Bilan du dispositif d`encadrement des activités des
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Bilan du dispositif d`encadrement des activités des
COMMUNIQUE DE PRESSE Présidentielle 2012 : 8 candidats s’engagent pour renforcer l’éthique de la vie publique Huit candidats ont désormais pris des engagements précis en réponse aux 7 propositions de Transparence International France pour renforcer l’éthique de la vie publique. L’ONG anti-corruption encourage les électeurs à pendre en compte ces engagements lors des scrutins à venir. Paris, 18 avril 2012. Dans le cadre de la campagne « Avec la transparence, la démocratie avance », Transparence International France (TI France) a adressé aux candidats à l’élection présidentielle 7 propositions pour renforcer l’éthique de la vie publique. A l’exception de Marine Le Pen et Nathalie Arthaud, tous les candidats présents au premier tour nous ont répondu. Dans un contexte marqué par une série d’affaires politico-financières, ces propositions ont pour objectif de jeter les bases d’une nouvelle culture politique fondée sur l’égalité de tous devant la loi, une pleine transparence de l’action publique et un engagement des élus à rendre compte de leurs pratiques à des citoyens qui aspirent à être pleinement informés et associés aux décisions qui les concernent. TI France encourage ainsi les électeurs à comparer et à tenir compte des programmes des candidats sur ces questions essentielles pour l’avenir de notre Démocratie. Indépendance de la justice : le sujet qui fait le plus débat Dans leur ensemble, les candidats sont favorables à la plupart de nos propositions (cf. tableau en annexe). La proposition qui divise le plus concerne l’institution d’un Procureur général de la Nation. Si tous les candidats reconnaissent la nécessité d’une justice indépendante, les avis divergent quant à la meilleure manière d’y parvenir. Des réserves sont également exprimées par certains candidats, tout particulièrement Nicolas Sarkozy, sur nos propositions relatives au cumul des mandats et au contrôle citoyen de l’action publique. Enfin, concernant la prévention des conflits d’intérêts, si tous les candidats se sont prononcés en faveur de déclarations d’intérêts précises pour tous les élus, ils sont plus réticents à mettre en œuvre cet engagement. Ainsi, tous n’ont pas rendu publique leur déclaration d’intérêts comme nous les y avions invités (cf. annexe 2). TI France s’engage à suivre la mise en œuvre des engagements par le ou la candidat(e) élu(e). La moralité de la vie publique est un sujet aujourd'hui présent dans les programmes de la plupart des candidats à l’élection présidentielle, ce qui constitue une avancée notable par rapport à 2007. Reste à savoir si le ou la candidat(e) qui sera élu(e) le 6 mai mettra effectivement en œuvre ses engagements. Selon Daniel Lebègue, président de TI France, « trop souvent par le passé, les engagements des responsables politiques en matière d’intégrité de la vie publique en sont restés aux effets d’annonce. Le 1 moment est venu de passer du discours aux actes. Il s’agit de mettre en œuvre sans délai et sans fauxfuyant les réformes profondes de nature à restaurer la confiance des Français dans leurs institutions. Pour ce faire, l’engagement de tous – élus, responsables politiques, acteurs de la société civile et citoyens – est à la fois indispensable et urgent ». Comme elle l’a fait pour le quinquennat de Nicolas Sarkozy, notre association suivra attentivement la mise en œuvre des engagements pris et publiera un bilan des actions mises en œuvre par le prochain Président de la République. ANNEXE 1 – Tableau répertoriant les réponses des candidats ANNEXE 2 – Comparatif des engagements, thème par thème *** Contacts TI France : Myriam Savy / Daniel Lebègue 01 55 61 37 90 [email protected] *** Transparence International France est la section française de Transparency International (TI), la principale organisation de la société civile qui se consacre à la transparence et à l’intégrité de la vie publique et économique. A travers l’action de plus d’une centaine de sections affiliées réparties dans le monde entier, ainsi que de son secrétariat international basé à Berlin, en Allemagne, TI sensibilise l’opinion aux ravages de la corruption et travaille de concert avec les décideurs publics, le secteur privé et la société