Le don du pain et du vin
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Le don du pain et du vin
Eucharistie et création. «Le pain a une grande valeur symbolique. Le vin aussi. Le premier est un aliment solide. L’autre est liquide. Les deux- le solide et le liquide- sont nécessaires au maintien de la vie. (…) Particulièrement, le pain représente ce dont nous avons besoin chaque jour pour poursuivre notre route. «Donne-nous aujourd’hui notre pain de ce jour», disons-nous en récitant le Notre Père. Le vin est un signe particulier d’allégresse et de fête.» Tous deux viennent d’un «long travail de l’homme et de la femme et de ce fait, ils représentent l’humanité entière et toute sa vie faite de labeur et de repos, de pleurs et de rires, d’inquiétude et d’espoir..» (Garneau) (Adm 1, 21). Les légitimes préoccupations concernant les conditions écologiques de la création en de nombreuses parties du monde trouvent des points d’appui dans la perspective de l’espérance chrétienne qui nous engage à œuvrer de manière responsable pour la sauvegarde de la création. Dans la relation entre l’Eucharistie et le cosmos, en effet, nous découvrons l’unité du dessein de Dieu et nous sommes portés à saisir la profonde relation entre la création et la «nouvelle création», inaugurée dans la résurrection du Christ, nouvel Adam.». (Benoît XV1). Le pain et le vin, ces matières communes accessibles à tous, l’élèveront à Celui qui s’est abaissé et a tout donné pour lui À son tour, il voudra se donner tout entier. Il se fera mineur, plus petit que les petits, et deviendra le frère universel qui communie à la Création tout entière. François d’Assise, patron de l’écologie : «(…) durant la présentation des dons, le prêtre adresse à Dieu une prière de bénédiction et de demande en relation avec le pain et le vin, «fruit de la terre » «de la vigne» et du «travail des hommes». Par ces paroles, en plus d’impliquer dans l’offrande à Dieu toute l’activité et l’effort humains, le rite nous pousse à considérer la terre comme création de Dieu, qui produit pour nous ce dont nous avons besoin pour notre subsistance. Dans le geste humble et simple de l’offrande, «se manifeste, en réalité, une signification très grande : dans le pain et dans le vin que nous apportons à l’autel, toute la création est assumée par le Christ Rédempteur pour être transformée et présentée au Père. Dans cette perspective, nous portons aussi à l’autel toute la souffrance et toute la douleur du monde, dans la certitude que tout est précieux aux yeux de Dieu. Ce geste permet de mettre en valeur la participation que Dieu demande à l’homme, dès les origines, pour porter à son accomplissement l’œuvre divine en lui et pour donner ainsi un sens plénier au travail humain, qui, par L’acte de foi de François est adhésion totale à la parole : «Ceci est mon Corps, ceci est mon Sang». la célébration eucharistique, est uni au sacrifice rédempteur du Christ.» L’image populaire de François en fait un homme de la nature. Pour lui, «tout porte signification du Dieu TrèsHaut» (1Cel 80). La nature fait éclater sa louange. Sa prière englobe son environnement.: «Loué sois-tu mon Seigneur…». Dans son cantique du soleil, il n’a pas mentionné la nourriture «fruit de la terre et du travail humain», mais, en bon italien qu’il est, il n’est pas indifférent au pain et au vin qu’il partage avec «ses frères les bandits» pour qui il a dressé la table. Qui ne se souvient de cette autre anecdote où avec tendresse, il invite toute la fraternité à manger avec son jeune frère affamé qui ne pouvait, pendant la nuit, supporter la tyrannie de la faim. Mais pendant l’Eucharistie, le regard qu’il porte sur le pain et le vin allait au-delà des apparences : «… lorsque de nos yeux de chair, nous voyons du pain et du vin, sachons voir et croire fermement que c’est là, réels et vivants, le Corps et le Sang très saints du Seigneur» Le pain, fruit de la terre est aussi le produit du travail humain. François invitera ses frères à s’engager dans le travail. On connaît sa réaction devant Frère mouche (2Cel 75). «Ils estimeront le travail comme un don et comme