait
statistique officiel et exhaustif.
Environ
20
7000
+ de
milliards $
L’économie sociale
en chiffres *
125 000
•
•
•
•
•
secteurs
économiques
er
Pris dans son ensemble, l’économie sociale regroupe l’ensemble des activités et organismes,
issus de l’entrepreneuriat collectif, qui s’ordonnent autour des principes et des règles de
fonctionnement suivants :
8 %
du PIB
Marginale l’économie sociale ?
À combien croyez-vous que la valeur moyenne
des projets d’économie sociale en préparation se chiffre ?
D’après les résultats de la veille stratégique du Chantier de l’économie sociale, ils valaient
en moyenne plus de 1,77 M $ en 2010 ! De quoi faire réfléchir ceux qui croient que
l’économie sociale n’est composée que de petites entreprises marginales… Avec 150 projets
de développement, on cumulait une valeur totale s’élevant à 266 M $. Depuis 2007, la valeur
totale des projets en préparation identifiés par l’enquête et leur valeur moyenne ont
augmenté chaque année, faisant un bond de 700 000 $ à 1,77 M $ pour la valeur moyenne.
Visitez le portail Économie sociale Québec et sélectionnez votre région pour découvrir le travail
de votre pôle régional et les nombreuses entreprises d’économie sociale de votre territoire.
www.economiesocialequebec.ca
economiesocialequebec.ca
7
PERSPECTIVES
Faire une veille stratégique, c’est être constamment aux aguets de ce qui se passe sur un sujet donné, tout en se donnant le temps de prendre du
recul pour arriver à en saisir le portrait d’ensemble. Il s’agit de chercher et de traiter l’information éclairante permettant de prendre des décisions
stratégiques. Ainsi, faire une veille stratégique en économie sociale, c’est se donner l’occasion de prendre le temps de regarder et d’analyser tout ce
qui se passe dans un réseau aux multiples composantes, un milieu dynamique qu’il faut suivre avec assiduité.
D’entrée de jeu, il faut préciser que cette veille est réalisée pour la Fiducie du Chantier de l’économie sociale qui s’intéresse aux tendances de
développement et aux besoins financiers qui y sont rattachés. Elle a confié le mandat de cette veille au Chantier puisqu’il est en contact avec de
nombreux réseaux qui peuvent alimenter ce travail.
Ainsi, notre veille est un peu particulière, surtout si on la compare à ce qui se fait dans d’autres milieux. Son originalité réside dans le fait de
s’appuyer sur la collaboration de nombreux acteurs de l’économie sociale qui détiennent chacun une partie de l’information nécessaire pour saisir ce
portait d’ensemble. La veille se divise en deux grandes parties : une enquête annuelle sur les projets en développement et une veille proprement dite.
POURQUOI FAIRE UNE
EN ECONOMIE SOCIALE ?
Enquête
L’enquête consiste à contacter, une fois par année, les acteurs de développement (centres
locaux de développement (CLD), coopératives de développement régional (CDR), corporations
de développement économique communautaire (CDEC), réseau du crédit communautaire) et
les réseaux sectoriels d’entreprises afin de connaître les projets d’économie sociale en
développement à ce moment-là. Cette information nous permet d’avoir un tableau d’ensemble
des projets appelés à prendre forme au Québec dans les mois ou les années à venir. Nous
recueillons de l’information sur les entreprises en démarrage de même que sur celles en
expansion ou en consolidation. Nous voulons connaître leurs secteurs d’activités, leur stade
de développement ainsi que la valeur des projets en développement. Dans cette optique, nous
demandons aux acteurs de développement d’identifier tous les projets présents sur leur
territoire - ou dans leur secteur pour les réseaux sectoriels - et de nous faire part des leurs
coûts, lorsqu’ils les connaissent. À partir de ces renseignements, nous pouvons identifier la
valeur des projets, les secteurs en expansion, les régions où de nombreux projets devraient
voir le jour, etc., ce qui nous permet ensuite d’identifier des tendances de développement.
C’est un travail fascinant qui donne des résultats parfois surprenants. En voici un :
Évolution de la valeur moyenne des projets identifiés par les
enquêtes de 2007 à 2011 ($)
2 500 000
Ce graphique illustre l’accroissement impressionnant de la valeur moyenne des
projets identifiés par les enquêtes
successives, passant de 700 000 $ en 2007
à 2,2 M $ en 2011. Ces valeurs élevées vous
surprendront peut-être. Il est vrai que,
depuis quelques années, l’enquête recense
certains très gros projets dont la valeur
(30 M $) fait grimper la moyenne. De plus,
avec les années, ayant une meilleure
connaissance des produits de la Fiducie, les
agents de développement ont de plus en plus
tendance à répondre à l’enquête en ciblant
les projets pouvant présenter un réel
potentiel d’investissement pour la Fiducie1.
Sans aucun doute, nos données ont de quoi
faire réfléchir ceux qui croient que
l’économie sociale est composée de petites
entreprises marginales…
Certains secteurs se démarquent par le
nombre de projets ou la valeur de ceux-ci.
En fait, depuis que nous avons commencé à
réaliser des enquêtes, le secteur du loisir et
tourisme a toujours été celui représentant
la plus grande valeur totale de projets en
développement. Cela s’explique notamment
par la présence de projets d’hébergement
touristique de valeur très élevée.
2 000 000
1 500 000
1 000 000
500 000
00
2007
2008
2009
2010
2011
Bien que nous leur demandons de répondre pour TOUS les projets présents sur leur territoire ou dans leur secteur, lorsque les agents savent que l’enquête est menée pour la Fiducie, ils effectuent souvent un tri ou nous envoient uniquement les projets admissibles à la Fiducie qui sont des projets valant plus de 150 000 $.
1
En 2011, les secteurs présentant le plus de projets (en valeur) sont les suivants (en ordre décroissant) :
1. Loisirs et tourisme;
2. Arts et culture;
3. Environnement;
4. Immobilier collectif;
5. Manufacturier;
6. Agroalimentaire.
Évidemment, la validité de cette enquête est directement
liée au taux de réponse obtenu. La collaboration d’un
ensemble de partenaires est essentielle à sa réalisation.
En 2011, nous avons obtenu un taux de réponse de 68 %
auprès des CLD, CDEC et CDR.
VEILLE STRATEGIQUE
Veille
En plus de cette enquête, un travail de
veille est aussi réalisé, s’appuyant également sur les réseaux et, plus précisément,
grâce à la collaboration des pôles régionaux
d’économie sociale et des regroupements
sectoriels d’entreprises. En 2007, lorsque
le mandat de veille a débuté, une fiche a
été préparée pour chacune des régions et
pour chacun des secteurs. Chaque fiche
a été construite en collaboration avec les
acteurs concernés et à la suite de la lecture
de documents et sites Internet pertinents.
Ainsi, chaque fiche trace un bref portrait
du secteur ou de la région et identifie ses
enjeux spécifiques. Depuis 2008, le travail
consiste essentiellement à mettre ces fiches
à jour chaque année. Facile ? Oui et non,
car les choses bougent beaucoup. Le travail
nécessaire à la mise à jour s’échelonne tout
au long de l’année grâce à un suivi constant
de l’actualité. Au printemps, une pré-mise à
jour des fiches est effectuée en y intégrant
de l’information issue :
• du suivi quotidien des médias;
• de la consultation de documents et de sites Internet;
• de la participation à des colloques et événements divers.
Une fois l’ensemble de cette information
traitée et intégrée, les fiches sont acheminées
aux partenaires. Ainsi, pour cette mise à
jour, les réseaux sectoriels et régionaux sont
mis à contribution. Ils reçoivent leur fiche
de l’année précédente avec une première
mise à jour et doivent ensuite la modifier en
fonction des changements survenus. Une
fois cette opération terminée, reste la phase
d’analyse qui permettra d’identifier les principaux enjeux et les grandes tendances de
développement. Pour y arriver, il faut reprendre la cinquantaine de fiches produites et
en dégager les principaux éléments. Une étape fort intéressante !
Et quels sont ces grands enjeux ?
Des enjeux généraux ont pu être dégagés de l’analyse à la fois sectorielle et régionale.
Certains concernent davantage les entreprises tandis que d’autres touchent plutôt le
mouvement dans son ensemble. Les principaux enjeux sont :
• Développement de la main-d’œuvre (accès à une main-d’œuvre qualifiée, rétention des travailleurs et travailleuses, mise en place de bonnes conditions de travail, offre de salaires satisfaisants, assurer la relève au sein des entreprises existantes, formation)
• Assurer un financement stable et suffisant pour les entreprises d’économie sociale
• Positionner les entreprises d’économie sociale comme solution à la relève dans les PME
• Recherche et développement (avoir des structures permettant de faire de la R & D)
• Intégrer les préoccupations environnementales dans l’ensemble des secteurs d’activités
• Saisir les occasions liées au développement de l’économie «verte»
• S’assurer que l’exploitation des ressources naturelles puisse avoir des retombées positives pour les communautés locales, notamment dans le cadre du Plan Nord
• Positionner les entreprises d’économie sociale dans des secteurs lucratifs, en faisant tomber les barrières qui peuvent être liées aux difficultés d’établir des ententes de gré à gré, aux besoins de cautions, à la présence de pratiques de concurrences féroces (voire hostiles), etc.
• Attirer des capitaux privés
• Avoir des statistiques précises concernant le nombre d’entreprises collectives, d’employés...
• Faire reconnaître l’économie sociale comme une voie de développement allant au-delà de la lutte à la pauvreté
• Positionner l’économie sociale comme un modèle permettant de sortir de la crise
Certes, la veille stratégique est effectuée pour la Fiducie du Chantier de l’économie sociale.
Toutefois, l’information recueillie renferme une grande richesse qui suscite l’intérêt grandissant des divers acteurs de l’économie sociale. On dit souvent que pour savoir où l’on va, il faut
savoir d’où l’on vient… la veille stratégique du Chantier de l’économie sociale s’inscrit dans
cette perspective !
9
PERSPECTIVES
LA PRISE EN CHARGE D’OUTILS FINANCIERS COMME MOYEN DE RELEVER LE DÉFI
Depuis sa création, le Chantier de
l’économie sociale a toujours été
préoccupé de faire en sorte que les
entreprises d’économie sociale aient
les moyens financiers de réaliser leurs
missions. Subventions gouvernementales, dons, prêts et capitalisation;
tous les moyens sont bons pour
permettre à ces entreprises de se
développer et de répondre aux
besoins de leurs communautés. C’est
donc pourquoi le Chantier déploie
autant d’énergie pour faciliter l’accès
à des capitaux additionnels.
Stimuler l’offre de produits financiers adaptés
Avec la prise en charge des outils financiers du Chantier, deux objectifs
sont visés :
• Aider les acteurs de l’économie sociale à développer des outils
innovants et adaptés aux besoins des entreprises collectives.
• Amener les marchés financiers à adapter leurs produits à la réalité
de l’économie sociale.
…visiblement, nos avancées à cet égard sont significatives !
À la fin des années ’90, au moment de la
création du Chantier, l’accès aux services
financiers était extrêmement difficile pour
les entreprises d’économie sociale, autant
pour les prêts, les marges de crédit ou des
capitaux d’investissements. Le financement
sans garantie leur était à
toute fin pratique inaccessible. Il était
donc urgent que ces entreprises
soient mieux connues des milieux
À compter de 2002, un autre constat établissait que les produits de financement disponibles
financiers tout en stimulant l’offre de
pour les entreprises d’économie sociale, à l’exception des subventions et des parts cotisées par
produits adaptés.
les membres de coopératives dans le cadre du RIC, étaient essentiellement des prêts dont les
échéances de remboursement variaient entre 3 et 10 ans.
Un premier pas dans ce sens fut la
création du Réseau d’investissement
Les entreprises d’économie sociale n’avaient donc pratiquement aucun produit financier leur
social du Québec (RISQ) et de ses
permettant de conserver à long terme le capital emprunté. Avec la création de la Fiducie en 2006,
prêts de capitalisation sans garantie.
un fonds offrait pour la première fois aux entreprises d’économie sociale un produit de capital
Le RISQ contribuera également à une
patient s’apparentant à de la capitalisation n’exigeant aucun remboursement de capital avant
meilleure compréhension des enjeux
15 ans.
propres aux entreprises collectives
avec la publication du Guide d’analyse
Si, avant l’arrivée de la Fiducie, il était impossible d’obtenir du capital de développement à des
des entreprises d’économie sociale.
taux d’intérêt inférieurs à ceux du capital de risque disponible pour le secteur privé (entre 11 %
et 20 %), depuis, nous avons réussi à faire reconnaître un taux inférieur correspondant davantage
En plus des impacts directs liés à
aux risques de pertes moindres constatés dans le secteur de l’économie sociale comparativement
ses investissements, le RISQ fait
au secteur privé.
maintenant école pour d’autres fonds
en démontrant le potentiel et la
fiabilité de ce genre d’investissement. Aujourd’hui,
Étant inaliénables et démocratiques, les entreprises d’économie sociale ne peuvent
l’ensemble des fonds locaux, dont les Fonds local
donc être revendues. Dans la majorité des cas, leurs missions ne leur permettent pas
d’investissement (FLI) et les fonds SOLIDE, de faire des surplus d’opérations ou des trop-perçus significatifs. Dans ces conditions,
investissent dans les entreprises d’économie sociale. il importe de trouver d’autres façons de favoriser leur capitalisation.
LA FIDUCIE DU CHANTIER DE L’ÉCONOMIE SOCIALE
Actuellement, les entreprises d’économie sociale se capitalisent modestement par des :
Apports internes : majoritairement les surplus cumulés, généralement libre
d’engagements de remboursement, de rendement fixe sans condition (sauf pour les
parts remboursables) et qui resteront dans l’entreprise.
LA CAPITALISATION
Apports externes : des contributions non remboursables (subventions pour les
infrastructures et autres subventions liées à des politiques publiques régionales et sectorielles accessibles aux entreprises d’économie sociale) et des dons.
UN PAYSAGE QUI CHANGE
Les partenaires-investisseurs dans la Fiducie
du Chantier constatent aujourd’hui la
pertinence de nos approches et collaborent
activement sur le plan financier et politique.
La création du CAP Finance témoigne de
cette volonté de faire reconnaître la finance
sociale et le capital de développement.
Comme en témoignent les SOLIDES,
maintenant
ouverts
aux
entreprises
collectives, les pratiques évoluent. Le PDG
d’Investissement Québec reconnaît d’ailleurs
publiquement que l’économie sociale est la
section la plus rentable d’IQ en raison du
faible taux de défauts de paiements. Soulignons également que Fondaction poursuit ses
interventions dans les entreprises collectives. Entre 1996 et 2005, ce sont plus de 755 M$ qui
ont été investis dans ces entreprises au Québec 1.
Ces transformations ne se limitent pas au Québec. La crise financière de 2007 semble avoir
ébranlé certains acteurs institutionnels qui, désormais, regardent autrement les
investissements en économie sociale en raison de leur solidité et de leur enracinement dans la
« vraie » économie. Par ailleurs, l’Impact investment prend de l’ampleur et fait appel à des
formes d’investissement visant à maximiser les retombées sociales et environnementales
positives. Un rapport récent de JP Morgan et de la Fondation Rockefeller estime que le
potentiel de ce marché se situe entre 400 milliards $ et 1 billion $ avec une concentration dans
cinq secteurs : habitation, accès à l’eau en milieu rural, santé maternelle, éducation primaire
et services financiers pour les
personnes ayant un revenu de
moins de 3000 $.
LES PRODUITS DE LA FIDUCIE DU CHANTIER,
PREMIÈRE ÉTAPE VERS
DES ENTREPRISES LA CAPITALISATION
D’ÉCONOMIE
SOCIALE
En raison de son échéance de 15 ans sans remboursement
de capital, le financement de la Fiducie du Chantier aide
l’entreprise à se constituer une capitalisation. Toutefois,
par définition, il ne s’agit pas de réelle capitalisation –
en raison de la date d’échéance de remboursement et la
prise de garantie subalterne à une institution financière
sur le financement immobilier - mais il s’agit tout de
même d’un premier pas significatif.
L’ÉTAPE FINALE :
VERS UNE VÉRITABLE CAPITALISATION
Jusqu’à maintenant, nos efforts ont
permis de repousser le remboursement
de capital à la 15 e année tout en
permettant un remboursement anticipé
après un an sans pénalité. Cependant,
les entreprises doivent toujours
rembourser ce capital à l’échéance.
Actuellement, c’est la seule stratégie
de sortie du capital disponible pour
les investisseurs.
Il reste donc à développer d’autres
stratégies de sortie du capital pour les
investisseurs. À l’échéance des prêts de
capital patient de la Fiducie du Chantier,
il faut pouvoir offrir aux entreprises
d’économie sociale la possibilité de
signer de nouvelles ententes de prêt.
Les entreprises continueront à ne payer
que les intérêts, conservant ainsi une
marge de manœuvre pour atteindre
leurs objectifs.
Il existe de bonnes raisons d’intégrer des produits de capital patient
comme ceux de la Fiducie dans un financement de projet. En voici
quelques-unes :
1. Réduit les besoins de sorties de fonds mensuelles et annuelles
puisque le capital n’est exigé qu’à l’échéance de 15 ans.
2. Permet de dégager immédiatement une marge de manœuvre
significative de liquidités permettant d’accélérer le développement et
d’améliorer les conditions de travail des employés.
3. Coupe le cycle court de capitalisation/décapitalisation engendré par
les prêts traditionnels qui imposent rapidement le remboursement
régulier du capital.
4. Réduit les incertitudes financières par des taux fixes tout au long de
l’entente (15 ans pour les produits de capital patient de la Fiducie du
Chantier).
5. À la 15e année, la sortie est facilitée par l’effet de l’inflation. En effet,
un capital de 300 000 $ en dollars 2011 vaudra environ 200 000 $
en dollars constant après 15 ans. Ainsi, dans les faits, près du tiers du
capital se retrouve « remboursé », si évalué en dollars constants.
6. L’entreprise peut rembourser en tout temps sans pénalité.
7. Diminution du risque financier pour l’entreprise, car le capital
patient opération est sans garantie.
1
La finance responsable au Québec, Bourque, Mendell, Rouzier,
www.eve.coop
11
PERSPECTIVES
Travailler
e
l
b
m
e
s
en
pour une économie sociale
plus forte !
C’est avec beaucoup de fierté que le 17 mai dernier, le Chantier de l’économie sociale a lancé
officiellement le service de regroupements d’achats Commerce solidaire. C’est en observant
l’expérience et la réussite de la coopérative de solidarité du réseau de la petite enfance
william.coop que le Chantier y a décelé une piste de solution valable et efficace afin de doter
les entreprises d’économie sociale de services et d’outils leurs permettant d’améliorer leur
compétitivité et d’assurer leur viabilité tout en soutenant l’achat local. Ainsi, pour son projet
de Commerce Solidaire, le Chantier de l’économie sociale s’est associé à william.coop afin
de profiter de son expertise unique et éprouvée en matière de regroupement d’achats, de
commerce en ligne et de soutien à l’achat local dans chacune des régions du Québec.
Offrant bien davantage que des services aux entreprises, Commerce solidaire a pour objectif
ultime de renforcer le secteur de l’économie sociale et solidaire et d’accroître son rôle dans
l’activité économique du Québec et ailleurs dans le monde. Pour y arriver, les entreprises et les
réseaux d’économie sociale sont notamment appelés à collaborer davantage ensemble, surtout
du point de vue commercial. Ils se donnent aussi le défi d’améliorer l’accès à leurs produits et
leurs services auprès des consommateurs, des entreprises et des organismes publics.
Commerce solidaire offre aux entreprises un outil collectif sans précédent pour accroître
leur pouvoir d’achat, pour commercialiser leurs produits, développer des marchés et pour
se « réseauter » dans une perspective d’affaires et d’entraide. C’est aussi un instrument pour
mettre de l’avant l’économie sociale et solidaire et promouvoir ses valeurs.
Commerce solidaire veut également contribuer à la consommation responsable en faisant
la promotion des produits et services issus de l’économie sociale. Du même coup, c’est
l’occasion pour les entreprises d’économie sociale d’adopter elles-mêmes des pratiques de
consommation responsable. Enfin, Commerce solidaire se pose comme un moyen de soutenir
le développement local en contribuant à la santé financière des entreprises et en visant à
apporter des réponses à certains défis d’approvisionnement.
Faites le choix de la solidarité !
Une centaine d’entreprises d’économie sociale ont déjà adhéré
à Commerce solidaire, améliorant ainsi leur pouvoir d’achat et
celui des entreprises d’économie sociale du Québec.
En choisissant de participer à Commerce solidaire et à son
regroupement d’achats, vous réalisez des économies sur le coût
global de vos approvisionnements et vous augmentez le pouvoir
de négociation de l’ensemble des entreprises d’économie sociale
auprès des fournisseurs. C’est ainsi que nous pouvons, ensemble,
obtenir de meilleurs prix au profit de toutes les entreprises
participantes. Dans cet esprit, la solidarité et la fidélité des
entreprises participantes se traduisent par de meilleurs rabais et
davantage d’influence sur l’offre de fournisseurs et de produits.
Au final, les économies dégagées favorisent
l’approvisionnement en produits et services de
meilleure qualité et le réinvestissement dans la
mission sociale des entreprises.
La Vitrine
Le gouvernement du Québec a récemment lancé sa stratégie de promotion de l’économie sociale. Par cette annonce, lancée sous le slogan
L’ÉCONOMIE SOCIALE : J’ACHÈTE!, le gouvernement reconnaît une
fois de plus l’importance de l’économie sociale dans le développement
économique du Québec. À l’automne, il sera possible d’acheter facilement des produits et
services d’entreprises d’économie sociale. Commerce solidaire
permettra aux consommateurs, aux organisations publiques et aux
entreprises privées de s’approvisionner auprès d’entreprises
d’économie sociale sur tout le territoire du Québec favorisant ainsi le
développement économique de toutes les régions, qu’elles soient rurales
ou urbaines. D’ailleurs, l’annonce de l’initiative gouvernementale
« L’économie sociale, j’achète » confirme cette tendance et la volonté
gouvernementale de faire en sorte que le pouvoir d’achat des institutions
publiques contribue davantage au développement des territoires.
Acheter localement sera désormais plus facile. C’est une
autre bonne nouvelle pour le Québec !
LES P ^ LES
Des communautés
solidaires et innovantes
01
LES PÔLES
BAS-SAINT-LAURENT
Un portrait fort impressionnant
des entreprises d’économie sociale
dans le Bas-Saint-Laurent
Les entreprises d’économie sociale jouent un rôle majeur dans la région du
Bas-Saint-Laurent tant par leur nombre que par leur diversité : transport adapté, services
et maintien à domicile, coopératives de santé, coopératives de solidarité dans l’offre de biens
essentiels, coopératives forestières et de mise en valeur des ressources naturelles, organismes
de promotion des arts et des artistes, entreprises de récupération et de valorisation des
matières recyclables, pour n’en nommer que quelques-unes.
Plusieurs centaines d’entreprises de ce type rythment le quotidien des huit MRC du
Bas-Saint-Laurent. La finalité sociale, la primauté de la personne, la démocratie, l’autonomie
de gestion et la participation sociale sont les principes qui les distinguent. L’humain est au
cœur de leurs préoccupations tant dans le service à la clientèle que dans l’organisation du
travail de leur équipe. Ces entreprises jouent un rôle de moteur économique important qui
se traduit notamment en investissant dans la communauté et par le maintien et la création
d’emplois. Certaines embauchent ainsi jusqu’à 215 employés. Les jeunes de moins de 35 ans
y occupent près de 40 % des postes. Fait intéressant, plusieurs de ces entreprises sont en
place depuis 15 ans, 20 ans, voire plus.
Les entreprises d’économie sociale œuvrent souvent dans des créneaux innovants et
originaux. Elles permettent le maintien de services de proximité dans des communautés
(épicerie, station d’essence, garderie, etc.). Elles développent de nouveaux services (soins
de santé, centres de conditionnement physique, écosites, maisons pour personnes âgées,
entreprises touristiques, etc.) et nombre d’entre elles ont un effet structurant sur leur
communauté. À titre d’exemple, les entreprises d’économie sociale dans le domaine de la
culture ont permis l’attraction de jeunes artistes. Cette relève retrouve désormais en région
des lieux de diffusion, des endroits pour exposer; elle n’a plus à s’exiler dans les grands
centres pour trouver des conditions de travail adéquates.
« Entreprise de valeurs Bas-Saint-Laurent, pour des communautés solidaires et
durables » est une certification associée à une image de marque dont s’est doté
le Bas-Saint-Laurent afin de promouvoir les entreprises d’économie sociale,
une première au Québec. Le logo permet d‘identifier un réseau d’entreprises bien
ancrées dans leur milieu, soutenues par leurs membres et leur collectivité.
www.entreprisesdevaleurs.com
Au cours de la dernière année, plus de 145 entreprises, appartenant à treize secteurs
économiques distincts, ont été reconnues « Entreprises de valeurs » et ont pu bénéficier
d’une visibilité médiatique dans la région, entraînant dans leur sillage les autres entreprises
du secteur qui seront bientôt qualifiées. En plus de satisfaire aux cinq principes de
l’économie sociale, les entreprises de valeurs se démarquent par leur innovation et par la
qualité des emplois offerts.
Nombre d’entreprises d’économie sociale
reconnues par les CLD
265 entreprises
Nombre d’entreprises qualifiées
« Entreprises de valeurs »
146 entreprises (55 %)
Nombre d’emplois
4 500 emplois
Nombre de bénévoles associés à la gestion
2 500 bénévoles
Chiffres d’affaires
19 000 000 $
Fonds autogénérés
14 000 000 $
crédit photo : Coopérative forestière de La Matapédia
Bref portrait des entreprises d’économie sociale du
Bas-Saint-Laurent reconnues par les 8 CLD
Données factuelles 2011 et statistiques régionales 2009.
PROFILS D’ENTREPRISES
Quand la nécessité devient la bougie d’allumage de
projets novateurs…
Ce qui distingue les deux entreprises dont nous allons tracer un bref survol, c’est la créativité et l’innovation dans de nouveaux créneaux suite, entre autres, à la crise forestière qui
sévit au Québec depuis près de 10 ans et qui a fragilisé de nombreuses collectivités rurales.
« Depuis 2007, la responsabilité gouvernementale de l’économie sociale a été confiée
au ministère des Affaires municipales, des Régions et de l’Occupation du territoire.
Les entreprises d’économie sociale d’ici offrent des produits et des services dans des
secteurs innovants. À cet effet, notre région se distingue notamment dans le
secteur des énergies vertes. Le ministère a d’ailleurs soutenu, plus spécifiquement,
certaines entreprises, parce qu’il s’agit d’exemples concrets qui démontrent qu’il est
possible de réaliser des projets novateurs au sein de petites communautés », a précisé
le directeur régional du MAMROT, monsieur Gilles Julien.
Coopérative forestière de La Matapédia
La
, fondée il y a une
vingtaine d’années, a toujours été un acteur de premier plan dans la MRC en raison
de l’importance des activités du secteur forestier, fournissant du travail, facilitant les
approvisionnements de matière ligneuse aux usines locales et régionales, encourageant la
diversification de la transformation et la recherche de marchés. Avec la crise forestière, la
coopérative a multiplié les initiatives pour continuer à être une entreprise viable, malgré un
contexte très difficile. Elle a obtenu un laboratoire rural dans le cadre de la politique
nationale de la ruralité du MAMROT. Elle a développé une filière complète sur les
chaufferies locales utilisant la biomasse forestière. Il s’agit ici de biomasse qui, jusqu’alors,
était considérée comme rebut ou n’était pas valorisée, parce que considérée comme sans
valeur marchande. « Ce sont les principaux instigateurs de la filière biomasse à des fins
énergétiques au Bas-Saint-Laurent » indique M. Denis Pineault, agent de développementtransformation bois à la Conférence régionale des éluEs du Bas-Saint-Laurent.
Les promoteurs n’ont pas hésité à se rendre en Scandinavie, en France, au Vermont et
partout où cela était nécessaire pour aller y chercher les connaissances et expériences qui,
15
LES PÔLES
dans ces pays, remontent à plus de 30 ans. Ils ont pu rencontrer également des équipementiers
et, par la suite, adapter la machinerie à leurs besoins précis.
Au Bas-Saint-Laurent, quatre collectivités ont officiellement adopté le modèle développé
par la Coopérative forestière de La Matapédia et plusieurs autres sont en réflexion. C’est dire
que la proposition est intéressante avec des économies annuelles de dizaines de milliers
de dollars sur l’achat d’énergie combustible et une réduction des rejets de gaz à effet de serre.
De plus, on observe des changements de comportement chez de nombreux forestiers, travailleurs et entreprises, dans leur approche sur la ressource forestière ligneuse et non ligneuse.
crédit photo : Valérie Lavoie
« La coopérative est ressortie gagnante de cette démarche puisqu’elle a pu conserver
plusieurs de ses employés permanents et maintenir une activité forestière viable avec ses
80 membres. La mobilisation et l’acceptation régionale auront permis de mener à terme
l’ensemble des projets mis de l’avant. Certes, on n’a pas pu à ce jour récupérer l’ensemble
de nos pertes sur les dix dernières années, mais on est encore en vie et l’avenir s’annonce
positif » nous dit son directeur général, M. Yoland Légaré. Aujourd’hui, le modèle proposé
de valorisation de la biomasse forestière pour le chauffage s’étend à l’ensemble du Québec,
surtout auprès des coopératives forestières.
