La rivière de Pénerf - Eau et Rivières de Bretagne

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La rivière de Pénerf - Eau et Rivières de Bretagne
La rivière de Pénerf
1. Localisation: La rivière de Pénerf est une rivière qui se jette dans l’Océan Atlantique entre Damgan et Sarzeau, dans la rade de Pénerf, dans le département du Morbihan.
Entre presqu’île de Rhuys et baie de Vilaine, bien dissimulé dans un bocage traditionnellement agraire et légèrement vallonné, au cœur du pays côtier Rhuys-Muzillac, l’étier
de Pénerf s’étire sur près de 4000 ha partagés entre les communes du Tour du Parc, de
Sarzeau, Surzur, Ambon et Damgan.
Principalement alimentée en eau douce par le ruisseau de la Drague (ou Drayac), cette vaste zone humide maritime s’organise autour d’un large estuaire et se caractérise par un enchevêtrement complexe d’étangs, petits ruisseaux ou étiers, marais, lagunes, vasières et prés-salés où alternativement, eaux douces et eaux de mer
courent, circulent, stagnent et se mélangent au rythme des marées et de leur coefficient.
2. son bassin-versant :
Le bassin-versant est une portion de
territoire dont les eaux alimentent
un cours d’eau. Il est délimité par une
ligne de partage des eaux. Tout bassin-versant se définit géométriquement, par rapport à un lieu donné d’un
cours d’eau (embouchure ou un point
quelconque) par un contour (ligne de
partage des eaux) et par une superficie.
Limites du bassin-versant
Source: Ifremer
Une goutte d’eau qui tombe à Berric suivra la pente qui l’emmènera le plus
rapidement possible à la rivière qui elle-même suivra la pente qui la conduira
à l’estuaire sur l’Atlantique.
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La rivière de Pénerf
Les bassins-versants sont de toutes tailles, depuis les 110 000 km2 (1/5e du territoire français !) pour celui de la Loire à nos modestes 136 km2 pour celui de Pénerf…
Un bassin-versant a une tête (Berric) et une embouchure (Pénerf) et on lui trouve toujours des
sous bassins-versants.
Les cours d’eau du bassin-versant sont nombreux :
- la rivière de la Drayac, principal cours d’eau du bassin-versant, sur Berric, Lauzach, Ambon,
la Trinité-Surzur et Surzur;
- le ruisseau du Loc passant par Ambon;
- le ruisseau de l’Epinay à Surzur;
- l’étier du Lic entre Ambon et Damgan;
- l’étier de Caden, entre Surzur et le Tour du Parc;
- l’étier de Kerboulico sur Sarzeau.
Et tous, rivière, ruisseaux, étiers alimentent la rivière de Pénerf.
3. Les caractéristiques physiques :
a. Le climat :
Dans le Morbihan, la température annuelle moyenne est comprise entre 10,9 et 12,6°C. Le
nord-ouest du département est le secteur le plus froid. La bande côtière et les îles ont les
températures moyennes les plus hautes car elles bénéficient des effets océaniques et de la
latitude. Sur la côte, les brises thermiques qui résultent de la différence de température
entre l’air au-dessus de la terre et l’air au-dessus de la mer empêchent la hausse des températures maximales l’été. Les records connus de minima et de maxima mesurés sont de -14.5°C
à Ploërmel en février 1986 et de 41°C à Guer en août 2003.
L’été, c’est dans l’est du département que l’on recense les températures les plus chaudes et
l’hiver, c’est dans le nord, nord-ouest qu’il fait le plus froid.
Le maximum de précipitations se produit durant la saison froide. Les mois les plus pluvieux sont décembre et janvier et les mois les plus secs sontjuillet et août. De manière
générale, la pluviométrie est plus faible sur le littoral et à l’est du département.
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La rivière de Pénerf
C’est sur la frange littorale et sur le Golfe du Morbihan que l’ensoleillement est le plus important avec en moyenne 1 900 heures par an ce qui est légèrement supérieur par exemple au Pays
basque (source Météo France). Cet ensoleillement diminue vers l’ouest (seulement 1 750 heures
à Lorient) et encore plus dans les terres.
b. Les risques naturels
Nous avons en mémoire la tempête qui a eu lieu dans la nuit du 9 au 10 mars 2008 : avec la
conjugaison soudaine de vents de plus de 130 km/h, de la grande marée et d’une surcôte de 50
cm due aux basses pressions, les vagues ont envahi la côte occasionnant des dégâts importants
à Sarzeau, au Tour du Parc, à Damgan et à Ambon, communes déclarées en état de catastrophe naturelle. Chantiers d’ostréiculteurs avec bâtiments effondrés et machines inutilisables,
protections maçonnées de route côtière détruites, enrochements balayés, aménagements de
plages à refaire, goudrons de parking soufflés, maisons inondées par les vagues franchissant le
cordon dunaire, les dégâts s’élèvent à plusieurs centaines de milliers d’euros.
