atelier de présentation du livre “la finance en afrique: au

Transcription

atelier de présentation du livre “la finance en afrique: au
ATELIER DE PRÉSENTATION DU LIVRE “LA FINANCE EN AFRIQUE: AU-DELA DE LA
CRISE” ET DE DIALOGUE SUR LE SECTEUR FINANCIER DANS LA ZONE CEMAC
Ndjamena, 24 et 25 Octobre 2013
1. INTRODUCTION
1.1. La Banque africaine de développement (BAD) à travers le Partenariat la Finance
au service de l’Afrique (MFW4A) a organisé à Ndjamena au Tchad, un atelier de
présentation de la version française de l’ouvrage “la Finance en Afrique : au-delà
de la crise” 1 et de dialogue sur le secteur financier dans la zone CEMAC 2. L’atelier a
réuni les autorités nationales tchadiennes et des représentants des institutions sousrégionales (la Banque de développement des Etats de l’Afrique Centrale, la Banque
des Etats de l’Afrique Centrale, la Commission de la CEMAC et la Commission de
surveillance du marché de l’Afrique Centrale), du secteur privé (banques et associations
professionnelles telles que l’Association professionnelle des établissements de crédit
du Cameroun, l’Association professionnelle des établissements de crédit du Tchad et la
Douala Stock Exchange), et des représentants de la Banque mondiale et du Programme
des Nations Unies pour le Développement (PNUD).
1.2. L’ouvrage souligne le fait que dans l’ensemble les systèmes financiers africains
ont significativement évolué au cours des dernières années. Dans de nombreux pays,
l’offre de services financiers s’est accrue du fait de l’augmentation du volume de crédit
accordé aux entreprises et aux ménages. En outre, de nouveaux acteurs et de nouveaux
produits dont l’existence a été facilitée par les innovations technologiques, permettent
d’étendre l’accès aux services de paiement et d’épargne. Des progrès significatifs ont
également été réalisés en matière de stabilité des systèmes financiers africains, avec
des banques suffisamment capitalisées et liquides.
1.3. Néanmoins, la finance en Afrique fait toujours face à de nombreuses insuffisances.
Afin d’atteindre les objectifs que sont : (i) l’élargissement de l’accès aux services
financiers (ii) l’allongement de la maturité des contrats financiers, et (iii) la sauvegarde
des systèmes financiers, l’ouvrage véhicule trois (3) messages, à savoir:
• Favoriser la concurrence car elle représente le vecteur par excellence de l’innovation
financière qui engendre l’élargissement et l’approfondissement des systèmes
financiers;
• Se focaliser davantage sur les services financiers plutôt que sur les institutions qui
les fournissent; et enfin
• Porter plus d’attention aux utilisateurs des services financiers afin de lever les
contraintes du côté de la demande.
1 Cette publication est le fruit d’une collaboration entre la Banque Africaine de Développent, la Banque Mondiale et le
Ministère Fédéral Allemand de la Coopération Economique et du Développement
2 La présentation de l’ouvrage a été officiellement lancée à Paris en décembre 2012 et s’est poursuivie dans la zone
UEMOA (Dakar, 14 avril 2013) et au Maghreb (Marrakech, mai 2013).
1
2. SITUATION GENERALE DANS LA CEMAC
2.1. Bien qu’ayant connu une croissance soutenue au cours des dix dernières années13,
le secteur financier dans la CEMAC se caractérise par un faible niveau d’intermédiation
financière et une incapacité structurelle à recycler les excédents de liquidité dans le
secteur réel de l’économie. Le taux de bancarisation se situe autour de 10% de la
population malgré de fortes disparités entre les pays. Le ratio des actifs bancaires sur le
produit intérieur brut (PIB) sous-régional est d’environ 20%, tandis que la capitalisation
boursière totale rapportée au PIB est inférieure à 1%.
2.2. L’accès aux services financiers, notamment au crédit, demeure très problématique
dans un contexte également marqué par une carence des financements à moyen
et long-terme à même de répondre aux importants besoins en matière de
financement de l’habitat et d’équipement des Petites et Moyennes Entreprises (PME),
pour ne citer que ceux-là. Par ailleurs, l’agriculture demeure largement sous financée
malgré sa contribution à l’emploi et au PIB des Etats.
