1 EXPERIENCE, POTENTIEL ET MARCHE PHOTOVOLTAIQUE
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1 EXPERIENCE, POTENTIEL ET MARCHE PHOTOVOLTAIQUE
EXPERIENCE, POTENTIEL ET MARCHE PHOTOVOLTAIQUE ALGERIEN Amar KHELIF New Energy Algeria NEAL 15, Haouche Kaouche, Dely Ibrahim Alger - Algérie Tél : +213 21 37 28 83/84 Fax : +213 21 37 29 23 Email : [email protected] Résumé : Les diverses études entreprises jusqu’à présent sur le potentiel énergétique solaire en Algérie font apparaître un potentiel considérable pour l’utilisation et l’exploitation de cette forme d’énergie. En effet, l’Algérie avec plus de deux millions de km² de superficie, reçoit l’équivalent de 300 milliards de Tep par an en énergie solaire. En terme d’insolation, l’énergie reçue quotidiennement sur une surface horizontale de 1m2 est de l'ordre de 5 KWh sur la quasi-totalité du territoire national, la durée d'insolation quant à elle dépasse les 2000 heures annuellement et peut atteindre les 3900 heures sur les hauts plateaux et le Sahara. Consciente de l’intérêt grandissant de l’énergie solaire et de ses enjeux, l’Algérie a intégré son développement dans sa politique énergétique par : l’adoption d’un cadre juridique favorable à l’expansion de cette énergie, la planification d’importants projets d’hybridation de centrales diesel, le lancement de deux grands programmes d’électrification et la projection d’une usine de fabrication de modules photovoltaïques en est la parfaite illustration. En effet, ces projets s’inscrivent dans le cadre d’un important plan de développement des énergies renouvelables prévu par le programme indicatif de développement des infrastructures de production d’électricité qui prévoit de porter la part des énergies renouvelables dans le bilan de production électrique national à 5% à l’horizon 2017. Mots clés : Energie photovoltaïque, bilan des réalisations, potentiel du marché 1. POLITIQUE NATIONALE DE DÉVELOPPEMENT DES ÉNERGIES RENOUVELABLES La politique nationale de promotion et de développement des énergies renouvelables en Algérie est encadrée par des lois et des textes réglementaires. Les principaux textes régissant les énergies renouvelables sont [1] : • la loi sur la maîtrise de l’énergie, • la loi sur la promotion des énergies renouvelables dans le cadre du développement durable, • la loi sur l’électricité et la distribution publique du gaz, avec son corollaire le décret exécutif relatif aux coûts de diversification. Cette politique s’appui sur un ensemble d’organismes et d’entreprises économiques prenant, chacun en ce qui le concerne, le développement des énergies renouvelables. Plusieurs organismes, relevant du secteur de l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique sont en activité, parmi lesquels nous citons [1] : • le Centre de Développement des Energies Renouvelables (CDER), • l’Unité de Développement des Equipements Solaires (UDES), • l’Unité de Recherche Appliquée en Énergies Renouvelable (URAER), • l’Unité de Recherche en Énergies Renouvelables en Milieu Saharien (URERMS), • l’Unité de Recherche Matériaux et Énergies Renouvelables (URMER) de l’Université de Tlemcen, • l’Unité de Développement de la Technologie du Silicium (UDTS). L’ensemble des organismes figure sur la carte donnée ci-après (figure 1). 1 Fig.1. Organismes du secteur de l’enseignement supérieur Au sein du secteur de l’énergie, l’activité relative à la promotion des énergies renouvelables est prise en charge par le Ministère de l’Energie et des Mines et l’Agence de Promotion et de Rationalisation de l’Utilisation de l’Energie (APRUE) qui a été créée en 1987 et qui dispose d’un département dédié à cette activité [1]. Par ailleurs, la Direction Recherche et Développement qui a été érigée en 2005 en Centre de Recherche et de Développement de l’Electricité et du Gaz (CREDEG), filiale du Groupe Sonelgaz, intervient actuellement dans les domaines des études liées aux énergies renouvelables, du développement et de la formation spécialisée. Au niveau du secteur de l’agriculture, il faut signaler l’existence du Haut Commissariat au Développement de la Steppe (HCDS) qui réalise des programmes importants dans le domaine du pompage de l’eau et de l’électrification par énergie solaire au profit des régions steppiques [1]. Sur le plan des opérateurs économiques, plusieurs sociétés sont déjà très actives dans le domaine des énergies renouvelables. On compte actuellement