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Entreprenariat • Forêt • Environnement • Société Gorilles, bonobos, okapis… animaux ambassadeurs Mots clés : La voix du Congo profond, éducation, développement, carte identité, RDC Certaines espèces endémiques emblématiques sont mises en avant par les organismes de protection de la nature : si celles-ci sont préservées, une multitude d’autres plus modestes mais essentielles seront également protégées. Auteur(s) : Alain Huart, Chantal Tombu, Alice Van der Elstraeten Date de publication : Juin 2012 Catégorie(s) : E cotourisme • Forêts communautaires • Services agro-environnementaux, agriculture de conservation • Construire son avenir, éducation, santé, énergie, eau, habitat Province(s) : K inshasa • Bandundu • Équateur • Province Orientale • Nord-Kivu • Sud-Kivu • Maniema • Katanga • Kasaï-Oriental • Kasaï-Occidental • Bas-Congo Partenaire(s) : Agence belge de Développement, CTB • Ministère de l’agriculture et du Développement rural (RDC) • Ministère de l’éducation • WWF • Coopération allemande Nombre de pages : 7 Identification : F-ECJ-P5-F1-N4-S2-3 En RDC, le gorille de Grauer, l’okapi, le rhinocéros blanc ou encore le bonobo sont quelques-uns de ces animaux ambassadeurs. Panorama explicatif de ces espèces rares ou endémiques et des solutions envisagées pour enrayer leur disparition. Les espèces endémiques ne vivent que dans une région bien précise et nulle part ailleurs. Si leur biotope est menacé, c’est la survie de l’espèce qui est remise en cause, et avec celle-ci, la vie d’une multitude de plantes et de petits animaux, plus discrets. Les organismes de protection de la nature attirent l’attention du public sur des espèces très visibles, dites « phares ». Elles savent que si ces espèces emblématiques (baleine, okapi, gorille, ours blanc, panda…) sont préservées, on protègera du même coup une multitude d’espèces plus modestes, mais essentielles pour garantir une riche biodiversité. Le gorille de Grauer, le bonobo, l’okapi, le rhinocéros blanc sont quelques-uns des animaux ambassadeurs de la RDC. ll y a dans notre pays d’autres animaux rares et endémiques comme le paon du Congo, la genette aquatique, la tortue marine. Les « big five » – rhinocéros noir, lion, léopard, buffle, éléphant – ne sont pas endémiques, mais ils sont devenus extrêmement rares suite au braconnage. Quand on détruit leurs habitats, les animaux n’ont plus d’endroits pour vivre et se reproduire. L’installation d’un tourisme durable permettrait de les préserver et d’augmenter leur nombre petit à petit. Le pays abrite entre autres trois espèces de grands singes, espèces les plus proches de l’homme et totalement dépendantes de la forêt : le chimpanzé, le gorille et le bonobo. Ils sont tous menacés d’extinction à l’état sauvage. Leur population n’a pas cessé de L’écotourisme développé dans certains pays paraît être une solution pour protéger la faune et la flore. C’est une activité lucrative qui ne prélève rien sur la faune et qui concentre l’attention de la communauté internationale ou nationale d’une manière bien plus effi- diminuer suite à la chasse non contrôlée, aux guerres qui provoquent des déplacements de cace que les actions de conservation pure. Les retombées économiques, parmi lesquelles population et une pression démographique sur les parcs, aux maladies, à la destruction de leur habitat et à la capture de bébés primates pour le commerce illégal. les recettes de droits d’entrée et l’attribution de permis peuvent engendrer d’importants revenus qui permettent de financer la préservation et la gestion des espèces phares. Les programmes de développement du tourisme doivent aussi laisser une place plus importante à la redistribution des revenus en faveur des populations riveraines. Ainsi tous se sentiront concernés et bénéficiaires. Ecocongo • 1 Entreprenariat • Forêt • Environnement • Société LE GORILLE On trouve en RDC deux sous-espèces de gorilles : le Gorilla beringei beringei dit « gorille de montagne » et le Gorilla beringei graueri dit « gorille de plaine ». Les gorilles de montagne sont les plus grands primates sur terre. On les trouve dans la région des Grands Lacs, aux confins de trois pays : la RDC, l’Ouganda et le Rwanda. En