Récupération des Basques
Pour
, l’aventure a commencé il y a un peu
plus de 20 ans, à l’école secondaire l’Arc-en-ciel, à l’initiative d’un professeur désireux
d’accompagner et de trouver de nouvelles motivations à ses élèves en difficulté
d’apprentissage. Très vite, la petite entreprise scolaire a exercé ses activités de collecte
de vieux papiers en dehors des murs de l’institution pour devenir le service de référence
en matière de récupération dans toute la MRC des Basques. Actuellement, l’entreprise
est mandatée par la MRC et a la responsabilité de la cueillette des matières recyclables de
l’ensemble du territoire constitué de neuf municipalités et regroupant environ
9 500 personnes. On a ainsi pu prolonger la vie utile du site d’enfouissement avec un taux
de récupération de 65 %. Et cela va en croissance.
L’expertise et les informations pertinentes à ce type de projet, développées en partenariat
avec des Français et des fabricants québécois d’équipements, se retrouvent condensées
sur la vitrine technologique et le site Internet du réseau www.infoguidebiomasse.com.
L’entreprise Récupération des Basques, sous la direction de Mme Marie-Josée Bérubé,
emploie quinze personnes sur une base annuelle et quatre saisonniers. Elle offre également
des stages en insertion et accueille des personnes connaissant des difficultés d’adaptation.
Le Centre local d’emploi est un partenaire très coopératif dans ce domaine.
crédit photo : Maurice Pedneault
En 2008, à la suite d’un exercice de réflexion et de planification stratégique mené sur tout
le territoire des Basques, une soixantaine de projets inclus dans un concept novateur,
l’Écosociété, ont été retenus par la population et les leaders. Récupération des Basques a,
pour sa part, privilégié le secteur de la « valorisation de la biomasse ligneuse urbaine » et le
développement d’une filière complète dans ce secteur. C’est un modèle de petite capacité,
peu coûteux dans ses installations, rentable, facilement adaptable et transférable à de petites
communautés pour du chauffage d’édifices à partir de biomasse. « On utilise de la biomasse
qui ne trouverait aucun débouché ailleurs dans les circuits courts de production de granules,
de grade commercial » précise Gaston Deschênes, un des artisans du projet, conseiller aux
entreprises au Centre local de développement des Basques et détaché spécialement pour la
réalisation et l’accompagnement des promoteurs du projet.
0
02
par
STEEVE MÉNARD
COORDONNATEUR DE L’ENTENTE
SPÉCIFIQUE EN ÉCONOMIE SOCIALE
SAGUENAY-LAC-SAINT-JEAN
EN MATIÈRE DE
RETOMBÉES ÉCONOMIQUES,
LES ENTREPRISES D’ÉCONOMIE
SOCIALE S’AFFICHENT DONC
COMME ÉTANT UN
ÉLÉMENT IMPORTANT
SAGUENAY–LAC-SAINT-JEAN
L’économie sociale au
Saguenay-Lac-Saint-Jean :
une force régionale !
L’économie sociale au Saguenay-Lac-Saint-Jean, c’est 496 entreprises dont 217 coopératives
et 279 organismes à but non lucratif (OBNL). Les secteurs d’activités les plus actifs au niveau
régional sont les services aux personnes, les loisirs et le tourisme ainsi que l’agroalimentaire.
Des 119 800 emplois que comptaient la région en 2005, 7 297 d’entre eux étaient directement
associés à l’économie sociale, soit 6,1 % de l’ensemble régional. En matière de retombées
économiques, les entreprises d’économie sociale s’affichent donc comme étant un élément
important pour assurer la vitalité du Saguenay-Lac-Saint-Jean.
Milieu rural vs urbain
On dénombre beaucoup de collectivités rurales qui se tournent aujourd’hui vers des
entreprises d’économie sociale pour maintenir des services de base et répondre ainsi
à leurs besoins. Afin d’assurer le maintien des services de proximité dans des quartiers
plus défavorisés ou des milieux éloignés des grands centres, certains acteurs du secteur
de l’économie sociale du Saguenay-Lac-Saint-Jean ont misé sur des projets collectifs, en
réunissant plusieurs services sous un même toit. Cette stratégie de gestion commune permet
ainsi des retombées collectives pour les différents organismes qui se côtoient.
Fait étonnant, il semble qu’il y ait autant d’emplois créés par le secteur de l’économie sociale
en milieu urbain (52 %) qu’en milieu rural (48 %). Par contre, on remarque que le nombre
d’emplois occupés par des hommes est beaucoup plus élevé en milieu rural, contrairement
aux femmes qui sont beaucoup plus nombreuses à occuper un emploi en milieu urbain. On
peut l’expliquer, entre autres, par le fait que les femmes travaillent principalement dans les
secteurs des services et que ces derniers se concentrent davantage en milieu urbain.
Les femmes occupent généralement des emplois de moins bonne qualité sur le plan
des salaires et des conditions de travail puisqu’elles œuvrent souvent dans des secteurs
d’activités où les profits sont moins importants. Les hommes, quant à eux, occupent surtout
des emplois qui se concentrent dans les secteurs de l’exploitation des ressources et de la
transformation ainsi que dans le secteur agroalimentaire. Ces emplois, mieux rémunérés,
offrent également de meilleures conditions de travail.
Quelques données régionales des entreprises d’économie sociale
selon la MRC 1
Lac-SaintJean Est
Saguenay
Fjord-duSaguenay
Domainedu-Roy
MariaChapdelaine
Total
Nombre
d’entreprises
143
181
63
45
64
496
% OBNL
59 %
62 %
63 %
36 %
41 %
56 %
% Coop
41 %
38 %
37 %
64 %
59 %
44 %
Selon une étude menée en 2010 par l’Alliance de Recherche Universités-Communautés (ARUC) en partenariat avec le Réseau Québécois de Recherche Partenariale (RQRP).
Cependant, comme les données sont incomplètes en raison du faible taux de réponse (24 %), nous préférons présenter que celles dont la valeur est fiable.
1
17
LES PÔLES
PROFILS D’ENTREPRISES
Quand l’économie sociale rime avec innovation
La coopérative forestière de Girardville :
Une entreprise qui voit loin !
La Coopérative forestière
de Girardville c’est :
181 membres
travailleurs propriétaires
549 employés
25 millions de dollars en chiffres
d’affaires en 2010
6 millions de masse salariale
12 millions de contrats annuels
avec des PME régionales
du Saguenay-Lac-Saint-Jean.
À ses débuts, la coopérative exploitait essentiellement les aiguilles et les branches
d’épinettes noires; ressource jusque-là négligée. La récupération de ces résidus de la forêt
servait à l’extraction d’huiles essentielles. Les deux principales catégories d’emploi,
toujours existantes, étaient ainsi créées : le travail en forêt et le travail en usine.
La coopérative touche aujourd’hui à l’ensemble des travaux forestiers, soit l’aménagement
forestier, l’approvisionnement forestier et la recherche et développement de nouvelles
alternatives. La participation à des projets de coopération internationale, notamment en
Amérique centrale, s’ajoute également à ses multiples activités.
L’innovation au cœur de leurs activités !
En plus de leur certification en développement durable et de l’acquisition de technologies
mécaniques qu’elle est la seule à posséder en Amérique du Nord, la coopérative vise
constamment le développement de ses activités par la valorisation de son territoire
forestier. Nous avons là un bel exemple de développement même si le secteur forestier
connaît une période de crise depuis quelques temps.
Dotée d’une solide expérience dans les activités traditionnelles, la coopérative détient
notamment une expertise dans le domaine des huiles essentielles et dans la production
d’épices boréales à base de plantes.
La Coopérative forestière de Girardville a donc fait connaître, en octobre 2009, sa marque
de commerce d’Origina et Être boréal en plus d’opérer la chaîne d’approvisionnement
complète : de la cueillette à la commercialisation des produits, en passant par l’extraction
d’huiles essentielles et la mise en pot des produits. Ces produits, qui suscitent un véritable
engouement, se vendent un peu partout à travers le monde, notamment en Chine et en Asie.
Nutrinor : Une coopérative qui se distingue !
Nutrinor contribue fortement à l’économie du Saguenay-Lac-Saint-Jean et est un employeur
de premier plan dans la région. En affaires depuis 60 ans, Nutrinor possède des actifs de 80
millions de dollars, un chiffre d’affaires de 315 millions et fait des investissements de plus de
5 millions annuellement. Les activités reliées à la transformation laitière génèrent 30 % du
chiffre d’affaires et celles des autres secteurs 70 %. Elle emploie plus de 400 personnes et
est la propriété de 1 200 agriculteurs de la région. De plus, elle se situe au 3e rang des
coopératives du Québec et au 7e au Canada en termes de chiffre d’affaires. Enfin, il est
important de mentionner que, en 2011, Nutrinor s’est activement engagée dans un processus
rigoureux de développement durable.
Val-éo : une coopérative dans le vent !
VAL-ÉO est une coopérative de solidarité fondée en 2005 regroupant les propriétaires
fonciers, les municipalités et les citoyens concernés par le développement de la ressource
éolienne dans la plaine agricole du Sud de la MRC Lac-Saint-Jean-Est. VAL-ÉO a créé un
modèle novateur de mise en valeur et de gestion collective de l’énergie éolienne par la
communauté. 58 fermes, 2 municipalités et près de 100 investisseurs locaux sont actuellement
regroupés au sein de VAL-ÉO afin de permettre le développement d’un projet éolien qui soit
gagnant à tous points de vue pour la communauté.
En effet, en décembre 2011, VAL-ÉO a invité les citoyens ainsi que les investisseurs du
Saguenay-Lac-Saint-Jean à s’impliquer financièrement dans son projet à St-Gédéon. La
coopérative procède donc à l’émission de titres afin de permettre aux investisseurs de la
région de participer au développement de son projet. Cette pratique, très répandue dans
certains pays comme le Danemark et l’Allemagne, constitue une première au Québec. Ce
nouveau projet présente un potentiel de rentabilité très intéressant pour les investisseurs,
ce qui permettra à un bon nombre de gens d’en profiter. Pour l’instant, nous suivons avec
attention le cheminement du projet puisqu’il reste encore quelques étapes à franchir avant
sa réalisation.
Des entreprises d’avenir…
Le secteur des services à la personne est actuellement en pleine recrudescence.
Les coopératives en aide domestique ainsi que divers organismes offrant des services à la
clientèle sont confrontés à de nouvelles réalités comme le phénomène du vieillissement de
la population. En effet, beaucoup de ces entreprises ont dû et devront encore s’adapter à une
augmentation de la demande de services. Avec de nouvelles politiques gouvernementales
comme « Vieillir chez soi » qui encouragent nos aînés à demeurer à domicile le plus longtemps
possible, il y a fort à parier que de gros défis attendent ces entreprises. En effet, les demandes
de services seront de plus en plus nombreuses et diversifiées, ce qui nécessitera une adaptation des entreprises d’économie sociale en aide à domicile et autres. De plus, les coopératives
en aide à domicile sont très souvent des partenaires de première ligne des Centres de Santé
et de Services Sociaux (CSSS) pour multiplier les services d’aide à la personne.
Dans le même ordre d’idée, nous assistons également à un phénomène pour le moins
intéressant dans le domaine coopératif. En effet, la problématique de la relève au sein des
entreprises représente des opportunités en or à saisir par les travailleurs. C’est ainsi que les
travailleurs de Location ALR Inc. ont racheté leur entreprise pour en faire une coopérative
de travailleurs alors qu’en l’absence de relève, ses dirigeants s’étaient résignés à la vendre.
Nous pourrions donc assister de plus en plus à ce genre d’acquisition par des travailleurs qui
souhaitent que leur entreprise demeure le bien de leur collectivité.
Pour terminer, il y a fort à parier, qu’au Saguenay-Lac-Saint-Jean, les entreprises d’économie
sociale prendront de plus en plus de place dans les prochaines années, notamment grâce au
travail de promotion et de valorisation à venir.
19
03
Statut des entreprises
d’économie sociale dans la région
de la Capitale-Nationale (2007)
16 (2.5 %)
54 (8.4 %)
237 (36.7 %)
338 (52.4 %)
237 (36.7 %)
Organismes à but non lucratif
338 (52.4 %)
Coopératives non financières
54 (8.4 %)
Coopératives financières
16 (2.5 %)
Statut indéterminé
LES PÔLES
CAPITALE-NATIONALE
Le Pôle régional d’économie sociale de la Capitale-Nationale...
Évoluant sur un vaste territoire, le Pôle régional d’économie sociale de la Capitale-Nationale
est une table de concertation dynamique qui se distingue par son sens de l’innovation, ainsi
que par sa capacité à mobiliser ses différents partenaires et à réaliser des projets d’envergure.
S’appuyant sur l’expertise de ses membres, il cherche à promouvoir une forme d’économie
qui tend de plus en plus à s’imposer comme une alternative viable à l’économie marchande
dans le développement des communautés.
Le paysage de l’économie
sociale dans la région de la
Capitale-Nationale 1
La région de la Capitale-Nationale est
particulièrement bien pourvue en entreprises d’économie sociale. En 2009, on y en
répertoriait 645. La très grande majorité
d’entre elles (80 %) étaient situées dans la
ville de Québec, alors que 6,7 % œuvraient
dans Portneuf et 5,1 % dans Charlevoix.
Les autres se répartissaient un peu partout
sur le reste du territoire de la région.
Des 645 entreprises répertoriées, 237 étaient
des organismes à but non lucratif (soit 36,7 %),
338 (52,4 %) des coopératives non financières
et 54 (8,4 %) des coopératives financières
ou des mutuelles. Seize entreprises (2, 5 %)
n’avaient pas de statut déterminé.
Les secteurs d’activité où ces entreprises se
concentrent sont essentiellement ceux de
l’habitation, des garderies, des arts et de la
culture, ainsi que du recyclage et de la
récupération. Les entreprises sont également
présentes dans plusieurs autres secteurs
d’activité économique tels que l’aide à domicile, l’insertion sociale et professionnelle,
les services funéraires, etc.
La présence des entreprises d’économie
sociale génère un nombre important
d’emplois dans la région (plus de 7 400).
On y compte trois femmes salariées pour
un homme. Les femmes se retrouvent plus
souvent que les hommes dans les secteurs
des services de garde, de l’aide à domicile et
dans les services financiers. Enfin, le régime
d’emploi à l’embauche (temps plein, temps
partiel, sur appel) ne comporte pas de
différence significative entre les hommes
et les femmes.
Le Pôle régional d’économie
sociale de la Capitale-Nationale
Créé en janvier 2005, le Pôle regroupe
27 personnes représentant, entre autres,
des entreprises du secteur, des groupes
communautaires ou syndicaux, des organismes actifs dans le développement local
ou encore des instances publiques soutenant
les entreprises d’économie sociale comme
Investissement Québec, le Centre de santé et
de services sociaux de la Capitale-Nationale
et le Forum jeunesse de la région de
la Capitale-Nationale. Enfin, deux
ministères du gouvernement du Québec
y sont représentés.
Des objectifs partagés
En 2010, la Conférence régionale des élus
(CRÉ) de la Capitale-Nationale a conclu
avec certains ministères et organismes
gouvernementaux, ainsi qu’avec plusieurs
autres partenaires, une entente spécifique
ayant pour but de favoriser la promotion,
la consolidation et le développement
d’initiatives d’économie sociale dans la
région. L’entente vise également le développement des compétences, ainsi que la
concertation entre les différents acteurs.
En accord avec ses membres, le Pôle a
intégré dans son plan d’action les mêmes
objectifs que ceux de l’entente spécifique.
Un large éventail d’activités
Plusieurs actions ont été réalisées ou entreprises en lien avec chacun des objectifs
poursuivis par le Pôle :
Des efforts importants ont été consentis
pour constituer un répertoire des entreprises
d’économie sociale favorisant leur commercialisation et leur consolidation ainsi
que la connaissance et la reconnaissance de
leurs services auprès de la population de la
région. Le principal défi de ce projet est de
Les informations de cette section sont tirées d’une étude d’Yvan Comeau intitulée Réalités et dynamiques régionales de l’économie sociale. La Capitale-Nationale et ChaudièreAppalaches, Éditions Vie économique, collection Recherche, Montréal, 2009.
1
C’est bien plus que du développement !
faire connaître le répertoire aux entreprises
elles-mêmes – afin qu’elles s’y inscrivent –
puis d’amener la population à le consulter.
Une collaboration a été établie avec le
ministère des Affaires municipales, des
Régions et de l’Occupation du territoire afin
d’explorer des mesures d’amélioration des
conditions de travail dans le secteur de l’aide
domestique. De cette action est né un
portrait des entreprises d’économie sociale
en aide domestique qui permettra notamment d’identifier les besoins dans la région
et de réorganiser l’offre de services en
fonction de ceux-ci.
Un plan de communication axé autour des
valeurs identitaires de l’économie sociale et
de sa valeur ajoutée a été élaboré et mis en
œuvre. Ces travaux ont mené à la campagne
« C’est bien plus.ca » comprenant la mise
en ligne d’un site Internet relayant ces
informations. Par ailleurs, le Pôle a participé
à l’organisation du colloque L’économie
sociale : moteur de développement
économique et social du Centre de recherche,
d’information et de développement de
l’économie solidaire (CRIDES).
Au regard du développement des compétences, des sessions de formation sur mesure
ont été élaborées et offertes sur l’ensemble
du territoire de la région dans le but de
mieux soutenir le développement des
entreprises d’économie sociale. Une entente
tripartite a par ailleurs été conclue entre le
Pôle, SAGE et ÉCOSOL en vue de favoriser
le développement de l’économie sociale au
sein du mentorat d’affaires.
La concertation entre les acteurs a donné
lieu à plusieurs actions, dont la tenue de
rencontres des membres du Pôle – afin
d’assurer sa consolidation –, la participation
à d’autres instances de la CRÉ, la nomination d’un représentant au conseil
d’administration du Chantier de l’économie
sociale, la poursuite de la collaboration avec
la Table régionale en économie sociale de
Chaudière-Appalaches, la participation aux
consultations du ministère du Développement économique, de l’Innovation et
de l’Exportation sur les nouvelles stratégies
de l’entrepreneuriat, sans oublier la
collaboration à l’élaboration du plan
quinquennal de la CRÉ.
Des projets audacieux
Conscient que l’économie sociale demeure
méconnue du grand public, le Pôle a commandé un sondage en 2011 confirmant une
méconnaissance du concept d’économie
sociale par la population. Cependant,
puisque ce type d’entreprise semble plaire,
voire susciter de l’intérêt, les organisations
fonctionnant selon ces principes gagneraient
à mieux se faire connaître; près des deux
tiers (65 %) des répondants ayant affirmé
qu’ils modifieraient leurs habitudes
d’achat s’ils connaissaient les entreprises
d’économie sociale de leur quartier ou
secteur. Suite à ce sondage, les membres
du Pôle ont lancé le site « C’est bien plus »
qui permet notamment à ses utilisateurs de
trouver des services ou des commerces de
proximité avec lesquels ils peuvent
faire affaire.
Le désir de s’assurer que les entreprises
inscrites au répertoire soient bien des entreprises en économie sociale a conduit les
membres du Pôle à instaurer un processus
de certification en bonne et due forme. Ainsi,
les entreprises ne reçoivent leur accréditation
en tant qu’entreprises d’économie sociale
que si elles respectent rigoureusement
un certain nombre de critères identifiés
par le Pôle. Jusqu’à présent, une centaine
d’entreprises réparties dans une vingtaine
de secteurs d’activité et regroupées par
MRC ont été accréditées et figurent dans
le répertoire. Elles forment désormais un
réseau auquel d’autres entreprises devraient
s’ajouter dans un avenir rapproché.
Le Pôle souhaite également que le site
« C’est bien plus » offre des services additionnels comme des forums permettant une
mise en réseau sectoriel, voire multisectoriel,
le transfert de connaissances et de compétences, etc. Le site doit être vu comme un
outil convivial permettant aux entreprises
d’entrer plus facilement en contact avec des
fournisseurs ou des acheteurs potentiels.
Être accessible sur le Web facilitera les
contacts entre les acteurs de l’économie
sociale et leurs partenaires éventuels, ce qui
favorisera le développement de
ces entreprises.
Encore plus d’initiatives
Toujours dans une optique de promotion,
le Pôle organise depuis maintenant trois
ans, en collaboration avec la Table
régionale d’économie sociale de
Chaudière-Appalaches, une semaine
entière d’activités consacrées à l’économie
sociale. En 2011, la Semaine de l’économie
sociale des régions de la Capitale-Nationale
et de Chaudière-Appalaches a permis de
rassembler plus de 100 entreprises
collectives autour de 40 activités de
natures diverses.
Fiers de la tenue de cet événement, les
membres du Pôle ont convenu que pour
la prochaine édition, il faudrait innover
encore sur les moyens à utiliser pour
stimuler la population à venir découvrir les
entreprises d’économie sociale. L’objectif
ultime de la Semaine est en effet d’amener
les acteurs de l’économie sociale à se
connaître, à se reconnaître, mais également à
se faire connaître. Il devrait résulter de cette
reconnaissance des entreprises d’économie
sociale sur les plans local et régional une
crédibilité croissante en raison du changement des habitudes de consommation et d’un
renforcement de l’économie locale. Cela
rejaillirait vraisemblablement sur le plan
national et inciterait les décideurs à prendre
davantage en considération ce secteur dans
les politiques qu’ils adoptent, ainsi que dans
les mesures qu’ils mettent en place.
Les prochaines années s’annoncent déterminantes pour la suite de la mobilisation qui
vient tout juste d’être amorcée puisqu’elles
verront bon nombre d’initiatives se réaliser.
Certes, beaucoup de travail reste à
accomplir, mais l’implication manifestée
jusqu’à maintenant par les partenaires
démontre une réelle volonté de faire de
l’économie sociale un modèle économique
reconnu à sa juste valeur pour sa contribution au développement des collectivités.
21
0
04
MAURICIE
L’évolution de l’économie sociale en Mauricie
À partir de 1995, nous avons été témoins
d’une véritable explosion de l’économie
sociale partout en Mauricie. La création
d’organisations telles que la Corporation
de développement économique
communautaire (ÉCOF), la Coopérative
de développement régional, les Centres
locaux de développement et le Conseil
régional d’économie sociale de la Mauricie
ont permis la mise en place d’un réseau
d’accompagnement auprès des entreprises
collectives. À l’époque, on observait une
prédominance de projets d’entreprises
créatrices d’emplois pour les personnes
éloignées du marché du travail. Nous étions
alors dans un axe de lutte à la pauvreté
puisque la situation économique en
Mauricie était alors plus qu’alarmante.
Cette tendance résultait entre autres de
la situation socioéconomique de l’époque.
De plus, les premiers groupes promoteurs
étaient surtout issus du milieu
communautaire. Ceci a donné naissance à
des dizaines de projets d’affaires collectifs
tout à fait uniques.
Aujourd’hui, l’économie sociale se déploie
de plusieurs façons en Mauricie, notamment
depuis l’arrivée des coopératives de solidarité.
Ce type de coopérative a changé considérablement le portrait de la région. On voit
de plus en plus apparaître des entreprises
collectives en milieu rural, particulièrement
en ce qui concerne les services de proximité
tels que l’alimentation, l’hébergement
ou le transport. On exploite maintenant
des secteurs comme l’agroalimentaire, les
1
produits forestiers non ligneux, le réemploi
de matières résiduelles. On parle même
de reconversion industrielle. C’est le cas
de la ville de Shawinigan qui a choisi le
modèle coopératif pour transformer une
ancienne usine manufacturière. Ce lieu
deviendra, l’automne prochain, le Centre
d’entrepreneuriat de Shawinigan. Cette
ancienne usine servira de carrefour de
formation et d’incubateur pour tout type de
projets d’affaires, privés ou collectifs.
Une vision inclusive du développement
économique. Une vision qui, nous
l’espérons, tracera la prochaine décennie de
l’économie sociale en Mauricie.
Quand l’économie sociale
fait revivre l’espoir
d’une communauté
Depuis quelques années déjà, les expériences
de revitalisation de nos communautés se
multiplient. L’économie sociale est souvent
au cœur de ces mobilisations citoyennes.
Que ce soit à la ville ou à la campagne, nous
voulons vivre dans un milieu dynamique où
l’on retrouve des services, des activités de
loisirs et culturelles et des emplois.
La Mauricie ne fait pas exception à cette
tendance. D’ailleurs, depuis 2009, un projet
pilote coordonné par la Coopérative de
développement régional assure un
accompagnement à sept municipalités 1
identifiées comme dévitalisées ou à risque
de l’être. L’essence de ce projet consiste
à soutenir ces municipalités dans la
mise en œuvre de projets collectifs
créateurs d’emplois.
Cette expérience démontre tout le potentiel
de l’entrepreneuriat collectif dans la prise
en charge des personnes et pour répondre
aux besoins des communautés. Face à une
crise ou à une situation difficile, les gens se
serrent les coudes et mettent en place des
projets d’affaires qui leur semblaient d’abord
irréalistes. Grâce à l’économie sociale, on
constate qu’il est possible de voir
renaître l’épicerie du village, de développer
un produit touristique, de mettre en valeur
la culture locale, etc.
Fondamentalement, les gens portent les
valeurs de l’économie sociale : entraide,
solidarité, partage. Le constat est donc que
ces valeurs deviennent l’énergie même
d’une entreprise qui cherche avant tout à
répondre à un besoin.
Un des projets phares en Mauricie est sans
doute la création de la Coop du coin à
St-Adelphe, une municipalité qui a choisi
de se prendre en main plutôt que d’attendre
les solutions venues d’ailleurs. Comme le dit
Marc-André Denis, un des membres
fondateurs : « L’économie sociale, c’est
l’économie qui enrichit tous les individus
d’une communauté. C’est celle qui nous
procure une qualité de vie. La Coop, pour
St-Adelphe, ça fait en sorte que l’on est fier
d’habiter à St-Adelphe, les gens sentent que
ça leur appartient ».
Saint-Alexis-des-Monts, Sainte-Angèle-de-Prémont, Saint-Édouard-de-Maskinongé, Notre-Dame-de-Montauban, Trois-Rives, Sainte-Thècle et Lac-Édouard
23
LES PÔLES
La Mauricie s’est enrichie grâce à la grande entreprise manufacturière, l’hydroélectricité et
la forêt. Aujourd’hui, ce modèle économique est en transformation. L’économie sociale est
maintenant au carrefour d’un véritable mouvement de changement dans notre région. Que
ce soit pour maintenir des services de base, exploiter nos ressources naturelles ou développer la culture entrepreneuriale, l’économie sociale est une voie d’avenir.
Pour en savoir davantage sur le projet de développement de l’emploi par l’entrepreneuriat
collectif dans les milieux dévitalisés : www.cdrcqm.coop
Portrait des entreprises d’économie sociale en Mauricie
À ce jour, la Mauricie compte plus de 225 entreprises d’économie sociale dans plus de seize
secteurs d’activités. Les secteurs les plus représentés sont les services de garde, les loisirs et
le tourisme, les services aux personnes, l’environnement et les arts et la culture.
Un portrait des entreprises d’économie sociale de la Mauricie, réalisé en 2008, a permis de
ressortir des résultats intéressants tels qu’un chiffre d’affaires global de 100 millions $. La masse
salariale était alors estimée à 50 millions $, pour un total de 2 500 emplois. Environ 14 % de
ces emplois était occupé par des personnes éloignées du marché du travail, ce qui signifie
que 340 personnes avaient intégré le marché du travail grâce à l’économie sociale.
Les entreprises d’économie sociale comptaient alors sur la collaboration de 1 600 bénévoles
(excluant les membres des conseils d’administration). La contribution de ces bénévoles
représentait une masse salariale estimée à 3 millions $. Les femmes occupent la plupart des
emplois, soit 78 % des postes réguliers. Du côté des jeunes de 35 ans et moins, ils représentent 35 % de la main-d’œuvre. Le salaire pour les emplois réguliers varie entre 13 et 14 $ de
l’heure et près de 22 $ pour les postes de direction.
Au chapitre de la qualité des emplois, le secteur de l’économie sociale offre des conditions
de travail souvent similaires au secteur privé. La majorité des entreprises ont des politiques
salariales, des conventions de travail et offrent des avantages sociaux, tels que des régimes
de retraite. Plus de 40 % des entreprises sont en activité depuis plus de 20 ans.
Ce portrait a permis de constater que l’économie sociale représente un excellent outil
de prise en charge des communautés. La longévité des entreprises est la preuve que ce
modèle est durable et constitue une solution à des problèmes économiques et sociaux,
particulièrement en milieu rural. Le secteur de l’économie sociale en Mauricie contribue
sans aucun doute à l’économie régionale.
PROFILS D’ENTREPRISES
Aux berges du Lac Castor
AUX BERGES
DU LAC CASTOR…
OÙ
LA MAGIE DE L’HOMME
RENCONTRE
LA BEAUTÉ DE LA TERRE
L’Aux berges du Lac Castor est une coopérative de travail créée en 1998 regroupant une
douzaine de travailleurs et environ 25 bénévoles. Elle exploite un magnifique site touristique où l’on retrouve 30 kilomètres de sentiers pédestres, de l’hébergement et des activités
culturelles. Le Lac Castor offre un cadre intimiste à valeur communautaire et écologique.