2.3. Cet environnement a été particulièrement propice au développement des activités
de microfinance, dont les mesures d’encadrement ont été renforcées: augmentation du
capital minimum des établissements de microfinance(EMF), élaboration et adoption du
Plan Comptable des EMF et mise en place d’un fonds de garantie des dépôts. Au cours
des échanges, il a été recommandé de poursuivre l’assainissement de ce secteur
qui se développe rapidement sans pour autant que les moyens alloués à sa supervision
suivent24.
2.4. Le coût très élevé des services bancaires dans la sous-région, notamment du
taux d’intérêt débiteur, a été souligné malgré l’existence de raisons objectives liées
notamment au facteur risque. Le marché financier est ainsi appelé à jouer un rôle
plus important à travers une offre alternative au financement bancaire. Il est
attendu de celui-ci la mise à disposition aux entreprises et aux Etats de nouveaux leviers
d’endettement pour faire face aux énormes besoins de financement des économies de
la sous-région.
2.5. En effet, le coût du Programme Economique Régional (PER 2010-2015) qui traduit
en termes opérationnels la Vision CEMAC 2025, est estimé à plus de 3000 milliards
de FCFA (4,57 milliards €). Son financement requiert une mobilisation massive des
ressources concessionnelles, mais aussi à travers le marché financier et le recours aux
techniques innovantes, notamment les financements structurés3 5 adossés aux projets
d’infrastructure financièrement viable (project finance).
2.6. Le secteur financier tchadien a fait l’objet d’échanges spécifiques. En 2011, le Fonds
Monétaire International (FMI) et la Banque Mondiale (BM) ont conjointement
mené une Revue du secteur financier (FSAP). Le diagnostic et les principales
recommandations du Rapport4 6 du FMI sur la stabilité du secteur financier
tchadien ont fait l’objet d’échanges. Le Gouvernement et les autorités monétaires
et financières régionales ont été sensibilisés quant aux multiples insuffisances qui
requièrent des mesures correctives. Il en est ainsi par exemple :
• De l’insuffisance des fonds propres de certaines banques qui peut affecter la stabilité
du secteur bancaire;
3 Le total des actifs bancaires a presque quadruplé entre 2003-2013, passant de 3000 à 11.000 milliards de FCFA (4,57 à 16,77 milliards €).
4 La COBAC fait face à une contrainte significative des moyens matériels et humains, même si des dispositions ont été
prises pour le doublement de ses effectifs à l’horizon fin 2014.
5 http://www.afdb.org/fileadmin/uploads/afdb/Documents/Project-and-Operations/Structured%20Finance%20-%20
Conditions%20for%20Infrastructure%20Project%20Bonds%20in%20African%20Markets.pdf
6 http://www.imf.org/external/pubs/ft/scr/2011/cr11299.pdf
2
Making Finance Work For Africa (MFW4A) - www.mfw4a.org
• De l’endettement de l’Etat envers ses fournisseurs et des risques de
vulnérabilité qui fait peser sur le secteur bancaire;
• Des défaillances de l’environnement légal et juridique;
• Des interventions directes de l’Etat dans le secteur de la microfinance à travers
l’offre de microcrédits.
Au niveau de la microfinance par exemple, la mise en place du programme de
finance inclusive avec l’appui du FENU/PNUD a amené les autorités a adopter une
nouvelle approche pour le secteur.
3. PERSPECTIVES
3.1. Au terme des échanges, il a été noté une réelle volonté d’accélérer la réforme
du secteur financier dans la CEMAC. Selon la BEAC, la sous-région est engagée dans
un processus d’émergence et par conséquent tous les leviers de croissance font l’objet
d’une attention particulière. La Banque Centrale conduit actuellement une réflexion
autour de trois grands axes, à savoir :
• La systématisation dans la CEMAC d’un service bancaire de base afin de baisser le
coût lié à la détention d’un compte bancaire;
• L’amorce de la mise en place d’un dispositif de protection des consommateurs des
services et produits bancaires.