RDC, ils se trouvent dans le parc des Virunga, créé en 1925 pour les protéger. Doux et pacifiques, ils ne mangent que rarement de la viande et ne chassent jamais. Ils ne vivent pas dans les arbres et trouvent leur nourriture en mangeant les plantes, les pousses de bambou et d’autres végétaux poussant sur le sol. Une fourrure épaisse les protège du froid et ils dorment dans des nids. Le plus grand des mâles est le chef de famille. Avec l’âge, sa fourrure s’argente, d’où le nom de « dos argenté » ou « silver back ». Les gorilles vivent en groupes familiaux stables, avec plusieurs femelles et leur progéniture. Ils passent beaucoup de temps à se reposer et à jouer avec les jeunes. Ils se nourrissent de fruits, racines, tiges et moelle des plantes, lianes, bambous et petits arbrisseaux. Il est possible d’habituer une famille de gorilles à des visites guidées. C’est un tourisme sensationnel et générateur de recettes qui préserve l’environnement, s’il se fait dans le respect des règles. Le tourisme au Parc national des Virunga a été malheureusement interrompu par les conflits armés, qui ont décimé les gorilles. STATUT IUCN : EN DANGER CRITIQUE D’EXTINCTION Kahuzi (3308 m) et le Biega (2790 m). En 2000, ils étaient 120. Le Parc national de la Maïko abrite aussi des familles de gorilles de Grauer. Leurs poils sont un peu plus courts que ceux des gorilles de montagne et ils mangent davantage des fruits. LE BONOBO STATUT IUCN : EN DANGER LE GORILLE Taille moyenne : 170 à 180 cm chez les mâles, 140 à 150 cm chez les femelles. Poids : 140 à 200 kg chez les mâles : 70 à 110 kg chez les femelles. Habitat du gorille de montagne : Les montagnes au-dessus de 1500 m d’altitude. Habitat du gorille des plaines : Forêts de moyenne altitude et forêt de montagne à l’est de la RDC. Nourriture : Surtout de jeunes pousses, des tiges et des feuilles, des plantes grimpantes. Le gorille des plaines consomme, en plus de ceci, des fruits. Population estimée en 2010 : 3000 gorilles des plaines et environ 650 gorilles de montagne. À Kahuzi-Biega, entre la fin septembre 2002 et décembre 2002, six familles de gorilles, régulièrement suivies par les gardes, totalisaient 87 individus. La plus importante d’entre elles, constituée de 39 individus a disparu ainsi que 11 autres gorilles appartenant aux autres familles. Plus de 80 gardes-chasse ont perdu la vie en affrontant des braconniers. Saluons leur courage. Le bonobo ou chimpanzé nain (Pan paniscus) ne vit que dans les forêts marécageuses de la cuvette du Congo. Son territoire est cerné par des rivières, qu’il n’a pas osé franchir. Il est l’espèce phare, mais en danger, de deux parcs : celui de la Salonga et celui de la Sankuru. Le bonobo est, parmi les espèces de grands singes, l’animal le plus proche de l’homme. Nous partageons avec lui 98,4 % de notre matériel génétique. Des études sur les plantes médicinales qu’il consomme sont en cours et pourraient être à l’origine de la découverte de nouveaux médicaments. Les bonobos ont une ossature gracile, un visage noir, et grimpent très bien aux arbres, où ils font leurs nids chaque soir. Ils occupent un territoire de 30 à 50 km² et marchent volontiers le long des rivières et dans les marais pour chercher leur nourriture. Pacifiques, ils se distinguent par une organisation matriarcale. Ils ont souvent recours à la sexualité pour résoudre les conflits et apaiser les tensions sociales qui naissent dans la communauté : concurrence pour de la nourriture, affrontement… Les femelles ne peuvent avoir des petits qu’à l’âge de 13 ou 14 ans. La gestation dure 8 mois et l’allaitement 4 ans. Les bonobos se reproduisent lentement : un petit tous les 4 ans et demi ! LE BONOBO Hauteur à l’épaule : 90 à 110 cm. Poids : 37 à 41 kg. Nourriture : Des fruits, des graines, mais aussi des feuilles, des fleurs et différentes parties des plantes. Les gorilles de Grauer, ou de plaine, sont des gorilles des plaines de l’est. On ne les trouve que dans le parc de Kahuzi-Biega, créé pour les protéger. Ils sont endémiques à la RDC et vivent sur les versants des volcans éteints : le 2 • Ecocongo Population estimée en 2010 : Entre 10 000 et 50 000 individus. STATUT IUCN : EN DANGER Entreprenariat • Forêt • Environnement • Société Les