Resumée du troisième congrès à Maastricht, Hollande L

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Resumée du troisième congrès à Maastricht, Hollande L
Resumée du troisième congrès à
Maastricht, Hollande
L’accueil et les débats furent remarquablement bien organisés par les
membres des équipes hollandaises de la F.I.A.P.A.C.
Pour ce 3ème séminaire, le nombre des participants est en augmentation
avec plus de 100 personnes venant de différents pays d’Europe : Belgique,
Hollande, Allemagne, Autriche, Espagne, Danemark et France.
Elisabeth AUBENY, Présidente de la F.I.A.P.A.C., encouragea au cours de son
accueil à adhérer à la F.I.A.P.A.C.
Trois tables rondes se succédèrent. Les communications libres clôturèrent la
journée.
1ère Table Ronde : La formation du personnel médical et paramédical
travaillant dans le domaine de l’avortement présidée par M. ALBLAS.
Le cas de différents pays fut évoqué.
Afrique du Sud :
M. ALBLAS fit part de son expérience en Afrique du sud où la légalisation ne
règle pas tous les problèmes de l’IVG, en particulier la mobilisation des
médecins. Les difficultés sont bien sûr plus grandes pour les pauvres, les
milieux aisés trouvant toujours des solutions même dans l’illégalité.
Le personnel pratiquant les avortements sont des gynécologues, des
médecins généralistes expérimentés, des infirmiers et des sages-femmes.
La gratuité est appliquée à l’hôpital public, mais il y a peu de médecins et
peu d’hôpitaux pour pratiquer les avortements mais surtout des cliniques
privées coûteuses principalement dans les villes.
Le CYTOTEC est utilisé pour déclencher des métrorragies et permet ainsi une
hospitalisation.
U.S.A. :
Dans les 44 états où l’avortement est légal, il est pratiqué par des médecins
généralistes formés.
Royaume-Uni :
1/3 dans les hôpitaux (NHS).
2/3 dans les cliniques privées où il existe un manque de médecins.
Allemagne :
Gynécologues formés à l’hôpital public.
Plus facile dans le nord du pays.
Les Centres Profamilia, à but non lucratif manquent de médecins.
France:
Gynécologues et médecins généralistes avec une formation pratique dans des
Centres agréés publics ou privés, mal rémunérés.
Belgique:
Gynécologues dans les hôpitaux publics et des médecins généralistes dans
les Centres privés.
En Wallonie : 41 % dans les hôpitaux et 59 % dans les cliniques privées
En Flandre : 11 % dans les hôpitaux et 89 % dans les cliniques privées
Manque de médecins.
Hollande :
Gynécologues à l’hôpital public : 7 %.
Médecins généralistes dans le privé : 93 %.
Les médecins reçoivent une formation spécifique pour le 1er ou 2ème
trimestre.
Danemark :
Service hospitalier assure la quasi totalité des IVG.
Les médecins ont une formation initiale.
Il existe une clause de conscience.
Espagne :
La majorité des IVG est réalisée dans les cliniques privées par des
gynécologues jusqu'à un terme très avancé.
Autriche :
Les médecins peuvent réaliser des IVG au cabinet.
Le personnel paramédical est recruté par les médecins sans formation
spécifique.
Aucun contrôle ni évaluation du travail.
Conclusion :
En France, Belgique et Hollande, il y a beaucoup de personnels
pluridisciplinaires, psychologues, assistantes sociales, infirmières.
L’entretien est obligatoire en France et facultatif en Belgique.
C. BIRMAN (F) s’inquiète que la psychologisation déplace le problème de
l’IVG du collectif à l’individuel et y voit une attitude sexiste.
P. CESBRON (F) souhaite des échanges entre les professionnels et les
militants.
C. FIALLA (A) rappelle le rôle important des paramédicaux dans l’IVG
médicamenteuse.
H. GOLSTEIN (DK) insiste sur la spécificité de l’IVG et de la nécessité pour le
personnel paramédical d’avoir une formation particulière.
2ème Table Ronde : Responsabilité des professionnels adressant une
femme demandant l’IVG vers un autre pays. Animateur : A.
VEROUGSTRAETE (Belgique).
Il faut insister sur l’errance des patientes avant d’avoir l’adresse adaptée. Les
médecins estiment appliquer la loi avec les étrangères (avec une réserve
pour les IVG du 2ème trimestre). Compte tenu des distances, l’IVG devient
une urgence qu’il faut régler en un seul jour.
Bien informer les femmes des lois du pays accueillant. Adresser les patientes
avec bilan gynécologique et général. Informer sur le prix, les déplacements,
la ville et les méthodes pratiquées. Il est recommandé de prévenir le Centre
ayant réalisé l’avortement des complications ultérieures constatées au cours
de la visite de contrôle.
On parle parfois de « tourisme abortif ». Il faudrait plutôt parler de femmes
migrantes involontaires.
En Europe :
les Irlandaises vont en Royaume-Uni
les Polonaises ‡ Minsk et Hollande
les Portugaises ‡ Espagne
En Hollande, le service est libre. Il faut avoir le formulaire européen E 111
pour le remboursement des soins complémentaires.
En France et en Allemagne, il est interdit de donner l’adresse, ce qui est
contradictoire avec la libre circulation de l’information.
De la discussion générale ressort qu’en attendant que les IVG puissent être
réalisées correctement dans chaque pays, il faut informer les patientes sur
les possibilités d’IVG du 2ème trimestre et il faut que les médecins se
renseignent sur les cliniques les pratiquant.
Le M.F.P.F. (Planning français) rappelle qu’il n’y a aucune poursuite judiciaire
pour information des possibilités d’IVG au-delà du délai légal, à l’étranger.