• L’amélioration de l’infrastructure des paiements susceptible d’accroître l’efficience
des services financiers; Des progrès notables ont déjà été réalisés dans le cadre de
la réforme des systèmes et moyens de paiement avec la mise en place du:
o
Système de Règlement Brut en Temps Réel, dénommé Système de Gros
Montants automatisé (SYGMA), pour la modernisation du système
d’échanges et de règlement des transactions d’importance systémique; et
o
Système Net de Paiement de Masse, dénommé Système de
Télécompensation en Afrique Centrale (SYSTAC) pour la modernisation
du système d’échanges et de règlement de masse.
Les deux (2) autres volets principaux de cette réforme portent sur:
• Le développement d’un Système Monétique Interbancaire sous régional, dénommé
(SMI);
• La mise en place d’un Système de Prévention et de Centralisation des Incidents de
Paiement, dénommé CIP.
Parmi les mesures additionnelles observées et de nature à accroître l’efficacité du secteur
financier, on pourrait citer la promotion du leasing et de l’affacturage, l’introduction des
moyens de paiement électroniques (mobile money).
En outre, la BEAC envisage dans le cadre de la réforme de la politique monétaire en
cours, de procéder à court terme aux actions suivantes qui auront des implications
certaines sur le développement du secteur financier dans la CEMAC:
• La redynamisation du marché interbancaire;
• La relance des différents projets de centralisation des informations sur la clientèle
(Centrale des bilans, des incidents de paiement et Crédit Bureau);
3
• La mise en place d’un marché des Titres de Créances Négociables dans la zone BEAC.
Par ailleurs des réflexions sont en cours pour l’introduction d’un service bancaire de base
qui s’accompagnerait d’une baisse du coût associé et la mise en place d’une centrale
des bilans.
4. PROPOSITIONS
Afin d’accélérer le développement du système financier dans la CEMAC, diverses mesures
ont été préconisées ou sont envisageables :
4.1. L’adoption d’une politique volontariste des pouvoirs publics en matière de
promotion de l’inclusion financière
Cette politique se déclinerait à travers diverses actions visant :
• L’amélioration de l’environnement des affaires afin de réduire les risques;
• La promotion de la bancarisation par la systématisation des paiements par voie
scripturale et électronique; ainsi que la vulgarisation des nouveaux moyens de
paiement;
• La baisse de la fiscalité sur les services financiers.
4.2. Le renforcement du secteur bancaire et de la microfinance
Les actions porteraient notamment sur :
• L’amélioration de la gouvernance des établissements bancaires;
• L’augmentation des fonds propres des banques et la diversification de leurs
portefeuilles;
• La consolidation des EMF par la création des faîtières et l’institutionnalisation des
associations professionnelles des EMF;
• Le renforcement de la supervision bancaire et des EMF (dans ce cadre, il conviendrait
de (i) renforcer les Cellules Nationales de supervision au sein des Ministères des
Finances et (ii) considérer le rôle de la Direction nationale dans la supervision
permanente notamment en réactivant la fonction de correspondant local de la
COBAC).
4.3. La dynamisation du marché financier
L’affirmation de la volonté des Etats à accompagner le développement du marché
financier pourrait davantage se traduire par :
• L’incitation des grandes entreprises à aller en bourse;
• Les privatisations par la bourse et la cotation de certaines entreprises privatisées
dans lesquelles l’Etat demeure un actionnaire important;
• L’amélioration par la loi de la gouvernance des entreprises et du régime fiscal;
• Les réformes du cadre règlementaire en vue de permettre aux compagnies d’assurance
et aux organismes de prévoyance sociale d’être plus actifs sur le marché financier;
• L’émission d’obligations pour le financement des infrastructures;
• Le rapprochement des bourses de Libreville et de Douala.
Au niveau des bourses, des actions pourraient porter sur:
• L’accroissement de la liquidité pour un meilleur fonctionnement du marché secondaire;
• La création en bourse d’un compartiment PME.
4
Making Finance Work For Africa (MFW4A) - www.mfw4a.org
4.4. Autres actions
• Poursuivre la restructuration des organismes de prévoyance sociale et engager des
réformes institutionnelles à l’image des mutations observées à travers le continent
et à l’échelle internationale;
• Promouvoir l’arbitrage et la médiation dans le traitement des différents d’ordre
juridique et moderniser le Registre du Commerce et du Crédit Mobilier (RCCM) dans
le cadre de l’OHADA.