chimpanzés étaient certainement plus d’un million en 1960. Aujourd’hui, leur population se situe entre 172 000 et 300 000 individus. Le chiffre reste imprécis car les données manquent. À elle seule, la RDC compterait encore 40 % de cet effectif… malheureusement, peu d’actions sont menées en vue de les protéger. Leur habitat est détruit de plus en plus et ils continuent à être braconnés, mangés et vendus. Cette espèce animale va bientôt s’éteindre et il est indispensable et plus qu’urgent d’arrêter le braconnage et la déforestation. LE CHIMPANZÉ Taille moyenne (hauteur à l’épaule) : 100 à 180 cm. Poids : 45-80 kg. Habitat : Forêts tropicales ; galeries forestières et savanes boisées. Nourriture : Surtout des fruits, des graines, mais aussi des feuilles, des fleurs et d’autres parties des plantes. Ils peuvent aussi manger de petits animaux comme des petits singes. STATUT IUCN : EN DANGER LE CHIMPANZÉ Le chimpanzé est le moins rare des grands singes. Il est trapu, son visage est de couleur claire. Il vit dans différents types de forêt et en bordure de savane, souvent en grands groupes, dans les arbres et sur le sol. Contrairement aux gorilles, les chimpanzés mangent aussi de la viande et chassent de petites antilopes ou de petits singes, consomment aussi des insectes et bien sûr beaucoup de fruits. Ils sont capables d’utiliser des outils très simples comme un bâton pour attraper les termites ou les fourmis dans leur trou. L’OKAPI Les pygmées qui habitent depuis des millénaires la forêt de l’Ituri connaissaient depuis longtemps l’okapi, qu’ils prenaient parfois au piège dans des trous camouflés. Ils l’appelaient o’api. En 1890, le journaliste Henry Morton Stanley (1841-1904) rapporte l’existence d’une sorte d’âne-zèbre broutant des feuilles. Sir Harry Hamilton Johnston (1858-1927), futur gouverneur de l’Ouganda, baptisa cet animal Equus Johnstoni, pensant qu’il s’agissait d’une nouvelle espèce de zèbre. En 1901, il réussit à se procurer la peau entière d’un okapi ainsi que deux crânes. Leur étude révéla qu’il ne s’agissait pas d’un zèbre, mais d’une nouvelle espèce et on changea son nom en Okapia Johnstoni. On connaît peu de choses de ce ruminant qui habite exclusivement dans les forêts humides de l’est de la RDC, dont certaines sont encore inexplorées. Ceci explique pourquoi il a été l’un des derniers grands mammifères à être découvert en 1901 et à être observé scientifiquement. C’est un animal essentiellement nocturne, solitaire et discret, dont le principal prédateur est le léopard. Il est totalement protégé par la loi congolaise et est le symbole de Radio Okapi. On ne le trouve à l’état sauvage que dans la Réserve de faune à okapis (1 372 000 hectares) située dans la forêt de l’Ituri. La population d’okapis sauvages y est d’environ 4000 individus. L’okapi semble être le mélange de plusieurs animaux. En effet, de sa plus proche parente la girafe, l’okapi a emprunté la tête, la queue et les pattes antérieures plus longues que les pattes postérieures. Son cou, sa petite ébauche de crinière et son corps semblent lui venir du cheval ; ses pattes robustes, d’une antilope, et ses rayures sur le postérieur, du zèbre. Sa longue langue préhensile lui permet non seulement de cueillir de petites branches, mais aussi de faire la toilette de son corps et d’avoir un pelage brillant. L’okapi se nourrit de feuilles, de divers végétaux (dont l’euphorbe, particulièrement toxique pour l’homme), de bourgeons, de branches tendres, de fruits, de champignons et de fougères. Il cueille sa nourriture à l’aide de sa langue et de ses lèvres préhensiles. Il comble ses besoins en minéraux en mangeant de l’argile sulfureuse qu’il trouve près des rivières ou des graminées poussant sur des sols hautement minéralisés. Ecocongo • 3 Entreprenariat • Forêt • Environnement • Société Un centre d’élevage se trouve à Epulu, dans la réserve. Il fonctionne depuis 1952 avec l’aide des pygmées Mbuti et des fermiers bantous, qui participent tous à la protection de l’environnement. À Epulu, les okapis sont capturés, puis élevés en captivité. Un nombre minimal est exporté vers des zoo pour assurer la viabilité génétique de la population captive. Le centre assure de nombreuses recherches et des travaux de