Sa clientèle se compose de jeunes familles, de groupes communautaires et d’amateurs de
tourisme vert.
La coopérative se développe autour de trois grands axes; l’environnement, la culture et le
communautaire. Le réseau de sentiers pédestres offre des points d’intérêts tels que les
barrages de castors, des points de vue sur la région et la diversification forestière. La mission
culturelle de la coopérative a pris de l’essor avec la salle de spectacle où sont accueillis
plusieurs artistes tels que Richard Desjardins, Mes Aïeux et Marco Calliari. Depuis 2009,
le site offre un chalet de création où les artistes de différentes disciplines peuvent venir
créer dans un cadre inspirant et enchanteur.
L’Aux berges offre également aux organisations l’accès à des salles de rencontre, une cuisine
communautaire et un accès gratuit aux équipements de plein air et nautiques pour répondre
à leurs besoins.
Service d’intégration au travail Mauricie
Le Service d’intégration au travail (SIT) œuvre depuis plus de 15 ans à l’intégration au
travail des personnes ayant des problèmes de santé mentale. Considérant le travail comme
la pierre angulaire du rétablissement et de l’insertion sociale, le SIT offre aux personnes un
environnement où le soutien, l’entraide et l’encadrement des travailleurs se retrouvent sous
un seul et même toit.
Regroupant cinq points de service - Trois-Rivières (2), Shawinigan, Louiseville et
St-Stanislas - le SIT offre à la fois des services communautaires aux personnes ayant des
problèmes de santé mentale, mais aussi des services de sous-traitance aux entreprises ainsi
qu’un atelier de vitrail. Au cours des dernières années, un important projet de récupération de métaux avec Rio Tinto Alcan, Cogéco et Vidéotron a permis d’augmenter son chiffre
d’affaires de façon considérable. L’entreprise compte aujourd’hui plus de 200 travailleurs,
qui constituent une main-d’œuvre qualifiée pour combler les besoins des entreprises,
travailleurs autonomes et institutions publiques.
25
05
LES PÔLES
ESTRIE
L’économie sociale en Estrie :
construire les communautés
En Estrie, on retrouve près de 300 entreprises d’économie sociale. Ces entreprises collectives à statut coopératif, mutualiste et à but non lucratif contribuent au développement de
la région depuis plus de 100 ans. Fruit de l’engagement d’un grand nombre de personnes,
elles se donnent pour mission de produire et de distribuer des biens et services au bénéfice
de leurs membres et de leur communauté, et ce, dans un cadre démocratique. Selon un recensement réalisé auprès des entreprises d’économie sociale de la région par le REES-Estrie
à l’été 2011, on constate que les EÉS de la région œuvrent dans une quinzaine de secteurs
d’activité économique et, tout particulièrement, dans les services aux familles et aux aînés,
l’habitation, les services financiers, le commerce de détails, les loisirs et le tourisme, les
arts et la culture de même que l’agriculture et l’agroalimentaire. La moitié des entreprises
d’économie sociale de la région existent depuis plus de 20 ans, ce qui démontre la longévité
de ce type d’entreprise. Elles génèrent plus d’un demi-milliard de dollars en revenus annuels
et maintiennent plus de 5 000 emplois, soit 3,5 % des emplois de la région.
Entreprises d’économie sociale diverses
(sans Desjardins, CPE et habitation)
Caisses Desjardins,
CPE et habitation
Total des entreprises
d’économie sociale
Nombre d’entreprises
177
59 %
123
41 %
300
100 %
Nombre de membres
172 444
41 %
248 501
59 %
420 945
100 %
Nombre d’emplois
2 759
55 %
2 271
45 %
5 030
100 %
Chiffre d’affaires
226,1 M $
42 %
274,0 M $
58 %
500,1 M$
100 %
Trop-perçus (surplus)
8,7 M $
13 %
57,0 M $
87 %
65,7 M$
100 %
Total de l’actif
212,3 M $
4%
4,9 M $
96 %
5,1 M$
100 %
Total de l’avoir
102,8 M $
13 %
703,7 M $
87 %
806,5 M$
100 %
Source : Recensement des entreprises d’économie sociale de l’Estrie 2009-2010 fait par le REES-Estrie, 2011
Répartition du NOMBRE
DES EÉS de l’Estrie dans
chaque secteur d’activités
Le Portrait des entreprises d’économie
sociale de l’Estrie, lancé en mars 2012 par le
REES-Estrie, présente une vue d’ensemble
des entreprises d’économie sociale de
la région à travers des fiches régionales,
des fiches par municipalité régionale de
comté (MRC) et des exemples concrets
d’entreprises. Pour consulter ce document,
visitez le www.economiesocialeestrie.ca.
Répartition du NOMBRE D’EMPLOYÉS
dans chaque secteur d’activités
(sans Desjardins, CPE et habitation)
Répartition du CHIFFRE D’AFFAIRES
GÉNÉRÉ dans chaque secteur d’activités
(sans Desjardins, CPE et habitation)
21 %
Services aux personnes
25 %
Commerce de détail
47 %
Commerce de détail
18 %
Habitation
21 %
Loisirs et tourisme
12 %
Services financiers
12 %
Commerce de détail
18 %
Services aux personnes
11 %
Agroalimentaire, agriculture
11 %
Loisirs et tourisme
9%
Manufacturier
8%
Médias et communications
8%
Arts et culture
7%
Arts et culture
6%
Loisirs et tourisme
7%
Agroalimentaire, agriculture
4%
Agroalimentaire, agriculture
5%
Services aux personnes
7%
Services financiers
3%
Médias et communications
3%
Manufacturier
10 %
Autres
16 %
Autres
11 %
Autres
Des stratégies pour favoriser l’émergence d’entreprises
d’économie sociale
En 2009, le GRAP-Estrie a publié un fascicule de recherche sur Les conditions de succès dans
l’émergence d’entreprises d’économie sociale. À travers quatre études de cas, il a dégagé 12
stratégies d’action favorisant la réussite des projets. Ce fascicule est un bon outil de départ
pour tout groupe de personnes désireuses de mettre sur pied un projet d’économie sociale.
Parmi les stratégies identifiées, le GRAP-Estrie mentionne l’importance pour une communauté d’avoir des lieux démocratiques de partage des idées sur les projets à mettre en
place. Il souligne aussi l’importance d’avoir un projet répondant à un besoin perçu comme
étant central et représentant un enjeu de développement de la communauté. Il ajoute que
l’identification d’un organisme incubateur, prêt à offrir un local et des ressources pour faire
avancer le projet est souhaitable. Évidemment, le fait d’avoir une préoccupation pour la
faisabilité économique du projet autant que pour son aspect social est une nécessité.
Pour en savoir plus sur les autres stratégies et pour des exemples, vous pouvez consulter le
rapport de recherche ou le fascicule synthèse sur Les conditions de succès dans l’émergence
d’entreprises d’économie sociale en visitant le www.economiesocialeestrie.ca.
Les entreprises d’économie sociale et leur apport à l’innovation
En 2011, le GRAP-Estrie a publié une recherche intitulée Innovations sociales territoriales
(IST) dans les six MRC rurales de l’Estrie. Cette recherche a permis de démontrer que les
EÉS sont sources d’innovations sociales territoriales au sens où elles suscitent des
collaborations nouvelles et rendent les acteurs plus solidaires et capables de prendre
collectivement en main le développement de leur territoire.
« Les EÉS, particulièrement par le biais de leurs activités multisectorielles et multiservice,
contribuent, selon les données de la recherche, à mettre en relation des acteurs qui n’ont pas
nécessairement l’habitude de travailler ensemble. Les EÉS étudiées sous-tendent des processus,
qui sans être des conditions absolues pour produire des IST, se veulent des manières inédites,
pour les acteurs impliqués, de faire les choses, qui les amènent à prendre conscience de leur
pouvoir et à se créer une identité collective. Ces manières inédites de faire les choses sont en fait
des capacités qu’ont développées localement les acteurs dans le cadre de projets complexes, à
multiples partenaires, en économie sociale. Les capacités se distinguent des compétences, plus
figées, au sens où elles sont à bâtir par les acteurs eux-mêmes par le choix qu’ils font d’unir
leurs forces plutôt que de vivre l’isolement. »
Le GRAP-Estrie a ainsi identifié 14 capacités génératrices d’innovations sociales territoriales,
que les milieux peuvent développer, notamment au sein de projets d’entreprises d’économie
sociale. Pour en savoir plus, consultez le rapport de recherche ou le fascicule synthèse en
visitant le www.economiesocialeestrie.ca.
Le GRAP-Estrie
Le Groupe régional d’activités partenariales de l’Estrie (GRAP-Estrie) est une équipe de
chercheurs universitaires travaillant en collaboration avec des praticiens de l’économie
sociale. Celui-ci a réalisé, entre 2005 et 2011, des recherches-actions permettant d’apporter
des réponses à des enjeux concernant l’économie sociale en Estrie et de favoriser le transfert
de connaissances entre les chercheurs, les entreprises et les intervenants du milieu.
Plusieurs rapports de recherche ainsi que deux fascicules synthèse sont disponibles sur le
site internet du REES-Estrie au www.economiesocialeestrie.ca.
27
LES PÔLES
Une région qui se mobilise pour développer l’économie sociale
De plus en plus, on reconnaît le rôle structurant des entreprises d’économie sociale qui
permettent de rassembler au sein d’une entreprise collective les divers acteurs du milieu
en vue d’apporter une réponse à des besoins communs en alliant la rentabilité sociale et
économique. En ce sens, l’entreprise collective représente un puissant levier de développement local. Cependant, la mise sur pied et le développement de ce type d’entreprise n’est pas
sans défi, d’où l’importance de mieux faire connaître les différentes formules possibles et
surtout, les bonnes pratiques de développement qui y sont associées.
Une concertation régionale
En 2009, plusieurs acteurs de la région se sont rassemblés afin de conclure une entente
régionale pour le développement de l’économie sociale sur le territoire. Avec l’appui financier de la Conférence régionale des Élus, du ministère des Affaires municipales, des Régions
et de l’Occupation du territoire, du ministère de l’Emploi et de la Solidarité Sociale et de
la Corporation de développement économique communautaire de Sherbrooke (CDEC de
Sherbrooke), le Réseau des entreprises d’économie sociale de l’Estrie (REES-Estrie),
la Coopérative de développement régional de l’Estrie (CDR-Estrie), les représentants des
Centres locaux de développement (CLD) et des Sociétés d’aide au développement de la
collectivité (SADC) ont forgé cette entente. Celle-ci vise l’atteinte de six objectifs sur une
période de cinq ans, soit :
1. Accroître la promotion et la reconnaissance de l’économie sociale
2. Favoriser l’émergence de projets d’économie sociale
3. Améliorer les pratiques d’accompagnement des intervenants qui accompagnent
les promoteurs
4. Améliorer les compétences entrepreneuriales des dirigeants
5. Favoriser le développement d’une offre de soutien adapté
6. Augmenter les partenariats d’affaires
Le REES-Estrie a été désigné comme mandataire de cette entente et travaille en étroite
collaboration avec les acteurs du développement local et régional pour l’atteinte des
objectifs ciblés.
PROFIL D’ENTREPRISE
La brunante, coopérative de solidarité en habitation
La Brunante est la première coopérative de solidarité en habitation au Québec. Enracinée
au cœur du village de Racine, elle accueille des personnes de 70 ans et plus. Cette entreprise
collective démontre comment une population, malgré des obstacles majeurs, a réussi à
mettre sur pied une coopérative tout à fait novatrice, en réponse à un besoin perçu comme
étant central pour la communauté.
La population avait besoin de créer un endroit afin de maintenir les aînés dans leur milieu.
Le modèle de coopérative de solidarité, qui permet l’intégration de plusieurs types de
membres, a été fortement privilégiée afin que la résidence des aînés soit un projet porté,
soutenu et autogéré par l’ensemble de la communauté. Il aura fallu plusieurs représentations
politiques afin que la Loi sur la Société d’habitation du Québec permette la mise sur pied
d’une coopérative de solidarité en habitation et pour que ce projet soit appuyé dans ce milieu
rural. Après six ans d’efforts et une centaine de réunions du comité promoteur, la Coopérative
de solidarité La Brunante a vu le jour et est ainsi devenue un modèle au Québec.
0
Le Réseau des entreprises d’économie
sociale de l’Estrie (REES-Estrie) est un
organisme à but non lucratif dont la mission
est de développer l’économie sociale en
Estrie par la force du réseautage. Ses
membres sont les entreprises d’économie
sociale de la région ainsi que les organismes
de développement local et régional qui les
soutiennent. Le REES-Estrie travaille sur
trois principaux axes d’intervention soit la
promotion, le réseautage et le renforcement
des entreprises d’économie sociale.
Dans la région de Montréal, les entreprises d’économie sociale produisent des biens et
des services et créent des emplois durables et de qualité. Plus encore, elles participent à la
vitalité des quartiers, contribuent à la protection de l’environnement, aident les personnes
à s’intégrer au marché du travail ou à se réapproprier une citoyenneté pleine et entière.
Le premier Portrait statistique de l’économie sociale dans la région de Montréal démontre
à quel point le secteur est une réalité incontournable du développement économique de la
région de Montréal :
Sur une année, l’économie sociale représente des revenus de deux milliards de dollars,
exclusion faite de Desjardins et de la Coop fédérée. On y recense 3 590 établissements,
parmi lesquels 2 360 fournissent plus de 60 000 emplois rémunérés. Un bassin de plus de
100 000 bénévoles est mobilisé par le secteur.
L’économie sociale est présente principalement dans le secteur de la santé et des services
sociaux (29 % des établissements), des services (21 %), de l’habitation (19 %) et des arts,
de la culture et des communications (17 %). Les loisirs, le tourisme, l’hébergement et la
restauration génèrent quant à eux près de 13 % des revenus du secteur.
Bien que l’économie sociale soit présente sur l’ensemble du territoire de la région de
Montréal, elle présente une répartition géographique particulière. On constate par exemple
que le secteur des arts se concentre dans certains arrondissements. À l’inverse, le secteur
de la santé et des services sociaux est particulièrement bien réparti sur le territoire.
L’âge moyen des établissements de l’économie sociale de la région est de 19 ans.
Les organismes à but non lucratif (OBNL) y représentent 79 % des établissements (mis à
part les établissements de Desjardins et de la Coop fédérée).
Les femmes occupent 59 % de tous les emplois rémunérés dans les entreprises
d’économie sociale. Leur présence est encore plus importante dans les postes à temps
plein (66 %).
Arts, culture et
communications
21,9
15,6
18,7
13,5
22,5
19,5
17,4
13,3
11,4
11,9
8,5
30,3
15,0
14,7
Mercier/
Hochelaga-Maisonneuve
16,1
4,8
12,3
11,3
8,8
6,3
9,6
9,4
Rosemont/La Petite-Patrie
16,1
3,8
8,8
5,3
8,6
10,2
9,1
8,6
Côte-des-Neiges/
Notre-Dame-de-Grâce
6,5
12,4
5,3
10,7
10,0
5,5
9,2
8,3
Le Sud-Ouest
3,2
4,8
19,2
5,0
7,0
3,1
5,8
8,1
Villeray/Saint-Michel/
Parc-Extension
0,0
5,7
5,2
9,8
7,9
7,4
9,9
7,8
Ensemble de
l’économie sociale
Santé et services
sociaux
6,5
12,9
Autres services
Habitation
et location
Ville-Marie
Le Plateau-Mont-Royal
Loisirs, tourisme,
hébergement et
restauration
Commerce, finance
et assurances
www.economiesocialemontreal.net/les-videos
L’économie sociale : une réalité
économique incontournable à Montréal
Ressources naturelles,
fabrication, transformation
et construction
Visionnez des portraits d’entreprises d’économie sociale montréalaises
06
MONTRÉAL
Ahuntsic-Cartierville
6,5
8,6
3,9
6,5
6,8
2,4
3,6
4,8
Autres arrondissements et
municipalités reconstituées
32,3
24,8
18,5
20,8
28,9
12,3
18,4
20,9
Total
100
100
100
100
100
100
100
100
Indice de diversité
géographique (Eveness)
0,686
0,743
0,716
0,765
0,827
0,651
0,752
0,777
Source : Chaire de recherche du Canada en économie sociale 2007. Données excluant Desjardins et la Coop fédérée.
Lecture de l’indice : l’indice de diversité Eveness varie entre 0 (présence du secteur dans un seul arrondissement) et 1 (présence du
secteur dans l’ensemble des arrondissements).
29
LES PÔLES
PROFILS D’ENTREPRISES
Défricher pour innover
Certains projets d’économie sociale
se démarquent par les solutions
innovantes qu’elles proposent
aux enjeux de la collectivité
montréalaise. Œuvrant dans
deux domaines très distincts,
les Comptoirs urbains Tera Ter et
le Mandalab contribuent, chacun à
leur façon, à positionner l’économie
sociale dans leur secteur d’activité.
Comptoirs urbains Tera ter
L’accessibilité à des fruits et légumes frais
de qualité et de provenance locale à coûts
abordables est difficile dans plusieurs
secteurs de Montréal. Dans certains cas,
on parle même de désert alimentaire,
c’est-à-dire peu ou pas d’accès à une variété
de produits et à des aliments sains dans
un rayon de 500 mètres de leur lieu de
résidence. Cette réalité toucherait 40 %
de la population montréalaise
(DSP de Montréal, 2008).
Conséquemment, plusieurs collectivités
locales ont initié des marchés saisonniers
dans différents quartiers montréalais. Les
Comptoirs urbains Tera ter sont issus d’une
telle mobilisation. Depuis 2009, Tera ter
propose un modèle opérationnel de gestion mutualisée de comptoirs de produits
maraîchers québécois frais et de qualité,
qui couvre dix sites de marchés saisonniers
dans cinq quartiers de Montréal (Verdun,
Saint-Henri, Côte Saint-Paul, Notre-Damede-Grâce et Ville-Marie).
Tera ter innove en intégrant des petits sites
à faible achalandage visant des populations
plus isolées ou défavorisées, et des sites plus
achalandés fréquentés par une population
mixte. L’entreprise déploie son équipe et son
infrastructure sur plusieurs sites, ce qui lui
permet des gains d’efficience et concentre le
savoir-faire et les compétences. Tera ter joue
ainsi un rôle de précurseur en défrichant un
modèle d’affaires qui tente de conjuguer les
besoins issus des collectivités locales et une
approche entrepreneuriale viable.
Le Mandalab
Constatant la faible présence du secteur
technologique en économie sociale sur l’île
de Montréal et inspiré par ce qui se fait en
Europe, le Mandalab offre aux entreprises
d’économie sociale de la région un écosystème créatif exceptionnel permettant
d’accroître la vélocité de leurs processus
innovants en vue de créer des solutions
originales répondant aux besoins des communautés. Laboratoire ouvert citoyen, il
stimule l’émergence, le développement et le
réseautage de projets porteurs d’innovations
sociales, technologiques et économiques.
Pour ce faire, il déploie une expertise (espace,
animation, méthodologie) en « culture ouverte et création de biens communs » fondée
sur l’expérience européenne des « living labs ».
Les processus d’émergence et d’incubation
au Mandalab favorisent la promotion d’un
entrepreneuriat créatif et responsable sur
le territoire montréalais. L’ensemble des
acteurs travaillant à la création de technologies sociales ont ainsi l’opportunité de mettre
en valeur leurs initiatives et de profiter d’un
échange d’expertises. De plus, les entreprises
d’économie sociale peuvent se rapprocher de
leur public par l’expérimentation autour des
usages technologiques.
La structure du Mandalab, par son espace
d’accueil citoyen inclusif et son processus
d’accompagnement original, permet
l’intermédiation avec les citoyens et une
diversité d’organisations, d’institutions
publiques, d’entreprises et d’organismes
communautaires. Tous deviennent partie
prenante à travers la co-création de projets
innovants et ce, partant de leur initiation,
jusqu’à leur valorisation. Par ses nombreux
partenariats et par le développement de son
modèle d’affaires, le Mandalab contribue à
positionner la métropole au plan international sur l’échiquier de la culture ouverte et
de la création de bien commun.
Des entreprises qui
rayonnent
L’économie sociale à Montréal est
riche de sa diversité : taille et âge
des entreprises, secteurs d’activité,
formes juridiques, missions sociales…
En 2011, deux de ces entreprises ont
vu la qualité de leur travail et leur
engagement récompensés.
La Coop les Vivaces,
basée dans le quartier Ahuntsic de Montréal,
produit depuis 2006 des spectacles et des
animations sociales-artistiques abordant
les enjeux sociaux de manière ludique et
humoristique. Forte d’une quinzaine de
membres aux formations diverses et complémentaires, Coop les Vivaces travaille à
déployer leur créativité pour répondre à
différents défis collectifs comme le
développement durable, la démocratie,
le pacifisme, la cohabitation urbaine et la
santé sociale.
Lauréat du Prix de la relève en économie
sociale décerné dans le cadre du projet Osez
l’économie sociale, Coop Les Vivaces a été
reconnue pour son enracinement dans la
communauté, pour les retombées de ses
actions dans le milieu montréalais, et par
son impressionnant réseau de partenaires
et son engagement quant aux valeurs et aux
principes de l’économie sociale.
Insertech Angus
est une entreprise d’insertion sociale et
professionnelle créée en 1998 sur le site
du Technopôle Angus, dans le quartier
Rosemont à Montréal. Insertech a formé et
préparé au marché du travail avec succès
plus de 600 jeunes adultes en difficulté,
dans le cadre de son atelier d’économie
sociale en informatique. Très engagée
envers le développement durable, Insertech
reconditionne chaque année des milliers
d’ordinateurs récupérés des entreprises
montréalaises et les revend à prix modique
dans la communauté, tout en offrant aussi
des services techniques et de la formation
au public.
Insertech Angus fut lauréate du Prix de
l’économie sociale de Montréal dans la
catégorie Rayonnement international pour
la qualité de sa prestation à l’international,
son offre de formation dans un secteur
industriel porteur et son importante activité
dans le domaine du développement durable.
Un apport significatif au développement de la région de Montréal
L’économie sociale contribue à répondre aux enjeux socioéconomiques de la région de Montréal et ses entreprises façonnent le quotidien
des Montréalais et des Montréalaises. Qu’on pense au dynamisme de l’habitation communautaire, aux entreprises d’insertion œuvrant dans
différents secteurs économiques, aux médias communautaires, aux coopératives scolaires, aux services traiteurs et à la restauration
solidaire, aux entreprises d’aide domestique, en passant par les espaces de travail partagé, les auberges de jeunesse, les salles de spectacles
coop ou les services à la personne… Autant de communautés et de personnes mobilisées autour d’un développement aux retombées
collectives et à visage humain.
Cet apport significatif de l’économie sociale à la région de Montréal est reconnu. Le Comité d’économie sociale de l’Île de Montréal
(CÉSÎM), qui existe depuis 1997 et qui agit aussi à titre de Pôle régional d’économie sociale, bénéficie du soutien de la Conférence régionale
des élus de Montréal dans la réalisation de son mandat de promotion de l’économie sociale et de concertation des acteurs du milieu. La Ville
de Montréal, quant à elle, est la seule agglomération nord-américaine à s’être dotée d’un outil institutionnel de soutien à l’économie sociale,
le Partenariat en économie sociale pour un développement solidaire et durable, reconnaissant ainsi le rôle joué par l’économie sociale dans le
développement de la métropole, et misant sur les contributions dynamiques des parties prenantes pour soutenir et consolider le secteur.
31
07
par
SYLVIE MESSIER
MEMBRE DE LA COOPÉRATIVE
CRÉAGORA
Saviez-vous que
l’environnement
c’est important...
même pour une station-service !
En effet, La Relance Outaouais, première
entreprise d’insertion au Québec, gère une
station-service, en plus de six autres
entreprises à Gatineau. Engagée dans un
mouvement pour l’environnement et
l’économie sociale, La Relance, qui célèbre
ses trente ans en 2012, a obtenu diverses
certifications au cours des dernières années,
dont la Clé Verte niveau Or décernée à la
station-service Mécanessence. La Clé Verte
(www.cleverte.org) est un programme de
reconnaissance et de valorisation des
mesures environnementales.
Bravo à La Relance
et à toute l’équipe
de Mécanessence !
www.larelance.ca
LES PÔLES
OUTAOUAIS
Quelques données socio-économiques
Selon le Portrait de l’économie sociale réalisé en 2007, l’Outaouais comptait, en 2006,
265 entreprises d’économie sociale (EÉS).
Les secteurs regroupant le plus d’EÉS étaient alors les suivants :
• Habitation : 58 EÉS
• Services de garde : 53 CPE
• Autres secteurs (aide domestique, agriculture, foresterie, arts et culture, loisirs
et tourisme)
Toujours en 2006, les entreprises d’économie sociale employaient 3 850 personnes à temps
plein, ce qui représentait 2,1 % du nombre total d’emplois dans la région.
Le portrait 2012, en cours de réalisation, indique une évolution du secteur de l’économie
sociale dans la région, qui compte maintenant plus de 390 entreprises, dont 115 coopératives.
Il est intéressant de souligner que l’économie sociale en Outaouais n’est pas seulement
présente en milieu urbain, mais qu’elle se retrouve aussi en milieu rural. Les entreprises
sont réparties comme suit :
• MRC Vallée-de-la-Gatineau – 30 EÉS
• MRC des Collines-de-l’Outaouais– 60 EÉS
• MRC Papineau – 37 EÉS
• MRC Pontiac – 29 EÉS
• Chevauchant 2 MRC – 5 EÉS
• Ville de Gatineau – 237 EÉS
Donc, tandis que la Ville de Gatineau (milieu urbain) regroupe 237 entreprises d’économie
sociale, les 4 MRC de la région 07 (milieu rural) en comptent 161, soit 40 % du total.
Saviez vous que l’UQO offre une
formation pour les gestionnaires
d’entreprises d’économie sociale ?
Depuis septembre 2011, l’Université du Québec en Outaouais offre un Programme court et
un diplôme d’études supérieures spécialisées en gestion des entreprises collectives.
Ces programmes s’adressent aux gestionnaires en exercice, aux professionnels œuvrant
dans des entreprises collectives, aux représentants des bailleurs de fonds et aux diplômés
du premier cycle. Les cours proposent aux étudiants une démarche de spécialisation tenant
compte des spécificités des entreprises collectives (contextes sociopolitiques, juridiques,
économiques et organisationnels) et abordent les défis posés par la gouvernance et la gestion
des ressources humaines et financières.
Pour plus de renseignements :
Louise Briand, responsable du programme
[email protected]
819-595-3900, poste 1668
Le studio créatif Coloc,
une coop de travail en plein mouvement
D’entrée de jeu, précisons que la conception graphique de la revue que vous lisez
en ce moment est le fruit du talent et de la créativité des membres du studio créatif Coloc !
Voici une équipe polyvalente de designers graphiques, de concepteurs Web et d’illustrateurs 3D
de Gatineau qui a su, au fil des années, évoluer non seulement au rythme des fluctuations et des
demandes du marché, mais aussi et surtout en fonction des talents, des compétences et des
besoins de ses membres.
crédit photo : Mélissa Proulx
Le studio créatif Coloc – coop de travail est
né de la fusion récente de la coop de travail
1-20MÉDIA et de P2 design, une autre
entreprise de conception graphique qui
explorait la formule coopérative avec la
CDR Outaouais -Laurentides. Cette fusion
ne peut déboucher que sur une créativité
accrue et un engagement soutenu envers
la communauté.
Pourquoi avoir choisi au
départ de créer une entreprise
d’économie sociale ?
Lors de sa création en 2003, 1-20MÉDIA
avait pour objectif d’unir les forces de quatre
employés d’une agence gouvernementale
pour fonder une entreprise qui desservirait
principalement le gouvernement fédéral
dans le domaine de l’architecture 3D. Si les
membres fondateurs ont choisi le modèle de
la coopérative de travail, c’est qu’il leur
permettait à la fois d’exprimer leur esprit
entrepreneurial et de partager les risques et
les responsabilités associés inévitablement à
la fondation d’une entreprise.
Après une année de bon fonctionnement,
1-20MÉDIA fait cependant face à
d’importantes difficultés. En réaction au
scandale des commandites, le gouvernement
cesse d’attribuer des contrats externes en
architecture 3D. Du coup, 1-20MÉDIA perd
90 % de son chiffre d’affaires.
Pourtant, l’entreprise survit, justement
parce qu’elle est une coopérative. Soucieuse
de garantir du travail à ses membres, elle
tire parti des ressources offertes par le
réseau coopératif. Avec l’aide de la CDR
Outaouais-Laurentides, l’équipe, ne
comptant plus que deux membres, réoriente
les services de l’entreprise. Peu à peu, la
coop diversifie son créneau et se taille une
place dans les secteurs social, coopératif et
privé. Comme quoi le modèle d’affaires
coopératif permet de s’adapter à toutes
les situations !
Une équipe engagée
dans le secteur de
l’entreprenariat collectif
Aujourd’hui plus que jamais, les membres
du studio créatif Coloc contribuent
fièrement à l’épanouissement des
entreprises d’économie sociale en mettant
leurs talents en communication graphique
au service de ce secteur. Au fil des années,
l’équipe a laissé sa marque; qu’il suffise de
mentionner la conception graphique de cinq
numéros de la revue COOPOINT, une
collaboration de longue date avec la
coopérative La Siembra (Camino) pour la
création et le maintien de son image, ainsi
que la conception de tout l’aspect visuel,
promotionnel et Web du Forum
international de l’économie sociale et
solidaire (FIESS) tenu à Montréal en
octobre 2011.