des dizaines d’opérateurs privés dont l’activité touche aux énergies renouvelables. Le Ministère de l’Energie et des Mines s’attelle à la constitution d’un noyau pour cette industrie autour duquel pourraient se cristalliser tous les efforts. C’est dans la perspective de constituer un creuset où seront valorisés les efforts de la recherche et de disposer d’un outil efficace de mise en oeuvre de la politique nationale sur les énergies renouvelables que le Ministère de l’Energie et des Mines a mis en place une société en joint venture entre Sonatrach (société nationale pour la recherche, la production, le transport, la transformation, et la commercialisation des hydrocarbures), Sonelgaz (société algérienne de l’électricité et du gaz) et le groupe SIM (semoulerie de la mitidja). Il s’agit de la société New Energy Algeria (NEAL) créée en 2002 dont la mission est le développement des énergies renouvelables en Algérie à une échelle industrielle. L’objectif de la stratégie de développement des énergies renouvelables en Algérie est d’arriver à atteindre, à l’horizon 2017 à une part de ces énergies (y compris la cogénération) dans le bilan électrique national qui serait de 5% [2]. L’introduction des énergies renouvelables aura pour conséquence: • une plus grande exploitation du potentiel disponible, • une meilleure contribution à la réduction de CO2, • une réduction de la part des énergies fossiles dans le bilan énergétique national, • un développement de l’industrie nationale, • la création d’emplois. L’introduction des énergies renouvelables dans le bilan énergétique, à hauteur de l’objectif fixé, suppose des investissements importants, de plusieurs milliards de dinars. Les coûts associés à cette politique volontariste de l’Etat pour le développement des énergies renouvelables seront assumés en partie par les consommateurs d’énergie et en partie par l’Etat. L’objectif global fixé nécessite aussi une forte implication des différents acteurs (autant institutionnels qu’économiques) qui doivent encourager l’expansion des sources d’énergie renouvelables. 2 2. POTENTIEL SOLAIRE De par sa situation géographique, l’Algérie dispose d’un des gisements solaires les plus importants du monde et en particulier de la région MENA (figure 2). Algérie réseau. La solution la plus adéquate techniquement et la plus compétitive financièrement est l’électrification à l’énergie photovoltaïque. Un premier programme d’électrification à été réalisée durant la période 1995-2002 et a concerné l’alimentation de 18 villages du sud de l’Algérie en énergie électrique, soit l’électrification de près de 1000 foyers. Pour faire bénéficier ces foyers d’un minimum de confort, une quantité d’énergie de 02 kWh par jour et par foyer a été mise à leur disposition, ce qui correspond à la consommation de 05 réglettes d’éclairage, un réfrigérateur, une télévision avec récepteur numérique, un poste radio et un ventilateur. Les villages touchés par ce programme apparaissent sur la figure 3 Fig.2. Potentiel solaire [7] La durée d’insolation sur la quasi-totalité du territoire national dépasse les 2000 heures annuellement et atteint les 3900 heures (hauts plateaux et sahara). L’énergie reçue quotidiennement sur une surface horizontale de 1 m² est de l’ordre de 5 kWh sur la majeure partie du territoire national, soit prés de 1700 kWh/m²/an au Nord et 2263 kWh/m²/an au sud du pays. Le tableau 1 résume le potentiel solaire en Algérie [1]. Régions Superficie (%) Durée moyenne d'ensoleillement (heures/an) Energie moyenne reçue (Kwh/m2/an) Région côtière 4 Hauts plateaux 10 2650 3000 3500 1700 1900 2650 Sahara 86 TINDOUF ILLIZI ADRAR TAMANRASSET Fig.3. Programme d’électrification des 18 villages Plusieurs applications ont été réalisées comme les installations pour les systèmes de télécommunication, l’éclairage public, le pompage d’eau, les protections cathodiques et l’alimentation des systèmes de télémétrie au niveau des gisements d’hydrocarbures. La figure 4 donne une répartition selon les secteurs d’utilisation [1]. Tab.1. Potentiel solaire 3. BILAN DES REALISATIONS Les réalisations en matière d’installations photovoltaïques concernent en plus grande partie les applications liées à l’électrification rurale avec près de 60%. En effet, avec un taux d’électrification au niveau national avoisinant les 98%, les foyers restants à électrifier sont très épars et éloignés du 7% 21% 58% 2% 12% Electrification