5. CONCLUSIONS
L’atelier a réaffirmé le rôle important que devrait jouer le secteur financier dans la
réalisation de la Vision CEMAC 2025. La Banque mondiale a rappelé le soutien qu’elle
apporte à juste titre au renforcement des institutions de la CEMAC et à l’intégration des
systèmes de paiement des zones CEAMC-UEMOA. La BAD a renouvelé sa disponibilité à
accompagner le développement du secteur financier dans la CEMAC.
5
ANNEXE: LISTE DES PARTICIPANTS
NOM
TITRE
INSTITUTION
1
Bénédict Bélibi
Secrétaire Général
APECCAM
2
Mawata Wakag-Gomon
Secrétaire Général
APEC Tchad
3
Abdoulaye Daoud B.
Cadre
Banque Agricole et
Commerciale
4
Joas R.
Chef Service Comptabilité
5
Francois Dayang
Assistant Administratif
6
Michel-Cyr Djiena Wembou
Représentant Résident
7
Cedric Mbeng Mezui
Expert Intégration Financière
Régionale
8
Stefan Nalletamby
Directeur
9
Claude N’kodia
Economiste Pays Principal
10
Mamadou Tangara
Chargé de Programme Pays
11
Thouraya Triki
Economiste Pays en Chef
12
Philippe Aguera
Spécialiste Secteur Financier
13
Adama Coulibaly
Représentant Résident
14
Mahamat Karambal
Economiste
15
Ahmat Mahamat Massoud
Gestionnaire
16
Jacques Kwachil Ngouvala
Représentant Résident
Banque de
Développement des
Etats d’Afrique Centrale
17
Hamadou Abdoulaye
Directeur Relations
Internationales
Banque des Etats
d’Afrique Centrale
18
Joseph Evagle Dime
Economiste
19
Oyinima Ngangoue
Adjoint Directeur des Systèmes.
et Moyens de paiements
20
Abba Fanta Madj
Cadre
21
Moustapha Mbouhou Mama
Economiste
22
Donald Nodjibougada
Cadre
23
Mahamat Treye
Cadre
24
Ali Abderamane
Responsable Commercial
25
Néradé Boulous Betoloum
Cadre
26
El Hadj Barka Abakar
Cadre
Banque SahéloSaharienne pour
l’Investissement et le
Commerce
27
Genson Ahamat Djabre
Cadre
Commercial Bank Tchad
28
Xavier Girou
Cadre
29
Bertrand Tognia
Directeur Commercial
30
Bertrand Tognia
Secrétaire Général
31
Hassan Adoum Bakhit
Commissaire
CEMAC
32
Adolphe Gabriel Moukengue Etota
Inspecteur Régional
Conférence Interafricaine
de la Prévoyance Sociale
33
Marcel Ondele
Secrétaire Général
COSUMAF
34
Pierre Ekoule Mouangue
Directeur Général
Douala stock exchange
35
Djamaladine A.
Directeur Trésorerie
ECOBANK
36
Sanda Mahamat Oumar
Cadre
37
Karim Mahamat
Directeur Général
38
Mbainayal Hilaire
Directeur Administratif et
Financier
39
Richard Yoronsou
Directeur Général
6
Banque Africaine de
Développement
Banque Mondiale
Banque Commerciale du
Chari
FINADEV
Making Finance Work For Africa (MFW4A) - www.mfw4a.org
ANNEXE: LISTE DES PARTICIPANTS (Suite)
NOM
TITRE
INSTITUTION
40
Hugues Kamewe-Tsafack
Chargé des Relations avec les
Parties Prenantes
Making Finance Work For
Africa
41
Olivier Vidal
Adjoint Chargé de Recherche
42
Mahamat Abdoulaye
Chef de Division
43
Abdelrahman Adam
Chef de Division des Etudes
44
Namia Mbaitolna
Cadre
45
Nepidé Dossoum Popée
Conseillère
46
Alexis Ndzuenkeu
Juriste
OHADA
47
Thierry Beral
Expert National
PNUD
48
Cheikh Sadibou LY
Consultant
49
Masra Tamtangar Ngoidi
Economiste
50
Hakim Ouzzani
Directeur Général
51
Samuel D.
Cadre
52
Guealbaye M.
Consultant
7
Ministère des Finances
Tchad
Société Générale Tchad
Banque Agricole et
Commerciale