En l’absence de protection, le trait de côte s’est déplacé de plus de 1,50 m, comme à la Tour des
Anglais, où le sentier côtier a dû être refait en prenant sur les propriétés privées.
Des tempêtes comme évoqué ci-dessus se sont déjà produites quelquefois par siècle. Certaines
ont été exceptionnelles : le 31 décembre 1705 à Sarzeau la mer s’est élevée de 5 mètres audessus des plus hautes eaux et, en 1899, les maçons de la chapelle de Notre-Dame de la Côte à
Penvins, durent escalader les murs en construction pour échapper au flot…
L’élévation du niveau de la mer accentue ces risques en augmentant la fréquence de telles
tempêtes mais il est difficile à évaluer pour le bassin-versant. A l’influence du réchauffement
climatique s’ajoute en effet la tendance à l’enfoncement - on parle de subsidence - du golfe du
Morbihan. En témoignent les monuments mégalithiques immergés dans le golfe : à cette époque,
le niveau de la mer était probablement de 8 mètres en dessous de l’actuel !
Tempêtes et montée des eaux nous rappellent donc que nous sommes exposés aux risques naturels.
Avant la tempête, la dune et son sentier
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Après la tempête, la dune a en partie disparu
La rivière de Pénerf
Mais quels sont les autres risques ?
Les tremblements de terre tout d’abord. Ils sont relativement fréquents mais leur magnitude
faible ne provoque pas des dégâts importants même pour les plus forts. Il est d’ailleurs probable que les événement de Sarzeau et de Penvins évoqués ci-dessus soient la conséquence d’un
raz-de-marée.
Enfin les inondations liées aux fortes précipitations. Elles ont de tout temps existé mais elles
risquent de se renforcer avec le réchauffement climatique qui provoquerait une augmentation
de la pluviométrie et surtout de fortes précipitations.
S’il est impossible de prévoir les séismes et donc les tsunamis, on peut raisonnablement penser
que les évènements exceptionnels comme ceux de mars 2008 vont se renouveler plus fréquemment, conjuguant marées de vives-eaux, fortes précipitations et vents violents.
Il importe donc que les communes côtières préparent l’aménagement futur de leurs côtes.
b. Relief et géologie :
L’estuaire de Pénerf est une ria profonde de 15 km avec des parties larges, jusqu’à 500 m et
des zones de reserrement. De larges banquettes vaseuses découvrent à marée basse sur tout
le cours de l’estuaire et à l’embouchure.
L’altitude minimale est de -5 m et au maximum de 25 m.
La géologie du bassin-versant de Pénerf est principalement constituée de roches métamorphiques comme le granite, gneiss et mylonite.
carte géologique de bretagne
c. Les débits :
Source: document de révision du SAGE Vilaine
Les débits moyens sont de 2m3/sec en hiver et 0.2m3/s en été.
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La rivière de Pénerf
4. Les collectivités concernées :
Le bassin-versant couvre le territoire de 8 communes: Ambon (qui signifie en vieux gaulois
«entre deux rivières»), Berric, Damgan, Lauzach, Sarzeau, Surzur,Le Tour du parc, La TrinitéSurzur.
Pénerf est un village appartenant à la commune d’Ambon. C’est de ce village que vient le nom
de la rivière. Pénerf signifierai “extrémité du sillon”. Cela viendrait du breton PENN : “tête,
extrémité, pointe” et ERF : “sillon” (comme pour le Sillon de Talbert). ou bien encore “La pointe
des pingouins”. Déformation du breton “Penn erev”. PENN : “tête, extrémité, pointe” et EREV
étant le nom breton du Guillemot de Troïl, pingouin que l’on trouve parfois l’hiver, vivant ou
mort, sur les plages d’Ambon.
Ces communes appartiennent à des communautés de communes:
- Communauté de communes de Questembert;
- Communauté de communes de la Presqu’île de Rhuys;
- Communauté de communes de Muzillac;
- Communauté d’agglomération de Vannes.
Ces communautés de communes sont elles-mêmes intégrées dans le Pays de Vannes.