Pompage Eclairage public Télécommunication Autres Fig.4. Répartition par domaine d’utilisation 3 D’autres programmes d’envergure ont été engagés, tel que le programme complémentaire de soutien à la croissance qui concerne l’électrification de 16 villages du sud de l’Algérie à l’énergie photovoltaïque (figure 5) et le programme de développement des wilayates des hauts plateaux qui permettra d’électrifier une soixantaine de localités au niveau de la région steppique (figure 6). Msila El Oued capacité qui avoisine les 50 MW. Cette unité qui sera opérationnelle à partir de septembre 2012 aura pour conséquence : • la disponibilité du module photovoltaïque sur le marché national à moindre coût, • la mise à disposition de ce produit au niveau du marché régional, • l’acquisition d’une nouvelle technologie et le développement de l’expertise, • la réduction de la dépendance vis-à-vis des pays producteurs de modules, • la création d’emplois directs et indirects. Ghardaia 4. POTENTIEL DU MARCHE Illizi Tamanrasset Fig.5. Programme complémentaire de soutien à la croissance Tissemsilt Saida Sidi Bel Abbes Tlemcen Naama Batna Tbessa L’électricité en Algérie peut être produite à partir du photovoltaïque à travers les applications suivantes : • les systèmes connectés au réseau, • l’hybridation des centrales diesel, • l’électrification rurale. En réalité, ces applications sont mutuellement exclusives, le recours à l’une d’entre elles dépend principalement du lieu d’utilisation (figure 7) : Khenchla El Bayadh Connecté Réseau au réseau interconnecté Fig.6. Programme de développement des wilayates des hauts plateaux L’objectif à atteindre, affiché par le programme indicatif des besoins en moyen de production, est la contribution des énergies renouvelables à hauteur de 5% dans le bilan énergétique national à l’horizon 2017, dont une partie est dédiée à l’énergie photovoltaïque. Pour se faire, le groupe Sonelgaz en tant que principal acteur dans le domaine de la production de l’électricité s’est engagé à mettre en place une unité de fabrication de modules photovoltaïques d’une Electrification rurale Hybridation Centrale diesel Fig.7. Marché photovoltaïque Algérien 4.1 Systèmes connectés au réseau C’est l’application la plus développée à travers le monde où plus de 98% de la puissance photovoltaïque installée est raccordée au réseau. Ce réseau peut être de la basse tension pour les systèmes individuels ou 4 bien de la moyenne tension pour des installations centralisées. Avec un taux de croissance de 7,3% [2] la consommation énergétique nationale sera de 74 TWh à l’horizon 2017. Deux scénarios peuvent être considérés : • Scénario modéré pour lequel la contribution des systèmes connectés au réseau dans le bilan énergétique est de 1%, • Scénario fort qui correspond à une contribution de 2%. Pour une évolution de 35% de la puissance photovoltaïque à installer annuellement (moyenne au niveau mondial ces dix dernières années) [6], nous représentons le développement du marché Algérien par la figure 8. En commençant, pour le scénario fort, avec 40 MW en 2011 nous atteindrons 240 MW à installer pour l’année 2017. L’hybridation des centrales diesel par le photovoltaïque permet de réduire considérablement la consommation de fuel acheminé sur de longues distances et dont le coût réel de livraison sur sites s’avère très onéreux. En considérant une évolution annuelle de 7,8% [3] de la puissance maximale appelée au niveau du parc diesel nous atteindrons 158 MW en 2017. Un scénario modéré prévoit une contribution du photovoltaïque à hauteur de 10% dans la puissance produite et un scénario fort correspond à une contribution de 20%. En commençant avec 1,5 MW en 2011 nous atteindrons 9,3 MW à installer pour l’année 2017 (figure 10). Puissance PV - scénario modéré Puissance PV - scénario fort Puissance PV - scénario fort 10 250 200 150 100 50 Puissance PV annuelle (MW) 300 8 6 4 2 0 0 2011 2012 2013 2014 2015 2016 2011 2017 2012 2013 2014 2015 2016 2017 Fig.10. Marché annuel Fig.8. Marché annuel La puissance cumulée à l’horizon 2017 sera 815 MW pour le scénario fort et 407 MW pour le scénario modéré (figure 9). Consommation énergétique Puissance PV annuelle (MW) Puissance PV - scénario modéré 4.2 Hybridation des centrales diesel La puissance cumulée à l’horizon 2017 sera 31,4 MW pour le scénario fort et 15,7 MW pour le scénario modéré (figure 11). Puissance PV - scénario modéré