Dans la communauté outaouaise, le studio
créatif Coloc (alors 1-20MÉDIA) a participé
très activement à la campagne de
mobilisation pour la relance de la
Laiterie de l’Outaouais, soutenant le projet
de A à Z. L’équipe est fière d’avoir créé
l’image de marque de la laiterie,
aujourd’hui bien connue de toute la
population de la région.
Aujourd’hui, le studio créatif Coloc est une
entreprise florissante qui ne cesse de prendre
de l’expansion. Fait intéressant : 90 % des
contrats de la coop viennent maintenant de
l’économie sociale et du secteur privé et 10 %
à peine sont de sources gouvernementales,
essentiellement municipales.
Studio créatif Coloc – coop de travail
Gatineau (Québec)
819 778-0002
www.coloc.coop
33
LES PÔLES
TransporAction Pontiac :
un modèle à reproduire dans toutes les grandes ruralités !
TransporAction Pontiac constitue un bel exemple de ce qu’un effort collectif peut faire
pour améliorer les services offerts à une population.
L’OSBL, situé à Campbell’s Bay dans la MRC de Pontiac, est né de la détermination à offrir
des services de transport collectif aux personnes isolées, à faible revenu et sans moyen de
transport de ce secteur rural.
En quoi le projet est-il unique ?
À la suite du lancement du programme Transport collectif en milieu rural par le ministère
des Transports du Québec en 2002, la MRC de Pontiac a décidé non seulement d’offrir des
services de transport collectif sur son territoire, mais d’y combiner le transport adapté. Elle
était la première à vouloir le faire au Québec. Après bien des ajustements, ce modèle novateur
« un organisme, deux divisions » a été accepté en 2004 par le MTQ, qui en recommande
maintenant l’utilisation dans tout le Québec. En septembre 2008, l’organisme a d’ailleurs
remporté le Grand Prix de la ruralité pour son programme de transport collectif.
Des progrès constants
Depuis sa création, TransporAction Pontiac n’a cessé de progresser constamment aussi bien
en nombre de kilomètres parcourus qu’en nombre de clients desservis.
Desservant au départ 900 clients en transport collectif et 140 en transport adapté,
TransporAction assure aujourd’hui le transport collectif de 1 800 résidants du Pontiac et
le transport adapté de 400 personnes handicapées ou à mobilité réduite.
Les deux services sont utilisés pour diverses raisons : accès aux soins de santé, formation
professionnelle, loisirs et activités communautaires. Toutefois, la majorité des déplacements
(95 %) sont liés à des soins de santé. Chaque semaine, de 20 à 40 déplacements se font vers
l’hôpital de Gatineau pour des traitements spécialisés, assurant ainsi un meilleur accès aux
services de santé.
Partenariats et jumelage des services : les clés de la réussite
Dans la MRC de Pontiac et la municipalité de Pontiac, où la population est inférieure à
20 000 personnes et la densité de 1,4 habitant au km2, les distances à parcourir sont grandes.
Le défi consistait donc à trouver une façon de rentabiliser les déplacements tout en
desservant au mieux la clientèle cible.
Dès le départ, TransporAction a conclu des partenariats avec les organismes et institutions
ayant besoin des services, comme le Centre de santé et de services sociaux du Pontiac. Par
exemple, le CSSS du Pontiac a transféré l’usage de son minibus à TransporAction afin de
maximiser sa rentabilité en l’utilisant à la fois pour les centres de jour du CSSS, pour les
personnes ayant une déficience intellectuelle et pour les centres de jour à l’intention des
patients en santé mentale.
TransporAction a également collaboré à la mise en place d’un nouvel organisme, Transport
communautaire Pontiac, qui a obtenu des permis de taxis spécialisés pour le transport de
personnes handicapées ou à mobilité restreinte. Les places libres à bord des taxis sont
utilisées pour desservir chemin faisant des passagers en transport collectif.
De même, l’organisme profite des circuits d’autobus scolaires pour assurer le transport de
ses clients lorsque leurs horaires coïncident avec ceux des écoles.
Une vision d’avenir
En ce moment, TransporAction recense toutes les activités à l’intention des jeunes du
Pontiac dans le but de mettre sur pied un grand projet de transport des jeunes vers leurs
activités de loisirs. Un dossier à suivre !
0
SON OBJECTIF :
MAXIMISER L’UTILISATION DES
VÉHICULES ET LA CAPACITÉ DE
TRANSPORT DU PONTIAC.
SA DEVISE :
NE PAS PERDRE UN TOUR DE ROUE !
2006
116 990 KM SUR LE TERRITOIRE
75 981 KM HORS TERRITOIRE
POUR 19 618 DÉPLACEMENTS
2011
UN TOTAL DE 900 000 KM
POUR 27 000 DÉPLACEMENTS
À L’HEURE ACTUELLE,
11 % DE LA POPULATION
BÉNÉFICIE DE SES SERVICES,
SOIT 2 200 CLIENTS INSCRITS
POUR 21 000 HABITANTS.
TransporAction Pontiac
Campbell’s Bay (Québec)
819 648-2223 ou 1 877 648-2223
[email protected]
08
ABITIBI-TÉMISCAMINGUE
Impacts socioéconomiques des EÉS
Près du tiers des entreprises d’économie sociale (EÉS) de l’Abitibi-Témiscamingue (soit
86 entreprises sur environ 300 organismes sollicités) ont répondu à notre questionnaire
diffusé au cours de l’année 2010-2011 sur les impacts socioéconomiques. Les entreprises
répondantes proviennent de différents secteurs incluant les communications, les arts et
culture, les services à la personne, l’environnement et l’agroforesterie. Voici quelques-uns
des résultats obtenus :
• 1 106 emplois créés par 82 entreprises et ce, excluant les emplois financés;
• Plus de 32 600 000 $ de revenu total provenant de 76 entreprises; le revenu moyen
est de plus de 429 000 $;
• Plus de 14 160 000 $ de chiffre d’affaires total provenant de la vente de biens et de
services, ce qui représente 43,4 % de l’ensemble de leur revenu (76 entreprises);
• Plus de 19 200 000 $ en dépenses salariales (incluant les avantages sociaux) ce qui
équivaut à 61 % de leurs dépenses (76 entreprises);
• 2 600 bénévoles s’impliquent dans 81 entreprises; 21 % participe à leur administration.
Des valeurs en action !
La solidarité, la coopération ainsi que la prise en charge individuelle et collective sont des
valeurs qui font parties de l’histoire de notre région (voir : Un village coopératif ). La volonté
d’appliquer ces valeurs et de créer un milieu de vie répondant aux besoins réels du milieu a
d’ailleurs amené différentes entreprises d’économie sociale à s’établir. Elles sont présentes
dans la plupart des activités économiques et contribuent notamment, sans en faire une liste
exhaustive, à :
1 106 EMPLOIS
CRÉÉS PAR
82 ENTREPRISES
EXCLUANT LES
EMPLOIS FINANCÉS
• offrir des pratiques plus respectueuses de l’environnement, (éco-centre, friperies, OBNL qui offrent des formations éco-responsables);
• découvrir l’usage diversifié que l’on peut faire de nos ressources naturelles (biomasse, produits forestiers non ligneux)
• dynamiser notre région par ses offres d’expériences culturelles (Foire gourmande,
Festival de musique émergente, etc.) et;
• maintenir des populations sur le territoire (ex : coopérative de santé).
Un village coopératif
En 1947 s’est vécue en Abitibi-Témiscamingue une expérience unique dans l’histoire
de la colonisation du Québec. La paroisse de Guyenne a alors été fondée avec à la
base un syndicat de travail nommé les Pionniers de Guyenne, en référence aux
Pionniers de Rochdale. Ce groupe de jeunes avait été recruté afin de mettre au point
et expérimenter une nouvelle formule d’établissement, soit d’appliquer les principes de
la coopération à l’ensemble des activités socio-économiques de la colonie : forestière,
agricole, division du travail, construction de granges, magasins, etc.
Si cette expérience est loin d’avoir été exempte de difficultés, elle marque l’imaginaire
en ayant permis l’existence d’un mode de vie coopératif et d’un « coopérateur
intégral » qui vivait non seulement presqu’exclusivement de coopératives, mais qui
passait aussi plusieurs heures en soirées d’étude sur la coopération chaque semaine.
35
LES PÔLES
PROFILS D’ENTREPRISES
Ces entreprises sont toutes novatrices puisqu’elles travaillent à ce que l’économie soit
au service de l’humain et non l’inverse. Elles permettent d’avoir accès à des services
et des biens qui répondent aux besoins de base des individus et améliorent ainsi la
qualité de vie des collectivités. De par leur vocation, elles représentent une richesse
inestimable pour notre région !
Pour plus d’information sur les EÉS de la région ou autres : www.poleesat.com
Coopérative de solidarité multiressources
de l’Union Laforce
Depuis 2007, le Comité de développement local de Laforce s’est engagé dans une démarche
de diversification économique basée sur la mise en valeur des ressources de son territoire.
Leur désir de prendre le virage d’une coopérative a permis sa constitution en novembre
2010. Deux objectifs principaux sont ciblés : la création d’emplois et la diversification de
projets pouvant suivre le développement du milieu.
Cette coopérative se spécialise en foresterie (coupe, aménagement, inventaires territoriaux,
etc.), en mise en marché de produits forestiers non ligneux (PFNL) tels les champignons,
les petits fruits et autres produits indigènes ayant des propriétés bénéfiques, ainsi qu’en
écotourisme. Concernant l’écotourisme, les membres visent à aménager un camping rustique
sur un site d’une exceptionnelle beauté, où il y aura également un pavillon d’accueil ayant
pour thème le bouleau jaune (emblème du Québec) qui serait disponible dès cet été. Ils
comptent éventuellement offrir un hébergement en écolodges, des sentiers d’interprétation
et d’observation de la flore et de la faune ainsi que des activités de « découvertes natures »
dont : des ateliers sur les champignons et les petits fruits, des dégustations culinaires, des
randonnées sur l’eau (d’île en île) et en forêt ainsi que diverses activités hivernales
(raquettes, paraski, etc.).
En plus de créer des emplois dans la communauté, cette coopérative permet de diversifier
les activités sociales et économiques du milieu, de se faire connaître et d’amener la communauté à se prendre en main.
La coopérative espère donc que son projet permettra d’obtenir des retombées économiques
et ce, tout en préservant la qualité de l’écosystème de ce site pour les générations actuelles et
futures. Enfin, leur désir est que leurs services puissent être offerts tout au long de l’année.
Pour plus d’informations : 819-722-2461
Portrait d’une entreprise d’insertion : Technobois
Technobois est une entreprise d’insertion socioprofessionnelle dont l’objectif est de
permettre l’intégration au marché du travail ou le retour aux études des personnes âgées
entre 16 et 30 ans.
Elle offre à ses travailleurs une expérience de travail concrète au cours de laquelle elle les
aidera à développer des aptitudes et des compétences qui leur permettront de se réaliser
sur les plans personnel et professionnel. Les travailleurs sont assistés dans leur parcours par
une équipe chevronnée qui dispose de la formation et de l’expérience nécessaires pour leur
fournir tout ce dont ils ont besoin pour réussir.
Fondé en 1997, Technobois est la seule entreprise d’insertion en Abitibi-Témiscamingue.
Elle œuvre dans la deuxième et troisième transformation du bois et offre des produits
diversifiés et de qualité à sa clientèle grandissante. Qu’il s’agisse d’un produit unique ou
d’une production en série, cette entreprise dispose des équipements et de la main-d’œuvre
nécessaires permettant de répondre aux exigences les plus élevées.
Cependant, il faut rappeler qu’au-delà des impératifs liés à la production de biens et services
pour ses clients, l’objectif premier de l’entreprise d’insertion est de permettre à ses
travailleurs de se réaliser pleinement aux niveaux personnel et professionnel. À ce
chapitre, le travail en usine n’est donc qu’un prétexte permettant aux travailleurs de réaliser
leurs objectifs personnels. C’est pourquoi l’entreprise propose à ses travailleurs toutes sortes
d’activités autres que les tâches liées à la production et pour lesquelles ils sont libérés sur
leur temps de travail.
En effet, Technobois a développé une série d’ateliers de groupe portant sur différents
thèmes tels que la motivation au travail, la gestion d’un budget personnel, la communication
et de nombreux autres sujets qui touchent à la fois à la vie personnelle et professionnelle
de ses travailleurs. À ces ateliers s’ajoutent des visites d’entreprises, des stages en milieu de
travail externe de même que la possibilité de réaliser un parcours alternant travail et études
pour ceux et celles qui souhaitent augmenter leur niveau de qualification professionnelle.
Technobois est une entreprise qui est soumise aux mêmes contraintes que toutes les autres.
Toutefois, elle se distingue par le fait qu’elle concentre ses énergies et ses ressources d’abord
et avant tout auprès de son personnel en insertion, pour leur propre bénéfice et pour celui
de notre communauté.
37
09
par LYSE RIOUX
LES PÔLES
CÔTE-NORD
Économie sociale et forêt :
un mariage prometteur
Des projets qui ont de l’avenir
Depuis 2006, Lisette Roberge est pratiquement tombée dans la marmite de l’économie
sociale et son travail en développement régional à la Conférence régionale des élus de la
Côte-Nord l’a conduite à fournir du soutien technique à différents projets.
Elle accompagne et conseille donc des acteurs de l’entrepreneuriat collectif soucieux de
dynamiser leur milieu. Ce sont des promoteurs qui veulent faire vivre ou revivre, dans leur
ville ou leur village, une entreprise de mise en valeur du milieu forestier. Forts de leur
expertise, ils travaillent aujourd’hui à transformer leur idée en projet durable. Parfois, ce
sont aussi des élus, néophytes en matière d’économie sociale, qui souhaitent que leur forêt
soit transformée chez eux afin d’en faire bénéficier leurs citoyens. Ou encore, elle soutient
une communauté qui veut repartir sur de nouvelles bases et lancer un concept novateur
en foresterie.
Lisette Roberge leur insuffle sa patience. Et, de la patience, il en faut pour soutenir certains
projets pendant les cinq ou six ans que durent parfois les études de préfaisabilité !
L’économie sociale, ça s’apprend
crédit photo : Lyse Rioux
Lisette Roberge est convaincue que la condition gagnante pour mener des projets
d’économie sociale à terme est la présence de joueurs capables de créer la mobilisation et
de former leurs concitoyens à la coopération. D’ailleurs, une grande partie de son travail est
d’écouter ces acteurs du changement et de leur faire voir qu’ils peuvent croire en leur projet.
Elle doit aussi leur démontrer que s’ils veulent faire de l’économie sociale, ils doivent se
donner un but économique.
Lisette Roberge
« L’économie sociale, ça
demande travail et patience,
mais c’est tellement génial
quand ça réussit ! »
Passionnée par le domaine forestier depuis
34 ans, Lisette Roberge peut témoigner
de l’impact de l’entrepreneuriat collectif
sur la Côte-Nord.
« La forêt est un bon véhicule pour
l’économie sociale. C’est une ressource
renouvelable qui assure la pérennité des
projets et, en économie sociale, c’est sur
ça qu’il faut miser! Il faut créer des
richesses dans la communauté, développer
de l’expertise et générer des retombées
qui contribuent au développement du
tissu social ».
« La force d’une entreprise d’économie sociale dans le secteur forestier, c’est qu’elle n’est pas
de passage. Si tu vises un but économique réaliste et que, collectivement, tu l’atteins, ton
entreprise sera encore là dans 20 ans, parce que la forêt sera encore là, elle aussi dans
20 ans », s’exclame-t-elle, pleine d’espoir pour les initiatives qu’elle soutient.
Un projet qui nourrit
Martin Côté, maire de Baie-Johan-Beetz, est un citoyen heureux. Depuis juin dernier, sa
municipalité abrite une épicerie, une entreprise d’économie sociale mise sur pied par la
Coopérative de solidarité formée de citoyens et de citoyennes du village.
Pour qui ne connaît pas Baie-Johan-Beetz, le fait d’avoir un marché d’alimentation avec
toutes les commodités peut sembler anodin. Situé à 70 kilomètres d’Havre-Saint-Pierre,
la ville la plus proche, le village compte actuellement 90 habitants. Mais, avant 1996, avant
l’arrivée de la route qui relie la Minganie au reste du Québec, Baie-Johan-Beetz a déjà
compté jusqu’à quatre marchands généraux.
En 2002, la fermeture de la dernière épicerie a sonné la fin de l’approvisionnement sur
place. « Comment peut-on occuper le territoire, garder notre population et attirer de
nouveaux résidents si on n’a pas les services de base ? », commente Anne-Marie Tanguay,
tout en faisant ses achats dans « son épicerie », avec un plaisir renouvelé.
Aller moins vite, mais plus loin
Tout comme Anne-Marie Tanguay, Martin Côté est un membre très impliqué de la
Coopérative de solidarité de Baie-Johan-Beetz. Si leur initiative collective a réussi, dit-il,
c’est bien sûr grâce à la mobilisation : « Tout le monde au village voulait cette épicerie ».
« C’est une belle expérience qui a donné de l’espoir et de la vitalité au tissu communautaire
déjà très fort ici », confirme Raymonde Bourque. La concrétisation du marché
d’alimentation amène la Coopérative de solidarité à envisager d’autres projets. « Une fois
l’épicerie consolidée, nous pensons à développer des habitations pour les nouvelles familles,
des serres, des services aux aînés », poursuit avec enthousiasme Martin Côté.
Loin de s’essouffler, cet attrait presque naturel des résidents de Baie-Johan-Beetz pour
l’entrepreneuriat collectif s’est donné des ailes.
crédit photo : Martin Côté
Mais il y a plus, selon Martin Côté. La détermination du comité de citoyens a aussi joué dans
la balance. Nous avons poursuivi les démarches même si notre projet d’économie sociale
était jugé non rentable par le milieu coopératif, parce que trop petit. « Notre ouverture à
nous adapter a aussi contribué à notre succès. Comme l’épicerie n’était pas admissible aux
programmes de financement, nous avons modifié notre plan d’affaires pour bâtir un centre
multifonctionnel municipal qui loue à l’épicerie la plus grande partie de son espace ».
De haut en bas : Martin Côté, Anne-Marie Tanguay,
Raymonde Bourque
PROFILS D’ENTREPRISES
Des initiatives collectives stimulantes
Sur la Côte-Nord, l’économie sociale se porte bien. À preuve, ces projets initiés par un entrepreneuriat collectif innovant créent des
emplois sur l’ensemble du territoire. Qu’elles soient économiques, sociales ou culturelles, ces initiatives témoignent de la vitalité de notre
effort collectif. Notre milieu croit en ses forces et se donne les moyens de se développer et de prospérer.
La Coop Solidarité bioproduits Basse-Côte-Nord
Bonne-Espérance
Lorsque cette coopérative verra le jour en
2014, elle récoltera et transformera des
produits forestiers non ligneux provenant
de toutes les municipalités de la MRC du
Golfe-du-Saint-Laurent. Sa production est
destinée au marché haut de gamme.
Emplois potentiels : 5
Le Grenier boréal
Longue-Pointe-de-Mingan
Cette coopérative de solidarité
agroforestière démarrera sa production
agricole et apicole d’ici avril 2013. De plus,
en regroupant les cueilleurs, elle assurera
une mise en marché collective du produit de
leur cueillette en milieu forestier.
Emplois potentiels : 3
Emplois à horaire variable : 10
La ressource au Féminin
Pluri’Elles
Sept-Îles
En mai 2013, quinze unités de résidencesappartements sécurisées seront offertes aux
femmes seules ou avec enfants, victimes de
violence et/ou en difficulté.
Emplois potentiels : 2
Complexe polyvalent quilles
et curling
Port-Cartier
Cette infrastructure, dont la construction
débutera à l’automne 2012, permettra aux
adeptes de quilles et de curling de pratiquer
leurs sports, en plus de favoriser les liens
intergénérationnels.
Emplois potentiels : 8
L’Ouvre-Boîte culturel
Baie-Comeau
Depuis deux ans, cet organisme à but non
lucratif offre un espace culturel alternatif
de diffusion des arts et de la culture, mettant
en valeur les artistes locaux et soutenant
la relève.
Emplois créés : 2 temps partiels
Association Loisir Plein Air
de Fermont
Fermont
Dès l’été prochain, un camping avec services
ouvrira à Fermont. Non seulement cette
infrastructure contribuera à la diversification économique de la région, mais elle sera
une solution saisonnière à la pénurie de
logements.
Emplois potentiels : 3 emplois
saisonniers récurrents
À la découverte
de la Haute-Côte-Nord
Les Escoumins
En 2013, la Télévision communautaire régionale de la Haute-Côte-Nord produira une
série d’émissions qui rendront hommage
aux bâtisseurs des villages et raconteront
l’histoire des goélettes nord-côtières, un
des joyaux de notre patrimoine maritime.
Emplois potentiels : 7
39
1
10
NORD-DU-QUÉBEC
Enjeux liés à l’environnement social
et économique
La Jamésie
La région administrative Nord-du-Québec, créée en 1987, couvre plus de la moitié
du territoire québécois, soit près de 840 000 km. La Jamésie, partie sud de la région
administrative Nord-du-Québec située entre le 49e et le 55e parallèle, présente quant à elle
une superficie de 350 000 km, découpée toutefois en trois catégories différentes de terres
établies par la Convention de la Baie-James et du Nord québécois de 1975. La Jamésie est
habitée par des Cris et des Jamésiens. Le Nunavik, essentiellement habité par des Inuits,
couvre la partie nord de la même région administrative. C’est donc 14 756 Jamésiens qui
résident pour la plupart dans cinq municipalités (Chapais, Chibougamau,
Lebel-sur-Quévillon et Matagami) et trois localités (Radisson, Valcanton et Villebois),
constituant la Municipalité de Baie-James.
La Jamésie est une région ressource par l’immensité de son territoire et par l’abondance
de ses potentiels hydroélectrique, forestier, minier, faunique, éolien et hydrique. Par
conséquent, les industries reliées à l’exploitation des ressources naturelles sont à la base
de la création ou du développement des villes du Nord-du-Québec. L’exploitation de ces
ressources est donc l’un des piliers de la création de richesse en Jamésie, et ce, même si
d’importants efforts sont faits au chapitre de la diversification de cette base économique.
En effet, certains secteurs montrent une progression, comme les services d’hébergement,
de transport et du tourisme d’aventure.
La Jamésie en chiffres
Superficie en terre ferme (2009)
283 487,5 km2
Densité de population (2009)
0,1 hab./km2
Population totale (2009)
14 654 hab.
Solde migratoire interrégional
(2008-2009)
-325 hab.
Perspectives démographiques
(variation 2001/2006)
- 25,2 %
Travailleurs de 25-64 ans (2008)
6 593
Taux de travailleurs de 25-64 ans
(2008)
74,3 %
Revenu d’emploi moyen des
travailleurs de 25-64 ans (2008)
48 244 $
Taux de faible revenu des
familles (2006)
5,4 %
Revenu personnel disponible
par habitant (2008)
27 883 $
Valeur totale des permis de bâtir
(2009)
25 654 $
Valeur foncière moyenne
des maisons unifamiliales
(2010)
83 329 $
Quoi qu’il en soit, il demeure essentiel de maximiser les retombées de l’exploitation de ces
ressources, le modèle actuel privilégiant peu les retombées régionales. Il est plus aisé de
générer des retombées lorsque le développement se fait à proximité des principales villes du
territoire. Par contre, dès que les projets de développement ou que les lieux d’exploitation
sont situés en territoire, comme c’est le cas pour les centrales hydroélectriques et certains
projets miniers, le mode d’opération avec campement de travailleurs sur le site couplé à la
liaison aérienne vers le Sud, fait en sorte que la région est moins favorisée au chapitre des
retombées. L’enjeu est alors simple, mais complexe à réaliser : « Développer, pour
habiter ! ». La finalité est d’habiter le territoire et d’assurer la qualité de vie des gens qui y
résident donc de faire en sorte que les projets d’exploitation des ressources naturelles
profitent en priorité aux personnes qui habitent le territoire.
Présentement, le Plan Nord du gouvernement Charest propose des changements majeurs
pour la région. Des institutions disparaissent, de nouvelles sont créées dont la Société du
Plan Nord et de vastes terres publiques tombent sous la juridiction d’un gouvernement
régional où sont représentés les deux groupes qui habitent le territoire : les Cris et les
Jamésiens, résidants non autochtones de la Baie-James.
Rappelons qu’une nouvelle gouvernance du territoire de la Baie-James a été annoncée en
mai 2011 entre les Cris, les Jamésiens et le gouvernement du Québec. À cette occasion, les
partenaires se sont fixés un délai de 12 mois pour arriver à un règlement négocié. Espérons
qu’avec la mise en place du Plan Nord, la Jamésie sera en mesure de saisir des opportunités
importantes de développement pour les communautés et ainsi améliorer les conditions de
vie de ses résidants.
41
LES PÔLES
Enjeux, impacts et perspectives de
développement de l’économie sociale
En 2010, lorsque le Portrait des entreprises d’économie sociale en Jamésie est effectué,
la Jamésie se positionne avantageusement quant au nombre d’entreprises d’économie
sociale existantes sur son territoire avec un ratio de 3,3 entreprises par 1 000 personnes.
En comparaison, l’Abitibi-Témiscamingue a quant à elle, au même moment, un ratio de
1,6 entreprise par 1 000 habitants. Toutefois, aucune nouvelle entreprise du domaine
de l’économie sociale n’a été créée depuis cinq ans. Par contre, en 2011, une nouvelle
coopérative voit le jour soit le Café du Brûlot, un café culturel, le premier dans son genre
en Jamésie !
Beaucoup de travail reste à faire pour favoriser l’émergence de nouvelles entreprises
d’économie sociale, mais la Jamésie doit également faire face à d’autres enjeux
régionaux importants.
1. Enjeux
La région a de nombreux défis
géographiques, économiques, ainsi que
sociaux à relever et l’économie sociale
pourrait être une des façons de le faire,
notamment sur le plan :
• des services à la population : logement, transport, services aux jeunes et aux familles, etc.;
• de la diversification de l’économie du territoire : face aux grandes industries, il est urgent de développer d’autres formes
d’activités qui ne soient pas dépendantes des grandes entreprises;
• du soutien à l’émergence, de la relève et
de la reprise des entreprises d’économie sociale;
• de la commercialisation : une enquête réalisée en Jamésie montre que les
entreprises d’économie sociale
consacrent moins de 1 % de leurs
dépenses à la promotion et à
la commercialisation 1.
2. Éléments de contexte
ayant des impacts positifs
sur l’économie sociale
• L’Entente spécifique en économie
sociale a permis la création du Pôle régional d’économie sociale de la Jamésie, Nord-du-Québec en 2009.
• Un portrait des entreprises d’économie sociale de la Jamésie a été réalisé afin de permettre au Pôle de mettre de l’avant des actions visant le
développement de ce secteur.
3. Éléments de contexte ayant des impacts négatifs sur l’économie sociale
• Rareté de la main-d’œuvre : la région connaît un solde migratoire négatif ainsi qu’une rareté de la main-d’œuvre qualifiée.
• Développement de la culture entrepreneuriale et soutien à la réalisation des projets locaux : dans une région dominée par les grandes entreprises et les très grands projets, l’émergence de projets locaux, à plus petite échelle, est plus difficile à réaliser.
• Rétention des jeunes : un enjeu important dans la région.
• Dans le domaine de l’économie sociale, les échelles salariales sont relativement faibles ce qui est particulièrement préoccupant pour des emplois qui se trouvent dans un
territoire où les revenus moyens sont plus élevés que la moyenne québécoise (selon l’ISQ, le revenu disponible par habitant est de 25 494 $/habitant dans l’ensemble du Québec, alors qu’il est de 28 095 $/habitant en Jamésie). De même, plusieurs attribuent la cause des difficultés de recrutement aux très hauts salaires payés dans certaines entreprises et institutions de la Jamésie.
• De l’éloignement : le Nord-du-Québec est une région ressource éloignée ce qui engendre des défis supplémentaires.
4. Secteurs en développement
• L’industrie du tourisme nordique et d’aventure est un créneau en émergence dans
la région.
• Le soutien à la recherche et au développement des entreprises du domaine de l’économie sociale.
• Gestion des matières résiduelles : des initiatives pourraient se développer, puisque le projet de politique de gestion des matières résiduelles du gouvernement du Québec prévoit 1 million de dollars pour aider les municipalités du Nord à gérer leurs matières résiduelles et en planifier leur gestion.
• Le développement d’une Entente spécifique visant le développement de la culture.
• Le développement des communications et du sentiment d’appartenance local et
régional par la mise en place d’une radio régionale.
• Plusieurs projets miniers sont en cours ou à venir.
5. Plan Nord
Selon le gouvernement québécois, le Plan Nord se déploiera sur une période de 25 ans et
entraînera des investissements de plus de 80 milliards de dollars. Il permettra de créer ou
de consolider en moyenne 20 000 emplois par année. Des actions sont prévues dans les
domaines de l’éducation, du logement, de la culture, de la main-d’œuvre et de la santé et des
services sociaux.