civile dans le but de la combattre. www.transparence-france.org / www.transparency.org 2 Annexe 1 – Réponses des candidats 1. En finir avec les conflits d’intérêts ! Engagement pris 2. Indépendance de la justice Déclaration Procureur d'intérêts Général de la rendue publique Nation Nathalie Arthaud Aucun engagement OUI François Bayrou OUI OUI NON Jacques Cheminade OUI OUI Nicolas Dupont-Aignan OUI François Hollande Eva Joly 3. Élu corrompu = au Réforme du moins 10 ans secret inéligible défense 5. Garantir la 6. Pleine 7. Déontologie : transparence et lumière sur le pour un contrôle l’indépendance lobbying citoyen ! de l’expertise Aucun engagement Aucun engagement Aucun engagement Aucun engagement Aucun engagement NSPP OUI OUI OUI OUI OUI OUI OUI OUI OUI OUI OUI OUI OUI NON OUI OUI OUI mais… OUI OUI OUI OUI OUI NON OUI OUI OUI OUI OUI OUI OUI OUI OUI OUI OUI OUI OUI OUI OUI Aucun engagement NON Aucun engagement Aucun engagement Aucun engagement Aucun engagement Aucun engagement Jean-Luc Mélenchon OUI NON NON OUI OUI OUI OUI OUI OUI mais… Philippe Poutou OUI NON NSPP NSPP OUI OUI OUI OUI OUI Nicolas Sarkozy OUI NON NON NON OUI NON OUI OUI NON Marine Le Pen Aucun Aucun engagement engagement 4. Halte au cumul des mandats Aucun Aucun engagement engagement 3 Annexe 2 – Comparatif des engagements, thème par thème Voici un résumé des engagements pris par les candidats thème par thème. Le détail de ces réponses est en ligne sur le blog Avec la transparence, la démocratie avance. 1. En finir avec les conflits d’intérêts ! Notre proposition : Nous avons demandé aux candidats s’ils étaient prêts à rendre obligatoire la publication de déclarations d’intérêts précises pour tous les élus. Cette mesure de prévention est essentielle car elle permet de s’assurer que, dans le cadre d’une décision publique, des intérêts personnels ne sont pas intervenus et n’ont pas faussé l’impartialité des décideurs. Si une telle situation se présente, la personne concernée doit s’abstenir de participer à la décision. Cette proposition permet donc de protéger les décideurs publics contre les soupçons de mélange des genres et préserver ainsi la confiance des citoyens dans la parole publique. Tous les candidats se sont unanimement prononcés en faveur de déclarations d’intérêts précises pour tous les élus. Eva Joly et le Front de Gauche soulignent en outre la nécessité de contrôler la véracité des informations déclarées et de prévoir des sanctions en cas de fausse déclaration. Le parti de Jean-Luc Mélenchon ajoute qu’il fera adopter une loi révisant les régimes d’incompatibilité. Egalement favorable à la publication de déclaration d’intérêts, Nicolas Dupont-Aignan souhaite définir « un cadre pour éviter les dérives, telles que des erreurs d’interprétation ou la possibilité d’en tirer des jugements diffamatoires ». Enfin, si Nicolas Sarkozy est d’accord avec le principe de déclarations d’intérêts, il laisse au Parlement la responsabilité de décider si ces déclarations doivent être rendues publiques. En lien avec cette proposition, nous avons appelé les candidats à montrer l’exemple et à rendre publique leur déclaration d’intérêts, sans attendre qu’une loi les y oblige. Suite à cet appel, seuls Nicolas DupontAignan et Eva Joly avaient rendu publique leur déclaration à la date butoir que nous avions fixée au 18 mars. Après cette date, le site d’information Slate.fr a pris le relais et a enquêté sur chacun des candidats à l’élection présidentielle pour reconstituer leurs déclarations d’intérêts. Sollicités par le site d’information, quatre autres candidats ont transmis leur déclaration (Nathalie Arthaud, François Bayrou, François Hollande et Jacques Cheminade). Cependant, comme le montre le travail d’enquête mené par Slate, ils l’ont rempli avec plus ou moins de diligence. La plupart d’entre eux ont en effet « oublié » de déclarer certains intérêts, notamment ceux relatifs à leurs proches. A noter que quatre candidats n’ont répondu ni à nos sollicitations, ni à celles de Slate : Nicolas Sarkozy, Marine Le Pen, JeanLuc Mélenchon et Philippe Poutou. 