conservation. La réserve protège également d’autres espèces animales rares et/ou en danger, tels l’éléphant de forêt, le paon du Congo et treize espèces de primates. Les éléphants de forêts sont plus petits que les éléphants de la savane. Ils se sont adaptés à un environnement touffu, avec des branches et des lianes. Leurs défenses sont plus petites et plus courbées pour ne pas s’y accrocher. C’est un bel exemple d’adaptation à un écosystème différent de celui de la savane. Il existe également un buffle des savanes et un buffle des forêts. L’OKAPI Longueur : 2 à 2,1 m. © Guy Debonnet, UNESCO/WHC. Écoutons Norbert Mushenzi, conservateur en chef de l’I.C.C.N. : « L’Okapi est l’animal national de la R.D.C. : sa survie dans les Virunga est un encouragement pour les gardes du parc national qui ont traversé des périodes particulièrement difficiles. C’est également un hommage à leur dévouement légendaire. L’I.C.C.N. a besoin du soutien continu de ses partenaires et des populations locales afin de mettre fin à toutes les activités illégales qui affectent le parc et protéger la forêt et la faune pour les générations à venir ». Hauteur au garrot : 1,5 à 1,7 m. Poids : 200 à 250 kg. Gestation : 4 à 15,5 mois. D’où viennent les mots que nous utilisons pour nommer l’okapi ? Portée : 1 jeune. Que nous dit le dictionnaire ? Mœurs : solitaire. Répartition : nord-nord-est de la RDC. Menaces : Le territoire de l’okapi est limité à la forêt de l’Ituri. La destruction de son habitat au profit de l’agriculture et de l’installation des hommes ainsi que le braconnage sont les principales menaces qui pèsent sur les 30000 okapis sauvages. STATUT IUCN : EN DANGER 4 • Ecocongo Okapi : n.m. (mot bantou). Mammifère ruminant découvert en 1900 dans le nord de la RDC, dans les clairières de la forêt humide et formant des populations peu nombreuses. Surtout ne t’arrête pas à cette définition ! Là où on te donne une date de découverte, utilise ton esprit critique. Tu t’en doutes bien : l’okapi n’a pas été découvert en 1900. Les habitants de la forêt connaissaient depuis longtemps cet herbivore craintif au beau pelage brun chocolat et aux rayures noires et blanches qui couvrent ses pattes et son arrière-train. Ils n’ont pas attendu les explorateurs occidentaux pour le nommer par un mot qui était bien souvent lié à son apparence extérieure ou à son comportement. Selon l’endroit et la langue locale, des termes différents existent pour désigner cet animal. Les différentes manières de le nommer révèlent l’importance que les hommes accordent à son aspect et à son comportement. Par exemple, en lingala, ndúmbá désigne l’okapi, et signifie aussi célibataire, demoiselle ou femme libre. Effectivement, l’okapi ne se distingue pas seulement par son aspect physique très particulier, mais aussi par son comportement. Animal nocturne, farouche et timide, il vit en solitaire, sauf durant la période de l’accouplement. Quant au nom « okapi » utilisé dans les langues européennes, il vient de la déformation du terme o’api, utilisé par les pygmées de la forêt de l’Ituri, où vit principalement cet animal à la culotte rayée. Les pygmées sont de véritables encyclopédies : ils connaissent parfaitement la faune et la flore de leurs forêts. Entreprenariat • Forêt • Environnement • Société L’okapi, Okapia johnstoni, l’antilope bongo, Boocerus eurycercus, et le poisson Distichodus sexfasciatus possèdent un nom commun en lingala: mondonga. LE PAON CONGOLAIS LE RHINOCÉROS Le rhinocéros blanc du sud Nom latin : Ceratotherium simum simum. Cherche sur ces photos ce qui peut bien les rapprocher ? Distribution : Afrique du Sud. De petites populations ont été réintroduites au Botswana, en Namibie, au Swaziland, au Zimbabwe et en Zambie. En Afrique centrale, les mots n’ont pas attendu les dictionnaires, les encyclopédies européens pour exister. Leur étude contribue à mieux connaître notre patrimoine naturel et culturel. Dans ton pays il y a 246 langues, qui appartiennent à trois groupes linguistiques différents. Ne perd pas cette mémoire ! Interroge tes grands-parents ! Demande-leur à quoi ressemblait la nature quand ils étaient enfants ? Quels sont les changements qu’ils observent ? Quels sont les animaux qui ont marqué leur enfance ? Comment