l`allergie aux pollens
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l`allergie aux pollens
ATCHOUM ! – LE JOURNAL DE L'ALLERGIE N° 7 – SEPTEMBRE 2001 L’ALLERGIE AUX POLLENS Place de l’allergie aux pollens -Par leur importance, les pollens constituent le second aéro-allergène dans nos régions tempérées. L’allergie la plus fréquente est due aux pollens de graminées. -Les manifestations ORL ou respiratoires sont caractérisées par leur soudaineté et leur violence. -On connaît des réactions croisées avec des aliments se traduisant parfois cliniquement : pomme, noisette… -Les relevés polliniques sont des éléments importants de la prise en charge des patients allergiques au pollen, aussi bien au niveau diagnostic que dans le cadre des traitements préventifs. Rappels sur les pollens et palynologie -Les grains de pollens ou microspores sont produits par les étamines mâles des fleurs qui vont féconder le pistil femelle des plantes. -On distingue 2 grands types de pollens et cette distinction est fondamentale en allergologie : Les pollens entomophiles : véhiculés par les insectes (abeilles, papillons…), ces pollens sont produits en faible quantité, ils sont lourds, visqueux, collants et de taille importante. Ils pénètrent donc mal dans les voies respiratoires. Ce sont notamment, les pollens des arbres fruitiers (cerisiers…) et des fleurs d’ornement (roses..). Ils sont peu allergisants. Les pollens anémophiles : véhiculés par le vent, ils sont en quantité très importante dans l’air ambiant. Petits, légers, pulvérulents, ils pénètrent donc très facilement dans les voies aériennes (< 5µm). Ce sont ces pollens qui sont en cause dans l’allergie respiratoire saisonnière. Remarque : tout ce qui contribue à déchiqueter les grains de pollens (en particulier les violents orages) libère des allergènes puissants contenus dans les particules amylacées. -Le pouvoir allergisant de chaque pollen est différent. Le potentiel allergisant est : *important ou très important = niveau 4 à 5 : aulne, bouleau, charme, chêne, cyprès, graminées, pariétaire, ambroisie, armoise *moyen = niveau 2 à 3 châtaignier, frêne, hêtre, mûrier, noisetier, olivier, platane, peuplier, saule, tilleul, oseille, plantain, chénopode *faible à nul = niveau 0 à 1 pin, thuya, troène, ortie -Des capteurs de pollens sont installés dans toutes les grandes villes de France et des comptages sont effectués toutes les semaines (les pollens de chaque famille de plantes ayant une forme typique qui permet de les reconnaître). Ces relevés polliniques permettent d’établir un calendrier pollinique, variable en fonction des conditions atmosphériques. Ces informations sont disponibles sur le site internet du réseau national de surveillance aéropollinique (rnsa) : www.rnsa.asso.fr Trois grandes saisons peuvent ainsi être individualisées : 1ère saison : pré-saison pollinique -> pollens d’arbres 2ème saison : grande saison -> pollens de graminées 3ème saison : arrière-saison pollinique -> pollens d’herbacées 1ère saison : pollens d’arbres L’allergie aux pollens d’arbres est moins fréquente que celle aux pollens de graminées mais plus complexe. Il y a de grandes spécificités régionales, on ne trouve pas les mêmes arbres partout, et ils ne pollinisent pas en même temps, ni géographiquement, ni d’une année sur l’autre. D’où l’importance des relevés polliniques toutes les semaines qui comptabilisent le nombre de grains de pollens par m3 d’air. Cette saison pollinique démarre en Janvier et plus ou moins tôt selon les régions pour se terminer en Mai. L’allergie aux pollens d’arbres est généralement associée à l’allergie aux graminées. Les bétulacées dominent avec notamment le bouleau. On observe l’émergence des cupressacées dont le cyprès, à l’importance clinique indiscutable dans le Sud de la France. SELARL Fleurquin-Bouilloux-Albouy-Bosc-Bringer BP 108 12001 RODEZ CEDEX 2ème saison : pollens de graminées MAI-JUIN-JUILLET L’allergie aux pollens de graminées représente 90% des pollinoses. On distingue 2 types de graminées : les fourragères (celles qui vont donner du foin et qui poussent à peu près partout, au bord des routes, dans les champs…) et les céréalières (blé, orge, avoine…). Les fourragères sont de très loin les plus importantes en allergie, elles sont responsables du fameux « rhume des foins ». Ce qui est pratique en biologie, c’est qu’elles croisent toutes entre elles. L’allergie aux graminées céréalières est assez rare, d’autant plus que les céréales actuelles, copieusement « manipulées » génétiquement ne pollinisent plus beaucoup. Remarque : au début de l’automne, on assiste à une repousse des graminées ou « regain » qui peut provoquer des symptômes chez les individus très allergiques aux pollens de graminées. 