5. La population :
Elle est d’environ 18000 habitants sur tout le territoire du bassin-versant. Ce chiffre peut
rapidement augmenter durant la période estivale.
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La rivière de Pénerf
6. « Histoire de la vallée » :
La rivière de Pénerf est formée par la partie maritime des rivières et ruisseaux de la Drayac,
de l’Epinay, du Loc et de la rivière de Sarzeau ; elle se présente de nos jours sous une forme
d’étoile. Son origine est très ancienne, amorcée au cours de l’ère tertiaire, amplifiée au cours
du Quaternaire. Débit, localisation et tracé de la rivière ont été fortement influencés par les
variations du niveau de la mer et les mouvements du continent suite aux tremblements de terre
dus aux failles (dont 20 de magnitude 5 au XXe siècle, sans oublier celui du 30 septembre
2002).
A une échelle historique plus réduite, l’homme a perturbé son fonctionnement : ainsi actuellement il n’est plus possible d’accéder aux anciens ports d’échouage d’Ambon. La région se
caractérise par la permanence de l’habitation humaine qui n’apparaît discontinue que par les
découvertes archéologiques. La rivière était un lieu favorable pour les habitats et les possibilités de communications et d’échanges. Aussi, toutes les périodes archéologiques, depuis le
paléolithique jusqu’à l’époque romaine sont représentées :
• le paléolithique particulièrement sur Damgan et Ambon,
• le néolithique sur Ambon et Surzur (nombreux dolmens et menhirs),
• l’âge du Bronze à Damgan et Ambon,
• l’âge du Fer sur pratiquement toutes les communes,
• l’occupation romaine enfin, qui a laissé des vestiges discrets mais riches à Surzur, Ambon,
Lauzach et Berric : voies romaines, villas, ateliers de potiers…
Au IXème siècle Pénerf est déjà l’avantport d’Ambon, un abri portuaire naturel
offrant aux embarcations la possibilité de
rester à flot même à marée basse et de développer ainsi la production du sel venant
des marais salants établis dans la rivière.
Son nom apparaît pour la première fois en
1261, dans un texte, sous le règne du duc
de Bretagne Jean Ier.
La prospérité du port de Pénerf commence
au XIIIème et XIVème siècle. D’abord la
proximité du château de Suscinio (construit
par les ducs de Bretagne en 1218) n’est pas
étrangère à cette ampleur.
Ensuite, grâce à la profondeur de la rivière, les bateaux dans le port peuvent
rester à flot à marée basse. Puis, tout au long des étiers, s’échelonnent de
multiples petits ports. Là se débarquent vin et goëmon (engrais indispensable de l’époque) et s’embarquent sel et céréales de Rhuys vers les pays ibères et les nations du Nord de l’Europe. Mais il y a un inconvénient: l’entrée du
port, parsemée d’écueils, est assez difficile. Les passes ont une profondeur
faible à marée basse, mais pour les bateaux de l’époque (quelques tonneaux)
ce n’est pas un vrai handicap.
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La rivière de Pénerf
Le XVème et surtout le XVIème siècle est l’âge d’or pour Penerf qui est alors le quatrième port
breton. Les marins de la rivière sont spécialisés dans le cabotage et ne comptent que très peu
de pêcheurs. Le nom du port figure sur toutes les cartes marines, même celles couvrant toute
l’Europe, sous des orthographes diverses (Pennerff, Penerph, Penhers et même Pencore), la
petite «baye» étant quelquefois dessinée aussi grosse que le Golfe du Morbihan!
Au début du XVIIe siècle, Richelieu fonde la Compagnie des «Cent Associés» (l’ancêtre de la
Compagnie des Indes) et rêve de développer le commerce avec les Indes en partant d’un grand
port. Mais le projet échoue devant, semble-t-il, l’opposition du Parlement de Bretagne. Ceci
peut être à l’origine d’une légende qui prétend que Pénerf aurait pu être choisie en 1666 par la
Compagnie des Indes à la place de l’Orient et qu’une erreur de navigation est à l’origine du choix
du Blavet! En fait la taille et le tonnage des nouveaux navires de commerce ne permettent plus
de franchir les passes. Dès la fin de ce siècle, le trafic maritime se réduit peu à peu à Pénerf.
Au XVIIIème siècle se développent les salines dans la rivière de Pénerf, mais l’abolition de la
taxe sur le sel, en 1848, et l’autorisation d’importer marquent le début du déclin, l’exploitation
des marais salants, se poursuivant pourtant jusque vers 1930. Aujourd’hui ce sont les pêcheurs,
les ostréiculteurs et les oiseaux qui se partagent les étiers calmes et préservés.