De plus, le Plan Nord a pour objectif de développer de façon durable le potentiel
économique du territoire visé dans les secteurs de l’énergie, des ressources minérales,
forestières et fauniques, ainsi qu’en matière de tourisme et de production bioalimentaire.
1
ADN Organisations, Portrait des entreprises d’économie sociale de la Jamésie, 2010, p. 10
Cependant, tout n’est pas fait ! La gouvernance du territoire et la création de la Société du
Plan Nord sont des actions non complétées à ce moment qui auront des impacts importants
dans le développement de la région. Bref, la Jamésie espère être en mesure de tirer profit du
Plan Nord mais quoiqu’il advienne, plus rien ne sera pareil au nord du 49e parallèle.
Une entreprise d’économie sociale bien ancrée dans la communauté !
PROFILS D’ENTREPRISES
Le Studio santé de Matagami :
Le Pôle régional d’économie sociale de la Jamésie, Nord-du-Québec souhaite souligner
la reconnaissance régionale du Studio santé de Matagami à titre d’entreprise d’économie
sociale. Au cours de la dernière année, afin de répondre aux besoins de la communauté,
l’entreprise a investi plus de 30 000 $ afin d’être relocaliser et d’ouvrir à nouveau ses portes.
Constitué dans le but de promouvoir le conditionnement physique auprès de la population
de Matagami, le Studio santé offre à ses membres un équipement de qualité et sécuritaire.
De plus, il encourage et sensibilise la population aux saines habitudes de vie.
L’entreprise d’économie sociale base ses activités sur le principe de la participation, de la
prise en charge et de la responsabilité individuelle et collective. Créée par l’initiative de
personnes de la communauté et rassemblant plus de 100 membres, le Studio santé de
Matagami est un bel exemple d’entreprise d’économie sociale !
De gauche à droite :
- Patrick St-Germain, responsable de la reconnaissance
au CLDBJ;
- Trinh Vo, coordonnatrice;
- Sonia Leblanc, représentante du Pôle régional d’économie sociale de la Jamésie, Nord-du-Québec.
Escapade boréale :
Une entreprise d’économie sociale novatrice
Le Pôle régional d’économie sociale de la Jamésie, Nord-du-Québec est fier d’annoncer
qu’Escapade boréale a été reconnue à titre d’entreprise d’économie sociale jamésienne !
Ayant pour mission d’organiser et de développer le tourisme d’aventure dans le
Nord-du-Québec, l’entreprise travaille en harmonie avec les communautés locales. Cet
organisme sans but lucratif met en valeur la nature, la culture et le patrimoine des Jamésiens
et des Cris en planifiant des événements et des escapades de tourisme d’aventure authentique.
En misant sur la qualité, Escapade boréale offre des produits d’appels comme des parcours
canotables, du paraski, des expéditions de motoneige, du géocaching, etc. Des activités qui
sortent de l’ordinaire et qui amènent les participants à se dépasser dans un cadre confortable
et sécuritaire. De plus, Escapade boréale offre des services afin de venir en aide aux organisateurs d’activités de plein air, notamment en offrant du support logistique pour l’organisation
d’expédition, de la location d’équipements et un service de guides et d’accompagnateurs.
Entreprise jamésienne novatrice, Escapade boréale se démarque en tant qu’entreprise
d’économie sociale en employant trois personnes à temps plein et en respectant les trois
axes du développement durable qui font partie des principes de base de son fonctionnement.
De gauche à droite :
- Julie-Ann Cooper, vice-présidente;
- Laurent Levasseur, président;
- Guylaine Marin, administratrice;
- Mireille Gravel, représentante du Pôle régional d’économie sociale de la Jamésie, Nord-du-Québec;
- Doris Paul, administratrice;
- Patrick St-Germain, responsable de la reconnaissance
au CLDBJ;
- Dany Girard, directeur général.
Longue vie à Escapade boréale !
43
CDR
Les coopératives
de développement régional,
au service du développement
des collectivités et de leurs projets
Ensemble, nos coopératives produisent la revue annuelle de la
coopération, le Coopoint. La Zone de coopération et le Chantier
de l’économie sociale collaborent pour présenter un encart
coopératif dans la revue des Pôles.
Engagés dans le développement local et
régional, les Coopératives de développement
régional (CDR) de la Zone de coopération
regroupent les coopératives de cinq régions
du Québec qui s’allient pour mettre la
coopération au service des collectivités et
de leurs projets.
Les CDR de la Zone de coopération offrent
des services conseil d’accompagnement
par des professionnels qualifiés au sein
d’un réseau qui mutualise l’expertise dans
divers domaines dont les coopératives de
travailleurs actionnaires et les coopératives
de santé.
COOPOINT
Depuis 15 ans, près d’une cinquantaine de coopératives de santé ont vu le jour au Québec et
contribuent fortement à la réalisation de la mission du système public de santé québécois.
Souvent implantées dans des communautés où l’accessibilité aux soins faisait défaut ou était
en péril, elles regroupent des dizaines de milliers de citoyens qui participent activement à
la gestion de ces cliniques communautaires. Ces projets révolutionnent les services de santé
dans leur région et donnent un second souffle à des cliniques en déclin. Initialement centré
sur la dispensation de soins de première ligne, ce réseau de cliniques communautaires est à la
base d’une des plus importantes mobilisations citoyennes du Québec et donne lieu à des
approches de plus en plus innovantes et transformatrices.
En effet, si l’élément déclencheur de la mobilisation citoyenne autour de ces projets est
souvent l’accès aux services de première ligne, il est aujourd’hui évident que la contribution
des coopératives de santé ne s’arrête pas là. Les principes de responsabilité et de prise en
charges intrinsèques au modèle coopératif ont amené de nombreuses coopératives à
développer des programmes de prévention et d’éducation à la santé qui contribuent de façon
importante au bien-être de leur communauté.
DÉMOCRATIE ET SANTÉ :
les coopératives au cœur
du système public de santé québécois
par
MARTIN VAN DEN BORRE
Un développement qui passe
par l’innovation
Des coopératives pour un
système vraiment public ?
Au cours des dernières années, de nouveaux
modèles se dessinent afin de répondre à
l’évolution des besoins et de pallier aux
disparités de services disponibles. Certaines
initiatives s’inspirent d’expériences faites
ailleurs. C’est ainsi qu’à Lorraine dans les
Basses-Laurentides, un groupe d’aînés s’est
en partie inspiré d’une initiative américaine
pour fonder la coopérative de solidarité et
d’entraide des Mille-Îles, une coopérative
qui offrira à ses membres des services visant
à assurer leur qualité de vie, leur bonne santé
et leur autonomie. À travers le référencement,
l’accréditation et le regroupement d’achat
de services, cette coopérative agira ainsi
directement sur les déterminants de la santé
de sa communauté. Un tel projet pourrait,
à moyen terme, constituer un modèle pour
d’autres communautés québécoises et
constituer un élément important d’une
stratégie québécoise pour faire face au
vieillissement de la population.
D’autres changement importants seront
nécessaires pour assurer la viabilité du
modèle québécois en santé, notamment dans
le domaine des médicaments et des pharmacies, un secteur qui coûte de plus en plus cher
à l’État et aux particuliers, mais dont le
contrôle est pourtant entièrement privé. Ce
monopole corporatif est un paradoxe évident
dans un système qui se veut public et un
paradoxe qui nous coûte très cher !
Moyennant des changements législatifs, le
modèle coopératif pourrait - comme c’est le
cas en Belgique et ailleurs en Europe avec les
pharmacies sociales - assurer une vraie
concurrence dans le secteur de la distribution
pharmaceutique favorisant ainsi un meilleur
contrôle du prix des médicaments. Le modèle
existe et a fait ses preuves, mais une forte
volonté politique sera nécessaire pour assurer
de tels changements. En plus d’être bénéfiques
pour l’État, ces changements le seraient aussi
pour les mutuelles de santé, les compagnies
d’assurances et les consommateurs, leur
permettant de sauver des centaines de
millions de dollars. Le modèle coopératif dans
le secteur de la santé nous réserve peut-être
pour l’avenir ses plus belles contributions…
45
En novembre dernier, lors de son intervention
devant les Nations Unies dans le cadre du
lancement de l’Année internationale des
coopératives, le président de la CDR
Montréal-Laval, Pierre-Alain Cotnoir,
soulignait avec justesse que le défi majeur
des coopératives consiste aujourd’hui à
pénétrer le milieu urbain. Un défi de taille qui risque de transformer l’ADN même du
mouvement coopératif.
LA DIVERSITÉ
COOPÉRATIVE
EN MILIEU
URBAIN
par
ABDERRRAHIM IZIRRI
Nous vivons maintenant dans une société aux
prises avec de multiples questionnements;
l’unanimité de jadis a bel et bien disparue,
les crises successives - économique,
écologique, sociale, alimentaire, de l’eau mettent à mal nos dernières illusions, le
développement économique nous apparaît
hors de notre contrôle.
Mais tout n’est pas perdu. Des personnes, des
groupes, nous le démontrent tous les jours en
adoptant le modèle coopératif et l’économie
sociale, un modèle
permettant d’entreprendre
humainement et démocratiquement, permettant d’agir
et de garder espoir.
Des coopératives voient le jour dans tous les
secteurs : culture, santé, tourisme, services
de garde, alimentation, développement
local, habitation, etc. Aucune activité
humaine n’y échappe. Presqu’à chaque coup,
les coopératives viennent solutionner un
problème dont l’entreprise privée ne voulait
pas ou auquel elle ne pouvait s’attaquer,
parfois qu’elle ne percevait même pas.
Dans les coopératives qui se créent
aujourd’hui en milieu urbain, l’imagination
est au pouvoir, avec une constante : celle de
préserver et d’enrichir le bien commun.
Qu’on pense à la coopérative william.coop,
qui propose aux centres de la petite enfance
une formule d’achats regroupés, laquelle a
à son tour généré un mouvement d’achat
local profitant déjà à notre économie.
Le modèle coopératif est riche parce qu’il
profite aussi bien aux individus qu’à la
collectivité : démocratisation et humanisation de l’économie, propriété
collective, meilleur partage de
la richesse. Grâce à sa diversité,
il permet aux coopérateurs
d’élargir leur champ d’action,
de développer une expertise qui
ne pourra que grandir et
bénéficier au plus grand nombre.
NOUS SOMMES DE PLUS
EN PLUS NOMBREUX
À NOUS DEMANDER
COMMENT REPRENDRE LE
CONTRÔLE DE NOS VIES,
DE NOTRE ÉCONOMIE, DE
NOTRE DÉVELOPPEMENT,
COMMENT REPRENDRE
POSSESSION DE
NOTRE PAYS :
LE MODÈLE COOPÉRATIF
NOUS AIDE À LE FAIRE.
Dans un tel contexte, le
potentiel de la formule
coopérative est sans limite.
Plus que partout ailleurs au
pays, les Montréalais et les
Québécois désirent participer aux processus décisionnels et le modèle coopératif
leur offre cette possibilité.
Même si, traditionnellement,
le développement coopératif
se déploie plus difficilement
dans le grand Montréal, nous
assistons toutefois à un
renouveau : des coopératives
naissent dans tous les
secteurs, sous des formes
variées, voire inédites, laissant apparaître un
potentiel extraordinaire.
On ne peut passer sous silence l’expérience
novatrice de la coopérative entreprise partagée, lancée en mars dernier.
Une coopérative nouveau genre – celle-ci
s’adressait d’abord à des femmes entrepreneures immigrantes – qui permet à des
femmes de mettre en commun des services
comptables, de promotion, d’administration,
mais surtout de mettre en commun leur désir
de démarrer une entreprise, de réussir leur
intégration dans un pays où il n’est pas
toujours facile pour l’immigrant de trouver
sa juste place.
Les coopératives de travailleurs
actionnaires (CTA), par
exemple, peu connues du grand
public, sont également
appelées à se multiplier. Il
s’agit d’une formule d’avenir
permettant aux travailleurs et
aux travailleuses d’investir
collectivement dans leur
entreprise, de se donner des
leviers pour préserver leurs
emplois et se garantir une rente
de retraite. Depuis la création
de la première CTA en 1985,
le modèle a fait du chemin et continue de
se développer.
Il en va de même des coopératives de santé,
culturelles ou intervenant en environnement :
toujours, il s’agit de répondre à un besoin de
la population ou de permettre à un groupe
ou à une idée de s’exprimer, de soutenir
une action.
Nous sommes de plus en plus nombreux à
nous demander comment reprendre le
contrôle de nos vies, de notre économie, de
notre développement, comment reprendre
possession de notre pays : le modèle
coopératif nous aide à le faire.
COOPOINT
Les entrepreneurs se rapprochent de leur retraite.
Plusieurs d’entre eux se posent des questions quant a l’avenir de leur entreprise.
A qui vendre ?
Il existe trois possibilités : vendre à l’externe (un concurrent, un client ou un fournisseur), vendre à la famille
ou vendre aux employés. Le modèle coopératif permet de créer des mix de ces types de transfert et ainsi de créer de la valeur
dans l’entreprise en impliquant les employés dans la capitalisation de l’entreprise. Voici quelques stratégies gagnantes.
LES COOPÉRATIVES
et le transfert d’entreprise
Stratégies de mix de propriété
Dans un cas de reprise à l’externe ou
familiale impliquant des employés, il
serait possible de créer une coopérative de
travailleurs actionnaire (CTA). Une CTA est
une coopérative détenue uniquement par
les employés. Elle achète un bloc d’actions
(dont au moins 10 % d’actions votantes)
de l’entreprise, ce qui fait que la CTA
est actionnaire de l’entreprise et non les
employés. Un membre de la CTA siège sur
le conseil d’administration de la compagnie
afin de prendre part à la prise de décision.
Ainsi, la famille ou le repreneur externe
demeure actionnaire majoritaire tout en
favorisant la capitalisation de l’entreprise
grâce à la CTA. Il permet également une
plus grande mobilisation des employés qui
seront, pour la plupart, davantage motivés
envers la réussite d’une entreprise qui
partage ses profits avec eux en versant des
dividendes à la CTA qui les redistribue aux
employés de façon équitable.
Outre le partage de la richesse et la
participation à la prise de décision de
l’entreprise, les employés y trouvent aussi
leur compte sur le plan des avantages
fiscaux. En effet, l’argent que les employés
investissent dans leur coopérative peut être
déductible d’impôt à 125 % grâce au Régime
d’investissement coopératif (RIC), un outil
favorisant la capitalisation des coopératives
mises en place par l’État québécois. À ceci
peut également se joindre un RÉER COOP,
déductible du revenu à 100 % au fédéral
comme au provincial
Stratégies de transfert total de
la propriété aux employés
Dans un cas de transfert total de la
propriété et de la direction aux employés,
il est possible de mettre en place plusieurs
stratégies. L’une d’elles consiste à créer une
coopérative de travail. Dans cette formule,
les employés deviennent les uniques
propriétaires de l’entreprise. Les profits
(excédents) peuvent leur être retournés
sous forme de ristournes. Celles-ci sont
généralement versées selon le nombre
d’heures travaillées. Dans ce cas également,
les employés sont susceptibles d’obtenir le
RIC et de bénéficier d’une déduction fiscale
de 125 %.
Il est même possible d’effectuer le transfert
progressivement. Les employés peuvent
fonder leur CTA et acheter un bloc d’actions
de la compagnie. Progressivement, ils
achètent d’autres actions pour en devenir
entièrement propriétaires. Dès lors, la
compagnie est convertie en coopérative
de travail et les employés conservent leurs
avantages fiscaux en plus d’être les seuls
propriétaires de l’entreprise.
Quoiqu’il en soit, la formule coopérative
s’avère un instrument flexible qui peut
s’adapter facilement aux besoins du cédant
et des repreneurs. Il existe de nombreuses
stratégies de transfert d’entreprise qui
peuvent être mises en place grâce à cette
souplesse. C’est un outil créateur de valeur
pour une entreprise comme pour
les employés.
Les coopératives de développement régional
de la Zone de coopération soutiennent ces
projets. N’hésitez pas à communiquer
avec nous.
47
Initiatives pour développer
l’achat public auprès
des entreprises collectives
Le gouvernement du Québec a lancé en juin 2011 les Initiatives pour
développer l’achat public auprès des entreprises collectives. L’une de
ces initiatives consiste à déployer une campagne pour promouvoir
l’approvisionnement des organismes publics et municipaux en biens
et en services produits par des entreprises collectives.
Le Chantier de l’économie sociale et le ministère des Affaires municipales, des Régions et de
l’Occupation du territoire vous invitent à mener des activités de communication auprès des
ministères, des organismes publics et des municipalités de votre région.
L’objectif est d’inciter les organisations publiques, parapubliques et municipales à acheter
des biens et des services auprès des entreprises collectives.
Des outils sont mis à votre disposition pour vous aider à réaliser vos projets de promotion.
Dites aux institutions de votre milieu, à votre façon, qu’en achetant économie sociale,
elles contribuent à assurer l’occupation et la vitalité des territoires du Québec.
Pour plus d’information, consultez le
www.mamrot.gouv.qc.ca
49
11
GASPÉSIE–ÎLES-DE-LA-MADELEINE
La région Gaspésie-Îles-de-la-Madeleine est composée d’une partie continentale, la péninsule
gaspésienne, et d’une partie insulaire, l’archipel madelinot, ce dernier étant situé à environ
215 km de la péninsule. La superficie totale est de 20 272,2 km2, pour une densité de
population de 4,6 hab./km2. Sa population se répartit entre six MRC : La Haute-Gaspésie, la
Côte-de-Gaspé, du Rocher-Percé, de Bonaventure, d’Avignon et celle des Îles-de-la-Madeleine.
En 2010, sa population était de 93 826 habitants et détenait un solde migratoire positif pour
la première fois depuis de nombreuses années (146 hab. en 2009-2010). En novembre 2011,
en partenariat avec le Centre de recherche sur les milieux insulaires et maritimes (CERMIM)
et le Centre d’initiation à la recherche et d’aide au développement durable (CIRADD), le Pôle
régional d’économie sociale dévoilait une étude d’importance : Portrait et impacts sociaux
des entreprises d’économie sociale de la région Gaspésie-Îles-de-la-Madeleine. À ce moment,
nous pouvions répertorier 194 entreprises d’économie sociale sur tout le territoire. 90 % sont
des organismes à but non lucratif (la majorité) et 10 % sont des coopératives.
Population
Habitants
%
Habitant
/km2
Îles-de-la-Madeleine
13 047
14 %
64,2
23 232 $
30
Haute-Gaspésie
12 143
13 %
2,4
18 628 $
23
Côte-de-Gaspé
17 812
19 %
4,4
23 362 $
34
Rocher-Percé
18 009
19 %
5,9
19 732 $
17
Bonaventure
17 929
19 %
4,1
21 461 $
45
Avignon
15 127
16 %
4,3
22 765 $
45
Total région GÎM
93 826
100 %
4,6
21 580 $
194
Revenu disponible Nombre d’EÉS
/habitant (2009)
/MRC
Les EÉS sont ancrées dans leurs milieux, certaines ont même plus de 20 ans d’existence.
D’ailleurs, 84% des EÉS ont plus de 10 ans. Elles sont présentes dans la plupart des secteurs
d’activités, notamment celui des loisirs et du tourisme qui est l’une des industries les plus
importantes dans la région.
Agroalimentaire
Art et culture
Commerce au détail
Environnement
Habitation
Infrastructure collective
Loisirs et tourisme
Manufacturier
Médias et communication
Ressources naturelles
Santé
Services aux entreprises
Services aux personnes
Services de garde
Technologie de l’information
Transport
Autres
5%
14 %
9%
5%
8%
2%
0%
7%
8%
0%
2%
5%
7%
2%
4%
1%
0%
5%
10 %
15 %
20 %
24 %
25 %
LES PÔLES
Ces EÉS créent 2 767 emplois et génèrent des revenus de plus de 100 M$. Au-delà de
ces données quantitatives, les impacts collectifs des entreprises d’économie sociale en
Gaspésie-Îles-de-la-Madeleine sont des plus importants : Accès aux produits/services,
soutien aux entreprises locales, création d’emplois, vitalité d’un secteur, solidarité sociale,
tout ce qui touche le territoire, qualité des services, qualité de vie et l’identité collective.
Toutes ces données qui démontrent l’ampleur de l’économie sociale dans la région sont
disponible au :
http://www.cre-gim.net/planification/nos-dossiers/culture-et-societe/economiesociale.html.
crédit photo : Ghislain Anglehart
Une journée régionale de l’économie
sociale couronnée de succès
Le Pôle régional d’économie sociale de la Gaspésie et des Îles-de-la-Madeleine, en collaboration avec les ressources internes de la CRÉ, organisait le 9 novembre 2011 à la Vieille
Forge de Petite-Vallée une journée régionale de l’économie sociale sous le thème « Pour des
entreprises humaines et rentables ». Cette journée, en plus de constituer le coup d’envoi à
l’ensemble de la stratégie du Pôle en matière de sensibilisation et de soutien au développement, visait les objectifs suivants :
Les participants à l’atelier portant sur le thème :
« La concertation, le réseautage et les opportunités
d’affaires en économie sociale ».
crédit photo : Ghislain Anglehart
• Présenter les faits saillants du portrait régional et les perspectives ainsi que différents ateliers sur les outils disponibles et les retombées positives de cette économie pour
la région;
• Créer une occasion d’échange et de réseautage entre les entreprises et les acteurs
locaux et régionaux;
• Orienter les entreprises d’économie sociale, afin qu’elles puissent faire face aux défis
de demain;
• Favoriser la mobilisation des partenaires et des élus vis-à-vis l’importance de soutenir une économie durable;
• Renforcer le sentiment d’appartenance des entreprises d’économie sociale;
• Réunir un nombre significatif de participants.
Plus de 80 participants dont une quarantaine de représentants d’entreprises d’économie
sociale, d’élus municipaux et d’acteurs locaux et régionaux d’économie sociale ont assisté à
l’événement.
Lors de la présentation du « Portrait et impacts sociaux de
l’économie sociale en Gaspésie/Îles-de-la-Madeleine ».
Capsules vidéo
Un petit mot sur le pôle
En avant-midi, les échanges portant sur « L’Économie sociale de demain et ses principaux
défis » ont été agrémentés par la diffusion de capsules vidéo réalisées avec la collaboration
des télévisions communautaires de la région et présentant sept entreprises d’économie
sociale de la région (une par territoire de MRC et une portant sur le média Graffici).
Ateliers
La tenue de trois ateliers dans l’après-midi a permis aux participants d’échanger et de
définir des orientations relatives aux enjeux et aux perspectives de développement de
l’économie sociale dans la région. Les thèmes abordés lors de ces ateliers furent les suivants :
1 - La main-d’œuvre, la relève et la formation en économie sociale
2 - Les programmes de financement et les ressources de soutien de l’économie sociale
3 - La concertation, le réseautage et les opportunités d’affaires en économie sociale
Les suites
Le Pôle régional d’économie sociale de
la Gaspésie et des-Îles-de-la-Madeleine a
pour mission de favoriser la concertation
et le partenariat entre les entreprises,
les intervenants locaux et régionaux en
économie sociale. Il est composé de
22 membres dont 12 entreprises d’économie
sociale (2 entreprises par MRC) et de
10 représentants d’organismes de soutien.
Le pôle poursuivra ses activités d’information
et de sensibilisation auprès des acteurs de
développement locaux ainsi que ses activités
de reconnaissance des EÉS et continuera de
développer des instruments promotionnels.
Après en avoir fait un bilan très positif, le Pôle régional d’économie sociale de la Gaspésie et
des Îles-de-la-Madeleine a pris soin d’inclure dans ses priorités d’actions pour la prochaine
année les différentes recommandations issues de cette journée dédiée à l’économie sociale.
51
1
12
LES PÔLES
CHAUDIÈRE-APPALACHES
L’économie sociale :
Levier de développement durable
En 2007, la région de Chaudière-Appalaches a été la première au Québec à se doter d’une
entente spécifique pour le développement de l’économie sociale. C’est la Table régionale
d’économie sociale de Chaudière-Appalaches (TRÉSCA) qui a le mandat, depuis 2008, de
promouvoir et de soutenir le développement de ce modèle d’affaires ayant des retombées
significatives dans la région.
Exercer un contrepoids économique
On dénombre plus de 500 entreprises d’économie sociale dans la région de ChaudièreAppalaches œuvrant sous le modèle sans but lucratif ou coopératif. Ces entreprises sont
réparties dans les neuf MRC du territoire et la ville de Lévis. Du secteur des services aux
personnes à celui de l’habitation, en passant par le loisir, le tourisme et l’agriculture, ces
entreprises sont présentes dans plus de vingt secteurs d’activité et offrent des produits et
services répondant aux besoins exprimés par nos communautés. Bien qu’elles génèrent
des revenus annuels de plus de 1 milliard de dollars pour la région, elles se distinguent par
leur préoccupation de maintenir des tarifs accessibles pour les biens et services qu’elles
procurent, que ce soit par une tarification qui tient compte des capacités de payer de ses
clients (ex : coopératives de services à domicile), ou encore pour faire contrepoids dans un
secteur où les prix ne cessent d’augmenter (ex : coop funéraire, coop d’habitation).
Démocratiser le marché du travail
PROFILS D’ENTREPRISE
Les entreprises d’économie sociale participent également au développement économique
de la région en jouant un rôle important sur le plan de l’emploi puisque plus de 10 000
personnes sont embauchées chaque année. Parmi celles-ci, près de 800 présentent des
limitations physiques ou intellectuelles et des centaines d’autres bénéficient de programmes
d’employabilité. Ainsi, les entreprises d’économie sociale de la région assurent non
seulement l’encadrement et la prise en charge de ce type particulier d’employé, mais
deviennent également un réel tremplin vers le marché du travail ou le retour en formation.
Par conséquent, tout le monde y gagne : le travailleur qui est fier de pouvoir gagner sa vie;
l’économie régionale, puisque ces travailleurs réinjecteront leur salaire dans l’achat de biens
et de services auprès des commerces de la région et le gouvernement qui économisera des
centaines de milliers de dollars en prestations sociales.
V.I.A. : Quand la création d’emplois est au cœur de la mission
de l’entreprise
Chef de file dans l’est du Québec pour la récupération et le tri des matières recyclables,
la Société V.I.A., dont le siège social est situé
à Lévis, affiche un taux de roulement très
faible de son personnel et compte parmi
ses rangs un total de 238 employés dont 38
qui cumulent plus de 15 ans d’ancienneté.
Ce succès, l’entreprise le doit à sa mission
sociale qui est de « créer, dans un cadre
d’intégration et d’adaptation, des emplois
pour des personnes ayant une limitation
fonctionnelle. » Depuis ses débuts en 1977,
près de 1 500 personnes ont travaillé
chez V.I.A., dont l’acronyme signifie
«Vie, Intégration et Apprentissage».
Très soucieuse du bien-être de ses employés,
V.I.A. tente d’améliorer régulièrement leurs
conditions de travail. Visionnaire, le directeur,
André Poitras, a pour leitmotiv « être en
avance » plutôt qu’à jour. Par l’embauche
d’éducateurs spécialisés, l’entreprise encadre
ses employés et facilite leur intégration
en emploi. Ces derniers bénéficient aussi
de primes, de multiples activités sociales
et de formations de perfectionnement et
d’avancement professionnel. En retour, la
Société V.I.A. jouit d’une main-d’œuvre
engagée et productive. « Être en avance »
signifie aussi pour V.I.A. de se tenir à la fine
pointe de la technologie, de prévoir les fluctuations du marché et d’encourager la vente
locale des matières recyclées, afin de garantir
la pérennité de l’entreprise. Le respect de
leur mission passe par l’excellence dans leur
domaine d’expertise.
53
Offrir des services essentiels dans la collectivité
Qu’elles agissent pour intégrer des clientèles particulières, protéger l’environnement, faire
contrepoids à la flambée des prix, améliorer la qualité de vie des populations locales ou
encore freiner l’exode rural, les entreprises d’économie sociale engendrent des retombées
sociales importantes sur le terrain, bien que celles-ci soient souvent difficiles à évaluer d’un
point de vue quantitatif. La région de Chaudière-Appalaches est particulièrement active
dans les secteurs des services à la personne ou à la collectivité, par exemple les centres de
travail adapté, les centres de la petite enfance, mais aussi l’aide à domicile, les commerces de
proximité et la santé.
La région peut compter sur huit coopératives de services à domicile qui permettent à des
personnes de tous les milieux et de tous les âges de bénéficier de services pour concilier le
travail et la famille ou encore pour conserver une autonomie dans les travaux domestiques.
De l’entretien ménager à la préparation de repas, en passant par l’assistance à la personne
et le service de répit, les services offerts par ces coopératives améliorent le bien-être et
l’autonomie des jeunes familles et contribuent au maintien à domicile des personnes
plus âgées.
Pour parer au problème majeur du manque de médecins de famille, la région bénéficie de
cinq coopératives de santé, localisées là où les déficits d’effectifs médicaux sont les plus
importants. Elles assurent ainsi une gamme diversifiée de services de santé aux citoyens du
territoire et permettent d’éviter l’exode vers les agglomérations.