3ème saison : pollens d’herbacées AOUT-SEPTEMBRE Pour les pollens des herbacées (plantes du genre pissenlit, orties…des terrains vagues, des bords des routes ou des jachères), on retiendra : -La famille des composées avec l’armoise et l’ambroisie dont les pollens sont très allergisants -La famille des urticacées avec la pariétaire, dont le pollen est surtout présent au sud de la Loire. -La famille des plantaginacées avec le plantain fréquent dans les relevés polliniques mais peu allergisant. Remarque : la coupe du gazon, en dehors de la saison pollinique peut déclencher des symptômes, ce qui s’explique par l’existence de déterminants antigéniques communs entre les grains de pollens et les tiges d’herbes. La prévalence Selon certaines estimations, de 10 à 20% des habitants de la planète souffriraient d’une allergie aux pollens. Ces chiffres considérables n’ont pas d’explication. Les signes cliniques La plupart des pollens mesurant entre 20 et 150 µm sont arrêtés par les voies respiratoires supérieures, en particulier le nez et les yeux, où ils provoquent des symptômes de rhinites et de conjonctivites. Ils peuvent aussi pénétrer dans les sinus maxillaires. La toux et l’asthme sont provoqués par l’inhalation de particules plus fines (<5µm). L’allergie pollinique (rhume des foins, pollinose) est le prototype de l’allergie immédiate. Les symptômes associent une rhinite et le plus souvent, une conjonctivite. La rhinite se traduit par des éternuements en salve, un prurit puis un écoulement abondant et clair (hydrorrhée). L’atteinte oculaire se manifeste par un prurit et une conjonctivite avec larmoiement, et plus rarement un œdème conjonctival. De façon inconstante, on peut observer une urticaire généralisée, des céphalées et de la fièvre (38 à 38°5C). Remarque : Les moisissures atmosphériques peuvent également être responsables de manifestations à composante allergique saisonnières. Au premier rang de celles-ci Alternaria dont la production antigénique est plus grande en Août. Pénicillium est produite en plus grande quantité au printemps et à l’automne. Aspergillus est surtout responsable de manifestations hivernales. Cladosporium provoque parfois des signes respiratoires au printemps. Citons enfin Mucor et Botrytis capables également d’induire des manifestations allergiques respiratoires. Le diagnostic Fortement suspecté devant les symptômes saisonniers, le diagnostic est facile devant la positivité des prick-tests et celle de l’IgE spécifique correspondant. Le calendrier pollinique représente un élément important pour le diagnostic de pollinose et pour l’identification des pollens en cause. Le test de dépistage PHADIATOP détecte la très grande majorité des sujets allergiques aux pollens. Il faut cependant savoir qu’il peut être mis en défaut dans certains cas de mono-sensibilisation comme par exemple avec le cyprès. *les arbres Le bouleau (t3) est l’un des arbres les plus allergisants ; il dissémine de très grandes quantités de pollen. Des réactions croisées existent avec d’autres arbres de l’Ordre des Fagales ce qui en fait l’élément représentatif. Cet Ordre comprend les 3 familles suivantes : -les bétulacées : aulne (t2), bouleau (t 3) -les fagacées : hêtre (t5), chêne (t7), châtaignier (Rt206), marronnier (Rt203) -les corylacées : noisetier (t4), charme (Rt209) Pour la famille des oléacées : olivier (t9), frêne (t15), troène (Rt210), lilas, forsythia, il faut tester l’olivier ou le frêne en fonction de la région. Pour les cupressacées : genévrier (t6), cyprès (t23), il faut choisir le cyprès s’il y en a dans les relevés polliniques (allergène très puissant) D’autres pollens d’arbres appartenant à d’autres familles peuvent être responsables d’allergie comme le peuplier (t14) dont le pollen est très allergisant (responsable parfois de violentes conjonctivites), le platane (t11) ou le cèdre (Rt212). SELARL Fleurquin-Bouilloux-Albouy-Bosc-Bringer BP 108 12001 RODEZ CEDEX Il est intéressant en dépistage d’utiliser un mélange d’arbres du type tx8 qui comprend t1 (érable), t3 (bouleau), t4 (noisetier), t7 (chêne) et t11 (platane). *les graminées Pour représenter toutes les graminées, il suffit la plupart du temps de doser les IgE spécifiques g3 (la dactyle croise avec 16 autres graminées) ou g6 (phléole des près) ou d’un mélange type gx3 