les appelait-on dans la langue de tes ancêtres ? Seul faisan africain, protégé en tant qu’espèce endémique depuis 1933, le paon congolais (Afropavo congoensis) est un gros oiseau multicolore : son dos est couvert de plumes vertes aux reflets métalliques, sa huppe est jaune et noire, sa gorge est rougeâtre. Le mâle possède des ailes bleues et un ventre vert foncé. C’est un oiseau qui a intrigué les humains car la femelle couve les œufs, mais c’est le mâle qui s’occupe des petits, les prenant sous ses ailes pour la nuit. Ce thème a inspiré des proverbes et l’iconographie de certaines sculptures anciennes. C’est une plume de la coiffure d’un pygmée de la forêt de l’Ituri qui attira l’attention des explorateurs sur cet oiseau. Le Parc national de Maïko a été entre autre créé pour pérenniser son habitat. LE RHINOCÉROS Deuxième plus grand mammifère terrestre après l’éléphant, le rhinocéros mâle peut atteindre jusqu’à 2000 kg ! Durant de nombreux siècles, les rhinocéros étaient répandus dans les savanes africaines et les forêts tropicales d’Asie. Aujourd’hui, tous sont menacés d’extinction. On distingue le rhinocéros blanc du rhinocéros noir. Tous deux comptent des sous-espèces. Le rhinocéros blanc a le museau carré, est plus grand que le rhinocéros noir et porte deux cornes massives. Il doit son nom à une erreur de traduction : les Sud-Africains d’origine hollandaise appelaient ce rhinocéros « wijdlip » (ce qui signifie « lèvre large »), les Anglais ont traduit ce mot par « white », ce qui veut dire « blanc » d’où son nom, alors qu’il est tout à fait gris ! Ce rhinocéros compte deux sous–espèces. Population : 14 543 individus en 2007. Le rhinocéros blanc du nord Nom latin : Ceratotherium simum cottoni. Distribution : Exclusivement dans le Parc national de la Garamba en République démocratique du Congo. Population : 4 (en 2007). STATUT IUCN : EN DANGER Au début du xxe siècle, l’aire de répartition du rhinocéros blanc comprenait le Tchad, l’Ouganda, la République centrafricaine, le Soudan et la RDC. Cet animal a pratiquement été décimé dans les quatre premiers pays et n’existe plus actuellement à l’état sauvage qu’en RDC. Le Parc national de la Garamba a été créé en 1938 dans une savane ouverte pour protéger ce rhinocéros blanc du nord et la girafe Giraffa camelopardalis congoensis, tous deux endémiques. © Craig R. Sholley-AWF. Braconné sauvagement pour leur corne à laquelle on attribue beaucoup de vertus illusoires, les rhinocéros sont en danger d’extinction : 490 individus étaient recensés en 1976. En 1984, il n’en restait plus que 14. Depuis, Ecocongo • 5 Entreprenariat • Forêt • Environnement • Société de vigoureux efforts nationaux et internationaux ont fait passer la population de 14 à 31 individus. Mais depuis deux ans on compte à peine 4 représentants de cette sous-espèce. Le rhinocéros noir du sud-ouest L’espoir de sauver le rhinocéros de la Garamba de l’extinction reste fondé. Sa sous-espèce sœur, le rhinocéros blanc du sud, ne comptait plus que 20 spécimens au début du xxe siècle. Aujourd’hui on en compte plus de 14 000 éparpillés à travers le monde. Dans le Parc de la Garamba, on rencontre aussi des girafes du nord et des éléphants, atouts pour le tourisme. Distribution : Namibie, Afrique du Sud. Le rhinocéros noir possède deux cornes de longueurs différentes. La première est bien plus longue et effilée que celle qui se trouve en retrait. Le rhinocéros noir se distingue par sa lèvre supérieure préhensile qu’il utilise pour cueillir les feuilles des arbres et arbustes. Sa couleur varie du gris au brun. Il compte 4 sous-espèces. Nom latin : Diceros bicornis bicornis. Population : 1221 (en 2007). Le rhinocéros noir du sud Nom latin : Diceros bicornis minor. Statut : en danger critique d’extinction Distribution : Afrique du Sud, Zimbabwe, Tanzanie, Swaziland, Malawi. Population : 1866 (en 2007). STATUT IUCN : VULNÉRABLE Le rhinocéros noir de l’ouest LA GIRAFE Nom latin : Diceros bicornis longipes. Cette espèce de girafe, soeur de l’okapi, ne se trouve, en RDC, qu’au Parc national de la Garamba. On peut la rencontrer aussi au Cameroun et en Ouganda. Il existe 7 sousespèces de girafes, différenciées par les variations de couleur et les formes de taches polygonales