Les marais salants de la rivière de Pénerf
Des “Augets” trouvés sur les dunes de Damgan
témoignent que les romains pratiquaient déjà
l’extraction du sel à partir de l’eau de mer : c’était
un procédé d’évaporation de l’eau par chauffage.
Au XVe siècle, des essais de marais salants ont
eu lieu et au XVIIe siècle, des salines étaient
connues en divers endroits de la rivière. Citons
celles de Brouel et du Prieuré d’Ambon, celles du
Mené, Saint Guérin, Pouillac, l’Ile, Kerhellec... et
sur la commune de Damgan.
L’industrie du sel fut particulièrement florissante tout au long du XVIIIe siècle. Elle déclina au cours du XIXe siècle et pour disparaître
vers 1922 à Damgan, 1930 à Ambon. Outre la
richesse apportée par cette matière première,
son influence fut extrêmement importante sur
les populations car tous les premiers paludiers
provenaient de la région de Guérande - Bourg de
Botz.
Les douaniers, pour surveiller le transport du sel, étaient très nombreux
et étaient originaires de tous les coins de France. Un certain nombre se
fixa dans la région et dans les communes voisines (Muzillac).
Un marais salant a été restauré* non loin de la rivière de Pénerf : le
marais de Lasné à Saint Armel, un bon moyen d’aller découvrir cette
activité en famille…
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La rivière de Pénerf
Les moulins à marée de la rivière de Pénerf
(d’après Maurice BERRIER)
Dès le XIIe siècle en Bretagne, des moulins à
marée sont construits par les ordres religieux
tels que les Chevaliers de l’ordre de Jérusalem
pour le moulin de Pencastel (Arzon).
Pour ce type de moulin, l’emplacement de la digue
et du bassin de retenue est naturel, imposé par
le site et l’ampleur du marnage. L’arrivée de l’eau
au moulin nécessite un double système de vannes, côté mer et côté bassin, manoeuvré par le
meunier qui doit alors suivre le rythme des marées. C’est pourquoi un moulin à marée est souvent associé à un moulin à vent tenu par le même
meunier. Nombreux sur la rivière de Pénerf, les
moulins à marée, faute d’entretien ou par suite
d’évènements économiques ou climatiques sont
“ruinés” et disparaissent progressivement.
Le moulin de Billion vers 1945/1950
On peut citer :
• le moulin à mer de Billion : situé sur la Drayac, à quelques dizaines de mètres en amont
du pont (route de Surzur Ambon), proche du moulin à vent, on distingue quelques restes de la digue,
• le moulin de l’Epinay : doublé lui aussi d’un moulin à vent, appartenant au Marquis Quifistre de Bavalan, il est ruiné au début de la Révolution. Sa digue supportant un chemin
rural est encore très visible,
• le moulin de Caden : sur l’étier de Caden, il est ruiné en 1830. Sa digue est très reconnaissable, ainsi que sa retenue,
• le moulin de Banastère : il est ruiné à la fin du XVIe siècle,
• le moulin de St-Guérin : prévu dans l’étier de St-Guérin entre Pénerf et Damgan,
projet déposé en 1845, bénéficiant d’une situation favorable, il n’a jamais été construit
suite aux réclamations des habitants de Pénerf et Damgan. Tous ces moulins, qu’ils
soient à marée, à vent ou construits sur des ruisseaux à très faible débit, témoignent
de la richesse des “terres à froment” due à l’utilisation du goémon, alors seul engrais
disponible en grandes quantités.
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La rivière de Pénerf
7. Faune FLore
a. Habitats naturels présents:
- Mer, bras de mer - Marais salants, prés-salés, steppes salées - Prairies semi-naturelles humides, prairies mésophiles améliorées - Rivières et estuaires soumis à la marée, vasières et bancs de sable, lagunes
- Landes, broussailles,
- Dunes, plages de sables, - Marais (végétation de ceinture), bas-marais, tourbières
- Forêts caducifoliées
- Végétation annuelle des laisses de mer - Falaises avec végétation des côtes atlantique et baltique b. La population piscicole :
La Drayac, qui est une petite rivière côtière classée en première catégorie piscicole, offre de
bonnes possibilités de pêche de la truite. Quelques truites de mer sont présentes sur la partie
basse.
Il n’y a eu, à ce jour, aucune présence de saumon avérée. En revanche la Drayac a été une rivière
réputée pour la pêche de la truite de mer où elle se reproduisait. On y trouvait également des
flets, des lamproies et des anguilles.