En France, L’ANCIC insiste sur le fait que de nombreux médecins sont prêts
pour accueillir les femmes en délai dépassé.
Elle rappelle également ses positions souhaitant la dépénalisation et
l’extension du délai légal de l’IVG jusqu’à la date de viabilité et sa lutte dans
ce domaine.
Entre deux tables rondes, quelques Brèves...
- Présentation de l’association des cliniques espagnole ACAI qui souhaite
adhérer à la FIAPAC.
- Congrès espagnol à Séville en mai 2000 de cette association.
- Récit de voyage en Albanie et Kosovo d’un médecin lyonnais qui insiste sur
les nombreux viols.
3ème table ronde : antibiothérapie et avortement.
Animateur : P. MOONENS (Belgique)
Situation en Belgique : D. ROYNET.
98 % des IVG sont réalisées en extra-hospitalier avec un personnel peu
médical. La prescription d’antibiotique est ciblée, liée à un dépistage tenant
compte de l’âge, de la précocité de la sexualité et du nombre de partenaire.
L’exposé souligne la fréquence des porteurs asymptomatiques,
l’augmentation de la prévalence des chlamydiae 3 %. Les gonocoques
tendent à disparaître.
Ainsi sont définis les critères de dépistage :
- + de 2 partenaires par an
- demande d’IVG
- avant la pose d’un D.I.U.
- partenaire contaminé par une MST
- pilule avant 18 ans
- douleurs abdominales
- dépistage MST
Ë Traitement 200 mg DOXYCYCLINE pendant 2 jours avant.
Report d’une semaine de l’IVG en cas de chlamydiae.
Hollande :
Chlamydiae : 5 à 20 %
Gonocoque : 0,2 % à 3 %
En pratique : Prophylaxie si la femme a moins de 30 ans.
DOXYCYCLINE 300 mg la veille et 100 mg/j pendant 2 jours ou
200 mg pendant 7 jours.
Hollande (A. TALENS) :
Prescription de METRODINAZOL au delà de 18 SA sachant que le risque
augmente avec le terme. La conclusion de la pratique hollandaise est qu’il
faut traiter toutes les femmes demandant une IVG.
France (P. CESBRON) :
En France de 1990 à 1995 : 1.000.000 d’IVG ont été réalisées. Il y a eu 4
décès liés sans certitude à une infection, 1 0/00 de péritonite et environ 1 %
de complications mineures jusqu’à 12 semaines d’aménorrhée. Il y a peu de
séquelles post-infectieuses. Les femmes avec des antécédents d’infection
pelvienne ont un réel risque de complication infectieuse.
L’orateur rapporte une étude américaine :
1/1400 IVG est hospitalisée.
1/4500 est une infection sévère.
Quelle antibiothérapie : dose unique DOXYCYCLINE 200 mg 2 heures avant,
200 mg 12 heures après.
En résumé, aujourd’hui on ne connaît pas l’incidence des infections.
La majorité des centres ne pratique pas l’antibiothérapie systématique.
La discussion met en évidence les différences des pratiques. En Espagne, la
DOXYCYCLINE est systématique pendant 5 jours, en Allemagne dépistage
des chlamydiae et traitement si il est positif.
Cas particulier chez les femmes Russes qui subissent beaucoup d’IVG et
voient ainsi le taux de chlamydiae augmenter.
En conclusion : bien que ce soit un domaine quantifiable, le consensus n’est
pas possible.
Communications libres :
MIFEPRISTONE : différences en Europe malgré l’autorisation européenne (E.
AUBENY et C.FIALA) :
Autriche : seulement à l’hôpital
Allemagne : non disponible, à l’étude
Grèce : hôpital
Hollande : jugé inutile
Espagne : pas de prix défini
Suisse : RU = poison donc interdit
En France :
Rappel de la loi. Remboursement 75 %.
Une semaine de réflexion avant la prise de la MIFEPRISTONE ainsi qu’un
entretien psychosocial. Contrôle échographique entre J10 - J14 si doute.
Résultat : 98.5 % de succès. Grossesse évolutive 1 0/00. Les médecins sont
mal payés.
En Autriche :
L’IVG est réalisée par des médecins en cabinet privé sans délai de réflexion.
L’église fait pression sur l’hôpital public.
40 000 IVG par an.
Un seul hôpital public utilise la MIFEPRISTONE.
La consultation se fait par téléphone. Il y a un manque d’information.
Succès : 97 %.
Choix de la méthode :
En France :
La méthode est perçu comme moins agressive, « naturelle ». Elle représente
14 % des IVG en 1990 et 30 à 40 % en 1998.
En Autriche :
Le choix se fait sur le précocité de la demande.
Une méthode non chirurgicale avec possibilité de présence du partenaire.
La question de proposer la méthode jusqu’à 63 jours se pose.
La discussion montre l’intérêt qu’il y aurait à démédicaliser cette méthode, à
la pratiquer à domicile (défendu par A. BUREAU - France) jusqu’à 49 jours
d’aménorrhée.
Il est admis aussi qu’il faut pratiquer des études afin de diminuer les doses
de MIFEPRISTONE jusqu’à 200 mg et à étudier différents protocoles.
Ce troisième séminaire se termine après des séances riches en
enseignements sur les pratiques des différents participants.
Une modification des statuts a été décidée par les membres fondateurs.
Désormais la F.I.A.PA.C pour des raisons de démocratie et de vote n’est plus
une association d’associations mais une association d’adhérents individuels.
La cotisation est désormais individuelle et sera de 250 F pour l’an 2000.
Il est convenu de se retrouver à Paris pour le 4ème séminaire les 24 et 25
novembre 2000. Ci-joint le pré-programme de ces journées.