du pelage. Distribution : Cameroun. Population : 0 (en 2007). Répandue autrefois dans toutes les savanes sèches de l’Afrique, le Sahara y compris, ce gracieux animal n’existe aujourd’hui qu’en population isolée dans les Parcs. Le rhinocéros noir de l’est Nom latin : Diceros bicornis michaeli. Statut : en danger critique d’extinction Distribution : Kenya, Tanzanie, Afrique du Sud, Éthiopie, Rwanda. Population : 639 (en 2007). STATUT IUCN : EN DANGER CRITIQUE D’EXCTINCTION (probablement éteint dans la région) Pluie de graines! Le rôle des calaos dans la régénération forestière en Afrique équatoriale. © Craig R. Sholley-AWF. La girafe est le mammifère qui, sur pied, dépasse en hauteur tous les autres. 6 • Ecocongo Les forêts pluviales de la République démocratique du Congo abritent quelques neuf Entreprenariat • Forêt • Environnement • Société espèces de calaos forestiers, reconnaissables à leur moyenne à grande taille et à leurs casques impressionnants. Les calaos sont aussi remarquables par leur mode de nidification spécifique par lequel la femelle s’enferme dans la cavité d’un arbre pour pondre, couver et élever les oisillons jusqu’à l’envol (avec le mâle, et parfois des sub-adultes nonnicheurs, qui alimentent la femelle à travers la fente qu’elle a laissée dans la matière (boue, fientes, etc.) qui a été utilisée pour son cloisonnement). Les calaos sont aussi des animaux qui occupent une place importante dans les rites de plusieurs communautés vivant dans les forêts du Bassin du Fleuve Congo. Calao à cuisses blanches, Epulu, Province Orientale, août 2009. © Guy RONDEAU Les calaos forestiers sont des oiseaux principalement frugivores, c’est-à-dire qu’ils s’alimentent essentiellement à partir des fruits. Au fil des saisons, ils consomment les fruits de plusieurs essences forestières. En effet, selon les études effectuées sur ces oiseaux dans les forêts du Cameroun, les fruits de plus de 55 espèces ligneuses, dont certaines espèces très importantes pour l’homme (arbres fruitiers, à chenilles ou bois d’œuvre), sont ainsi recherchés par ces grands oiseaux. Avec leurs immenses becs, ils arrivent à avaler, souvent tout ronds, des fruits de grande taille, ingérant par le fait même la ou les graines qu’ils contiennent. journalière, à parcourir de grandes distances. Par la voie des airs, en rejoignant les massifs forestiers ou les arbres éloignés en fructification, ils franchissent ainsi plusieurs kilomètres par jour. Lors de ces périples, les graines ingérées, quelques heures après avoir été avalées, sont soient régurgitées, soient déféquées. Les calaos « rejettent » ainsi les graines, le plus souvent toujours intactes (même après le passage dans le tube digestif), loin des arbres parents, et le patron de la dissémination des graines, expulsées en vol ou lors d’un arrêt pour s’alimenter au faîte d’un arbre en fruits, donne l’impression d’une pluie de graines ! Les calaos, en dispersant de cette manière les graines loin des arbres semenciers, concourent ainsi à la régénération et au maintien des formations forestières. Ce rôle est d’autant plus crucial dans les zones, de plus en plus prédominantes, où les forêts sont fortement dégradées par les activités anthropiques, et dans les secteurs où les massifs forestiers sont hautement fragmentés et isolés. En effet, dans ces milieux, les autres animaux disséminateurs des graines, les éléphants ou les porcs-épics par exemple, lorsqu’ils ne sont pas chassés ou même exterminés, ne sont plus en mesure de traverser les zones « déforestées ». Seuls les calaos, par le vol, arrivent désormais à rejoindre et « à relier » ces blocs forestiers et à poursuivre ce « travail » de dissémination des graines, et à contribuer à la régénération des forêts, pour le bénéfice des écosystèmes fragiles, et de ses habitants, les hommes y compris. De nombreux autres animaux consomment aussi les fruits de ces arbres, comme les colobes et les roussettes dans la canopée ou les céphalophes au sol, mais les calaos sont parmi les seuls à gober les fruits entiers, et ainsi à ingérer les graines qu’ils renferment sans les abîmer (sans les croquer ou les mâcher). D’autre part, les calaos sont très mobiles. Ils arrivent, en volant et sur une base Ecocongo • 7