Puissance appelée Puissance PV - scénario modéré Puissance PV - scénario fort 800 700 60 600 50 500 40 400 30 300 20 200 10 100 0 0 2011 2012 2013 2014 2015 2016 160 35 140 30 120 25 100 20 80 15 60 10 40 5 20 0 0 2011 2012 2013 2014 2015 2016 Puissance PV cumulée (MW) 70 Puissance appelée (MW) 900 Puissance PV cumulée (MW) Consommation (TWh) Puissance PV - scénario fort 80 2017 2017 Fig.9. Puissances PV cumulées Fig.11. Puissances PV cumulées 5 4.3 Electrification rurale Connecté au réseau Pour cette application nous donnons un scénario faible pour lequel 500 foyers doivent être électrifiés annuellement et un scénario fort où l’objectif est d’électrifier 20.000 foyers à l’horizon 2017. La puissance à installer annuellement est de 0,4 MW pour le premier scénario et varie de 0,7 MW en 2011 à 4,4 MW en 2017 pour le second (figure 12). Puissance PV annuelle (MW) Scénario faible Electrification rurale 4% 2% 94% Fig.14. Marché du PV par application Scénario fort 5 5. IMPACT SUR L’ENVIRONNEMENT 4 Les rejets industriels sous leurs différentes formes, constituent aujourd’hui une préoccupation aussi bien au niveau national qu’international en raison des impacts négatifs que ces derniers entraînent sur l’environnement. Cependant, la production d’électricité est une source appréciable d’émission de gaz à effet de serre en raison des consommations volumineuses de combustibles fossiles. Le développement et l’intégration de systèmes de production d’électricité à partir de l’énergie photovoltaïque contribueront à la réduction de ces émissions atmosphériques. Ainsi, une contribution des systèmes connectés au réseau à hauteur de 2% dans le bilan énergétique, l’hybridation des centrales diesel pour prendre en charge 20% de la puissance maximale appelée et l’électrification de 20000 foyers permettront d’éviter l’émission de 1,2 million de tonnes de CO2 et 5 mille tonnes de NOx en 2017. 3 2 1 0 2011 2012 2013 2014 2015 2016 2017 Fig.12. Marché annuel Nombre de foyers - scénario faible Nombre de foyers - scénario fort Puissance PV - scénario faible Puissance PV - scénario fort 16 20000 14 12 15000 10 8 10000 6 4 5000 2 0 0 2011 2012 2013 2014 2015 2016 Puissance PV cumulée (MW) La puissance cumulée à l’horizon 2017 sera 15 MW pour le scénario fort et 2,6 MW pour le scénario faible (figure 13). Nombre de foyers Hybridation 2017 Fig.13. Puissances PV cumulées Ainsi, le potentiel global du marché Algérien jusqu’à 2017 avoisine les 860 MW dont le connecté au réseau représente 94% contre 4% pour l’hybridation et 2% pour l’électrification rurale (figure 14). 6. CONCLUSION Le développement du photovoltaïque en Algérie a connu ces dernières années un nouvel essor dû à l’importance accordée par les pouvoirs publics aux énergies renouvelables. L’adoption d’un cadre juridique favorable, la création d’une multitude d’organismes oeuvrant dans ce secteur et le lancement d’importants projets témoignent de cette volonté. Il n’en demeure pas qu’il reste beaucoup à faire dans ce 6 domaine et pour lequel une synergie entre les différents intervenants est plus que nécessaire. L’expansion du photovoltaïque dans notre pays passera impérativement par le développement des applications connectées au réseau tel qu’il se fait ailleurs à travers le monde. Le potentiel solaire dont dispose l’Algérie, l’ouverture du marché de l’électricité et le cadre juridique favorable en font que le marché photovoltaïque Algérien s’annonce parmi les plus importants de la région. Bibliographie [1] Guide des Energies Renouvelables, Edition 2007, Ministère de l’Energie et des Mines [2] Programme indicatif des besoins en moyens de production d’électricité 2008-2017, Commission de la Régulation de l’Electricité et du Gaz [3] SONELGAZ, «Prévisions de la demande d’énergie électrique - Objectifs période « 2007– 2017» [4] Consommation Energétique Finale de l’Algérie chiffres clés de l’année 2007, Agence Nationale pour la Promotion et la Rationalisation de l’Utilisation de l’Energie (APRUE), Edition 2009 [5] Programme de démonstration solaire photovoltaïque, SONELGAZ Direction Recherche et Développement, Mai 2000 [6] Global market outlook for photovoltaics until 2013, European Photovoltaic Industry Association, EPIA March 2009 [7] Concentrating Solar Power for the Mediterranean Region, Final Report, Study commissioned by Federal Ministry for the Environment, Nature Conservation and Nuclear Safety, Germany 7