Mobiliser les citoyens dans des projets collectifs
Plusieurs entreprises de la Chaudière-Appalaches témoignent de la force mobilisatrice
de l’économie sociale. Dans de nombreuses municipalités, elles assurent la présence d’un
commerce de proximité, la préservation d’un patrimoine culturel ou la valorisation d’une
infrastructure locale. Dans tous les cas, ce sont les citoyens qui se regroupent, agissent en
maîtres d’œuvre et gestionnaires du projet qui leur tient à cœur. Cet ancrage fort dans la
communauté est l’un des principaux facteurs qui expliquent que ce modèle entrepreneurial
démontre une résistance peu commune face aux turbulences de l’économie mondiale.
PROFIL D’ENTREPRISE
Marché de la Place : Une force mobilisatrice
En 2008, le seul marché d’alimentation de Buckland dans la MRC de Bellechasse a été
racheté par la Coopérative de solidarité Épicerie-Boucherie de Buckland, maintenant connu
sous le nom de Marché de la Place. À l’époque, les citoyens ont compté sur leur propre
implication pour sauvegarder ce commerce de proximité et contribuer au maintien de leur
qualité de vie.
La coopérative, qui compte aujourd’hui 260 membres, fait la fierté des gens du milieu,
comme le démontre la centaine de personnes présentes lors de son inauguration officielle
sous la thématique « Un véritable vent de fraîcheur à Buckland! », qui avait lieu le 31 octobre
2011, lors de la Semaine de l’économie sociale.
Par ailleurs, la consommation de produits locaux est mise de l’avant de façon significative
ces dernières années, ce qui contribue à dynamiser ce commerce de proximité, essentiel à la
vitalité de l’économie régionale.
En somme, les entreprises d’économie sociales permettent d’apporter des solutions durables
et bien adaptées aux besoins des collectivités. Elles sont à la fois un outil de développement
social en contribuant à l’occupation et à la vitalité de notre territoire et un moyen de
développement économique par la création d’emplois de qualité.
La TRÉSCA, avec le soutien des partenaires et des entreprises collectives de la région, est
fière de contribuer au dynamisme de cette économie à valeurs ajoutées.
55
13
par CONFÉRENCE RÉGIONALE
DES ÉLUS DE LAVAL
LAVAL
L’économie sociale à Laval
Selon le ministère du Développement économique, de l’Innovation et de l’Exportation
(MDEIE), la « ville-MRC-Région » de Laval, le plus petit territoire du Québec (246 km²),
regroupe plus de 5 % de la population et se classe deuxième quant au nombre d’habitants
par kilomètre carré (plus de 1 600 hab./km²). Aussi, le secteur tertiaire domine largement
le marché de l’emploi avec 81,6 %. De fait, Laval est une région où l’économie sociale prend
tout son sens.
Le Comité régional en économie sociale de Laval
Dans le cadre de son mandat, le Comité régional en économie sociale de Laval (CRESL),
qui agit à titre de Pôle régional, permet à 19 entreprises lavalloises d’économie sociale de
travailler ensemble pour faire connaître, promouvoir et développer cette sphère économique.
Coordonné par la CRÉ de Laval, le CRESL compte également la Coopérative de
développement régional Montréal / Laval, de même que le CLD de Laval, parmi les
organismes qui y sont représentés.
En octobre 2011, l’impact de ces organisations sur le développement économique de la
région était à l’honneur. En effet, dans le cadre de la première Semaine de l’économie sociale
de Laval, Manon Loranger, présidente du CRESL depuis 15 ans, soulignait « l’apport
inestimable d’un réseau d’entreprises qui œuvrent à l’amélioration de la qualité de vie et du
bien-être de la population, notamment par l’offre d’un plus grand nombre de services ».
Et pour cause ! On estime qu’à elles-seules, les 19 entreprises membres du CRESL offrent
des produits et services à plus de 175 000 clients et visiteurs. Elles cumulent un chiffre
d’affaires de plus de 22 millions de dollars et favorisent la création et le maintien de plus de
525 emplois dans la région.
Les coopératives
Manon Loranger
En ce qui concerne les coopératives, elles sont également nombreuses sur le territoire
lavallois. En effet, le MDEIE en dénombre 42, parmi lesquelles on retrouve des coopératives
de toutes natures (coop d’habitation, de solidarité, de producteurs, de consommateurs,
de travailleurs, etc.).
Les CPE
Les Centres de la petite enfance (CPE), par leur statut d’organismes sans but lucratif, font
également partie de la définition élargie d’une entreprise d’économie sociale. À Laval, bien
qu’elles ne soient pas représentées au sein du CRESL, 39 entreprises sont recensées par le
Regroupement des CPE, gérant plus de 3 000 places à contributions réduites dans
48 installations. Les six bureaux coordonnateurs facilitent, pour leur part, le travail de près
de 800 responsables de services de garde en milieu familial, qui accueillent
quotidiennement plus de 4 500 enfants.
L’Entente spécifique en économie sociale à Laval
Ensemble, le Centre local de développement (CLD) de Laval, le Forum jeunesse Laval, le
ministère des Affaires municipales, des Régions et de l’Occupation du territoire et la CRÉ de
Laval, partenaires de l’Entente spécifique, ont constitué une enveloppe budgétaire de
625 000 $ permettant de promouvoir le développement de l’économie sociale dans la région.
LES PÔLES
PROFILS D’ENTREPRISES
Sur la photo : M. Yves Bolduc, M. Claude Desjardins,
Mme Diane Hachey, Mme Marie Bouchart D’orval,
Mme Nicole Poirier, Mme Dominique Vien
Arrière : Mme Mélanie Chartraud
Partage humanitaire
Partage humanitaire est un organisme qui propose des services d’animation aux aînés
fragilisés par la perte d’autonomie. À l’œuvre depuis 40 ans, l’organisation dessert
aujourd’hui 17 ressources d’hébergement de la région de Laval. Des sorties de groupe,
des fêtes thématiques, des visites amicales et des interventions auprès de personnes
ayant des déficits cognitifs sont quelques-unes des activités offertes par l’organisme.
Son modèle d’affaires unique au Québec permet à cette entreprise d’économie sociale de
proposer des activités adaptées aux particularités de chacune de ses clientèles. De plus,
son fonctionnement interne fait en sorte que Partage Humanitaire procure du soutien, de
l’encadrement et un réseau d’entraide professionnelle aux personnes qui assurent la
prestation de service. Ces dernières, qui rencontrent parfois des situations difficiles,
peuvent se joindre aux rencontres de groupe pour partager leurs expériences tout en
bénéficiant de conseils et de l’écoute de leurs pairs. D’ailleurs, en octobre 2011, lors de la
remise annuelle de ses Prix d’excellence, le réseau de la santé et des services sociaux
décernait une mention d’honneur à Partage Humanitaire pour son guide d’intervention
S’outiller pour un meilleur agir.
Jeunes au travail
Jeunes au travail accompagne chaque année une quarantaine de volontaires âgés de 16
à 25 ans. Au cours des six mois de stage à la ferme maraîchère (certifiée biologique par
Écocert), ces jeunes bénéficient de l’aide de toute une équipe d’intervenants sociaux et du
domaine de la santé afin qu’ils puissent améliorer leur compétences personnelles,
sociales et professionnelles. Ainsi, le travail manuel des métiers de la ferme, soit l’agriculture
biologique, l’ébénisterie, la cuisine et la mécanique, permettent un rapprochement direct
entre les jeunes et leurs mentors, en plus de les outiller pour le marché de l’emploi ou pour
un futur retour aux études.
Dernièrement, Jeunes au travail annonçait que l’organisme quadruplait sa superficie
maraîchère. Chaque année, entre 30 et 40 variétés de fruits et légumes biologiques sont
produites et vendues entre autres sous forme de paniers ASC (agriculture soutenue par la
communauté), dont la demande est à la hausse, passant de 88 paniers vendus l’an dernier
à plus de 300 cette année ! Les terres acquises permettront à l’organisme de répondre à
cette hausse par de nouvelles cultures au sol et l’ajout de serres pour les semis. Le kiosque
de vente à la ferme, celui du Marché Jean-Talon, le service de traiteur communautaire, de
formation pour les cuisines collectives, d’ébénisterie et la production de plants biologiques
pour les jardins collectifs sont autant de plateaux de travail qui favorisent le mentorat et la
réinsertion socioprofessionnelle des jeunes en stage à la ferme.
« PARTAGE HUMANITAIRE A COMME OBJECTIF
D’OFFRIR AUX AÎNÉS DES ACTIVITÉS
DE LOISIR DIVERTISSANTES,
MAIS SURTOUT, VALORISANTES.
LA BIENTRAITANCE EST AU CŒUR DE NOS
PRÉOCCUPATIONS ET NOUS TRAVAILLONS À
L’HARMONISATION DES PRATIQUES AFIN
DE REDONNER SON IMPORTANCE À
LA VALEUR HUMAINE. »
« NOTRE OBJECTIF EST D’AIDER DES JEUNES
QUI VIVENT DE VRAIES DIFFICULTÉS ET
QUI SONT LAISSÉS À EUX-MÊMES
EN LEUR FOURNISSANT UN POINT D’ANCRAGE
SOLIDE ET ORGANISÉ. NOUS NE SOMMES PAS
À LA RECHERCHE DU SUCCÈS À TOUT PRIX.
TOUTEFOIS, NOUS SOMMES CONVAINCUS QUE LES
VALEURS DE LA TERRE ET
UN ENCADREMENT APPROPRIÉ
PEUVENT REPRÉSENTER POUR LES JEUNES UN VÉRITABLE
TREMPLIN VERS UNE NOUVELLE VIE. »
57
1
14
par
JIMMY B. VIGNEUX
DIRECTEUR GÉNÉRAL, NEXION
LES PÔLES
LANAUDIÈRE
L’Économie sociale, une valeur ajoutée pour Lanaudière
La croissance démographique fulgurante que vit actuellement la région lanaudoise,
particulièrement au sud, est la source de grands bouleversements sur le territoire.
L’explosion du développement résidentiel sur des terres agricoles entraîne avec elle la
naissance et l’établissement de nouvelles économies et entreprises diverses. Parmi ces
dernières, les entreprises d’économie sociale nourrissent à la fois la roue économique de la
région mais contribuent également à resserrer les mailles du tissu social lanaudois.
Au cœur de la vie socioéconomique
L’humain est au centre de l’activité socioéconomique de chaque entreprise d’économie
sociale. Véritables piliers de leur communauté, les quelque trois cent entreprises
d’économie sociale de Lanaudière emploient plusieurs milliers de personnes et encouragent
l’implication bénévole de dizaines de milliers d’autres. Elles ont un chiffre d’affaires allant
du plus modeste – obligeant les employés et administrateurs à relever toutes sortes de défis
de subsistance – à celui de plusieurs millions qui permet de multiples retombées dans la
région. Leurs champs d’activités et de compétences étant tout aussi variés que leur budget
respectif, chacune poursuit l’atteinte de la mission sociale qu’elle s’est donnée.
Il n’y a qu’à survoler leur rapport d’activités et leur site Internet pour comprendre l’ampleur
de la contribution socioéconomique des entreprises d’économie sociale lanaudoises. Plus
qu’une valeur ajoutée, elles sont d’authentiques rouages de la région et de sa vigueur
économique. Présentes dans tous les secteurs d’activités, du monde agricole au domaine de
la santé et des services sociaux en passant par la culture et le tourisme, elles le sont également dans chacune des MRC de la région, couvrant ainsi l’ensemble du territoire.
Récolter ce que l’on a semé
L’entente spécifique en économie sociale, réunissant d’importants partenaires régionaux,
apporte aujourd’hui un tout nouveau souffle dans le développement de ces entreprises.
Malgré leur importante présence sur le territoire, les entreprises d’économie sociale restent
encore méconnues ou du moins sous-estimées. Les fonds investis dans cette entente ont
permis de mettre en place une grande stratégie de concertation pour favoriser la cohésion
des entreprises d’économie sociale et des partenaires et ainsi favoriser le développement et
le rayonnement de ce modèle entrepreneurial.
La dernière année fut historique pour l’économique sociale de Lanaudière. En effet, en guise
de récompense de cet effort de collaboration, 2011 a été témoin de la fondation officielle du
pôle régional, la Table régionale de l’économie sociale de Lanaudière, et la mise sur pied
de la première Semaine de l’économie sociale de Lanaudière. Les initiatives développées
au cours de la dernière année ont réellement suscité l’intérêt des citoyens et des principaux
acteurs. Et le meilleur reste encore à venir car ce n’est que la première année d’un
plan triennal.
Le meilleur est à venir
Après une année de mobilisation auprès des entreprises d’économie sociale de Lanaudière,
le pôle régional est maintenant appuyé par un nombre impressionnant de personnes de
grande qualité. Cette nouvelle force, issue du travail de concertation, permettra d’orienter
l’ensemble des efforts d’éducation et de promotion vers le citoyen-consommateur et les
futurs entrepreneurs.
La consommation de produits et services issus d’entreprises d’économie sociale est vitale au
développement de ces entreprises. C’est pourquoi plusieurs actions seront entreprises pour
sensibiliser les Lanaudoises et Lanaudois à une consommation locale et responsable et à
faire des choix qui font une différence dans le paysage social de leur région.
59
Les entreprises d’économie sociale lanaudoises dynamisent, d’une part, le moteur
économique local et, d’autre part, contribuent à rendre disponible de nombreux services
d’aide et de soutien aux citoyens et aux consommateurs. Dans ce contexte, l’expression
Acheter, c’est voter prend tout sont sens et pourrait être valorisée en Acheter d’une
entreprise d’économie sociale lanaudoise, c’est voter pour un monde meilleur. Le nôtre.
PROFIL D’ENTREPRISE
par
JEAN-SÉBASTIEN MARTIN
DIRECTEUR GÉNÉRAL, CHASSE GALERIE
Le Café culturel de la Chasse-Galerie, Lavaltrie
La vision artistique du Café culturel de la Chasse-Galerie laisse une place prédominante aux
artistes émergents au niveau de la musique, de la chanson et du théâtre. Notre programmation
artistique présente au public plusieurs artistes professionnels émergents dans différents
genres musicaux tels que le classique, le folk, le hard rock, le hip hop, le country, l’électro et
la musique pop. Nous recevons également à l’occasion des artistes populaires bien connus
du public qui ne se produisent que rarement dans de petits lieux de spectacle.
Afin de répondre aux besoins de la population et de desservir cette dernière sur le territoire
lanaudois, le Café culturel de la Chasse-Galerie a présenté 90 spectacles d’artistes professionnels en 2010 dans les 8 volets suivants :
• Prestige Desjardins, qui représente les valeurs établies au Québec.
• Coup de cœur, voué à l’exploration du très vaste champ de l’art musical de nos
artistes émergents.
• Hip-hop francophone, une série qui met en scène les meilleurs artistes hip hop au pays.
• Hommage, qui offre une formule extraordinaire pour faire découvrir les grands artistes de ce monde.
• Humour, spécifiquement adapté à un jeune public entre 20 et 35 ans.
• Hors Québec, qui ouvre nos portes aux chansonniers et musiciens en provenance des quatre coins du pays, des États-Unis et de l’Europe.
• Alternatif, inspiré par des groupes indépendants qui ne désirent pas suivre les modes
de la radio FM.
• Jeune public, spectacles s’adressant aux enfants de 2 à 12 ans.
La vision artistique de l’organisme répond aux besoins du milieu et demeure en parfait
accord avec la mission du Café culturel de la Chasse-Galerie qui consiste à :
• Informer, sensibiliser, soutenir et promouvoir la musique et la chanson auprès de la population régionale par la diffusion d’activités culturelles de haut niveau;
• Diffuser, tout au long de l’année, des spectacles de qualité professionnelle des arts de la scène favorisant ainsi une ouverture vers toutes les formes d’arts, dont notamment la musique, la chanson et le théâtre;
• Soutenir la promotion des talents locaux, régionaux, provinciaux et nationaux dans plusieurs styles de musique;
• Offrir un lieu de diffusion accessible permettant de soutenir le développement des artistes émergents de l’ensemble du pays;
• Être un animateur socioculturel d’activités diverses favorisant l’implication du
milieu local;
• Rassembler la population locale autour de certains événements à saveur culturelle;
• Sensibiliser les publics à la création artistique;
• Permettre la tenue d’activités locales en offrant la salle aux organismes communautaires de la localité.
LES PÔLES
61
15
par
LAURENTIDES
Agriculture et culture
L’industrie agroalimentaire des Laurentides est riche de la diversité de ses productions.
L’économie sociale traduit la même réalité. En effet, on retrouve des coopératives et des
OBNL dans différents domaines de l’agriculture : de l’approvisionnement au partage
d’équipements et de machineries agricoles en passant par la transformation et la
restauration de produits.
La revitalisation d’un village a également été organisée autour d’une démarche collective
pour faire l’acquisition d’un dépanneur pour lequel se sont mobilisés la plupart des résidents
d’une municipalité éloignée.
Par ailleurs, l’agrotourisme est bien ancré dans les Laurentides et se maintient à l’année,
notamment avec ses marchés publics, véritables festivals de saveurs qui mettent en valeur
les produits du terroir, les activités d’auto-cueillettes et les produits cultivés dans la région.
MARTIN VAN DEN BORRE
CDROL/CSEESL
Aussi, la valeur éducative et sensibilisatrice de la plupart de ces entreprises s’ajoute à leur
mission première et bon nombre d’entre elles se préoccupent du choix de leurs fournisseurs
et priorisent le biologique et l’équitable.
Les Laurentides sont traditionnellement reconnues pour leurs paysages, leurs activités
touristiques et leurs bonnes tables. Cela dit, les entreprises d’économie sociales dans le
domaine de la culture ont acquis une notoriété sur le plan régional, national et international.
Les innovations de ces entreprises culturelles mettent la région de l’avant en soulignant
notre identité et nos talents locaux.
Environnement et recyclage
L’économie sociale met à profit sa structure collective et solidaire en s’appuyant sur les trois
aspects du développement durable - soit le social, l’environnement et l’économie - pour
innover dans les pratiques visant à favoriser la préservation de nos ressources et développer
des plans d’action qui en découlent. Chaque année au Québec, 52% des matières résiduelles
sont récupérées et mises en valeur 1. Les entreprises d’économie sociale des Laurentides
mettent l’épaule à la roue !
©Tourisme Laurentides / Laurentides.com
1
Elles sont nombreuses ainsi engagées à renouveler, améliorer et préserver la qualité de
vie de leur milieu en œuvrant à l’intérieur d’une double mission, soit le développement
du capital environnement et du capital social. Sur un large continuum d’actions à valeur
écologique, elles agissent, entre autres, dans la gestion des matières résiduelles, dans le
réemploi, dans la préservation des espaces, des écosystèmes et des berges, dans l’extraction
des matières premières, dans la fabrication à partir de matériaux recyclés, dans le
commerce solidaire et éco-responsable et dans le commerce d’objets post-consommés. Plus
spécifiquement, on y répare et revend des électroménagers, lie l’art à la récupération, au
recyclage et au réemploi de matériel informatique désuet, met en œuvre des solutions visant
la gestion durable des ressources naturelles, perpétue l’agriculture écologique, répare des
palettes de bois et fabrique et offre des articles promotionnels écologiques. Pour en savoir
plus et vous assurer un choix solidaire et écologique, rendez-vous sur la page régionale des
Laurentides sur www.economiesocialequebec.ca.
www.recyc-quebec.gouv.qc.ca/client/fr/rubriques/Nouvelles.asp
©Tourisme Laurentides / Laurentides.com
LES PÔLES
De l’assistanat à la prise en charge
– l’exemple des coopératives de santé
Au cours des cinq dernières années, sept coopératives de santé se sont implantées sur le
territoire des Laurentides – dont quatre dans des municipalités dites défavorisées. Ces
coopératives de solidarité permettent à plus d’une dizaine de milliers de citoyens d’avoir
non seulement accès à des services de santé de qualité mais également de participer à la
gestion et au développement de ces cliniques communautaires, et ce, sans remettre en
question l’universalité de l’accès aux soins.
En janvier dernier, une quinzaine de coopératives de santé du Québec ont été interpellées
par la RAMQ pour des pratiques pouvant contrevenir au principe d’universalité inscrite
dans la Loi canadienne sur la santé. De fait, certaines coopératives se sont vues dans
l’obligation d’effectuer un auto-examen et de modifier certains processus pour éliminer
toute ambiguïté dans les systèmes de prise de rendez-vous et de l’utilisation des cotisations
volontaires versées par les membres.
En milieu rural, les cotisations payées par les membres pour assurer la pérennité des
cliniques coopératives sont souvent contrebalancées par des économies importantes en
congé de santé et en frais de déplacement. Les coopératives créent des emplois stables dans
des communautés défavorisées et jouent, par leur présence, un rôle de catalyseur dans la
revitalisation des milieux. Leurs services sans rendez-vous permettent aussi de désengorger
les salles d’urgence des centres hospitaliers régionaux et – de par la réduction des congés
de maladie - ont un effet important sur la productivité des entreprises en région.
L’IMPACT POSITIF
QUE PEUT AVOIR LA
PARTICIPATION CITOYENNE
Dans un système qui réduit le rôle du citoyen à celui de prestataire et de contribuable,
les coopératives de santé contribuent à changer la culture d’assistanat qui prévaut dans
le réseau de la santé depuis l’institutionnalisation des cliniques communautaires dans les
années 70 et démontrent l’impact positif que peut avoir la participation citoyenne dans le
développement et l’accessibilité des soins.
63
1
La cohabitation nécessaire de deux industries :
L’économie sociale comme agent
d’harmonisation
par
CATHERINE LANDRY-LARUE
CSEESL
La nature et les paysages laurentiens invitent inlassablement de nombreux villégiateurs
au cœur de ses montagnes et de sa forêt. La région des Laurentides est d’ailleurs bien
reconnue, tant pour ses ressources forestières que pour ses activités récréotouristique
et de plein air. L’aménagement de ce territoire multifonctionnel requiert cependant une
rigoureuse planification, puisque le respect de ces deux activités économiques, bien
qu’interdépendantes, comporte plusieurs enjeux.
Jumeler la chasse, la pêche, les circuits de motoneige, de ski, de randonnée pédestre, la
mycologie, aux activités de récolte, de sylviculture, de foresterie et de scierie, d’acériculture
et autres produits forestiers non ligneux ainsi que, dans certains cas, l’habitation, comporte
certains avantages. Les lois encadrant la coupe étant particulièrement précises au Québec,
nombre de routes doivent être créées afin de rendre accessibles les endroits à défricher. Par
la suite, utilisés par l’industrie touristique, les espaces communs peuvent être partagés. Par
ailleurs, la villégiature génère une activité commerciale intéressante, notamment pour les
travailleurs forestiers.
©Tourisme Laurentides / Laurentides.com
L’harmonisation est toutefois essentielle et doit faire l’objet d’un partage et d’une gestion
durable, puisque les intérêts de chacun peuvent également être contradictoires. L’économie
sociale est une réponse intéressante à ce besoin, tant sur le plan de l’aménagement de
la forêt qu’à des fins d’exploitation à caractère plus ludique. Elle offre notamment une
structure de gestion facilitant la conciliation des intérêts, le partage et la mise en commun
de certaines ressources humaines et financières, le développement dans une perspective
durable et une gouvernance axée sur les intérêt collectifs à long terme.
Les travailleurs des coopératives forestières et des coopératives de produits forestiers non
ligneux des Laurentides sont d’incontournables acteurs de l’économie sociale. Réunissant
au sein de ses membres une expertise plus diversifiée, on leur confie une grande partie de
la gestion forestière des terres publiques dans les Hautes-Laurentides et des boisés privés
ailleurs sur le territoire.
Ainsi, avec les associations de loisirs, avec les bases de plein air, l’association des pourvoiries
des Laurentides et les coopératives regroupant des résidents, une concertation s’est
orchestrée autour de cette problématique. L’économie sociale a, entre autres, contribué
aux conclusions découlant des travaux du Laboratoire d’expérimentation d’activité
d’harmonisation des multiples usages de la forêt dans un contexte récréotouristique. Ces
entreprises restent encore des sources de consultations inéluctables.
©Tourisme Laurentides / Laurentides.com
16
MONTÉRÉGIE EST
- PAGE 65
AGGLOMÉRATION DE LONGUEUIL
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VALLÉE-DU-HAUT-SAINT-LAURENT
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Pour plus d’information sur le
Pôle régional d’économie sociale
de la Montérégie Est, visitez le
www.monteregie-est.org.
Pour plus d’information sur
les entreprises d’économie sociale
de la Montérégie Est, consultez :
www.economiesocialequebec.ca
LES PÔLES
MONTÉRÉGIE
RÉGION DE LA MONTÉRÉGIE EST
Une priorité de développement régional
Les entreprises d’économie sociale apportent des solutions innovantes à des besoins
provenant de sa communauté. Basées sur la mobilisation, les valeurs humaines et la
gestion démocratique, ces entreprises collectives, sous forme d’OBNL ou de coopératives,
évoluent au rythme de ses membres. En Montérégie Est, on estime à quelque 250 le nombre
d’entreprises d’économie sociale œuvrant dans de nombreux secteurs, de l’agriculture à la
culture, en passant par les services aux personnes.
Comme en font foi les entreprises illustrées dans les pages suivantes, l’économie sociale
est bien enracinée dans les neuf MRC du territoire, qu’elles soient situées dans la région
métropolitaine de Montréal, en milieu urbain ou en région rurale. Par leurs investissements,
les emplois qu’elles créent ainsi que leurs offres de produits et services, ces entreprises
participent activement à la qualité de vie au niveau local et régional.
Pour structurer ce secteur sur son territoire, la Conférence régionale des élus (CRÉ)
Montérégie Est a priorisé, dans son Plan de développement durable de la région (PQDD),
une stratégie pour favoriser la consolidation et le développement des entreprises
d’économie sociale. En 2010, une entente spécifique, d’une durée de cinq ans, a également
été signée avec le ministère des Affaires municipales, des Régions et de l’Occupation
du territoire (MAMROT), le Forum Jeunesse Montérégie Est (FJME), les neuf centres
locaux de développement du territoire (CLD) et la CRÉ Montérégie Est pour développer
et soutenir l’économie sociale sur son territoire. De cette entente est né le Pôle régional
d’économie sociale de la Montérégie Est, un comité régional de concertation composé
de 27 organismes et entreprises du milieu, qui facilite le lien entre les partenaires locaux,
régionaux et nationaux.
À titre de comité consultatif auprès de la CRÉ pour toutes questions relatives à l’économie
sociale, le Pôle régional vient d’adopter son plan d’action afin de structurer et de développer
le secteur de l’économie sociale en Montérégie Est. Pour la prochaine année, les actions
prioritaires sont les suivantes :
• Faire la promotion de l’économie sociale
• Favoriser la concertation, le soutien et la formation des acteurs de l’économie sociale
• Soutenir les actions du comité régional pour les entreprises d’aide à domicile (EESAD)
• Réaliser le portrait des entreprises d’économie sociale de la Montérégie Est.
Les coopératives, des entreprises pour un monde meilleur
2012 Année internationale des coopératives !
L’Organisation des Nations Unies (ONU)
a déclaré 2012 l’Année internationale
des coopératives. Cette initiative vise à
sensibiliser l’opinion publique sur
la formule coopérative et à accroître la
reconnaissance des entreprises
coopératives. Le milieu coopératif de
la Montérégie se mobilise pour
promouvoir ce modèle d’affaires aux
valeurs sociales et humaines. Un portail
régional (www.coop2012monteregie.com)
a d’ailleurs été mis en ligne afin de
rassembler toutes les activités.
La Coopérative de développement régional
(CDR) de la Montérégie a effectué le
tournage d’une vidéo témoignant des
engagements et initiatives prises par les
coopératives dans le cadre de l’année
internationale des coopératives. Pour
visionner le dynamisme coopératif : En Montérégie Est, on compte plus de
130 coopératives non financières dans une
vingtaine de secteurs dont 11 coopératives
ayant permis la relève d’une entreprise
existante. Ensemble, elles regroupent
31 000 membres et créent 2 500 emplois.
Pour plus d’information ou démarrer un
projet coop : www.cdrm.fcdrq.coop
www.cdrm.fcdrq.coop
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PROFILS D’ENTREPRISES
Jeunes mères en action, MRC du Haut-Richelieu
Un projet d’avenir... une volonté d’agir
www.jeunesmeresenaction.org
Fondé en 2003, l’organisme Jeunes mères en action a pour mission d’offrir des services
adaptés aux mères âgées de 30 ans et moins à faible revenu vivant avec des problématiques
comme la monoparentalité, la pauvreté, la sous-scolarisation et l’isolement dans le but
d’améliorer leurs conditions de vie et celles de leurs enfants.
Ouverte depuis octobre 2007, la Maison Dorimène-Desjardins permet à 24 jeunes mères
monoparentales de réaliser un plan d’action pour obtenir un diplôme en leur donnant
accès à un logement subventionné pour une durée maximale de 5 ans et à une garderie
subventionnée priorisant leurs enfants. Des intervenantes les soutiennent et les
accompagnent sur le plan de leurs études, de leur état psycho-social, de leur budget et
pour l’ensemble des tâches en lien avec leur rôle de mère. Plusieurs bénévoles s’impliquent
également pour offrir des activités stimulantes aux mères et aux enfants.