2. Un « Super Procureur » pour une justice réellement indépendante Notre proposition : Comportant deux volets, cette proposition vise à mettre la justice à l’abri des interventions de l’exécutif dans les affaires politico-financières. Nous proposons, tout d’abord, d’instituer un « Procureur Général de la Nation », incarnant une autorité judiciaire forte et indépendante, capable de résister aux interférences du pouvoir politique. Nous proposons par ailleurs de renforcer l’impartialité de la procédure de classification « secret défense » en donnant un pouvoir de décision à la Commission consultative du secret de la défense nationale (CCSDN). Cette mesure doit permettre d’éviter un usage abusif du secret défense comme, par exemple, dans les affaires des frégates de Taiwan ou de Karachi. 4 Si l’ensemble des candidats reconnaissent la nécessité d’une justice indépendante, les avis divergent fortement quant aux moyens à mettre en œuvre pour atteindre cet objectif. Alors que certains candidats soutiennent notre proposition de créer un Procureur général de la Nation (Eva Joly et Jacques Cheminade), d’autres mettent en avant des solutions différentes. François Bayrou propose par exemple de créer un statut particulier pour le ministre de la Justice, dont la nomination serait soumise à l’approbation du Parlement. François Hollande souhaite réformer le mode de nomination des magistrats du parquet pour l’aligner sur celui des magistrats du siège et réformer le Conseil supérieur de la magistrature « afin de le soustraire aux influences politiques ». Nicolas Sarkozy s’oppose à la création d’un Procureur Général de la Nation qui n’aura pas, selon lui, de « légitimité démocratique ». Nicolas Dupont-Aignan insiste sur la nécessité de renforcer les moyens dont disposent les juges d’instruction. Enfin, le Front de Gauche préconise l’instauration d’un Conseil de Justice – aux modalités différentes de celles de l’actuel Conseil supérieur de la magistrature –, chargé de nommer les magistrats du siège et du parquet. Seul Philippe Poutou ne se prononce pas. Concernant le secret défense, seul Nicolas Sarkozy s’oppose à notre proposition et rappelle que le Conseil constitutionnel a validé le dispositif issu de la loi de programmation militaire de juillet 2009, excepté sur la problématique très spécifique des lieux classifiés. 3. Élu corrompu = au moins 10 ans inéligible Notre proposition : Elle part du principe selon lequel les élus sont investis d’un devoir particulier d’exemplarité. Si un élu rompt avec ce principe et est reconnu coupable de corruption, il doit pouvoir être sanctionné sévèrement. L’inéligibilité étant la peine la plus dissuasive pour les élus, il nous parait essentiel de relever le plafond de cette peine de 5 à 10 ans. Les magistrats doivent par ailleurs être encouragés à y recourir davantage. Les candidats se prononcent unanimement pour que le plafond de l’inéligibilité soit porté à au moins 10 ans. Certains voudraient aller encore plus loin en instaurant une inéligibilité à vie (Nicolas Dupont-Aignan et Philippe Poutou). Jean-Luc Mélenchon souhaite, quant à lui, accompagner cette mesure de la création d’« un parquet national anti-corruption afin de mener les enquêtes et poursuivre les infractions économiques liées à la corruption ». Sur la question de l’inéligibilité à vie, nous avons fait évoluer notre proposition suite aux nombreux commentaires reçus, tant de la part des candidats déclarés que des signataires de la pétition. Dix ans d’inéligibilité devrait ainsi être un minimum et non pas un maximum. Les juges devraient, au cas par cas, avoir la possibilité d’aller plus loin, jusqu’à prononcer une inéligibilité à vie pour les malversations les plus graves. Notre position initiale, plutôt minimaliste, était en partie motivée par des doutes quant à la compatibilité de l’inéligibilité à vie avec la constitution et la Déclaration européenne des Droits de l’Homme. Mais des recherches complémentaires nous ont permis de lever ces interrogations. Il apparaît que seule l’automaticité de cette peine serait contraire aux droits fondamentaux, au nom du principe fondamental de l’individualisation des peines. Toute peine prononcée à vie devrait toutefois pouvoir faire l’objet d’une procédure de réhabilitation ou de modification. 