qui comprend g1 (flouve), g5 (ivraie), g6 (phléole), g12 (seigle) et g13 (houlque). En ce qui concerne l’allergie aux graminées céréalières, cela dépendra beaucoup de l’environnement du patient. Retenir néanmoins le pollen de maïs et le pollen de blé. Remarque : noter la réaction croisée entre blé aliment (grain = farine) et le blé pollen, idem pour toutes les céréales. *les herbacées L’armoise (w1) est la plus fréquente des herbacées. L’ambroisie (w6) surtout présente dans la région Rhône-Alpes, reste cependant assez répandue ailleurs ; elle constitue un allergène puissant. Il existe des réactions croisées entre ces 2 représentants de la famille des composées mais pas sur des allergènes majeurs, il faut donc y penser lorsqu’une seule est testée. Noter néanmoins que les mono-sensibilisations à l’ambroisie sont très rares, dans plus de 95% des cas, il y a positivité de l’ambroisie ainsi que d’autres pollens (autres herbacées ou graminées). La pariétaire (w21) appartient à la famille des urticacées et présente des réactions croisées avec les autres plantes. En ce qui concerne le plantain (w9), il existe peu de réactions croisées avec les autres herbacées. Le mélange wx1 qui contient w1 (ambroisie), w6 (armoise), w9 (plantain), w10 (chénopode), w11 (soude) constitue un bon test de screening. Les allergies croisées 50 à 70% des allergiques au pollen de bouleau, d’aulne ou de noisetier sont sensibilisés à la pomme, à la pêche et/ou à la noisette (Remarque : l’allergène de la pomme disparaît à la cuisson). Les allergiques aux ombellifères (céleri, carotte, persil, fenouil…), sont fréquemment sensibilisés au pollen d’armoise. Des exemples typiques de réactions croisées entre aliments et pollens sont par exemple : Pomme/bouleau, noisette/céleri/bouleau, melon/ambroisie Bien que ces réactions existent, peu de patients en sont informés. Les cas suspectés de réactions croisées doivent toujours être testés et confirmés cliniquement. Prévention Lorsque le diagnostic est porté pendant la saison, il faut entreprendre un traitement curatif dont la nature varie selon le type et l’intensité des symptômes. En général, on prescrit un anti-histaminique de dernière génération que l’on poursuivra jusqu’à la fin de la grande saison pollinique. Si des symptômes invalidants apparaissent, quelques jours de corticothérapie orale sont recommandés. Des options thérapeutiques locales sont utiles selon les symptômes : antidégranulants et corticoïdes locaux. Une fois que le diagnostic a été établi se pose la question de la prévention pour la saison pollinique qui suivra : c’est le traitement « pré et cosaisonnier » qui fait généralement appel à un antihistaminique oral prescrit de mi-février à mi-juin en fonction des régions. Le calendrier pollinique est un élément important qui permet de savoir quand commencer le traitement préventif. La désensibilisation aux pollens, dont les résultats sont beaucoup plus probants que la désensibilisation aux acariens, peut être commencée dès l’âge de 4 à 5 ans sous forme sub-linguale. Conseils pratiques aux sujets allergiques : -Pendant votre saison pollinique, éviter de séjourner dehors trop longtemps, surtout s’il y a du vent, et surtout entre 5h et 10h du matin. Evitez les parcs, les bois et les jardins publiques. -Quand vous rentrez chez vous en période de pollinisation, prenez une douche pour éliminer les pollens sur vos cheveux. -Fermez les fenêtres et utilisez l’air conditionné (si vous l’avez) pour éviter que l’air intérieur soit pollué par les pollens. -Coupez votre herbe régulièrement, mais faites le faire par quelqu’un d’autre ! A défaut portez un masque pendant vos travaux dans le jardin. -Ne séchez pas votre linge à l’extérieur : le pollen sera « attiré » par le linge mouillé et s’y fixera. -Evitez de fumer. La cigarette n’a rien à voir avec l’allergie au pollen, si ce n’est qu’elle aggrave les maladies respiratoires… -Evitez de garder des fleurs ou des fleurs séchées dans la maison. -Les boissons alcooliques et certains aliments tels que les bananes, les pêches, les melons, les pommes et certaines noix peuvent déclencher des symptômes de rhinite ou causer des démangeaisons aux lèvres, au menton et à la gorge. Dans ce cas, on doit éviter de manger ces fruits dans leur état frais ; ils peuvent être tolérés en conserve ou cuits. -Le chlore des piscines peut augmenter les symptômes de rhinite et de conjonctivite par contact avec les muqueuses déjà irritées. SELARL Fleurquin-Bouilloux-Albouy-Bosc-Bringer BP 108 12001 RODEZ CEDEX