Une truite fario
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La rivière de Pénerf
c. Espèces et espaces remarquables :
Pierre Dubois
L’étier de Pénerf est un site de valeur internationale pour les oiseaux d’eau, reconnu par la
convention de Ramsar, et qui fonctionne en complémentarité avec le golfe du Morbihan à l’ouest
et l’estuaire de la Vilaine à l’est.
Elle est aussi en zone Natura 2000. Ce zonage est d’ailleurs en révision pour une extension. A
travers cette extension de périmètre, les différents usagers de la zone marine pourront faire
converger leurs préoccupations pour une meilleure connaissance et protection des oiseaux marins au sein d’un comité de pilotage élargi aux nouveaux acteurs concernés par l’extension.
Comme pour le site déjà existant, des usages et des pratiques respectueux des espèces et
habitats marins pourront faire l’objet de contrats et chartes Natura 2000.
Grand gravelot
La ZPS (Zone de protection spéciale) est d’importance
internationale pour l’hivernage de l’avocette élégante
et accueille des effectifs d’importance nationale pour
plusieurs espèces : spatule blanche, tadorne de Belon,
grand gravelot, barge rousse, courlis cendré et chevalier gambette. En période de nidification, le site accueille
la reproduction de plusieurs espèces de limicoles mais
en effectifs marginaux, ainsi qu’une colonie de sternes
pierregarin d’importance régionale sur l’îlot de Riom.
La rivière de Pénerf, très ramifiée, comprend plusieurs
étiers et les vasières y occupent de grandes étendues.
Un schorre dense colonise le fond des différents étiers,
y compris les salines abandonnées.
Pierre Dubois
L’îlot de Riom est un site important puisqu’il abrite
une colonie de sternes pierregarin depuis plusieurs
années, la sterne caugek s’y est reproduite en 2007.
Les chenaux et les eaux peu profondes de la rivière
de Pénerf constituent des zones de pêche. D’autres
zones de pêche se situent dans la baie de la Vilaine
et devant les côtes de la presqu’île de Rhuys.
Les marais endigués mais aussi les prairies humides
et les prés-salés sont exploités par les limicoles pour
leur nidification. En période internuptiale, Les secteurs de la ZPS les plus importants pour l’avifaune
sont localisés dans la partie aval de la rivière de PéAvocette élégante
nerf, c’est-à-dire sur la zone où se situent les principales vasières.
Les marais littoraux et lagunes sont également ex ploités comme
zones d’alimentation. A marée haute, les reposoirs du tadorne de
Belon et de plusieurs espèces de limicoles sont localisés généralement en limite de pré salé. Ardéidés et spatule blanche rejoignent
le dortoir du Castel (Le Tour du Parc) ou se dirigent sur les marais
de Séné dans le golfe du Morbihan. Le grand gravelot et le bécasseau variable se répartissent sur la côte entre Penvins et Pénerf.
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Tadorne de belon
Pierre Dubois
Pierre Dubois
La rivière de Pénerf
Spatule blanche
Justification de la proposition d’extension
L’intégration de la zone comprise entre la pointe de Penvins et la Tour-des-Anglais ainsi que
l’étier de Kerboulico et les marais de Suscinio-Landrezac vont conforter l’intérêt de la ZPS, en
tant que sites complémentaires de la partie estuarienne de la rivière de Pénerf, du moins pour
certaines espèces d’oiseaux d’eau. Les marais de Suscinio-Landrezac de même que l’étier de
Kerboulico ont ainsi un potentiel intéressant pour la nidification des limicoles et comme halte
migratoire pour le phragmite aquatique, dont des individus sont recensés chaque année dans
cette zone. Ils fonctionnent par ailleurs en complémentarité avec le golfe du Morbihan et la
rivière de Pénerf pour l’accueil des spatules blanches en hivernage ou en halte migratoire.
En période d’hivernage et de migration, le secteur compris entre la pointe de Penvins et la
Tour-des-Anglais est une zone d’alimentation importante pour des espèces présentant des
effectifs intéressants et dont une faible proportion fréquente la ZPS actuelle :
- Bernache cravant : entre 500 et 800 individus en hivernage ;
- Bécasseau variable : jusqu’à 3 000 oiseaux en hivernage soit environ 1 % des hivernants français
- Grand gravelot : stationnements comptant entre 300 et 400 individus en hivernage (soit
entre 2 et 3 % des hivernants français) et entre 1 000 et 1 500 oiseaux au moment de la migration post-nuptiale soit près de 2 % de l’effectif international.
