Télécharger la notice complète en pdf

Transcription

Télécharger la notice complète en pdf
La Monte YOUNG & Marian ZAZEELA
Œuvres entrées dans la collection
en 1996 et 1999, à l’issue de l’exposition
Installations sonores, festival Musiques
en scène (1999) :
La Monte YOUNG et Marian ZAZEELA
Dream House, 1990
2
Dimensions variables : environ 500 m
Œuvre acquise par le FNAC, déposée au
Musée en 1999. Transfert de propriété en
2007, n° d’inventaire : 2007.12.5
La Monte YOUNG
An Anthology of Chance Operations,
Concept
Art,
Antiart,
Indeterminacy
Improvisation, Meaningless Work Natural
Disasters Plans of Action Stories Diagrams,
Music, Dance, Constructions, Poetry
Essays, Mathematics Compositions, 1963
re
e
(1 édition), 1970 (2 édition)
En collaboration avec Jackson Mac Low et
George Maciunas
Dimensions : 19,60 x 22,60 x 0,80 cm
Œuvres acquises en 1996, n° d’inventaire :
996.13.1 et 996.13.2
LY 1961 (Compositions 1961), 19631964
Dimensions : partition, 8,9 x 9,2 cm
Œuvre acquise en 1996, n° d’inventaire :
996.13.43
Marian ZAZEELA
Performance
10.20.62
of
LY
Composition 1960 # 13, 1962
Dimensions : 10 x 25,5 cm
Don de l’artiste en 1992, n° d’inventaire :
992.11.1
La Monte Young et Marian Zazeela, Dream
House, 1990. ©Blaise Adilon
Nous rencontrons pour la première fois La Monte Young et Marian Zazeela en mars 1991 dans
leur studio au-dessus de la MELA Foundation, au 275 Church Street, à New York. Le rituel
d’accueil est toujours le même. Il nous faut d’abord faire l’expérience d’une Drift Study de La
Monte Young dans une ambiance de lumière magenta, rouge et bleue fondues, avec
installation plafonnière et diffraction d’ombre colorée de Marian Zazeela. L’expérience
hypnotique sonore et lumineuse peut durer plusieurs heures. Nous sommes là pour organiser
un concert et une installation des deux artistes, à l’occasion de la prochaine Biennale de Lyon
en 1993. Mais le projet n’aboutit pas.
« L’audition d’une Drift Study de La Monte Young est une expérience qui tient du plus radical
des minimalismes puisqu’il ne s’agit que d’écouter d’une façon continue deux ondes
électroniques sinusoïdales rigoureusement fixes. Deux ondes accordées toutefois entre elles
selon le principe de l’“intonation juste”, c’est-à-dire dans un rapport parfaitement régulier,
périodique, sans aucun battement. Donnée à entendre dans un lieu clos dans lequel on est
convié à se déplacer – il peut suffire parfois de seulement bouger la tête – cette Drift Study va
littéralement nous suivre dans nos déplacements en se transformant notablement :
changement de texture dans le rapport des ondes sonores et même, parfois, changement
radical de hauteur tonale. Il s’agit en fait du phénomène des ondes dites stationnaires : dans un
local fermé, les résonances graves sont renforcées et les aiguës amenuisées en certains
points et inversement en certains autres où, cette fois, ce sont les fréquences aiguës qui
1
supplantent les graves. »
1
Daniel Caux, « La Durée dans les musiques minimalistes américaines : perception et effets
psychoacoustiques », in L’Expérience de la durée, collectif sous la direction de Gérard Wormser et
Thierry Raspail, éditions Sens Public, 2006.
© Musée d’art contemporain de Lyon - 2010
1
En 1959 et 1960, La Monte Young (avec Terry Riley) est directeur musical d’Anna Halprin San
Francisco Dancers’ Workshop. Anna utilisera Trio for Strings, pièce fondatrice du courant
2
musical minimal , composé par La Monte Young à Los Angeles en 1958 pour une
3
chorégraphie : Birds of America or Gardens without Walls…
C’est pendant l’été 1960, à Kentfield, à côté de San Francisco chez Anna Halprin toujours, que
La Monte rédige et lit la Conférence 60, partie intégrante d’un cours de musique contemporaine
4
qu’il y donne . Cette conférence contient la Composition 1960 # 2 (faire un feu devant le
5
public…) et Composition 1960 # 5 (lâcher un papillon…).
« Ma Composition 1960 # 9 consiste en une ligne droite tracée sur un morceau de papier. C’est
à interpréter et c’est donné sans instructions. La nuit où j’ai rencontré Jackson Mac Low, nous
sommes allés à mon appartement et il lut certains de ses poèmes pour nous. Plus tard, au
moment de rentrer chez lui, il dit qu’il allait nous noter le chemin pour aller chez lui afin que
nous puissions venir lui rendre visite à l’occasion. Il se trouve qu’il prit Composition 1960 # 9 et
dit : “Je peux écrire là-dessus ?” Je dis : “Non, attends, c’est un morceau. N’écris pas là6
dessus.” Il dit : “Comment ça une composition ? C’est juste une ligne.” »
La Composition 1960 # 10 est dédiée à Bob Morris. Elle est la suivante : « Tracez une ligne
droite et suivez-la. »
En 1961, intéressé par « l’événement singulier », La Monte Young la réécrit vingt-neuf fois,
avec chaque fois une date différente. Il l’exécute à l’époque en tendant des fils à plomb et en
suivant leur tracé au sol avec une craie (voir notice Maciunas et Fluxus et les « variantes » de
Maciunas).
En 1966, il conçoit la première Drift Study.