Concept innovateur au Québec, Jeunes mères en action travaille étroitement avec les
partenaires du milieu et mise beaucoup sur l’implication citoyenne des mères, notamment
pour représenter l’organisme à divers comités et événements. Courageuses et persévérantes,
elles travaillent très fort pour atteindre leurs objectifs.
Célébrer la réussite
Depuis l’ouverture, plus d’une vingtaine de résidentes ont obtenu leur diplôme pour
des professions des plus variées : soins infirmiers, comptabilité, éducation, secrétariat,
technique d’usinage, etc. Jeunes mères en action a également été récompensé le
1er novembre dernier, par le grand prix Bernard-Hubert, remis annuellement par
le Service de promotion humaine du diocèse de Saint-Jean-Longueuil.
Plein air Sutton.coop, MRC Brome-Missisquoi
Relancer l’aventure sous forme coopérative
www.arbresutton.com
À la fin 2010, lorsque l’entreprise d’hébertisme aérien et de ski de fond, Arbre Sutton/
Sutton en Haut a annoncé qu’elle cesserait ses opérations, Jean-Philippe Demers,
Janna Hubacek ainsi que plusieurs anciens employés d’Arbre Sutton se sont mobilisés pour
former une coopérative de solidarité afin de sauvegarder cet actif touristique, niché dans
la beauté naturelle des Monts Sutton. Avec un plan d’affaires solide et le soutien financier
et technique de plusieurs partenaires, sans oublier l’apport important de ses membres, la
coopérative a pris la relève et a connu un excellent départ au mois de mai 2011.
Aujourd’hui, Pleinairsutton.coop compte plus de 200 membres. Les forces de la coopérative
sont ses membres, son équipe d’employés autonomes et impliqués, son engagement social
et son adhésion aux principes de développement durable. Forte de partenariats avec
d’autres entreprises telles que Mountain Equipment Coop et le Mont Sutton, elle fait partie
intégrante de la communauté de Sutton. Elle offre, par exemple, l’accès gratuit aux sentiers
de ski de fond et de raquette aux enfants, un local et un point de chute gratuit au marché de
solidarité de la région et elle priorise les produits locaux à sa halte café.
L’aventure et le défi dans l’âme, la coopérative continuera pour la prochaine année à
consolider ses principales activités en allongeant ses sentiers, en visant la clientèle
corporative et scolaire et en ajoutant si possible une nouvelle activité pour l’hébertisme.
LES PÔLES
CAPSULES ENTREPRISES
CIER, MRC de Rouville
Quand leadership, vision et
passion s’allient pour créer
un projet collectif !
www.energie-richelieu.com
Chapeauté par Claude Gauthier, un comité
de parents désireux d’offrir aux écoliers un
parc-école décent a imaginé le tout premier
Centre d’interprétation des énergies
renouvelables (CIER) du Québec en
rassemblant la communauté autour d’un
projet innovateur. Approché par le comité,
l’astronaute Steven McLean s’est joint au
projet, suivi ensuite par d’autres sommités
du monde de la science tels que Jean Lemire,
Bernard Voyer, Laure Waridel et
David Suzuki. Avec des appuis d’un peu
partout au pays, la construction du futur
Centre d’interprétation des énergies
renouvelables (CIER) a débuté en
novembre 2007.
Inauguré le 21 mai 2009, le CIER, un
laboratoire scientifique unique destiné
principalement aux jeunes du primaire, est
équipé d’une serre, d’une turbine éolienne,
d’un panneau solaire, de récupérateurs d’eau
de pluie, d’une toilette à compost, d’un
système géothermique et d’une
station météorologique.
Récemment, l’organisme a lancé un tout
nouveau programme en huit points d’action
visant à réduire les émissions de gaz à effet
de serre (GES) lors de l’entretien des
pelouses. L’un des objectifs de ce
programme est d’atteindre une réduction
des GES de 50 tonnes par année.
Activer des leviers collectifs :
essentiel !
Ce projet novateur est aujourd’hui reconnu
comme une impressionnante réussite
collective. Le comité organisateur du CIER,
qui compte de plus en plus de parents, de
bénévoles et de partenaires, a décidé de
donner un caractère national à cette
initiative d’abord communautaire. Le CIER
illustre parfaitement le pouvoir d’une
communauté animée par un leader
lorsqu’elle décide de se prendre en main
pour régler un problème et aller plus loin
encore. Défi relevé !
Lorsque naît un enfant, naît aussi un parent… !
D’une génération à l’autre depuis plus de 25 ans, le Centre périnatal Le Berceau
soutient et accompagne les parents dans la magnifique aventure de la naissance.
En offrant toute une gamme d’activités et de services pour les aider à établir des
liens d’attachements solides avec leur enfant, c’est ainsi que nous contribuons
au développement optimal des générations actuelles et futures !
L’art de vivre collectivement
La Coop Autonomie Chez-soi est une entreprise d’économie sociale œuvrant dans
le domaine de l’aide à domicile en Haute-Yamaska depuis plus de 10 ans. Ses
services s’étendent de l’aide domestique à l’aide à la personne. La Coop fait partie
d’un réseau de six entreprises semblables en Montérégie Est. Elle se distingue
par le soutien d’un réseau de partenaires locaux, régionaux et nationaux.
Économie sociale et entreprise manufacturière :
un duo choc !
On l’oublie parfois, mais une entreprise manufacturière peut très bien
appartenir au secteur de l’économie sociale. Depuis 1987, à Saint-Hyacinthe,
Les Ateliers Transition fournissent du travail à une clientèle aux prises avec des
problèmes de santé mentale ou en processus de réinsertion sur le marché du
travail. L’entreprise offre un service de sous-traitance industrielle pour différentes
tâches : emballage, ensachage, étiquetage ou mise en valeur de produits.
Une longue et belle histoire !
La Colonie des Grèves de Contrecoeur, la plus ancienne colonie de vacances
francophone en Amérique du Nord, célèbre, en 2012, son 100e anniversaire.
Depuis 1912, sa mission est d’offrir des vacances et des moments privilégiés à
des enfants et à leurs familles, sans égard à leur situation financière. Au fil des
ans, la clientèle a évolué et les services se sont adaptés à la demande, mais la
mission a toujours été sauvegardée.
Branché en mode Coop !
En 2011, les citoyens des municipalités rurales de la MRC de Pierre-De Saurel
n’avaient toujours pas accès à Internet haute vitesse. La Coop de services
Internet Pierre-De Saurel a mis en place le plus grand réseau sans fil WIMAX
certifié au Québec. Cette innovation permet enfin aux citoyens des municipalités
rurales de la MRC de bénéficier du service Internet haute vitesse.
Partenariat pour la culture
Une salle de spectacle dans une école polyvalente, un directeur d’école prêt à
la rendre disponible à toute une population, il n’en fallait pas plus pour créer
un organisme d’économie sociale culturel. Les Productions artistiques de la
région d’Acton (PARA) proposent une programmation variée qui va du cinéma,
à l’humour, en passant par les spectacles pour enfants. La salle a été rénovée,
rééquipée et tous les citoyens peuvent maintenant s’y asseoir pour consommer
de la culture.
67
RÉGION DE L’AGGLOMÉRATION DE LONGUEUIL
L’économie sociale a le vent dans les voiles…
L’agglomération de Longueuil vit au rythme de l’économie sociale depuis les premiers
instants. Ensemble, les entreprises d’économie sociale et les organismes porteurs de projets
d’économie sociale se sont rapidement regroupés pour assurer un développement structuré
et ordonné de l’économie sociale sur le territoire.
En 2009, l’économie sociale a profité d’un premier support important avec la signature
de l’Entente spécifique pour le développement de l’économie sociale sur le territoire de
l’agglomération de Longueuil, 2009-2014. Cette entente a grandement contribué à accélérer
le rythme de son développement. Ainsi, grâce à la contribution financière de la Conférence
régionale des élus, du Centre local de développement et du Forum jeunesse de la région
ainsi que du ministère des Affaires municipales, des Régions et de l’Occupation du territoire
et d’Emploi-Québec Montérégie, les bailleurs de fonds de l’entente ont permis au Pôle de
disposer des moyens financiers pour réaliser des actions structurantes.
Dans l’agglomération de Longueuil, le plan d’action de l’Entente spécifique est proposé
par le comité du Pôle de l’économie sociale du territoire. Ce comité est composé de
15 gestionnaires bénévoles d’organisations d’économie sociale et d’un coordonnateur
permanent se rapportant à la Conférence régionale des élus de l’agglomération de
Longueuil, titulaire de l’Entente spécifique. C’est dans une vision développée « par et pour »
les entreprises d’économie sociale que le comité du Pôle a déjà réalisé plusieurs projets.
Le bilan socioéconomique figure parmi les premiers projets à voir le jour. Ce bilan a permis
de chiffrer l’impact de l’économie sociale sur le territoire et de mieux définir l’économie
sociale par rapport aux autres secteurs d’activité. Selon les données recueillies auprès des
entreprises et des organismes de l’économie sociale en 2009, l’agglomération de Longueuil
compte 104 organisations d’économie sociale pour un imposant chiffre d’affaires de
113,2 millions de dollars. L’économie sociale emploie 3 185 travailleurs et travailleuses et
1 453 bénévoles et ce, dans tous les secteurs d’activité confondus.
Crédit photo : Mise au jeu.
De cette Entente spécifique, plusieurs autres projets ont émergé pour structurer l’économie
sociale. On peut penser d’abord à un plan de communication triennal, à la définition d’une
identité visuelle de laquelle se décline tout le matériel de communication ainsi qu’à la mise
en ligne d’un site Internet. Ce site offre aux organisations de l’économie sociale du territoire,
une vitrine web sur laquelle ils peuvent publier de l’information sur leurs produits et
services ou encore diffuser des nouvelles, des activités ou encore des offres d’emplois.
Photo du haut : Quelques membres du comité du Pôle de
l’économie sociale.
Photo du centre : Visite d’une délégation internationale chez
Certex dans le cadre du FIESS 2011.
Photo du bas : Animatrice de la caravane de l’économie sociale.
Voilà quelques récentes initiatives
régionales qui ont permis au Pôle de
l’économie sociale de l’agglomération de
Longueuil de se démarquer et de
profiter d’une plus grande notoriété
sur le territoire.
À l’été 2011, le comité du Pôle a relevé le défi de mettre sur pied une caravane de l’économie
sociale : une équipe d’animation grand public. Dans une courte mise en scène, deux
animateurs ont participé aux différentes fêtes et festivals du territoire pour sensibiliser la
population de l’agglomération de Longueuil à la valeur ajoutée des produits et services
offerts par les entreprises et organismes d’économie sociale du territoire. Au terme de leur
présentation, les animateurs remettaient aux personnes qui le souhaitaient, un répertoire
des entreprises d’économie sociale sur le territoire. Appuyée par une campagne publicitaire
estivale, la caravane de l’économie sociale aura ainsi initié quelque milliers de personnes à
l’économie sociale.
Reconnaissance affirmée de l’économie sociale
À l’automne 2011, lors du premier Forum économique de l’agglomération de Longueuil,
l’économie sociale a été positionnée parmi l’un des neuf axes de développement prioritaires
du territoire. Cette nomination au rang des priorités économiques démontre la
reconnaissance de l’apport de l’économie sociale à l’amélioration de la qualité de vie
des citoyens du territoire, mais également de sa contribution à la création de la
richesse collective. >
LES PÔLES
> Dans la foulée des événements, le Pôle de
l’économie sociale de l’agglomération de
Longueuil s’est engagé auprès des instances
régionales afin d’agir à titre de porteurs de
projets et assumer du même coup le leadership du développement de l’économie sociale
dans l’agglomération. Ainsi, en prévision du
2e Forum économique, le Pôle prépare un
nouveau portrait régional de l’économie
sociale ainsi qu’un inventaire des opportunités de développement en économie sociale
en lien avec les priorités régionales.
INNOVATION RÉGIONALE
Un catalyseur de
projets d’économie
sociale innovant
Un des problèmes les plus fréquemment
rencontrés dans la concrétisation d’un
projet d’économie sociale réside dans le
financement et dans les nombreuses étapes
qui lui sont associées. Initié par le CLD de
l’agglomération de Longueuil, l’objectif du
projet visait à rassembler à une même table
les différents partenaires du développement
régional, susceptibles d’apporter une aide
technique ou un soutien financier aux
différents projets d’économie sociale. En
plus de servir de plateforme d’échanges sur
les avancées de l’économie sociale sur le
territoire, la convergence des partenaires est
un important levier de réalisation de projets
sur le terrain.
Son fonctionnement est fort simple : suivant
l’autorisation de l’organisation d’économie
sociale qui dépose un projet, le CLD
achemine à tous les partenaires un court
résumé du projet. Les partenaires sont saisis
du projet et soumettent ensuite leur intérêt
ou non à participer à son développement.
Les partenaires qui auront signifié leur
intention de contribuer techniquement ou
financièrement se regroupent par la suite
pour poursuivre le développement du projet
en mode accéléré.
PROFILS D’ENTREPRISES
Certex
Lorsque l’on parle d’économie sociale dans l’agglomération de
Longueuil, Certex figure régulièrement parmi les entreprises
les plus souvent citées. Cette nomination n’est pas étrangère
aux nombreux succès qu’elle accumule depuis les dernières
années. Certex est un centre de travail adapté en récupération
du textile qui compte 133 employés. Sa mission consiste à
favoriser l’intégration socioprofessionnelle des travailleurs
avec des limitations fonctionnelles. L’entreprise, qui célébrera
cette année son 20e anniversaire, offre les services de vente
en gros auprès des friperies et éco-designers. Elle accepte les
dons corporatifs, offre des articles en éco-design, produit des
chiffons pour les peintres, ébénistes et plombiers et elle vend
également à l’international. Une entreprise à découvrir ou à
redécouvrir. www.certexcanada.com
Quelques faits
- 6 000 tonnes de vêtements triées par année
- 133 employés
Coopérative funéraire de la Rive-Sud de Montréal
En mode expansion à la vitesse grand « V », la Coopérative funéraire de la Rive-Sud de
Montréal, dont le siège social est situé sur le boulevard Curé-Poirier à Longueuil, a procédé,
en l’espace de quelques mois, à l’ouverture d’une nouvelle succursale « La Résidence
funéraire Saint-Hubert » ainsi qu’à l’acquisition des Résidences funéraires René Fortin de
Napierville et Sherrington en Montérégie. Présente dans notre collectivité depuis plus de
34 ans, les récents développements témoignent de l’intérêt grandissant de la population
pour des services funéraires personnalisés de première qualité en mode coopératif.
La Coopérative funéraire de la Rive-Sud de Montréal a d’ailleurs été récompensée en
recevant le prix « Entreprise de services de l’année » lors de la dernière édition du Gala des
Prix d’excellence des gens d’affaires de Longueuil et de Saint-Hubert.
www.cooperativefunerairerivesud.com
Quelques faits
- En 2011, plus de 750 funérailles célébrées et un chiffre d’affaires de plus de 2,2 M $
- Maintenant plus de 8 000 membres sur la Rive-Sud.
Cette nouvelle façon de faire permet
désormais aux entreprises d’économie
sociale et organismes porteurs de projet
d’économie sociale de présenter, en une
seule étape, leur projet à quinze bailleurs de
fonds potentiels. Voilà une nouvelle façon
de placer le développement des projets
d’économie sociale sur la voie rapide !
69
LES PÔLES
RÉGION DE LA VALLÉE-DU-HAUT-SAINT-LAURENT
Une nouvelle région, un nouveau pôle d’économie sociale
par
CLÉMENT BERGERON
Conseiller principal en développement social,
CRÉ de la Vallée-du-Haut-Saint-Laurent
Depuis la création des trois conférences
régionales des élus (CRÉ) de la Montérégie
en 2005, la nouvelle région de la Vallée-duHaut-Saint-Laurent (VHSL) cherche à se
distinguer tant dans ses nouvelles fonctions
de concertation, de planification et de
soutien au développement que dans la mise
sur pied de structures qui lui sont propres
comme celle du Pôle régional d’économie
sociale de la VHSL.
Dans la VHSL, la récente mise sur pied du
Pôle régional d’économie sociale a été le
premier geste structurant découlant de
l’entente quinquennale en économie sociale
conclue entre le ministère des Affaires
municipales, des Régions et de l’Occupation
du territoire (MAMROT), Emploi-Québec
Montérégie (EQ), le Conseil régional des
partenaires du marché du travail de la
Montérégie, le Chantier de l’économie
sociale, la CRÉ et les cinq centres locaux de
développement (CLD) du territoire de la
VHSL. Cette entente consiste à une mise
en commun de ressources vers des objectifs
communs en concertation, formation et
promotion de l’économie sociale. Le MAMROT et la CRÉ y ont injecté 250 000 $
chacun sur cinq ans alors qu’Emploi-Québec
y a investi un montant de 75 000 $ pour un
total de 575 000 $, et ce, sans compter la
contribution d’importantes ressources
d’autres acteurs de l’entente.
En plus des signataires de cette importante
entente, le Pôle régional d’économie sociale
de la VHSL est constitué des quatre
corporations de développement communautaire de la région et de la table des organismes
communautaires (TOC) de Roussillon, de
même que de la Coopérative régionale de
développement de la Montérégie, de la
Centrale des syndicats nationaux (CSN) et
de huit entreprises d’économie sociale
provenant de différents secteurs du
développement socioéconomique de la
région, soit la Coopérative des Petites
Écores (agroalimentaire), le MUSO Musée
de Société des Deux-Rives (culture), Coup
de pouce des Moissons (aide à domicile),
Aux Petits d’Ellice d’Antan (commerce de
détail), Nature Action Québec Inc.
(ressources naturelles), la Société du vieux
canal de Beauharnois (tourisme), le Centre
Notre-Dame de Fatima ( jeunesse) et un
poste d’entreprise actuellement vacant en
développement social.
Le 8 avril 2011 à Salaberry-de-Valleyfield, les
membres du pôle ont réuni une centaine
d’intervenants et d’entreprises d’économie
sociale de la région de la VHSL pour la tenue
du premier colloque régional en économie
sociale. Lors de cet événement organisé par
l’équipe du Chantier d’économie sociale,
nous avons pu identifier les grandes
orientations du plan d’action régional grâce
à la contribution de nombreux participants
et participantes.
Le soutien de la dynamique de concertation
en économie sociale dans la VHSL était
depuis ses débuts jusqu’à tout dernièrement
sous la responsabilité de Clément Bergeron,
conseiller principal en développement social
de la CRÉ. Depuis le 16 avril 2012, madame
Véronica Pérez assume le rôle de conseillère
en économie sociale et immigration à la
CRÉ VHSL.
La formule coopérative en plein effervescence sur le territoire
de la Vallée-du-Haut-Saint-Laurent
par
CLAIRE L’HEUREUX
53 coopératives créent de l’emploi et offrent des services
Dans la Vallée-du-Haut-Saint-Laurent, on compte 53 coopératives non financières œuvrant
dans divers secteurs : 21 coopératives en habitation, 13 dans le secteur de l’agriculture,
sept offrant des services à la population, quatre en milieu scolaire, trois œuvrant dans le
secteur des services sociaux, deux coopératives de travailleurs et quatre dans des secteurs
divers, regroupant ainsi près de 10 000 membres et créant environ 500 emplois.
SEPT NOUVELLES COOPÉRATIVES
ONT ÉTÉ CRÉÉES DEPUIS
Les coopératives, une solution actuelle qui répond à des besoins LES TROIS DERNIÈRES ANNÉES
Dans la VHSL, sept nouvelles coopératives ont été créées depuis les trois dernières années
dans des secteurs très diversifiés. La relance d’une entreprise agricole, la valorisation de
l’agriculture locale et biologique, la mise en place d’une entreprise culturelle pour les jeunes,
la prise en charge des services de proximité et la mise en commun de services pour les
entrepreneurs sont autant d’occasions pour réaffirmer que les coopératives se développent
en structurant davantage l’économie locale.
71
CAPSULES ENTREPRISES
Centre coopératif de grains
À la suite de la mise en vente de Les Élévateurs Soulanges Inc., un groupe de producteurs
céréaliers de la région de Saint-Polycarpe ont racheté le centre de grains. En créant une
coopérative, les clients ont conservé une entreprise locale située à proximité de leur
exploitation agricole.
Coop les jardins de la résistance
Cette coopérative de travailleurs opère une ferme de culture maraîchère biologique à
Ormstown. Des jeunes se sont regroupés dans le but de créer leur propre emploi dans le
domaine de la production de légumes biologiques, la vente de paniers bio ainsi que la culture
d’ail biologique de qualité supérieure.
Groupe coopératif Omaël
Située à Delson, cette entreprise regroupe des travailleurs autonomes et des
micro-entreprises œuvrant dans le domaine de la production de pièces métalliques.
Les membres se regroupent dans un même lieu pour faciliter les partenariats stratégiques
et partager les frais d’opération.
Coopérative de solidarité CSUR la télé
Établie à Très-Saint-Rédempteur, CSUR la télé est la première coopérative émergente du
laboratoire rural piloté par la Coopérative de solidarité du Suroît (CSUR). La télévision
communautaire locale permet de diffuser les émissions à la fois sur Internet et sur les
canaux communautaires des câblodistributeurs.
Coopérative de solidarité Garage
Mise sur pied à Ormstown, cette coopérative regroupe les jeunes dans le cadre d’activités
artistiques et culturelles. La coopérative offre l’occasion aux jeunes artistes, musiciens,
conteurs, danseurs, etc. de mettre en valeur leur talent tout en devenant collectivement
propriétaires d’un lieu de diffusion artistique.
Coop de solidarité Notre Village
Cette coopérative appelle les citoyens de Très-Saint-Rédempteur à se regrouper pour
« consommer biologique » et soutenir l’agriculture locale. Un site Internet transactionnel
permet aux membres d’offrir une plateforme conviviale et faciliter les commandes de
produits en ligne.
Coop du Marché Gourmet
Le Marché de solidarité de Vaudreuil-Soulanges était un organisme sans but lucratif qui
a opté pour la formule coopérative. Regroupant des producteurs, la coopérative offre à
ses membres des services de mise en marché de produits locaux par le biais d’un site
Internet transactionnel.
2012 Année internationale des coopératives !
Dans le cadre de l’Année internationale des coopératives, la Coopérative de développement
régional de la Montérégie a tenu un Forum régional. Sous le thème « Les coopératives,
des entreprises pour un monde meilleur », les participants ont pu discuter de l’identité
coopérative, de la démocratisation de l’économie et du développement des communautés.
Pour information : www.cdrm.fcdrq.coop
LES PÔLES
73
17
CENTRE-DU-QUÉBEC
Les entreprises d’économie sociale du Centre-du-Québec occupent une place
importante dans le développement du territoire. Le dernier portrait sur le secteur, réalisé
en 2006, a démontré qu’au plan économique, les entreprises d’économie sociale fournissent
plus de 2 000 emplois, dont près de 1 500 à des femmes et 600 à des jeunes de 35 ans et
moins. Elles génèrent plus de 70 M $ en revenus et versent 42 M $ en salaires.
Elles participent aussi au développement social de la région en améliorant la qualité de vie
des citoyens. Elles sont ancrées dans plusieurs municipalités et secteurs d’activités,
produisent des services destinés à la communauté, contribuent au développement de
l’emploi, notamment pour les clientèles éloignées du marché du travail et jouent un rôle
important quant à la mobilisation de la population et au développement de la démocratie
dans la région. Elles réunissent 12 000 membres, dont 700 membres de CA et 2 000 bénévoles,
qui donnent 130 000 heures de travail non rémunéré par année. Elles constituent
définitivement des lieux d’implication pour les citoyens du Centre-du-Québec.
Plusieurs entreprises établies au coeur de la région le sont depuis plus de 10 ans, confirmant
ainsi leur pérennité sur le territoire. Elles démontrent une excellente capacité de se réseauter.
Le portrait a fait ressortir également l’expansion des entreprises d’économie sociale
depuis 2001. Cette expansion est en lien non seulement avec le nombre d’entreprises dans
la région mais aussi avec la quantité d’emplois créés.
Afin de leur permettre de jouer pleinement leur rôle de mobilisation et d’amélioration de la
qualité de vie des communautés, de proposer de nouveaux modèles de développement
appuyés par une prise en charge locale et de favoriser une inclusion sociale, une entente
spécique sur la consolidation et le développement des entreprises d’économie sociale est
actuellement en cours et mobilise dix-neuf (19) partenaires régionaux et locaux.
PARTENAIRES ASSOCIÉS
au secteur de l’économie sociale...
Le ministère des Affaires municipales, des Régions et de l’Occupation du territoire
Le ministre de l’Emploi et de la Solidarité sociale
J’AIME TRAVAILLER AU SEIN D’UNE
ENTREPRISE D’ÉCONOMIE SOCIAL.
L’AMBIANCE EST AMICALE, NOUS
SOMMES UNE GRANDE FAMILLE !
JONATHAN, MONT APIC
L’Agence de la santé et des services sociaux de la Mauricie et du Centre-du-Québec
La Conférence régionale des élus du Centre-du-Québec
Les Centres locaux de développement de la MRC de Bécancour, de la MRC de
Nicolet-Yamaska, de la MRC de l’Érable, la Corporation de développement économique des
Bois-Francs, la Société de développement économique de Drummondville
La Coopérative de développement régional Centre-du-Québec/Mauricie
Les Corporations de développement communautaire Bois-Francs, de la MRC de Bécancour,
de l’Érable, de Drummond, de Nicolet-Yamaska
La Table de concertation du mouvement des femmes Centre-du-Québec
Le Conseil régional des partenaires du marché du travail du Centre-du-Québec
Le Forum jeunesse Centre-du-Québec
LES PÔLES
Le CRÉS, reconnu Pôle régional pour le Centre-du-Québec par une entente partenariale
avec le Chantier de l’économie sociale depuis 2006, se veut un lieu de concertation et
d’harmonisation; un lieu de planification du développement régional; un lieu d’interface et
d’arrimage entre le gouvernement et les milieux locaux, et ce, dans le domaine spécifique de
l’économie sociale.
Le CRÉS a pour mandat :
• La promotion et le développement de l’économie sociale
• La représentation sur le plan régional
• Le soutien à la consolidation, à l’expérimentation et au développement
de nouveaux créneaux et projets
• La concertation des divers acteurs régionaux et locaux de l’économie sociale
et des mouvements sociaux
• La formulation d’avis et de suggestions destinés aux acteurs régionaux
et locaux de l’économie sociale et des mouvements sociaux
Les entreprises
d’économie sociale
par SECTEUR D’ACTIVITÉ
25 %
Services aux personnes
17 %
Loisirs et tourisme
16 %
Immobilier collectif
15 %
Agroalimentaire
6%
Arts et culture
4%
Environnement et ressources naturelles
3%
Manufacturier
2%
Médias
2%
Santé
JULIE, PARC DE LA RIVIÈRE GENTILLY
Les entreprises
d’économie sociale
par MRC
Commerce de détail
7%
MOI CE QUI ME PASSIONNE,
C’EST DE POUVOIR DIRE QUE J’AIDE
MON MILIEU À SE DÉVELOPPER.
2%
Transport
24 %
Arthabaska
1%
Recherche
11 %
Bécancour
32 %
Drummondville
14 %
Érable
19 %
Nicolet-Yamaska
75
1
Appuyer le secteur et assurer son avenir, C’EST UNE PRIORITÉ !
Pour faire connaître nos entreprises
d’économie sociale
• Campagne publicitaire dans les journaux locaux :
L’économie sociale. Ça parle d’argent et de valeurs humaines !
L’économie sociale : Au coeur de votre quotidien !
L’économie sociale : J’achète et je m’implique !
• Pour faire connaître les entreprises de chacune des MRC:
Publication de répertoires électroniques des entreprises d’économie
sociale par territoire de MRC
Pour assurer la consolidation et
le développement…
Des activités et des outils d’accompagnement :
• Offre de formations
• Offre d’aide-conseil spécialisée
• Activités de réseautage
• Activités de mise en marché
• Diffusion d’outils de gestion
• Diffusion d’information stratégique
- Carte entrepreneuriale (prédémarrage)
- Guide et cahier pour un plan d’affaires d’une entreprise d’économie sociale
(prédémarrage ou développement)
- Relevé des sources de financement
- Guide et grille d’analyse d’une entreprise d’économie sociale
Pour assurer une reconnaissance de la valeur ajoutée de
l’économie sociale comme modèle de développement…
Des activités de concertation avec les partenaires du :
« J’AI RÉALISÉ QUE C’ÉTAIT UN
ENDROIT ACCUEILLANT, ET QUE
J’AVAIS BEAUCOUP PLUS DE LIBERTÉ
COMME EMPLOYÉE D’UN ORGANISME
D’ÉCONOMIE SOCIALE. »
KIM, CENTRE NORMAND-LÉVEILLÉ
Pour assurer la relève…
Des outils promotionnels
pour les jeunes :
• Capsules vidéos
• Atelier de sensibilisation
• Mouvement communautaire
• Mouvement des femmes
• Mouvement syndical
• Mouvement coopératif
• Secteur des aîné(e)s
• Secteur du développement social
• Secteur de l’immigration
• Secteur de l’emploi
Et une collaboration assidue avec nos collègues des Pôles régionaux et du Chantier de
l’économie sociale.