Par ailleurs, ce secteur accueille des reposoirs de marée haute très importants pour les
limicoles s’alimentant à marée basse dans le golfe du Morbihan (cas du grand gravelot,
du bécasseau variable et du pluvier argenté). Enfin, le bois du Castel (Le Tour-du-Parc)
accueille une des trois principales colonies d’ardéidés du site Ramsar ainsi qu’un très important dortoir de spatules blanches pendant la période internuptiale.
L’extension marine au droit de la rivière de Pénerf permettra de prendre en compte les
zones d’alimentation les plus proches des oiseaux plus pélagiques tels que les grèbes, les
sternes et les laridés.
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La rivière de Pénerf
e Les actions menées sur le territoire:
Un succès, un trophée pour la réhabilitation de la Drayac
Dans les années 80, les cours d’eau du Morbihan, dont la Drayac, ont fait l’objet d’importants
programmes de travaux hydrauliques. De nombreux linéaires de cours d’eau ont alors été curés
et recalibrés, prenant la forme d’”autoroutes”. Pour la Drayac, qui est un cours d’eau salmonicole (à truites et à saumons), ceci s’est traduit par la dégradation des habitats des truites
fario (suppression des abris, réduction des frayères -lieu où les poissons produisent ou déposent leurs oeufs- par exemple) et leur régression dans la rivière. La Drayac est également
importante pour les truites de mer, les lamproies marines, les anguilles...
Il a alors semblé nécessaire d’engager des actions de réhabilitation de ce cours d’eau, qui
consistent à rendre à la rivière ses fonctionnalités naturelles en recréant de manière artificielle des aménagements que la nature s’appropriera par la suite. Ainsi, le 23 septembre 2006
à Lauzach, la Fédération de Pêche du Morbihan et l’APPMA (Association pour la pêche et la
protection des milieux aquatiques) de Muzillac ont organisé un chantier de réhabilitation sur
la Drayac. Cette journée avait un double objectif : réhabiliter 1,5 km du cours d’eau et former
des bénévoles à cette pratique. 250 bénévoles des 26 APPMA morbihannaises se sont rassemblés à cette occasion.
Deux sites sur la commune étaient concernés : le premier en amont de l’étang et le second à
l’aval du bourg. Trois types d’aménagement y ont été entrepris :
- Les aménagements hydrauliques dont le but est de recréer localement la sinuosité du lit de la
rivière et de diversifier les écoulements.
- Les aménagements piscicoles dont l’objectif est de recréer une mosaïque d’habitats pour la
truite fario.
- Les aménagements complémentaires qui consistent à entretenir la végétation des rives.
Une portion de la Drayac avant travaux
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Une portion de la Drayac après travaux
La rivière de Pénerf
8. Activités économiques
a. les activités sur le bassin-versant
Sa situation géographique, alliée à une bonne desserte routière et ferroviaire, a favorisé l’essor du tourisme. L’économie du pays est dominée par le secteur des services, notamment touristiques, où se sont créées le plus d’activités nouvelles, et par une industrie tournée surtout
vers l’agroalimentaire : abattage et découpage de volailles, fabrication de produits culinaires.
La conchyliculture et l’agriculture (production laitière et maraîchère, porcine et avicole) restent cependant des activités importantes. Relayée par les pôles secondaires bien équipés de
Questembert, Muzillac et la Roche-Bernard à l’Est, Sarzeau au sud, Grand Champ et Elven au
nord Vannes est le principal pôle de services et d’emploi du pays.
b. Les activités liées à la mer :
L’ostréiculture de la rivière de Pénerf (d’après Maurice BERRIER)
Consommée depuis les époques préhistoriques, l’huître de Pénerf provient de l’exploitation desbancs naturels de la rivière de Pénerf. Mais, comme elle est très appréciée, son exploitation
est réglementée dès le XVIIIe siècle pour éviter sa disparition et favoriser sa régénération.
Les premiers parcs ou concessions apparaissent en rivière de Pénerf en 1858. Ce sont les plus
anciens du Morbihan, mais il s’agit de parcs de stockage car les techniques d’élevage ne seront
maîtrisées que vers 1875. Dès cette date, exploitation des bancs naturels et ostréiculture vont
se développer en parallèle, jusqu’à la destruction du banc naturel de Pénerf en 1890 - pourtant
cité comme très riche - du fait du braconnage et d’une mauvaise gestion des efforts de dragage. Il sera reconstitué grâce à l’arrêt de son exploitation et à son réensemencement avec des
huîtres issues de l’ostréiculture.