un moyen de participer à la création, à la rédemption et au service de la communauté humaine», écrira-t-il dans sa Règle (1R, 7,4; 2R 5,1). Création et travail dans la tradition franciscaine Lors de la dernière Cène, Jésus a choisi le temps d’un repas pour révéler le mystère de l’Eucharistie aux disciples qui ont partagé sa vie. Lorsque l’on fait mémoire de ce repas d’adieu, le rituel de l’offrande ramène l’attention de l’assemblée sur le pain et le vin, fruits de la terre et du travail humain et supports de la présence de Jésus. Pain et vin proviennent tous deux de semences qui meurent pour être ensuite transformées et mélangées afin d’offrir une nourriture simple, une force de vie, un service de partage avec les autres. Aux XIIe et XIIIe siècles, préparer la nourriture est surtout une activité féminine Aussi les femmes se distinguent-elles dans leur foi à l’Eucharistie par leur désir de la communion qui, à l’époque, a du mal à prendre racine dans le peuple. Comme elles, Claire manifeste son attrait pour l’Eucharistie repas. Dans l’oratoire de St-Damien, toutes les fresques sont eucharistiques. On finit par devenir ce que qu’on contemple et ce qu’on mange. Devant le mystère d’amour et d’action de grâces du pain eucharistique, Claire est devenue louange, et bénédiction. «Je rends grâce», cette expression revient sans cesse sous sa plume. Claire se nourrit de la pauvreté de son Dieu, de sa présence intime. Marie de la Passion demandait que dans chaque réfectoire soit exposé un tableau de la Cène. Pour elle, le pain et le vin, aliments pour le corps, symbolisent la nourriture de l’âme. Le temps du repas est un temps de rencontre, de partage et d’écoute de la Parole. Chez les sœurs, une tradition voulait qu’une portion soit déposée devant la statue de la Vierge; comme symbole de la part des pauvres. C’était l’Eucharistie prolongée dans la vie. Il est évident que François, Claire et Marie de la Passion ont vécu et exprimé leur foi dans un contexte socioculturel qui n’est pas le nôtre. Mais la profondeur de leur expérience spirituelle est telle que, solidaires des courants de pensée et de sentiments bien propres à leur temps, ils vont directement à l’essentiel (Michel Hubaut). Réflexion Quand j’assiste aux offrandes, est-ce que je pense de déposer sur la patène et dans la coupe, toute ma personne avec ses joies, ses soucis, ses aspirations, ses douleurs…? Est-ce que j’y dépose aussi les autres, mes frères, ceux qui ont fabriqué ce pain et ce vin? Pain rompu et partagé… qu’est-ce que cela signifie pour vous? Est-ce que je remercie pour la contribution de chacun de nous à la survie des autres? Est-ce que j’offre ce pain et ce vin dans la joie et l’allégresse? Est-ce que je m’offre dans la joie et l’allégresse? Est-ce que généralement je fais en sorte que mes repas soient un moment d’offrande et d’action de grâces? L’offrande du pain et du vin nous pousse à considérer la terre comme création de Dieu. Ai-je souci en 2008 de sauvegarder la création? Est-ce que je peux nommer quelques gestes qui, dans ma vie quotidienne, témoignent de ce souci? Vous arrive-t-il de percevoir votre travail comme votre participation à la création? Quelles valeurs humaines se développent dans le travail? Vous-est-il possible de les évangéliser? Comment? Comment vivez-vous votre travail? - Un devoir? une obligation? - une servitude? - un prestige? - un acte d’amour?? - une joie? - une production? «Donne-nous aujourd’hui notre pain de ce jour, ton Fils bien-aimé notre Seigneur Jésus-Christ, pour que nous puissions nous rappeler, mieux comprendre et vénérer l’amour qu’il a eu pour nous … Pater paraphrasé de François d’Assise L’Eucharistie, Don de Dieu pour la vie du monde Prière À la table de ta maison, Seigneur, il y en a pour toutes les couleurs : de l’indien à l’esquimau, de l’africain au tibétain, du blanc au polynésien, Tu déploies l’arc-en-ciel de ton Église, des confins aux confins de la terre. Cantique du Soleil Chants : Pain et du Vin Fruits de la terre et du travail humain de François d’Assise La valse des Créatures Que tes œuvres sont belles (couplet 2) Fiche no 2