Pour assurer l’innovation…
Des activités de vigie et
d’expérimentation
• Suivis de l’évolution des secteurs,
démarchage et identification de
nouveaux créneaux
• Développement durable
• Conciliation travail-famille
18
LES PÔLES
CERCLE D’ÉCONOMIE
SOCIALE AUTOCHTONE
L’économie sociale et le Mouvement
des centres d’amitié autochtones au Québec :
une mobilisation officialisée
par le Cercle en économie sociale
L’économie sociale autochtone
Lors de la 26e Assemblée générale annuelle du Regroupement des centres d’amitié
autochtones du Québec (RCAAQ), tenue en 2005, le RCAAQ et les Centres d’amitié
autochtones ont amorcé officiellement et collectivement le virage vers l’économie sociale
par voie de résolution. Depuis, l’économie sociale est un levier qui bonifie l’ensemble des
actions du Mouvement. En partenariat avec le Chantier de l’économie sociale, le RCAAQ
s’assure de promouvoir le développement de l’économie sociale auprès des communautés
autochtones et, plus concrètement, auprès des organisations autochtones en ville, les
Centres d’amitié autochtones du Québec.
L’économie sociale représente un outil de développement économique exceptionnel qui
favorise l’intégration des Autochtones en ville. C’est une avenue pour les Autochtones
d’accéder à l’autonomie financière et à l’inclusion sociale.
Au cours de cette initiative, le RCAAQ a travaillé à mobiliser les personnes, les groupes et les
partenaires du développement d’une économie sociale tenant compte des caractéristiques et
de l’authenticité autochtones.
Le modèle autochtone s’élabore pour devenir un mode de développement économique
alternatif qui a pour but de répondre de façon innovatrice aux besoins sociaux, culturels,
économiques et spirituels des gens. En outre, ce modèle économique permet d’envisager la
pérennité financière des Centres d’amitié autochtones dans un contexte où la communauté
autochtone urbaine connaît une croissance démographique constante. En mettant en
pratique l’entrepreneuriat collectif, la communauté autochtone dans les villes sera outillée
pour répondre à ses besoins spécifiques croissants et ainsi, participer à initier des projets
innovateurs, structurants, créateurs d’emplois.
« LE PARTAGE
ET LA SOLIDARITÉ
SE SONT TOUJOURS REFLÉTÉS
DANS NOS PRATIQUES
ANCESTRALES ET
CONTEMPORAINES »
DOMINIQUE RANKIN, AÎNÉ
77
Le Cercle d’économie sociale autochtone : notre pôle
Le Cercle d’économie sociale autochtone est un lieu de concertation et de promotion qui
a été mis en place à la demande des Centres d’amitié et des organismes autochtones à la
suite d’une réflexion collective sur les caractéristiques autochtones. Son organisation et son
mode de fonctionnement s’inspirent des Pôles régionaux d’économie sociale du Chantier
de l’économie sociale. Ainsi, le Cercle joue le rôle de promouvoir la pratique de l’économie
sociale en milieu autochtone, de créer une mobilisation des promoteurs et des partenaires,
de renforcer les compétences et favoriser la mise en œuvre d’initiatives.
En 2009, le RCAAQ a complété l’organisation du Cercle d’économie sociale autochtone en
définissant son rôle, ses orientations et son plan d’action.
1.1 Le rôle du Cercle d’économie sociale autochtone est de :
• Développer une vision de l’économie sociale autochtone (Sensibiliser)
• Mobiliser le milieu autochtone autour de l’économie sociale (Mobiliser)
• Concerter les organisations autochtones intéressées à travailler au développement de l’économie sociale (Mobiliser)
• Travailler à l’implantation d’entreprises d’économie sociale (Former, soutenir
et accompagner)
1.2 Ses orientations d’action sont :
• Sensibiliser : Promotion, représentation
• Mobiliser : Concerter, organiser des événements, créer un réseau d’échange
• Former: Évaluer les besoins, rendre disponible ou organiser des formations
• Susciter, Soutenir et Accompagner : Faire connaître les soutiens techniques
et financiers, rendre disponible des outils, favoriser l’expérimentation et le
développement d’initiatives, conseiller les promoteurs
1.3 Le sommaire du plan d’action est :
Volet 1: Sensibiliser
• Connaître la situation
• Promouvoir
• Sensibiliser les acteurs autochtones et partager une vision commune
• Sensibiliser les partenaires
Volet 2 : Mobiliser
• Regrouper les acteurs, partenaires et entreprises
• Favoriser la concertation
• Créer un réseau
• Favoriser les échanges et le partage d’expériences
Volet 3: Former
• Améliorer les compétences des promoteurs (dirigeants)
• Améliorer les compétences des gestionnaires
• Améliorer les compétences des employés
• Contribuer à l’éducation populaire de l’économie sociale autochtone
Volet 4: Soutenir et accompagner
• Connaître les ressources et les services existants
• Favoriser l’utilisation de méthodes de gestion adaptées
• Développer des services d’accompagnement
• Susciter le développement de projets
Soutien et accompagnement
Dans le but de développer un cadre
d’intervention adapté aux besoins des
organismes et des groupes autochtones, le
RCAAQ a travaillé avec des consultants pour
dresser un portrait diagnostic du potentiel
en matière d’entrepreneuriat collectif et
social des Centres d’amitié autochtones.
L’exercice a débuté auprès de l’ensemble du
Mouvement permettant ainsi au RCAAQ de
réviser sa planification stratégique et son
plan d’action.
Par ailleurs, le RCAAQ a identifié les
secteurs prioritaires d’interventions :
l’habitation avec soutien communautaire, les
entreprises d’insertion socioprofessionnelle
et les entreprises de mise en valeur de l’art
et de la culture autochtone.
Des documents de travail sont en cours
d’élaboration dont un feuillet sur les
étapes de mise en œuvre d’une initiative
d’économie sociale autochtone, les modules
facilitant la rédaction d’un plan d’affaires,
un rapport sur le secteur de l’habitation et
des pistes de réflexion de son développement par les Centres d’amitié autochtones
du Québec.
LES PÔLES
Anicinape Kicikan
Le préforum en économie sociale autochtone
L’économie sociale contribue activement à faire connaître et reconnaître l’apport et la
richesse collective des cultures et des savoirs autochtones. Elle offre des opportunités
extraordinaires, notamment la possibilité de créer des opportunités novatrices et porteuses
d’avenir pour les citoyens autochtones, leurs organisations ainsi que pour leurs communautés.
Anicinape Kicikan : le préforum en économie sociale autochtone fût l’occasion de faire
valoir ces projets d’entreprenariat collectif qui soutiennent les valeurs traditionnelles
autochtones.
Le nombre d’entreprises d’économie sociale augmente et elles sont appelées à jouer un rôle
social et économique de plus en plus important dans les organisations et communautés à
travers tout le Canada. Leurs activités se basent sur la tradition et la culture et contribuent à
les renforcer. Les entrepreneurs autochtones doivent continuer à tabler sur les initiatives
actuelles et se déplacer dans les nouveaux secteurs de croissance et d’expansion, non
seulement locaux, mais aussi régionaux, nationaux et internationaux. C’est dans cette vision
qu’Anicinape Kicikan a été pensé et organisé par le Cercle d’économie sociale autochtone.
Pour les Autochtones, le développement économique ne doit pas accentuer les inégalités
sociales mais bien permettre d’agir comme un levier qui permet de bonifier l’ensemble des
services et produits offerts en visant continuellement l’amélioration de la qualité de vie des
citoyens autochtones.
En bref
• Le 17 octobre 2011 au Palais des congrès de Montréal
• Anicinape Kicikan signifie « Journée autochtone » en algonquin
• Organisé par le Cercle d’économie sociale autochtone, soutenu par le Regroupement des centres d’amitié autochtones du Québec dans le cadre du Forum international de l’économie sociale et solidaire : pouvoirs publics et société civile
• En amont de l’ouverture officielle du Forum internationale de l’économie
sociale et solidaire : pouvoirs publics et société civile
• Anicinape Kicikan a permis de consacrer
une journée entière à l’économie sociale et solidaire autochtone
Les résultats
• Près de 300 participants
• Sous la présidence d’honneur du Très Honorable Paul Martin
• Thème central : l’économie sociale autochtone
• Programmation diversifiée et novatrice autour de l’innovation sociale et le développement collectif et la mobilisation citoyenne et les partenariats diversifiés.
• 43 % des participants étaient autochtones et/ou provenaient d’organisations autochtones
• Présence de participants représentant les pouvoirs publics et une variété d’acteurs de la société civile : ministères, élus, représentants syndicaux, chercheurs, étudiants, médias, etc.
• Solidarité autochtone concrétisée par
la présence accrue d’organisations, d’entreprises et de communautés autochtones
• Anicinape Kicikan fut un événement international avec des participants de plus de 30 pays.
Enjeux et défis du
développement de l’économie
sociale autochtone 1. Accès à des instruments de développement adaptés et culturellement pertinents pour les initiatives autochtones
2. Hausser la participation active des Autochtones au marché du travail et favoriser le développement de la main-d’œuvre
3. Améliorer les conditions de vie de l’ensemble des Autochtones, incluant ceux et celles vivant dans les villes, en encourageant le développement de l’entrepreneuriat collectif autochtone
4. Assurer une gestion efficiente, cohérente et proactive, qui suscite l’innovation sociale et travaille en réseaux de coopération
79
Travailler solidairement,
oeuvrer collectivement
au développement
économie sociale et
Le CSMO-ÉSAC :
un précieux partenaire !
À titre d’organisme provincial, le Comité
sectoriel de main-d’œuvre de l’économie
sociale et de l’action communautaire
(CSMO-ÉSAC) privilégie l’approche
partenariale pour actualiser sa mission,
s’acquitter de ses mandats et réaliser ses
projets. Ses réalisations reposent inévitablement sur la mission fondamentale du
comité qui est de favoriser la concertation
des acteurs du milieu. Cette dernière est
réalisée de concert avec les regroupements
nationaux qui sont de véritables courroies
de transmission des informations régionales.
Dans le contexte actuel du marché du travail
marqué notamment par des pénuries de
main-d’œuvre qualifiée, des défis en matière
d’attraction, de maintien en emploi et
de fidélisation des employés-es ,
le CSMO-ÉSAC contribue très activement
à soutenir le développement de son secteur
d’emploi. L’économie sociale et l’action
communautaire étant une réponse aux
besoins des collectivités, il importe plus que
jamais de donner les moyens nécessaires
aux organisations pour qu’elles puissent
mieux soutenir le développement de leur
main-d’œuvre. Cela va bien au-delà d’un
enjeu sectoriel, il s’agit d’un véritable défi de
société auquel nous tentons quotidiennement
de répondre par nos actions. Voici donc
quelques exemples de notre implication
auprès des acteurs régionaux.
Formation, qualification
et développement
des compétences
Sous l’angle de la formation de la
main-d’œuvre, le succès du Programme
d’apprentissage en milieu de travail (PAMT)
pour le métier de préposée d’aide à domicile
a répondu à un besoin réel des entreprises et
des travailleuses et ce, dans plusieurs
régions du Québec. Grâce à cette norme professionnelle, le métier de préposée d’aide à
domicile est désormais reconnu officiellement par le gouvernement du Québec, et
inscrit au Code national des professions et
enregistré au Registre des compétences du
Québec. Cette norme professionnelle balise
les compétences et les connaissances
nécessaires à l’exercice du métier de
préposée d’aide à domicile qu’exercent plus
de 5 500 personnes au Québec. Issu de la
norme professionnelle, organisé entièrement
autour du lieu de travail et fonctionnant sur
le principe du compagnonnage, le PAMT
offre aux préposées une formation
qualifiante ainsi que la possibilité de
reconnaissance de leurs compétences.
À terme, les préposées reçoivent un
certificat de qualification professionnelle du
ministère de l’Emploi et de la Solidarité
sociale (MESS). Lancé en novembre 2009 et
implanté dès décembre de la même année,
le PAMT a depuis donné des résultats
probants. Ainsi, à ce jour, plus de 200
compagnes ont été formées et ce, dans
toutes les régions du Québec. Plus de 80 %
des 101 entreprises en aide domestique ont
fait former des compagnes et plus de 200
préposées ont reçu leur certificat de
qualification professionnelle. En ce moment,
plus de 300 proposées sont en cours
de certification.
Par ailleurs, grâce à l’implantation du PAMT,
il y a eu à travers le Québec prestation de 10
formations en Entretien ménager sécuritaire à domicile de l‘Association paritaire
pour la santé et la sécurité du travail du
secteur affaires sociales (ASSTSAS). Enfin, ce
PAMT est en cours d’implantation dans
certaines communautés autochtones.
Ce succès, nous le devons principalement
aux travailleuses et gestionnaires des
entreprises qui, depuis le tout début, ont
apporté une contribution inestimable, sans
oublier l’ensemble des partenaires du
marché du travail qui ont su comprendre les
besoins des entreprises et les adaptations
PERSPECTIVES
de la main-d’oeuvre en
en action communautaire
nécessaires pour soutenir financièrement
l’implantation du PAMT.
Contribuer à cerner
les réalités régionales en
matière d’offre et de besoins
de formation
Le projet de soutien à la formation en
région a pour objectif de soutenir le
développement des gestionnaires par
une offre de modules de formations et
une offre d’accompagnement structurée
autour des boîtes à outils du CSMO-ÉSAC
en mobilisant les acteurs de la formation,
progressivement et selon les besoins, pour
l’ensemble des régions du Québec.
Démarrée à l’automne 2011, la première
phase du projet consiste à identifier les
réalités régionales en matière d’offre et
de besoins de formation. Réalisé en
collaboration avec la Table nationale des
corporations de développement
communautaire (TNCDC), ce projet
s’articule autour des axes suivants :
collaboration avec les acteurs régionaux,
cumul de l’information existante en lien
avec le projet et, le cas échéant, contribution à l’organisation de groupes de
discussion avec les gestionnaires
d’entreprises et d’organismes et avec les
porteurs de l’offre de formation.
Documenter, développer,
soutenir, se concerter,
connaître
Sous l’angle de la recherche, le
CSMO-ÉSAC a réalisé à l’automne 2011 la
seconde édition des Repères en économie
sociale et en action communautaire. En vue
d’alimenter la base de données conçue pour
cerner le secteur, de suivre et de mesurer
son évolution, la tenue de cette étude
permet au CSMO-ÉSAC de mieux soutenir
et connaître le secteur d’emploi sur
l’ensemble du territoire québécois.
La recherche permet également au
CSMO-ÉSAC de soutenir le développement
des organisations. Par exemple, le
CSMO-ÉSAC a réalisé, en collaboration
avec la Table des gestionnaires de la
Montérégie Est et le pôle régional, un
tableau de bord visant à soutenir les
gestionnaires dans la mesure des coûts
rattachés à l’embauche de ressources
humaines dans le cadre de programmes
d’insertion. Cet outil pourra être utilisé par
d’autres organisations du secteur puisqu’il
est généralisable. Le CSMO-ÉSAC, en
collaboration avec la TNCDC, a également
réalisé une mesure d’impact des corporations
de développement communautaire membres.
Cette mesure d’impact vise spécifiquement
les volets de développement local et de lutte
contre la pauvreté et l’exclusion sociale.
Le CSMO-ÉSAC a aussi poursuivi l’offre
de sessions de formation sur mesure et de
sessions de formation transversale
portant sur la mesure d’impact social et
économique. Cette offre de formation vise
à outiller les partenaires en vue de réaliser
des mesures de la contribution sociale et
économique de leur organisation dans la
communauté et pour tout type d’étude
(étude de satisfaction, portrait, diagnostic,
etc.). Ces sessions de formation s’inscrivent
en complémentarité avec les activités de
soutien et d’accompagnement offertes par le
CSMO-ÉSAC.
À la demande du Mouvement québécois des
vacances familiales, le CSMO-ÉSAC a aussi
amorcé les travaux reliés à l’élaboration du
portrait de la main-d’œuvre du secteur des
vacances familiales.
Répondre aux demandes
des partenaires
Le CSMO-ÉSAC cherche toujours à
resserrer les liens avec ses partenaires et à
participer à des activités de concertation
pour favoriser le développement de ses
interventions au Québec. Comme les
regroupements nationaux sont la principale
courroie de transmission reliant le comité
aux organisations régionales, n’hésitez donc
pas à les solliciter sur les questions relatives
au développement de la main-d’œuvre.
De concert avec ses partenaires, le
CSMO-ÉSAC a fait la promotion du large
éventail de carrières présentes en économie
sociale et en action communautaire. Cette
dernière a été soutenue par une offre
d’ateliers destinée aux étudiants-es des
cégeps et des universités et par une
présence lors de différents salons en emploi
organisés dans des milieux scolaires ou
autres. À cet égard, plus de 2 000 affiches
et dépliants Fais le saut ont été distribuées
au Québec.
D’autres activités ont aussi été entreprises
afin 1 : de mieux faire connaître les
caractéristiques du secteur d’emploi aux
intervenants en employabilité, aux
conseillers en orientation et aux agents-es
d’Emploi-Québec et 2 : de faire connaître
nos outils aux gestionnaires du secteur
d’emploi et au réseau d’Emploi-Québec.
De Baie Comeau à St-Alexis-des-Monts, de
Drummondville à Chicoutimi, de
Ste-Anne-de-la-Pérade à St-Hyacinthe,
le CSMO-ÉSAC a été largement présent
en région !
Vous êtes un pôle régional, un regroupement,
une association ? Vous avez élaboré une
mesure d’impact ou bien réalisé une étude
sur votre main-d’œuvre dans votre région ?
Vous souhaitez obtenir de l’information sur
nos outils et nos projets ? Vous cherchez une
formation en région ? N’hésitez pas à
communiquer avec nous et à nous informer de
vos actions régionales et de vos besoins en
regard du développement de la main-d’œuvre.
www.csmoesac.qc.cav
81
LE POTENTIEL DE GESTION
DES PERSONNES IMMIGRANTES,
L’ÉCONOMIE SOCIALE Y CROIT !
Alors qu’on entend dire sur plusieurs tribunes que les nouveaux
arrivants sont qualifiés, les statistiques démontrent qu’ils sont
davantage confrontés à une situation de sous-emploi que les
personnes natives du Québec.
Paradoxalement, de nombreux observateurs et analystes estiment par ailleurs que les
PME connaissent des difficultés au niveau de la relève. Les entreprises d’économie sociale
(OBNL, mutuelles, coopératives) ne font pas exception. Cependant, elles se démarquent sur
le plan des valeurs qu’elles portent, ce qui devraient encourager les personnes immigrantes à
considérer ce secteur dans leurs choix professionnels.
En effet, les valeurs d’égalité, de justice sociale et de démocratie qui animent les entreprises
d’économie sociale, ainsi que les objectifs qu’elles poursuivent relativement au
développement de leur collectivité contribuent significativement au fonctionnement du
marché du travail. Après tout, ce sont plus de 125 000 travailleurs et travailleuses qui
œuvrent dans ce secteur ! Qui plus est, cette contribution au marché du travail est
particulièrement marquée par une ouverture aux personnes en démarche d’insertion.
C’est dans ce contexte que le Chantier a lancé le projet :
Le potentiel de gestion des personnes immigrantes, l’économie sociale y croit !
En collaboration avec les Pôles régionaux d’économie sociale et ses autres partenaires de la
région métropolitaine, le projet a pour objectif de combler des postes de gestionnaires dans
les entreprises d’économie sociale par des personnes immigrantes qualifiées.
LA PROPORTION DES PERSONNES
IMMIGRANTES SANS DIPLÔME
EST PASSÉE DE 40 % EN 1981
À 9,3 % EN 2006.
Les postes de gestionnaires peuvent avoir différentes appellations, notamment :
directeur/coordonnateur au développement, directeur/coordonnateur aux ressources
humaines, directeur général, coordonnateur, agent de développement, assistant directeur,
assistant coordonnateur, chargé de projets, etc.
Ce projet est réalisé grâce à l’appui financier du Conseil Emploi Métropole (CEM).
En s’associant à ce projet, le CEM, qui travaille à favoriser la concertation sur les grands
enjeux du marché du travail métropolitain de Montréal, poursuit sa stratégie visant à
faciliter l’accès pour les personnes immigrantes à une première expérience de travail au
Québec et leur intégration en emploi.
PERSPECTIVES
Les nouveaux arrivants : un potentiel sous-exploité
En 2008, le Chantier de l’économie sociale a mis sur pied une table de concertation d’où
sont ressorties des stratégies de promotion de l’économie sociale auprès des personnes
immigrantes et un portrait 1 de leur intégration au secteur.
Les activités de recherche menées dans le cadre de ces travaux ont notamment permis de
constater que, bien que les entreprises d’économie sociale accueillent déjà une part
importante de travailleurs et travailleuses issues de l’immigration et affichent une grande
ouverture à la diversité culturelle, les personnes immigrantes semblent peu présentes dans
des postes de gestion et peu nombreuses à démarrer elles-mêmes leur entreprise.
Cette réalité n’est pas seulement celle de l’économie sociale. Les études ne cessent de le
démontrer, le Québec affiche une sous-exploitation du potentiel des personnes immigrantes
possédant un diplôme universitaire. D’une part, la proportion des personnes immigrantes
sans diplôme est passée de 40 % en 1981 à 9,3 % en 2006 et, d’autre part, le taux de
surqualification des personnes immigrantes était de 28,1 % en 2006 par rapport à 17,1 %
chez les non immigrants (CEM, avril 2011, Le Capital humain dans la Région métropolitaine
de Montréal).
Paradoxalement, on fait de plus en plus état de difficultés liées à la relève qui s’expliquent
notamment par une certaine rareté, voire des pénuries, de main-d’œuvre qualifiée. Dans le
secteur de l’économie sociale, les défis à cet égard sont particulièrement importants.
En 2009, 60 % des directeurs généraux et des coordonnateurs se disaient préoccupés par
la question de la relève, prévoyant, par ailleurs, la plus importante vague de départs dans
un horizon de deux ans. En effet, plus de la moitié (51 %) des organisations du secteur
affirmaient avoir rencontré des difficultés à pourvoir un ou plusieurs postes, particulièrement les postes de gestionnaires ou coordonnateurs (CSMO-ESAC, septembre 2009,
Repères en ESAC).
LES PERSONNES IMMIGRANTES
REPRÉSENTENT UN BASSIN
DE CANDIDATS QUALIFIÉS
IMPORTANT ET POSSÈDENT
DES FORMATIONS ET DES
EXPÉRIENCES DIVERSIFIÉES
Un projet à valeurs ajoutées
Avec ce projet, le Chantier souhaite donc favoriser l’établissement de liens entre les
employeurs de l’économie sociale et les personnes immigrantes qui représentent un bassin
de candidats qualifiés important et qui possèdent des formations et des expériences
diversifiées, souvent acquises à l’extérieur du Québec mais transférables dans nos milieux.
Le projet offre également un accompagnement aux nouveaux gestionnaires afin de faciliter
leur intégration dans leur nouveau milieu. On le sait, outre les compétences traditionnelles
de gestionnaires, le travail de gestion nécessite des compétences génériques essentielles
qui sont de l’ordre de la connaissance générale du secteur d’activité, de la culture du travail
au Québec, notamment sur le plan de la gestion des ressources humaines, de la capacité de
réseautage, etc. Par ailleurs, le travail de gestion dans les entreprises d’économie sociale
nécessite également quelques notions relatives à la structure des organisations, entre autres
quant à la gestion démocratique.
Le Chantier offre donc aux entreprises et aux candidats le soutien suivant :
• formations sur l’économie sociale aux gestionnaires sélectionnés;
• réseautage pour chaque gestionnaire participant au projet;
• appuyer au besoin les candidats lors de leur intégration à leur poste de gestionnaire;
• outiller les entreprises en matière de gestion de la diversité.
De plus, un soutien salarial et, au besoin, un soutien financier pour de l’accompagnement
et/ou de la formation, sont offerts aux participants par le biais du programme d’aide
à l’intégration des immigrants et des minorités visibles en emploi (PRIIME)
d’Emploi-Québec.
Le Chantier espère que ce projet contribuera à transmettre les valeurs ajoutées de
l’économie sociale aux personnes immigrantes et que ces dernières trouveront une place à la
hauteur de leurs attentes parmi la relève du secteur.
Pour plus d’information ou pour participer au projet, contactez :
Maude Brossard-Sabourin [email protected]
1
Chamberland V., Dumais L., L’économie sociale et les personnes immigrantes au Québec : opportunité,
effet de parcours ou dernier recours?, LAREPPS – RQRP-ÉS, octobre 2010, 48 p.
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Les premières relations internationales du Chantier de l’économie sociale ont débuté dès
sa création en 1996, notamment avec l’intégration d’un volet d’économie sociale et solidaire
(ÉSS) dans les relations Québec-France. Cet intérêt réciproque et les échanges qui s’en sont
suivis continuent aujourd’hui de porter leurs fruits.
En 2001 à Québec, le Chantier participe à l’organisation de la 2e Rencontre internationale sur
la globalisation de la solidarité où près de quarante pays y sont représentés. À l’issue de cette
rencontre, le Réseau intercontinental pour la promotion de l’économie sociale et solidaire
(le RIPESS) est né. C’est lors de cette rencontre que le Chantier a commencé
à diversifier ses contacts internationaux, menant notamment à un partenariat
particulièrement étroit et productif avec le Forum brésilien d’économie solidaire (FBES).
LE CHANTIER
En 2006, le Sommet de l’économie sociale et solidaire qui se déroule à Montréal révèle tout
l’intérêt que suscite le modèle québécois d’économie sociale: alors que le sommet traitait
essentiellement des enjeux québécois, des représentants de 23 pays étaient présents à
titre d’observateurs !
SUR LA SCÈNE INTERNATIONALE
Depuis, le Chantier ne cesse d’être sollicité
pour présenter les particularités et les forces
du modèle québécois d’économie sociale.
À titre d’exemples, dans les dernières
années, on peut mentionner la participation
de Nancy Neamtan, la présidente-directrice
générale du Chantier, à un panel sur
« l’entreprise durable » lors d’une instance
de gouvernance de l’Organisation
internationale du travail (OIT) en 2009 et,
la même année, à une autre rencontre de
l’OIT à Johannesburg sur le thème de
« l’économie sociale – la réponse de l’Afrique
à la crise globale ». Plus récemment,
madame Neamtan a également présenté
l’expérience québécoise à des représentants
de la Commission européenne intéressés
aux « enjeux politiques liés à la promotion
de l’ÉSS et à l’accès à des outils de
capitalisation ». Par ailleurs, le Chantier a
été l’un des membres fondateur du Forum
sur l’innovation sociale de l’Organisation de
coopération et de développement
économiques (OCDE).
En 2010, la richesse des échanges avec ses
partenaires internationaux a amené le
Chantier à proposer au ministère des
Affaires municipales, des Régions et de
l’Occupation du territoire (MAMROT)
l’organisation d’un grand Forum
international de l’économie sociale et
solidaire (FIESS). Tenu en octobre 2011, ce
forum a surpassé toutes les attentes : 1 600
participants provenant de 62 pays dont des
représentants d’instances internationales
telles que :
• Organisation internationale du travail (OIT)
• Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE)
• Confédération Syndicale Internationale (CSI)
• Banque africaine de développement
• Banque interaméricaine
de développement (BID)
• Banque asiatique de développement (BASD)
Plus de 150 expériences de divers pays à
travers le monde ont été présentées au cours
du FIESS et ont mis en évidence la diversité
et l’importance des initiatives d’économie
sociale un peu partout sur la planète et des
politiques et programmes publics qui les
appuient. Les visites terrain organisées dans
dix régions du Québec avant et après le
FIESS ont également permis aux
participants de prendre connaissance de
plusieurs initiatives québécoises et de
rencontrer les acteurs sur le terrain.
D’ailleurs, la dimension « concrète » de ces
visites ont fait en sorte que ces activités ont
été parmi les plus appréciées du forum.
Le FIESS a permis de donner un nouvel élan
à l’économie sociale et solidaire même s’il
reste de nombreux défis à relever. Entre
autres, comment accorder plus de visibilité
aux réseaux locaux, régionaux, nationaux et
internationaux qui se construisent et
comment soutenir leur développement ?
Comment favoriser les échanges
commerciaux entre acteurs et réseaux de
l’économie sociale et solidaire ?
Une des réponses à ces questions s’est
traduite pour le Chantier par la création du
RELIESS, un centre international de
réseautage et de liaison sur les politiques
publiques en ÉSS. Le RELIESS a pour
objectif la diffusion d’information relative
aux politiques publiques et aux expériences
de collaborations entre la société civile et le
secteur public contribuant à l’essor
d’expériences novatrices en économie
sociale et solidaire. Il vise aussi à favoriser le
réseautage international d’acteurs autour de
politiques publiques en faveur de l’économie
sociale, autant au sein de la société civile
que des administrations publiques.
Le RELIESS assure également une veille sur
les développements en matière de politiques
publiques en ESS. Finalement, le centre
poursuit le travail entamé dans le cadre du
FIESS consistant à favoriser les contacts et
l’élaboration de projets entre les acteurs de
l’ÉSS du Québec et d’ailleurs.
En 2012, le Chantier a participé aux
événements internationaux entourant la
Conférence des Nations Unies sur le
développement durable et la lutte à la
pauvreté (Rio+20). Lors de ces rencontres,
le Chantier a fait valoir la contribution de
l’économie sociale à un développement
économique et social inclusif et durable des
communautés à travers le monde. Pour plus
d’information, visitez le site Internet du
RELIESS (www.reliess.org) ou devenez
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