4. Halte au cumul des mandats. Notre proposition : Interdire aux parlementaires et aux membres du gouvernement tout mandat exécutif local ainsi que l'exercice de certaines fonctions permettrait selon nous d'éviter les conflits d'intérêts entre mandat local et national. Cela contribuerait également à réduire l'absentéisme 5 parlementaire, à favoriser le renouvellement de la classe politique et à mettre fin au cumul des indemnités qui donne lieu à de trop nombreux excès. Sur ce thème, les positions des candidats sont relativement contrastées. Nicolas Sarkozy n’est pas d’accord avec notre proposition car, selon lui, un parlementaire devrait pouvoir conserver un mandat local. Il se déclare néanmoins favorable à l’interdiction de cumul entre un poste de ministre et un mandat exécutif local. Nicolas Dupont-Aignan préconise, pour sa part, une limitation à deux mandats et l’interdiction pour les ministres de cumuler avec une fonction de trésorier d’un parti ou d’un groupement politique. François Bayrou est favorable à une interdiction totale du cumul pour les députés mais ne souhaite pas une interdiction totale pour les sénateurs. Les cinq autres candidats se prononcent contre le cumul des mandats. Jacques Cheminade souhaite accompagner cette interdiction par la définition d’un « statut de l’élu ». Eva Joly rappelle, quant à elle, la nécessité de limiter également le cumul dans le temps. 5. Garantir la transparence et l’indépendance de l’expertise Notre proposition : Elle vise à étendre les règles prévues par le projet de loi sur la réforme du système du médicament à d’autres domaines clés de l’expertise scientifique et technique. Concrètement, il s’agit de rendre transparents les liens financiers entre les industriels, les experts, les agences publiques et les associations et de garantir l’indépendance des organismes en charge de l’expertise. Les huit candidats se déclarent favorables à notre proposition, certains proposant même d’aller au-delà (Eva Joly et Philippe Poutou notamment). 6. Pleine lumière sur les lobbys. Notre proposition : Nous avons demandé aux candidats s’ils étaient prêts à rendre obligatoire la publication, en temps réel, de la liste des personnes et organisations rencontrées ou consultées par les décideurs publics ainsi que les argumentaires et les projets de loi ou d’amendement qui leur sont remis. Nous les invitons également à mettre en place des procédures de consultations publiques aux niveaux local et national. Ces propositions font consensus parmi les candidats qui considèrent que l’encadrement du lobbying est largement insuffisant en France. Plusieurs d’entre eux reconnaissent que la consultation de diverses organisations est utile au débat public, tout en soulignant que la prise de décision publique doit être plus transparente (François Bayrou, Jacques Cheminade, Nicolas Dupont-Aignan, Eva Joly, Nicolas Sarkozy). Sur ce thème, le Front de Gauche fait les propositions les plus détaillées. Philippe Poutou va plus loin en proposant d’interdire le lobbying. Eva Joly, députée européenne, reconnait par ailleurs l’utilité des procédures de consultations publiques organisées par la Commission européenne. 7. Déontologie : pour un contrôle citoyen ! Notre proposition : Elle a pour objet de donner la possibilité aux citoyens de saisir ou d’alerter l’Autorité de déontologie de la vie publique (prévue par le projet de loi sur la prévention des conflits d’intérêts) pour toutes les questions relatives à la déontologie des ministres, des hauts fonctionnaires et des élus. En créant cette possibilité et en dotant parallèlement l’Autorité de déontologie des moyens nécessaires au traitement des signalements, on la mettrait en situation de réellement détecter les abus 6 et les écarts de conduite. Faute de cela, on créerait une énième institution de façade en matière de déontologie de la vie publique, en sachant qu’elle n’aurait pas les moyens de remplir les objectifs qui lui sont assignés. Sur les huit candidats, seul Nicolas Sarkozy s’oppose à cette proposition. Parmi les sept candidats qui y sont favorables, certains rappellent la nécessité pour cette autorité de respecter les principes d’impartialité, d’indépendance et de représentativité (Jacques Cheminade etEva Joly).François Bayrou indique, pour sa part, que la création de cette autorité sera soumise à referendum. Enfin, le Front de Gauche, s’il est d’accord avec le principe d’un contrôle citoyen, ne souhaite pas en revanche qu’une telle autorité soit créée. Pour le parti de Jean-Luc Mélenchon, c’est à la justice, rendue pleinement indépendante et dotée de moyens renforcés, qu’il reviendrait de traiter les signalements des citoyens. 7