A partir de 1880, les ostréiculteurs commencent à mettre en place les structures d’un véritable secteur professionnel. En rivière de Pénerf, on passe ainsi de 15 concessionnaires
en 1860 pour une superficie totale de 2 ha de concessions à 53 entreprises et 235 ha de
concessions en 2007 ! La plus forte concentration est sur Le Tour du Parc avec 34 ostréiculteurs, suivi par Damgan avec 10 ostréiculteurs.
L’huitre japonaise est l’espèce principale
aujourd’hui élevée. Mais ces dernières
années, la «plate» regagne du terrain!
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La rivière de Pénerf
Trois espèces d’huîtres seront exploitées successivement. D’abord, l’huître plate, seule espèce
jusqu’en 1867, la plus réputée, souvent appelée “Pénerfine”. Jusqu’en 1960, elle est protégéepar décret contre l’huître creuse dite “Portugaise” interdite au nord de la Vilaine. Ensuite, la
concurrence ne durera pas car la “Portugaise” sera complètement décimée en 1970 par une
épizootie. L’huître plate ne s’en relèvera pas pour autant, suite aux maladies de 1974 et 1980.
Elle est réduite actuellement à l’état de curiosité.
La “Portugaise” sera remplacée par la “Japonaise” dont le naissain est ramené du Japon après
1970. Cultivée dans les parcs, elle prolifère maintenant à l’état sauvage sur tous les rochers du
littoral faisant le bonheur des touristes pêcheurs à pied. Elle est devenue l’huître de la rivière
de Pénerf.
9. Qualité de l ’eau :
Suivi quantitatif et qualitatif de la qualité de l’eau de la rivière de Pénerf (résultats 2007)
En complément des réseaux existants, 7
nouveaux points de suivi de l’eau douce jalonnant de l’amont à l’aval la rivière sont assurés par le contrat de bassin-versant. Sept
paramètres sont mesurés à chacun de ces
points, tous les deux mois en alternant les
temps secs et les temps de pluie : les nitrates, l’ammonium, le phosphore total, les
orthophosphates, la conductivité, le pH, et
les matières en suspension. Trente six molécules de pesticides sont recherchées durant les crues. De même, la bactérie Escherichia coli est dénombrée afin de prévenir
les pollutions arrivant en mer et capables de
contaminer les coquillages.Les analyses ont montré le bon potentiel de
la rivière : la source de la Drayac est de très
bonne qualité. En revanche, un des affluents
de la Drayac (le Flahec) est extrêmement
pollué. La qualité de la Drayac avant de se
jeter dans la mer est de bonne à moyenne
qualité. Les berges boisées, les méandres,
les cascades oxygénantes ont diminué par
deux la pollution de manière naturelle.
Les débits de la rivière sont changeants pendant les crues hivernales, 600
litres d’eau se jettent chaque seconde dans la ria de Pénerf. A la fin de
l’été, le débit est de 6 litres par seconde : la surveillance doit être accrue
car la dilution des pollutions est alors faible.
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La rivière de Pénerf
a. Evolution des nitrates:
La moyenne est 30 mg/l avec un pic à l’exutoire à 40mg/l. Les courbes reflètent une situation
fragile avec une augmentation des concentrations liées aux épisodes de pluies hivernaux.
source: Révision SAGE Vilaine-Pénerf
b. Evolution du phosphore:
La concentration en phosphore est importante en 2008 mais baisse en 2009. Grande concentration de phosphore (les rejets d’usines agroalimentaires et des stations d’épuration sont trop
concentrés vis-à- vis de la capacité de la rivière) et d’ammonium (dû à des dysfonctionnements
observés sur une usine d’agroalimentaire à Berric).
source: Révision SAGE Vilaine-Pénerf
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La rivière de Pénerf
c.Evolution des pesticides
Forte concentration (14 μg/l) de l’AMPA, molécule de dégradation du célèbre glyphosate contenu, par exemple, dans le “round’up” et utilisé également en agriculture dans la destruction des
couverts végétaux ou avant les semis de maïs. Toutefois en 2008, on observe une baisse due
aux nouvelles techniques agricoles et aux réductions de consommations par les communes
source: Révision SAGE Vilaine-Pénerf
d. Evolution bactériologique:
Du fait des enjeux importants des usages du littoral (conchyliculture, baignade, pêche à pied) un suivi
microbiologique sur la partie eau douce du bassin-versant a été mise en place.
source: Révision SAGE Vilaine-Pénerf
Qualité sur le littoral
Toutes les zones conchylicoles sur Pénerf ont été déclassées de la qualité A à B.