En 1968, Marian Zazeela conçoit ses premiers environnements en lumière colorée qu’elle
intitule Light. Ce sont des « sites spécifiques » de grande ampleur dans lesquels des lumières
colorées sont très précisément pointées sur des mobiles suspendus créant une lumière
uniforme et des ombres rémanentes.
La première expérience « d’élévation extatique » (Henry Flynt), telle que Young et Zazeela la
pratiquent, se tient en août 1970 au Moderna Museet de Stockholm, lorsque le light show
Ornemental Light Years Tracery (projection de diapositives de Marian dont la série commence
en 1964) est présenté avec la Drift Study de Young. C’est l’ancêtre de la Dream House,
installation permanente de son et lumière.
En 1975, et pour dix ans, la Dia Foundation permet à La Monte et à Marian de développer leur
projet « d’installation à long terme », d’où naîtra la Dream House de six ans (1979-1985),
présentée sur Harrison Street, un ancien entrepôt d’import-export.
En 1989-1990, La Monte Young et Marian Zazeela « exposent » un an à la Dia Foundation :
The Romantic Symmetry (over a 60 cycle base) in Prime Time from 112 to 144 with 119/Time
Light Symmetry.
En 1990, la galerie Donguy à Paris présente une Dream House. Le FNAC acquiert l’intégralité
de cette Dream House et dépose l’œuvre au musée de Marseille. L’œuvre se compose d’une
Drift Study de La Monte The Prime Time Twins in the Ranges 448 to 576, 224 to 288, 112 to
144, 56 to 72, 28 to 36, with the Ranges Limits 576, 448, 224, 144, 56, 28, 1990 et de
l’environnement lumineux Primary Light, de la sculpture Untitled M/B, 1989, de la seconde
permutation en néon Dream House Variation II, 1990, et de Magenta Day/Magenta Night,
1990, de Marian Zazeela.
En octobre 1993, les deux artistes créent pour la MELA Foundation un environnement
lumineux de sept ans : The Dream House : Seven Years of Sound and Light.
De 1991 à 1998, nous rencontrons plusieurs fois Marian et La Monte, nous leur proposons
d’exposer l’œuvre du FNAC dans une version définitive à Lyon ; le troisième étage du Musée
permet en effet de créer une qualité de lumière exceptionnelle en mêlant lumière naturelle
2
« La notion de durée se situe au cœur même du concept fondamental de la musique américaine basée
sur des sons longuement tenus ou incessamment répétés que l’on a pris l’habitude de qualifier de
“minimaliste” et au développement de laquelle, à la suite de La Monte Young – son initiateur dès 1958
avec un décisif Trio à cordes – ont contribué Terry Riley, Steve Reich, Phil Glass et de nombreux autres
compositeurs. » (Daniel Caux, ibid.)
3
La première de la chorégraphie est donnée le 29 novembre 1960 à San Francisco, après le départ de La
Monte Young pour New York.
4
Parmi le public, il y a Bob Morris, Simone Forti, Yvonne Rainer, Trisha Brown…
5
Conférence 1960, Éd. Eolienne, 1998, p. 39-40.
6
Ibid., p. 28.
© Musée d’art contemporain de Lyon - 2010
2
zénithale filtrée et lumière
colorée électrique. La Dream
House de Lyon, telle que la
nomme désormais les artistes,
englobe, selon les calculs de
Marian, « un volume de 101 598
pieds cubes de lumière ». C’est
la plus grande installation après
celle
de
Harrison
Street
Building. Mais, ajoute-t-elle :
« celle
de
Lyon
occupe
6 195 pieds carrés, tandis que
7
l’autre n’atteint que 4 900 ».
À l’issue de l’exposition, à la
demande des artistes et en
accord avec le Musée de
Marseille, le FNAC dépose
l’œuvre au Musée de Lyon
« dans l’espace qui lui revient »
(selon les termes de La Monte). La Monte Young et Marian Zazeela, Dream House, 1990 ©Blaise
L’œuvre,
désormais
son, Adilon
espace et lumière mêlés,
contient à elle seule tous les termes induits par la création commune de Marian et La Monte,
elle est tout à la fois spécifique et générique (sur la notion d’œuvre générique, voir notices
Kabakov, Filliou, Parmiggiani).
8
À l’occasion de la Biennale 2005 , La Monte Young crée une version nouvelle de la Dream
House de Lyon intitulée : Environnements sonores et lumineux continus jusqu’à histoire
propre…
Quelques années auparavant, le Musée a acquis deux éditions d’An Anthology… publiées par
La Monte Young en 1963 et 1970 (voir notice Georges Maciunas et Fluxus), avec une
maquette de Maciunas, ainsi que la page que Robert Morris a retiré de l’ouvrage quelques
jours avant sa première reliure.
En 2007, la Dream House de Marian et La Monte Young fait l’objet d’un transfert de propriété.
Elle porte désormais le n° d’inventaire 2007.12.5.
La Monte YOUNG,
Né en 1935 à Bern (États-Unis), vit et travaille à New York (États-Unis)
Marian ZAZEELA,
Née en 1940 (le 15 avril) à New York (États-Unis), vit et travaille à New York (États-Unis)
7
Marian Zazeela, Drawings, Kunst im Regenbodenstadl, 2000, p.45 ; exposition au Musée d’Art
Contemporain de Lyon, festival Musiques en Scène, 12 février-11 avril 1999.
8
Expérience de la durée. Commissariat Nicolas Bourriaud et Jérôme Sans. Direction artistique Thierry
Raspail. Régie artistique générale Thierry Prat. 12 septembre-31 décembre 2005.
© Musée d’art contemporain de Lyon - 2010
3