Cette dégradation se matérialise par la mortalité d’huîtres importante et une qualité d’eau de baignade de moyenne à bonne.
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La rivière de Pénerf
e. Actions menées sur le territoire:
Alternatives au désherbage : nos communes innovent
Pour limiter l’utilisation des pesticides sur les espaces communaux, les communes du bassinversant de la rivière de Pénerf se sont engagées dans des chartes de désherbage des espaces
communaux et ont mis en oeuvre des plans de désherbage. Grâce à la démarche, Ambon a choisi
de ne plus traiter chimiquement et d’autres communes commencent à réduire les espaces traités et à utiliser des techniques mécaniques de désherbage. La pousse des herbes folles peut
aussi être évitée dès la conception des aménagements.
Une expérience est actuellement menée par la commune de Damgan. Elle consiste à l’aménagement des accotements d’une avenue et au traitement des trottoirs et fils d’eau de caniveaux
par un nouveau matériau d’aspect naturel. Celui-ci entre dans la catégorie des matériaux HQE
(Haute Qualité Environnementale) et provient des résidus des foyers de combustion des centrales thermiques à charbon. Il permet, grâce à son pH élevé de 12, de réduire considérablement la germination des graines et donc tout développement d’herbe spontanée sur nos trottoirs.
Plusieurs sites ont déjà adopté cette technique qui commence à s’implanter progressivement
dans notre région.
Balayage mécanique des borudures de trottoirs
Désherbeur thermique
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La rivière de Pénerf
10. Les usages de l ’eau
a. Production d’eau potable :
En hiver, les communes de Berric, Lauzach, La Trinité-Surzur, Surzur, Le Tour du Parc et Sarzeau sont alimentées par les usines d’eau potable de Trégat et de Cran à Tréffléan, avec des
compléments apportés par l’étang de Noyalo de la ville de Vannes. En été, s’y ajoute l’usine d’eau
potable de Férel via le barrage d’Arzal sur la Vilaine. Pour les communes d’Ambon et de Damgan,
l’eau potable provient de l’usine de Penmur (Muzillac) en basse saison à laquelle s’ajoute l’eau de
la Vilaine (Ferel) en haute saison.
b. Les stations d’épuration :
Elles sont traitées par le système d’assainissement privé quand l’habitation n’est pas reliée au
réseau d’assainissement collectif; à l’inverse à la station d’épuration de la commune quand l’habitation est raccordée au réseau.
Sur la commune d’Ambon, il y a un projet de nouvelle station d’épuration à Bétahon. Sur la commune de Damgan, c’est le choix d’une station de phyto-épuration qui parfois peut déborder.
Sur la commune de Lauzach – un appel d’offre à été lancé pour la maitrise d’œuvre Station
d’épuration des eaux usées de Lauzach, Berric et la Trinité Surzur.
Sur la commune de Surzur, il existe une station d’épuration.
source: Révision SAGE Vilaine-Pénerf
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La rivière de Pénerf
c. Les activités de loisirs :
Le bassin-versant de la rivière de Pénerf est riche en activités de loisirs. On trouve des pistes
cyclables (de Billiers à Pénerf), des clubs nautiques sur le littoral, du kayak sur la rivière... Le
littoral attire de nombreux touristes par ses grandes plages et les sentiers de randonnée (GR
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Le patrimoine bâti est aussi très riche: la tour des anglais à Damgan, l’église de Pénerf,la chapelle de Kervoyal, anciens moulins...
Un gros projet est en cours pour valoriser et protéger ce patrimoine naturel et bâti: la mise
en place d’un parc naturel régional. Toutes les communes du bassin-versant adhèrent au projet,
qui couvre 38 communes du Morbihan au total. Une enquête publique a été menée durant l’été
2010, qui a rendu un avis favorable.
Une plage à Damgan
Du kayak sur la rivière de Pénerf...
La tour des anglais à Damgan
Un peu de lexique....
Etier: Un étier est un chenal étroit dont la longueur peut atteindre plusieurs kilomètres et contenant de l’eau provenant de la mer.
Ria: Vallée fluviale envahie par la mer
Pré-salé: Milieux naturels à végétation basse situés en bordure haute des vasières littorales
Laisse de mer: La laisse de mer est l’accumulation par la mer de débris naturels (algues, bois mort,
os de seiche, etc.) ou d’origine anthropique.
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